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La 1ere plaie : le sang

+ La 1e plaie : le sang

Préalable aux plaies :
-> chaque plaie a duré un mois, mais certains commentateurs pensent que la durée de la mise en garde était de 7 jours et ensuite la plaie durant 3 semaines, ou bien pour d'autres c'était l'inverse : 3 semaines de mise en garde et une semaine de plaie. [midrach Chémot rabba 9,12]

Toute les opinions s'accordent à dire que la période totale couverte par les plaies a été de 12 mois, prenant fin le 14 Nissan.
[l'esclavage a pris fin 1 an avant la sortie d'Egypte]
[Selon les Avot de Rabbi Nathan, les plaies d'Egypte se poursuivirent durant 12 mois, car les plaies ressemblaient au jugement des réchaïm dans le guéhinam, qui dure 12 mois.]

-> Le Séfer Péninim Yékarim (Ekev 7,15) cite l'enseignement de nos Sages selon lequel à chaque fois qu'une plaie s'abattait sur les égyptiens, il y en avait un petit peu chez les juifs pendant un moment, pour qu'ils sachent ce que souffraient les égyptiens.

-> Le 'Hida (Pné David) enseigne également en ce sens :
Toutes les plaies ont également affecté les juifs pendant un court laps de temps, afin qu'ils puissent connaître la puissance des plaies qui étaient infligées aux égyptiens.
Cela se voit dans le verset : "mais tous les Bné Israël jouissaient de la lumière dans leurs demeures" (Bo 10,23) = cela implique que les juifs ont ressenti la joie d'avoir de la lumière après avoir été exposés à l'obscurité pendant un petit moment.
Ce phénomène de d'abord ressentir la plaie a également eu lieu pour les autres plaies.

-> Selon le Saba de Kelm, en Egypte chaque plaie durait une semaine, et entre 2 plaies, il y avait une pause de 3 semaines.
Que faisaient les juifs pendant ces 3 semaines?

Ils étudiaient la plaie qui venait de passer, afin de se rendre compte à quel point Hachem était précis avec chaque égyptien en fonction de ce qu'il avait pu faire durant l'esclavage des juifs.
Il était alors clair dans la tête de chaque juif, que pour Hachem chaque acte (même le plus petit/anodin) positif ou négatif donne droit à une conséquence.
Rien n'est caché, ni oublié de D.

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-> Chacune des plaies avait toute seule la puissance de complétement détruire l'Egypte, si on lui avait laissé durer plus longtemps que le nombre fixé de jours.
La raison pour laquelle Hachem a amené 10 plaies était afin de démontrer Sa maîtrise totale sur toute la nature.
[Steïpler - 'Hayé Olam 15]

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-> Pourquoi les appelons-nous : "les 10 Plaies (makot)" et non "les 10 Prodiges"?
Le rav Mattitiahou Salomon donne la réponse suivante.
C'est parce que le prodige n'est pas le principal, ni le but recherché par Hachem, mais seulement le moyen pour Le craindre, d'où l'utilisation du mot : "maka" (un coup/plaie).

Le Ramban écrit : "Si un homme fait une mitsva, il gagnera son salaire et s'il faute il recevra la punition d'Hachem. Tout le but des actions d'Hachem en Egypte était d'apprendre au monde entier qu'Il se conduit dans Son monde avec la conduite de la Justice".

Malheureusement, beaucoup de gens pensent que Hachem met tout le monde au Gan Eden, et qu'Il est tellement bon qu'Il pardonnera tout, peu importe les bêtises que la personne en question a fait.
Ceci est une grande erreur, Hachem est certes d'une bonté infinie, mais ce qu'Il attend de nous est qu'on Le craigne dans Son monde.
Il est prêt à tout pardonner si l'homme en question fait téchouva (n'importe quelle faute sans exception!), mais il faut qu'il sache qu'Hachem a aussi l'Attribut de Justice, et que pour toute chose qu'un homme fait, il devra rendre des comptes à 120 ans.

[à Pessa'h, en développant largement les  détails concernant les plaies, nous en venons à prendre conscience que rien n'a été fait par hasard, mais selon le principe de : mesure pour mesure (mida kénégéd mida). Les égyptiens ont été punis pour chacune des fautes qu'ils ont pu faire subir aux juifs (même en cachette!).
[par exemple, à la mer Rouge, on voit que chaque égyptien a reçu une punition personnelle, en fonction de ce qu'il avait pu imposer aux juifs. ]
En développant concrètement cette notion en nous, nous en venons à craindre Hachem, et se dire que : certes Il est d'une miséricorde infinie, mais nous devrons également rendre des comptes sur toutes nos actions (sa Justice est parfaite).

