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Roch Hachana – Demander la vie

+++ Roch Hachana - Demander la vie (par le Sfat Emet) :

-> L'une des conséquences de la restauration de l'âme juive à chaque Roch Hachana est le retour de cette étincelle intérieure de sainteté (nékouda apénimit), qui d'une manière ou d'une autre, est restée endormie toute l'année. Libéré de ses impulsions matérielles, chaque Roch Hachana, le juif demande et obtient le renouvellement de son élan spirituel intérieur.

En vérité, cet élan spirituel n'est guère nouveau. Lorsque les premières Tables de la Loi ont été données, une étincelle a été implantée dans chaque âme juive, une étincelle du Divin et un rappel permanent des Tables de la Loi.
La parole de D. a été écrite non seulement sur les Lou'hot, mais aussi gravée dans chaque âme juive.
Comme il est dit (Ki Tissa 32,16) : "L'écriture était l'écriture de D. gravée sur les tablettes" de chaque âme juive!

Cette impression permanente du Divin dans la psyché juive s'accompagnait de la promesse d'une vie éternelle et d'une libération du mauvais penchant.
Bien que cette étincelle ait été perdue lorsqu'Israël a péché et adoré le Veau d'or, elle peut être et est restaurée chaque Roch Hachana lorsque nous prions "kotvénou lé'haïm" pour restaurer cette étincelle de vie!
[Sfat Emet - Roch Hachana 5636]

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-> En plaidant pour la vie (zo'hrénou/kotvénou lé'haïm), les juifs font également référence à un retour aux origines purement spirituelles de l'univers. Chaque année, à l'occasion de l'anniversaire de la création, nous revenons au début de l'univers, à l'époque où il n'existait rien d'autre que "l'esprit de D. planant" (roua'h Elokim méra'héfét) au-dessus du vide et de la vacuité qui engloutissaient le monde.
Alors qu'Hachem procédait à la création de l'univers, il a, dans son infinie sagesse, commencé à voiler Sa présence dans le monde naturel qui se déployait alors.
Le concept de "yéch méayin" (quelque chose à partir de rien - ex nihilo), est la forme succincte choisie par nos Sages pour décrire ce processus = un univers dans lequel il n'y avait rien d'autre que Sa Présence cédant maintenant la place à un monde matériel rendu possible par le fait qu'Hachem obscurcit Sa Majesté.
[...]
[il explique que l'homme (par son âme) est le lien entre la nature et la Présence Divine, et les juifs permettent ainsi de reconnecter toute la création à Sa Source, restaurant ainsi la vrai vie. ]

En ce jour anniversaire de la création de l'homme, Roch Hachana, nous implorons "zo'hrénou lé'haïm" = Accorde-nous à nouveau la capacité de nous purifier du matérialisme qui équivaut à la mort, et de relier l'univers entier à la véritable source de la vie.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5657]

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-> La définition la plus claire de la vie, est donnée par le verset : "mais vous qui vous attachez à Hachem, votre D., vous êtes vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4).
Notre demande de vie est simplement une demande sincère et fervente d'attachement à Hachem.

D'une part, le Zohar critique ceux qui présentent à Hachem une longue liste de demandes personnelles à Roch Hachana, les comparant à des "chiens qui aboient". Pourtant d'un autre côté, les nombreux besoins d'Israël constituent une part importante du service de Roch Hachana.
En réalité, il n'y a pas de contradiction. Il ne fait aucun doute que le peuple juif demande à Hachem d'exaucer ses demandes personnelles. Mais cela ne suffit pas. Il est essentiel que nous priions afin de pouvoir continuer à nous attacher à Hachem même lorsque nos besoins physiques ont été satisfaits et que le fait de vivre une vie confortable ne doit pas rompre nos liens avec notre Créateur.

En fait, l'objectif des juifs à chaque Roch Hachana est d'atteindre cet état d'exaltation dans lequel ils réalisent constamment que toutes ses bénédictions proviennent de la Source de la vie, Hachem.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5653]

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-> Comme la Torah l'indique très clairement, l'homme peut choisir la vie (ouba'harta ba'haïm - cf. Nitsavim 30,19). Il est évident que la qualité de vie, en particulier la vie spirituelle, que l'homme atteindra au cours de l'année à venir, dépend de ses souhaits. Celui qui désire une vie hautement spirituelle peut l'obtenir ...

Chaque Roch Hachana, anniversaire de la création de l'homme, chacun d'entre nous, en optant pour une vie basée sur la Torah, on mérite une telle vie.
Plus le désir de spiritualité est intense, plus la récompense (matérielle, mais surtout spirituelle) est grande.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5661]

-> En outre, la notion même de jugement divin (michpat) peut être décrite comme l'occasion où tous les hommes, en se présentant devant Hachem ("toute l'humanité passera devant Toi comme les membres d'un troupeau") se voient accorder la vie, spirituelle, en corrélation directe avec les souhaits d'un tel mode de vie éclairant.

Cela est particulièrement vrai pour le peuple juif. Tous les hommes ont été créés, et renouvelés le jour de Roch Hachana, selon leurs aspirations.
Si tous les hommes peuvent avoir des objectifs spirituels, Israël est l'incarnation du "daat", de la grande aspiration.
Comme le note la guémara (Yébamot 61a) : "Toi, Israël, tu es appelé homme" (atèm kérouyin adam) = tu possèdes cette aspiration élevée dont aucun autre ne peut jouir, méritant ainsi le nom d'Adam.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5644]

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[ainsi, Roch Hachana est un jour où nous sommes renouvelés, où nous pouvons avoir d'incroyables ressources pour vivre une belle année, mais cela est proportionnel à nos aspirations, à nos désirs de spiritualité, de vouloir nous rapprocher (et autrui) d'Hachem.]

