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Le Nazir

+ Le Nazir (paracha Nasso) :

-> La Torah autorise un homme ou une femme à prendre volontairement le statut de "nazir", qui les soumet à 3 interdictions :
1°/ ne pas consommer des raisins ou des produits dérivés de la vigne ;
Le Ram'hal (Messilat Yécharim) dit que la Torah ajoute les dérivés de la vigne afin d'éviter que le nazir ne soit tenté par des aliments qui l'inciteraient à consommer la boisson interdite (le vin).
Il est important d'avoir des barrières personnelles autour des mitsvot négatives.

2°/ ne pas se couper les cheveux ;
Selon le Sforno, l'interdiction de se couper les cheveux aide le nazir à se débarrasser de l'envie de s'enorgueillir de sa beauté.
Le rav Shimshon Raphael Hirsch enseigne : "Le cheveu représente un facteur isolant pour le corps, parce qu'il le protège des éléments environnants.
En se laissant pousser les cheveux, le nazir érige une barrière entre lui et le monde extérieur, et peut ainsi vouer tous ses actes à D."

3°/ ne pas se souiller par une dépouille humaine.
Le nazir se soumet à un degré de sainteté, qui est selon la Torah incompatible avec ces activités interdites.

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+ "Tous les jours de son abstinence, il est saint (kadoch) pour Hachem" (Nasso 6,8)

=> Comment le nazir devient-il "saint"?

-> Chaque juif contient en lui une part de sainteté, son âme, portion Divine "provenant de sous Son trône de gloire", et c'est le fait de l'allier au corps et à la matière, qui va voiler cette spiritualité.

Ainsi, il suffit à l'homme de se séparer de la matérialité, de mettre un frein à ses appétits physiques pour que l'âme fasse surface et surgisse dans toute sa vigueur, et pour que la sainteté dissimulée en elle puisse s'exprimer bien davantage dans la réalité.
[Sfat Emet]

-> Le culte du corps constitue le fondement de ce que nous appelons : "la culture occidentale".
Mais la Torah suit quant à elle la voie radicalement opposée : l'homme doit concentrer tous ses efforts pour ne voir dans son corps qu'un instrument au service du spirituel, et nullement comme une source de jouissance.
En ce sens, la guémara (Nédarim 9b) rapporte comment une personne d'apparence magnifique est devenue nazir après avoir vue son reflet dans l'eau.

Le rav Chlomo Wolbe (Alé Chour) commente : qu'en voyant son beau reflet dans l'eau, cet homme sentit son mauvais penchant "bondir" en lui, et il était sûr que celui-ci tenterait de le faire trébucher. Il choisit alors de le combattre en devenant nazir, puisqu'au terme de sa période d'abstinence, il devra raser sa chevelure et la brûler pour D.
Cette décision prise dès les 1ers signes du mal, témoignait de la grande sainteté qui l'animait.

=> Nos Sages ne nous demandent pas de faire abstraction de notre corps et de nos pulsions.
Il ne faut pas nourrir les appétits du corps plus que le strictement nécessaire, et il faut élever spirituellement notre corps pour lui permettre d'accéder à l'éternité, au moment de la résurrection des morts.

Le nazir en se privant de matérialité va à l'encontre de la normalité de ce monde, et ancre d'à quel point nous devons tendre à dominer nos pulsions animal, pour permettre l'expression de toute la spiritualité qui est en nous.

[notre corps se libérant de ses pulsions animales, il peut alors se mettre au service de notre âme pour lui permettre de pleinement s'exprimer!]

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-> "Et ceci est la loi du Nazir : le jour où seront emplis les jours de son naziréat, il le fera venir (yavi oto) à l’entrée de la tente d’assignation" (Nasso 6,13)

La Torah détaille ce que le Nazir doit faire à la fin de son naziréat (durant lequel il ne but pas de vin et ne se coupa pas les cheveux). Les commentateurs soulignent l’emploi d’une expression inhabituelle : "il le fera venir" [pour parler de lui-même]. Il aurait été plus simple et plus logique d’écrire "il viendra".
=> Personne d’autre ne l’amène, alors à quoi la Torah fait-elle référence quand elle affirme qu’il soit "se faire venir"?