=> Cela doit éveiller en nous un sentiment de crainte, qui vient s'ajouter au sentiment d'amour (vu tous les miracles que D. a réalisé pour nous!). Or, la crainte et l'amour sont les 2 jambes indispensables au bon déplacement spirituel de tout juif!]

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+ Les 10 plaies = Hachem laisse plusieurs occasions de faire téchouva, même aux égyptiens :

-> Il existe une autre facette à la fonction des 10 plaies. Une seule grande plaie n'aurait pas été aussi efficace pour convaincre les Egyptiens de l'existence de D. que plusieurs petites. Si l'Égypte avait été effacée dès l'instant de son premier refus, cela lui aurait supprimé toute possibilité de téchouva.
Bien que les égyptiens fussent punis de leur conduite cruelle, ils bénéficièrent de l'opportunité de s'arrêter un instant pour réfléchir à leurs erreurs et se repentir. À la suite de chacune des plaies, ayant assisté à l'intervention miraculeuse de D. au sein de leur existence, ils auraient pu revenir sur leur opposition vis-à-vis du peuple juif et accepter sur eux le joug de la royauté d'Hachem. Ainsi, ils auraient été pardonnés.
Malheureusement, ils n'en firent rien, tout comme les autres nations du monde n'en feront rien jusqu'aux Temps Futurs. Toutefois, durant les plaies, D. laissa aux Égyptiens la porte ouverte vers la téchouva.
[Chem miChmouël - Vaéra 5678]

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-> Lorsque Moché et Aharon sont venus pour la 1ere fois rendre visite à Pharaon afin de lui demander de libérer le peuple juif, il a répondu en augmentant la difficulté de leur esclavage.
Pharaon dit : "Qu'il y ait donc surcharge de travail pour eux et qu'ils y soient astreints; et qu'on n'ait pas égard à des propos mensongers" (Chémot 5,9).
Ce verset contient 10 mots (dans la Torah), indiquant que Pharaon a augmenter la charge de travail des Bné Israël d'une proportion 10 fois plus importante qu'auparavant.
En conséquence de cela, Hachem a puni Pharaon avec 10 plaies.
Ainsi : un travail * 10 a entraîné que Pharaon et sa nation se sont amenés sur eux les 10 plaies.
[Na'hal Kédoumim (Chémot 5,9) ; Shévet Sofer]

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-> En quoi le récit des détails des 10 plaies est-il pertinent dans nos vies, dans notre quotidien?
L’objectif principal des 10 Plaies était d’enseigner la émouna aux égyptiens et au reste du monde. Elles furent également là pour punir les égyptiens, de la façon la plus précise qui soit, du traitement abominable qu’ils firent subir au peuple juif.
Nous savons qu’Hachem récompense le bien de manière bien plus marquée qu’Il ne punit le mal. Donc s’Il fit en sorte que chaque détail de la plaie vienne sanctionner les mauvaises actions des tortionnaires, on imagine combien de bontés sont réservées à Son peuple qui accomplit Sa volonté.
[rav Yehonathan Gefen]

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-> "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte" (Béaaloté'ha 11,5)

-> Rachi rapporte le Sifri : "Se peut-il que les égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement? Il est pourtant écrit : "Et la paille ne vous sera pas donnée" (Chémot 5,18). S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien?"

-> Rabbi Zlig Bengis (cité dans Peninim miChoul'han Gavoa sur ce verset) explique cela ainsi :
Après avoir souffert de la plaie des poux, Pharaon a libéré totalement les juifs de leur esclavage, 6 mois avant la sortie d'Egypte. Pharaon a alors conçu un plan pour encourager les juifs à rester en Egypte, en distribuant les meilleurs produits à ses anciens esclaves.
Hachem a orchestré ces événements pour permettre aux juifs de prouver leur loyauté à Hachem en résistant aux tentations de rester en Egypte et de vivre une vie de luxe, plutôt que de suivre Moché dans un désert aride (où il n'y a rien (à boire, manger), si ce n'est des scorpions).
C'est au sujet de cette période de 6 mois que les juifs font allusion lorsqu'ils se plaignent de la manne et se lamentèrent : "nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte".