Hallel & Roch Hachana

+++ Hallel & Roch Hachana (selon le Sfat Emet) :

+ Les Anges de service (Malkhé acharét), en présence d'Hachem, ont demandé : "Maître de l'univers, pourquoi Israël ne chante-t-il pas le Cantique (c'est-à-dire le Hallel) à Roch Hachana et à Yom Kippour?"
Hachem répondit : "Est-il possible que le Roi soit assis sur le trône du jugement et que les Livres de la Vie et de la Mort soient ouverts devant Lui et qu'Israël récite le Cantique (le Hallel)?"
[guémara Erouvin 10b]

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-> Qui étaient ces anges?
Il s'agit tout simplement des anges qui ont été créés à partir du désir d'Israël de dire le Hallel (cf. Pirké Avot 4,13 : "Celui qui accomplit une mitsva s’acquiert un [ange] défenseur").

Bien que le peuple juif ne récite pas réellement le Hallel, puisqu'il doit réprimer sa joie et sa confiance d'obtenir un bon verdict, Israël souhaite dans son cœur avoir pu réciter le Hallel.
Non seulement l'accomplissement d'une mitsva, mais aussi le désir de l'accomplir créent des anges qui agissent en tant que défenseurs du peuple juif.
En fait, ces anges peuvent être plus élevés que ceux qui ont été créés par la récitation du Hallel, dans la mesure où les pensées sont toujours plus élevées que les mots prononcés.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5647]

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-> En vérité, non seulement les anges, mais aussi le peuple juif étaient (et devraient être encore aujourd'hui) prêts à réciter en ce jour le Hallel.
L'intention de chanter le Hallel à Roch Hachana est certainement appropriée, même si l'acte ne l'est pas. Cependant, Israël revient sur son intention initiale et ne récite pas le Hallel. Changer ses plans après mûre réflexion n'est pas un aveu de faiblesse, mais plutôt une partie intégrante du processus de réflexion de la nation juive.
En retirant son intention initiale, Israël est arrivé à la même conclusion qu'Hachem, à savoir qu'il serait inapproprié de réciter le Hallel à Roch Hachana.

En choisissant de ne pas réciter le Hallel, Israël a correctement évalué la volonté d'Hachem, ce dont les anges étaient incapables.
Cela illustre le célèbre dicton (cf. guémara Béra'hot 34b), selon lequel les baalé téchouva "se tiennent à un endroit" que les justes parfaits sont incapables d'atteindre.
Israël, en tant que baalé téchouva à Roch Hachana, s'est tenu plus près d'Hachem, mesurant correctement Ses intentions. Les anges, aussi justes soient-ils, ne pouvaient pas comprendre la volonté Divine.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5636]

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-> Enfin, explorons plus avant la réponse d'Hachem à la question des anges. Nous pouvons peut-être comprendre la réponse d'Hachem en considérant le verset du Hallel : "les morts ne loueront pas D." (lo amétim yéalélou ya - Téhilim 115,17), qui se réfère non seulement aux défunts mais aussi aux réchaïm qui sont "spirituellement" morts.

Le Hallel ne peut être récité tous les jours (cf. guémara Shabbath 118b), mais il est limité aux occasions où Israël perçoit un regain de spiritualité, soit à la suite d'un miracle surnaturel, soit à l'occasion de fêtes où le peuple juif perçoit un stimulus spirituel extraordinaire.
Cependant, le Hallel n'est pas récité lorsque le monde naturel est renouvelé, un processus qui se produit chaque jour, comme nous le disons dans la prière : "Il renouvelle chaque jour, perpétuellement, l'œuvre de la création" (amé'hadech bétouvo bé'hol yom tamid maassé béréchit).

Roch Hachana, alors qu'il s'agit de déterminer si la spiritualité d'Israël sera renouvelée, n'est pas une occasion appropriée pour réciter le Hallel.
Ce n'est que lorsqu'un verdict favorable est déjà assuré, à Souccot, qu'Israël peut réciter le Hallel.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5653]

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-> b'h, également : Pourquoi ne récite-t-on pas le Hallel à Roch Hachana? : http://todahm.com/2017/09/27/pourquoi-ne-recite-t-on-pas-le-hallel-a-roch-hachana

Nitsavim & Roch Hachana – Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel

+ Nitsavim & Roch Hachana - Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel :

-> Rachi nous rapporte que lorsque le peuple juif a entendu les 98 malédictions qui s'abattraient sur quiconque n'accomplirait pas la Torah, il a été terrifié.
Moché tenta de les rassurer : "Regardez, vous êtes vous êtes ici aujourd'hui (nitsavim ayom), bien que vous ayez mis Hachem en colère à de nombreuses reprises (Devarim, Rachi 29:12)".

Il semble que Moshé essaie d'être rassurant. Cependant, Moché poursuit : "Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme ... dont le coeur se détourne d'être avec Hachem ... et lorsqu'il entendra ces malédictions ... il dira : 'La paix sera avec moi, même si je suis les désirs de mon coeur' ... Hachem ne sera pas disposé à lui pardonner ... et toutes les malédictions de ce Livre viendront sur lui, et Hachem effacera son nom de dessous les cieux ! (Nitsavim 29,17-19)."

