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"[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché ..." (Vayétsé 28,11)

-> Rachi sur "Il rencontra" : cela nous enseigne que Yaakov a institué la prière du soir (Arvit).
Le texte a cependant modifié le vocabulaire et n'a pas écrit 'il pria', afin de t'apprendre que les distances ont été 'supprimées' pour lui (cf. guémara 'Houlin 91a).

-> Le verset utilise le terme "rencontrer" pour signifier : "prier".
Une personne qui prie va rencontrer Hachem, et même si elle ne Le recherche pas, D. vient à elle.

[d'ailleurs, une des raisons faisant que l'on ne doit pas passer dans les 2 mètres devant une personne faisant la amida, est parce qu'il y a la présence divine qui est là!]

-> Nos Patriarches ont institué nos 3 prières quotidiennes : Avraham : Cha'harit, Its'hak : Min'ha et Yaakov : Arvit.

Actuellement, tandis que nous sommes obligés de faire, chaque jour, les prières de Cha'harit et de Min'ha, celle de Arvit est, à proprement parler, optionnelle (bien que les juifs l'ont accepté en tant qu'obligation).
Pourquoi cela?

Lorsque Yaakov a prié ce jour là (cf.le verset ci-dessus), il était en réalité toujours l'heure de faire Min'ha, car ce n'était pas le moment pour le soleil de se coucher.
Hachem a réalisé un miracle en le faisant se coucher plus tôt que d'habitude.

Ainsi, puisque Yaakov a prié, alors qu'il aurait dû encore faire jour, il n'y a pas d'obligation de prier la nuit.
[De plus, c'est pourquoi, le Tanna Rabbi Yéhouda dit qu'on peut prier Arvit, même avant qu'il fasse nuit]

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Béra'hot 26b]

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-> Le Rokéa'h note qu'il y a 15 mots dans ce verset (Vayétsé 28,11), ce qui correspond aux 15 années pendant lesquelles tous les Patriarches ont pu vivre ensemble.

Rabbénou Yéhouda ha'Hassid précise que pendant ces 15 années, nos 3 Patriarches ont étudié ensemble 15 heures par jour.

Il y a de fortes chances pour que ces 15 années soient la base essentielle de l'existence du monde.
Il est écrit : "כִּי בְּיָהּ יְהוָה צוּר עוֹלָמִים" (Yéchayahou 26,4), que l'on peut traduire par : "Car en יָהּ (guématria : 15, et également un nom de D.), Hachem est la force des mondes".

=> Par le mérite de ces 15 années, ayant en elles 15 heures d'étude quotidienne, nos Patriarches ont eu le mérite de fournir les fondations du monde.
(avec Hachem, ils ont été : "la force des mondes").

[le Na’hal Kédoumim]

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-> Le 'Hida rapporte que les 3 Patriarches ont étudié la Torah ensemble pendant 15 ans.
Or quand Avraham est mort, Yaakov avait 15 ans, ce qui veut dire qu'il avait étudié la Torah depuis l'instant de sa naissance.
On peut le comprendre cela d'après l'enseignement (guémara Yérouchalmi Yébamot 8b) sur la mère de rabbi Yéhochoua, qui avait laissé le berceau de son fils dans le beit hamidrach depuis le jour de sa naissance, afin que ses oreilles absorbent la voix de la Torah.
Il semble que Rivka en ait fait autant, elle a placé son fils Yaakov au milieu de ceux qui étudiaient la Torah afin que ses oreilles absorbent les paroles de Torah, c'est pourquoi on peut dire que pendant 15 ans il a étudié la Torah avec Avraham et Its'hak.
[issu d'un cours de rabbi David Pinto]

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-> La ville de 'Haran, que Yaakov était en train de fuir, est assez loin en distance du mont Moriah, où il a passé la nuit.
Cependant, il aspirait tellement à y être, que Hachem a transporté de façon miraculeuse le mont Moriah jusqu'à Yaakov.

Cela nous apprend que si une personne a un intense désir d'être proche de Hachem, elle va atteindre son objectif.
Comment arriver à un objectif aussi intense?
Nous pouvons suivre le trajet de Yaakov.

Il a quitté Béer Shéva, dont le mot : Shéva, fait allusion au 7e jour de la semaine : Shabbath, et qui est la lumière spirituelle qui illumine toute notre semaine.
De plus, Yaakov a prié Arvit pendant son voyage.
Etant une prière qui se récite la nuit, elle sert de lumière qui transperce l'obscurité et qui peut amener à davantage de proximité avec Hachem.

En illuminant nos journées et nos nuits par la lumière spirituelle du Sabbath et de Arvit, nous nous rapprochons de Hachem.

[Sfat Emet]

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-> "[Yaakov] rencontra l’endroit et y passa la nuit parce que le soleil s’était couché"

L'obscurité représente nos moments difficiles, où l'on pourrait être tenté de croire que Hachem nous a abandonné.
[c'est pas parce que la lumière est éteinte qu'il n'y a plus rien dans la pièce! ]
Le midrach sur "le soleil s’était couché", affirme que cela ressemble à un roi disant à quelqu'un qu'il apprécie beaucoup : "Eteins les lumières, j'ai envie de te parler en toute intimité".
Le 'Hazon Ich disait que nos moments durs signifient : "Hachem a vraiment envie de m'entendre [me tourner en prières vers Lui]."
Il est écrit : "Je [Hachem] suis avec lui dans le malheur/détresse" (Téhilim 91,15). Ainsi, contrairement au apparence lorsqu'il fait noir dans notre vie, alors c'est un signe que Hachem est tout proche de nous.
Et si malgré la tempête, nous gardons pleinement confiance en Hachem, en nous tournant vers Lui en prières, alors notre émouna agit comme un bouclier, comme une pluie de bénédictions illuminant notre vie.

Le Yichma'h Israël rapporte le midrach : "Maariv n'a pas de temps défini. On peut prier jusqu'au matin".
Cela nous indique que lorsque nous prions lorsqu'il fait noir dehors, alors grâce à cela il y aura ensuite le matin, et notre vie va devenir de nouveau agréable, bonne.

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-> Yaakov était en train de voyager un vendredi.
Nos Sages explique qu'il a donné toutes ses possessions au fils de Essav, Elifaz, à l'approche du Shabbath, car selon nos Sages (guémara Shabbath 153a), si une personne voyage le vendredi après-midi et que la nuit a commencée à tomber, elle doit donner son portefeuille/sa bourse à un non-juif.

['Hatam Sofer]

[une autre raison est qu'il n'a pas voulu l'empêcher de réaliser la mitsva de respecter la volonté de son père de le tuer.
En lui permettant de lui prendre tous ses biens, il rend cet acte comparable à sa mort]

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-> Rachi (Vayétsé 28,11) rapporte que Yaakov a dormi à cet endroit, en opposition avec les 14 années passées à la maison d'étude de Ever, durant lesquelles il n'a pas dormi étant totalement impliqué dans l'étude de la Torah.

-> La guémara (Shabbath 11a) statue qu'une personne pour laquelle l'étude de la Torah est son occupation constante, à l'image de Rabbi Chimon bar Yo'haï, est dispensée de prier.
[le Zohar précise que malgré tout, le Rachbi priait, même s'il n'en avait pas l'obligation]

Nos 3 Patriarches représentent les 3 piliers sur lesquels le monte tient (cf.Pirké Avot 1,2) : Avraham représente la bonté, Its'hak représente le service divin (par les sacrifices et la prière) et Yaakov représente la Torah.

Yaakov qui symbolise la Torah, et dont la Torah était constamment son occupation, était donc dispensé de prière.
C'est pour cette raison que la prière que Yaakov a instauré (Arvit) n'est pas obligatoire.

[Rav Yonathan Steif]

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+ "[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché ; il prit des pierres de l'endroit et [les] disposa autour de sa tête, et il se coucha dans cet endroit" (Vayétsé 28,11)

Le Baal haTourim fait remarquer que le mot "endroit" (makom), apparaît 3 fois dans ce verset, en allusion aux chaloch régalim (Pessa'h, Shavouot et Souccot), durant lesquelles les descendants de Yaakov vont y venir en pèlerinage (au Temple - mont Moriah), afin de rencontrer Hachem.
Les Sages ont dit qu’il [Yaakov] s’est couché au Mont Moria, qui est l’endroit du Temple.

