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Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem

+ Prendre le deuil de Jérusalem = se lier avec Hachem :

-> Le 'Hatam Sofer (drachot 7 Av - 5560) écrit :
Il est dit : "oz vé'hédva bikomo" - Divré haYamim I 16,27).
[selon le Avot déRabbi Nathan (34,9), le terme : 'hedva (חדוה) est l'un des 10 termes hébraïques signifiant : joie.]
Ainsi, ce verset signifie : "Force et joie emplissent Sa résidence".

Hachem réside dans la joie, et nos Sage disent qu'Hachem ne réside pas dans les endroits où il y a de la tristesse. [à l'image de Yaakov dont la Présence Divine l'a quittée pendant les années où il était triste de la perte de Yossef. ]
Néanmoins, le 9 Av est appelé : "yom mar" (un jour amer - יום מר). Par conséquent, il est approprié pour tous les gens amers et brisés de pleurer et de se lamenter en ces jours où Hachem est également en deuil.
Le 'Hatam Sofer ajoute : "S'ils le font, leur deuil s'élèvera très haut. Ils ne le voient pas, mais leur mazal le voit, et ils entendront la voix d'Hachem qui pleure avec eux".

[ainsi, nous sommes très proches d'Hachem lorsque nous portons le deuil le jour du 9 Av.]

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-> Rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has 378,380) écrit :
"L'endroit où réside Hachem, tous les anges du Ciel s'y trouvent.
En ce jour [du 9 Av], si l'on peut dire, Hachem pleure. Par conséquent, lorsqu'une personne se trouve également dans ce lieu [de deuil], elle est protégée [parce qu'elle est avec Hachem].
Rire le jour du 9 Av est dangereux (sakana néfachot) car lorsqu'on est avec le roi, on est protégé, mais lorsqu'on est éloigné du roi, on n'a pas de protection. Et en ce jour, la Ché'hina est si l'on peut dire, assise sur la terre [et le seul moyen de se connecter à Elle est par le deuil]".

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-> Il est dit que le 9 Av est "appelé un moed" (kara alaï moéd - un jour de fête - Eikah 1,15).
C'est pourquoi le Choul'han Aroukh (559:4) déclare : "Nous ne disons pas de ta'hanoun ou de séli'hot le jour du 9 Av parce qu'il est appelé moéd (un jour de fête)"

=> Comment de fait-il que le 9 Av est considéré comme un jour de fête, alors qu'il semble plutôt être le contraire de cela!

-> Rabbi Mordé'haï Gifter zt'l répond que "moéd" (מועד) a deux traductions.
Il signifie : un lieu de rassemblement (comme Ohel Moéd - מועד אהל), et également : "moéd" désigne les jours spéciaux de l'année où nous nous rassemblons et nous connectons avec Hachem.
Pendant les yamim tovim, nous nous lions avec Hachem dans la joie, et le jour du 9 Av, nous nous connectons à Hachem dans le deuil.
C'est un moment particulier, car nous nous attachons avec Hachem, mais au lieu d'utiliser pour cela la joie, en ce jour nous utilisons le deuil (ex: avoir le coeur brisé, voir même en arriver à pleurer).

-> La Méguila du 9 Av s'appelle : Méguilat Eikha (מגילת איכה), et de nombreux kinot commencent par le mot "Eikha" (איכה).
Dans la Torah, Hachem demande à Adam après sa faute : "Où es-tu?" (ayéka - איכה - Béréchit 3,9).
[eikha et ayéka ont les mêmes lettres. ]

Le Zéra Kodech (Dévarim) explique que tout au long de l'exil, Hachem demande : "Ayéka?" (où es-tu? - איכה).
Si l'on peut dire, Hachem nous cherche, se demandant pourquoi nous sommes si éloignés de Lui.
Il nous cherche jusqu'à ce qu'Il nous trouve, comme il est dit : "J'ai trouvé Israël" (matsati Israël - Hochéa 9,10).
Et quand Hachem nous trouve, Il voit que tout au long du l'exil, nous étions également constamment en train de Le chercher.
Nous demandons toujours : "Où est Hachem pour que nous puissions L'exalter?" (ayé mékom kévodo léaaritso - איה מקום כבודו להעריצו).

Hachem et les juifs se cherchent et aspirent au fond d'eux à ce moment où nous pourrons totalement nous unir ensemble.
Le jour de 9 Av, nous nous unissons dans le deuil, tandis que les jours de Yom tov, nous nous unissons dans la joie, et lorsque le Temple sera reconstruit, nous nous unirons dans son mode parfait, au milieu d'une joie immense, totale.

-> Le Avodat Israël (Avos 3:1) décrit la avoda des 3 semaines (17 tamouz au 9 av) et du 9 Av par un machal :
Un père a jeté des diamants à la poubelle et a demandé à son fils de chercher dans les ordures, de les trouver et de les nettoyer. C'était un travail difficile et inconfortable.
Le fils recevra certainement une grande récompense pour avoir fait cela pour son père, plus importante que s'il avait servi son père d'une autre manière.
Ceci décrit la avoda des 3 semaines et du 9 Av. C'est une période creuse, une période difficile, mais la avoda est très précieuse.

Le Avodas Yisrael conclut : "Ce qu'une personne peut réparer le jour du 9 Av, qui est un jour bas [en joie], on ne peut pas le faire même à Sim'hat Torah (moment d'apothéose de joie, clôturant les fêtes de Tichri)".

[ainsi, en comparaison des Yom Tov c'est pas très "agréable" de s'attrister sur le Temple (on préfère se réjouir), mais c'est justement cela qui fait que l'impact et la valeur aux yeux d'Hachem est plus grande.]

Reconstruire Jérusalem avec nos larmes

+ Reconstruire Jérusalem avec nos larmes :

-> La guémara (Makot 24) dit :
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua et Rabbi Akiva se rendirent à Jérusalem. Lorsqu'ils arrivèrent au mont du Temple, ils virent des renards sortir des Saints des Saints (kodech Kodachim).
Rabban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabbi Yéhochoua pleuraient. Rabbi Akiva riait.
Ils demandèrent à Rabbi Akiva : "Pourquoi riez-vous?"
Rabbi Akiva demanda : "Pourquoi pleurez-vous ?"
Ils dirent : "L'endroit à propos duquel il est écrit : "l'étranger qui s'approchera mourra" (Kora'h 18,7) [seuls les Cohanim ont l'autorisation de s'y rendre et toute autre personne mourra], or il y a des renards qui gambadent tout autour. Ne devrions-nous pas pleurer [d'une telle vision]?"

