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L’humilité permet de recevoir les bénédictions

+ L'humilité permet de recevoir les bénédictions : (paracha Toldot)

-> Le midrach (Béréchit rabba 65,11-15) dit que lorsque Yaakov est allé voir son père pour lui amener la nourriture : "il était courbé, pleurant et son cœur fondait comme de la cire".

-> Le rabbi de Koziglov (séfer Erets Tsvi) explique à quel point cela devait être humiliant pour Yaakov, lorsqu'il a dû s'habiller comme Essav afin de recevoir les bénédictions.
En effet, Yaakov avait conscience de la grandeur de son père, et celui-ci avait sûrement de bonnes raisons de préférer Essav à lui, pour lui donner les bénédictions aux conséquences énormes pour lui et sa descendance.

A quel point Yaakov a dû être dévasté de se sentir un moins aimé que Essav.
Yaakov étudiait et priait à la maison d'étude, et malgré cela Its'hak semblait aimer davantage Essav.

Le rabbi de Koziglov dit que c'est tous ces sentiments (plus ou moins conscient) d'humilité qui ont rendu Yaakov méritant de recevoir les bénédictions.
En effet, il y a un principe : Hachem accorde Ses bénédictions aux humbles.

=> Le contexte a rabaissé Yaakov, ce qui l'a rendu très humble (ex: il ne pouvait même pas se dire c'est normal, cela me revient de droit grâce à mon étude de la Torah, mes prières, ...), et il était alors un beau et grand réceptacle pouvant contenir les énormes bénédictions de son père.

Le rabbi de Koziglov dit également qu'à chaque fois que nous traversons un moment humiliant [en l'acceptant : sans se révolter contre Hachem, contre la personne qui nous l'inflige], cela va purifier énormément notre âme.
[en plus de créer un grand réceptacle permettant de recevoir les bénédictions d'Hachem]
C'est grâce à cela que Yaakov est devenu pleinement méritant de recevoir des bénédictions aussi énormes!

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne sur ce sujet : l’aptitude d’un homme à recevoir les bénédictions de Yaakov (qui englobent tous les bienfaits matériels et spirituels ensemble) se mesure à sa disposition à se soumettre et à son humilité. Car les actes des Patriarches sont un signe pour leurs descendants.

-> Le Kli Yakar explique d’après cela la raison pour laquelle Yaakov fit passer Efraïm avant l’aîné Ménaché lorsqu’il les bénit. Il est en effet écrit alors : "Lui aussi (Ménaché) sera un peuple et lui aussi sera grand, cependant son petit frère (Ephraïm) sera plus grand que lui".
Le Kli Yakar écrit :
"Car Hachem choisit particulièrement les petits. Et ceux qui possèdent cet aspect de petitesse, Il les élève pour en faire des myriades, comme il est écrit : "Ce n’est pas parce que vous êtes plus nombreux que tous les peuples qu’Hachem vous a désirés, car vous êtes la minorité" (Vaét'hanan 7,7), ou encore : "Le petit deviendra des milliers et le cadet un peuple puissant" (Yéchayahou 60,22).
Cela se réalisa d’ailleurs dans toute la descendance d’Avraham : Yichmaël son aîné fut disqualifié au profit d’Its’hak, Essav l’aîné d’Its’hak au profit de Yaakov, Réouven l’aîné de Yaakov au profit de Yossef, Ménaché l’aîné de Yossef fut béni en seconde place après Ephraïm."

-> "Voyez le parfum de mon fils comme le parfum d’un champ béni par Hachem" (Toldot 27,27)
Rabbi Leïbelé Eiguer (Torat Emet) explique que lorsque Yaakov pénétra chez Its’hak vêtu de la tunique somptueuse de Essav, son coeur était brisé. Le parfum exquis que Its’hak sentit à ce moment-là était précisément dû à ce coeur contrit.
La bonne odeur qui se dégageait de Yaakov à cet instant le fit s’exclamer : "Voyez le parfum de mon fils comme le parfum d’un champ béni", les herbes aromatiques du champ contiennent en permanence leur parfum, néanmoins, lorsque l’on en brise la tige, celui-ci se dégage davantage.
Il en est de même chez chaque juif : lorsque son coeur se brise, une odeur exquise se dégage de son âme avec une intensité redoublée. La prière qui provient de ce coeur contrit, elle aussi, est beaucoup plus acceptée.

-> "Its’hak s’épancha en prières au sujet de sa femme" (Toldot 25,21)
Rachi : "(Its’hak) s’épancha (vayétar) en prières : il abonda en prières avec insistance."
A priori, nos Sages font remarquer, il semble que seulement Its’hak dut faire autant d’efforts dans sa prière et non Rivka. En effet, comme elle était une tsadékète fille d’un racha (Bétouël), son coeur était brisé en pensant à ses origines. Dès lors, sa prière monta directement au Ciel. En revanche, étant tsadik fils de tsadik, Its’hak n’avait pas le coeur aussi brisé que le sien.
Pour cette raison, il dut redoubler d’efforts dans sa prière.

[bien que nous n’ayons pas la moindre idée du niveau d’Its’hak, il nous est permis toutefois de réfléchir à notre propre situation. Et d'en tirer l'énorme puissance d'avoir un coeur brisé, d'être vraiment humble.]

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-> "Hachem répondit à lui" = Hachem a répondu à Its'hak, et ce grâce aux prières de Rivka pour lui, et alors ils ont eu des enfants.
=> Ainsi, les prières de Rivka ont été plus efficaces, grâce à son humilité.

Le Tsémé'h Hachem laTsvi conclut que pour chacun d'entre nous, certes l'ascendance peut être un énorme plus pour nos prière, mais cependant (même pour un enfant de racha) la qualité d'humilité rend une prière incomparativement plus importante.
[le divré Torah complet se trouve : http://todahm.com/2021/11/07/33589 ]

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-> Nos maîtres nous ont enseigné qu'Its'hak et Rivka se sont rendus au Har Hamoria pour prier là-bas. Il lui ligota les mains et les pieds en arrière et supplia que le ventre qu'elle lui présentait ainsi devant lui puisse recevoir des enfants. Grâce à cette prière au Har Hamoria, Rivka guérit.
Its'hak se mit, ainsi que son épouse, dans cette situation délicate dans le but d'augmenter la kavana de son cœur vis-à-vis de la stérilité de sa femme. [augmentant ainsi leur humilité, leur totale dépendance envers Hachem]
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou]

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-> L'humilité permet d'avoir une grâce aux yeux d'Hachem : http://todahm.com/2022/11/17/37889

"Ensuite naquit son frère tenant de la main le talon et on le nomma Yaakov" (Toldot 25,26)

-> Rachi commente : c'est Hachem qui l’a appelé ainsi.

