Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Quand les juifs sont dans le malheur, les nations du monde les traitent comme des étrangers, et font semblant de ne jamais les avoir connus.
Quand il réussissent, les nations du monde les couronnent et font semblant d'être leurs frères.

C'est ainsi que Essav a dit à Yaakov, quand il a vu à quel point il avait réussi : "Mon frère, que ce que tu as soit à toi" (Vayichla'h 33,9).

[Sifri - Dévarim]

"J'ai passé ce Yarden avec mon bâton" (Vayichla'h 32,11)

-> Quand Yaakov est arrivé au Jourdain (Yarden) [après avoir quitté ses parents, suite aux bénédictions de son père en place d'Essav], il ne savait pas quoi faire, il a levé les yeux vers D. et il a dit : "Hachem! Tu sais que je n'ai rien d'autre avec moi que ce bâton". [Elifaz, le fils de Essav lui ayant tout prit!]

Hachem lui a dit : "Frappe le Jourdain et passe", et c'est ce qu'il a fait.
Hachem lui a alors dit : "C'est un signe pour tes descendants : de même que le Jourdain s'est fendu devant toi, il se fendra aussi devant tes descendants".

[midrach Yélamdénou]

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-> Rachi (v.32,11) écrit également : Je n’avais ni argent, ni or, ni bétail, mais seulement mon bâton.
Explication du midrach : Il a touché le Yarden de son bâton, et celui-ci s’est fendu pour lui livrer passage (Midrach Tan'houma Vayétsé 3).

"Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)

-> Le Rokéa'h rapporte un midrach selon lequel, lorsque Yaakov fuyant Essav, partit à 'Haran, Essav eut un fils qu'il appela "mon frère", afin de de ne pas oublier ce que Yaakov lui avait fait.
Quand cet enfant grandit, il lui ordonna de tuer son oncle Yaakov, en tout lieu où il le trouverait.

=> D'où la double prière de notre Patriarche : "Sauve-moi, de grâce, de la main de "mon frère", de la main d'Essav".

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-> A ce sujet, on peut rapporter le Méam Loez (Vayichla'h 32,4) :
La Torah nous indique qu'Essav vivait dans le pays de Séir, à Sdé Edom
Ceci nous apprend combien Essav était rancunier. Il n'oublia jamais ce que Yaakov lui avait fait.
- [Séir signifie, en hébreu, chèvre]. Essav voulait garder constamment à l'esprit que Yaakov s'était couvert de peau de chevreaux afin que ses bras semblent velus, quand il trompa Its'hak pour recevoir la bénédiction.
Ainsi [le nom de cette région] lui rappelait sans cesse l'usurpation de la bénédiction.
- Il nomma sa ville Sdé Edom [car Edom signifie "rouge"]. Cette couleur était celle du plat de lentilles contre lequel il avait vendu son droit d'aînesse (v.25,30).
Cela aussi, il ne l'oublia pas.

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-> "Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)
Essav représente le yétser ara.
Les termes : "de grâce, de la main de mon frère" (na miyad a'hi - נָא מִיַּד אָחִי) ont les dernières lettres qui forment אמן (amen).
Le Divré Shmouël explique que le fait de répondre amen, a la capacité de nous sauver de notre yétser ara.

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-> "Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)

Rabbi Yossef Solovetchik de Brisk disait à ce sujet :
- "de la main d'Essav" = sauve-moi de ceux qui me détestent de façon visible et qui installent la peur et la crainte sur le peuple juif ;
- mais sauve-moi également "de la main de mon frère" = de ceux qui tendent la main avec chaleur pour nous rapprocher et qui prétendent que nous sommes de la même famille et que nous avons la même Torah.
Dans le premier cas, le danger est physique ; tandis que dans le second, le danger est spirituel, ce qui est bien plus dangereux.

"Pourtant, Tu as dit : "Je te comblerai de faveurs"." (Vayichla'h 32,13)

-> Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir commente ainsi ce verset :

Lorsque l'homme est empli de reconnaissance à l'égard de Hachem, ressentant qu'Il le comble de bienfaits et s'assure toujours que sa situation soit la meilleure possible, en retour, Hachem lui démontre combien il a raison, en déversant sur lui encore plus de bénédictions.

Cette idée peut se lire en filigrane à travers les mots de notre verset :
"Pourtant, Tu as dit : "Je te comblerai de faveurs (étév étiv ima'h - הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ)"."
En d'autres termes, si l'homme affirme que D. ne lui fait que du bien (hétév), alors Hachem le lui confirmera en le comblant d'autant plus (étiv).
Par contre, si l'homme se plaint de la médiocrité de sa situation, alors Hachem réagira en l'aggravant davantage, afin de lui signifier qu'auparavant, elle n'était pas si mauvaise qu'il le prétendait.

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-> b'h, également sur ce sujet : http://todahm.com/2017/04/26/5179

"Si Essav attaque l'un des camps et le met en pièces" (Vayichla'h 32,9)

-> Le mot : "véhikahou" (וְהִכָּהוּ - et le met en pièces) peut se lire dans les 2 sens.
C'est une allusion au fait qu'à chaque fois que les non-juifs frapperont le peuple juif, ils seront eux-mêmes frappés en retour.