Rabbi Akiva répondit : "c'est précisément pour cela que je ris".
[rabbi Akiva leur expliqua que lorsqu'il voit que les prophéties de la destruction du Temple se sont produites, il se sent confiant dans le fait que les prophéties de la guéoula se produiront également. ]

-> D'après les mots de Rabbi Akiva : "c'est précisément pour cela que je ris" = il semble qu'il riait parce qu'ils étaient en deuil.
Rabbi Israël de Tchortkov explique que Rabbi Akiva se réjouissait que les juifs soient en deuil à cause de la destruction du Temple parce que ces larmes permettent de construire le 3e Temple.

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-> Le Chla haKadoch (Massékhet Taanit - Ner Mitsva - n°33) explique que nous ne pleurons pas le Shabbath parce que le deuil construit le Temple, et qu'il est interdit de construire le Temple le Shabbath.

-> "Hachem construit Jérusalem, Il rassemblera les exilés d'Israël" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness) - Téhilim 147.
Le 'Hatam Sofer (drouch 7 Av - 5599) demande : normalement ce verset devrait être au futur et l'on devrait dire : "yibané Yérouchalayim Hachem" (Hachem construra Jérusalem [avec la venue du machia'h]). Alors pourquoi en réalité ce verset est écrit au présent : "boné Yérouchalayim" (Hachem construit Jérusalem [maintenant]).

Nos Sages nous disent que le 3e Temple descendra du ciel entièrement construit (voir Rachi sur Rosh Hashanah 30).
Hachem construit le 3e Temple au Ciel ; les matériaux de construction sont nos larmes et notre deuil.
Pendant 2 000 ans, nous prenons le deuil et pleurons pour le la destruction du Temple. Hachem prend toutes ces larmes et ce deuil, et Il construit avec cela le 3e Temple dans le ciel, brique par brique, pierre par pierre, et lorsqu'il sera achevé, il descendra du ciel.
Comme il est écrit dans le Zohar (vol.2,p.12b) : "La délivrance des juifs dépend uniquement des pleurs".

[notre yéter ara nous pousse à nous dévaloriser en nous laissant penser : à quoi ça sert de pleurer pour le Temple? (les tsadikim oui, mais toi,!). Mais la réalité c'est que lorsque le Temple sera reconstruit on verra toutes les pierres, tous les embellissement du Temple, que nos larmes auront permis de faire. Quelle fierté éternelle!! ]

[Les séfarim disent que bien que nous soyons en deuil et que nous pleurions, nous ne devons pas tomber dans la tristesse du désespoir (cela provient de notre yétser ara, pour nous faire désespérer de toute spiritualité). La limite entre les deux peut être très fine, mais l'essentiel est de garder de l'espoir, de la foi en Hachem.
[ex: conscient de l'énorme perte, de la douleur d'Hachem d'être en exil, alors je suis très très triste, mais d'un autre côté je sais que Hachem a fait cela pour notre bien, et qu'à tout moment la guéoula peut arriver. Je descend bas bas dans la tristesse, mais je ne me laisse jamais noyé par le désespoir, la négativité. ]

Le 'Hazon Ich (Maassé Ich, vol.4) prouve cela à partir de la guémara (Shabbos 30b) qui dit : "la Ché'hina ne réside pas s'il n'y a pas de joie", et un prophète doit être dans un état de joie pour recevoir sa prophétie.
La question est de savoir comment Yirmiyahou HaNavi a pu recevoir la prophétie de la Méguilat Eikha, alors qu'il était certainement en train de pleurer et de se lamenter lorsqu'il a reçu cette prophétie (en plus de la destruction du Temple, il y est décrit en détails les souffrances atroces des juifs de l'époque).
Il faut croire que l'on peut pleurer et se lamenter tout en étant joyeux. ]

"Si notre seule faute était de ne pas pleurer suffisamment pour Jérusalem, ce serait une raison suffisante pour que l'exil continue.
À mon avis, c'est la cause la plus logique et la plus évidente de tous les souffrances que nous rencontrons dans l'exil.
Si nous n'avons jamais de répit face aux non-juifs, où que nous vivions., c'est parce que le deuil [du Temple] a quitté nos cœurs ".
[Yaavets - Siddour Beit Yaakov - 9 Av - 6,16]

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-> Rabbi Shimshon Pinkous (Galout véNéchama) écrit :
"Si quelqu'un n'est pas capable de se lamenter et de pleurer pendant Bein haMétsarim (du 17 tamouz au 9 av) pour la destruction du Temple et l'exil de la Chéhina, il devrait s'asseoir sur le sol et pleurer amèrement sur sa destruction personnelle qu'il est incapable de pleurer, et dont il ne se soucie pas, et ne peut pas s'associer au deuil de la destruction du Temple".

Rabbi Shimshon Pinkous écrit que lors d'une lévaya, seule la famille ou les amis très proches de la personne décédée pleurent véritablement.
De même, pendant ces jours de deuil, ceux qui sont proches d'Hachem se lamentent et pleurent, mais ceux qui se sentent détachés de toute cette affaire ne pleurent pas.
Le rav Pinkous écrit : "Nous pouvons mesurer l'attachement d'une personne à Hachem par la mesure dans laquelle elle pleure [la perte du Temple]".

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-> "Pour pleurer correctement Jérualem, il faut penser à la sainteté qui nous fait défaut [an le Temple] ...
Nous ne sommes pas aussi proches d'Hachem que nous l'étions auparavant".
[Tiferet Shlomo]

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach vol1, p.253) écrit :
"Le fait que quelqu'un ne comprenne pas, ne ressente pas plus que cela la désolation de la destruction du Temple ('hourban), cela est ainsi [à cause de nos nombreux péchés].
Nous ne ressentons pas le 'hourban, nous sommes comme un idiot qui ne ressent pas sa douleur.
Certains tsadikim avaient une compréhension totale et reconnaissaient la perte terrible causée par le 'hourban.
Si nous comprenions tout ce que nous avons perdu, le manque de perfection, ... nous ne voudrions ni manger ni boire, mais plutôt nous rouler par terre de détresse".