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+ La 1e plaie : le sang

-> Pourquoi l’eau a-t-elle été frappée la première, et par le sang?

Parce que Pharaon et les égyptiens idolâtraient le Nil, D. dit : "Je vais frapper leur D. en premier et ensuite son peuple" (Chémot Rabba 9,8).

D'ailleurs, les eaux du Nil avaient une odeur de charogne, ce qui humilia grandement les égyptiens et Pharaon qui virent leur dieu ainsi frappé (Midrach Hagadol 7,17).

-> Le midrach haGadol (Vaéra 7,21) explique que le "sang" ne ressemblait pas seulement à du sang, c'était du vrai sang, et qu'il sentait aussi le sang. Par conséquent, malgré la puanteur rance des poissons morts du Nil, l'odeur du sang était encore plus forte.

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-> "Il y aura du sang dans tout le pays d’Egypte, et dans les bois et dans les pierres" (chémot 7,19).
Comment comprendre : "dans les arbres et dans les pierres"?

Le sang perçait depuis l’intérieur des arbres et des pierres et coulait au dehors.
Lorsqu’une femme pétrissait la pâte et l’enfournait, le sang sortait du bois et éteignait le feu. Il mouraient ainsi de faim.

Le sang coulait même de leurs idoles en bois et en pierre. Même les fruits des arbres contenaient du sang et lorsque, assoiffés, ils essayaient de presser des fruits, du sang en coulait (Midrach Hagadol Vaéra 7,21).

Même leur salive fut transformée en sang (Midrach Tanhouma Vaéra 11).
D'autres sources ajoutent que c'était tous les liquides du corps qui se sont transformés en sang : les larmes, la salive, la transpiration.

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-> Ceux qui se risquaient à boire du sang voyaient leur estomac gonfler et éclater. (Zohar haKadoch 22)
Les animaux mourraient, déshydratés. (Abravanel - Vaéra)

-> S’ils buvaient avec un juif du même verre, l’eau se transformait en sang dans leurs bouches.
Lorsqu'ils s’asseyaient sur leur lits ou sur un rocher, ils abîmaient leurs habits (coûteux) qui s’imprégnaient de sang (midrach chémot Rabba 9,11).

-> Les eaux amères et salées sont restées disponibles, et les égyptiens se forçaient à en boire parce qu'ils n'avaient pas le choix.
Ils préféraient acheter de l'eau potable aux juifs, plutôt que de consommer de l'eau amère.
[Rabbénou Bé'hayé ; Malbim]

Les juifs se sont considérablement enrichis en vendant de l'eau aux égyptiens.

Le Messekh 'Hokhma cite le midrach enseignant qu'un des objectifs de cette plaie était d'enrichir les juifs, par la vente d'eau potable.
De son côté Pharaon, puisqu'il avait déjà "payé" aux juifs par toutes les bontés qu'il avait pu octroyer à Moché en l'élevant dans son palais, il a été totalement exempté de cette plaie.

Dans le verset, il est écrit : "Pharaon s’en retourna, alla vers sa maison et ne se préoccupa pas de cela aussi" (Chémot 7,23). On observe que Pharaon, n’étant pas personnellement concerné, il ne partagea pas la souffrance de son peuple ("ne se préoccupa pas de cela").

[En épargnant à Pharaon cette 1ere plaie, Hachem l'élevait aux yeux de tous pour mieux le faire tomber de haut, et également Il lui laissait du temps pour faire téchouva.
Nos Sages enseignent que Pharaon n'a pas été touché par la 1ere plaie en gratitude et en "paiement" pour avoir élevé, nourri, hébergé, ... Moché dans son palais pendant 10 années (de 2 à 12 ans).]

-> Le Michnat Rav Eliézer (19) affirme que Pharaon n'a pas été affecté par la plaie du sang.
[de même que Pharaon a élevé Moché dans sa maison, lui donnant ainsi la vie, de même en retour Pharaon a été récompensé par de l'eau, qui est un élément vital/essentiel à la vie. ]

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-> "Pharaon s'en retourna et rentra dans sa demeure, sans se préoccuper non plus de ce prodige" (Vaéra 7,23)

-> Selon le Séchel Tov, Pharaon était content de boire du vin, et ce n'est que la population égyptienne en générale qui souffrait du manque d'eau buvable.

