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"Tu réprimanderas ton prochain et ne porteras pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17)

-> Si un sage en Torah (talmid hakham) est bien-aimé par les habitants de sa ville, ce n'est pas en raison de sa supériorité [en sagesse], mais plutôt parce qu'il ne leur fait pas de remontrance dans les sujets du Ciel.
[il est bien-aimé car il n'est pas strict avec eux au sujet de leur observance des mitsvot]
[Abbayé - guémara Kétoubot 105b]

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-> Un rav dont la communauté ne souhaite pas le départ n’est pas un rav.
Et un rav qui a été renvoyé par sa communauté n’est pas un homme."
[Rav Chakh au nom du Maharil Diskin]

[Habituellement, les gens n’aiment pas recevoir de remontrances, et c’est pour cela qu’ils préfèrent avoir un rav de communauté qui les laisse "tranquilles" dans leurs agissements.]

-> Le Ohr ha'Haïm commente :
"La réprimande réveille souvent un sentiment d'hostilité. Néanmoins, cela ne doit pas décourager un rav/rabbi de protester contre de mauvaises actions.

Il est mauvais que le rav/rabbi reste silencieux et se dise : "Pourquoi ai-je besoin de cet embarras? Pourquoi devrais-je créer de l'animosité et des différends dans ma communauté?"

Il doit avoir confiance dans la bonne volonté des gens et il devrait se dire à lui-même : "Je vais les réprimander comme il le faut, et je suis persuadé qu'ils sont assez honnêtes pour accepter la vérité sans garder de rancune à mon égard"."

[il faut agir avec beaucoup de sagesse pour s'assurer que la remontrance porte, b"h, des fruits positifs.]

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+ b'h, quelques autres divré Torah sur le sujet de la réprimande :
-> https://todahm.com/2016/10/18/la-remontrance

-> https://todahm.com/2015/03/17/reprimander-autrui

-> https://todahm.com/2014/11/19/le-reproche

-> https://todahm.com/2018/05/30/6468

-> https://todahm.com/2018/08/08/6972

-> https://todahm.com/2018/01/02/5918

-> https://todahm.com/2014/05/18/1429

-> et aussi : http://todahm.com/2021/09/10/la-reprimande

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-> Le déluge à l'époque de Noa'h est appelé : "les eaux de Noa'h" (Yéchayahou 54,9), car le déluge aurait pu être évité si Noa'h avait réprimandé sa génération.
[Imré Séfer]

-> Tout celui qui néglige de réprimander son prochain, porte ses fautes avec lui.

Tous les juifs partagent un compte commun, dans lequel chacun des membres se partage la responsabilité du comportement moral les uns des autres.
Il faut prendre cela au sérieux à l'image d'un emprunt collectif, car si nous ne nous assurons pas qu'autrui paie bien sa part, alors nous la paierons à sa place.
[Kli Yakar - Kédochim]

[tous les juifs sont liés les uns aux autres, et le comportement de chacun impacte par ricochet la collectivité et chaque juif individuellement.
Par ailleurs, la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, et celle d'aimer Hachem (tsélem élokim = l'âme), nous obligent à désirer que notre prochain puisse avoir le meilleur monde à venir, en se comportant au mieux dans ce monde, et cela passe par la nécessité de le réprimander.
Comment rester insensible lorsqu'un de nos frères/sœur juif détruit son monde futur par ses actions?]

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-> Lorsqu'une personne fait une remontrance à autrui d'une manière pleine de miséricorde, témoignant de la préoccupation pour l'âme de son prochain, cela amène du plaisir à Hachem.
A la fois l'émetteur et le receveur de la réprimande sont bénis.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba - chap.3]

-> Une personne qui accepte avec amour les remontrances, démontre qu'elle est humble, et la Présence Divine réside alors sur elle.
[Rav Pinh'as de Koretz - dans le Ménorat Téhora]

-> De nombreux tsadikim comme le Maharcha, le Gaon de Vilna et le Baal haTanya, avaient des professionnels pour les réprimander.
D'ailleurs, selon Rabbénou Bé'hayé (Nitsavim) le fait d'être content [et d'avoir de la gratitude] lorsque l'on nous fait remarquer des points à améliorer, c'est un signe de bons traits de caractère.

[nous devons apprécier tout particulièrement ceux qui nous font des reproches constructifs, car ils nous permettent de prétendre au meilleur dans l'éternité du monde à venir.]