-> Une fille de 16 ans qui a perdu son mère à l'âge de 12 ans, a dit à son père :
"Je me sens mal pour mes jeunes frères et sœurs. Jusqu'à ce que ma mère soit décédée, j'étais assez âgée pour apprécier son amour, et je sais ce qui me manque maintenant.
Mais les jeunes frères et sœurs connaissent à peine l'amour de leur mère ; ils ne savent pas ce qui leur manque."

=> Cela illustre ce que nous ressentons en exil, nous avons perdu tant de choses à cause de la destruction du Temple, et nous n'avons aucune idée de ce que nous avons perdu!

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-> Pendant les 9 premiers jours du mois d'Av, alors qu'ils rentraient à pied du Kotel, le rav Shlomke de Zvhill dit à son chamach : "As-tu vu? Même les pierres du Kotel pleuraient!"

9 Av – L’orgueil = la racine du mal

+ 9 Av - L'orgueil = la racine du mal :

-> Nous savons que la sinat 'hinam (haine gratuite) est la raison pour laquelle le Temple n'a toujours pas été reconstruit. La plupart des sinat 'hinam que nous avons les uns pour les autres commencent par l'orgueil (gaava).
Le Or'hot Tsaddikim commence son livre en discutant de la gaava. Il dit qu'il n'y a pas de middah pire que l'orgueil, parce que c'est la cause de tant de mauvais comportements.
Pourquoi les gens ont-ils du mal à s'entendre? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas dit bonjour?
Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas laissé passer en premier dans la file d'attente? Comment se fait-il qu'il ne m'ait pas acheté un cadeau? Comment se fait-il qu'il n'ait pas fait ceci ou cela pour moi?
Savez-vous qui je suis? Savez-vous ce que je fais?

Le rav Chatzkel Levenstein dit que toutes les mauvaises actions découlent de l'orgueil. Mais comment travailler sur la gaava?
Tout d'abord, nous devons faire la différence entre l'orgueil et l'estime de soi.
Parce qu'on est censé avoir de l'estime de soi, n'est-ce pas ? Mais n'est-elle pas en réalité de la gaavah?
Non, pas du tout. L'estime de soi, c'est avoir confiance en soi (avoir conscience des qualités et capacités que D. nous octroie). Vous vous sentez capable d'accomplir quelque chose.
Cela ne signifie pas que l'on pense que les autres ne sont pas assez bons ou que l'on peut faire mieux que les autres. C'est ce qu'on appelle la gaava.
L'orgueil, c'est quand on pense : "Je suis le seul à pouvoir le faire, personne ne peut le faire comme moi."
Il y a beaucoup de gens qui peuvent faire beaucoup de choses dans ce monde. Il faut avoir confiance en soi. Il faut se sentir à l'aise avec soi-même, croire en soi. C'est ça l'estime de soi.
Lorsque vous regardez quelqu'un d'autre de haut et que vous pensez que vous êtes le seul à en être capable, c'est de la gaava.
[l'estime de soi amène à agir au mieux selon nos capacités, tandis que l'orgueil n'améliorer pas nos actes (on savoure d'être supérieur à autrui plutôt que d'assumer en action cela, on s'octroie ce que Hachem nous donne, ...). ]

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+ Savoir dire : "merci" :

-> Alors, comment travailler sur l'orgueil?
Je crois que la réponse est la reconnaissance : dire merci.
Si vous reconnaissez toutes les personnes qui font des choses merveilleuses pour vous, l'orgueil disparaît, parce que vous remerciez toujours les gens pour ce qu'ils ont fait pour vous.
Vous reconnaissez toujours que vous avez besoin de l'aide d'autres personnes et que vous ne pouvez pas tout faire vous-même.
[...]
Le Sforno dit que la raison pour laquelle les juifs sont appelés Yéhoudim, est parce que cela vient du mot : "hodaa" (remercier). [ = reconnaître que nous sommes redevable d'autrui ]
Par ce petit geste, nous pouvons minimiser notre orgueil [naturelle]. Ensuite, nous pourrons commencer à nous aimer les uns les autres, à nous préoccuper des autres et à construire notre Temple personnel intérieur. Cela nous mènera à notre but ultime, la construction du Temple à Jérusalem.
[d'après le rav Paysach Krohn]

Shabbath ‘Hazon

+ Shabbath 'Hazon :

-> Apparemment, ce Shabbath [précédent le 9 Av] est appelé : Shabbath 'Hazon, en raison de la haftara qui y est lue et qui commence par : 'hazon Yéchayahou (חזון ישעיהו).

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Eikha) pose la question suivante : "Pourquoi ce Shabbath est-il appelé 'hazon (vison), car il n'évoque certainement pas l'éloge de Israël?"
En effet, on va lire la haftara qui annonce de mauvaises nouvelles : la future destruction du Temple?
[ainsi, est-ce que le nom de ce Shabbath renvoie à cette vision prophétique du prophète Yéchayahou, en raison du mauvais comportement des juifs? (selon nos Sages, chaque génération où le Temple n'est pas reconstruit, c'est comme s'il avait été détruit maintenant. Donc ce message d'avertissement s'applique aussi à nous! )]

-> Le Kédouchat Lévi répond que : 'hazon, qui signifie "vision", fait référence à la merveilleuse vision des récompenses futures qu'Hachem montre à chaque juif avant qu'il ne descende dans ce monde.
Il écrit :
"Lorsqu'une âme juive est envoyée dans ce monde, Hachem lui montre les récompenses : le grand bien caché qu'elle recevra après avoir gagné la grande guerre [dans ce monde, contre le yétser ara].
Ils [es juifs] méritent cette récompense parce qu'ils aiment Hachem, et que leur désir est uniquement pour Lui ..."

Et en réalité, Hachem ne nous montre pas cette vision qu'une seule avant que nous ne descendions dans le monde (avant notre naissance). Chaque année, lors du Shabbat 'hazon, Hachem montre à l'âme de chaque juif les récompenses de l'avenir.
Ainsi, en ce Shabbath, alors que nous nous souvenons de la destruction du Temple, nous nous rappelons de la grand récompense/mérite qui nous attend dans le futur.
Le machia'h nous délivrera de l'exil ; des temps meilleurs approchent, et les récompenses seront énormes.