-> "Toutes les fois que Rivka [alors enceinte] se tenait près d'une synagogue ou d'une salle d'étude, Yaakov se débattait pour sortir, et chaque fois qu'elle passait à côté de temples païens, Essav courait et s'agitait pour émerger."
[midrach Béréchit 63,6]

=> Si même avant sa naissance Essav avait une telle tendance au mal (à vouloir rechercher les fautes et à servir de l'idolâtrie), comment alors pouvons-nous le considérer comme coupable de ses mauvaises actions?

-> Le Yichma'h Moché développe les idées suivantes :
Avant sa naissance, Yaakov était totalement bon et Essav complètement mauvais.
Au moment de la naissance, lorsque Yaakov a tenu le talon de son frère Essav, alors il y a eu un transfert réciproque de la naturalité de chacun.
Yaakov a reçu une dose de la méchanceté de Essav, et Essav a reçu une dose de la bonté de Yaakov.
C'est pourquoi après sa naissance, Essav est devenu responsable de ses actes, car il avait du bien en lui, et s'il le désirait il pouvait se focaliser sur ce bien et devenir un tsadik.

De son côté, en tenant le talon, Yaakov a reçu son yétser ara, qui est quelque chose de très précieux aux yeux d'Hachem.
En effet, Il ne manque pas d'anges au Ciel qui Le servent nettement mieux que les humains, mais Hachem prend un plaisir énorme lorsque les gens surmontent leur yétser ara pour le servir.
Une action dans la douleur, dans l'épreuve a beaucoup plus de valeur. Ainsi, lorsque nous surmontons les tests du yétser ara, Hachem est extrêmement fier de nous, et fait nos louanges face à tous les anges : "Regardez comment cette personne est incroyable! Elle me sert malgré les défis et les difficultés! Elle surmonte tous les obstacles et se dévoue à rester fidèle à Ma volonté".

[nos Sages utilisent souvent le multiple de 1 000 pour se rendre compte de la valeur d'une mitsva dans la difficulté. Imaginons que chaque prière prononcée dans la douleur équivaut à 1000 prières normales! Quelle opportunité!
Imaginons que momentanément on nous propose une tâche bien plus désagréable/douloureuse que d'habitude, mais en échange on nous multiplie par 1 000 notre rémunération. Est-ce qu'on s'en plaindrait ou bien qu'on profiterait de cette occasion?
Combien cela est davantage véridique sachant que les conséquences spirituelles vont nous accompagner pour une durée éternelle, et non éphémère! ]

Pendant sa vie, Essav avait pour tâche de suivre la partie de Yaakov qui était en lui.
Il devait faire preuve d'une grande humilité, en suivant et restant fidèle à la voie du bien de son frère.
Il n'y est pas parvenu, comme il est écrit : "'Essav dédaigna le droit d'aînesse" (v.25,34) [Rachi commente : Essav a "dédaigné" le service de D.]

Le travail de Yaakov durant sa vie était de se nettoyer de l'influence d'Essav.
Il y a réussi, comme il écrit : "un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la Torah]" (v.25,27) = il a étudié la Torah dans la yéchiva de Chem et Ever, et il s'est ainsi purifié de l'influence d'Essav.

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-> Le Yichma'h Moché explique que les bénédictions ont le pouvoir de donner au bénéficiaire des forces pour surmonter son yétser ara.
Au début, Its'hak voulait bénir Essav, car il savait que Essav en avait besoin puisqu'étant "un homme sachant chasser, un homme des champs" (v.25,27).
De son côté, Yaakov était "un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la Torah]" (v.25,27), et ainsi Its'hak pensait qu'il n'avait pas besoin de bénédictions.

Avec sagesse, Yaakov dit à son père : "Je suis Essav, ton premier né" (ano'hi Essav bé'horékha - v.27,19).

Le Yichma'h Moché explique que Yaakov disait à son père : "Père! J'ai également un aspect d'Essav en moi. Ce n'est pas comme tu le penses que mon service d'Hachem est facile pour moi, que je n'ai pas de tentations. Je combats également mon yétser ara. C'est une grande lutte aussi pour moi, et c'est pourquoi j'ai également besoin de tes bénédictions".

Its'hak a reconnu cela, en disant (v.27,22) :
- Its'hak a du bien en lui : "La voix est la voix de Yaakov" (akol kol Yaakov) ;
- mais également du mal : "et les mains sont les mains de Essav" = en effet, lorsque les mains de Yaakov ont touché le talon d'Essav alors elles sont en quelque sorte devenues des mains d'Essav, car il a reçu par cela une tendance au mal (son yétser ara).
=> Ainsi, Yaakov avait également besoin de bénédictions.

-> Lorsque Essav est venu pour recevoir les bénédictions et constatant la situation, il a dit à son père Its'hak : "il [Yaakov] m'a supplanté 2 fois déjà? II m'a enlevé mon droit d'aînesse et voici que maintenant il m'enlève ma bénédiction!" (v.27,36).

Its'hak a pu constater que Yaakov est capable de tromperie et de mensonge, ce qui signifie qu'il possède également un yétser ara, et Its'hak a alors été consolé d'avoir donné les bénédictions à quelqu'un qui en a besoin.