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-> Le Kli Yakar explique que le mot Makom (endroit - מקום) apparaît à 3 reprises dans les versets 16 à 19 du chapitre 28, en référence aux 3 Temples de Jérusalem.

Le mot Makom qui apparaît 3 fois (dans le v.28,11) :
- en rapport avec le 1er Temple, il est dit: «Il rencontra l’Endroit (Ba-Makom) et y dormit car le soleil s’était couché" - Les jours pour eux [les descendants de Yaakov] ne s’y sont pas prolongés, juste le temps d’y "passer une nuit", telle fut la courte période où tint en place pour eux le [premier] Temple ...
- relativement au 2e Temple, il est dit : "Il prit des pierres de l’Endroit (Ha-Makom)", car c’est ce qui apparaît au sujet de la construction du second Temple : "Et qu’il fasse sortir la pierre qui était à la tête (Zé'haria 4,7) [il est écrit à propos de Yaacov : ] "Il prit des pierres (Méavné)", et non toutes les pierres [de l’endroit], car les pierres des Tables de la Loi [contenues dans l’Arche] et celles des Ourim et Toumim [du Pectoral] ont fait défaut [dans le Second Temple].
- et en rapport avec le 3e Temple, il est dit : "Et se coucha à cet Endroit (Ba-Makom)", car c’est lorsqu'il vit le 3e Temple, il est dit : "Et se coucha à cet endroit (Ba-Makom) le sommeil, comme pour dire : "Ceci est [le lieu de] mon repos à jamais!", à la différence des deux premiers Temples [à l’époque desquels les Enfants d’Israël] n’ont pas eu le repos de leurs ennemis.

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-> La Torah comporte 187 chapitres, au même titre que l’enceinte du Temple mesurait, d’Est en Ouest (sens de la Sainteté), 187 coudées. Le nombre 187 n’est donc par fortuit, il correspond à la valeur numérique du mot "Makom" (Lieu - מקום) [186], plus 1 qui désigne D., allusion ainsi à la Résidence Divine.
[Maassé Rokéa’h – Massékhet Midot]

-> En se basant sur le Aboudraham, on peut rapporter que lorsque nous mettons chaque lettre du nom de D. (יהוה) au carré, on a :
-> youd au carré = 10*10 = 100 ;
-> hé au carré = 5*5 = 25 ;
-> vav au carré = 6*6 = 36 ;
-> hé au carré = 5*5 = 25
=> on obtient un total de : 186.
Le mot makom (מקום) a également une valeur de : 186.

=> à l'image d'un terrain qui est défini par une superficie en mètres carrés, en multipliant longueur et largeur, l'ensemble de la création porte le sceau de D., qui est sans aucun doute possible derrière toute chose.
[Cela vient dissiper le doute sur le mythe que le monde est une entité autonome à part entière. Hachem étant qualifié de : "l'endroit" (aMakom), cela insiste sur le fait que le monde est contenu en D., et non l'inverse (D. n'étant pas un composant parmi d'autres du monde).
Hachem n'est pas limité par la notion d'espace, et est ainsi présent partout sans exception.]

-> Le Torah Ohr enseigne :
Yaacov Avinou est le porteur du message du מָּקוֹם [on note que la valeur numérique de יעקב , augmentée du nombre de lettres (4) est égale à la valeur numérique du mot מָּקוֹם (soit 182+4)].
C'est pourquoi, a-t-il eu pour mission d’élever l’Espace du Monde et ses multiples facettes vers l’Unité divine.

-> De même, nous trouvons dans le nom du Patriarche (יעקב) l’idée d’attacher le "haut" [la lettre Youd (י) de son nom, première lettre du Nom divin] avec le "bas" (עקב - Ekev - le talon).
En ce sens, la bénédiction que reçu Yaakov est exprimée dans la dimension de l’Espace : "Tu t’étendras vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud" (וּפָרַצְתָּ יָמָּה וָקֵדְמָה וְצָפנָֹה וָנֶגְבָּה- Vayétsé 28,14).
[Le Léhem Léfi Hataf fait remarquer que le terme צדיק (Juste), qui désigne Yaakov, est formé des initiales de צפון (tsafon - Nord), דרום (darom - Sud), ים (yam - Ouest), קדם (kédem - Est)].

Yaacov Avinou va donc désigner le Temple le plus parfait, celui des Temps messianiques [la valeur numérique de מָּקוֹם en Bémilouï (chaque lettre écrite pleinement) : מם קוף וו מם est identique à celle de משיח (machia'h)].

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-> Le Kli Yakar (verset 11) voit dans l’image de la tête de Yaakov posée sur des pierres, la coutume des gens pieux de placer une pierre sous leur tête lorsqu’ils se couchent la nuit de Ticha BéAv (jour de la destruction du Temple), rappelant ainsi que Yaacov a vu prophétiquement la destruction du Temple.
Le message délivré par cet épisode de la vie de Patriarche est que le mérite de l’unité (la fusion des 12 pierres en une) engendra inéluctablement la Délivrance d’Israël, avec le retour de la royauté, du peuple juif et de la Chékhina (les symboliques de la "pierre") sur leur lieu de prédilection.

[le Temple est un lieu de présence accru de Hachem dans ce monde, où tous les juifs viennent se rassembler comme "un seul homme, d'un seul cœur". ]

"Yaakov sortit de Béer Chéva et alla vers 'Haran" (Vayétsé 28,10)

-> Selon Rachi : Lorsqu’un juste quitte un endroit, il laisse un vide. Tant qu’il est dans la ville, il en fait la splendeur, l’éclat et la beauté ; une fois qu’il la quitte, sa splendeur, son éclat et sa beauté la quittent avec lui.

Avraham et Sarah, Its'hak et Rivka étaient aussi des tsadikim, et ont quitté plusieurs lieux.
Que vient nous apprendre ce concept appliqué uniquement pour Yaakov?

-> Lorsque Avraham et Sarah ont quitté leur localisation, ils n'ont laissé derrière eux aucun tsadikim.
Il était évident qu'ils ont laissé un grand vide.
Yaakov a laissé derrière lui : Yits'hak et Rivka, des êtres exceptionnels.

Nous apprenons de là que lorsqu'un tsadkim quitte un lieu où il y a d'autres tsadikim, son départ est ressenti.

[le Kli Yakar]

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-> Le départ d'un tsadik ne laisse de vide, que dans le cas où les personnes sont sensibles à la spiritualité.

Lorsque Avraham a quitté sa terre, il a laissé un lieu rempli d'idolâtres.
Puisqu'ils n'appréciaient pas la grandeur [spirituelle] d'Avraham, lorsque celui-ci vivait parmi eux, il est évidement qu'ils n'ont pas ressenti de vide à son départ.

Yaakov a laissé derrière lui son père et sa mère, qui avaient conscience de sa stature, et eux ont ainsi ressenti le vide causait par son départ.

['Hatam Sofer]

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-> Il est intéressant de noter que la paracha Vayétsé ne contient pas de sauts de paragraphe.
Cela fait allusion à l'idée suivante : bien que Yaakov a quitté physiquement la terre d'Israël, il n'a jamais coupé ses liens émotionnels avec elle.

Son cœur et son esprit sont restés en Israël de son départ à son retour.
Ses yeux sont toujours restés concentrés sur le futur, moment où il y retournera.

[Sfat Emet]

-> Le rav Yéhouda haLévi disait : "Mon cœur se situe à l'est (Israël), bien que je me trouve à l'ouest".

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+ "Yaakov sortit de Béer Chéva et alla vers 'Haran" (Vayétsé 28,10)

-> Selon Rachi : Lorsqu’un juste quitte un endroit, il laisse un vide. Tant qu’il est dans la ville, il en fait la splendeur, l’éclat et la beauté ; une fois qu’il la quitte, sa splendeur (oda - הוֹדָה), son éclat (ziva - זִוָּהּ) et sa beauté (adara - הַדָּרָהּ) disparaissent (pana - פָּנָה) avec lui.