-> "Il y aura du sang sur tout le pays d'Egypte et dans les [récipients de] bois et [de] pierre" (Vaéra 7,19)

Rabbénou Ephraïm tire de ce verset que l'eau qui était contenue dans des récipients en métal n'a pas été changée en sang. C'est pourquoi pour cette plaie, Pharaon n'a pas demandé à Moché d'y mettre un terme, car il buvait uniquement de l'eau entreposée dans du métal, le laissant non affecté par cette plaie.

[A cette époque "ancienne", le métal était une matière nouvelle rare et très chère (surtout pour y entreposer un bien peu précieux comme de l'eau!), faisant que seul Pharaon était vraiment concerné, puisqu'étant un signe extérieur de richesse pour lui.]

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-> Jusqu'aux frontières de l'Egypte, l'eau était parfaitement pure et claire. Mais dès que l'eau traversait la frontière, elle se transformait en sang.
De même, dès que l'eau quittait l'Egypte pour se jeter dans la mer méditerranée, elle redevenait pure.

Durant la plaie, les égyptiens apprirent que l'on pouvait obtenir de l'eau fraîche à la source du Nil et y envoyèrent des expéditions pour rapporter de l'eau potable. Mais dès que les tonneaux d'eau passaient les frontières égyptiennes, cette eau-là aussi se transformait en sang.
Ainsi les égyptiens ne purent-ils pas boire la moindre goutte d'eau du Nil.
[Méam Loez - Vaéra 7,16-18]

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Nos Sages disent que les Juifs se sont enrichis grâce à la plaie du sang, car pour que les égyptiens puissent boire de l'eau, ils devaient payer cette eau aux juifs.
=> Pourquoi les juifs avaient-ils besoin d'une telle richesse, alors qu'au moment de la sortie d'Egypte, ils emporteront avec eux de grandes richesses ?

La guémara (Baba Batra 116a) enseigne que la pauvreté dans la maison d'un homme est pire que 50 coups.
De plus, dans la Haggada, Rabbi Akiva dit que chacune des 10 plaies étaient composées de 5 plaies, ce qui qu'en tout l'Egypte fut donc frappée de 50 plaies.
Ainsi, avant d'envoyer les plaies, Hachem souhaita enrichir les juifs, dès la 1ere plaie, car s'ils étaient pauvres, cela reviendraient comme s'ils étaient frappés de 50 plaies.
=> Alors, on n'aurait pas vu la différence entre les égyptiens qui allaient recevoir 50 plaies, et les juifs qui, du fait de la pauvreté, seraient eux-aussi considérés comme étant frappés de 50 coups.
[le Zéra Chimchon]

-> Le Séfer Peniné Kedem explique pourquoi c’est justement la Plaie du Sang qui a enrichi Israël, et non une autre Plaie. Nos Sages (guémara Baba Batra 116a) enseignent : "La pauvreté dans la maison d’un homme est plus difficile à supporter que 50 Plaies" [la Guemara apprend cela du verset : "Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la Main de D. m’a frappé" (Iyov 19,21) : Si les 10 Plaies d’Egypte sont appelées le "Doigt de D." ( אֶצְבַּע אֱלֹהִים – Etsba Elokim) (voir Vaéra 8,15), la "Main de D." fait allusion à 5 fois plus de Plaies – voir Rachi]. Ainsi, fallait-il, dès la première Plaie, enrichir les Bné Israël, car sinon la vengeance divine n’aurait pas été appréciée à sa juste valeur du fait que leur situation misérable aurait continué à être plus douloureuse que 50 Plaies subies par les égyptiens.

=> Pourquoi les Egyptiens n’ont-ils pas obligé les Bné Israël à vendre de l’eau pour une somme modique?
En réalité, ni les juifs n’abusèrent des Egyptiens, ni ces derniers ne s’étaient fait escroquer par les juifs. Hachem a puni Pharaon et les Egyptiens "mesure pour mesure". Ainsi, chaque égyptien recevait sa punition personnelle, tous ne se ressemblaient pas et certains avaient été beaucoup plus cruels que d’autres. Lorsque l’égyptien venait voir le juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, celle-ci ne demeurait pour lui de l’eau que lorsqu’il avait payé le prix correspondant à son châtiment. Tant qu’il ne lui donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang. Ainsi, même si les juifs avaient voulu vendre leur eau à un prix dérisoire, ils n’en avaient pas le pouvoir et celle-ci se transformait en sang jusqu’à ce que le prix juste et proportionnel aux actions de chaque Egyptien soit atteint.
Cela répond à présent à notre interrogation. Les égyptiens n’avaient donc pas la possibilité de forcer les juifs à leur vendre de l’eau à un prix dérisoire. Les juifs non plus ne pouvaient faire des réductions à leurs bourreaux. Par ailleurs, les Bné Israël n’abusèrent pas des égyptiens. [Lev Chalom]

