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"Les sages-femmes craignaient D. et ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte et elles firent vivre les garçons" (Chémot 1,17)

-> "Le verset semble redondant : si elles n'ont pas suivi l'ordre de Pharaon de tuer les garçons, c'est forcément qu'elles les ont laissé en vie!

Cependant la Torah nous rapporte ici que le moyen avec lequel elles les ont maintenu en vie est : la prière.
En effet, pas tous les bébés ne survivent à un accouchement (surtout en ces temps très anciens!), et les sages-femmes ont prié pour qu'aucun bébé juif ne meurt pendant la naissance, afin qu'il soit clair que le décret de Pharaon n'était pas réalisé.

Ainsi, non seulement elles "ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte", mais en plus grâce à leurs prières "elles firent vivre les garçons" (signifiant qu'aucun bébé n'est mort naturellement lors d'une naissance)."

[Rabbi ‘Haïm Meïr Hager - le Rabbi de Vizhnitz]

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-> Bien que la Torah ne mentionne comme sages-femmes que Chifra et Poua, il est évident qu'un peuple aussi nombreux que les juifs avait des centaines de sages-femmes ...
Chifra et Poua étaient les patronnes de la corporation des sages-femmes.
[...]
Lorsque Pharaon ordonna aux sages-femmes d'avorter les fœtus mâles hébreux, celles-ci lui demandèrent comment connaître le sexe de l'enfant avant sa naissance.
Pharaon leur apprit une pratique occulte leur permettant de percevoir le fœtus dans la matrice.
Si celui-ci apparaissait orienté vers le bas, il s'agissait d'un garçon. Il regarde le sol d'où Adam, le 1er homme, fut formé.
Si le fœtus était orienté vers le haut, il s'agissait d'une fille qui regarde la côte de 'Hava, la 1ere femme, fut formée.
[...]
Les 2 sages-femmes principales n'étaient autres que Yo'hévét (Chifra = embellir et laver les bébés) et Myriam (Poua = parler et apaiser les bébés pleurant), sa fille de 5 ans ...
Selon une autre opinion, les 2 sages-femmes étaient Yo'hévét et sa [future] belle-fille Elichéva, fille d'Aminadav, qui épouserait plus tard Aharon ...
[...]
Yo'hévét fut récompensé en enfantant Moché, qui transmit la Torah au peuple juif (la Torat Moché) ...
Myriam aura pour petits-fils Bétsalel, architecte du Michkan, auquel D. insufflerait un esprit de sagesse.
[...]
C'est par le mérite des sages-femmes, prêtes à risquer leur vie pour résister à Pharaon, que le nombre d'enfants s'accrut encore davantage.
Le verset y fait allusion : "Hachem a récompensé les sages-femmes et le peuple s’est multiplié" (v.1,20) = la bonté que Hachem montra envers les sages-femmes causa l'accroissement du peuple.
[Méam Loez - Chémot 1,15-20]

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-> "Comme les sages-femmes avaient craint Hachem, Il leur fit des maison" (Chémot 1,21)

Rachi commente : Des maisons [dans le sens de : "dynasties"] de Cohanim, de Lévi'im et de royauté ...
Les Cohanim et les Lévi'im descendent de Yokhèvèd [Chifra], et la royauté de Myriam [Pou'a].

=> Il est surprenant de remarquer qu'elles ont bénéficiaient de telles récompenses grâce à leur crainte d'Hachem, et non au fait d'avoir sauvées/augmentées le nombre de juifs.
Imaginons une fête en l'honneur d'un héro qui a sauvé de très nombreuses personnes pendant la guerre.
Nos Sages disent que sauver une seule vie est comme sauver le monde entier. Ainsi, le fait qu'il a sauvé de très nombreuses vies fait qu'il mérite un immense respect.
Mais pendant la cérémonie, intervenant après intervenant on ne parle pas de cet aspect, mais plutôt de sa crainte d'Hachem. On ne comprendrait rien!
D'ailleurs, on ressentirait même un sentiment d'injustice, comme si on l'insultait : on aborde ce qui est secondaire sans le louer pour l'essentiel : il a sauver beaucoup de gens!

Cependant, notre paracha nous apprend que l'essentiel est la crainte Divine de Myriam et de Yo'hévét, sans nullement rapporter les incalculables vies qu'elles ont sauvées (nous existons sûrement grâce à elles!).