Le Rosh (Or'hot 'haïm 45) enseigne que nous devons nous réjouir lorsque des reproches positifs nous sont adressés.
[certes, une critique n'est pas agréable sur le moment, mais il nous sera bien plus honteux d'avoir des défauts pour l'éternité dans le monde à venir.
Plutôt que de faire toute sa vie d'une mauvaise façon, aucun la modifier est agir d'une façon bénéfique sans forcément plus d'effort de notre part, juste la bonne habitude qui se met en place!]

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-> Toute personne qui fait une remontrance devra toujours faire bien attention à ne pas dépasser la fine ligne menant à émettre une critique contre les juifs [en général].
[le 'Hida - Dvach léPhi]

-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou), lorsque ses enfants ou ses étudiants ne se comportaient pas comme il le fallait, il ne les disciplinait pas immédiatement par peur que la réprimande ne soit salie/polluée par de la colère.

C'est uniquement lorsqu'il était certain que sa colère avait totalement disparu qu'il agissait.
Une fois, il a attendu 2 semaines avant de faire une remarque à l'un de ses enfants, sur sur mauvais comportement.

-> Le rabbi 'Haïm Friedlander compare une personne à un diamant.
Pour retirer la poussière d'un diamant, on ne doit pas utiliser une brosse dure qui va créer de minuscules rayures (des critiques), mais plutôt essuyer la pierre avec une brosse très douce (des encouragements et de la bienveillance). Alors, le diamant brillera plus fortement qu'auparavant.

-> L'Alter de Kelm fait remarquer que lorsqu'un élève est réprimandé 2 ou 3 fois et que l'on ne constate pas d'amélioration, on ne doit pas se mettre en colère.
A la place, il faut se demander : "Ai-je réussi à corriger mes défauts en 2 ou 3 essais?"

[de même que nous sommes tolérant envers nous-même, de même dans nos attentes avec autrui]

-> Lorsqu'un professeur de la yéchiva de Sochatchov avait besoin d'être réprimandé, le rav Kowalsky exprimait des louanges sur les actions de l'enseignant jusqu'au point où son visage rayonnait de joie.
Il délivrait alors rapidement son reproche, en disant à quel point il était dommage qu'une situation si parfaite puisse être entachée par un problème si facilement modifiable.

Le 'Hatam Sofer agissait également en ce sens, où à l'image d'un sandwich, il enrobait habilement sa réprimande de plusieurs couches de tranches de louanges.

-> Le Kédouchat Lévi ('Houkat) décrivait la personne en des termes agréables, rappelant son origine Divine (l'âme) et sa grandeur inhérente, et la joie que Hachem tire de ses bonnes actions.
Il tirait le cœur du fauteur vers Son Père au Ciel.

De même, l'Alter de Slabodka insistait sur la grandeur de l'homme, qui est créé à l'image de Hachem.

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-> Personne n'aime qu'on lui dise quoi faire.

Une réprimande (tokhakha - תוֹכָחָה) provient du même mot que : une preuve (hokhakha - הוֹכָחָה).
Il faut donc amener autrui à se rendre compte lui-même de la vérité, ce qui va éliminer sa réaction naturelle d'auto-défense.
La nécessité de changer devient un choix personnel dans l'intimité, et non imposé (donc potentiellement rejeté par orgueil personnelle : je fais ce que je veux!).

-> Le Ben Ich 'Haï dit que l'on peut préserver sa dignité en employant une parabole, une histoire de quelqu'un d'autre dans la même situation, ...
Puisqu'il n'est pas visé directement, il va être beaucoup plus ouvert (non sur la défensive) pour être réceptif au message.

-> Le risque de la remontrance est d'installer l'idée suivante : c'est un fauteur, tandis que moi je suis davantage parfait, meilleur que lui!
Il peut être bien d'admettre que nous avons également fauté, et que du coup nous ne faisons que partager des conseils d'ami pour lutter contre le yétser ara.
[traitement entre amis, d'égal à égal dans la faute!]

-> Rabbi Aharon Kotler fait remarquer que les actions peuvent parler davantage que les mots dans un but d'influencer les autres. Ainsi, le fait de donner un bon exemple est également une forme de remontrance (si lui agit d'une si belle façon, alors pourquoi pas moi!).

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-> La guémara Baba Métsia (31a) affirme : "Réprimande-le même 100 fois, s’il le faut!"

Selon le Saba de Kelm, il ne faut pas émettre une remontrance d'un coup, en une fois, mais plutôt la morceler, et l'adresser par petites doses.