-> Le rabbi Israël Bronstein fait remarquer que si nous faisons sortir la guématria de : Yaakov (182 - יַעֲקֹב), de celle de : Béer Chéva (575 - בְּאֵר שָׁבַע), on obtient le nombre 393, qui est l'exacte guématria des mots de Rachi : "pana hoda ziva véhadara" (sa splendeur, son éclat et sa beauté disparaissent [avec lui] - פָּנָה הוֹדָה זִוָּהּ והַדָּרָהּ).

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+ "Yaakov sortit de Béer Chéva et alla vers ‘Haran" (וַיֵּצֵא יַעֲקֹב מִבְּאֵר שָׁבַע)

-> Le Baal haTourim enseigne : Les dernières lettres ont la même valeur numérique que "Ever", ce qui nous enseigne qu'il est resté chez Chem et Ever pour étudier la Torah.
Le mot "miBéer Chéva" a la guématria de "haTorah", c'est-à-dire qu'il est allé étudier la Torah chez Chem et Ever.
[Bné Chouchan]

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-> "Yaakov sortit de Béer Chéva et alla à 'Haran" (Vayétsé 28,10)

=> Pourquoi la Torah a-t-elle eu besoin de dire au préalable que Yaakov sortit de Béer Chéva, alors qu'il est chose connue que Yaakov vivait à Béer Chéva? Pourquoi n'est-il donc pas dit plus simplement : "Yaakov alla à 'Haran"?

-> Rabbi Moché Feinstein (Darach Moché) répond :
En fait, à Béer Chéva, Yaakov étudiait la Torah avec grande assiduité. Ainsi, quand il alla à 'Haran, chez Lavan le racha, où il travaillera dur et vivra avec des gens dépravés, on aurait pu penser qu'il a forcément baissé de niveau et s'est affaibli spirituellement et dans sa Torah.
C'est pourquoi, le Texte dit : "Yaakov sortit de Béer Chéva et alla à 'Haran", comme pour dire qu'il alla à 'Haran et y vécut, avec le même attachement à la Torah que quand il sortit de Béer Chéva.
Yaakov ne perdit rien. Sa sainteté n'en fut pas entachée. "Il alla à 'Haran" avec la même stature spirituelle que quand "il sortit de Béer Chéva".

"Et ce fut au matin, et voici que c'était Léa! Il dit à Lavan : 'Que m'as-tu fait là? N'est-ce pas pour Rachel que je t'ai servi? Et pourquoi m'as-tu trompé?' " (Vayétsé 29,25)

-> "Rachel, ta fille, la plus jeune (hakétana) (Vayétsé 29,18)
Rachi dit que Yakov savait que Lavan était un escroc, il a ainsi demandé :
- "ta fille" : et non une autre Rachel de la rue
- "hakétana" (la plus jeune) : afin d'éviter qu'il puisse changer le nom de Léa en celui de Rachel.
Rachi conclut que malgré tout cela, il a été piégé par Lavan.

Comment a-t-il pu se faire avoir malgré un engagement clair?

Le Roch donne la réponse suivante.
Rachel était très belle et plus grande en taille que Léa.
Lavan a changé le nom de Léa en Rachel, qui était alors la plus petite.
Lavan a ainsi donné : Rachel (anciennement Léa), sa fille, hakétana (la petite - en taille et non en âge), et a donc respecté la demande de Yaakov.

-> "Yaakov dit à Lavan : 'Que m'as-tu fait là? N'est-ce pas pour Rachel que je t'ai servi? Et pourquoi m'as-tu trompé?
Lavan dit : 'Cela ne se fait pas dans notre endroit de donner la cadette (atsé'ira) avant la plus grande ...' "
(Vayétsé 29,25-26)

Lavan utilise ici intentionnellement le mot : "atsé'ira" (la cadette) et non "akétana", comme utilisé par Yaakov lors de sa requête, et ce afin de mettre en avant à Yaakov de mieux utiliser le langage.

Yaakov a demandé : "la petite" (akétana), ce qui lui a été donné.
S'il avait demandé : "la jeune" (atséira), il lui aurait dit dès le début que ce n'est pas la coutume de marier la plus jeune avant la plus âgée.

=> Lavan a réussi à escroquer Yaakov, et à se montrer plus blanc que blanc (Lavan) à la fin.
A l'image du cochon qui montre ses sabots en disant : "Regardez-moi je suis casher!" [alors qu'il lui manque la faculté de ruminer]

-> Le Maharcha (Baba Kama 123a) dit que si Yaakov n'avait pas donné des signes (simanim) à Rachel afin de la reconnaître, il ne se serait pas fait avoir, car il aurait reconnu que ce n'était pas sa voix.
[Mais c'est Hachem qui décide du déroulement final des choses.]

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-> Le midrach (Eikha rabba 1) rapporte le fait suivant sur Rachel.
Au moment de la destruction du Temple, les juifs étaient aux mains de leurs ennemis, et Avraham, Its'hak, Yaakov et Moché ont prié afin de les sauver.
Hachem n'a pas accepté leurs prières.

Notre matriarche Rachel est alors venu et a plaidé la cause du peuple juif.
Elle a argumenté qu'elle avait sacrifié son avenir afin de sauver sa sœur de tout sentiment de honte, en lui permettant de se marier (malgré l'arnaque de Lavan).
Elle est allée aussi loin que de se cacher sous le lit et de donner à sa sœur les signes, afin que Yaakov ne découvre pas l'identité de Léa, lui causant alors une grande honte.

Si Rachel, faite de chair et de sang, à annuler son futur de Matriarche afin d'éviter toute humiliation à sa sœur, alors certainement Hachem ne doit pas être strict avec le peuple juif pour s'être égaré dans l'idolâtrie, chose vide d'existence.
Hachem a alors accepté ses prières.

Le prophète Yirmiyahou rapporte : "Une voix plaintive d'amers sanglots. C'est Rachel qui pleure ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler de ses fils perdus!
Hachem dit que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, il reviendront du pays de l'ennemi" (Yirmiyahou 31,14-16)

-> Selon le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï), cela nous montre que tous les mérites énormes de nos Patriarches et ceux de Moché Rabbénou ne pouvaient pas sauver le peuple juif de l'exil, et cela n'a pas se faire qu'uniquement par le mérite de Rachel.

Hachem prépare le remède avant la maladie.
Le Ben Ich conclut que si Rachel n'avait pas agit comme elle l'a fait, l'ensemble du peuple juif serait resté perdu dans l'exil pour l'éternité.

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-> "En récompense de sa tsniout (pudeur), Ra'hél a mérité d'avoir comme descendant le roi Chaoul (de la tribu de Binyamin fils de Ra'hel)" (guémara Méguila 13b)
[De même, grâce à sa pudeur (tsniout), Chaoul mérita d’avoir pour descendante la reine Esther qui fut également discrète, comme son nom l’indique, puisqu’elle ne divulgua pas ses origines]

-> On a pu se rendre compte de la bonté et de la miséricorde de Rachel, qui suite à la fraude de Lavan, a tout fait pour éviter le moindre sentiment d'embarras à sa sœur, prenant le risque de passer à côté du fait d'être la femme de Yaakov, d'être une des Matriarches à la base de tout le peuple juif.
Qu'en est-il de sa pudeur?

Yaakov a vu Rachel pour la 1ere fois au puits, et ensuite, il ne l'a plus revu durant les 7 années qu'il a travaillé pour avoir droit de la marier.
Même lorsque Yaakov devait venir voir son employeur (son père Lavan), elle faisait en sorte qu'il ne puisse pas la voir.
Si Yaakov l'avait vu pendant ces 7 années, il aurait su la différence entre Rachel et Léa, et ce même dans le noir.
Rachel était grande de taille, et Léa petite.

