Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Il [Hachem] paiera les frais de guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא - Michpatim 21,19)

-> "Ceci nous enseigne que le médecin est autorisé à guérir" [guémara Baba Kama 85a]

Rachi de commenter : "Et on ne s'en tient pas au fait que c'est D. qui frappe, et c'est Lui qui guérit".

-> Rabbi Yichmael, dans le Traité Baba Kama (85a) explique l'expression "Vérapo Yérapé" (les frais de guérison) : "On apprend de cela qu'un médecin a le droit de soigner".
Cette explication est inédite, car on aurait pu dire qu'a priori, si Dieu l'avait frappé, c'était en quelque sorte un "règlement de comptes", qu'il méritait suite à un jugement divin. De quel droit, un homme viendrait-il interférer dans cette décision en apportant des soins ? Est-il concevable que Dieu frappe et qu'un homme vienne soigner?

La Torah nous dit que oui : il est permis de se faire soigner chez un médecin, même si c'est Dieu qui a envoyé la maladie, comme il est écrit "les frais de guérison".

-> Le commentaire des Tossafot soulève une difficulté :
Pour nous enseigner ceci, un seul mot aurait suffi, "Rapo". Pourquoi la Torah a-t-elle employé un langage redondant, "Vérapo Yérapé", littéralement "et guérir il guérira"?
L'explication, c'est que s'il y avait eu un seul mot, on aurait pu croire qu'il était permis de consulter un médecin uniquement dans le cas d'un coup reçu d'un autre homme, mais qu'en cas de maladie, venant du Ciel, il était interdit de consulter un médecin. Ceci serait une forme d'opposition à la décision du Roi : D. lui envoie une maladie, et lui s'adresse aux médecins afin d'en guérir?
La Torah nous dit "Vérapo Yérapé", il se soignera si c'est un coup reçu d'un autre homme, tout comme pour une maladie envoyée par le Ciel.

-> Le 'Hafets 'Haïm ajoute l'explication :
soyons attentifs au contexte dans lequel parle la Torah. Dans le verset précédent (v.21,18), il est écrit : "Si 2 personnes se querellent et qu'elles se frappent l'une l'autre".
On parle ici de 2 hommes également fautifs, car il est interdit de frapper un Juif. Celui qui lève seulement sa main en menaçant de frapper son prochain est appelé "mauvais", à plus forte raison est-il interdit de frapper son prochain! Nous avons là deux hommes qui échangent des coups, l'un prend le dessus, donne des coups de poing, casse à l'autre des dents et lui cause des dommages, et c'est précisément dans ce contexte que nos Sages disent "Vérapo Yérapé", en associant ce coup donné par un autre homme à un coup venant du Ciel.
C'est incroyable! Un voyou frappe son prochain, et l'on considère que c'est D. qui l'a frappé!

-> Le rav Yaakov Israël Pozen ajoute :
Nous voilà face à un grand principe : on doit s'éduquer à prendre conscience que tout ce qui se passe dans le monde (les coups), les humiliations, les malheurs, les maladies, les dommages, même lorsque ce sont des hommes qui en sont la cause, tout ceci vient de D.
Cependant, un événement positif est véhiculé par une personne méritante, et un événement négatif par une personne coupable. Le fameux coup de poing aurait dû être administré directement par D., mais celui qui a été choisi pour ce faire était un intermédiaire fautif. Il y a, en effet, un principe selon lequel un homme coupable est choisi pour accomplir de mauvaises choses, et un homme méritant pour en accomplir de bonnes.

Le 'Hafets 'Haïm prend comme exemple le roi David. Quand il fuyait devant Absalon, Chimi Ben Guéra le maudit. Les serviteurs du roi voulurent le saisir pour l'exécuter, mais David leur dit : "Ne le touchez pas, c'est D. qui lui a dit de me maudire. Il ne peut me frapper, me maudire, ni me jeter des pierres ainsi, que si D. lui a dit de le faire" (Chmouël II 16,10).
[David avait la conviction totale que tout événement douloureux survenant sur son chemin est, à l'origine, décrété par le Ciel. ]
Rien ne peut se produire dans le monde qui n'ait été dirigé par D.