-> Le Messe'h 'Hokhma (Nasso 6,13) explique qu’un homme devient Nazir, parce qu’il sent que ses désirs le submergent, qu’il n’est plus maître de lui-même et qu’il a donc peur des conséquences du vin. Pour reprendre le contrôle de sa propre personne, de ses passions et de ses désirs, il devient Nazir et choisit de s’abstenir de vin.
=> Mais comment peut-il être sûr que son naziréat a atteint le but souhaité?
D'après le Messe'h 'Hokhma, quand il considère ses actes comme il verrait les actions d’autres personnes, c’est le signe que l’objectif a été réalisé. Celui qui est soumis à un désir ne peut pas se voir objectivement et ce n’est que quand il parvient à être neutre, intègre avec lui-même, qu’il peut s’estimer libre de ses désirs.

-> Le rav Yissa'har Frand enseigne :
Il utilise l’analogie suivante. Imaginez que vous soyez au restaurant ou à un mariage et que vous voyez quelqu’un se servir exagérément ; il ajoute, dans son assiette déjà pleine, d’autres mets, sans s’arrêter. Vous voyez bien que cette personne est en surpoids. Vous vous dites : "Pas étonnant qu’il ait des kilos en trop, regarde tout ce qu’il a mis dans son assiette". On voit tout de suite que cette personne souffre d’une alimentation déséquilibrée, il n’arrive pas à se maîtriser. Mais si l’on arrive à le voir de cette façon, c’est évidemment, parce qu’il s’agit d’une tierce personne.

Le naziréat est un processus dans lequel la personne doit reprendre le dessus au point de pouvoir se voir, à la fin du processus, comme quelqu’un de tout à fait différent de la personne qu’il était auparavant.
Par exemple, un ancien alcoolique se souviendra de son ancienne situation quand il verra un homme qui souffre encore de cette dépendance. « C’était moi, j’étais comme ça. Il me suffisait de sentir une boisson alcoolisée pour ne pas pouvoir m’empêcher de boire… Mais je ne suis plus comme ça, j’ai repris le dessus!"
[il est à noter que celui qui s’est défait d’une dépendance et qui est capable de voir les choses objectivement ne doit pas sous-estimer le danger de la rechute ; souvent une petite brèche risque d’enclencher un déclin spirituel qui le ramènera à ses anciennes mauvaises habitudes.]

Le Messe'h 'Hokhma rapporte ensuite une guémara (Nédarim 9b) concernant le Nazir.
Chimon Hatsadik était un Cohen qui témoigna n’avoir jamais consommé de sacrifice expiatoire provenant d’un Nazir à l’exception d’une fois. "Un jour, un Nazir arriva du Sud [et me demanda d’approcher pour lui un sacrifice]. Je lui ai demandé pourquoi il était devenu Nazir et il me répondit qu’étant berger, il alla une fois puiser de l’eau d’une source pour son troupeau. En voyant son reflet dans l’eau, son mauvais penchant s’éveilla. Le berger raconta : "Je lui ai dit : ‘Méchant! De quoi te vantes-tu? Je jure que je couperais tes cheveux en l’honneur du Ciel’."
En entendant ceci, Chimon Hatsadik se leva, embrassa le berger sur le front et lui dit : "Mon fils, je souhaite qu’il y ait beaucoup de gens comme toi en Israël qui font vœu de naziréat avec de si nobles motivations!""