=> C'est uniquement parce que Rachel a été pudique pendant les 7 années, qu'elle a pu sauver Léa du moindre sentiment d'embarras, en pouvant se faire passer pour elle.
[Ben Ish 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Rabbi Elazar de Garmiza dit que Rachel et Léa étaient des jumelles, et que Léa est née en 1ere.
Yaakov était d'accord sur le fait que la plus âgée devait se marier avant la plus jeune.
Cependant, il voulait se marier avec Rachel, car pour lui c'était la plus âgée.

Dans le cas de jumeaux, celui qui est conçu en 1er, et celui qui sort du ventre de sa mère en second (principe de la valise dans l'avion : la 1ere arrivée est la dernière à sortir de l'avion, car mise au fond).
Celui qui est conçu en 1er possède un supplément de sainteté, car même avant sa naissance, le fœtus dans le ventre peut avoir des pensées de kédoucha.

Lavan dans sa réponse ne prend pas en compte la notion de kédoucha (sainteté). Pour lui, celle qui est sortie en 1ere du ventre, c'est celle qui est la plus âgée, celle qui doit se marier d'abord.
A l'inverse, Yaakov prend en compte cette notion de sainteté, et pour lui, celle qui est conçue d'abord, est celle qui a le plus de sainteté.

[le Na’hal Kédoumim]

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-> Le Pardess Yossef reprend cette même idée : l'aînesse appartient à celui qui a été créé en premier, et non à celui qui est né en premier. Le fait que Yaakov ait acquis le droit d'aînesse n'est que pour se justifier aux yeux du monde, mais en réalité, c'était Yaakov qui était l'aîné.
[d'où la divergence entre Lavan et Yossef : "cela ne se fait pas chez nous"]

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-> Yaakov dit à Lavan : "Pourquoi m’as-tu trompé?" (v.29,25)

Le rabbi Bounim de Pshischa fait remarquer que tous les problèmes de l'histoire peuvent se retrouver dans ce moment.
En effet, si Lavan aurait donné Ra'hel à Yaakov, comme ils s'étaient mis d'accord au début, Yossef aurait été le premier-né indisputé. Par conséquence, les frères n'auraient pas été jaloux de Yossef, et ils ne l'auraient pas vendu à l'Egypte, et l'exil n'aurait pas eu lieu, ni la destruction du Temple.
Ainsi, tous les problèmes de l'histoire s'expliquent par ce moment où Lavan a trompé Yaakov.
C'est pourquoi Yaakov qui avait conscience de cela pouvait légitiment être bouleversé, et il en a d'ailleurs crié : "Pourquoi m’as-tu trompé?" [avec tout ce que cela implique dans le futur!]

Le rabbi Bounim de Pshischa nous dit que cependant Yaakov [à son niveau] n'aurait pas dû se plaindre. Il aurait dû réaliser que même cela était destiné du Ciel.
Certes Lavan sera puni car il est à l'origine de tous ces problèmes futurs, mais si cela n'aurait pas été Lavan alors il y aurait eu quelqu'un d'autre à sa place pour le faire, car rien ne peut se produire sans l'accord d'Hachem.

"[Yaakov] rencontra l'endroit et y passa la nuit parce que le soleil s'était couché (ki va hachéméch)" (Vayétsé 28,11)

-> Le midrach (Béréchit rabba 68,10) commente que "ki va" peut être interprété en un seul mot : "kiva", qui signifie : éteindre.
Le verset se lit alors comme : Yaakov rencontra l'endroit, car Hachem avait éteint le soleil.
Pourquoi cela?

Le midrach répond que Hachem a agit ainsi car il voulait parler en privé à Yaakov.
C'est comme un roi qui reçoit une personne qu'il aime beaucoup, et qui va demander d'éteindre les lumières autour, afin de pouvoir lui parler en toute intimité.

-> Cet épisode de Yaakov s'est déroulé alors qu'il allait en exil, quittant la terre d'Israël.
Selon le Zekan Aharon, le message est que l'exil est une façon pour Hachem "d'éteindre la lumière", Lui permettant alors de nous proposer des opportunités spirituelles si précieuses, qu'elles doivent nous être révélées qu'en secret et en privé.

Cela est vrai à l'échelle du peuple collectivement, mais aussi pour chaque juif individuellement.
On peut citer par exemple :

1°/ Nos Sages (midrach Bamidbar rabba 15,7) font remarquer que l’œil humain ne voit pas à partir du blanc, mais à partir du noir.
Le message est que c'est de nos moments les plus noirs, que nous pouvons acquérir la meilleure vision sur nous-même et sur la vie.
En effet, avec du recul, on se rend compte que ce qui nous a permis de nous améliorer, c'est souvent nos passages difficules.

Le petit point noir est nécessaire pour que le reste soit encore plus lumineux!

2°/ Il est écrit : "Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts, endormis pour toujours" (Eikha 3,6)
Qu'est-ce que cela signifie?

La guémara (Sanhédrin 24a) explique que cela fait référence au Talmud de Babylone, qui a été écrit et compilé dans une période [d'exil] de grande obscurité.
Ainsi, la guémara, qui est la fondation et la base de pratiquement toute la vie juive, a pu prendre forme dans un moment l'obscurité totale.

==> Hachem éteint souvent la lumière, afin de nous montrer la lumière.

"Il fit un rêve, et voici qu'une échelle était dressée vers la terre et son sommet arrivait au ciel ; et voici que des anges de D. [y] montaient et y descendaient.
Et voici que Hachem se tenait au-dessus de lui, et Il dit : 'Je suis Hachem, le D. d'Avraham ton père et le D. d'Its'hak ; le sol sur lequel tu es couché, c'est à toi que Je le donnerai ainsi qu'à tes descendants' "
(Vayétsé 28,12-13)

-> Les "anges de D." : font référence aux érudits en Torah, qui sont qualifiés de cette même façon par la guémara (Shabbath 119b).

La guématria : "des anges de D. [y] montaient et y descendaient" est de : 613 (מלאכי אלהים עולים וירדים).
Cela fait allusion au fait qu'accomplir les 613 mitsvot entraîne l'âme d'une personne à monter au Ciel sans défaut, et à en descendre totalement complète et pure lorsqu'elle se lève le matin.

[Sfat Emet]

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-> L'échelle, avec les anges montant et descendant, est une métaphore de la vie.
A chaque instant, une personne ne reste jamais à la même place : soit elle monte, soit elle descend.
[le 'Hafets Haïm]

Il n'y a pas d'action neutre : soit c'est en accord avec la volonté de Hachem est dans ce cas, comme le dit le Ram'hal, on fait monter le monde entier avec nous-même, sinon c'est le contraire.

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-> Apparemment, il aurait fallu écrire en accord avec les déplacements des anges : ils descendent d'abord, et ensuite ils montent.
=> Pourquoi le verset adopte-t-il l'ordre inverse?

"Celui qui fait une mitsva acquiert un défenseur" (Pirké Avot 4,11)
Ce défenseur, un bon ange, monte pour justifier la personne. Ensuite, il descend pour défendre cette personne qui a fait la mitsva.
C'est pourquoi le verset dit à juste titre : "y montent et y descendent", car c'est effectivement l'ordre, ils montent pour justifier puis descendent pour défendre.
[rabbi Yéhouda Berdugo - Mayim Amoukim]

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-> Le mot : "échelle" (סלם - soulam) a la même valeur numérique que : Sinaï (סיני).
Cela indique que Hachem a montré à Yaakov le don de la Torah au mont Sinaï.
De plus, סלם a la même guématria que : c'est le Trône de Gloire (zé kissé akavod - זה כסא הכבוד).

[Baal haTourim]

-> Le Toldot Yaakov Yossef (paracha Béhar) explique cette équivalence numérique : la Torah, qui a été donnée sur le Sinaï (סיני), est l'échelle (סלם) au moyen de laquelle nous devenons plus proches de D.