-> Le Kédouchat Lévi (drouché Tsémé'h Tsaddik, Eikha) explique que ce Shabbath, Hachem montre à [l'âme de] chaque juif comment le monde sera lorsque le 3e Temple sera construit.
Shabbat 'hazon signifie le Shabbat de la visualisation, car nous pouvons voir le monde futur.

-> Le Kédouchat Lévi raconte également le machal suivant :
Un roi avait confectionné les plus beaux vêtements pour son fils. Mais le fils ne comprenait pas la valeur des vêtements, et à cause de sa négligence, il a déchiré et taché son costume coûteux.
Le père fit faire un autre costume pour son fils, mais celui-ci s'abîma également. Le roi lui fit faire un troisième costume, mais cette fois, il le suspendit dans un endroit sûr.
De temps en temps, il le sortait et disait à son fils : "Vois-tu ce costume majestueux? Il n'y a rien de comparable. Je l'ai fait spécialement pour toi. Lorsque tu t'amélioreras et que je verrai que tu sais en prendre soin, je te le donnerai."

L'explication (nimchal) est la suivante : Hachem nous a donné le premier et le deuxième Temple, mais nous n'avons pas été assez prudents avec eux, et ils nous ont été enlevés.
Hachem, dans Sa compassion, a préparé un troisième Temple pour nous, mais il ne nous l'a pas donné, pas encore.
Chaque année, lors du Shabbat 'hazon, Hachem nous montre à l'âme de chaque juif, le troisième Temple.
Hachem dit : "C'est à vous de décider. Si vous ne vous salissez pas par vos fautes, je le ferai descendre du ciel" .
[ Tséma'h Tsadik (drouché Eikha), qui l'a entendu de son père, qui l'a entendu directement du rav de Berditchev]

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-> Le Ohev Israel écrit :
"Au Ciel, Shabbath 'hazon est le plus grand Shabbath de l'année" (שבת חזון הוא יותר גדול במעלה מכל
שבתות השנה).
Pour nous, il semble que le Shabbat 'hazon (dernier Shabbath avant le 9 av) soit le Shabbat le plus triste de l'année, car c'est le Shabbat qui précède la destruction du Temple.
Comment pouvons-nous dire qu'il s'agit d'un Chabbat exalté?
Le midrash dit : "Le peuple juif n'a jamais connu une fête comme celui de la destruction du Temple" (לא היה יום מעוד לישראל כיום שנחרב בית המקדש).

=> Nous avons donc deux questions à poser : Comment pouvons-nous dire que le Shabbat 'hazon, le Shabbat qui se trouve dans les 9 jours de Av, est le plus grand Shabbat de l'année? Et pourquoi la destruction est-elle considérée comme une fête très spéciale pour la nation juive?

-> La guémara (Yébamot 62) dit que lorsqu'un mari prévoit de voyager, il doit montrer son amour à sa femme avant de partir. En effet, avant le départ, l'amour augmente.
Sur la base de ce concept, le Ohev Yisrael explique que lorsque le Temple était sur le point d'être détruit, et qu'il allait y avoir une séparation entre Hachem et la nation juive, c'est à ce moment-là que leur amour était le plus fort.

Nous comprenons maintenant la qualité unique du Shabbath 'hazon, et pourquoi le jour de la destruction est appelé un jour férié (yom moéd).
Avant la destruction du Temple, l'amour entre Hachem et la nation juive était à son apogée.
La Guemara (Bava Basra 99a) nous parle d'un miracle qui s'est produit avec les kérouvim (les deux chérubins qui étaient perchées au-dessus de l'aron). Bien qu'ils aient été faits d'or, ils avaient de la vie et pouvaient bouger, dans une certaine mesure.
Parfois, les 2 kérouvim se faisaient face, et parfois, ils se détournaient l'un de l'autre.
La guémara explique : lorsque les juifs faisaient la volonté d'Hachem, ils se faisaient face. Lorsqu'ils ne faisaient pas la volonté d'Hachem, ils se détournaient l'un de l'autre.

Le premier Temple a été détruit à cause de l'idolâtrie, du meurtre et des relations interdites (arayot). C'était manifestement une époque où la nation juive ne faisait pas la volonté d'Hachem. Il est donc certain que les kérouvim se sont détournés les uns des autres.
Mais la guémara (Yoma 54b) déclare : "Lorsque les non-juifs sont entrés dans le Kodech Kadochim (saint des saints), ils ont trouvé les kérouvim en train de s'embrasser".
Les richonim demandent : comment est-ce possible? À ce moment-là, alors qu'ils étaient en train de fauter (provoquant la destruction du Tmple), les Kérouvim auraient dû se détourner les uns des autres!

Selon le Ohev Yisrael, l'explication peut être :
C'était le moment moment avant la séparation lorsque l'amour était puissant. Les kérouvim ont démontré cet immense amour en se regardant l'un l'autre.
[avant une séparation pour un voyage dans l'exil, alors Hachem a laissé éclater Son amour pour chaque juif! ]

-> Le moment où 2 êtres qui s'adorent vont être séparés pour longtemps, et symbolisé par le fait qu'ils se prendre avec émotions l'un dans les bras de l'autre.

Rabbi 'Haïm de Volozhin (Nefesh HaChaim 1,8) écrit :
"On sait qu'un chérubin (kérouv) représente Hachem et l'autre la nation juive.
Le degré de proximité et de connexion du peuple juif avec Hachem, ou D. préserve, le contraire, a été miraculeusement et merveilleusement observé par la position des kérouvim. Lorsque les yeux de la nation juive étaient tournés vers Hachem, les kérouvim se faisaient face.
Mais si la nation juive se détournait, ou si elle se tournait légèrement sur le côté, cela était immédiatement reflété par les kérouvim. Si, 'has véshalom, ils se retournaient complètement, les Kérouvim se détourneraient soudain complètement les uns des autres".