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+ Essav - un potentiel exploité négativement :

-> Il est écrit : "Les enfants se poussaient en son sein" (Toldot 25,22)

Rachi explique : "[Les enfants] se poussaient" = Quand elle passait devant l’entrée des lieux d’étude de la Torah de Chem et Ever, Yaakov s’agitait pour sortir [du ventre de sa mère] ... Quand elle passait devant des lieux d’idolâtrie, Essav s’agitait pour sortir"

Le midrach rapporté par Rachi semble impliquer qu’Essav était mauvais depuis le stade embryonnaire.
Certaines sources affirment que le yétser hara n’entre en l’homme qu’au moment de sa naissance, or selon ce midrach (rapporté par Rachi), Essav avait déjà un mauvais penchant très puissant, dans le ventre de sa mère.
[en ce sens, le Maharal (Gour Arié - Toldot 25,22) rapporte le verset décrivant le yétser hara : "La faute est tapie à l’entrée" (Beréchit 4,7), et commente : "à l’entrée" fait référence au moment où le bébé vient au monde.]

Le rav Nathan Weiss répond en analysant de plus près les mots de Rachi : celui-ci dit uniquement qu’Essav était attiré par les lieux où l’on s’adonnait à l’idolâtrie, mais il ne nous précise pas ce qu’il voulait y faire.
Cela signifie qu’Essav éprouvait une attirance innée pour ces endroits du Mal, mais qu’en grandissant, il aurait pu exploiter ce penchant de manière constructive ; la méthode la plus élémentaire pour y parvenir étant de démolir de tels lieux, plutôt que d’en être détruit spirituellement.

Nous voyons donc qu’Essav n’était pas encore mauvais dans le sein de sa mère. Il avait une prédisposition qu’il pouvait utiliser pour le bien ou pour le mal.

D’ailleurs, une analyse approfondie des sources rabbiniques décrivant les premières années d’Essav prouve que ce dernier possédait effectivement une grande capacité à combattre le mal.
La Torah décrit le jeune Essav comme "un homme qui savait piéger" (Toldot 25,22).
Le midrach (Beréchit rabba 63,10) nous fournit une explication de cette expression : il piégeait les criminels, par son discours ; quand ces derniers niaient leur implication dans un crime, il parlait avec eux, leur tendant des pièges de façon à ce qu’ils admettent la vérité.

Le Targoum Yonathan sur le même verset fait une révélation encore plus étonnante : Essav tua en réalité le chef des idolâtres, Nimrod. Il avait donc évidemment une capacité à abolir le mal.

=> Si Essav avait continué à canaliser son attirance naturelle pour le mal de manière positive, il aurait sans doute atteint de hauts niveaux et empli le rôle qu’Its’hak désirait pour lui.
Au lieu de cela, il se laissa entraîner par l’immoralité ambiante et devint un pécheur de la pire espèce.

Le midrach (Beréchit rabba 63,11) nous informe qu’un tout autre personnage du Tanakh avait une inclination similaire à celle d’Essav : le vertueux roi David. Quand Hachem envoya le prophète Chmouel oindre David pour le désigner roi, il vit qu’il était roux. La couleur rouge symbolise le meurtre et quand Chmouel vit que David avait ce tempérament, il eut peur qu’il devienne un assassin comme Essav. Hachem le rassura en lui disant que David utiliserait cette impulsion convenablement, l’employant quand la halakha (loi juive) le dicterait. En effet, David tua de nombreux ennemis du Klal Israël.

Nous avons vu que le penchant naturel d’Essav pour le mal ne lui réservait pas obligatoirement un destin de pécheur ; c’est en grandissant qu’il utilisa son libre arbitre de manière négative.

=> Cela nous enseigne une leçon importante quant à la façon dont une personne doit développer ses traits de caractère. Chacun de ces attributs peut être utilisé négativement ou positivement ; on peut choisir de les exploiter à des fins égoïstes ou de les canaliser de façon positive, pour accomplir la volonté d’Hachem.
[d'après un divré Torah du rav Yéhonathan Gefen]

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+ Grand est celui qui domine son penchant :

=> Comment comprendre que Yits'hak aimait tant Essav? Ignorait-il son impiété? Et ce au point de le privilégier par rapport à Yaakov, le tsadik, pour les bénédictions!

-> En fait, l'explication de cela est qu'en réalité, au niveau de son origine, Essav n'était pas du tout programmé ni prédestiné à devenir un racha. Seulement, il avait un travail spirituel à faire différent de celui de Yaakov.
Ce dernier devait servir Hachem en se rapprochant du bien et de la sainteté, par l'étude constante et approfondie de la Torah, et par une dévotion complète dans la prière. Il était "un homme intègre, qui réside dans les tentes" d'étude (voir Rachi).
En revanche, Essav avait une toute autre mission. Il devait combattre le mal et le recourber. Son travail était d'être confronté au mal qui était en lui, à travers des mauvaises tendances, pour le supprimer. Il devait aussi lutter contre le mal qui se trouve dans le monde, pour l'anéantir ou même le transformer en bien.
Essav avait donc tout un programme spirituel d'une valeur énorme. Il devait, avec son frère Yaakov, constituer deux faces d'une même pièce.
Yaakov par le renforcement du bien et Essav par la maîtrise du mal et sa réparation. A eux deux, ils allaient s'associer pour accomplir les deux parties du verset : "Ecarte-toi du mal et fais le bien".

Le travail de Essav était bien plus dur que celui de Yaakov, et aussi bien plus risqué.
Quand nos Sages nous disent que déjà à l'origine, dans le ventre de sa mère, Essav souhaitait sortir pour rejoindre les lieux d'idolâtrie, cela signifie qu'il avait en lui, certes, des tendances mauvaises. Mais cela ne fit pas de lui un racha. Bien au contraire. Il devait lutter contre toutes ces tendances pour les neutraliser et les corriger.
Et Hachem lui avait mis en lui toutes les forces nécessaires pour réussir dans ce travail.
Et s'il avait suivi le chemin qui devait être le sien, non seulement il aurait été un tsadik, mais il aurait été même encore plus grand que Yaakov. En effet, la grandeur d'un homme se mesure par rapport à la difficulté de son travail. Car celui qui réussit à remplir une mission plus dure, en ressort encore plus grand que celui qui surmonte une épreuve plus facile.

Si Hachem a créé Yaakov et Essav d'une même cellule, en tant que jumeaux, c'est qu'ils devaient mener une mission complémentaire.
Un midrach enseigne que la Torah a été donnée en Sivan, sous le signe des gémeaux, en référence à Yaakov et Essav, qui étaient jumeaux. Cela montre bien que Essav ne devait pas être écarté. Il devait compléter Yaakov dans le but de recevoir la Torah et se perfectionner dans la partie de dominer et de soumettre le mal.

