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"Je [Yossef] vais remonter pour en faire part à Pharaon" (Vayigach 46,31)

=> Est-ce que l'Egypte est en haut d'une montagne pour dire : "je vais remonter"?

-> Les Baalé Tossafot expliquent que jusqu'alors, quand Yossef parlait à son père, il ne se comportait pas en roi, mais descendait de son char pour parler avec lui.
Et maintenant, ayant fini de se découvrir dans sa rencontre avec son père, il lui a demandé la permission de monter sur son char pour aller vers Pharaon.

=> C'est pourquoi il est dit : "Je vais remonter pour en faire part à Pharaon".

"Yossef ne put se contenir" (Vayigach 45,1)

-> Yossef était à un si haut niveau qu'il fut en mesure d'évaluer lui-même combien il lui était permis de se comporter avec vengeance envers ses frères.
Malgré les grandes difficultés que représentait pour lui cette conduite hostile sous les apparences d'un étranger, il le fit estimant qu'il se devait de se conduire ainsi.

Il était si honnête vis-à-vis de lui-même qu'il savait qu'il agissait de manière désintéressée, jusqu'à ce qu'il ressentît d'avoir atteint la limite lui indiquant qu'il lui était désormais interdit de poursuivre dans cette vie, et dès lors, il ne put se contenir.

=> D'après cela, l'expression "ne put se contenir" ne s'explique pas comme le veut sa 1ere lecture, dans le sens sentimental, mais plutôt dans le sens d'un interdit, comme dans d'autres versets où la non-possibilité se réfère en fait à un interdit de la Torah.

[rav Asher Kalmon Brown - Alé Vradim]

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+ "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Rav Abba a vu une personne échapper à 2 morts successives. En effet :
1°/ un morceau de bois est tombé sur un serpent venimeux qui s'approchait de lui, alors qu'il dormait ;
2°/ et il a survécu à l'effondrement d'une partie d'une avancée de la montagne.

Rav Abba a demandé à cette personne de lui révéler ses bonnes actions.
L'autre de lui répondre :
"Toute ma vie, il n'est jamais arrivé que je ne pardonne pas à celui qui m'a fait du mal, ni que je lui garde rancune.
A partir d'aujourd'hui, je m'efforcerai même de me montrer bienfaisant envers ceux qui me causeraient du tort."

Lorsqu'il entendit ces paroles, rav Abba pleura et dit :
"Les actes de ce juif sont encore plus grands que ceux de Yossef.
Car, ceux qui opprimèrent Yossef étaient ses frères, aussi était-il plus naturel qu'il ait pitié d'eux. Mais cet homme se comportait également de la sorte envers tout un chacun, et il méritait donc bien que le Créateur accomplisse en sa faveur un miracle après l'autre."

[le Zohar]

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+ "Et maintenant, ce n'est pas vous qui m'avez envoyé" (Vayigach 45,8)

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) enseigne :
Nous apprenons de ces paroles de consolation de Yossef à ses frères un grand principe de conduite. Il ne suffit pas de pardonner à celui qui nous a offensés, mais il faut lui donner une bonne impression, comme s'il n'avait jamais commis la moindre faute contre nous.
C'est ainsi que Yossef a expliqué à ses frères que D. l'avait envoyé en Egypte (et non eux seuls!), et qu'ils n'avaient pas à s'attrister ni à sentir aucune gêne.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz dit à ce sujet :
Si celui qui nous a fait du mal veut s'expliquer, et qu'on lui répond qu'il n'a aucun besoin de se justifier, de cette façon on l'empêche d'avoir le sentiment agréable d'avoir demandé pardon, on est donc obligé de l'écouter pour lui rendre ce sentiment agréable.

[on doit être prêt à sacrifier ce si agréable sentiment de supériorité en permettant à autrui de redevenir à nos yeux notre égal.
(Quelqu'un a fauté envers moi, et je lui permets de s'excuser (en le laissant parler, en lui faisant comprendre que cela n'est vraiment rien, ...).
Aux yeux de l'autre : puisque c'est humain de fauter, et puisque j'ai demandé pardon, alors c'est derrière moi, c'est de l'histoire ancienne, et alors tout le monde a de nouveau un rapport de force identique.
=> Je perds ma supériorité afin de revenir au même niveau qu'autrui, pour ne pas qu'il en souffre!
Nous devons suivre l'exemple de Yossef, qui a fait le maximum pour éviter toute souffrance de honte d'infériorité à ses frères!)