[ainsi, Shabbath 'hazon (vision) = chaque âme juif voit Hachem, les yeux dans les yeux, à l'image des kérouvim.
Et cela à l'image d'une femme qui voit partir son mari pendant longtemps, et qui lui vide son coeur d'amour, de même Hachem révèle à chaque âme tout l'amour infini et l'impatience de nous revoir qu'Il a (même envers le juif le plus fauteur).
Shabbath 'hazon = Hachem nous exprime que quoique nous ayons pu faire dans la vie, Il nous aime de façon identique, et Il est dans l'attente de notre téchouva (retour à D.), prière (pour avoir la guéoula, il faut forcément la demander!), pour pouvoir enfin se retrouver éternellement.]

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-> Rabbi Yonathan Eibshitz propose une autre explication (pourquoi les kérouvim se faisaient face avant la destruction du Temple).
La guémara (Yérouchalmi Taanis 4,5) dit que pour le premier Temple, les murs de Jésuralem ont été percés le 9 Tamouz, et que les Babyloniens sont entrés dans le Temple 21 jours plus tard, à Roch 'hodech Av.
C'est à ce moment-là qu'ils ont vu les kérouvim s'enlacer. Mais ils n'ont pas détruit le Temple immédiatement. La destruction ('hourban) a eu lieu neuf jours plus tard, le 9 Av.

Roch 'hodech Av (lorsque les Babyloniens sont entrés pour la première fois dans le Temple) était Shabbath. Nous le savons parce que la guémara (Taanis 29a) nous dit que la destruction du premier et du deuxième Temple a eu lieu un dimanche, le 9 avril. Cela signifie que Roch 'hodech Av était un Shabbath.

Rabbi Yonathan Eibshitz explique que les kérouvim se faisaient face, malgré les fautes des juifs, parce que c'était Shabbath, et que Shabbath est un jour de perfection. C'est comme s'il n'y avait pas de fautes.
Par conséquent, les Kérouvim peuvent se faire face.

-> Dans la paracha Pin'has, les sacrifices moussaf des fêtes sont énumérés, et chaque fête a un korban 'hatat, un sacrifice pour l'expiation [des fautes du peuple]. L'exception à cette règle est le Shabbath.
Pourquoi à Shabbath n'est-il pas nécessaire d'apporter un korban 'hatat?

Le Ramban (Pin'has 28,2) écrit : "Le [service au Temple du] moussaf de Shabbath n'a pas de korban 'hatat comme toutes les autres fêtes parce que l'assemblée juive (Knesset Israël) est comme l'épouse d'Hachem, et tout est paix".
L'écriture de ce Ramban est kabbalistique, mais il semble que son intention soit que le Shabbath il n'y a pas de péchés, et donc il n'y a pas besoin d'un korban 'hatat.
[n'oublions pas que pour un juif, le jour du Shabbath est une autre réalité que celle des autres jours de la semaine. ]

-> Le Tiféret Shlomo enseigne que le Shabbath, c'est comme si le Temple était encore debout.
Le Tiféret Shlomo écrit :
"Il est expliqué dans les écrits du Arizal qu'à notre époque, bien que le Temple ait été détruit et que nous n'ayons pas la avoda (service) et les korbanot, néanmoins, rien ne manque le jour du Shabbath.
Shabbath nous ramène à l'époque d'Adam gaRishon avant sa faute.
C'est la signification du verset : "Vous garderez Mon Shabbath et craindrez Mon Mikdash" (Béhar 26,2) = cela nous dit que lorsque vous faites Shabbath, c'est comme si vous étiez dans le Temple reconstruit.
Le Shabbath en exil est encore plus grand [que le Shabbath à l'époque du Temple] ... L'amour est plus parfait ...
Lorsque nous acceptons le Shabbath correctement et avec joie, cela sera considéré comme si nous avions assisté à la reconstruction de Jérusalem.

Dans l'exil, les Shabbath sont plus grands que lorsque le Temple était debout.
C'est l'intention du verset (Bé'houkotaï 26,34) :
"az" (אז) = dans l'exil ;
"tirtsé aarets ét shabétotéa" = les Shabbath seront désirés ;
"kol yémé hachana" = tous les jours où nous serons dans la désolation de l'exil".

[ nous le disons dans le birkat hamazon : "il n'y aura pas d'angoisse ni de soucis le jour de notre repos [à Shabbath]. Hachem nous montrera la construction de Jérusalem [le Temple]" (chélo téé tsara véyagon vaana'ha béyom ménou'haténou, our'énou Hachem Elokénou béné'hamat tsion).
Le Tiféret Shlomo explique que cela signifie que lorsque nous célébrons Shabbath avec joie, c'est comme si nous avions vu la reconstruction du Temple, en ce jour.]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
L'explication est que lorsque le Temple se dressait, et que tous les jours de la semaine étaient bons, nous n'appréciions pas Shabbath autant que lorsque nous sommes dans l'exil. [le Temple était dans l'espace ce que le Shabbath est dans le temps, et ainsi sans le Temple nous sommes dans l'obscurité et l'on apprécie davantage la lumière spirituelle du Shabbath. ]
De plus, aux yeux d'Hachem, la joie des Shabbath en exil est plus grande que celle des Shabbath lors qu'il y avait le Temple.

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-> Et cela s'applique tout particulièrement pendant les Shabbath des 3 semaines (du 17 tamouz au 9 av), qui sont des moments très élevés et joyeux.
Le Tiféret Shlomo (Dévarim - Shabbath 'Hazon) écrit qu'il y est fait allusion dans les mots du chant de Shabbath "lé'ha dodi" : "rav la'h chévét béémék aba'ha" (רב לך שבת בעמק הבכא - qui peut se traduire par : "Combien grand est le Shabbath dans la vallée des pleurs)

Le Tiféret Shlomo écrit :
"Les jours de la période de bein hamétsarim entre le 17 Tamouz et 9 Av, sont les 'émék aba'ha, (la Vallée des pleurs [moment où l'on se désole particulièrement sur la destruction du Temple]), et c'est alors que רב לך שבת, =que les shabbath (שבת) sont si élevés.