Seulement, Essav n'a pas réussi sa mission et il s'est laissé influencer par le mal au lieu de le dominer.
La raison de son échec peut s'expliquer de la façon suivante. Le guémara enseigne que le seul remède contre le yétser ara c'est l'étude de la Torah. C'est uniquement l'étude qui permet de dominer le mal qui est en soi.
D'ailleurs le Messilat Yecharim ajoute qu'il n'existe aucun autre remède à part la Torah. Au point que quiconque souhaite utiliser une quelconque autre méthode qu'il considère comme efficace, se trompe amèrement.
Or, celui qui incarne l'étude de la Thora, c'est Yaakov. C'est lui qui est "assis dans les tentes (d'étude)". Ainsi, ce que l'on attendait de Essav était de se soumettre à Yaakov et d'accepter sa grandeur. Si Essav s'était plié devant Yaakov en le considérant comme Maître et en n'avançant que selon ses directives, alors il aurait bénéficié de la sainteté de la Torah de Yaakov et aurait été protégé des influences du mal.
C'est seulement alors qu'il aurait eu la force de mener à bien sa mission et de dominer le mal.
Mais au lieu de cela, il préféra se désolidariser de son frère et de se considérer comme indépendant. Il n'a pas su avoir l'humilité de se plier devant Yaakov et sa Torah. De ce fait, le mal le submergea et il échoua sa mission.
Et sur cet échec, il mérite sa punition.

Dans cette direction, le Zohar explique pourquoi Its'hak aimait particulièrement Essav. Its'hak incarne l'attribut de rigueur. Et il voyait dans la racine spirituelle de Essav celui qui lui ressemble. En effet, ce travail propre à Essav qui était de dominer et maîtriser le mal émane justement de la rigueur, puisqu'il s'agit d'être dur et rigoureux avec soi-même pour ne pas laisser le mauvais penchant prendre le dessus.
Ainsi, Its'hak reconnaissait son propre attribut en Essav. Or un homme affectionne particulièrement ce qui lui ressemble. Et même si Essav a échoué dans sa mission et s'est perverti, malgré tout Its'hak, dans sa grandeur, ne voyait en chaque chose que sa racine spirituelle. Il n'a donc vu en Essav que celui qui a la force de maîtriser et recourber le mal, c'est-à-dire celui qui détient l'attribut de rigueur, qui est le sien. Et comme il se reconnut dans la racine spirituelle de Essav, c'est pourquoi il l'aimait tant.

Et si Its'hak voulait donner les bénédictions à Essav et non à Yaakov, c'est parce qu'il savait que le travail de Essav est beaucoup plus dur et surtout plus risqué que celui de Yaakov. Essav, pour réussir sa mission, avait besoin de plus de force et de courage. C'est ce qu'il souhaitait lui transmettre par ces bénédictions.
Yaakov, quant à lui, qui devait vivre dans le bien pour le renforcer, était plus en sécurité. Il avait moins de risque.
Ainsi, Its'hak pensait que Yaakov avait moins besoin de force et de bénédiction pour y arriver.
Mais Rivka connaissait la réalité de Essav telle qu'elle était ici-bas. A savoir que Essav avait complètement échoué sa mission et s'était extrêmement corrompu. Essav avait gaspillé et même perdu son potentiel. Les bénédictions n'allaient donc pas l'aider. Au contraire, on peut même dire qu'elles risquaient de renforcer son égarement, par les forces que lui octroieraient les bénédictions.
Rivka savait bien que ces bénédictions ne pouvaient réellement revenir qu'à Yaakov.
[d'après le Sifté 'Haïm & d'autres commentateurs - rapportés par le rav Mikaël Mouyal]

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+ Le yétser ara : c'est la vie!

-> Avoir des tendances au mal (un yétser ara) n'est pas une honte, au contraire c'est un signe que Hachem désire que nous Le servions et qu'ainsi nous nous rapprochons de Lui.

"Le tsadik tombe 7 fois, et se relève ; mais les réchaïm sont effondrés par le malheur" (Michlé 24,16) = ainsi le fait de tomber dans la faute atteste que nous avançons dans la vie, tandis que le contraire signifie à priori que nous sommes anesthésiés, que nous vivons comme des somnambules, des morts vivants (à part de très très rares exceptions, il n'existe pas d'homme qui ne faute jamais!).

Le yétser ara nous fait sortir de notre suffisance, de notre paresse, afin que face au mur nous puissions sortir nos forces cachées. Après coup, nous le remercions car nous sommes alors des juifs meilleurs.

-> Au début de la paracha, lorsque Rivka voulait savoir pourquoi elle souffrait autant pendant sa grossesse, elle est allé au beit midrach de Chem (fils de Noa'h).

Chem a prophétisé que : "2 nations sont dans ton sein et 2 peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre (oul'om mil'om yéémats)" (Toldot 25,23).

Le rabbi Yéhochoua de Belz explique : "Une nation sera plus forte en raison de l'autre".

Yaakov sera une personne meilleure grâce aux batailles que Essav va mettre sur son chemin.
Ainsi, les juifs grandissent des épreuves que les non-juifs et leur yétser ara va placer devant eux.

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-> Le jour où Avraham est mort, Nimrod est mort.
Le jour où Yaakov est mort, Essav est mort.
Le jour où Moché est mort, Bil'am est mort.
[midrach]

=> Que souhaite nous enseigner ce midrach?

Le Beit Israël de Gour répond que nous voyons que les réchaïm sont placés dans ce monde dans l'intérêt des tsadikim.
Hachem a créé Nimrod pour remettre en cause Avraham, et Hachem a mis Essav dans ce monde pour tester Yaakov.
Ainsi, lorsque Avraham et Yaakov meurent, il en est de même pour leur adversaire (Nimrod et Essav), car ces derniers ne vivaient que pour les premiers.

Le Beit Israël explique qu'en apparence Nimrod, Essav et Bil'am dérangeaient ces grands tsadikim (cela serait mieux sans eux!), mais en réalité ils étaient là pour les aider.
Ils sont venus dans ce monde uniquement pour eux.