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-> Quand Yossef a vu que ses frères étaient pleins de honte, il leur a dit : "Approchez-vous de moi, s'il vous plaît. Et ils se sont approchés".
II a embrassé chacun d'eux et pleuré, ainsi qu'il est dit : "Il embrassa tous ses frères et les baigna de ses larmes" (Vayigach 45,15).

De la même manière que Yossef a apaisé ses frères au moyen de pleurs, Hachem sauvera Israël à travers les larmes, comme il est dit : "Avec des larmes ils reviendront et par des supplications Je les dirigerai" (Yirmiyahou 31,8).
[midrach Tan'houma]

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-> "Je suis Yossef votre frère que vous avez vendu en Egypte" (v.45,4)

Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
Les frères ressentaient de la crainte à l'image d'un voleur pris sur le fait, et il fit donc en sorte que : ne redoutez rien, car "je suis Yossef votre frère" = ce qui signifie qu'il se conduisait avec eux comme un frère, comme si rien ne s'était jamais passé.
Il a ajouté : "votre frère que vous avez vendu" pour dire que même au moment de la vente, la fraternité ne l'a pas quitté.

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-> Le midrach souligne, au nom de rav Chmouël bar Na'hman : "Yossef s'est exposé à un grand danger, car si ses frères l'avaient tué, personne n'aurait jamais su son identité.
Ainsi, pourquoi dit-il : "Faites sortir tout le monde d'ici?"
Car il s'est dit : "il faut mieux que je meurs et que je ne cause pas de honte à mes frères devant les égyptiens".

[ -> b'h, Par exemple, à ce sujet : http://todahm.com/2018/12/09/7722 ]

"Alors Yéhouda s'avança vers lui [Yossef], en disant ..." (Vayigach 44,18)

-> Yéhouda va dialoguer avec Yossef , et ce dernier va finalement se dévoiler à ses frères.
La beauté de ce récit est telle que nos Sages affirment que les anges descendirent du ciel pour l'écouter.

Il nous donne également une idée de la force de Yéhouda et de ses frères.
[...]

[A un moment Yéhouda menace le vice-roi d'Egypte (Yossef) de faire attention à ses actes,] Yéhouda poussa alors un cri de guerre si puissant qu'il fut perçu par 'Houchim, le fils de Dan, depuis la terre de Canaan.

[Utilisant ses pouvoirs mystiques,] celui-ci se retrouva aux côtés de Yéhouda en un instant.
Tous deux lancèrent des cris de guerre, rugissant tels des lions.
[A part leur volume effectif, ces cris étaient emprunts d'une immense puissance spirituelle.]
- 300 nobles égyptiens tombèrent à terre, le visage crispé par la terreur, ils restèrent ainsi figés toute leur vie.
- 2 villes : Pitom et Ramsès, situées non loin de [Memphis, la capitale de] l'Egypte, furent également détruites par leurs cris.

Prenant exemple sur Yéhouda et 'Houchim, les autres frères commencèrent à frapper le sol de leurs pieds, l'ébranlant tant et plus que Yossef chuta de son trône.
Même le trône de Pharaon en fut ébranlé. C'est ce que sous-entend le verset : "Le bruit s'était répandu à la cour de Pharaon" (Vayigach 45,16).

Yéhouda avait du sang qui coulait de l’œil droit (selon certains des 2 yeux).
Yéhouda avait également une toison sur la poitrine, et lorsqu'il se mettait en colère, celle-ci se hérissait, déchirant les 5 vêtements qu'il portait.
Sa poitrine se recouvrait de morceaux de cuivre, qu'il attrapait et mâchait entre ses dents.

Alors que tout le monde tremblait, Yéhouda mit la main à son épée et tenta de s'en saisir, mais sans succès. Il pensa : "l'homme qui est devant moi est certainement un saint".
Se ressaisissant, Yossef frappa l'estrade sur laquelle il se tenait, la pulvérisant.
Stupéfiait, Yéhouda pensa : "Cet homme semble plus fort que moi".
Il était prêt à risquer sa vie pour sauver Binyamin, mais se voyant incapable de sortir son épée, il se remit à dialoguer raisonnablement.
[...]

Dans le palais de Yossef, se trouvait une pierre pesant près de 200kg.
Yéhouda la souleva de sa main droite, la jeta dans les airs, et la rattrapa de la main gauche. Il la posa ensuite à terre et la pulvérisa d'un simple coup de pied.