"Yaakov eut très peur et fut angoissé" (Vayichla'h 32,8)

-> Rachi de commenter : Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer des autres.

Il existe le principe suivant : "Si quelqu’un veut te tuer, tue le en premier".
Ainsi Yaakov n’aurait pas dû être tourmenté de tuer Essav qui venait pour le tuer.
=> Pourquoi une telle réaction de sa part?

-> Le Gour Aryé explique qu'en réalité Yaakov ne craignait pas de tuer Essav, en soi.
Cependant, il avait peur que si son père apprend qu’il a tué Essav, il en vienne à le maudire, lui qui aimait particulièrement Essav.
Yaackov craignait surtout cette malédiction.

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-> Le Malbim explique qu'en réalité Yaakov a eu purement et simplement peur de Essav qui venait vers lui avec 400 hommes.

C'est ainsi que le verset dit : "Yaakov eu très peur", et lorsque le verset poursuit et dit : "et il fut tourmenté", cela signifie qu'ensuite il fut tourmenté du fait d’avoir eu peur, de sorte qu'on peut lire le verset ainsi : "Yaakov a eu très peur et il en fut tourmenté".
Il regretta amèrement d’avoir eu peur et d’avoir ainsi manqué de confiance en Hachem qui le sauvera et qui lui a même fait des promesses.

En effet, un homme vraiment pieux ne doit rien craindre du tout, hormis Hachem et c’est cela qui tourmenta Yaakov.
D'ailleurs, on peut ajouter que Yaakov a ensuite craint que ce soit cette faute d’avoir eu peur qui lui cause préjudice devant Essav.

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-> Le Kli Yakar apporte 3 raisons pour lesquelles Yaakov pouvait être tourmenté.

1°/ La 1ere est que dans la guémara (Shabbath 32a), on apprend que quand Hachem réalise des miracles pour sauver quelqu’un cela lui enlève de ses mérites.
Ainsi Yaakov fut tourmenté du fait que peut-être Hachem lui enlèvera de ses mérites pour le sauver miraculeusement de Essav.

2°/ La 2e chose qui tourmentait Yaakov, c’était que Essav avait dit 20 ans auparavant, quand Yaakov lui avait pris les bénédiction, qu’il attendait la mort de son père pour se venger et allait tuer Yaakov.
Ainsi, quand ce dernier vit que Essav, accompagné de 400 hommes, se dirigeait vers lui pour lui faire la guerre, il en conclut que peut-être que son père était mort. C’est aussi cela qui le tourmentait.

3°/ La 3e chose se base sur un enseignement de nos Sages qui dit que : "quiconque flatte un racha finira par tomber entre ses mains".
Or, Yaakov a flatté Essav, au début de la paracha, en lui envoyant un message où il disait : "à mon Maître Essav" (ladoni léEssav) ou encore "ton serviteur Yaakov" (avdé'ha Yaakov).
=> C’est cette faute que Yaakov craignait.

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-> Le Zohar explique que Yaakov a eu peur à cause du mérite du respect des parents que pouvait réaliser Essav et que lui ne pouvait pas pratiquer, car étant éloignés de ses parents.

De plus, Yaakov craignait que le fait qu’il ait épousé 2 sœurs, chose que la Torah interdira plus tard, lui soit compté comme faute et soit en défaveur pour lui devant Essav.

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-> Le Méam Loez (Vayichla'h 32,8) rapporte 2 avantages spirituels d'Essav sur lui :
1°/ Essav avait vécu en terre d'Israël, tandis que Yaakov en avait été absent pendant 20 ans.

[le rabbi Chmouël Mohaliver dit qu'on apprend d'ici que la mitsva unique d'habiter sur la terre d'Israël, même si elle est accomplie par un racha qui transgresse de nombreuses fautes tel Essav, peut être comparée à un grand nombre de mitsvot accomplies par un tsadik de la dimension de Yaakov.
Le rabbi de Mohaliver poursuit : à plus forte raison de nos jours, lorsqu'un juif habite sur la terre d'Israël, même s'il a une pratique légère des mitsvot, combien est-il précieux devant Hachem.
Le Yalkout Chimoni (Eikha 3) rapporte : "Hachem dit : Si seulement les fils de Mon peuple pouvaient résider sur la terre d'Israël, même s'ils l'impurifiaient".
(les mitsvot faites en Israël ont plus de valeur car elles sont accomplies dans le palais du roi, mais cela est aussi inversement applicable pour les fautes. C'est pourquoi la terre "vomit" ses habitants.)]

2°/ Essav observait la mitsva d'honorer son père à la perfection. Même lorsqu'il brûlait d'envie de se venger de Yaakov, il attendit la mort de son père, pour tuer son frère.
Ainsi, au plus fort de sa colère, il ne voulait pas assassiner Yaakov du vivant de son père.

