Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que Hachem ton D. t'aura donné. Tu les mettras dans une corbeille et tu te rendras à l'endroit que Hachem ton D. aura choisi" (Ki Tavo 26,2)

-> " "Au commencement [béréchit], D. créa" : par le mérite des prémices qui sont appelés "réchit", le monde fut créé."
[midrach Béréchit rabba 1,6]

-> Quelle est la particularité de la mitsva des bikourim, au point que, selon les Sages, le monde fut créé par son mérite?

Le rav Yaakov Neuma (Darké Moussar) rapporte que l'agriculteur a cultivé sa terre, il l'a soignée puis a récolté les fruits de son verger, pour finalement les engranger.

Or à présent, il doit en présenter une partie au Temple et déclarer au Cohen : "J'apporte maintenant les 1ers fruits dont Tu m'as fait présent, Hachem".
Par ces mots, il conteste tout esprit d'indépendance par rapport au Créateur, il nie que : "c'est le pouvoir de mon bras qui m'a valu cette réussite".
En disant que D. lui a fait présent de ces fruits, il reconnaît que tout vient de Lui.

Le but de l'existence est de conduire l'homme à prendre conscience que tout émane seulement de Hachem, et puisque les bikourim l'amènent à cette conscience, c'est donc bien par leur mérite que le monde fut créé.

Les bikourim renforcent notre émouna.

<--------------------->

-> Le Alcheikh haKadoch cite une loi spécifique aux bikourim, stipulant que lorsque les agriculteurs étaient en route vers le Temple pour apporter leurs prémices (bikourim), tous les ouvriers interrompaient leur travail pendant leur passage en signe de respect.

Or en règle générale, un ouvrier ne doit saluer personne pendant son travail, pour ne pas voler son employer (en ne travaillant pas sur son temps de travail).
Pourtant, dans le cas précis des bikourim, les Sages autorise cela?

Le Alcheikh haKadoch répond que c'est en raison du fait que le devoir de gratitude constitue un fondement essentiel du service divin.

La qualité d'un homme s'apprécie selon sa faculté à reconnaître les bontés du Créateur.
Plus on apprécie les innombrables bienfaits que Hachem nous accorde, plus on devient conscient de la dette que nous avons envers Lui, et plus nous ne pouvons manquer aucune occasion pour exprimer notre reconnaissance à D.

=> Le message de reconnaissance véhiculé par les bikourim est si important que nos Sages autorisèrent les ouvriers à interrompre leur travail.

Les bikourim renforcent notre gratitude, qui est un fondement du judaïsme.

<--->

-> Le Alcheikh haKadoch écrit :
"Car Hachem ne désire qu'une chose : faire du bien. Et Il ne nous demande en retour qu'une chose : être reconnaissant et savoir que c'est Lui le Maître du monde qui, dans Sa bonté, nous prodigue ce bien en permanence et qui est digne d'être béni et d'être loué.
Or, lorsqu'un homme se voit résider dans une terre où coulent le lait et le miel, repu et satisfait, chacun sous sa vigne ou son figuier, sans aucune inquiétude, lorsque sa maison est remplie à satiété sans qu'il ne se soit fatigué pour cela, qu'il jouit de vignes et d'oliviers qu'il n'a pas plantés, du blé et de l'orge à profusion, son mauvais penchant peut l'amener à se dire "c'est à la force de mon poignet que j'ai réussi".

A cause d'une telle attitude, le Créateur a coutume de retirer (à D. ne plaise) à l'homme tout le bien dont Il l'a gratifié et toute la bénédiction qu'Il lui a donnée.

C'est pour cela qu'Il nous a ordonné la mitsva des prémices afin que chaque homme vienne une fois par an dans Sa Maison (le Temple) avec les prémices de ses fruits qu'il apporte dans un panier et qu'il proclame après les avoir déposés à cet endroit : 'voici ce qui est à Toi devant Toi', tout cela provient de Toi et c'est Toi qui m'as gratifié de toute cette bonne récolte!
Par ce mérite, Hachem pourvoira à tous ses besoins puisqu'il n'y a pas été ingrat.
C'est la raison profonde de la mitsva des prémices : se rappeler que tout ce que nous possédons dans ce monde provient d'Hachem."

<--------->

-> Selon le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar), par ces premiers fruits (bikourim), l'agriculteur exprime sa gratitude à Hachem pour avoir béni son champ, et reconnaît que tout ce qu'il possède vient de Lui.

D'ailleurs, même celui qui ne récolte qu'un seul grain de blé doit amener les bikourim, car Hachem subvient absolument à tous nos besoins.

[ => les bikourim sont un rappel de gratitude envers D. pour l'agriculteur, et ainsi que pour chaque personne le croisant sur son chemin vers le Temple]

-> Dans le verset suivant, il est écrit : "Tu te présenteras [avec tes bikourim] au Cohen qui sera alors en fonction et tu lui diras"
Rachi de commenter : tu lui diras = que tu n'es pas ingrat.