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni, Ki Tissa 394) enseigne que lorsque les juifs font la volonté de D., le lieu principal de résidence de la présence divine est en bas, sur terre.
Les anges qui recherchent Hachem doivent venir dans ce monde pour Le trouver.
[Alchikh - Dévarim 10,14]

Selon nos Sages, les anges venaient du Ciel (un niveau de moindre kédoucha) pour la terre (un niveau ayant davantage de kédoucha, de présence divine).
Ainsi, d'abord les anges "montaient" du Ciel vers la terre (à l'image de l'alya en Israël), puis "redescendaient" au Ciel.

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-> Le Binyan David commente : "des anges de D. y [בו] montaient et descendaient".

Les anges n'ont pas de yétser ara contrairement aux hommes, ce qui a entraîné que la Torah a été donnée aux hommes (cf.guémara Shabbath 88b).
Malgré le fait d'être "dressé vers la terre" (yétser ara), lorsqu'une personne suit la volonté de Hachem (le Ciel), les anges "descendent", dans le sens où ils sont à un niveau inférieur à cet homme (puisqu'ayant utilisé son libre arbitre positivement).

Cependant, si une personne ne suit pas la volonté de D. (la terre), les anges "montent" à un niveau plus élevé que l'homme.

=> Tout est dans les mains du peuple juif.

-> "Des anges de D. [y] montaient et y descendaient" : il est humain de tomber (les anges montant par rapport à l'homme), mais il faut surtout s'efforcer de se relever en faisant téchouva et en repartant de l'avant plein d'envie d'agir mieux (l'homme redevient alors supérieur aux anges, qui descendent).

C'est la dynamique de la vie, à l'image de nos jambes lorsque nous marchons, qui montent et ensuite redescendent, avançant pas à pas, échelon après échelon, vers papa Hachem.

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-> L'échelle est une métaphore de l'homme.
L'homme est formé depuis la terre, mais il est béni par une âme (néchama), qui est divine et qui atteint le Ciel.

Lorsqu'un homme permet à ses besoins matériels de le dominer, ils vont l'attirer en bas et il est "dressé vers la terre".
Cependant, si une personne se remplit de sainteté par le biais de l'étude de la Torah et de l'accomplissement des mitsvot, l'échelle peut atteindre jusqu'au Ciel.

[Yichma'h Moché]

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-> L'échelle représente le lien entre le Ciel et la terre.
On doit faire tout son possible pour monter spirituellement de niveau, et ce pas à pas, comme si l'on montait une "échelle vers le Ciel".

Cependant, pendant que l'on grimpe l'échelle, on se doit d'être "dressé vers la terre", de toujours rester humble, car c'est la seule façon d'atteindre le haut l'échelle.

[Rav Yonathan Steif]

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+ L'échelle est une belle leçon sur la vie.

-> Lorsqu'on la monte, on regarde vers le haut (le ciel - la spiritualité).
Il est écrit : "La jalousie envers les sages augmente la sagesse" (guémara Baba Batra 21a).
Dans la spiritualité, il faut toujours regarder ceux qui ont plus que nous, les jalouser et vouloir à minima les rejoindre.
On a une obligation de moyen, d'utiliser toutes nos forces, nos ressources dans ce sens.

-> Lorsqu'on la descend, on regarde vers le bas (la terre - la matérialité).
Le 'Hovot haLévavot (chap.7) enseigne : "(Il est recommandé) de porter son regard en permanence sur celui qui est au-dessous de nous sur le plan matériel et non pas sur celui qui est au-dessus de nous"
Dans la matérialité, il faut s'efforcer de voir ceux qui nous sont inférieurs, afin d'apprécier et d'être content de notre situation.

-> Le midrach Chmouel (Avot 4,1) tire la même idée de la fin du 1er paragraphe du Alénou. Il est écrit : "bachamayim mimaal" = pour ce qui est spirituel (chamayim) regarde au-dessus (mimal) ; "véal aarets mita'hat" = pour ce qui est matériel (aarets) regarde en dessous (mita'hat).

Ce qu'on a dépend de D., et au-delà d'un manque de émouna, pourquoi passer toute sa vie à peiner pour obtenir quelque chose, plutôt que de l'accepter (Hachem a ses raisons) et de profiter pour monter l'échelle spirituellement, échelon par échelon, dès maintenant. Car après, il risque d'être trop tard ...

On peut citer 2 exemples illustrant ce dernier point.

1°/ La lune s'est plainte auprès de Hachem que 2 grands luminaires (la lune et le soleil) ne pouvaient pas exister en même temps.
Elle avait raison sur le fond de sa demande, mais il y avait une très légère pointe d'orgueil (vouloir être la plus grande).
D. a alors réduit la taille de la lune, mais ensuite pour la consoler, Il lui a dit qu'on fera chaque mois une bénédiction sur elle, et Il lui a également ajouté les étoiles.
Que viennent-elles lui apporter ces dernières?

Les étoiles permettent à la lune de se dire, il y a pire que moi (je ne suis pas la petite), et d'ainsi retrouver la sérénité et la joie de vivre.

[à l'origine le soleil et la lune avaient le même diamètre, mais après que la lune a été rapetissée, Hachem l'a repositionnée beaucoup plus proche de la terre (alors que le soleil est demeuré très éloigné de la terre). Grâce à cette "bonté" d'Hachem, la lune semble avoir les mêmes dimensions apparentes que le soleil, vues depuis la terre.
On voit de là à quel point Hachem punit avec précision, et l'importance de toujours préserver l'honneur d'autrui.]

2°/ Rabbi Akiva et sa femme étaient extrêmement pauvres, et dormaient réellement à même la paille.
Hachem leur a envoyé un homme qui leur a demandé de la paille, car sa femme allait accoucher, et il n'avait pas de paille.

Cela a contribué à redonner totalement le moral à Rabbi Akiva et à sa femme : "Regarde, nous avons de la paille, et d'autres n'en ont même pas. Quelle chance nous avons! Comment pouvons-nous nous plaindre de notre situation!"

=> L'échelle symbolise la façon dont un juif doit voir la vie afin d'en être pleinement heureux.

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-> De même que la lune, bien que secondaire au soleil et ne faisant que refléter sa lumière, a une quantité énorme d'étoiles pour la consoler, de même la Torah Orale, un reflet de la lumière de la Torah [Écrite], possède des millions d'âmes juives qui l'étudient et accroissent son rayonnement.
[Sfat Emet]

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-> L'échelle que Yaakov a vu avait uniquement 4 échelons, correspondant aux 4 attributs nécessaires à une personne afin d'avoir la prophétie, comme la guémara (Nédarim 38a) l'enseigne : "la prophétie ne réside que sur celui qui est sage, fort, riche et humble"
[Séfer ha'Ikarim 3,10]

Le Ben Yéhoyada commente cette guémara, en disant qu'en réalité, il n'y a qu'une seule condition nécessaire, et c'est l'humilité.
Si une personne est pauvre, faible ou pas intelligente, elle n'a pas de véritable humilité, car elle n'a pas vraiment de raison d'être orgueilleuse.
Cependant, celui qui est intelligent, fort et riche, et qui est malgré tout humble, fait preuve d'une véritable humilité.

-> Le Maharal explique cette guémara en disant que seule une personne qui est similaire aux 4 corps Céleste du Chariot Divin ('hayot hamerkava), peut mériter la prophétie.
En effet, sur le Chariot Divin, il y a :
- un lion = qui représente une personne forte ;
- un bœuf = allusion à une personne riche ;
- le visage d'un homme = la sagesse ;
- un aigle = l'humilité (puisqu'étant le plus petit des 4 éléments, et renvoyant également à l'idée que lorsqu'une personne s'abaisse, alors Hachem l'élève très haut).

-> Le Ran dit que l'on peut facilement comprendre qu'un prophète doit être sage et humble.
On peut également comprendre la nécessité qu'il soit fort, car il en a besoin au moment d'affronter les prophéties difficiles pour le peuple juif.
Mais pourquoi la richesse?

Un prophète, en plus d'être personnellement complet dans son service d'Hachem, doit également amener les juifs sur le bon chemin du service Divin.
Le roi Salomon écrit : "la sagesse du pauvre est dédaignée et ses paroles passent inaperçues" (Kohélet 9,16).
Puisque les gens n'écoutent pas les pauvres, alors un prophète se doit d'être riche afin de pouvoir influencer autrui et être écouté.