Yaakov, lui, n'avait pas honoré ses parents durant 20 ans. Il est vrai qu'il avait quitté la Terre sainte avec la bénédiction de D. (cf. paracha Vayétsé).
De plus, ses parents lui avaient enjoint d'aller chez Lavan (Toldot : v.27,43 ; 28,2), mais à condition qu'il y reste 7 ans, et pas plus.
Puisqu'il demeura si longtemps à l'étranger, il risquait d'être puni.

Durant cette période, Yaakov n'avait pas non plus étudié la Torah, car il devait conduire le bétail de Lavan.
Sa spiritualité aurait [également] pu aussi s'amoindrir du fait qu'il avait épousé 2 sœurs.

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-> Les grands rabbanim de la 'hassidout ont expliqué que Yaakov "fut angoissé", parce qu'il avait "divisé son monde". La division et la séparation régnaient sur son peuple, et de plein gré.
Or, Yaakov savait que tant que les juifs resteraient unifiés, la main d'Essav n'aurait aucune prise sur eux, mais que s'ils se divisaient en plusieurs camps, il y avait lieu de le craindre.

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-> "Yaakov eut peur et fut perturbé" (Vayichl'ah 32,8)

Rachi explique qu'il eut peur d'être tué et fut perturbé de risquer d'en venir à tuer d'autres personnes.
=> Mais on peut s'interroger. Puisque Essav voulait tuer Yaakov, ce dernier se devait de sauver sa vie, et même s'il fallait le tuer. Puisque c'est ce que la Thora lui recommande de faire, pourquoi en fut-il tant perturbé?

En fait, Rivka dit, dans la paracha de Toldot : "Pourquoi vous perdrai-je tous les deux le même jour", et nos Sages d'expliquer qu'elle prophétisa que Yaakov et Essav sont destinés à mourir le même jour.
Ainsi, de même que "Yaakov eut peur" d'être tué (directement) par Essav, de même il "fut perturbé" de tuer Essav car alors cela entraînerait indirectement sa propre mort, puisqu'il est établi qu'il mourra le même jour que Essav.
[rav Moché Sternbuch - Taam véDaat]

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-> La guémara (Béra'hot 4a) explique que Yaakov avait peur qu’à cause d’une faute qu’il aurait commise, il perde le bénéfice de la promesse et donc que Essav puisse lui faire du mal.

Mais les commentateurs se demandent malgré tout pourquoi avait-il peur de la faute. En effet, le Rambam enseigne qu’une prophétie positive ne peut jamais être annulée même à cause de fautes commises.

-> Le Chem miChmouël explique que cet enseignement du Rambam est valable pour une prophétie prononcée par un prophète, pour ne pas que l’on discrédite le prophète.
Mais là, la promesse de protection faite à Yaakov n’a pas été dite par un prophète mais par Hachem Lui-même, impliquant que le principe du Rambam ne s’applique pas.

=> Cela entraîne que Yaakov pouvait malgré tout avoir peur qu’une faute disqualifie la promesse.

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-> Le ‘Hidouché haRim explique la crainte de Yaakov malgré la promesse, d’une autre façon.

Il dit que Yaakov savait que dans les générations futures, ses descendants vont encore se trouver dans des moments de détresse, particulièrement à cause des descendants de Essav.
C’est pourquoi il voulait que son action soit profitable et ouvre une porte de secours pour les générations futures.
Or, dans l’avenir, les enfants d’Israël ne vont pas forcément bénéficier d’une promesse Divine leur assurant la victoire. Ainsi, ils seront dans une grande détresse et ressentiront réellement de la peur.

C’est pourquoi, bien que Yaakov avait une totale confiance en la promesse de Hachem, malgré tout, il décida de faire abstraction de cette promesse pour le profit de ses descendants qui n’auront pas cette même promesse.
=> Ainsi, il a eu peur, comme auront peur ses descendants, et pour leur montrer la voie, il s’est mis à prier, car c’est surtout cela que devront faire ses descendants.

Yaakov voulait nous montrer que c’est la prière qui nous sauvera.

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-> Yaakov est présenté tout au long de la Torah comme un homme ayant un grand courage physique. Et le voilà soudain prenant peur, à la veille de sa rencontre avec son frère Essav : "Yaakov fut fort effrayé et plein d'anxiété" (Vayichla'h 32,7).

Yéchayahou Leibowitz explique : "En vérité, ce qui rendait Yaakov fragile, ce n'était pas la perspective de mesurer ses forces à celles de son frère Essav, mais ses problèmes de conscience. Il n'est pas sûr d'avoir bien agi naguère, dans la maison familiale, à l'égard de son frère. Eprouverait-il des remords? Il a d'abord et avant tout besoin du pardon d'Essav!"

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-> Le Péninim Yékarim rapporte la guémara (Guittin 56a) qui enseigne que le général romain Néron, s'est converti, et que Rabbi Méir est l'un de ses descendants.

Les romains sont associés à Edom, qui sont les descendants de Essav, ce qui entraîne que Rabbi Méir est un descendant de Essav.

La guémara (Horayot 13b) rapporte que la halakha n'est pas citée au nom de Rabbi Meir, mais par : "a'hérim omrim" (d'autres disent - אחרים אומרים), ni au nom de Rabbi Nathan mais par : "yech omrim" (certains disent).