Sans les remises en question que ces réchaïm ont placé devant eux, ces tsadikim n'auraient pas pu atteindre une telle grandeur.

=> Ainsi, les épreuves, les défis de la vie, ne sont pas des punitions de D., mais au contraire des opportunités de grandir, et d'apporter un plaisir beaucoup plus grand à Hachem.

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-> Hachem ne met son Nom que sur les tsadikim après leur mort.
C'est pourquoi, nous disons "Eloké Avraham" (D. d'Avraham), après la mort d'Avraham.
En effet, Hachem ne veut pas placer son Nom sur quelqu'un de vivant, car tant qu'il y a de la vie il y a des épreuves et personne n'a la garantie de rester tsadik dans le futur.
(n'ai pas [trop] confiance en toi avant ta mort [en baisant la garde face au yétser ara en pensant que c'est gagné]).

Il y a une exception à cela : "Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et d'Its'hak" (Vayétsé 28,13).
Avraham était mort, mais Its'hak était encore vivant.
Rachi écrit : "nulle part dans la Torah, Hachem n’a associé de leur vivant Son nom à celui des tsadikim, en écrivant "Elokim d’un tel" ... Ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Its'hak, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc considéré comme mort, et son yétser ara l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] .

Cependant, Yaakov va dire : "Si le D. de mon père, le D. d'Avraham (éloé Avraham) et celui que révère Its'hak (pha'had Its'hak)" (Vayétsé 31,42).
Le Divré David (Taz) explique qu'il aurait été inapproprié à Yaakov de dire à son père : "éloé Its'hak".
En effet, cela impliquait que son père ne faisait plus l'objet d'épreuve du yétser ara, ce qui revenait à lui dire qu'il n'avait plus de raison de vivre, et un fils ne doit pas parler ainsi à son père.

[De même que nous avons un cœur au niveau physique, nous avons un yétser ara au niveau spirituel, pour permettre notre vie et assurer notre vitalité dans ce monde]

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+ L'intensité des épreuves de la vie :

-> Il est très clair que Hachem tient le yétser ara avec une chaîne en fer, ne le laissant pas mettre à l'épreuve quelqu'un au-delà de ses capacités."
[Gaon de Vilna]

-> La guémara ('Haguiga 5) rapporte que Rabbi Yéhochoua ben 'Hananiya savait répondre aux questions des hérétiques (apirkorsim). Cela était important pour empêcher à des juifs d'être influencés par eux.

Lorsqu'il était sur son lit de mort, ses élèves lui ont demandé : "Que ferons-nous maintenant? Qui réfutera les hérétiques?"
Il leur a répondu : "lorsque les juifs perdent leur avocat/défendeur, leur sagesse [de ceux qui les attaques] se trouve réduite".

=> Ainsi, cette guémara nous illustre l'idée que les épreuves et les défis sont toujours en proportion des capacités des gens.
Ici une baisse de notre capacité à répondre à leurs questions de émouna, va entraîner une baisse de leur niveau de questionnement.

-> Une allusion à cela se trouve dans le Séder de Pessa'h : le Sage ('hakham), le racha, le simple (tam) et celui qui ne sait pas poser de question (chééno yodéa lich'ol).
Lorsqu'il y a des Sages, alors en face il y a des réchaïm.
Mais s'il y a un niveau de simple (tam), alors en face il y a une opposions qui ne sait pas vraiment poser des questions.

-> Le rav Elimélé'h Bidermen enseigne que parfois l'épreuve n'est pas que nous réussissions et surmontions le yétser ara, mais plutôt c'est un test pour mettre au grand jour à quel point le fait de faire la volonté de Hachem est important pour nous.

[c'est une sorte de baromètre de notre bita'hon, de notre niveau de fidélité dans la réalité et pas en paroles!]

Hachem souhaite nous voir prier, crier de tout notre cœur vers Lui, afin que nous réussissions la dure épreuve.
Même si nous pouvons échouer, ce qui compte c'est l'état d'esprit de faire de notre mieux, d'aller vers Hachem!

Lorsque notre yétser ara se réveille en nous, nous devons penser : "Qui sait si cette faute que le yétser ara me pousse à faire ne va pas bloquer des bénédictions que Hachem souhaite m'adresser? Je risque de perdre beaucoup si je cède à la tentation."

On peut aussi s'interroger : "Si quelqu'un me proposerai 100 millions pour que je surmonte cette épreuve du yétser ara, est-ce que je céderai?"
Cela nous permet de se rendre compte que nous pouvons souvent faire bien davantage que ce que nous faisons actuellement.

N'oublions pas que Hachem nous offre une récompense infiniment plus importante et surtout éternelle.
[mais pour permettre le libre arbitre la Vérité nous est dissimulée dans ce monde.]

"Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> Le Séfer haIkarim (4,18) enseigne que grâce à la prière on peut devenir une personne totalement nouvelle : meilleure et plus sainte.
C'est pour cette raison qu'une prière aide : puisqu'on monte de niveau, on devient une nouvelle personne, et alors le décret n'a jamais été émis sur nous.
Par exemple, si au Ciel on a décrété que quelqu'un devienne pauvre, s'il s'est amélioré par la téchouva et/ou par sa prière, alors ce n'est plus la même personne sur laquelle pesée un décret de pauvreté.
Ainsi, il peut alors devenir riche.

Le Séfer haIkarim écrit : "Dès le début c'était la volonté d'Hachem que le décret soit pour la personne à ce niveau précis. Mais si elle change de niveau, alors le décret change également."

Le Bné Yissa'har (Maamaré Shabbath 8,7) enseigne que la prière ne change par la décision de Hachem, mais plutôt : "lorsque nous prions, nous nous élevons à une place plus haute, et nous devenons alors une nouvelle personne. Et bien que Hachem a décrété quelque chose pour la personne précédente, par une prière à Hachem, qui est le Créateur de tout, nous devenons attachés à une place plus élevée et nous devenons une nouvelle essence.
Ce n'est pas qu'Hachem a changé son souhait, mais plutôt que concernant la personne qui est actuellement présente, le décret n'a jamais été placé."