Nullement impressionné, Yossf fit signe à Ménaché [son fils], qui fit de même avec une pierre identique.
[...]

Lorsque Yossef sentit que ses frères étaient prêts à agir, il envoya Ménaché chercher l'armée égyptienne. Celui-ci revint avec 50 cavaliers bien armés, et 10 000 fantassins, dont 400 guerriers très puissants, initiés dans l'art de la guerre.

Ménaché leur ordonna de ne pas combattre les juifs [ses frères], mais simplement de les approcher par surprise et de les effrayer ...
Yéhouda sortit son épée et lança une série de cris de guerre terribles. Les égyptiens, pétrifiés, prirent la fuite.
Les cris de Yéhouda étaient si terrifiants, que de nombreuses femmes d'Egypte et de Gochen firent des fausses-couches.

Yossef fit signe à Ménaché, qui plaça sa main sur l'épaule de Yéhouda, l'apaisant totalement. [Yéhouda savait que ce pouvoir était réservé aux membres de sa famille, et il ne comprit pas comment un égyptien pouvait le posséder.]
[...]

[Selon le Séfer haYachar, Yossef réalisa que le moment était venu de se dévoiler à ses frères.]

[D'après le Kli 'Hemda,] les frères commencèrent à soupçonner que l'homme en face d'eux n'était autre que Yossef, sans en avoir la certitude.
Seul, Yéhouda était convaincu que c'était bien lui, mais il attendait patiemment de voir la suite des événements.

[Méam Loez - Vayigach 44,18 & 19-34]

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-> "Il (Yehouda) dit : "de grâce (bi- בי) mon Maître. Que ton serviteur parle, je t'en prie (na - נא), aux oreilles de mon Maître et que tu ne (al - אל) te mettes pas en colère contre ton serviteur, car comme toi comme Paro (kéPhar'o - כפרעה - tu es comme Pharaon)"" (Vayigach 44,18)

-> Le Baal Chem Tov enseigne :
Ce verset présente plusieurs anomalies.
D'une part, les deux termes "בי" et "נא" sont supplémentaires, car ils ne viennent que témoigner une forme de respect.
D'autre part, la négation est habituellement exprimée par le terme "לא" et non par le terme "אל".
Enfin, l'expression "comme toi comme Paro" (כפרעה) aurait pu être simplifiée par les mots "comme toi Paro", la lettre כ semble donc superflue.
Ainsi, tous les termes superflus ou anormalement utilisés sont : " בי נא אל כ ". En effet, Yehouda cherchait à tout prix à éviter la colère de Yossef. Or, il est écrit dans les livres Saints, que pour éviter la colère d'un autre homme , il est bon de réciter le verset suivant : " במה יזכה נער את ארחו לשמור כדברך " (bamé yézaké naar ét or'ho lichmor kidbaré'ha - Comment le jeune homme raffinera son chemin, pour préserver Tes Paroles - Téhilim 119,9).

=> C'est pourquoi, Yehouda voulut faire allusion à ce verset dans ses propos qu'il adressa à Yossef, pour apaiser sa colère. Ainsi, il glissa tous les différents termes superflus précités, car ces termes constituent justement les initiales de ce verset des psaumes (téhilim), favorable pour atténuer la colère. Par cela, il cherchait à obtenir que Yossef ne se mette pas en colère.

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-> "Yéhouda s’approcha de lui" (Vayigach 44,18)

-> "Rabbi Yéhouda dit : il s’approcha pour combattre ; Rabbi Né’hémia dit : il s’approcha pour l’amadouer ; Rabbénou dit : il s’approcha pour pour prier."
[midrach Béréchit rabba 93,6]

-> Le Rokéa’h (Hilkhot Téfila 322) rapporte qu’une personne qui prie doit fixer ses yeux vers le bas et élever son cœur vers le haut.
Il écrit : "Lorsqu’elle désirera prier, une personne devra faire trois pas en avant, car il est écrit 3 fois ‘il s’approcha’, au sujet de la prière : "Avraham s’approcha", "Yéhouda s’approcha", "Eliyahou s’approcha".
Nous apprenons ainsi de ces versets 3 sortes d’approches de la prière."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
A priori, cette déclaration demande explication : de quoi traite l’expression "il s’approcha" au sujet d’Avraham et d’Eliyahou? Concernant Yéhouda, on comprend qu’il se tenait à une certaine distance de Yossef et que, lorsqu’il désira lui parler, il dut se présenter devant lui et se rapprocher.
Mais comment l’expliquer au sujet d’Avraham et du prophète Eliyahou qui s’apprêtaient alors à prier devant le Maître du monde? Hachem ne remplit-Il pas toute la terre de Sa gloire sans qu’aucun lieu ne soit vide de Sa présence? Où devaient-ils alors s’approcher?