On a vu ci-dessus que selon Rachi : "Yaakov a été angoissé à celle [l'idée] de devoir tuer des autres (ét a'hérim - אֶת אֲחֵרִים).

=> Ainsi, Yaakov craignait qu'en tuant Essav, il supprime aussi "d'autres" (אחרים), c'est-à-dire Rabbi Méir, qui allait sortir d'Essav.

[Concernant Rabbi Méir : Il est le 3e Sage le plus mentionné dans la michna.
Il avait pour maître Rabbi Akiva, et son élève Rabbi Yéhouda haNassi, va être celui qui va compiler toutes les michnayot.
Sa femme Brouria est une des rares femmes citées dans la guémara.
=> On comprend mieux la crainte de Yaakov!]

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-> Rachi : Fut très effrayé : d'être tué, et plein d'anxiété, il craignait de tuer.

Comment comprendre sa réaction puisqu'il existe ne halakha touchant à la légitime défense?

Toute la raison pour laquelle Yaakov a acquis le droit d'aînesse d'Essav n'était qu'à cause du service du Temple, qui était réservé aux aînés.
Or, c'est une halakha qu'un Cohen qui a tué n'a pas le droit de faire la "birkat Cohanim".

Toute la haine d'Essav envers Yaakov n'était qu'à cause du droit d'aînesse, or si Yaakov tuait Essav, cela entraînerait qu'il serait désormais inapte à assurer le culte dans le Temple, et que donc il n'aurait rien gagné à avoir acquis le droit d'aînesse.
=> C'est pourquoi Yaakov redoutait terriblement de tuer.

[Maharel Tsints]

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-> b"h, à ce sujet voir également : http://todahm.com/2018/12/09/7701

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-> Le rav David Touitou dit que Yaakov a eut très peur car du Ciel on lui a révélé l'étendue et la gravité des fautes que son frère Essav a pu réaliser. Il a vu les anges effrayant qu'il a créé par cela, et il a eut donc très peur.
[l'idée est que l'origine de toutes nos peurs se trouve dans les fautes que l'on a pu commettre, et qui créées des mauvais anges qui viennent nous causer des peurs.
Le rav Touitou fait remarquer qu'à l'issue de Yom Kipour on se sent serein, car Hachem vient de nous laver de nos fautes en ce jour.]

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+ "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi le cœur de l'homme répond au cœur" (Michlé 27,19)

Le rav 'Haïm Zonnenfeld fait un commentaire en lien avec notre paracha :

-> Au moment où les messagers revinrent auprès de Yaakov, ils lui déclarèrent : "Nous sommes allés trouver ton frère Essav" (v.32,7) : la répétition signifiant selon Rachi : "Celui que tu prenais pour "ton frère" se comporte encore comme "Essav le méchant", animé d'une haine toujours aussi intense."
Or, si Essav haïssait Yaakov, il est par ailleurs certain que Yaakov entretenait pour son frère des sentiments identiques, fidèle au principe : "Ceux qui détestent D., je les déteste" (Téhilim 139,21).

-> Par la suite, lorsque le danger fut imminent : "Levant les yeux, Yaakov aperçut Essav qui venait, accompagné de 400 hommes", Yaakov adopta alors une conduite plus clémente : "Il se prosterna contre terre 7 fois avant d'aborder son frère" = c'est-à-dire qu'il eut des pensées bienveillantes avant d'aborder celui qu'il voulait considérer comme "son frère".

Rachi commente : "Il (Essav) a été pris de pitié en le voyant se prosterner tant de fois ... Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : C'est un fait établi que Essav hait Yaakov, mais à cet instant, son amour pour lui jaillit et il l'embrassa de tout son cœur!"

=> On voit clairement que la bienveillance de Yaakov envers son frère ravivèrent des sentiments d'amour chez Essav, et les conséquences ne se firent pas attendre

C'est l'application du verset de Michlé : développer des pensées d'amour dans son cœur, va entraîner que va éclore de l'amour en autrui, même si c'est Essav en face de nous!

[ ==> si ton prochain ne t'aime pas, alors aime le davantage!!]

Nos Patriarches n’ont été des chars d’Hachem que lorsqu’ils étaient en Israël

+ Nos Patriarches n'ont été des chars de la Présence Divine que lorsqu'ils étaient en terre Israël :

"Hachem s'éleva d'au-dessus de lui à l'endroit où Il lui avait parlé" (Vayichla'h 35,13)

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 47:8) commentent que le terme "s'éleva" (vayaal) nous enseigne que les Patriarches étaient un véritable char pour la Présence divine, c'est-à-dire que chacun de leurs mouvements était le reflet de la volonté de D.
[le fait que D. "se soit levé d'au-dessus d'eux" implique que Sa Présence s'est, pour ainsi dire, reposée sur eux, les dirigeant comme un cavalier dirige le char qu'il occupe.]