-> Le rav Ibn Ezra demande pourquoi ce prodige surnaturel (décrit dans le midrach), qui réalisa une séparation remarquable entre les Egyptiens et les Bné Israël, n’est pas mentionné dans la Thora. Il en conclut que celui-ci n’est pas exact et que les Béné Israël comme les égyptiens ont subi la Plaie du Sang (tout comme les Plaies suivantes : les grenouilles et les poux). Ainsi, le verset : "Tous les égyptiens creusèrent dans le voisinage du fleuve, pour trouver de l’eau à boire; car ils ne pouvaient boire de l’eau du fleuve" (Vaéra 7,24) s’applique-t-il non seulement aux Egyptiens mais également aux Béné Israël.

-> Nous pouvons cependant concilier le point de vue du Ibn Ezra avec le midrach avec l’explication suivante du Divré Yoël : Hachem a frappé le Nil car celui-ci était considéré comme un dieu d’Egypte, aussi l’a-t-Il frappé avant les Egyptiens. Ceux parmi les juifs qui se comportaient comme des Egyptiens, idolâtres et adorateurs du Nil, ont donc subi également la Plaie du Sang afin de leur faire prendre conscience du véritable Maître de la Nature.
C’est à cette frange du Peuple juif à laquelle fait référence le rav Ibn Ezra, lorsqu’il affirme que les Béné Israël ont aussi subi la Plaie du Sang. Quant à ceux qui sont restés fidèle à un D. unique, il n’y avait pas de raison de leur faire subir une telle Plaie. Bien au contraire, ils ont mérité de bénéficier d’un prodige extraordinaire (précisément décrit dans le midrach) qui les distingua des égyptiens et leur permit de s’enrichir.

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-> "Il y eut du sang (vayéhi adam) dans toute la terre d’Egypte" (v.7,21)

De ce verset vient l’usage du mot damim pour désigner l’argent.
En effet, les Sages ont dit que par la plaie du sang, les juifs se sont enrichis, parce que les égyptiens n’avaient pas de quoi boire, et ils étaient obligés d’acheter de l’eau aux juifs au prix fort.
Contre l’argent (damim) que les égyptiens donnaient aux juifs, ils pouvaient se débarrasser du sang (damim) qui remplissait l’Egypte.

Rabbi Itzélé de Volozhine avait l’habitude de dire sur ce verset qu’il n’est pas étonnant que les mages égyptiens aient réussi par leur propre force à transformer des fleuves d’eau en sang. C’est l’art des non-juifs depuis toujours!

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-> Il est à noter que lorsqu'un égyptien venait voir un juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, tant qu’il ne donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang.

C'est ainsi que chaque égyptien recevait une punition personnalisée (le prix d’achat étant unique) en fonction de l’importance de la cruauté qu’il avait eu envers les esclaves juifs.

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+ "Toute l'eau qui était dans le fleuve se changea en sang" (Vaéra 7,20)

-> Le Sforno écrit que l'eau s'est littéralement transformée en sang, et en conséquence les poissons sont morts puisque ne pouvant survivre dans du sang.

Le Ibn Ezra précise que le sang étant plus chaud, c'est cette différence de température qui tué les créatures aquatiques du fleuve.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que le fleuve a pris l'apparence du sang, mais il est resté en réalité avec le goût de l'eau. Pour éviter les égyptiens de le boire, Hachem a également entraîné que les poissons meurt, et c'est ce qui a rendu l'eau imbuvable.
[v.21 : "le poisson qui était dans le fleuve périt ... et l'Egypte ne put boire l'eau du fleuve"]

Le rav Aharon Leib Steinman dit que selon cette explication, pour toutes les autres sources d'eaux non reliées au Nil et ne contenant pas de poissons, l'eau s'est réellement transformée en sang, empêchant de la boire.

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+ "Les magiciens d'Egypte en firent de même avec leurs sortilège" (Vaéra 7,22)

=> D'où provenait l'eau qu'ils ont utilisé pour la transformer en sang?