=> À qui Moché s'adresse-t-il? La nation entière vient d'entendre les malédictions et tous sont terrifiés. Comment Moché pouvait-il penser qu'il y aurait encore quelqu'un qui pensait pouvoir faire tout ce qu'il voulait sans que rien ne se produise? Qui serait assez fou pour penser cela?

-> Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'il existe en effet une personne capable de penser de cette manière : quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir).
Son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel. Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Moché indique clairement qu'une telle personne commet une grave erreur. Pour un tel comportement, Hachem appliquera toutes ces malédictions. De plus, Il punira même les fautes involontaires comme s'ils avaient été commis délibérément (voir Rachi - Nitsavim 29,18). Enfin, le nom du fauteur sera effacé du monde.

=> Cette mesure semble inhabituellement sévère. Après tout, le fauteur peut certainement prétendre qu'il s'est oublié lui-même à ce moment-là (je n'étais plus moi-même!). Il était incapable de penser logiquement. Est-il vraiment si terrible?
Pourtant, l'avertissement de Moché à ce fauteur est que le fait de permettre à à son désir d'écarter Hachem de son esprit est une forme grave de rébellion contre Lui.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava. Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava.
Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

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-> Le rav Yé'hezkel Lévenstein rappelle que Roch Hachana et Yom Kippour sont connus sous le nom de Yamim Noraïm, littéralement les jours redoutables.
Le Rambam (sur la michna Roch Hachana 4:7) écrit que ce sont des jours où un juif doit craindre le jugement d'Hachem et s'y préparer en se repentant de ses fautes passées.

Pendant les Yamim Noraïm, Rav Levenstein exhortait les gens :
"Hachem nous a donné ces jours pour que nous sachions que nous sommes sur le point d'être jugés, afin que nous nous repentions. Il exige que nous le craignions! Si quelqu'un ne le fait pas maintenant, pendant ces jours uniques, il est certainement coupable de 'suivre les désirs de son cœur et d'ignorer Hachem'."

Le rav Lévenstein avertit ensuite :
"J'hésite à le dire, mais une telle personne peut encourir les punitions que Moché a énumérées dans la paracha Nitsavim, à D. ne plaise.
Il se peut qu'Hachem ne veuille pas pardonner à une telle personne, car même maintenant, avec le spectre du jugement qui se profile devant elle, elle ne ressent rien.
Il observe donc les mitsvot, mais qu'en est-il de la crainte d'Hachem? Pourquoi se comporte-t-il comme s'il n'avait pas à se repentir? Quel est le problème de cette personne?"

-> De même, le rav Israël Salanter (Ohr Israël 7) écrit :
"Ne voyons-nous pas que chaque année, il y a des gens, même jeunes et en bonne santé, qui ne parviennent pas à la fin de l'année? Comment ne pas avoir peur? Il faut au moins qu'un sentiment s'exprime!"

-> Le rav Lévenstein a trouvé cette idée dans le récit de la guémara (Béra'hot 28b) sur la fin de la vie de Rabban Yo'hanan ben Zakaï. Il y est dit qu'alors qu'il était alité, ses élèves vinrent lui rendre visite.
Lorsqu'il les vit, il pleura. Ses élèves lui demandèrent pourquoi il pleurait, après tout, il pouvait certainement s'attendre à une grande récompense dans le monde à venir (au regard de ses incroyables mérites spirituels). Il a répondu que s'il était sur le point de faire face à un juge humain, qui ne pourrait que le condamner à un châtiment dans ce monde, il aurait certainement peur.
Il sera bientôt jugé par Hachem, dont le châtiment est pour l'éternité. Il est évident qu'il serait terrifié dans ce cas!

Le rav Lévenstein commente :
"Il semble, d'après le récit, que Rabban Yo'hanan ben Zakaï ne pleurait pas avant l'arrivée de ses élèves.
Si c'est le cas, pourquoi a-t-il pleuré à ce moment-là ? Ce n'était certainement pas pour montrer sa piété ...
Rabban Yo'hanan ben Zakaï avait plutôt l'intention de transmettre un enseignement à ses élèves.
[A l'approche de Roch Hachana et Kippour,] nous devons imaginer que nous sommes confrontés à un véritable procès. Imaginons que nous soyons convoqués devant un juge humain, qui a le pouvoir de nous punir. Nous aurions certainement peur!
La crainte que nous ressentirions est le minimum absolu que nous devrions ressentir lorsque nous nous trouverons bientôt devant Hachem. Nous devrions nous demander si nous avons au moins aussi peur de Roch Hachana."

-> Ceux qui ont connu le grand de la génération, le rav Elazar Shach ont témoigné qu'il vivait avec une telle peur tout au long de l'année. Tout au long de sa journée, il se disait (et parfois se demandait même à haute voix) : "Serai-je capable d'expliquer pourquoi j'ai agi ainsi lorsque je me tiendrai devant la Cour céleste?"

En particulier à Elloul et pendant les dix jours de repentir, son sentiment de peur était palpable.
Son comportement semblait demander : "Comment puis-je me tenir devant Hachem en jugement ?"
Une fois, pendant le mois d'Elloul, le petit-fils du rav Shach, le rav Isser Zalman Bergman, lui a dit que l'un de ses fils allait bientôt devenir bar mitsva et qu'une réception serait organisée dans quelques jours.
"Une célébration maintenant? Pendant Elloul?" Rav Shach est choqué. "Comment puis-je me rendre à une fête pendant ces jours-ci? Pourriez-vous la reporter après les Yamim Noraim?"