Cependant, ce n'est qu'en terre d'Israël que les Patriarches ont été à ce point soumis à la volonté d'Hachem, qu'ils ont pu être appelés le char de D.
[cela témoigne de la grandeur de nos Patriarches et de la terre d'Israël]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes, et ses 11 enfants" (Vayichla'h 32,23)

Rachi explique que Dina ne figure pas ici car Yaakov l’a mise dans une boite qu’il a verrouillée, pour ne pas qu’Essav ne la voie et qu’il souhaite l’épouser.
Yaakov a été puni pour avoir mis sa fille dans cette boite, car elle aurait pu conduire Essav au repentir. C’est pourquoi, elle est tombée entre les mains de Chekhem.

=> Comment peut-on condamner Yaakov pour avoir empêché Essav le racha d’épouser Dina?
Au contraire, cela aurait été considéré comme jeter sa fille aux lions!

En fait, Yaakov a bien fait d’avoir empêché Essav de voir sa fille. Seulement, la Torah lui reproche que quand il a fermé la porte de la boite, il n’a pas malgré tout soupiré en exprimant un regret, se disant :"Ah! Peut-être que finalement, je prive Essav du repentir!"

Hachem a puni Yaakov d’avoir verrouillé la porte fermement et sereinement, sans avoir un petit sentiment de regret/tristesse pour son frère.

Cela montre combien Hachem est exigeant avec les tsadikim (les jugeant sur l'épaisseur d'un cheveu! - guémara Yébamot 121b) et les sanctionnant pour des considérations qui semblent minimes.

[le Sabba de Kelm]

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-> A cette époque, Essav avait environ 100 ans.
[en effet, Yaakov et Essav avait le même âge, étant des jumeaux. Yaakov avait 84 ans lorsqu'il s'est marié avec Léa (cf.Rachi 29,21). On y ajoute 7 autres années avant qu'il épouse Ra'hél, et 6 années où il travaille pour sa parnassa, et encore 2 années avant de rencontrer Essav. Cela fait 84+15 : soit environ 100 ans]
Ainsi, malgré son âge avancé (100 ans!), Essav pouvait toujours faire téchouva, et Yaakov a même été puni pour avoir empêché qu'il puisse se marier avec Dina, qui aurait éventuellement pu lui faire faire téchouva.

Selon le rav Yé'hezkel Lévinstein, cela doit nous faire prendre conscience qu'on peut tous faire téchouva, qu'il n'est jamais trop tard pour cela.
[Hachem attend impatiemment la téchouva de chaque juif, quelque soit son âge, quelque soit la gravité de ses fautes.
Est-ce que tu es plus racha que Essav, a qui malgré tout Hachem attendait sa téchouva?
est-ce que tu es plus âgé que 100 ans, comme Essav, a qui Hachem attendait qu'il fasse téchouva? ...]

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+ Quelques autres explications :

-> Le Moshav Zékénim est d'avis qu'à ce moment, Essav aurait pu être ouvert à se repentir, comme le prouve son offre de voyager avec Yaakov ("Mettons-nous en route ... et j'irai à ton pas" - v.33,12)

-> Le Barténoura enseigne que les intentions (profondes) de Yaakov étaient mauvaises.
En effet, il voulait spécialement que son frère reste un racha, afin que celui-ci ne mérite pas l'accomplissement des bénédictions de son père.

-> Le Mérafsin Igri suggère que Dina avait un niveau si élevé que même Essav ne pouvait pas lui nuire spirituellement parlant, tandis qu'elle pouvait éventuellement l'aider dans une certaine mesure.

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+ On peut s'interroger : comment est-ce que Rachi a-t-il pu affirmer qu'il s'agissait de Dina, la fille de Yaakov, et non pas un de ses fils?

-> Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou) répond que nos Sages enseignent (Targoum Chéni - Esther 3,3) que la tribu de Binyamin a mérité d'avoir le Temple construit sur son territoire de la terre d'Israël, car Binyamin a été le seul fils de Yaakov qui ne s'est pas prosterné devant Essav.
En effet, celui-ci n'était pas encore né au moment de cette rencontre.

S'il y avait un autre de ses frères dans la boîte, cette raison n'aurait alors pas été suffisante, puisqu'une 2e tribu aurait pu demander à avoir le Temple.
Par conséquent, Rachi savait que l'enfant "manquant" ne pouvait être que sa fille Dina.

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-> "Il se leva cette nuit-là, il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes et ses 11 fils et traversa le gué de Yabok" (Vayichla'h 32,23)

-> Rachi explique sur les mots "Et ses 11 fils" : Et où était Dina? Il la plaça dans une malle qu’il ferma afin qu’Essav ne place pas son regard sur elle. Yaakov fut puni pour ceci ; parce qu’il la priva à son frère bien qu’elle ait pu le faire revenir vers une conduite vertueuse. Elle tomba par la suite entre les mains de Chékhem.

-> Le Na’halat Yaakov note une contradiction entre ce commentaire et un autre, relatif à un précédent épisode de la Torah. Le Midrach (rapporté par rapporté par Rachi - Vayétsé 29,17) raconte que lorsque Léa sut qu’elle était vouée à épouser Essav, elle pleura amèrement. Ses larmes et ses prières lui épargnèrent ce destin. Pourtant, nous ne voyons nulle part qu’elle eut tort de ne pas désirer cette union. N’aurait-elle pas pu, elle aussi, influencer Essav positivement et le mener à la téchouva?