<----------------------------->

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 91) écrit sur cette mitsva des bikourim :
"Le sens profond de la mitsva est de mettre la parole de Hachem au sommet de notre joie. Nous devons nous rappeler et savoir que c'est de Lui que nous viennent toutes les bénédictions du monde.
Nous avons reçu l'ordre d'apporter à ceux qui servent dans Sa maison les fruits qui ont mûri en premier sur Ses arbres, en nous rappelant, en acceptant de prendre sur nous le joug de Son royaume et en Le remerciant pour les fruits et tous les autres biens qui nous viennent de Lui.
Alors nous serons dignes d'une bénédiction et il y aura une bénédiction dans nos fruits.
"

<----------------------------->

-> La paracha précédente (Ki Tétsé) se termine par la mitsva de faire disparaître Amalek
Cette paracha (Ki Tavo) commence par la lettre vav (ו) signifiant : "et" (liaison), suivie par le sujet des bikourim.

Quel est le lien entre ces 2 mitsvot (Amalek et bikourim)?

Le midrach (Tan'houma Béchala'h 25) dit que Amalek était arrogant, orgueilleux.
La Torah discute immédiatement après des bikourim, pour nous enseigner que nous devons également faire disparaître notre orgueil (le Amalek en nous), qui amène à ne plus apprécier le bien que l'on nous fait.

[le Béér Moché]

[ Une personne qui a un manque d'appréciation pense qu'elle peut tout faire toute seule, indépendamment de Hachem.
En apportant les bikourim, on corrige cette tendance naturelle, et l'on démontre que nous dépendons totalement de la miséricorde divine. ]

<----------------------------->

-> La mitsva des bikourim va à l'encontre de la nature d'une personne.
C'est par ce mérite d'aller à l'encontre de ses tendances naturelles en apportant les bikourim à Hachem, que les juifs ont mérité de recevoir la terre d'Israël.

[Rabbi Moché Teitelbaum - Béra'h Moché]

<--------------------->

-> A notre génération, nous pouvons observer la mitsva des bikourim en faisant que le commencement de notre journée soit saint.
A la place de sanctifier nos premiers fruits, nous sanctifions nos premiers moments de la journée.
Après s'être levé le matin, nos premières pensées, mots ou actions sont dédiées à notre service Divin.
[rabbi Sim'ha Bounim de Pshischa]

<--------------------->

-> "Vous vous renforcerez et vous prendre des fruits de la terre, et c’était l’époque des prémices de la vigne» (Chéla'h Lé'ha 13,20)

On trouve dans les écrits du Ari zal que les prémices (bikourim) ont pour but de réparer la faute des explorateurs.
En effet, comme ils ont dédaigné un excellent pays, la mitsva des prémices a été donnée pour manifester l’amour à la terre d’Israël, en apportant des sept espèces qui en font la gloire.

C’est pourquoi rabbi Mena’hem Zemba (dans son Amira Yaffa) dit que la Michna sur les bikourim (prémices) évoque précisément les 3 espèces que les explorateurs ont apportées : "Quelqu’un voit une figue arrivée à maturité, une grappe de raisin arrivée à maturité, une grenade arrivée à maturité".
Cela correspond à ce qui est dit sur les explorateurs : "ils ont coupé de là une branche et une grappe de raisins et l’ont portée à deux sur un bâton, et des grenades et des figues".

<----------------------------->

-> Les grecs[à l'époque de 'Hanouca] ont émis une loi interdisant le fait de donner du bois pour l'autel (mizbéa'h) et ils ont [également] interdit d'apporter les bikourim à Jérusalem.
[guémara Taanit 28]

Le Maharal commente :
"Pourquoi les grecs ont-ils interdit ces 2 mitsvot?
C'est parce que ces mitsvot sont réalisées avec une joie immense.
Ceux qui donnaient le bois pour le mizbéa'h allaient ensuite fêter cela, et les bikourim étaient amenés au Temple dans une ambiance de grande joie, [comme le rapporte par exemple] la michna : "on jouait de la flûte devant eux ..."
Les grecs ne voulaient pas que les juifs soient joyeux."

<--->

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°676) écrit :
"Voici comment la michna Bikourim décrit la cérémonie de l’apport des prémices au Temple : "Tous les villages de la région se rassemblaient dans une ville qui représentait la région, ils dormaient dans les rues de cette ville sans rentrer dans les maisons, et on jouait de la flute devant eux jusqu’à ce qu’ils arrivent au mont du Temple. Les riches apportaient leurs prémices dans des ustensiles d’argent et d’or, et les pauvres les apportaient dans des paniers de tiges de saule tressées."