=> Cette histoire est racontée de façon quelque peu étrange. Le Nazir parle de lui-même à la 3e personne. N’aurait-il pas été plus logique de dire : "Je me suis dit" plutôt que "Je lui ai dit"?
Le Bné ’Hiya répond que ce Nazir comprit qu’il était dominé par son yétser ara et il décida de changer, de devenir quelqu’un d’autre. Il fut capable de sortir de lui-même et de voir objectivement ce qui se passait. C’est pourquoi il parle de lui à la 3e personne.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute à cela :
Cette idée ne se limite pas aux gens très dépendants de leurs désirs, mais elle s’applique à plusieurs domaines de la vie. Le yétser ara s’évertue à empêcher l’individu d’analyser rationnellement la situation et utilise les passions et les désirs de l’homme pour troubler son objectivité.
Pour contrer ce piège du yétser ara, il faut être capable de prendre du recul et de réaliser que c’est le yétser ara qui s’adresse à lui et non le Sékhel (l’intellect). C’est le travail de toute une vie et pour y arriver, il faut l’accompagner d’étude de la Torah, d’étude du moussar et d’introspection.
=> Le Nazir est un homme qui, grâce à sa conscience (de ce que la Torah exige, de sa personne et de ses failles), peut sortir de lui-même et voir ce qu’il est devenu. Ce n’est qu’alors qu’il peut contrôler ses désirs et les utiliser pour le bien.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°266) enseigne :
"Le nazir se sanctifie dans ce qui lui est permis. Il évite de boire du vin, et il s’éloigne même de la vigne, pour ne pas en venir à un désir quelconque de boire du vin.
Cela signifie qu’il sert Hachem dans la joie sans boire du vin, mais en étudiant la Torah, car "les ordres de Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur".
On trouve cette idée en allusion dans son nom : nazir (נזיר), qui est formé des lettres de ner et youd zayin.
Ner (lampe), ce sont les mitsvot, car "la mitsva est une lampe et la Torah est la lumière", et les lettres youd zayin ont la même valeur numérique que tov (bon), qui est la Torah, car il n’y a de bon que la Torah (Pirké Avot 6,3).
Cela signifie que le nazir se sanctifie par les mitsvot et l’étude de la Torah.

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-> Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Or Yahel - tome III) rapporte qu'à la fin de sa période d'abstinence, le nazir doit apporter 2 sacrifices (v.6,14) :
1°/ une offrande de paix (chélamim) = car il doit se réjouir d'avoir pu se rapprocher de son Créateur en ayant accompli le but de son existence : soumettre son cœur à sa raison, en se séparant des tentations matérielles.

2°/ une offrande de réparation ('hatat) = selon les mots du Ramban (v.6,11) : "parce qu'il retourne se souiller dans les tentations de ce monde".
En effet, comment cet homme, après s'être élevé à un niveau où : "la couronne (nézer) de son D. est au-dessous de sa tête" (v.6,7), peut-il rejeter cette couronne et se laisser de nouveau aller à la matérialité.

[en ce sens, le Ibn Ezra dit que le mot nazir (נָזִיר) est issu de la racine : "nézer" (couronne - נֵזֶר).]

=> Que doit faire l'homme qui a déjà approché D.?
Il doit continuer à s'élever, un degré après l'autre (centimètre par centimètre), sur l'échelle de la spiritualité.

-> Le Ibn Ezra (Nasso 6,2&7) écrit : "Ce que fait le nazir est extraordinaire, car la majorité des gens suivent leurs désirs, mais le vrai roi qui a une couronne (nézer en hébreu, racine du mot nazir) sur sa tête est celui qui est libre de tout désir".

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-> D'après le rav Gefen on peut rapporter :
Il y a 2 façons de se détacher de la matérialité, celle du Nazir et celle du Talmid ’Hakham.
1°/ La première est une privation qui provoque un inconfort.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) dit que le Nazir agit correctement, il ressent un penchant malsain pour les plaisirs matériels et estime donc nécessaire de faire le vœu en question. Mais cette même action implique une notion de faute. En effet, D. a créé l’homme avec un corps et une âme, et il ne convient pas de négliger son corps. Notre tâche consiste à vivre dans le monde matériel tout en l’élevant. Le Nazir ressent qu’il ne peut pas y arriver sans s’abstenir de boire du vin. Il est donc appelé « saint », parce qu’il entreprend un processus important de purification, mais doit simultanément approcher une offrande expiatoire pour la souffrance causée à son corps

2°/ la seconde est celle du Talmid ’Hakham ne ressent aucune peine à s’abstenir de tels plaisirs.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) enseigne : la Torah nous enjoint d’être purs, "kédochim Tiyou". Le Ramban écrit qu’il ne suffit pas, pour cela, d’accomplir les mitsvot tout en profitant de la matérialité, mais il convient de s’abstenir des plaisirs du monde. Il met d’ailleurs l’homme saint sur le même pied que le Nazir qui ne boit pas de vin. Par contre, il ne fait mention d’aucune faute. Pourquoi?
En réalité, le Ramban parle du Talmid ’Hakham, qui essaie de s’éloigner du luxe dans ce monde. Quelle différence y a-t-il entre le Nazir qui a fauté en évitant de boire du vin et le Talmid ’Hakham qui ne commet aucune erreur en agissant de la même manière?