-> D'ailleurs le Maharam Shick fait remarquer qu'au moment des 1eres Lou'hot, tous les juifs étaient purs et avaient un niveau élevé où ils acceptaient pleinement le message de Moché sans qu'il soit riche.
La faute du Veau d'or a entraîné de l'impureté et une baisse importante du niveau spirituel, faisant que pour le don des 2e Lou'hot, Moché devait être riche pour que ses paroles soient pleinement entendues par le peuple juif.

[A la sortie d'Egypte, Moché n'avait pas amassé de richesse préférant prendre les ossements de Yossef. Par contre, il est devenu extrêmement riche en ramassant des morceaux de saphirs issus des Tables de la Loi.
Le Méam Loez (Ekev 10,2) rapporte que Moché a pris une part plus active à la fabrication des 2e Tables de la Loi. D. lui avait donné les 1ere Tables toutes prêtes, mais cette fois-ci, Il lui a demandé de les tailler lui-même.
Hachem lui a montré une carrière de saphir céleste où prendre le matériau pour les Tables.
Le midrach rapporte que D a donné à Moché la permission d'emporter avec lui les débris de saphir qui restaient après la gravure des 10 Commandements sur les Tables. Ces débris ont suffi à enrichir Moché.]

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-> "Il fit un rêve, et voici qu'une échelle était dressée (moutsav - מצב) ... Et voici que Hachem se tenait (nitsav - נצב) au-dessus de lui" (Vayétsé 28,12-13)

Le mot "moutsav" implique que cela a été mis en place par d'autres personnes, tandis que "nitsav", qui est une forme différente de ce même mot, implique que Hachem se tient par Lui-même.
[le Rachbam]

A chaque instant, un être humain ne peut exister et faire quoique ce soit, que grâce à la bonté et l'aide de D. (moutsav renvoyant à cela).
Uniquement Hachem existe par Lui-même, n'étant dépendant de personne et existant au-delà de toute limitation (nitsav renvoyant à cela).

Par nos actions (Torah, mitsvot, ...) nous avons la possibilité de monter l'échelle spirituelle, d'amener la présence divine dans ce monde, et de devenir des êtres très au-delà des anges.

C'est là toute la dualité de l'être humain : extrêmement insignifiant car totalement dépendant de Hachem ; mais infiniment grand car il a une âme et des capacités énormes.

Il ne faut surtout pas se contenter de notre situation, mais toujours avoir une ambition folle (monter l'échelle jusqu'au Ciel), afin de mettre au grand jour nos magnifiques potentialités.

Comme l'écrit le Kouzari, les différentes catégories de ce monde sont : les minéraux, les végétaux, les animaux, les hommes et puis les juifs.
Un juif peut être supérieur à toute autre créature (même les anges), il peut même devenir quasi-divin, au point où D., Lui-même, a dû préciser que nous ne pourrions pas totalement l'égaler.

Mais, si nous en faisons une mauvaise utilisation, nous pouvons être pire que des animaux.

=> b"h, à nous de prendre l'échelle spirituelle dans le bon sens.

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-> Le Baal haTourim dit que la métaphore de l'échelle vient nous enseigner qu'il ne faut jamais perdre espoir.
Toute personne est toujours sur cette échelle, qui atteint le Ciel (le lien avec Hachem n'est jamais perdu, rompu, quoique nous ayons pu faire).

-> Ce qui compte dans la vie, ce n'est pas à quelle hauteur de l'échelle je suis, mais combien d'efforts j'ai fait pour monter en spiritualité, par rapport à l'effort théorique que j'aurai pu produire.

Chacun à sa propre échelle de la vie à monter, en fonction de ses capacités et de son unicité.

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-> Selon le Ora'h lé'Haïm, cette échelle symbolise l’homme.
S’il est planté à terre, c’est-à-dire s’il est modeste et humble, se considérant comme de la terre, alors sa tête atteindra le ciel.
En effet, dans le Ciel, pour Hachem, cet homme sera très important et sa personnalité aura une grande valeur.
Cela rejoint l’enseignement du Zohar qui dit : "Celui qui est petit, est grand". C’est-à-dire que celui qui est modeste et se voit petit, en réalité il est grand et Hachem lui accordera beaucoup de valeur et d’importance.

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-> Le rabbi de Rizhin (rabbi Israël Friedman) disait que le mot : soulam (échelle - סֻלָּם) est l'acronyme de : séouda mélavé malka (סעודת מלוה מלכה), le 4e repas de Shabbath.
Elle est "dressée sur le sol" (moutsav artsa) : on a tendance à la jeter à terre, à la mépriser/oublier ; bien que "son sommet arrive au Ciel" (rocho maguia achamayéma) : elle est si élevée et sainte, que sur un plan spirituel elle a la capacité d'amener une personne plus proche de D.

Yaakov ajouta: "Que ce lieu est redoutable! Ceci n'est autre que la maison de Hachem et c'est ici la porte du ciel" (Vayétsé 28,17)

Il s'agit du futur emplacement du Temple, qui est la porte à travers laquelle toutes les prières s'élèvent.
Selon Rachi, le Temple de Jérusalem est considéré comme la "porte" du Temple d’en-haut.
Il rapporte le midrach disant que le Temple Céleste correspond au Temple terrestre : Yaakov se trouvait donc à l'endroit le plus propice à le prière et au service de D.

-> Le Kotel, long d'environ 500 mètres, est la muraille ouest du mont du Temple, qui reste intacte depuis la destruction du 2e Temple en l'an 3820 (70 de l'ère chrétienne).
Sa sainteté provient de sa proximité avec l'endroit où se tenait le Saint des Saints.

Quelque soit l'endroit où l'on habite, il faut se tourner vers le mont du Temple lors de la récitation de la amida, car c'est de cet endroit que s'élèvent toutes nos prières vers le Ciel (Choul'han Arou'h 94,1)
["c'est ici la porte du ciel!"]

-> "Ton cou est comme la tour de David" (Chir haChirim 4,4)
Selon la guémara (Béra'hot 30a), cela fait référence au Temple.
Le roi Chlomo compare ainsi le Temple à un cou.

De même que le cou permet de relier la tête avec ce qu'il y a en dessous, de même, le Temple (le Saint des Saints) permet de connecter le Ciel avec la terre.
Le Temple est le lieu de passage entre le Créateur et Sa création.
["c'est ici la porte du ciel!"]

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-> Selon la tradition juive, c'est le roi David, lui-même, qui a construit ce mur.
La guémara (Sotah 9a) enseigne que les œuvres de Moché et du roi David sont indestructibles.
Ceci peut expliquer pourquoi il a toujours survécu aux nombreuses personnes qui ont souhaité nous anéantir.

-> "Voici Il se tient derrière notre mur" (Chir haChirim 2,9)
Selon le midach (Chir haChirim rabba 2,9), cela signifie que Hachem réside derrière le Kotel, car D. a promis qu'il ne serait jamais détruit.
Selon le midrach (Chémot rabba 2,2), cela signifie que la présence divine ne partira jamais du Kotel.

-> Le midrach (Eikha 1,32) affirme que lorsque l'empereur Vespassien assiégea Jérusalem, il nomma 4 généraux pour détruire les 4 parties de la ville.
La partie ouest fut placée entre les mains d'un général dénommé Pangar.
Dans le Ciel, il fut décrété que le Kotel ne devait pas être démoli et, effectivement, tandis que les 3 autres généraux détruisirent leur secteur, Pangar permit au Kotel de rester intact.

Vespasien le convoqua et lui demanda des explications, auxquelles Pangar répondit : "Je jure que mon intention n'est que de rehausser votre réputation, ô majesté!
Si j'avais détruit le dernier vestige de Jérusalem, les générations futures n'auraient eu aucune idée de l'ampleur de votre victoire, car elles auraient pensé que Jérusalem n'était qu'une ville minuscule. Mais maintenant que j'ai laissé cet immense Kotel en souvenir, il sera connu à travers les générations que sa Majesté a conquis une ville colossale.