Le Bné Yissa'har écrit que le décret d'Hachem vient avec une clause : que si la personne prie, alors le décret négatif est annulé et n'a plus de valeur.

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-> Nous pouvons alors comprendre pourquoi Sarah, Rivka, Ra'hél et Avraham étaient stériles, tandis que Its'hak, Yaakov et Léa ne l'étaient pas.

Avraham, Sarah, Rivka et Ra'hél sont nés de parents qui servaient des idoles. Afin de se détacher de ce lien avec l'idolâtrie, ils étaient stériles, car ils ont été alors obligés de beaucoup prier à Hachem pour avoir une descendance, et cette prière a fait d'eux des personnes nouvelles.

Le Shach dit par exemple que puisque Rivka était stérile, alors elle et Its'hak ont prié, et "elle est devenue une nouvelle création, au point qu'elle n'était plus appelée : la fille de Bétouel [son ascendance au sens large] ... [de même Lavan pour Ra'hél et Léa]
L'objectif était de nettoyer l'origine du peuple juif, pour qu'il n'y ait pas d'association avec les autres nations".

Its'hak et Yaakov n'avaient pas besoin d 'être stériles car ils sont nés de mère et père saints et purs.
Bien que Léa soit né d'un racha Lavan, elle a réussi à se changer par les intenses prières qu'elle a faite pour ne pas se marier avec Essav.
Grâce à ses prières, elle est devenue une nouvelle Léa, au point de ne plus avoir aucun lien avec son père Lavan

Le Shach écrit à ce sujet : "Il y avait une Léa qui était destinée à Essav, et c'était une autre Léa [que celle qui s'est marié à Yaakov]."

=> Tout cela doit nous inciter à faire téchouva, à prier autant que possible de tout son cœur, car à chaque fois nous devenons une personne nouvelle, plus proche d'Hachem, et nous évitons tout potentiel décret émis contre nous.

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+ "Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> Rachi commente : Its'hak se tenait dans un coin et priait. Rivka se tenait dans au autre coin et priait elle aussi.

=> Quelle prière a été la plus efficace?

La Torah écrit : "Hachem répondit à lui (vayéatér lo Hachem) et Rivka sa femme, devint enceinte (v.25,21).

Rachi commente : "[Hachem répondit] Par lui, et pas par elle, parce que la prière d’un tsadik fils de tsadik ne ressemble pas à celle d’un tsadik fils d’un récha."

=> Ainsi, Its'hak qui était un tsadik fils de tsadik, avait cette qualité de l'ascendance, qui a rendu sa prière plus efficace.

Cependant le Tsémé'h Hachem laTsvi explique que Rivka avait conscience d'avoir un défaut dans son ascendance, étant une tsadékette fille de racha, et cela l'a rendu très humble (elle s'est dit : ne pouvant bénéficier de l'aide de mes ancêtres, je dépend encore davantage de l'aide d'Hachem pour voir ma prière acceptée!).
Or, plus une personne est humble dans sa prière, plus sa prière a de la valeur.

Rivka priait pour que Its'hak puisse avoir des enfants, et Its'hak priait pour que Rivka puisse avoir des enfants.
[Its'hak priait pour que la prière de Rivka soit répondue par Hachem, et Rivka priait pour que la prière d'Its'hak soit répondue.]

"Hachem répondit à lui" = Hachem a répondu à Its'hak, et ce grâce aux prières de Rivka pour lui, et alors ils ont eu des enfants.
=> Ainsi, les prières de Rivka ont été plus efficaces, grâce à son humilité.

Le Tsémé'h Hachem laTsvi conclut que pour chacun d'entre nous, certes l'ascendance peut être un énorme plus pour nos prière, mais cependant (même pour un enfant de racha) la qualité d'humilité rend une prière incomparativement plus importante.

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-> Le Séfer haIkarim (4,16) assure que la prière de tout juif est efficace.

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne :
"Hachem aime chaque juif car nous sommes Ses enfants ...
Peut-être que vous affirmerez que Hachem m'aime [le 'Hafets 'Haïm] plus que Ses autres anfants, mais cela n'est pas vrai. Hachem aime chacun de Ses enfants d'une façon identique, et Il désire que nous allons vers Lui.
[D. nous aide indépendamment de nos actions, par le simple fait que nous sommes son fils!]

Peut-être que vous direz que vous avez des fautes qui empêchent Hachem de s'approcher. A cela, je répondrai qu'au contraire si vous avez des fautes, Hachem souhaite [encore plus] que vous vous approchiez de Lui et lui demandez pardon ..."
[à l'image d'un enfant qui revient après un long déplacement, le père est fou de joie de revoir son enfant adoré!]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2021/09/11/la-priere-6

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-> "Its’hak implora Hashem au sujet de sa femme" (Toldot 25,21)

-> Le Ben Ich 'Haï (Toldot) nous enseigne :
"Le mot "no'hakh" (נֹכַח) employé dans ce verset et traduit par "au sujet" veut littéralement dire "face à" ou "par rapport à", et il vient nous dire qu’Its’hak n’a pas seulement prié pour Rivka mais a utilisé ici 2 "mérites" attribués à Avraham qu’il avait gagné grâce à 2 mitsvot particulières et dont le mérite avait été réservé pour sa descendance.
La première est celle d’avoir couru après le veau pour le cuisiner aux mala'him (anges) comme il est écrit : "Et Avraham courut au troupeau" (véél abakar rats Avraham - Vayéra 18,7).
La deuxième est la promptitude avec laquelle il s’est empressé d’accomplir la mitsva de l’Akéda, comme il est écrit : "Avraham se leva tôt le matin" (vayachkem Avraham baboker - Vayéra 22,3).

Dans ces 2 mitsvot on retrouve le nom de Rivka (רבקה), d’abord avec le veau (habakar – הבקר) puis pour l’Akéda, le matin (haboker – הבקר), mais dont les lettres sont dans un ordre différent.
C’est le sens de ce mot : "no'hakh" dans notre verset, c’est que Its’hak a prié pour Rivka mais en utilisant les 2 mérites d’Avraham qui sont en rapport avec le nom Rivka, qui sont le veau des mala'him et le matin de la Akéda."