L’instinct du Nazir le pousse vers les plaisirs bas, comme le vin. Il lui est difficile de s’en détacher, donc il faute en se provoquant cette souffrance.
En revanche, le Talmid ’Hakham ne ressent aucune privation quand il évite de telles choses, puisqu’il n’est pas astreint à ses penchants naturels. Il sait pertinemment que la matérialité est futile et éphémère, au point qu’il ne lui est pas pénible de s’en garder. Il n’y a donc aucun méfait, aucun besoin d’expiation.

Nous en déduisons un principe fondamental. La meilleure manière de s’écarter des plaisirs matériels n’est pas à travers une privation désagréable. Il nous faut réaliser la futilité de la satisfaction matérielle. C’est totalement différent du renoncement austère et du sentiment de manque ...
Comment une personne peut atteindre le niveau d’un Talmid ’Hakham et être capable de se détacher des plaisirs matériels sans éprouver de désagrément? C’est certainement parce qu’il valorise davantage la spiritualité, ce qui le libère automatiquement de l’asservissement à la matérialité.

=> Notre tâche consiste à réduire notre dépendance pour les plaisirs matériels en rehaussant à nos yeux les choses spirituelles.

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-> "Il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis" (Nasso 6,11)

Si quelqu’un dit : comme la jalousie, le désir, les honneurs et choses semblables sont une mauvaise voie et font sortir l’homme du monde, je vais m’en séparer totalement et m’en éloigner au point de ne plus manger de viande, de ne plus boire de vin, ...
Le Rambam écrit que cela aussi est une mauvaise voie, qu’il est interdit de prendre, et celui qui la prend s’appelle "pécheur", car il est écrit à propos du nazir : "il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis."

Les Sages ont dit : Si le nazir, qui ne s’est interdit que le vin, doit expier, celui qui se prive de tout, à combien plus forte raison!
C’est pourquoi les Sages ont ordonné qu’on se prive uniquement des choses que la Torah interdit, sans y rajouter des choses permises par des vœux et des serments (Rambam - Hilkhot Deot 3,1).

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+ "Et si un (de ses proches) meurt soudainement" (Nasso 6,9)

Ce verset envisage le cas où un Nazir perd un proche soudainement et qu’il se rend impur pour l’enterrer, malgré l’interdiction).
On peut s’interroger. En effet, le Cohen Gadol (le grand prêtre) aussi n’a pas le droit de se rendre impur même pour un proche. Ainsi, pourquoi la Torah envisage le cas d’une mort soudaine d’un proche pour le Nazir et non pour le Cohen Gadol?

En réalité, avant son vœu, le Nazir avait le droit de se rendre impur au contact d’un mort, mais, il a décidé de devenir Nazir et de prendre sur lui des interdits et des rigueurs supplémentaires comme le fait de ne pas se rendre impur par un mort.
Or, quand quelqu'un s’ajoute volontairement des interdits et se crée une pression supplémentaire qu’il n’avait pas auparavant et que personne ne lui a demandé, alors le mauvais penchant fera tout pour le faire tomber. Ainsi, il se pourra qu’il arrive qu’il perde un proche soudainement.
Le Satan entraînera cela pour l’éprouver du fait de cette rigueur qu’il a prise sur lui alors qu’il en était dispensé.

Mais le Cohen, qui a l’interdit de se rendre impur de par son état naturel, et il ne se l’est pas imposé, pour lui le Satan ne s’évertuera pas à le faire trébucher, et il sera bien plus rare que cette situation de mort soudaine d’un proche n’arrive.
[rabbi Barou'h de Stotchin]

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=> Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la femme Sota?