Les Shabbath de bein hamétsarim sont plus importants que les autres Shabbat de toute l'année.
C'est parce qu'il y a beaucoup de douleur/souffrance pendant les jours de ces semaines, de sorte que le Shabbath, il y a beaucoup plus de joie dans le ciel ...
Le souffrance des gens devrait être que la Ché'hina est en exil. Cependant, le Shabbat, la Ché'hina est heureuse, et nous devons donc l'être aussi. Et lorsque nous sommes heureux/joyeux le Shabbath, cela provoque une joie encore plus grande pour Hachem".
[d'une certaine façon, pendant ces semaines on rendre dans les détails d'à quel point c'est triste d'être en exil, de ne plus avoir le Temple, d'avoir Hachem qui souffre de nos souffrances d'être sans domicile fixe, ... et alors forcément vu que cela ne s'applique plus à Shabbath alors on est encore plus heureux que de normal, l'appréciant davantage la réalité de ce jour. Et de même que Hachem est avec nous dans la souffrance, Il est avec nous dans notre réjouissance à Son sujet. ]

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-> Le point culminant de Shabbath se situe dans l'après-midi, à l'heure de la 3e séouda.
En effet, l'après-midi est généralement un moment de din (jugement sévère), et le Shabbath transforme ce moment en ra'hamim (miséricorde).
Chaque fois que le din se transforme en ra'hamim, il s'agit d'un moment exceptionnel.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Rabbi Bounim de Pschisha enseigne que pendant les 3 semaines, les 24 heures de la journée sont un moment de din, et le Shabbath transforme le din en rachamim.
[en temp normal, c'est dans l'après-midi qu'il a beaucoup de din et de rigueur, et le Shabbath transforme le din en ra'hamim. ]
C'est pourquoi, pendant les 3 semaines, tout le Shabbath est un moment spécial et sacré, semblable au temps de la 3e séouda de Shabbath.
[en cette période il y a davantage de din sur le peuple juif, et donc à Shabbath cela se transforme en davantage de miséricorde d'Hachem, et c'est donc des Shabbath particulièrement élevés pour nous!
Dans la rigueur, papa Hachem cache de grandes miséricordes (les forces du mal ne s'y opposant pas car elles ont aussi reçu beaucoup de rigueur), alors tâchons d'en profiter (au point même qu'on peut provoquer plus facilement la venue du machia'h, avec la reconstruction du Temple!).]

==> Combien cela s'applique au Shabbath qui est dans la période des 9 jours avant le 9 Av, et qui est le dernier sprint des 3 semaines, dans la douleur et la tristesse qui a amené à la profanation et la destruction du Temple, et donc notre exil depuis lors avec tous les malheurs et les souffrances qu'on a pu connaître.
[ce Shabbath 'hazon nous voyons à quel point le jour du Shabbath est grand au point de mettre en parenthèse même les fautes menant à la destruction du Temple, et à quel point Hachem nous aime et a envoie de nous voir proches de Lui. ]

-> Le rabbi de Bobov conseillait d'accepter le Shabbath plus tôt à Shabbath 'Hazon, et ce afin de transformer le deuil/rigueur supplémentaire de cette période en un temps de joie plus fort que d'habitude.

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-> Le ‘Hatam Sofer enseigne : "C’est pourquoi, si je ne craignais pas (de l’innover), je dirais que le jour du 9 Av en lui-même est un jour de joie et d’allégresse puisqu’il est dit à son sujet : "Ta faute est expiée, fille de Sion, Il ne continuera pas à t’exiler".
Mais le deuil et les pleurs de chaque année portent sur la nouvelle destruction, par nos grandes fautes. Car chaque jour, la malédiction est plus grande que la veille et c’est comme si chaque année, le Temple était à nouveau détruit.
Cela signifie qu’il conviendrait en réalité de se réjouir en ce jour sur la destruction passée, mais, comme nos fautes ont retardé le terme de notre délivrance et ajoutent de l’affliction à nos péchés, le deuil actuel repousse la joie passée".

[ ainsi, le message du Shabbath 'hazon, est que nous voyons ('hazon) que toute souffrance que nous pouvons avoir dans notre vie n'est en réalité qu'une petite portion de celle que nous mériterions véritablement d'avoir.
Dans le futur nous verrons à quel point ce qui a pu nous arriver était avec précision pour notre bien ultime, et Hachem a tout fait dans Sa compassion et énorme amour pour nous, pour nous réduire/éviter des difficultés, douleur. (comme en témoigne le fait qu'Il a préféré détruire Sa résidence, le Temple!) ]

Le Temple n'avait certainement pas la capacité de gérer l'honneur et la grandeur d'Hachem, comme le dit le verset : "Voici, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent Te contenir".
Néanmoins, par amour pour le peuple juif, Hachem a restreint et habillé Sa Grandeur afin de faire reposer Sa Présence dans le Temple pour révéler Sa Souveraineté ; et afin de révéler Sa Royauté, Hachem a revêtu et restreint Sa Grandeur afin que nous soyons capables de supporter Sa Souveraineté reposant sur nous.
Cependant, lorsque peuple juif a fauté devant Lui, Hachem a révélé Sa grandeur, ne voulant plus se restreindre et se voiler, ce qui a entraîné la destruction du Temple, qui ne pouvait plus supporter l'énorme révélation.
[rabbi Na'hman de Breslev - Likouté Moharan Tinyana 219]

=> Bien qu'il ait pu sembler que les Romains brûlaient le Temple, leur feu n'a en réalité eu aucune conséquence (voir midrach Eikha rabbati 1,43). Ce ne sont pas eux qui ont détruit le Temple, mais plutôt la révélation et le déshabillage de la lumière infinie de D., qui était auparavant enfermée à l'intérieur.

+ Lorsque le Temple était debout, Israël sacrifiait 70 taureaux chaque Souccot, au nom des 70 nations, afin que les nations aient également de quoi se nourrir. En effet, lorsque les juifs vivaient sur leur propre terre [avec le Temple], l'abondance céleste envoyée sur la terre leur parvenait en premier lieu. Les nations du monde recevaient leur part par l'intermédiaire des juifs.