Le rabbi Chmouël Wosner (Rachmé haRav - Guévoura) écrit que Yo'hévét et Myriam étaient d'énormes tsadékette. Elles provenaient d'une lignée sainte, elles étaient des prophétesses, et elles craignaient Hachem depuis leur enfance.
Néanmoins, c'est la 1ere fois qu'il est rapporté qu'elles craignaient Hachem.
La raison est que la crainte Divine (yirat chamayim) n'est prouvée qu'à partir du moment où l'on surmonte ses sentiments humains afin de faire la volonté d'Hachem.
Ce n'est qu'alors que nous méritons le titre de craignant d'Hachem.
[lorsque nous avons quelque chose à perdre mais que nous restons fidèles à Hachem, nous méritons ce titre]

[certes sauver des vie est quelque chose de grand, mais par rapport aux efforts qu'elles ont dû témoigner pour atteindre un tel niveau de crainte d'Hachem, cela est quelque chose de secondaire.
Le rabbi de Kotsk dit qu'il n'y a rien de plus difficile que de mettre tout son être sous la Royauté du Ciel et de tout faire selon la Torah.
=> On peut apprendre de là la grandeur de continuellement développer notre crainte d'Hachem, c'est quelque chose d'encore plus louable que d'être un super héro qui sauve des vies!]

-> Dans le "barou'h chéamar", nous disons : "barou'h méchalem cha'har tov liré'av" (Béni soit Celui qui donne une bonne récompense à ceux qui Le craignent).
Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Par analogie, cela ressemble à une yéchiva (grande école/université) qui veut attirer un excellent enseignant. Ils vont faire la publicité d'offrir le double du salaire normal, afin d'encourager les meilleurs à venir les rejoindre.
De même, Hachem nous dit qu'il y a une "bonne récompense" (cha'har tov) pour la crainte du Ciel, afin que les personnes sages puissent profiter de cette offre.

La crainte d'Hachem n'est pas une chose facile, nous devons surmonter notre crainte du regard des autres, notre attirance vers nos désirs, vers les plaisirs de ce monde, ...
C'est pour cela que nous devons considérer la récompense, le bien qu'il en découlera, afin de nous renforcer à investir toutes nos forces pour suivre le chemin de la crainte d'Hachem.

-> Rabbi Yossef Its'hak de Loubavitch dit : "Si quelqu'un connait la Torah mais n'a pas de crainte d'Hachem (yirat chamayim), alors il est semblable à un talit katan sans tsitsit qui y sont attachés."

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-> Le rav Eliyahou Lopian enseigne :
Dans le monde non-juif si quelqu'un a sauvé des milliers de personnes, mettant sa vie en danger pour les aider, est-ce qu'on s'interrogera de savoir s'il est quelqu'un qui craint Hachem (yéré chamayim)?
N'est-il pas suffisant qu'il est sauvé des vies? Que nous importe ce qu'il a dans sa tête!

Pourtant dans la Torah, nous voyons le contraire : "et les sages-femmes ont craint Hachem ... et comme les sages-femmes avaient craint Hachem, Il leur fit des maisons" (Chémot 1,21).
Elles n'auraient jamais pu faire ce qu'elles ont fait sans crainte d'Hachem, et elles n'auraient jamais reçu de récompenses si elles n'en avaient pas [et ce même si elles avaient sauvé des milliers de vies!].

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-> Rabbi Yéhochoua de Belz enseigne :
- la yir'at chamayim (la crainte du Ciel) = c'est avoir peur de fauter, afin de ne pas empêcher la bonté du Ciel de venir sur nous.
- la yir'at Hachem (la crainte d'Hachem) = c'est lorsque nous pensons à la grandeur d'Hachem au point d'en arriver à craindre Hachem.
- la yir'at 'hét (la crainte de la faute) = c'est craindre de faire quelque chose qui ne nous convient pas de faire.
[comment puis-je descendre aussi bas! En ce sens, il est important d'avoir une haute estime de nous (on a une partie d'Hachem en nous!) afin que les fautes nous semblent le plus bas possible, le plus répugnant possible à nos yeux!
C'est en ce sens que la guémara (Sanhédrin 37) affirme : "tout le monde est obligé de se dire : "bichvili nivra aolam" (le monde a été créé pour moi)". On doit reconnaître notre importance, et cela doit nous aider à éviter la faute.]

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-> Selon le Ibn Ezra, pour une population juive aussi nombreuse, il y avait plus de 500 sages-femmes.
Shifra et Poua en étaient les responsables, et une partie de leur travail était de collecter l'impôt sur le revenu de toutes les sages-femmes.