[Roch Hachana et Kippour impliquent de développer en nous une profondeur crainte, frayeur, de la gravité de ce moment (le jugement est de Vérité, avec Rigueur, impitoyable [ex: aucune pensée n'est cachée de D.]). Et ce n'est qu'ensuite qu'on peut y ajouter de la joie, de l'amour, d'avoir papa Hachem comme juge, qui nous aime infiniment, rempli de miséricorde.
On doit respecter cet ordre, car alors l'un (crainte) alimente l'autre (la joie, amour). Plus on a conscience de la gravité de la situation, plus on apprécie la bonté d'Hachem, de L'avoir en permanence s'occupant de nous pour notre mieux éternel. ]

La gratitude = une clé nécessaire à notre Roch Hachana

+ La gratitude = une clé nécessaire à notre Roch Hachana :

-> Le Ramban (Bo 13,16) affirme que le seul but de notre venue dans ce monde est de reconnaître la bonté d'Hachem à notre égard et de l'en remercier.

-> Le 'Hovot haLévavot (Introduction à chaar Avodat Elokim) affirme que lorsqu'un juif reconnaît tout ce qu'Hachem fait pour lui (le fait d'être en vie à chaque instant, sa santé, sa famille, ses biens, ses moyens de subsistance, ...), il réalisera à quel point il est redevable à Hachem.
Plus on contemple la bonté d'Hachem, plus on se sent motivé pour accomplir les mitsvot de la meilleure façon possible.

Le 'Hovot haLévavot (chaar Avodat Elokim - chap.3) écrit qu'il y avait des hommes saints qui renforçaient quotidiennement leur gratitude (hakarat hatov), et à mesure que leur reconnaissance grandissait, ils ajoutaient encore plus à leur service d'Hachem.
À leur tour, ils se repentaient de ne pas avoir renforcé leur service plus tôt dans leur vie. Ainsi, chaque jour était consacré au repentir et à l'amélioration du service d'Hachem.

=> Si nous contemplions notre propre vie et réfléchissions à l'immense bienfait que nous recevons toujours d'Hachem, nous comprendrions que nous avons beaucoup de raisons d'être reconnaissants. Qu'est-ce qui nous empêche de le faire ?
Malheureusement, nous avons tendance à considérer les bonnes choses que nous avons reçues comme acquises.
De plus, nous rencontrons tous des difficultés dans notre vie, qui nous empêchent de nous concentrer sur nos nombreuses bénédictions.
[la nature humaine n'aime pas avoir une dette de gratitude, et en ce sens en prenant pour acquis, en se focalisant sur ce qui ne va pas, on en vient à obscurcir tout sentiment de redevabilité. Or, l'essence d'un juif (de yéhoudi) est le fait d'être reconnaissant. ]

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-> L'importance de reconnaître les bonnes choses et de se concentrer sur elles est une étape clé dans la préparation de Roch Hachana.
Le rav Yossef Shlomo Kahaneman disait aux gens que les Séli'hot sont destinés à éveiller cette prise de conscience en nous. Lorsque nous disons "Toi, Hachem, tu as la tsédaka, et nous avons de la gêne", nous disons que tout ce que nous avons dans cette vie est de la tsédaka, des faveurs d'Hachem, et que nous devrions être gênés de les demander à Hachem.
En prêtant attention à ce que nous disons, nous devrions réveiller cet embarras en nous, et en retour, nous motiver à nous repentir.
Nous devons comprendre que tout est un don de Sa part et essayer de nous améliorer avant Roch Hachana.

Le rav Kahaneman propose une analogie : "Lorsque je suis arrivé en terre d'Israël et que j'ai commencé à reconstruire la yéchiva de Ponevitch, il a fallu collecter des fonds. Frapper à toutes les portes était très difficile. J'étais gêné et j'espérais souvent que personne ne répondrait à la porte.
"Pourquoi étais-je gênée? Je savais que je demandais l'argent à quelqu'un d'autre. Si j'avais déposé de l'argent chez eux plus tôt et que je venais simplement le récupérer, je n'aurais pas été gênée du tout!
C'est ainsi que nous nous sentons par rapport à ce que nous avons. Nous considérons ce que nous avons comme acquis (à nos yeux tous ce que nous avons, dont le fait de vivre, est un dû!).
Pourquoi devrais-je me alors repentir avant Roch Hachana? J'ai déjà ma santé, mon travail, ma maison, ... je n'ai pas besoin de faveurs spéciales (Hachem, je peux très bien me débrouiller tout seul!).
Cependant, lorsque nous réalisons que tout ce qu'Hachem nous donne est de la tsédaka, tout ce que nous lui demandons revient à demander l'aumône (rien n'est acquis). Penser ainsi nous motivera certainement à nous repentir".