Le Ralbag dit qu'en voulant trop donner d'un coup, au final il n'arrivera à rien digérer. Il faut y aller étape par étape en fonction de ce qui est raisonnable et acceptable pour cette personne.

Le 'Hafets 'Haïm compare cela à une prescription de médicaments, qui se prend par de nombreuses petites doses sur une certaine période.

[nous devons prendre en compte l'état actuel de la personne (fatiguée? heureux dans sa vie? ...), sa réaction aux reproches, la taille de la remontrance à ses yeux, ... et en fonction de tous les paramètres nous devons établir une prescription de médicaments (avec plein de sucre autour pour dissiper le goût amer) pour qu'il guérisse, qu'il prenne conscience de son mauvais comportement.]

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-> "Une personne voit tous les défauts, à l’exception des siens" [michna Négaïm 2,5]

-> "Se trouve-t-il un seul individu, dans cette génération, qui soit apte à faire des remontrances?
Il voit la paille dans l’œil du voisin, et ne voit pas la poutre dans le sien!"
[Rabbi Tarfon - guémara Arakhin 16b]

-> Selon le Malbim, il y a 3 conditions qui sont nécessaires chez celui qui souhaite corriger son prochain : avoir un comportement irréprochable ; avoir un état d'esprit irréprochable ; et avoir une façon de réprimander qui ne fait pas honte à autrui en public.

-> La rabbanite Feldbrand écrit qu'avant de faire un reproche, on doit se demander :
- est-ce que cela doit être dit (parfois il vaut mieux se taire)?
- est-ce que je dois être celui qui le dit?
- à qui vaut-il mieux le dire?
- quelle est la meilleure manière/approche pour le dire?
- où et quand le dire?
Elle conclut que le plus important est au préalable de prier Hachem pour y réussir.

-> Le Mé haChiloa'h affirme que si l'on pense que notre réprimande n'aura pas d'effet positif, il vaut mieux s'engager dans une démarche de juger positivement autrui.

-> Rabbi Na'hman de Breslev (Likouté Moharan 2,8) nous enseigne que si celui qui émet des reproches n'est pas à un bon niveau spirituel, alors sa remontrance n'atteindra pas un effet positif, et au contraire à la place elle peut causer des dommages spirituels.

-> Selon le rav Yéhouda Zev Segal, lorsque nous voyons notre prochain fauter, cela doit nous pousser à le réprimander comme si nous sauvons un proche de la noyade.
Mais cela n'est possible que si l'on traite déjà soi-même cette faute dans sa vie personnelle avec la plus grande des sévérités.

[il faut avoir à l'esprit que nous avons tous une tendance accrue à fauter dans des domaines différents. Ce qui est facile pour moi, peut être très dur pour autrui, et je dois en tenir compte!]

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-> "Reprends et corrige ton prochain, et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui" (hokhéa'h tokhia'h ét amité'ha, vélo tissa alav 'hét - Kédochim 19,17)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Du dédoublement du terme "hokhéa'h tokhia'h" on apprend beaucoup de bonnes conduites, ici nous voyons qu’il faut avant de reprendre ou de corriger notre prochain, se demander si, nous même ne sommes pas en défaut envers notre Créateur bien plus que notre prochain envers nous. Et alors qu’Hachem nous tolère, nous supporte et nous pardonne, comment pourrions-nous nous emporter contre le méfait que nous venons de subir?
Et donc si nous nous remettons en question (le premier "hokhéa'h") avant d’accuser (le deuxième "tokhia'h") notre prochain, alors nous ne lui tiendrons pas rigueur pour sa faute (c’est le "lo tissa alav 'hét").
Et là il nous deviens également possible d’accomplir le verset suivant: "Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple" (לֹא-תִקֹּם וְלֹא-תִטֹּר אֶת-בְּנֵי עַמֶּךָ) et même la suite: "mais aime ton prochain comme toi-même" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ).

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-> -> Le Ben Ich 'Haï (sur le verset Bamidbar 1,2) écrit :
L’idée de toujours garder un œil bienveillant sur le juif qui s’égare, de lui chercher une défense plutôt que d’accuser et primordiale et même quand il y a une mistva de parler durement à quelqu’un pour l’aider à se ressaisir, cela doit être superficiel, mais au fond de soi et surtout envers le Créateur, on se doit de n’être que de bons avocats pour nos frères.

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