-> Selon d'autres, Shifra et Poua n'étaient pas le nom de personnes, mais plutôt d'un groupe de gens.
Parmi les centaines de sages femmes, il y en avait qui étaient des sages-femmes de type Shifra, et d'autres de type Poua.
Les sages-femmes Shifra étaient celles qui s'occupaient d'accoucher le bébé, et les sages-femmes Poua étaient celles qui assistaient et calmaient les mères qui donnaient naissance, et c'était celles qui s'occupaient du nouveau-né immédiatement après la naissance.
Ainsi, lorsque Pharaon s'est adressé à Shifra et à Poua, il a en réalité parlé à de nombreuses sages-femmes en même temps.
[Abarbanel ; Malbim]

-> Nos Sages disent que Shifra et Poua étaient soit Yo'hévét et Myriam, ou bien soit Yo'hévét et Elichéva (la future femme d'Aharon). [guémara Sota 11b]
Elles étaient appelées Shifra et Poua, car elles amélioraient l'état du bébé (Shifra) et elles savaient comment calmer les pleurs d'un bébé. [cf. Rachi]
Selon le Alchikh haKadoch, puisque leurs actions étaient connues de tous, on faisait référence à elles par leurs actions, plutôt que leur nom.
De son côté, le Emet léYaakov enseigne que Shifra et Poua étaient les noms égyptiens des noms hébreux de Yo'hévét et Myriam/Elichéva.

-> D'autres commentateurs ont une interprétations différentes :
- selon le Rokéa'h, Shifra et Poua étaient des sages-femmes égyptiennes.
- selon le midrach (Tadsheh 21), il s'agit de sages-femmes égyptiennes qui se sont converties et qui ont rejoint le peuple juif.
En effet, si elles avaient été juives de naissance, comment Pharaon aurait-il pu leur faire entière confiance pour qu'elles tuent les bébés juifs?
De plus, si elles avaient été juives, pourquoi la Torah leur fait-elle autant de louanges pour avoir craint Hachem et ne pas avoir tué les bébés juifs, alors que cela serait une réponse évidente de la part d'un juif à ces instructions de Pharaon (tuer des milliers d'enfants juifs!).
Ainsi, il est probable qu'elles étaient d'origine égyptienne.
[Panéa'h Raza ; Abarbanel ; Kli Yakar]

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-> "Elles n'ont pas fait ce que leur avait dit le roi d'Egypte" (Chémot 1,17)

-> La guémara explique que Pharaon exigea des sages-femmes d'avoir un rapport avec lui, mais elles refusèrent. L'expression précise utilisée par nos Sages est : "Pharaon a exigé de leur faire commettre la faute et elles ne se sont pas laissées exiger". Cette formulation est étonnante. On se serait plutôt attendu à lire : "et elles ne lui ont pas obéi"!

Rabbi Bounim de Pshischa explique que les Sages-femmes avaient cette intelligence de voir dans la faute, le danger immédiat. Elles n'ont pas hésité un seul instant et n'ont eu aucun besoin de lutter pour refuser « l'exigence » de Pharaon.
C'est le sens de l'expression : "Elles ne se sont pas laissées exiger", comme si pour elles, rien n'avait commencé et Pharaon ne leur avait rien exigé. Car la faute était pour elles bien plus dangereuse que la désobéissance au roi lui-même. Elles y voyaient ce poison. Cela est suggéré par le verset qui se traduit littéralement : "Elles n'ont pas fait lorsque leur avait dit le roi d'Egypte", c'est-à-dire qu'au moment même où il leur avait demandé de commettre cette faute, elles ont refusé, sans hésiter, sans temps de réflexion, comme s'il s'agissait de consommer un gâteau empoisonné.

-> La guémara révèle que Pharaon demanda aux sages-femmes de s'unir à lui mais elles refusèrent. Mais pourquoi Pharaon leur demanda-t-il cela? Ne voulait-il pas juste qu'elles tuent les mâles hébreux! Pourquoi exiger de s'unir à elles?

Le 'Hatam Sofer explique :
En fait, nos Sages enseignent que les nations du monde suspectaient que les descendants des Hébreux étaient issus de pères égyptiens. En effet, ils tinrent le raisonnement suivant : "Si les Egyptiens réussirent à dominer leurs corps, encore plus ont-ils dû réussir à avoir maîtrise sur leurs femmes!" Mais Hachem témoigna que toutes leurs généalogies étaient restés pures. Aucune femme juive, dans leur intégrité, ne se laissa approcher par les égyptiens.
Pharaon aussi a tenu le même raisonnement et suspectait que certainement, les égyptiens devaient forcément avoir eu
une maîtrise sur les femmes Hébreux. Mais alors, les bébés qu'elles accoucheraient seraient de pères égyptiens. Il n'y a donc pas lieu de les tuer puisque Pharaon considérait qu'ils sont égyptiens. C'est pourquoi, Par'o voulait tester si ce raisonnement est valable et il demanda aux sages-femmes de s'unir à lui pour voir si les femmes Hébreux cèdent aux demandes des égyptiens, encore plus s'il s'agit du roi lui-même. Et comme elles refusèrent, Pharaon comprit qu'en fait les femmes juives ne se laissent pas approcher par les égyptiens, même si c'est le roi. De ce fait, il décida donc de décréter qu'il fallait les tuer, puisqu'ils sont bien des Hébreux.

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