"L'Attribut (mida) de bonté d'Hachem est bien plus grande que sa mida de justice.
En ce moment même, pendant Elloul, nous avons 40 jours de faveur (ratson) et de bonté d'Hachem à notre égard.
Nous ne pouvons pas imaginer à quel point ces jours sont puissants et combien nous pouvons gagner, et rien ne peut l'empêcher parce que c'est un temps de ratson, un temps favorable, et un temps où nous avons une aide du Ciel incroyable."
[rav Yérou'ham Lévovitz]

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-> Nous devons comprendre que pendant le mois Elloul, nous vivons dans un "monde différent".
... C'est ainsi que nous devons nous sentir pendant Elloul, comme étant au milieu d'une période de faveurs [Divine] (yémé ratson).
[...]
Elloul est la conclusion de l'année écoulée. Et grâce à D., les portes de la miséricorde et de la faveur d'Hachem (ra'hamim et ratson) sont grandes ouvertes pour nous.
[A nous d'en profiter! ]
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

Le principal pouvoir du yétser ara est de faire oublier à une personne [juive] combien elle est grande, d'oublier qu'elle est un ben Mélé'h (un enfant adoré du Roi des rois - Hachem).
C'est ce qui fait qu'une personne tombe et fait des choses qu'un ben Mélé'h ne ferait jamais.

Lorsque Yossef haTsadik a été confronté à la plus grande épreuve de sa vie, il a dit à la femme de Potifar : "J'ai un lien avec de grandes personnes, les Patriarches. Comment pourrais-je avoir quelque chose à faire avec vous?"
C'est ainsi qu'il a passé cette épreuve, et c'est ainsi que nous devons agir [particulièrement] en Elloul, pour nous élever et rester proches de la vérité : "Ani lédodi védodi li" (Je suis pour mon Bien-aimé, et mon Bien-aimé est pour moi - Chir haChirim 6,3).
Nous sommes très proches d'Hachem. Lorsqu'une personne [juive] se souvient qu'elle est un ben Mélé'h et qu'elle le ressent vraiment, elle agit instinctivement comme une personne différente.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

"Car Hachem, ton D., marche au milieu de ton camp pour te secourir et pour livrer tes ennemis devant toi" (Ki Tétsé 23,15)

-> Ce verset, qui fait ostensiblement référence aux batailles contre les ennemis de la nation juive, peut également faire allusion à Elloul, la période préparatoire à la bataille contre le Satan à Roch Hachana.
Cela peut être démontré par les premières lettres : "pour te secourir et pour livrer tes ennemis devant toi" (léatsilé'ha vélatét oïvé'ha léfané'ha - לְהַצִּילְךָ וְלָתֵת אֹיְבֶיךָ לְפָנֶיךָ), qui s'écrivent אלול (Elloul).

=> Tout comme Hachem aide Israël dans sa lutte contre l'ennemi mortel, chaque année, en Elloul et à Roch Hachana, Il nous protège contre toutes les forces spirituelles et les anges célestes qui voudraient nous condamner.
[Sfat Emet - Ki Tétsé 5640]

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-> "Car Je suis Hachem, c'est Mon Nom et Mon Honneur que Je ne donnerai à aucune autre (divinité)" (Yéchayahou 42,8)

-> Ce verset contient également une allusion à Elloul, les premières lettres de : "et Mon Honneur que Je ne donnerai à aucune autre" (oukévodi léa'hér lo éten - וּכְבוֹדִי לְאַחֵר לֹא אֶתֵּן) forment : אלול (Elloul).
En promettant que Sa gloire ne sera donnée à aucune autre force, Hachem assure à Israël que toutes les forces qui pourraient entraver le retour d'Israël, toutes les menaces du Satan, seront vaincues à chaque Elloul.
[Sfat Emet - Ki Tétsé 5640]

+ Le mois d'Elloul est généralement considéré comme une période particulière de bienveillance divine (ét ratson), mais ce terme soulève des questions : Puisque Hachem est éternel et immuable, comment peut-on dire qu'Il fait preuve d'une qualité, telle que la bienveillance (une miséricorde accrue) envers les juifs, à certains moments et de qualités différentes à d'autres?
En effet, comment Sa bonté peut-elle être limitée à une période particulière, puisque nous savons qu'Il est "malé ra'hamim", constamment rempli de miséricorde?

Nous devons donc dire que la prédominance de la bienveillance divine en Elloul ne résulte pas d'un changement dans la nature d'Hachem, que le Ciel nous en préserve, mais reflète plutôt une capacité accrue de la part de chaque juif d'absorber Sa bonté.
Normalement, la bonté d'Hachem, étant infinie, elle est au-delà de notre capacité à l'assimiler.
Cependant en Elloul, cette bonté est canalisée par les 13 Attributs [lit. mesures] de la miséricorde (13 midot ara'hamim), qui la ramènent à des proportions que nous pouvons apprécier.
Le concept de mesures (midot) suggère des limites finies qui sont fixées par Hachem à Ses attributs par ailleurs illimités, afin que les mortels puissent en bénéficier.
Chaque année pendant le mois Elloul (et à d'autres moments décrits comme des périodes de bienveillance divine, par exemple au 3e repas de Shabbath), le peuple juif acquiert la capacité de bénéficier des 13 Attributs de miséricorde d'Hachem.

De même, le peuple juif peut tirer le meilleur parti de la lumière divine de la Torah qui prévaut à ces moments-là.