[On a tendance à se focaliser sur l'émissaire du "coup", plutôt que d'avoir à l'esprit que cela provient de D., comme une "tape" pour que l'on change notre comportement.
C'est comme s'énerver contre un bâton qui nous frappe en place de celui qui le tien, ou bien c'est comme s'attarder sur le doigt qui est tendu, plutôt que de se focaliser sur ce qu'il est en train de montrer.]

-> Ainsi :
Une personne que son prochain a fait souffrir ressent naturellement de la rancœur à son égard. Ce sentiment peut parfois évoluer vers une véritable haine, et dans la plupart des cas, on ressent de la colère et de l'animosité à l'encontre de celui qui est la cause directe de notre malheur ou de notre souffrance.
Ces sentiments n'ont pas leur place dans le cœur d'un juif ayant confiance en D., car il sait que tout ce qui lui arrive vient de D.
[...]
Le 2e Temple a été détruit, comme on le sait, à cause de la haine gratuite. Le Gaon de Vilna explique ce qu'on entend par "haine gratuite" = "Si quelqu'un nous cause une peine, une souffrance, sans qu'on ne lui ait rien fait, nous le détestons. Mais alors D. nous dit : "Sachez que celui qui vous pourchasse et vous oppresse, ce n'est pas votre voisin, mais c'est bien Moi. Ainsi, cette haine que vous éprouvez envers lui est gratuite. Si celui-ci ne vous avait pas causé d'ennuis, c'est un autre qui s'en serait chargé. C'est donc pour rien que vous le haïssez."

<--------->

-> Le 'Hafets 'Haïm ajoute qu'il ne fait aucun doute que Hachem, en tant que Père bienveillant, n'agit que pour le bien de Son peuple, et suscite des épreuves pour expier leurs fautes.
Par conséquent, la plus sage réaction aux affronts consiste à ne pas leur répondre, et au contraire, à remercier D. de nous avoir permis d'expier une part de nos fautes.

-> A ce sujet, nos Sages disent : "Les hommes qui sont offensés et qui n'offensent pas en retour ... le verset dit à leur égard : "Tes bien-aimés rayonneront comme le soleil dans sa gloire" (Choftim 5,31)." (guémara Guitin 36b).

-> Le Gaon de Vilna disait : "Sil n'y avait pas les épreuves de la vie, jamais nous ne pourrions résister au Jugement dernier".

-> Le 'Hafets 'Haïm expliquait que pour une personne qui a confiance en Hachem, les difficultés de la vie sont comme entourées de "grâce", à l'image d'un médicament amer qui a une enveloppe très sucrée et agréable. On en vient même à les aimer, comme des bonbons!

AInsi, pour chaque épreuve, son goût dépend de la émouna de la personne.

-> Le Steïpler a écrit dans une lettre :
"Les épreuves de la vie représentent un bien inestimable et extrêmement élevé : notre monde futur en dépend, au point que selon nos Sages, s'il devait s'écouler 40 jours de notre vie sans la moindre épreuve, on aurait la certitude qu'on est déjà en train de jouir de sa part dans le monde futur.
[...]
Dans le Ciel, elles sont considérées comme un bien inestimable, bien qu'amères et extrêmement difficiles à supporter.

Néanmoins, cette amertume n'est ressentie qu'envers celles que nous vivons présentement.
En revanche, les épreuves passées, celles qu'on a déjà subies, ne recèlent que bienfaits et bénédictions, parce que le passé est déjà loin et révolu.
Il s'avère donc que toute personne malade accumule de grands mérites par le simple fait de ses épreuves."

[en regardant le passé : nos souffrances sont précieuses, ce sont des trésors de notre vie ; par contre en regardant le présent et le futur : nous ne voulons pas de souffrance, car nous ne pouvons être sûr de pouvoir y résister sans en être casser et tomber.]