-> Le Targoum Yonatan ben Ouziel écrit que les magiciens ont pris de l'eau de Gochèn, où les juifs vivaient, car elle n'était pas affectée par la plaie.

-> Rabbénou Bé'hayé répond qu'ils creusaient des trous dans le sol pour trouver des sources d'eaux souterraines, puisque la plaie affectait uniquement l'eau exposée.

Il dit également que lorsque les magiciens ont entendu que la plaie allait commencé, ils ont voyagé jusqu'à des endroits où l'eau n'avait pas encore été transformée, en affirmant qu'elle allait se transformer en sang. Quelques instants plus tard, cela se produisit, mais pas grâce à eux, mais des effets de la plaie.

-> Le Panéa'h Raza explique que l'eau s'est transformé en sang l'espace d'un instant pour tuer les poissons, devenant nauséabonde et imbuvable à cause des poissons morts, et immédiatement ensuite elle a été changée de sang en eau.

-> Le rav Israël Reisman (commentaire v.7,24 - mimémé) affirme que seule l'eau potable a été transformée en sang, permettant aux magiciens d'utiliser l'eau non potable pour la transformer en sang.

-> Les sorciers ne parvenaient à transformer en sang que le contenu de petites bouteilles d'eau.
Le fait qu'ils y parvinrent convainquit Pharaon que Moché et Aharon n'avaient rien accompli de plus qu'un habile tour de magie.
Selon certains, la seule eau utilisable était l'eau salée de la mer méditerranée.
[Méam Loez - Vaéra 7,21 & 22]

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-> C'est uniquement l'eau buvable qui était transformée en sang, et non pas les eaux salées ou amères.
[rav Saadya Gaon - cité par le Malbim 7,22]

Les eaux souterraines et les eaux qui étaient collectées dans des ustensiles, des puits, des citernes, avant que la plaie ne commence, ne se sont pas transformées en sang.
[selon rav Yéhouda - midrach Chémot rabba 9,11 ; Ets Yoessef, ibid.]

Le rav Levin dit qu'il se peut que la 1ere plaie soit venue avec des possibilités de ne pas trop en être impacté afin de servir d'un premier avertissement pour que les égyptiens libèrent les juifs. Cependant les plaies se sont ensuite intensifiées en raison du refus de Pharaon de laisser le peuple juif partir.

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-> En réalité, le fait que l'eau se soit transformée en sang n'a pas dérangé beaucoup les égyptiens, puisqu'il était habituel parmi les anciennes nations de boire du sang.
D'une certaine façon c'est comme si Moché avait transformé notre eau en coca cola!

Par contre ce qui a fait la dureté de cette plaie a été la mort des poissons suite à la transformation de l'eau en sang.
Il est écrit : "Les poissons du fleuve moururent, le fleuve devint infect, et les égyptiens ne purent boire de ses eaux" (Vaéra 7,21) = c'est les poissons morts qui ont fait que les égyptiens ne pouvaient plus boire de l'eau. [car en absolu boire du sang ne leur été pas répugnant]
C'est pour cela que cette plaie aurait dû plutôt être appelée : "makat bi'ouch" (la plaie des eaux nauséabondes).
La raison qui a fait que cette plaie a été dénommée : "makat dam" (la plaie du sang), est parce que les odeurs nauséabondes ne sont pas visibles à l'œil humain. C'est pourquoi elle s'appelle "dam" (sang), car de façon visible l'eau s'est transformée en sang.
[Daat Zékénim]

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-> On peut s'interroger : à l'époque du Déluge, bien que toute vie sur terre fut anéantie, les poissons ne furent pas décimés. Ici pourtant, les poissons moururent.
La raison est qu'avant le Déluge, les mœurs sur terre étaient dépravées. Les animaux et les oiseaux s'accouplaient eux aussi contre nature, souvent avec d'autres espèces. Telle était la raison pour laquelle même les animaux et les oiseaux furent anéantis par le Déluge. Seuls les poissons qui ne s'étaient pas accouplés à d'autres espèces, furent épargnés.

