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Les Doudaïm – les mandragores

+ Les Doudaïm - les mandragores :

"Je t’ai retenu pour les mandragores de mon fils" (Vayétsé 30,16) :

-> Quand Réouven apporta des mandragores à Léa, sa mère, Ra’hel les lui demanda.
Léa les lui donna en échange du fait que Yaakov passe cette nuit avec elle, et non avec Ra’hel, comme c’était prévu.

Les mandragores sont une plante qui a la vertu de pouvoir rendre fécond et d'avoir des enfants. C’est pourquoi Ra’hel en voulait tant.

Mais c'était le cas également de Léa, qui avait cessé d’avoir des enfants depuis un certain temps,et elle en avait aussi besoin, et c’est pour cela que son fils lui en apporta.
Malgré tout, elle accepta de les céder à sa sœur. En effet, elle voulait garder dans son cœur la conviction que seul Hachem peut donner des enfants. Elle ne voulait pas faire dépendre sa fécondité à des causes naturelles, comme la consommation de mandragores. Et c’est par cette foi, dont elle fit preuve en cédant les mandragores à sa sœur et en y renonçant pour elle-même, qu’elle mérita de concevoir cette nuit-là.
En effet, Hachem est la cause de toutes les causes, et c’est Lui qui fait tout, sans avoir besoin de se plier à aucune règle de la nature. Et le meilleur moyen d’obtenir ses besoins [personnels] est uniquement de placer fortement sa confiance en Lui.

[d'après le 'Hidouché haRim]

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-> Ra'hel et Léa avaient des intentions pures :

- Léa voulait que Ra'hél soit heureuse de son sort, sans avoir d'amertume, et elle lui dit qu'elle a de quoi se réjouir, certes elle n'a pas d'enfants mais Yaakov est meilleur pour elle que 10 fils.
Elle a mérité l'amour du plus grand de la génération, de Yaakov, l'homme parfait installé dans les tentes, et que donc elle participe à sa part dans le service de Hachem et à sa Torah.
[d'une certaine façon, Léa voulait à tout prix passer la nuit avec Yaakov, pour montrer à Ra'hel l'importance qu'elle avait d'être si aimée aux yeux de Yaakov, même au prix de ne pas avoir d'autre enfant (par le fait de donner à Ra'hél les mandragores)!
De plus elle désirait pour sa sœur des enfants, afin que celle-ci n'est pas honte d'en avoir moins que les servantes.
=> En ce sens, le mot "doudaïm" (mandragores) a pour racine "dodim" (les amours), car elles ont un pouvoir de réveiller l'amour.]

- Ra'hel elle voulait montrer à Léa qu'elle aussi devait se réjouir de sa part, de ses enfants, et ne pas penser que Yaakov ne l'aimait pas.
C'est pourquoi elle a renoncé à la présence de Yaakov pour cette nuit-là, afin de montrer à Léa que la part qui lui était échue: les enfants, était meilleure pour elle que Yaakov.

=> Ainsi, tout ce qu'elle ont fait provenait de leur grand amour l'une pour l'autre.
Il n'y a pas non plus une absence de satisfaction de leur sort, car chacune a compris que c'est ce que D. voulait. Chacune d'elle se contentait de la part qui lui avait été destinée par le Créateur du monde.

Lorsque chacune a vu sa sœur, elle a craint que ce soit elle qui ne soit pas heureuse et qui soufre de son sort, et l'épisode des doudaïm montre l'encouragement que chacune a donné à l'autre.

[d'après le Béer Mayim 'Haïm]

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-> "Hachem m'a donné mon salaire pour avoir donné ma servante à mon mari" (Vayétsé 30,18)

=> Par cette phrase, Léa apporte l'explication du prénom de son fils "Yissa'har". Mais on peut s'interroger. En effet, le contexte de la naissance de Yissa'har aurait plutôt laissé penser que Léa explique ce nom par rapport au fait qu'elle ait "payé" (Sakhor) à Ra'hel le droit de passer la nuit avec Yaakov, en échange des mandragores!