Mais maintenant qu'Israël est en exil, l'abondance va d'abord aux nations, et Israël ne reçoit que ce qui reste. Si les nations du monde s'en emparent les unes des autres, il ne reste pas grand-chose pour les juifs.
[Ben Ich 'Haï - Even Chéléma]

Lachon ara & fin du Temple (selon le Ben Ich ‘Haï)

+Lachon ara & fin du Temple (selon le Ben Ich 'Haï) :

-> Pendant les 40 années qui ont précédé la destruction du [second] Temple, les portes du sanctuaire du Temple s'ouvraient d'elles-mêmes [comme pour inviter l'ennemi à entrer (Rachi)].
Finalement, Rabbi Yo'hanan ben Zakaï les réprimanda. Il dit : "Sanctuaire, Sanctuaire, pourquoi faites-vous une chose aussi effrayante? Je sais qu'en fin de compte, vous serez détruits ..."
[guémara Yoma 39b]

-> Les portes du sanctuaire, lorsqu'elles sont fermées, se rejoignent et se touchent comme 2 lèvres.
Les portes s'ouvrent pour laisser entrevoir que le Temple sera détruit à cause du lachon ara.
Parce que le peuple a ouvert ses lèvres pour dire du mal, les portes du sanctuaire se sont ouvertes pour recevoir le feu qui devait le consumer.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yehoyada]

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-> Qu'Hachem supprime toutes les lèvres douces [ou : divisées], la langue qui parle beaucoup (médabéret guédolot - מדברת גדלות). (Téhilim 12,4)

-> Le mot מדברת (parle), signifie également "conduit/entraîner" ; et réarrangées, les lettres de גדלות (beaucoup), forment ד גלות, (dalét galout - quatre exils) = pour suggérer que les fautes de la langue ont conduit/entraîné aux 4 exils d'Israël.

Le premier Temple a été détruit et le peuple exilé en raison de sa négligence dans l'étude de la Torah, comme il est écrit : "Pourquoi le pays a-t-il péri? Parce qu'ils ont abandonné ma Torah" (Yirmiyahou 9:11-11).
Le lachon ara a également joué un rôle : "Ils ont courbé leur langue, leur arc de mensonge ... Chaque voisin se répand en calomnies" (Yirmiyahou 9:2-3).

Le deuxième Temple a été détruit et le peuple exilé à cause d'une haine infondée et du lachon ara, comme l'illustre le récit de Kamtsa et Bar Kamtsa (Gittin 56a).
[Ben Ich 'Haï - 'Haïm véhaShalom]

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+ Kamtsa et Bar Kamtsa :

-> A cause de Kamtsa et de Bar Kamtsa, Jérusalem fut détruite.
Un homme, ami de Kamtsa et ennemi de Bar Kamtsa. Cet homme préparait un banquet. Il dit à son serviteur : "Va inviter Kamtsa".
Le serviteur alla inviter Bar Kamtsa.
L'homme trouva Bar Kamtsa assis à côté de son banquet.
Qu'est-ce que c'est? s'écria-t-il. "Tu es mon ennemi! Que veux-tu ici? Lève-toi et va-t'en!"
"Maintenant que je suis venu, dit Bar Kamtsa, laisse-moi rester. Je paierai ce que je mangerai et boirai."
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai la moitié de votre banquet", dit Bar Kamtsa.
"Non!" dit l'hôte.
"Je paierai tout votre banquet", dit Bar Kamtsa,
"Non!" dit l'hôte. Il saisit Bar Kamtsa et l'expulsa de force.

Bar Kamtsa alla dire à l'empereur romain : "Les juifs se sont rebellés contre toi."
"Quelle preuve y a-t-il? demanda l'empereur.
"Envoyez un sacrifice, dit Bar Kamtsa, et voyez s'ils l'offrent.
L'empereur envoya un veau de trois ans avec Bar Kamtsa. En chemin, Bar Kamtsa fit un défaut sur la lèvre du veau.
Les non-juifs n'empêchaient pas les animaux présentant une telle imperfection/défaut d'être sacrifiés, mais les juifs le faisaient.
Les Sages pensaient que le veau devait être sacrifié malgré tout, afin d'assurer la paix avec le gouvernement. Rabbi Zacharie ben Avkulas leur dit : "On dira que les animaux avec un défaut peuvent être offerts sur l'autel".

Ils pensaient que Bar Kamtsa devait être tué pour qu'il puisse ne s'en retournerait pas pour le dire.
Rabbi Zacharie leur dit : "On dira que quiconque souille un animal destiné à être sacrifié doit être mis à mort."
Bar Kamtsa envoya un message à l'empereur .... Celui-ci dépêcha Vespasien, qui vint assiéger Jérusalem pendant 3 ans....
Il y avait un groupe de zélotes [à Jérusalem]. Les Sages leur dirent : "Sortons [vers les Romains] et faisons la paix."
Les Zélotes ne laissèrent pas partir les Sages. Au contraire, ils dirent : "Sortons et combattons-les".
Les Sages dirent : "La parole ne sera pas fructueuse."
[guémara Guittin 56a]

=> b'h, nous allons voir quelques explications du Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) :

-> "À cause de Kamtsa et Bar Kamtsa, Jérusalem a été détruite" :
Cette déclaration n'est pas seulement une introduction à l'épisode qui suit. Elle donne une leçon à elle seule : Jérusalem a été détruite à cause d'une écoute imprudente. L'auditeur n'a pas fait la différence entre les mots "Kamtsa" et "Bar Kamtsa".
Choisissez vos mots avec soin. Comme le dit la mishna : "Sages, faites attention à vos paroles!" (Pirké Avot 1,11).
Écoutez aussi attentivement. Le fait de négliger un petit mot peut avoir des conséquences désastreuses.

-> Qu'a fait Kamtsa?
En tant qu'ami proche de l'hôte, Kamtsa aurait pu le convaincre de laisser Bar Kamtsa rester. En ne le faisant pas, il s'est rendu complice de l'infraction. En effet, si une personne est en mesure de protester contre la commission d'un péché mais ne le fait pas, le péché lui est attribué (guémara Shabbat 54b).
Ceci est particulièrement vrai selon l'opinion que Bar Kamtsa (littéralement : "fils de Kamtsa") était le fils de Kamtsa (selon le Maharcha). Le père, qui était certainement conscient des frictions entre son fils et l'hôte, aurait dû essayer de faire la paix entre eux. Il partage donc la responsabilité de la destruction de Jérusalem.

-> L'empereur a envoyé un veau de 3 ans :
Les événements qui ont conduit à la destruction de Jérusalem sont pleins d'allusions au lachon ara.
Le veau de l'empereur romain était âgé de 3 ans et le siège a duré 3 ans = autant d'indices du lachon ara, qui est assimilé aux 3 péchés capitaux (rabbi Yaakov 'Haïm).
Pendant le siège, l'approvisionnement en nourriture de la ville a été interrompu. Pour avoir péché avec leur bouche, les gens se sont vus refuser de la nourriture à mettre dans leur bouche.