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°576) enseigne :
"Nos Sages (guémara Sota 2a) ont dit : "Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la sota?
Pour nous enseigner que quiconque voit comment la sota s’est déshonorée s’écarte du vin."
Rachi explique : Car le vin mène à la débauche.
=> C’est surprenant. Est-ce que c’est seulement le vin qui mène à la débauche? Et si l’on veut dire que le vin, comme il enivre l’homme, le mène à la légèreté, quel rapport y a-t-il entre le fait de se laisser pousser les cheveux et la vue de la déchéance de la sota?

C’est un principe : Hachem n’offre pas un spectacle à l’homme par hasard. Si quelqu’un a vu quelque chose qui n’était pas bon, il doit réfléchir à ses actes et se repentir.
On sait que ce qu’il a vu présente un aspect de la faute qui lui est reprochée, ainsi qu’il est dit dans la guémara (Moed Katan 18b) : "On ne soupçonne pas quelqu’un d’une faute à moins qu’il ne l’ait commise, et s’il ne l’a pas commise entièrement, il l’a commise en partie, et s’il ne l’a pas commise en partie, il a envisagé de la commettre, et s’il n’a pas envisagé de la commettre, il a vu d’autres personnes qui la commettaient et s’est réjoui!"
On apprend donc que lorsqu’on a vu quelqu’un d’autre commettre une faute, on sait qu’on a en soi quelque chose de cette faute, et qu’on doit examiner ses actes et se repentir.

Donc du fait que D. a fait voir à quelqu’un une femme en état de déchéance, il sait que ce n’est pas pour rien.
Comme il a vu cela, il portera attention au fait qu’il y a chez lui quelque chose de cette même faute, et qu’il a dans son cœur une tendance au désir et aux plaisirs de ce monde.
Même si ce sont des choses permises, les Sages (guémara Yébamot 20a) ont enseigné : "Sanctifie-toi par ce qui t’est permis". Il convient donc qu’il devienne un nazir, saint pour Hachem, et qu’il se sépare des plaisirs du monde, car c’est en cela que consiste être nazir, et c’est cela son rachat.

Disons par conséquent que c’est la raison pour laquelle le nazir amène un sacrifice expiatoire : il n’a été poussé à être nazir que parce qu’il avait vu quelque chose d’interdit qui appelait un rachat."

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-> Pourquoi la Torah écrite a-t-elle placé le passage de la sota avant celui du nazir, alors que dans la Torah orale, le traité Nazir vient en premier, et ensuite seulement le traité Sota?

Le Pri Tsadik (rabbi Tsadok haCohen de Lublin) répond et pose un grand principe dans le service de Hachem : tout ce qui arrive à l’homme est un signe et une allusion destinés à lui suggérer une certaine conduite, et à s’établir à soi-même des limites, de peur d’en arriver à une faute.
Dans cet esprit, dans la Torah écrite le passage de la sota vient avant celui sur le nazir, pour nous enseigner que quiconque voit une sota dans sa déchéance doit s’écarter du vin.
Par contre dans la Torah orale, le traité Nazir vient avant le traité Sota, car l’homme ne mérite pas toujours qu’on lui donne des signes et des allusions, c’est pourquoi il doit veiller aux conséquences de ses actes, se dresser des barrières et s’écarter du vin de peur d’en arriver à une faute.

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+ L'impact de notre regard :

=> Pourquoi le chapitre du nazir suit-il celui de la sotah?
Rachi : cela vient nous apprendre que celui qui voit une sotah au moment de sa disgrâce, doit prendre sur lui de s’abstenir de vin [en devenant nazir], car le vin conduit à l’adultère. [guémara Sotah 2a]

=> Pourquoi un serment de nézirout est-il nécessaire pour être plus vigilant ; le fait même de voir la mort de la sotah devrait suffire à motiver l’individu de s’éloigner de tout ce qui l’inciterait à se livrer à la débauche?