L'empereur lui dit : "Tu t'es bien défendu, mais puisque tu n'as pas respecté mon ordre, tu devras te jeter du haut d'une tour".
Pangar se jeta du haut d'une tour, et mourut.

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-> "Ton peuple ne sera composé que de justes" (amé'ha koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21)
Le Kotel représente l'image que même si un juif tombe totalement en ruine, il restera toujours en lui une partie d'âme, une présence divine.

Tout juif a en lui un cœur spirituel qui bat, témoin de son essence indestructible pour le bien.
D. ne nous quitte jamais, et nous avons toujours la possibilité de reconstruire Sa demeure en nous.

=> En chaque juif, même celui qui peut sembler le plus mauvais, il y a un Kotel, qui ne demande qu'à devenir Temple.

-> Tous les juifs prient vers l'est (vers le Temple et son Kotel à Jérusalem).
Le soleil se lève à l'est, proclamant une nouvelle journée pleine de vie et d'opportunités.
Ainsi, le Kotel nous transmet l'idée que l'histoire juive ne fait que commencer, et que quelque soit notre situation actuelle (personnellement et collectivement), très très bientôt le machia'h arrivera et reconstruira le tout, nous faisant alors vivre des moments éternels indescriptibles.

-> Dans le désert, chaque tribu avait sa place.
Celle de Yéhouda, représentant la royauté, était à l'est du campement.

En se tournant vers l'est (le Kotel), nous nous rappelons, que nous les juifs, nous sommes les fils du Roi Hachem (ben chél mélé'h), et que nous n'avons rien à craindre des humains.
Il nous faut faire honneur à ce statut, et agir en responsabilité.

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-> La place en bas du Kotel a la sainteté d'une synagogue.

-> Le Zohar (vol.2,5a) enseigne qu'il y aura toujours un reste du Temple (le Kotel), sur lequel la présence divine continuera à y résider.

Selon le Yichma'h Moché (Haftara Pékoudé), c'est de là que nous recevons notre subsistance spirituelle, de nos jours encore.
[elle est à base de toute autre bénédiction, comme la subsistance matérielle]

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+ La force de la prière au Kotel :

-> Nous allons voir un enseignement du 'Hessed léAvraham, le grand-père du 'Hida ('Hessed léAvraham 3,3).

Depuis que le Temple a été détruit, il y a un nuage qui empêche nos prières de monter vers le Ciel.
Où que nous soyons, nous devons traverser ce nuage, c'est pour cela par exemple, que dans la prière nous disons les Péssouké déZimra, afin de permettre à nos prières de se frayer un chemin jusqu'au Ciel.

Ce nuage est beaucoup plus fin en Israël, et il est pratiquement inexistant à Jérusalem.
Au Kotel, une prière n'a besoin de traverser aucune barrière, son chemin vers le Ciel est direct et certain.

Le Kotel est un lieu unique dans le monde, où la proximité avec la présence divine est incomparable.

[le 'Hatam Sofer explique que le mot "Zimra" (de Péssouké déZimra) qui signifie communément "chant" ou "louange", a une autre signification, celle de "couper". En effet ces versets ont le pouvoir de briser les forces du mal qui empêchent les prières de monter.
Selon le Aboudraham, ils jouent un second rôle : celui de protecteur. Ils assurent l'acceptation de la prière, c'est pourquoi on s'efforcera de les lire lentement et avec ferveur (kavana)
Selon le Zohar (Térouma 131b), lorsqu'on dit les Pessouké déZimra à la synagogue, 3 groupes d'anges célestes se rassemblent à ce moment pour les dire en même temps que les Bné Israël.]

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-> Depuis plus de 100 ans, les élèves de Rabbi Aharon de Karlin, ont la tradition que le vendredi soir, les Patriarches et les Matriarches sont présents au Kotel afin d'accueillir Shabbath avec la présence divine.

=> Quel moment spécial!

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-> Le Kotel est un lieu tellement saint, qu'il faut déchirer son vêtement en s'en approchant, comme on le ferait dans le cas d'un deuil.
Cela s'applique lorsqu'une période de 30 jours ou plus s'écoule depuis notre dernière visite au site.
Par exemple, le rav Kanievsky a l'habitude de le faire avec des vieux habits.

Avant de déchirer son vêtement, on doit dire : "La Maison de notre sainteté et de notre gloire dans laquelle nos pères T'ont loué, fut consumée par le feu et tout ce que nous chérissions se transforma en ruine" (Beit kodéchénou vétifarténou achèr hilelou'ha bo avoténou, haya lit'réfat éch, vékol ma'hmadénou aya lé'haréva)
[Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 561,2 et suivant]

La michna béroura explique en détails ce que l'on doit faire en déchirant son vêtement, et ajoute qu'il faut réciter le Téhilim 79 (mizmor léAssaf).

-> Le rav Kanievsky évite également de mettre sa main entre les pierre du Kotel au regard de la'énorme sainteté qu'il y a.

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b"h, d'autres dvar Torah sur le sujet du Kotel : https://todahm.com/?s=kotel

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"Il fut saisi de crainte et dit : "Que ce lieu est redoutable!" (Vayétsé 28,17)

-> Le gaon rav Barou'h Ber Leibowitz était un élève du gaon rav 'Haïm Soloveichik, le rav de Brisk.
Les élèves du rav Leibowitz ont remarqué qu'à chaque fois que leur rav traversait la ville de Brisk en train, il se mettait debout jusqu'à ce que le train quitte la ville.
Face à leur interrogation, il leur a dit : "Lorsque le train passe par Brisk, la ville dans laquelle mon Rabbi, rav 'Haïm Soloveichik réside, je me tiens debout en son honneur.
Même s'il se trouve loin, son influence et sa sainteté atteigne l'intégralité de la ville."

"Il n'est pas encore le temps de rassembler le bétail. Abreuvez le troupeau et laissez-le paître." (Vayétsé 29,17)

-> Rabbi Méïr de Prémichlan disait :
"Maître du monde!
Si ce n'est "pas encore le temps de rassembler le bétail" = si le moment de rassembler le peuple juif de l'exil n'est pas encore venu, D. en préserve ;
je Te demande au moins : "Abreuvez le troupeau et laissez-le paître" = donne-lui au moins une large subsistance pour qu'il ne manque ni de nourriture ni de vêtements jusqu'à la délivrance complète."

La vie de Yaakov

+ "Souvenez-vous … ce sur quoi vous pleurez aujourd’hui, vous en rirez demain.
[...] Demain tu pleureras de ce dont tu ris aujourd'hui"

[le Gaon de Vilna – lettre adressée à sa famille]

-> "Cela aussi est pour le bien"
[guémara Taanit 21a - Na'houm Ich Gam Zou ]

-> "Ce que D. fait, c'est pour le bien"
[guémara Béra'hot 60b - Rabbi Akiva, élève de Na'houm Ich Gam Zou ]

-> "Tout homme doit bénir D. pour le mal, comme pour le bien" [Béra'hot, michna 5, chap.9]

-> "Le malheur de l'homme est qu'il a tendance à juger l'événement d'aujourd'hui (l’instantané) alors même qu'il n'est qu'un petit maillon d'un grand projet prévu par Hachem.

La lecture de ce maillon, pris isolément, est souvent à l'opposé de la lecture de ce même maillon intégré dans le projet divin global
[...]
Lorsqu'on aura une vision générale de l'ensemble des événements, avec le recul, on verra alors la droiture de D. et de ses jugements envers nous."

[Rabbi 'Haïm Chmoulévitch]

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+ La vie de Yaakov (paracha Vayétsé) :

-> Le Baal haTourim fait remarquer que la paracha Vayétsé est entièrement fermée ("stouma"), c'est-à-dire qu'elle ne comporte aucun espace blanc, ni aucune interruption.

Habituellement, les espaces blancs et interruptions (פ ou ס) ont été donnés par D. à Moché pour qu'on puisse méditer et réfléchir entre 2 paragraphes.
Leur absence dans cette paracha, vient nous enseigner qu'il faut globaliser toutes les étapes de la vie de Yaakov pour avoir une lecture juste.