Cependant en Egypte, les poissons avaient participé au crime : lorsque les nourrissons juifs étaient noyés dans le Nil, les poissons les avalaient. C'est la raison pour laquelle les poissons également méritaient la mort.
De plus, les poissons moururent pour prouver que l'eau s'était réellement transformée en sang et qu'il ne s'agissait pas d'une simple illusion semblable à celle que les magiciens égyptiens furent capables de produire ...
[Méam Loez - Vaéra 7,21]

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+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens ont été punis par le sang, car ils ont versé le sang des enfants juifs lorsqu'ils les ont jetés dans le Nil.
[midrah haGadol]

-> Ils n'ont pas permis aux femmes juifs de s'immerger rituellement dans l'eau de leur impureté par le sang.
[midrach Tan'houma]

-> La 1ere source de sécurité des égyptiens était le Nil, et ils forçaient les juifs à aller y tirer de l'eau pour eux.
C'est pour cela qu'ils ont été frappés par le Nil.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Une partie de la plaie a été la mort des poissons du Nil, et cela parce que les égyptiens souhaitaient annuler la bénédictions de Yaakov : "qu'ils se multiplient abondamment comme des poissons, au sein de la terre" (Vayé'hi 48,16).
[Kli Yakar]

-> Les poissons morts dans le fleuve pendant la plaie du sang, représentent les enfants juifs morts qui étaient noyés dans le Nil.
[Abarbanel 7,14]

-> Le sang qui s'écoulait des arbres et des pierres pendant cette plaie correspondait au sang versait par les enfants juifs, qui été placés à la place des briques dans les constructions égyptiennes.
[Oznaïm laTorah]

-> Pharaon avait assassiné tous les jours 300 nourrissons juifs afin de se tremper dans leur sang.
[Sifté Cohen]

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-> Hachem attaque dès le début le dieu égyptien : le Nil. (le Malbim)

[c'est leur confiance dans leur divinité qui leur a laissé croire qu'ils pouvaient tourmenter les juifs, et ce sans craindre aucune conséquence.
Chaque fois qu'ils voyaient le Nil, cela renforçait en eux leur toute puissance, oubliant Hachem, et faisant encore davantage souffrir les juifs.]

-> [l'Egypte était la capitale de la magie noire, et ayant les sorciers/magiciens les plus puissants (même un enfant égyptien était très compétent en sorcellerie), elle se pensait au-dessus de tout (on est comme des dieux pouvant tout faire par nos fabuleux pouvoirs!)]
En ce sens, le Zohar (rapporté dans le Méam Loez (Vaéra 7,20)), nous enseigne :
L’approvisionnement en eau d'une nation peut avoir un effet profond sur son peuple.
C'est ainsi qu'en raison de la composition chimique de l'eau, ainsi que des créatures qui y vivent, une certaine sorte d'eau peut être thérapeutique ou une autre développer l'intelligence.
Les eaux du Nil étaient particulièrement efficaces pour donner à ceux qui en buvaient des pouvoirs mystiques et occultes.
Mais après sa transformation en sang et la mort de toute vie aquatique, le fleuve cessa de posséder ces propriétés.

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-> Le verset dit : "Les poissons qui se trouvaient dans le fleuve moururent et le fleuve devint impur" (Vaéra 7,21).
Le Zohar (2:30b) explique que la raison pour laquelle les poissons devaient périr de cette manière était d'empêcher les égyptiens de boire l'eau du Nil. Pourquoi cela était-il nécessaire?
Parce que chaque masse d'eau a un effet différent sur une personne. Par exemple, le Zohar dit que certaines masses d'eau rendent une personne sage alors que d'autres nuisent à son intelligence. Les eaux de l'Egypte, explique le Zohar, possédaient le secret de la compréhension profonde de la magie noire par les égyptiens, car elles leur donnaient spécifiquement de la clarté dans ce domaine.
Par conséquent, pour les empêcher d'accroître leur connaissance de la magie noire, Hachem a rendu l'eau et tout ce qu'elle contient totalement inconsommables.

Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik Chémot 11) pousse cette idée plus loin en expliquant que le message de la transformation de l'eau en sang n'était pas seulement destiné aux égyptiens, mais qu'il fournissait le message suivant pour le peuple juif. Alors que l'eau des égyptiens se transformait en sang, signifiant que leur source de sagesse, qu'ils célébraient et dont ils s'enorgueillissaient, était putride et sans valeur, pour le peuple juif, en revanche, l'eau restait de l'eau.
Cela symbolisait le fait que la Torah, la source de sagesse du peuple juif, restait constante et pure, démontrant ainsi que la Torah est une source de sagesse vivante et éternelle, dont il faut vraiment être fier et qu'il faut célébrer.

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