Le Kol Sim'ha fait remarquer qu'effectivement, cette explication-là du nom de Yissa'har est bien la plus juste. Mais malgré tout, Léa s'est bien gardé de la dévoiler. En effet, cette raison décèle une sorte de reproche et d'accusation par rapport à sa soeur qui a été prête à renoncer à passer la nuit avec Yaakov, en échange de mandragores, ce qui n'est pas valorisant.
Bien que Léa pouvait sentir de la rivalité vis-à-vis de sa soeur Ra'hel que Yaakov aimait bien plus qu'elle, malgré tout, elle a choisi d'exprimer une parole bienveillante envers elle, au moment où elle nomma son fils. En effet, elle a préféré occulter la véritable raison du nom Yissa'har pour ne pas mettre à jour un comportement quelque peu négatif de sa soeur, qui a "échangé" son mari pour des mandragores. Au contraire, elle préféra insister sur le fait qu'Hachem l'ait récompensé pour avoir été prête à donner sa servante à son mari. En effet, à travers cette explication, elle est au contraire en train d'apporter un argument de défense en faveur de sa soeur.
En effet, Ra'hel n'a toujours pas eu le mérite d'avoir un enfant. Ainsi, en mettant en lumière le fait qu'Hachem l'a récompensé d'un fils par le mérite d'avoir donné sa servante à son mari, elle est en train de suggérer une prière à Hachem pour qu'Il donne également à sa soeur le mérite d'avoir un enfant, elle qui a également donné sa servante à Yaakov.

Tout cela nous apprend combien un homme doit veiller à être extrêmement vigilent dans ses propos pour ne pas qu'apparaisse même indirectement une quelconque accusation ou dévaluation à l'encontre d'aucun juif, et même si pour cela il doit occulter la vérité. Ses paroles doivent au contraire exprimer des bénédictions et de la bienveillance vis à vis des autres, en suggérant des prières pour qu'Hachem bénisse son prochain, même s'il s'agit de quelqu'un envers qui il peut avoir de l'animosité ou de la rivalité.

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-> Nos Sages ont des opinions différentes sur la nature des doudaïm :

Le Chir haChirim (7,14) rapporte qu'elles ont une odeur agréable.

Selon Rachi, il s'agit : des fleurs parfumées, espèce végétale que les arabes appellent "jasmin".

Pour le Ibn Ezra, le Ramban et de nombreux autres commentateurs, c'est une plante ayant, dans ses racines, une silhouette ressemblant à un être humain avec une tête et des bras.
D'ailleurs, le Baal haTourim fait remarquer que la guématria du mot "doudaïm" est la même que : "ké-Adam" (comme un homme).

Le Rachbam et le 'Hizkouni affirment qu'il s'agit de figues.

Rabbénou Bé'hayé et le Ramban nous apprennent qu’ils favorisent la conception.

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-> Le Zohar rapporte que :
"Depuis le début de la Création, Hachem voulait faire descendre une lumière de bonté ('hessed) dans ce monde, et il l'a ainsi cachée dans les doudaïm.

Lorsque Léa les a donné à Ra'hel, elle a témoigné à Hachem qu'elle était méritante pour être le véhicule diffusant la lumière de Hachem au travers ce monde.
Hachem l'a récompensé avec la naissance de Yissa'har, qui représente le plus haut niveau de l'étude de la Torah.
L'étude de la Torah de Yissa'har prend la lumière que Hachem a caché dans les doudaïm et la répand partout dans le monde."

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+ "Réouven est allé aux temps des moissons et il trouva des mandragores dans le champ" (v.30,14)

=> Pourquoi la Torah précise que c'était le temps des moissons? (cf.Rachi)

En fait, la suite de l'histoire c'est que Léa donne les mandragores à Ra'hel en échange de son tour pour se retrouver avec Yaakov. De là, Léa a conçu un enfant et a enfanté Issa'har, qui est celui qui symbolise par excellence l'investissement dans l'étude de la Torah.
Or, la fête de Shavouot qui célèbre le don de la Torah c'est la fête des moissons. Ainsi, ce jour où Réouven a trouvé les mandragores et où Issa'har a été conçu était Shavouot, jour du don de la Torah dont l'étude est la particularité de cette tribu.
['Hatam Sofer]

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