Dina était plus à même d’influer sur le racha (d’ailleurs, elle eut un impact positif sur Chékhem qui fut prêt à se convertir après avoir abusé d’elle). Elle avait un don naturel, que Yaakov aurait dû détecter, à rectifier le mal.

Le Targoum Yonathan (sur Vayétsé 30,21) nous informe qu’au départ, c’est Ra’hel qui était enceinte de Dina (et Léa attendait un 7e garçon : Yossef), mais qu’à la suite de la prière de Léa qui se souciait de la honte de sa sœur (qui risquait de mériter moins de tribus que les servantes), les fœtus s’interchangèrent : Léa donna naissance à Dina et Ra’hel accoucha de Yossef peu après.

Dina et Yossef ont donc un destin lié.
Nos Sages nous révèlent l’une des qualités de Yossef juste après sa naissance. Yaakov était resté chez son oncle Lavan durant de longues années pour échapper à son frère Essav. Mais dès la naissance de Yossef, il se mit en route pour la terre d'Israël. Ceci, car Yaakov sentit que Yossef avait la force de combattre le mal incarné par Essav.
[D’ailleurs, à plusieurs occasions, nous voyons que c’est par le mérite des descendants de Yossef que le peuple juif vainquit les descendants d’Essav.]

Il y a 2 approches dans le service divin : l’une consiste à éviter le mal et à vaincre ses mauvais traits de caractère, et l’autre à se focaliser sur l’amélioration de ses qualités.
Cela se base sur le Téhilim (34,15) : "Sour Méra Véassé Tov" (éloigne-toi du mal et fais le bien).
- Ra’hel. Ra'hel subtilisa les idoles de Lavan, afin d’empêcher son père de se livrer à l’idolâtrie (Vayétsé 31,34). Ra'hel avait une Avoda davantage de type : "Sour Méra".
- Léa était plus portée par le "Assé Tov" et était donc moins disposée à vaincre le mal que sa sœur Ra’hel.
À leur tour, les descendants de Ra’hel étaient, plus que ceux de Léa, capables de combattre Amalek, personnification du mal. [le filsde Ra'hel : Yossef, était de même, comme on l'a vu juste avant]

=> Nous comprenons à présent pourquoi Dina était plus à même d’influencer positivement Essav que sa mère.
Bien que fille de Léa, elle était également imprégnée du don de Ra’hel (le "Sour Méra") et pouvait donc aussi vaincre le mal. Mais sa façon d’y parvenir différait de celle de Yossef. Ce dernier pouvait éliminer le mal en le détruisant, tandis que Dina le transformait.
[C’est dans cette intention qu’elle sortait voir les filles de son pays ; son but était de les rapprocher d’Hachem.]
D’où la critique faite à Yaakov qui empêcha Dina de se marier avec Essav, tandis que Léa n’est pas réprimandée de n’avoir pas voulu épouser ce racha.

-> Il en résulte qu'il y a 2 manières de vaincre les influences négatives qui nous entourent : les détruire ou les rectifier.
Le 'Hazon Ich écrit que de nos jours, la meilleure façon de réduire le ’Hilloul Hachem causé par l’éloignement de la Torah n’est pas de lui faire affront, mais plutôt de le transformer. Et pour y arriver, il faut montrer un regard positif à l’égard d’autrui et lui prouver que le mode de vie indiqué par la Torah est celui qui lui apportera la plus grande satisfaction.
À notre époque, c’est la force de Dina, celle de corriger le mal, qui est la plus applicable.
[d'après un dvar Torah du rav Yehonathan Gefen]

"Yaakov envoya des anges devant lui, vers Essav son frère" (Vayichla'h 32,4)

-> "Notre Patriarche Yaakov s'est constamment efforcé de minimiser les difficultés futures qui arriveraient à ses descendants.
En effet, le fait d'envoyer les anges avec des cadeaux à son frère Essav, aide les juifs au travers toutes les générations.

A chaque fois que les oppresseurs viennent pour faire du mal aux juifs, exactement ces mêmes anges que Yaakov a envoyé à Essav, émergent de nouveau et ils viennent faire le maximum pour apaiser les méchants.
C'est ainsi que le verset spécifie : "Yaakov envoya des anges DEVANT lui" = il les a envoyé devant lui dans le futur, dans une mission de protéger et de soulager les situations difficiles de toutes les générations de juifs."

[le Ohev Israël - rav Avraham Yéhochoua Heschel]

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-> Certains commentateurs affirment que les messagers envoyés par Yaakov étaient les anges qui l'escortaient pour revenir vers la maison paternelle (cf. fin de Vayétsé v.32,3).
Les serviteurs de Yaakov étaient si terrifiés à l'idée d'aller au-devant d'Essav, qu'il n'eut pas d'autre choix que d'envoyer des anges.
De plus, D. avait envoyé ces anges sans raison apparente. Yaakov pensa : "La Providence me dit que je dois envoyer ces anges vers Essav. Il sera frappé d'effroi en les voyant."