-> Le rav Yossef Leib Bloch zatsal (roch yéchiva de Telz) propose la réponse suivante :
Il pense que le fait de voir la sotah peut avoir un effet délétère. En effet, tout en assistant à ce terrible déshonneur, nos yeux voient une personne qui a commis une grave faute.
Le yétser hara est si fort, qu’il peut inciter à ignorer la dégradation que le péché a entraînée et à se concentrer plutôt sur la faute commise et sur le désir qui l’a provoquée.

La triste histoire suivante illustre ce point. Le fils d’un ivrogne invétéré emmena celui-ci voir un autre buveur complètement aviné, couché dans la rue. Mais au lieu d’éveiller en son père le désir de changer, ce dernier alla demander à l’ivrogne où il s’était procuré cet alcool.
Ainsi, à cause de ce penchant puissant et dangereux, celui qui voit la sotah doit prendre un engagement supplémentaire pour éviter d’être entraîné par la faute.

Le rav Elya Méir Bloch, le fils de rav Yossef Leib, explique en rapportant la guemara (Méguila 28a) qui affirme qu’il est interdit de regarder le visage d’un homme mauvais. En effet, un simple regard s’imprime dans l’âme de la personne et laisse une marque indélébile.
Le Ran dit aussi que cette empreinte l’accompagne éternellement.
Ainsi, le fait de voir une personne racha ou mauvaise peut avoir une conséquence négative sur le niveau spirituel de l’individu.
[une techouva sincère peut certainement éradiquer l’effet négatif provoqué par des images interdites]

Le même principe s’applique d'un point de vue positif ; le fait de voir des personnes vertueuses ou des objets saints peut avoir un effet très bénéfique sur l’homme.
Ceci est exprimé dans la guemara (Erouvin 13b) où Rabbi Yéhouda HaNassi explique pourquoi il a mérité d’atteindre un niveau plus élevé que ses contemporains ; il eut une fois le mérite de voir l’illustre Rabbi Méir de dos. Il ajoute que s’il avait vu le visage de ce dernier, il aurait été encore plus grand.

Aussi, nos Sages affirment que Yaakov sut, en voyant son fils Yossef après leur longue séparation, que celui-ci n’avait pas trébuché en regardant des images interdites. Comment le savait-il? Il put voir, au comportement de Yossef que ce dernier n’avait pas commis de faute avec ses yeux, si tel avait été le cas, Yaakov aurait vu la marque de ces spectacles sur son fils. Voici une preuve supplémentaire que ce que l’on voit nous affecte de manière permanente.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Le commentaire de rav Bloch a de nombreuses incidences dans nos vies. L’enseignement le plus évident est que le fait de préserver nos yeux de toute souillure est d’une importance capitale quant à notre niveau de sainteté (kédoucha).
Notons également que même les choses qu’il n’est pas nécessairement interdit de regarder peuvent causer un grand dommage à notre bien-être spirituel. Prenons l’exemple du bombardement d’images violentes que propose le monde laïc. Des statistiques montrent qu’à l’âge de l’adolescent, un individu a déjà vu en moyenne plus de mille meurtres dans les divers médias. Le fait d’être exposé à des images si malsaines affecte certainement sa sensibilité à la violence.

Le rav Shimchon Pinkous (Néfech ‘Haya) soulève un point supplémentaire, quelque peu surprenant. Il estime que les femmes doivent aussi s’abstenir de regarder des images indécentes. On aurait pu penser que ce n’est pas problématique pour elles puisqu’elles ont le droit de voir une autre femme mal habillée. Pourtant, il écrit que cela provoque un grand préjudice à leur âme. Ceci, car ces images pénètrent dans leur essence.
Il écrit, en outre, que les femmes sont plus influencées par ce qu’elles voient que les hommes.
C’est pourquoi une femme doit également faire attention à ce qu’elle regarde.

Pour conclure sur une note positive, le regard peut aussi être utilisé pour nous faire grandir. Par exemple, le fait de regarder ses tsitsit, des livres saints, des synagogues ou des maisons d’étude, la lettre shin sur les tefillin que l’on pose sur la tête, et comme nous l’avons précisé plus haut, le fait d’observer des tsadikim.

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