Un jugement de chacun des moments pris isolément entraînerait une lecture fausse, à une interprétation en mal.

En effet, la vie de Yaakov est une suite d'épreuves.
On peut citer par exemple :
-> Son frère Essav cherchait à le tuer.
Si Essav était l'ami de Yaakov, ce dernier aurait été fortement influencé par son frère jumeau et son ascension aurait été freinée.

-> un beau-père Lavan trompeur qui ne respecte pas sa parole et qui va jusqu'à remplacer Ra'hel par Léa sous le dais nuptial.
Sans cela, Yaakov n'aurait épousé que Ra'hel et on n'aurait pas bénéficié de 12 tribus de sensibilité différente qui font la richesse du peuple juif.

-> une fille (Dina) violée.
Sans cela, la fille (de la honte) née de cette union n'aurait pas été envoyée en Egypte, et Yossef qui l'a épousée n'aurait pas trouvé de femme juive pour se marier.

-> son fils préféré Yossef qui disparaît durant 22 ans
Cela a permis de commencer l'exil prévu sans servitude ni pour Yaakov, ni pour sa famille.
Yaakov y est descendu avec les honneurs, et non enchaîné de force.

-> la séparation de Binyamin.
Yaakov s'est plaint d'être obligé d'envoyer Binyamin : "Pourquoi m'avez-vous causé ce mal en disant à cet homme que vous avez encore un frère?" (Mikets 43,6)

Rabbi Lévi commente ce verset dans le midrach rabba (91,10) :
"Jamais Yaakov n'a prononcé des mots déplacés, sans valeur, sauf ici.

D. (mécontent) dit : "Moi, je m'occupe de faire régner son fils (Yossef) et lui (Yaakov) dit : 'Pourquoi m'avez-vous causé ce mal'? "

=> On reproche à Yaakov d'avoir jugé de façon isolée un événement de sa vie, car s'il l'avait intégré dans la globalité, il aurait eu un éclairage très positif.
En effet, c'est cette séparation de Binyamin qui va par exemple lui permettre de retrouver son fils Yossef.

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A l'image d'une personne se faisant charcuter sur une table d'opération, de quelqu'un souffrant chez le dentiste, d'une femme qui accouche dans la douleur, ...
Sur le moment, une personne extérieure dira : "Mais quel assassin! Quelle violence du médecin!"

Mais avec du recul : on est sauvé de quelque chose de grave pour notre corps, on n'a plus de maux de dents, on a un enfant, ...

On accepte ce mal nécessaire, car on s'est qu'il en résultera un bien énorme!
[on le demande, et même on paie pour cela!]

=> Dans notre vie personnelle, ce qui peut nous sembler négatif aujourd'hui, prendra plus tard un caractère positif, car D. les a intégré dans une chaîne qui mène au bien ultime.

Sur le moment lorsque c'est dur, il faut savoir se dire : "Je ne comprends pas ce qu'il se passe! C'est vraiment difficile, mais si Hachem souhaite que je passe par là, Il en a ses raisons, et c'est forcément un pas de plus, nécessaire, vers mon bonheur ultime. Je comprendrai la logique des choses plus tard."

Dans la pratique, c'est cela avoir confiance en Hachem.

Parfois, nous passons dans un tunnel où il fait tout noir, mais c'est un chemin qui au final nous permet d'avancer beaucoup plus vite vers davantage de proximité avec papa Hachem.
[le kiff ultime!]

[l'épreuve est un médicament nécessaire, et la émouna est l'enveloppe sucrée qui aide à avaler cette pilule plus agréablement.]

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+ Une autre explication faisant que cette paracha a la particularité d'être entièrement fermée :

-> Selon le Sfat Emet, cela fait allusion à l’idée suivante : bien que Yaakov a quitté physiquement la terre d’Israël (de Béer Chéva à 'Haran), il n’a jamais coupé ses liens émotionnels avec elle.
Son cœur et son esprit sont restés en Israël de son départ à son retour.
Ses yeux sont toujours restés concentrés sur le futur, moment où il y retournera.
Ainsi, cette paracha ne contient pas de sauts de paragraphe.

+ "Il vit, et voici un puits ... c'est de ce puits ... sur l'ouverture du puits ..." (Vayétsé 29,2)
+ "... sur l'ouverture du puits ... sur l'ouverture du puits" (Vayétsé 29,3)
+ "... de dessus l'ouverture du puits ..." (Vayétsé 29,8)
+ "... de dessus l'ouverture du puits ..." (Vayétsé 29,10)

Le Baal haTourim fait remarquer que le mot : "béér" (un puits - באר) est mentionné ici un total de 7 fois, allusion aux 7 personnes qui montent à la Torah chaque Shabbath, puisqu'un puits d'eau représente la Torah.

La Torah fait référence à 3 personnes qui ont rencontré leur âme sœur autour d'un puits : Yaakov (יעקב), Eliézer (אליעזר) et Moché (משה), dont l'acronyme forme le mot araméen pour : "l'eau" (maya - מיה).

Les 3 grands personnages qui ont écrit la Torah sont :
-> Moché (משה), qui a écrit le 'Houmach ;
-> Rabbi Yéhouda haNassi, qui a compilé les Michnayot ;
-> Rav Ashi, qui a contribué à mettre par écrit la Guémara.
L'acronyme de ces 3 noms (משה et יהודה et אשי), forme également le mot : "eau" (maya - מיה).

=> L'eau représente la Torah, et un juif sans Torah est comme un poisson hors de l'eau.
Source (b"h) : dvar Torah du petit-fils de Rabbi Yits'hak Zev (dans son TNT)

"Et les yeux de Léa étaient ternes. Et Ra'hel était belle de traits et belle à la vue" (Vayétsé 29,17)

Le Gaon de Vilna indique que la Torah souligne souvent la beauté d'une femme.
C'est ainsi qu'il est écrit que Rivka était "très belle" (Béréchit 24,16).

Pourquoi exalter précisément l'aspect esthétique de nos Matriarches?
Le roi Salomon ne nous dit-il pas que : "mensonge est le charme et vanité est la beauté, tandis qu'une femme qui craint D., c'est elle qui doit être louée" (Michlé 31,30) ?

Le Gaon de Vilna explique qu'il n'a jamais été dans les intentions du roi Salomon de dénigrer complètement la valeur de la beauté.
Ce qu'il veut dire, c'est que si une femme ne craint pas son Créateur, sa beauté est vaine et sans valeur.
Elle est comme : "un anneau d'or dans le groin (museau) d'un porc" (michlé 11,22).

Si en revanche, elle craint D., elle possède donc l'essentiel, on doit la complimenter aussi pour sa beauté et son charme, ses accessoires.

[Il en est de même pour : la richesse, la sagesse, la force, ...
L'accessoire ne devient louable que lorsqu'il est rattaché à un essentiel louable : agir selon la volonté de D.]

=> Puisque les actes de Ra'hel étaient magnifiques, la Torah a également dit d'elle, qu'elle était belle.

Pour aller plus loin : cf.dvar Torah (b"h) parue au sujet de la beauté chez la femme : http://todahm.com/2015/02/16/la-beaute-chez-la-femme

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+ "Et les yeux de Léa étaient ternes."

-> Selon Rachi :
"Parce qu'elle pleurait constamment et priait pour ne pas être obligée de se marier à Essav.
En effet, on disait que comme Rivka avait 2 fils et Lavan 2 filles, l'aînée des filles épouserait l'aîné des garçons et la plus jeune, le cadet."

-> Le midrach de conclure :
"Grande est la prière!
C'est grâce à ses prières que Léa a obtenu que le décret de mariage avec Essav soit annulé et qu'elle a mérité d'être la 1ere à épouser Yaakov et à avoir des enfants de lui."

-> En réalité, Ra'hél était destinée à engendrer le premier-né, mais Léa la précéda grâce à ses prières.
[Méam Loez - Vayétsé 29,31]