D'après un autre commentaire, l'action de Yaakov portait sur 2 niveaux. Il dépêcha des anges à la rencontre de l'ange gardien d'Essav, pour le neutraliser. A Essav, il envoya des hommes.
[Méam Loez - Vayétsé 32,4]

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-> Le mot : "vayichla'h" signifie : 'devant lui'.
Yaakov a envoyé de véritables anges, afin qu'au moment où il rencontrera Essav, il puisse y avoir des anges entre lui et le racha Essav.
Ceci explique pourquoi le cœur de Yaakov s'est prosterné devant la présence divine.
["[Yaakov] se prosterna contre terre 7 fois jusqu'à ce qu'il parvienne auprès de son frère" (Vayichla'h 33,3)]
[Agra déKalla]

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-> Le Imré Noam enseigne qu'avant de rencontrer Essav, Yaakov a lu tout le Téhilim n°119, comme ségoula pour être sauver de l'énorme colère d'Essav à son égard. En effet, la récitation de ce Téhilim permet de dominer nos ennemis.
"Yaakov envoya des anges devant lui" (vayichla'h Yaakov mala'him léfanav) : le mot "léfanav" (devant lui - לְפָנָיו) a une guématria de 176, qui correspond au nombre de verset dans le Téhilim 119.
De plus, lorsque Yaakov s'est battu contre l'ange d'Essav, il est écrit : "un homme [ange] lutta avec lui" (vayéavék ich imo - וַיֵּאָבֵק אִישׁ עִמּוֹ), et le mot : "vayéavék" (lutta - ויאבק) a une guématria de 119 (comme le numéro du Téhilim).
Ainsi, nous voyons que Yaakov, le "ich tam" (איש תם), a vaincu Essav avec le Téhilim 119, qui commence par les mots : achré témimé daré'h (אַשְׁרֵי תְמִימֵי דָרֶךְ).

Ainsi, par la lecture du Téhilim 119, on peut être sauvé de notre ennemi spirituel, qui est le yétser ara.

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-> "Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séïr, dans la campagne d’Edom" (Vayichla'h 32,4)

-> Le Zohar Hakadosh (A 166 a) nous dit que Yaakov envoya de vrais anges, comme il est dit: "Malachim" et non pas des envoyés de chair et de sang.
=> Or, il ne manquait pas de personnes à envoyer, pourquoi a-t’il utilisé des anges pour envoyer ses cadeaux à ‘Essav, ce qui est anormal, même pour un des patriarches d’utiliser des créatures célestes pour accomplir son projet.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Vayichla'h) écrit :
La réponse se trouve en secret dans la double localisation d’Essav par le passouk "au pays de Sé’ïr, dans la campagne d’Edom".
En effet, Essav étant du coté de de l’impureté (touma), un feu de guévourot et de dinim (de rigueurs et de jugements), brûlait en lui, mais tant qu’il était en terre d'Israel, dans l’environnement d’Its'hak, son père lui insufflait une sainteté (kédoucha) provenant du Youd de son nom qui transformait ce feu (éch - אש) en homme (ich - איש), et ce tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et c’est pourquoi que le verset (Toldot 25,27) l’appelle : "Essav devint un homme de chasse (ich yodéa tayid - יֹדֵעַ צַיִד איש), un homme des champs (ich chadé - אִישׁ שָׂדֶה)", deux fois le mot homme (איש) est utilisé, pour nous montrer les deux adoucissements de ses rigueurs.

Et c’est ce que vient nous préciser le verset, en nous citant deux noms de l’endroit ou il résidait :"au pays de Sé’ïr (artsa Séïr - אַרְצָה שֵׂעִיר), dans la campagne d’Edom (shédé Edom - שְׂדֵה אֱדוֹם), car les premières lettres de ces deux endroits sont feu (אש), Alef de artsa et Edom et Shin de Sé’ïr et Sdé.
Pour nous dire qu’Essav, en quittant la terre d'Israel et Its'hak, il avait perdu ses Youd qui le maintenait à proximité de la sainteté, et il n’est maintenant plus que éch (אש – le feu), au dedans et au dehors.
C’est pourquoi Yaakov ne pouvait pas prendre le risque d’envoyer des hommes, qui seraient très certainement tués, mais plutôt des anges qui, eux, peuvent affronter Essav.

"Yaakov resta seul et un homme lutta avec lui jusqu'au lever du jour" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi commente : L'homme en question était l’ange gardien de Essav.

-> La guémara ('Houlin 91a) enseigne que l'homme qui a combattu Yaakov, est apparu parfois comme un érudit en Torah (talmid 'hakham) ou parfois sous la forme d'un non-juif.

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Yaakov a affirmé à Essav, avoir observé l'ensemble des 613 mitsvot chez Lavan (Rachi 32,5).
Cependant, il y avait 2 domaines dans lesquels il était faible : la mitsva d'honorer ses parents, qu'il ne pouvait pas réaliser pendant le temps où il était loin d'eux ; et l'interdiction de se marier avec 2 sœurs.