-> "La parole ne sera pas fructueuse".
Pourquoi les Zélotes pensaient-ils pouvoir combattre l'armée romaine, pourtant largement supérieure ?
Ils avaient foi en la parole de notre Patriarche Its'hak : "La voix est la voix de Its'hak, ou les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22) = lorsque la voix d'Its'hak s'élève dans l'étude de la Torah, Essav n'a aucun pouvoir sur lui (midrach Béréchit rabba 65,16).

[A l'époque du Temple,] Jérusalem possédait de grands sages de la Michna et l'étude de la Torah y était très répandue. Les zélotes pensaient que cela leur garantirait le succès dans une guerre contre les descendants d'Essav, les Romains.

Ils se trompaient. La cause spirituelle du siège de Jérusalem était le lachon ara (guémara Guittin 55b).
Cette faute de la langue a paralysé le mérite de la mitsva de la langue (l'étude de la Torah) de sorte qu'elle n'a pas eu le pouvoir de vaincre les mains d'Essav.
Les Sages ont donc dit aux Zélotes : "La parole" (la promesse d'Its'hak) "n'aboutira pas".

Le Temple en « trompe l’œil »

+ Le Temple en "trompe l’œil" :

-> Le ‘Hida (Midbar Kedemot - מערכת מ אות מג) écrit que le Temple n’a jamais vraiment été détruit, Hachem ayant envoyé des anges (mala'him) apportant des briques et des pierres ... pour satisfaire les yeux du racha Titus qui voulait détruire le Temple. Cependant, le Temple lui-même fut inhumé (נבלע בארץ).

-> Le Zohar (Pékoudé 240b) révèle qu’aucune nation n’a d’emprise sur les pierres du Temple et ses fondations, et que ce dernier n’a pas été brûlé. Tout est mis de côté. Lorsque Jérusalem et le 3e Temple seront restaurés, ces pierres regagneront leur place.

-> Le Rama miPano (עשרה מאמרות - חקור הדין - 1:26) écrit même qu’une main émergea du ciel pour prendre les clés du Temple (voir guémara Taanit 29a).
Il écrit aussi que les démons (chédim), ont apporté d’autres pierres, et c'est elles qui ont brûlé afin de satisfaire Titus (פלאות התורה - Vayikra - p.845).

-> On peut citer les paroles 'étonnantes' de rabbi Shlomo Kluger (1785-1869), dans le Séfer ‘Hokhmat haTorah (Yitro).
Il écrit s’être vu révéler en rêve que le futur Temple est déjà construit sur le Har haBaït (mont du Temple), mais il demeure mis en réserve et caché.
Il écrit également qu’on lui a montré dans un rêve la montagne où se trouve le Temple, construit et stocké, surplombée par une autre montagne à sa place. Et ce que nous voyons comme le Kotel haMaaravi n’est qu’une illusion (מראית עין), mais la vérité est que tout est "rangé"...
Par conséquent, ce n’est pas étonnant que les arabes y aient construit une mosquée, car la vérité est que cette zone n’est pas vraiment sainte, tout étant caché et mis en réserve. Ainsi, le "ciel" (שמים ) permet aux arabes d’y faire plus ou moins ce qu’ils veulent.

-> Rabbi Shlomo Kluger dit que dans le rêve, ils lui expliquèrent la signification unique de : "Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire d'Hachem rayonne sur toi ... Oui, tandis que les ténèbres couvrent la terre et une sombre brume les nations, sur toi Hachem rayonne, sur toi sa gloire apparaît" (Yéchayahou 60,1-2) = le Temple est appelé La lumière du monde (oro chel Olam - Baba Batra 4a).
Le Temple est déjà construit mais reste invisible à cause de des ténèbres couvrant la terre et du brouillard sur les mers (l'obscurité de notre exil). Mais quand D. rayonnera, il deviendra visible, étant déjà prêt.

La destruction du Temple = une perte pour les non-juifs

+ La destruction du Temple = une perte pour les non-juifs :

-> "A quoi correspondent ces 70 taureaux [offerts pendant Souccot]? Aux 70 nations [non-juives ]...
Rabbi Yo'hanan dit : 'Malheur aux nations, car elles ont perdu [une chose de grande valeur) et ne savent même pas ce qu'elles ont perdu! Lorsque le Temple existait, l'autel faisait expiation pour elles. Que fera expiation pour elles à présent?'"

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-> Selon le prophète (I Melakhim 8.65), c'est à Souccot que fut inauguré le Temple.

-> Le midrach (Avot d'Rabbi Nathan - chap.5) enseigne :
"Tant que le service du Temple se poursuivait, il y avait la bénédiction dans le monde, les prix étaient bas, du blé et du vin en abondance. Les gens mangeaient et étaient rassasiés, les animaux mangeaient et étaient rassasiés ...
Une fois le Temple détruit, la bénédiction a quitté le monde".

-> Les Drachot HaRan (drouch 8 ) disent :
"Lorsque le Temple existait, cette demeure sacrée était un lieu préparé pour recevoir le flux de prophétie et de sagesse, au point que, par l'intermédiaire de cet endroit, le flux se déversait sur tous les Bné Israël".

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-> Selon le midrach (Bamidbar rabba 1,3) si les nations du monde avaient pu apprécier combien de bénédictions elles recevaient du Temple, elles auraient envoyé des bataillons entiers pour veiller à ce que personne ne vienne perturber le Temple.

-> Le midrach Tan'houma (Bé'houkotaï 2) de nous dire que lorsque les juifs fautent et sont punis, les non juifs en souffrent aussi.
[or le Temple avait cette possibilité de nous laver de l'impact de nos fautes ... ]

D'ailleurs, Rabbi Yéhochoua ben Lévi enseigne que si les nations du monde savaient que la raison de leurs souffrances est : les fautes des juifs, elles affecteraient 2 soldats à chaque juif, afin de s'assurer que la Torah soit scrupuleusement respectée.

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-> b'h, voir également : quelques pertes suite à la disparition du Temple : http://todahm.com/2018/08/08/quelques-pertes-suite-a-la-disparition-du-temple