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-> b'h, sur la notion du zèle dans les mitsvot & la rapidité avec laquelle Hachem va écouter nos prières : http://todahm.com/2021/09/10/la-paresse-la-nonchalance-un-grand-defaut

"La plus grande bénédiction de la vie est la capacité d'entretenir une relation avec le Maître du monde."

[Déguél Ma'hané Efraïm - Toldot 27,28
- "Et Il te donnera (véyiten lé'ha) : aElokim"]

"Avraham a engendré Its'hak" (Toldot 25,19)

-> Avraham représente la émouna et Its'hak représente la joie.
[Avraham a passé sa vie à amener dans ce monde la notion d'émouna, et le nom Its'hak signifie : rire]

C'est le sens du verset : "La émouna donne naissance à la joie".
En effet, lorsqu'on croit que tout est pour le bien, alors nous sommes toujours joyeux.

[Avodat Pnim]

"Essav devint un homme sachant chasser, un homme des champs, et Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

=> Pourquoi à l'image d'Essav "un homme sachant chasser", n'est-il pas écrit sur Yaakov : "un homme sachant la Torah" (ich yodéa Torah)?
Pourquoi ne mentionner que le fait "demeurant dans les tentes "?

-> Le rav Wosner explique que la plus grande louange est d'être : "demeurant dans les tentes [de la Torah]" = étudier et peiner encore et encore dans la Torah.
En effet, notre tâche est d'investir tous nos efforts, nos capacités (ex: assister aux cours), mais la réussite dans la Torah c'est un cadeau d'Hachem.

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-> Le Targoum Yonathan (v.25,27) commente : "Essav était une personne qui gaspillait son temps".

=> C'est là toute la différence entre Essav et Yaakov : le fait de ne pas perdre son temps.

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+ 'Yaakov était un homme intègre, demeurant dans les tentes [de la maison d'étude]" (Toldot 25,27)

-> [Le simple fait ] d'être assis dans une maison d'étude (beit midrach) est une mitsva, comme il est écrit : "Heureux ceux qui résident dans Ta demeure" (achré yochvé bété'ha - Téhilim 84,5).
[Choul'han Arou'h 151,1]

-> Même si on ne comprend pas ce qu'on étudie, néanmoins le temps passé dans un beit midrach est une mitsva.
[michna Broura (6)]

-> De tous les mérites que Yaakov avait (sa Torah, ses très nombres excellentes actions), la Torah n'en mentionne aucun autre que : "demeurant dans les tentes" (yochev ohalim) = c'est-à-dire qu'il s'asseyait dans le beit midrach.
C'est parce que le fait d'être assis dans une synagogue et un beit midrach est quelque chose de très grand, et ce même si on y est assis sans étudier la Torah ou prier.
[le Rama de Pano]

-> Evidemment que nous devons faire attention aux lois, et à honorer de tels endroits (synagogue, beit midrach).
Mais nous devons également réaliser que le simple fait d'y être est un mérite énorme, au point où parmi tous ses mérites, la Torah caractérise Yaakov de "demeurant dans les tentes [synagogue, maison d'étude]"...

Cela se retrouve en allusion :
- achré yochvé bété'ha (Heureux ceux qui résident dans Ta demeure [même s'ils ne font que y être assis (yochev)]) ;
- od = à plus forte raison ;
- yéallélou'ha séla (Te louer sans cesse) = encore bien plus heureux sont ceux qui y louent Hachem (par leurs prières, études).
[rav Elimélé'h Biderman]

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-> Rabbi Chimon dit : Celui qui marche sur la route en étudiant et interrompt son étude pour s'exclamer : "Que cet arbre est beau!", "Que ce champ est beau!", le verset le considère comme passible de mort.
[Pirké Avot 3,7]

=> Comment comprendre cela?

Le rav Elimélé'h Biderman explique que nous devons nous imaginer dans un avion en plein vol, et que tout à coup nous entendons un des passagers s'exclamer : "Regardez cet arbre magnifique! Regardez ce magnifique champ!"
Tout le monde dans l'avion commencerait à paniquer car s'il est possible de voir des arbres et des champs d'aussi près, c'est un signe que l'avion vole très bas, et qu'il va très probablement s'écraser.

De même, lorsque nous étudions la Torah, nous ne devrions pas pouvoir remarquer les arbres.
Si tel est le cas, cela signifie que l'on n'est pas pleinement plongé dans la Torah, et c'est pourquoi il est si grave d'en arriver à discuter des arbres et des champs (de toute chose non nécessaire à l'étude) en plein milieu de notre étude de Torah.

[l'idée est la même au moment de notre prière : si des pensées étrangères peuvent se développer dans notre esprit, c'est que nous n'avons pas suffisamment conscience de la réalité : nous sommes en rendez-vous privé face à face avec Hachem, qui peut tout nous accorder, ... ]

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-> "J'ai une 'havrouta (binôme d'étude) pour étudier la Torah.
Il est toujours très ponctuel, et il est également extrêmement intelligent. Je suis impressionné par son ingéniosité.
Est-ce que vous savez qui est ma 'havrouta?
Il s'agit du yétser ara"
[paroles d'un Sage]

[souvent notre yétser ara se déguise en grand tsadik, qui donne de bons conseil d'ami, afin de pouvoir nous dérober sans que l'on s'en rende compte ce que nous avons de plus précieux : notre temps.]

Hachem dit : "Si vous sentez que Essav vient contre vous, échappez-vous vers la Torah"

[midrach Dévarim rabba 1,19]

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-> "La voix est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le Gaon de Vilna interprète ainsi ce verset :
Quand la voix est celle de Yaakov (par l'étude de la Torah et la prière), alors les mains, sous-entendu ses mains, c'est-à-dire les mains du peuple juif, seront les mains de Essav.
Le peuple d'Israël aura alors le droit de ''subtiliser'' les mains de Essav pour les utiliser pour se défendre et se protéger.

Ainsi, cela revient à dire que "les mains ne seront plus les mains de Essav" = Tous les ennemis d'Israël n'auront plus leurs mains pour faire du mal au peuple juif, puisque leurs mains c'est-à-dire leurs forces seront neutralisées pour être transférées au profit d'Israël en vue de se défendre et de se protéger.