De notre côté, cependant, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous transformer en récipients appropriés pour recevoir les bontés d'Hachem, même sous une forme plus limitée et plus restreinte.
Nous pouvons y parvenir en nous fixant des limites à nos envies/désirs [pour ce monde], ... nous pouvons alors nous concentrer sur l'accomplissement de la volonté divine.
Par conséquent, Hachem limitera Ses attributs [de miséricorde] illimités afin que chaque Elloul, Israël puisse en bénéficier.
[en les limitant Il rend possible le fait que nous poussions les absorber, en bénéficier au maximum]
[Sfat Emet - Elloul 5631]

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-> Pendant ces jours [d'Elloul] si imprégnés en bienveillance divine, Hachem attend avec impatience notre retour et nous supplie de rechercher l'étincelle divine en notre sein et de lui permettre de nous guider vers Lui.
Nous sommes aidés dans ce processus par un cadeau spécial qui est en vigueur pendant le mois d'Elloul : les 13 mesures/Attributs de miséricorde qui facilitent notre retour.
Le roi Shlomo décrit : "la voix de mon Bien-aimé frappe : "Ouvre-moi, Ma sœur, Mon bien-aimée, Ma colombe, Ma perfection, car Ma tête est remplie de rosée" (Chir haChirim 5,2).
Hachem nous supplie d'ouvrir nos cœurs à Lui, et nous assure qu'Il n'est rempli que de miséricorde à notre égard (les 13 Attributs divins sont souvent symbolisées par la rosée dans la littérature de la kaballa).

Nous pouvons en déduire qu'il est important pour nous de persister à invoquer Hachem tout au long de l'année. Même si nos prières peuvent sembler ne pas être entendues et ne pas recevoir de réponse au moment où nous les formulons, une fois qu'Elloul arrive et que les portes du ciel sont ouvertes par notre désir sincère de nous repentir et de revenir à Hachem, toutes nos prières de l'année entière les traversent et trouvent un accueil chaleureux et aimant dans les oreilles d'Hachem.
[Sfat Emet - Ki Tavo 5641]

Roch Hachana – Ressentir que Hachem est le Roi

+ Roch Hachana - Ressentir que Hachem est le Roi :

-> Nos Sages (Roch Hachana 16a) enseignent que le jour de Roch Hachana, Hachem ordonne : "Dites les versets de la Royauté devant moi, afin que vous me couronniez comme roi sur vous".

-> Le Alter de Kelm demande : Hachem est déjà le roi! Pourquoi a-t-Il "besoin" que nous le couronnions Roi sur nous?
En effet, Hachem était Roi avant même qu'il n'y ait des gens pour le faire Roi, comme le dit le chant de Adon Olam : "Il a régné avant que toutes les créatures ne soient créées". Quelle différence cela fait-il que nous le fassions Roi?

En réalité, explique l'Alter de Kelm, Hachem demande que nous le fassions Roi sur nous-mêmes (notre intériorité), ce qui n'est pas si facile. Faire d'Hachem notre Roi, c'est sentir qu'Il est Roi avec chaque fibre de notre être. Tous nos membres, nos sens et nos pensées doivent être utilisés uniquement pour accomplir la volonté d'Hachem.

-> Le rav 'Haïm Friedlander fait remarquer que cela nécessite une préparation. On ne peut pas simplement sauter à un tel niveau, quelle que soit l'inspiration du moment. Faire d'Hachem le Roi de nous-mêmes demande du travail.

La première étape consiste à nous habituer à reconnaître qu'Hachem est avec nous à tout moment. Si nous vivions avec cette idée au premier plan de nos pensées, nos décisions s'en trouveraient affectées.
En effet, le Rama (Choul'han Arou'h 1,1) nous dit que le fait de placer Hachem devant nous en permanence est crucial dans le service d'Hachem. Il explique que l'on ne se comporte pas de la même manière en privé qu'en présence d'une grande personne.
C'est un fait auquel nous pouvons tous nous identifier, nous agissons tous différemment en présence d'une grande personne. Ainsi, si nous sommes conscients d'être toujours en présence d'Hachem, nos actions s'en trouveront certainement améliorées. Plus nous le ferons, plus nous serons en mesure de faire d'Hachem le Roi de nous-mêmes.

Le rav Friedlander nous dit qu'une autre façon de se préparer à couronner Hachem est de reconnaître que tout est à Lui, nos corps, nos familles, toutes nos possessions et tout ce qui se trouve dans l'univers.
Hachem est à l'origine de tout ce qui se passe dans ce monde. Tout ce qui est aujourd'hui, tout ce qui se passera au cours de l'année à venir, et le monde à venir, tout cela est entre Ses mains.
[sans Hachem aucune créature, aucun objet, ... ne pourrait exister même une seule seconde supplémentaire! On a beau être en bonne sante, être très riche, avoir beaucoup de pouvoir, ... mais si Hachem ne nous donne pas la force de vie à l'instant on mourrait. ]
Lorsque nous réaliserons cela, nous comprendrons qu'il est sage pour nous d'annuler notre volonté au profit de la Sienne. Même si nous ressentons un désir pour quelque chose qui va à l'encontre de la volonté d'Hachem, nous ne le voulons pas en réalité. Notre compréhension de ce que nous risquons de perdre l'emporte sur l'idée d'obtenir un plaisir éphémère. Cela n'en vaut pas la peine.
On peut comparer cette situation à celle d'un ouvrier d'usine qui dépend de son travail. Un jour, on lui offre un billet gratuit pour un match de football. L'ouvrier sait qu'en s'absentant pour une telle raison, il perdra une grande partie de son salaire, voire son emploi. Il n'aura littéralement aucune envie d'aller au match.