L'ange gardien de Essav a essayé de l'attaquer sur ses 2 points vulnérables :
- en prenant l'apparence d'un érudit en Torah = c'était pour faire allusion à Yaakov de ses lacunes dans l'honneur à ses parents, puisque la guémara (Méguila 16b) enseigne qu'il n'a pas été puni pour avoir négligé cette mitsva durant la période où il a étudié la Torah à la yéchiva de Chem et Ever (sans aborder les 14 années suivantes chez Lavan).

- en prenant l'apparence d'un non-juif, pour lui signifier qu'il a agit comme un non-juif en se mariant avec Ra'hel et Léa, puisque cette interdiction de se marier à 2 sœurs ne s'applique qu'aux juifs.

Le 'Hatam Sofer suggère que ces 2 mitsvot ce retrouve dans le verset (v.32,8), qui décrit la réaction de Yaakov lorsqu'il apprend que Essav se dirige vers lui avec 400 hommes : "Yaakov eut très peur et fut angoissé" (vayira Yaakov méod vayétsèr lo - ויירא יעקב מאד ויצר לו).
Pourquoi son ressenti est-il décrit par 2 verbes différents?

- "il eut peur" (vayira - ויירא) = fait allusion à la mitsva d'honorer ses parents, qui est décrite dans la Torah par : "ich imo véaviv tiraou (תיראו)" (Chacun, sa mère et son père vous craindrez - Kédochim 19,3) ;

- "il fut angoissé" (vayétsér - ויצר) = c'est l'interdiction de se marier avec 2 sœurs en même temps, qui se trouve dans la Torah : "icha él a'hota lo tika'h litsror (לצרר)" (Une femme en plus de sa sœur, tu ne prendras pas pour en faire des rivales - A'haré Mot 18,18)

-> Le Targoum Yonathan (v.32,8) écrit également que si : "Yaakov eut très peur", c'est parce qu'il n'a pas activement honorer ses parents pendant 22 années.

-> Le Yichma'h Moché fait remarquer, que le terme : "très [peur]" (méod - מְאֹד), est l'acronyme de : "mékiboud av dacheil", qui signifie en araméen : "de son kiboud av, j'ai peur".
En effet, Essav excellait dans le respect de son père (cf. moment où Its'hak bénit ses enfants).
=> Yaakov n'avait pas peur de la puissance, de la force de Essav, mais de l'avantage en mérites qu'il avait pour avoir honoré son père à la perfection.

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-> Le Chla haKadoch écrit que l'ange de Essav, représente le yétser ara qui :
- parfois il vient sous la forme d'un non-juif = nous attaquant avec un argumentaire propre à ce qui est le plus séduisant à nos yeux dans le monde non-juif ;

- et parfois, il apparaît sous forme d'un juif érudit en Torah = maîtrisant les moindres détails de la Torah, le yétser ara va nous piéger en utilisant notre fibre religieuse.
C'est ainsi par exemple que : une avéra devient une mitsva, on va faire une mitsva au détriment de nombreuses autres, il va réduire notre ardeur/enthousiasme, ...
Il ne recherche pas l'impressionnant, toute petite perte spirituelle, tout petit écart, est signe d'une réussite de sa mission.

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-> Le rav Moché Aharon Friedman fait remarquer que le yétser ara ne nous attaque pas dans ce qui est clair pour nous (le tout noir ou tout blanc), mais dans nos zones de confusion, où l'on doute (nos zones grises : où c'est ni noir, ni blanc).

Avraham représente l'Attribut de 'hessed (bonté) qui correspond aux 248 mitsvot positives, tandis que Its'hak représente la guévoura (rigueur), qui est associée aux 365 mitsvot négatives.
Que restait-il à Yaakov?

La spécificité de Yaakov était d'infuser de la sainteté dans la matérialité.
C'est ainsi que :
- en sortant du ventre de sa mère, il a tenu le talon de son frère.
Le mot : "talon" (ékev - עקב) est l'acronyme de : קדש עצמך במותר (sanctifie toi dans ce qui est permis - kadech atsmé'ha bémoutar) ;

- plus tard, il aura dans son sommeil la vision prophétique de l'échelle, dont le bas partait de la terre, et le haut arrivait au Ciel. C'est une allusion au fait que la tâche de Yaakov était d'unir ces 2 mondes : élever la matérialité en y mettant de la sainteté.

=> Nous devons suivre son exemple, et lorsque notre yétser ara se présente habillé en non-juif ou bien en érudit de la Torah, notre état d'esprit doit être le même : Est-ce en accord avec la volonté de Hachem? Est-ce que cela va m'élever vers D. ou bien m'en distancer?

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-> La prière de Yaakov concerne également les générations à venir. Car les nations du monde ont 2 méthodes pour convertir les juifs.
L'une est la voie de "la main d'Essav", les décrets impitoyables accompagnés d'effusions de sang, et la 2e : la voie de "la main de mon frère", c'est la fraternité et le rapprochement au moyen desquels les non-juifs veulent nous faire tomber dans l'abîme.
Pour ces 2 voies-là, Yaakov a demandé de la miséricorde Divine.