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-> Un conférencier disait : "la Torah est comme l'oxygène. De même que nous ne pouvons vivre sans oxygène, nous ne pouvons vivre sans Torah".
Le rabbi 'Haïm de Brisk n'est pas d'accord avec cela, car pour lui : "l'oxygène aide les gens à vivre, mais la Torah c'est la vie elle-même."

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-> Le Kédouchat Yom Tov dit que lorsque nous étudions la Torah nous nous éloignons des impuretés de ce monde, et ainsi nous nous sauvons de devenir impurs par les influences [mauvaises] de l'exil.

"Ils le quittèrent en paix" (Toldot 26,31)

-> Ce verset dit que les Pélichtim (Philistins), qui avaient Avimelé'h comme roi, quittèrent Its'hak en paix, c'est à dire avec sérénité.
Cela montre une différence entre un non juif et un juif.
En effet, seul un non juif est capable de quitter un homme Juste (tsadik) sereinement, c'est-à-dire sans en être remué ni propulsé intérieurement, et en restant le même qu'avant.
En revanche quand un juif rencontre un Juste (tsadik) et a le mérite de le côtoyer, au moment de le quitter, il en est remué.
Il ne peut pas le quitter, serein, sans que rien ne change en lui.

[Rabbi Bounim de Pchis'ha]

"Yaakov dit à son père : Je suis Essav, ton premier né ; J'ai fait comme tu m'as dit" (Toldot 27,19)

-> Apparemment, Yaakov dit ici un mensonge à son père, puisque ce dernier a parlé à Essav, et non pas à lui.

En réalité, Its'hak a toujours eu l'habitude d'encourager ses enfants à écouter leurs parents. Bien plus, pour conforter l'harmonie dans son couple, Its'hak disait constamment à ses enfants de bien respecter leur mère et de lui obéir.
C'est d'ailleurs ainsi que doit se comporter tout père de famille.

Or là, même si Its'hak parla à Essav pour lui demander de lui préparer un repas en vue de se faire bénir, malgré tout, Rivka demanda à Yaakov de prendre la place de Essav et d'aller lui recevoir les bénédictions.
=> Yaakov, qui écouta fidèlement les paroles de sa mère, pouvait donc affirmer à son père : "J'ai fait comme tu m'as dit" = c'est-à-dire j'ai appliqué ce que tu m'as toujours dit, à savoir d'écouter et d'obéir à ma mère.

[Ben Ich 'Haï]

"La voix, c'est la voix de Yaakov et les mains sont les mains de Essav" (Toldot 27,22)

Le midrach (Béréchit rabba 65) interprète : Lorsque la voix de Yaakov est entendue, celle de la prière et celle de l'étude de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucun pouvoir sur les descendants de Yaakov.

C'est pourquoi, se basant sur cette bénédiction d'Its'hak, les opposants aux sages de l'époque de la destruction du 2e Temple, étaient assurés que par le mérite de l'étude de la Torah de leur génération, les juifs pourraient vaincre les romains par la guerre.

Cependant, les sages (rabbanan) ont prévenu les opposants qu'ils ne réussiraient pas à vaincre militairement les romains qui assiégeaient Jérusalem, car la voix de Torah de Yaakov n'a plus de pouvoir dans une génération qui pratique le lachon ara qui vient réduire à néant la voix de la Torah.

La guémara (Guitin 56a) dit : "L'empereur envoya Vespassien (en remplacement de Néron) qui assiégea Jérusalem durant 3 ans."
Pourquoi cela?
A part l'exil, les juifs ont dû subir un siège de 3 ans, avec les souffrances de la famine, parce la faute de la génération était la haine "gratuite" ou lachon ara qui est compté au moins autant que [la réunion] des 3 transgressions (idolâtrie, inceste et meurtre) qui ont conduit eux à la destruction du 1er Temple [alors que le lachon ara seul a suffit à provoquer la destruction du 2e Temple, avec un exil très long qui dure encore!].

[d'après le Ben Ich 'Haï - guémara Guitin 56a]

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+ Contexte :

[Avant la destruction du 2e Temple, cette guémara rapporte que 3 hommes très riches avaient les moyens de nourrir tous les habitants de Jérusalem pendant 21 ans, permettant au rabbanim de négocier la paix (car en raison du lachon ara les juifs ne pouvaient pas gagner militairement).

Cependant, ceux qui voulaient combattre empêchaient les sages de sortir de la ville pour négocier, et ils ont mis le feu aux réserves de blé et d'orge (et autres ressources) et se fut la famine. En effet, ils désiraient obliger le peuple à prendre les armes.

Selon le Sforno, si les opposants avaient obéi à rabbi Yo'hanan ben Zakaï et aux Sages de leur génération, le 2e Temple n'aurait pas été détruit par les romains, et il n'y auraient pas eu l'exil du peuple d'Israël.]

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-> "La voix est la voix de Vaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

-> Les Sages (midrach rabba Toldot 65) font une remarque sur ce verset : "Puisque la voix est celle de Yaakov, il est alors évident que les mains ne sont pas celles d'Essav"
Et d'expliquer : lorsque la voix de Yaakov est audible, c'est-à-dire la voix de la Torah, les mains d'Essav n'ont aucune emprise sur Yaakov. Par contre, lorsque la voix de la Torah s'affaiblit, les mains d'Essav se renforcent et nous dominent.

-> Le Rabbi de Loubavitch disait à ce sujet :
"Pour notre grande souffrance, la moitié du proverbe s'est déjà réalisée par la destruction de Jérusalem, puisque ce sont par les mains d'Essav (l'Occident) que le Temple fut détruit, comme l'explique le prophète Jérémie : "Pourquoi ce pays est-il dévasté? C'est parce qu'ils ont abandonné Ma Torah et Mes lois" (Yirmiyahou 9,11-12).

Le Rabbi de Loubavitch continue et explique :
"A notre époque, il nous faut accentuer l'étude de la Torah "la voix de Yaakov" car en ajoutant de l'étude dans le monde, nous créons une force qui permet d'annuler la raison de la destruction du Temple "les mains d'Essav", et par conséquent, précipite l'avènement de sa reconstruction".