-> Ceci peut aider à expliquer un midrash en apparence obscur (Vayikra Rabba 29,4). Le Midrach nous dit que lorsque les juifs soufflent dans le Shofar à Roch Hachana, Hachem "se lève de son trône de gloire et s'assoit sur son trône de miséricorde".
Les juifs soufflent dans un Shofar et un changement aussi impressionnant se produit dans le monde? Comment cela se fait-il?

Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach) explique que le fait de souffler dans le Shofar démontre l'annulation de notre volonté. Le Shofar représente l'appel au jugement, et les anges Accusateurs ne peuvent pas parler contre nous tant que nous n'avons pas soufflé dans le Shofar.
Si c'est le cas, nous pouvons faire en sorte que le jugement de Roch Hachana ne se produise pas, et pourtant, nous soufflons dans le Shofar. Nous faisons cela parce que souffler dans le Shofar fait partie du fait de faire d'Hachem un Roi (dans Son rôle de juge, comme il est dit : "le roi établit le monde par le jugement" (Michlé 29,4)).
C'est notre seule préoccupation : non pas notre propre bien-être, mais la royauté d'Hachem. Une telle annulation de notre part pousse Hachem à se lever de son trône de gloire et à s'asseoir sur son trône de miséricorde.

-> Le rav 'Haïm Kamil note que nous devrions nous concentrer de toutes nos facultés mentales pour faire d'Hachem le Roi sur nous-même. Si nous le faisons, dit-il, Hachem fera des miracles pour nous.

Le rav Kamil cite à cet égard la déclaration du Tour : normalement, une personne se présente à son propre procès vêtue de noir et ne prend pas soin d'elle. Cela suscite la pitié du juge.
En revanche, les juifs s'habillent de leur mieux. Ils se lavent, se rasent et font la fête le jour de leur jugement, car ils sont convaincus qu'Hachem fera un miracle pour eux.
Comment cela est-il possible? Qu'en est-il de la crainte du jugement d'Hachem le jour où les livres de la vie et de la mort sont ouverts devant Lui?

Le rav Kamil explique cela en se basant sur le rav 'Haïm de Volozhon (Néfech ha'Haïm 3,12), qui relate la ségoula consistant à se concentrer intensément sur l'idée que "én od milévad" (il n'y a rien en dehors d'Hachem). Tous les autres "pouvoirs" ne sont en fait rien du tout, et seul Hachem compte. Même en cas de danger immédiat, le fait de se concentrer sur cette idée permet de sauver des personnes en danger.
=> Si un juif accepte la Royauté d'Hachem sur lui-même avec chaque fibre de son être, en y mettant toute sa concentration, il peut atteindre le niveau de "én od milévado", qu'il n'y a pas d'autre pouvoir dans le monde. Il se soumettra entièrement à Hachem. En faisant cela, il peut mériter un traitement miraculeux de son jugement à Roch Hachana.

Roch Hachana – Proclamer et se réjouir de la royauté d’Hachem

+ Roch Hachana - Proclamer et se réjouir de la royauté d'Hachem :

-> Nos Sages (guémara Roch Hachana 16a) enseignent que Roch Hachana est le jour où nous couronnons Hachem comme notre Roi.
Le Ritva (Roch Hachana 16a) ajoute que le shofar est soufflé dans ce but, représentant le "couronnement" d'Hachem, comme cela se fait dans les royaumes du monde.
La quasi totalité des prières de Roch Hachana se concentrent sur la royauté d'Hachem.

=> Pourquoi en est-il ainsi?
Nous savons que notre destin pour l'année à venir est déterminé à Roch Hachana (Ritva 16b). Ne serait-il pas plus approprié de formuler au moins les demandes qui sont incluses dans nos prières quotidiennes, telles que la santé, les moyens de subsistance ou la paix? Pourquoi ne faisons-nous pas de demandes à Hachem à Roch Hachana?

De plus, il semblerait logique de faire téchouva et de dire vidouï (confession) pour nos fautes. Après tout, nous sommes jugés. Pourtant, les prières de Roch Hachana ne mentionnent ni téchouva ni vidouï.
En fait, le Zohar affirme qu'un vidouï dit à Roch Hachana renforce les accusations contre nous. Pourquoi en est-il ainsi? En quoi est-ce différent lorsque nous disons le vidouï pendant les 10 jours de téchouva ou à le jour de Kippour ?

-> Le rabbi de Slonim répond que l'essence de Roch Hachana est la raison pour laquelle nous nous concentrons sur la royauté d'Hachem. Chaque Roch Hachana est comme une nouvelle création de l'univers entier. L'année écoulée est terminée et, comme pour le premier Roch Hachana de l'histoire, Hachem crée à nouveau tout à partir de zéro.
Ce jour-là, Hachem s'assoit sur son trône et décide qui, parmi nous, aura sa place dans son nouveau monde. En fonction de ses performances passées, Hachem décide de la place ou du rôle qu'il lui accordera dans cette nouvelle création. C'est pourquoi nous déclarons Hachem Roi en ce jour.

Le rabbi de Slonim explique ce concept par une analogie : Un roi fonda un jour une nouvelle ville. Chaque année, le roi visitait la ville à l'occasion de l'anniversaire de sa fondation. En présence de tous les citoyens, il passait en revue les réalisations de la ville. Il évaluait s'il devait continuer à diriger la ville et, dans l'affirmative, combien de temps et de ressources il devait y consacrer.
Naturellement, le rôle des sujets du roi ce jour-là était de lui rendre hommage. Ils l'accueillaient avec des bannières, déclarant : "Vive le roi !".