La Torah a voulu mettre sur un pied d’égalité le riche qui apporte son offrande dans des ustensiles d’or et d’argent et le pauvre qui apporte sa maigre offrande dans des paniers de tiges de saule tressées, c’est pourquoi tout le monde dormait dans les rues de la ville sans rentrer dans les maisons, parce que lorsqu’ils se tenaient devant le Roi des rois [Hachem], tous étaient égaux devant Lui. C’est pourquoi il est dit qu’Il "ne prend pas parti pour les grands, et ne favorise pas le riche contre le pauvre, car ils sont tous l'œuvre de Sa main" (Iyov 34,19).

Et on jouait de la flute devant eux, le mot flute (‘halil) évoquant le mot : ‘halal (creux). Quiconque venait à Jérusalem apporter les bikourim devait se ressentir lui-même comme s’il était le plus vide de tous, et qu’il n’y avait personne de plus grand que l’autre. Tous étaient égaux, l’offrande de chacun était d’agréable odeur à D., puisqu’ils l’apportaient par amour pour Lui, et la michna dit : "Celui qui apporte peu est l’égal de celui qui apporte beaucoup, à condition que son cœur soit tourné vers le Ciel" (guémara Ména'hot 110,1). "

<----------------------------------------------->

"Je n’ai pas passé outre Tes mitsvot et je n’ai pas oublié" (Ki Tavo 26,13)

Il y a les prémices (bikourim) qui sont les 1ers fruits de certaines sortes seulement.

Il y a également le prélèvement des dîmes sur les récoltes qui suit un cycle de 3 ans.
Tous les ans, on donne la première dîme au Lévite ; la 1ere et la 2e année, on prélève également le maasser chéni, la 2e dîme. Elle est sacrée et ne peut être consommée qu'à Jérusalem.
La 3e année, à la place de la seconde dîme, on prélève une dîme appelée maasser ani, la dîme du pauvre.
Ce cycle se répète tous les 3 ans, à l'exception de la 7e et de la 50e année (respectivement la chémita et le yovèl).

C'est ainsi que la veille de Pessa'h de la 4e et de la 7e année de la chemita (marquant la fin d'un cycle de 3 années), on doit s'assurer qu'on a bien remis toutes les dîmes à qui de droit (sur la durée de ce cycle de 3 ans), et on récite un texte de "confession sur les dîmes", le "Vidouï Maasser" (v.13-15).
Il est préférable de le réciter au Temple à Jérusalem, mais on peut le faire n'importe où.

L'extrait du verset, cité ci-dessus, fait partie de cette "confession sur la dîme", et par cela, on affirmait avoir accompli ce qu'il fallait et n’avoir rien oublié de faire.
En général, une confession (vidouï) vient connoter que la personne avoue une faute. Mais là, si elle dit que tout a été fait dans les règles, où est l’aveu?

Le rabbi de Satmar répond que dans cet aveu (vidouï), l'individu disait certes qu'il n’est passé outre aucune loi, mais il ajoutait : "Je n’ai pas oublié", dans le sens de "Je n’ai pas oublié ce que j’ai fait".
Le fait de ne pas oublier ses mitsvot est en soi déjà une faille. En effet, l’homme doit oublier les mitsvot qu’il a réalisées pour se sentir toujours redevable d’en faire encore et ne jamais se sentir quitte ni orgueilleux.
C'est sur cette faille que l’aveu prend son sens.

[A chaque instant, nous avons une dette de gratitude infinie à l'égard de D., et il en serait ingrat d'en venir à croire que grâce à ce que nous faisons nous pouvons rivaliser avec Lui.
La naturalité veut que nous n'aimons pas être endettés avec quelqu'un pour ce qu'il a pu nous faire, mais la réalité est qu'avec Hachem nous ne pourrons jamais nous débarrasser de ce sentiment de Lui être totalement redevable.

Vouloir retirer le fait d'être redevable à Hachem, c'est vouloir Le retirer de notre vie.
[c'est bon je n'ai pas besoin de ton aide, je peux très bien agir tout seul!]

Nous pouvons nous rappeler de nos mitsvot passées si elles nous permettent de se renforcer, de s'améliorer dans notre avodat Hachem (ex: du passé nous pouvons apprendre à agir mieux dans le futur ; à mon yétser ara qui veut me faire croire que je ne suis pas si grand que ça, regarde mes bonnes actions que j'ai pu faire par le passé, je me dois donc d'agir au moins aussi bien! ]

<---------------->

-> Selon le Sforno, cette déclaration est appelée "confession", bien que l'on n'y mentionne aucune faute, car si Israël n'avait pas adoré le Veau d'or, le service Divin serait resté le privilège des premiers-nés, et chaque foyer aurait alors été sacré.
Ce n'est qu'à cause de cette dégradation qu'il faut sortir les dîmes de la maison et les donner aux Cohanim et aux Lévi'im, et c'est pourquoi nous nous confessons.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.