<--------->

-> Un docteur pourrait hésiter à exercer pour des considérations religieuses.
Il pourrait penser que si D. a amené la maladie, alors comment un simple mortel pourrait-il s'arroger le droit de la guérir?
Cela pourrait même paraître s'opposer à la volonté de D.!

La Torah nous enseigne donc que ce souci n'est pas fondé. Un médecin à la responsabilité de faire tout son possible pour assurer la guérison complète du malade. Cela lui sera compté comme s'il avait offert la vie à son patient ...
Si un homme a les compétences et l'expérience nécessaires pour soigner un malade et s'en abstient, on le considère comme un criminel.
En effet, un patient n'est pas susceptible de réagir aux soins de n'importe quel n'importe quel médecin. Il est possible qu'un certain médecin soit efficace pour un malade et pas un autre.
[Méam Loez - Michpatim 21,18-19]

<------------------------------------------------------>

"Il [Hachem] pourvoira à la guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא - Michpatim 21,19)

-> On peut remarquer que peu avant, nous avons pu lire dans la Torah un verset s'y rapprochant : "Je suis Hachem qui te guérit" (כִּי אֲנִי יְהוָה, רֹפְאֶךָ - Béchala'h 15,26).

Nous allons rapporter ci-après un dvar Torah du 'Hafets 'Haïm à ce sujet (Maasé léMélékh al haTorah - Yitro).

Voyez la différence entre la guérison amenée par un médecin et celle accordée par Hachem :

-> Pour D., il est écrit : "rofé'ha" (רֹפְאֶךָ) avec un "fé", qui est une lettre légère, car Il guérit en un clin d’œil, sans fatigue ni effort, ni médicaments puissants.
Il parle et nous sommes guéris.

-> Pour le médecin, en revanche, il est écrit : "vérapo yérappé" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא), avec 2 "Pé", comportant chacun un daguéch fort, car il lui faut fournir des efforts, prescrire des médicaments, parfois même des opérations et tout cela peut prendre longtemps.

-> On vient de voir que la guérison qui vient de D. même, ne cause aucune douleur ou quelconque souffrance, contrairement à celle qui provient de l’homme.
Mais on peut ajouter :
- la guérison de D. déracine entièrement la maladie, comme si celle-ci n’était jamais apparue, tandis que la guérison du médecin humain fait disparaitre le mal en laissant toujours une trace, même infime, de la maladie [voir Likouté Thora 32] ;
- la guérison du Ciel extirpe le mal à sa racine spirituelle, conséquence de la faute ou du manquement dans le Service divin. Aussi, la guérison de D. nécessite au préalable la téchouva, conformément à l’enseignement de nos Sages (guémara Yoma 86a) : "Grande est la téchouva, car elle conduit à la guérison (de l’âme et du corps)".

<---->

-> "Il [Hachem] pourvoira à la guérison" (וְרַפֹּא יְרַפֵּא – Michpatim 21,19)

Il est dit à propos des médecins rapo irapé, 2 fois, (il guérira certainement), et il est dit à propos de la guérison de Hachem : "Car Je suis Hachem Qui te guérit" (ani Hachem rof'ékha - Béchala'h 15, 26), une seule fois.

Ceci vient nous enseigner que chez les médecins, on a besoin d’au moins 2 visites, la première où l’on raconte ce qui ne va pas, et la deuxième au cours de laquelle le médecin doit guérir la maladie qui nous a amené, et aussi ce qu’il a abîmé la première fois.
Mais quand il s’agit d'Hachem, dès la première fois il envoie la guérison totale.

<---->

-> Du point de vue de la halakha, personne de nos jours ne doit se fier à un miracle. Le patient, quel qui soit, doit faire appel au médecin, tout en mettant sa confiance en Hachem [voir Birké Yossef – Yoré Déa 336, 2].

<--->

-> Shabbath a le pouvoir de guérir : http://todahm.com/2021/12/12/shabbath-a-le-pouvoir-de-guerir

One comment

  1. Pingback: Aux délices de la Torah

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.