À Roch Hachana, Hachem renouvelle sa royauté sur le monde.
Il décide du rôle qu'il nous réserve, le cas échéant. Le moment est venu de déclarer notre loyauté envers Hachem et de dire à quel point nous voulons que Sa royauté s'exerce sur nous et sur le monde entier.

Le but du monde est de révéler la gloire d'Hachem (Yéchayahou 43,7).
Plus nous participons à ce but, plus nous avons de chances d'y prendre part au cours de l'année à venir. C'est pourquoi toute les prières de Roch Hachana tournent autour de la royauté d'Hachem, nous prions pour qu'Hachem soit Roi sur nous et sur le monde entier. Cela fait ressortir Sa gloire.

Bien entendu, il n'est pas approprié de demander à Hachem nos besoins en ce jour.
Nos besoins n'ont rien à voir avec la gloire d'Hachem. Nous ne pouvons certainement pas mentionner nos fautes! En quoi le fait d'admettre que nous nous sommes rebellés contre Lui ajouterait-il à Sa gloire?
Bien que nous voulions et devions faire téchouva, mentionner nos péchés à Roch Hachana nuit à Sa gloire, surtout si nous ne sommes pas encore complètement pénitents.

Une part importante de la royauté d'Hachem sur nous consiste à montrer à quel point nous sommes heureux qu'Il soit notre Roi et que nous soyons Ses serviteurs.
Il est vrai qu'il n'est pas approprié de montrer trop de bonheur en ce jour. Après tout, nos Sages enseignent (guémara Roch Hachana 32b) que nous ne pouvons pas dire le Hallel lorsque les livres de la vie et de la mort sont ouverts devant Lui. Cependant, nous devrions nous sentir heureux et exprimer notre appréciation du fait que nous couronnons le Roi et que nous faisons partie de Sa Royauté.

-> Le 'Hatam Sofer dit que le son du Shofar est comme un cri, mais en deux parties : Il y a un cri pour le jugement de Roch Hachana, mais aussi un cri de joie, car le couronnement d'un roi est un événement joyeux.
On dit que le Gaon de Vilna était particulièrement heureux au moment de la sonnerie du Shofar. C'est le moment d'exprimer la joie qu'Hachem nous ait donné une place dans Son royaume jusqu'à présent et que nous ayons pu accomplir Ses mitsvot. Nous savons également que Sa volonté est de nous bénir en nous donnant la possibilité de Le servir pendant une autre année.
Montrer que nous sommes satisfaits du joug des mitsvot est une partie importante de l'acceptation de la royauté d'Hachem sur nous.

Nos Sages (Roch Hachana 16a-b) disent : "Le Satan est troublé par la sonnerie du shofar".
Ce qui trouble le Satan, c'est que nous soufflons dans le shofar à plusieurs reprises : avant, pendant et après Moussaf, en répétant diverses combinaisons de tékiya, téroua et chévarim jusqu'à ce que nous atteignions 100 coups de shofar. Le Satan ne peut pas comprendre : si souffler dans le shofar est une mitsva, il suffit de le faire une fois pour s'acquitter de la mitzvah. Pourquoi le faire encore et encore?

Cependant, nous sommes heureux de souffler davantage dans le shofar, ce qui prouve que nous sommes satisfaits des mitsvot d'Hachem (ibid., Rachi 16b). C'est ce qui empêche Satan de nous poursuivre.
Une leçon à appliquer tout au long des jours de crainte est que la démonstration de notre joie pour les mitsvot a le pouvoir de nous faire gagner une nouvelle année de vie !

-> Le rav Steinman note qu'un aspect crucial du couronnement d'Hachem est le sentiment d'humilité.
Il dit que l'on peut prononcer toutes les prières de Roch Hachana en se disant à soi-même : "Bien sûr, je veux qu'Hachem soit le roi du monde, mais je me débrouille très bien. Je suis en bonne santé, j'ai un bon travail, je vis dans un bon quartier, mes enfants étudient dans de bonnes écoles, je ne m'inquiète pas pour moi."
Cela est de l'orgueil (gaava), et cela nous empêche de couronner Hachem comme roi sur nous-mêmes. En effet, le Ramban (Iguéret haRamban) écrit que quiconque éprouve de l'orgueil devant Hachem se rebelle contre Lui. Rien ne peut être plus éloigné que de couronner Hachem ...
[ Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" - guémara Sotah 5a]

-> Le rav 'Haïm Friedlander était très malade, et Roch Hachana approchait. Dans son état de faiblesse, il ne pouvait pas se lever devant la yéchiva et parler. Au lieu de cela, il écrivit la lettre suivante à ses élèves :
"À Roch Hachana, nous devons avoir le sentiment que nous n'avons aucun mérite, aucun crédit à notre actif. Personne ne sait ce qui va se passer, même si l'on croit que sa situation physique est parfaitement sûre. Même si les choses vont bien pour nous, personne ne peut savoir ce qui se passera à l'avenir.
En vérité, Hachem m'a facilité la tâche cette année, car ma situation est vraiment à ce niveau.
Cependant, nous devrions tous essayer de sentir que nous sommes à ce stade, que nous n'avons rien du tout. En faisant cela, nous pourrons tous mériter d'être ensemble au cours de l'année à venir."

[divré Torah du rav Moché Krieger]