Nos Sages expliquent que la définition du terme "s’approcher" est ‘quitter un certain endroit pour gagner un autre endroit semblable’.
Le "rapprochement" dont il est question ici n’est pas un déplacement physique. Il décrit l’intention d’un homme qui s’apprête à prier et à parler avec Hachem, et qui ne devra pas demeurer dans le même état d’esprit mais devra réveiller en lui-même la conscience et le sentiment qu’il se rapproche d’Hachem et qu’il Lui parle.
Pour cette raison, il fait, à ce moment-là, trois pas en avant afin d’ancrer dans son cœur cette réalité.

C’est ce que l’on apprend d’Avraham et d’Eliyahou, qui étaient déjà en permanence proches d’Hachem, brûlant de dévotion, et malgré tout, lorsqu’ils s’apprêtaient à prier, ils ne manquaient pas de réveiller cet élan en y joignant un acte de rapprochement afin de se sentir encore plus près d’Hachem.

[ => "Yéhouda s'approcha de lui" = à l'image de Yéhouda, on apprend de là ce qu'est l'essence de la prière = c'est-à-dire réveiller notre cœur (intériorité) et nos sentiments de proximité avec Hachem. ]

De même que la simple déclaration: "Je suis Yossef!" (Vayigach 45,3) a révélé aux frères que tout ce qu'ils avaient considéré comme mauvais était bon, la déclaration ultime : "Je suis Hachem!", révélera la bonté sans limite de Hachem.

[Sfat Emet]

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-> Les frères ont été si bouleversés d'entendre la déclaration de Yossef, que face à ce choc de vérité :
- selon certaines versions, les frères se sont évanouis ;
- et selon d'autres, leur âme a quitté leur corps et ils sont morts jusqu'à ce que Hachem les ramène à la vie.

[En effet, sans préparation de notre part, combien effrayant sera notre jour du jugement céleste, lorsque nous entendrons Hachem nous dire : "Je suis D.!"
Qu'aurons-nous à dire pour notre défense? Comment ferons-nous face à nos contradictions et à nos erreurs lorsque nous verrons la réalité en face?

Une des plus grandes souffrances du monde à venir est cette prise de conscience éternelle d'avoir oublié de vivre notre vie avec toujours en face de nous la réalité : "Je suis Hachem!", à l'image du roi David qui affirme : "J'ai placé Hachem constamment devant moi" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8).]

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+ "Yossef dit à ses frères : "Approchez-vous de moi ... Je suis Yossef" (Vayigach 45,4)

-> Rachi commente : Comme il les voyait en train de reculer, il s’est dit : Mes frères sont maintenant remplis de confusion! Aussi leur a-t-il parlé avec douceur, sur un ton suppliant, et il leur a montré qu’il était circoncis.

-> D'après certaines opinions (midrach haTorah ; Kessef Niv'har), Yossef ne leur a pas montré réellement sa circoncision, mais plutôt il leur a prouvé qu'il était un descendant circoncis d'Avraham, en leur révélant la facette compatissante et chaleureuse de se personnalité.
[En effet, il est écrit : "Le peuple juif a 3 signes distinctifs : la miséricorde, l'humilité et la générosité" (guémara Yébamot 79a).]

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-> Malgré la cruauté qu'avaient manifestée ses frères envers lui, Yossef n'éprouvait aucun mauvais sentiment à leur égard.
Nous devons agir de la même façon si nous avons souffert de quelqu'un et lui pardonner de la même façon.
[Réchit 'Hokhma - Yira 6,26]

[d'une certaine façon, la meilleure façon de se préparer au : "Je suis Hachem!", c'est d'agir à l'image de Yossef, en accordant notre pardon à autrui.
En effet, de la même façon que nous pardonnons facilement aux erreurs de notre prochain, alors de même Hachem agira à notre égard en pardonnant, en n'étant pas exigeant sur nos propres erreurs. Cela nous assure un bon jugement!]

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-> b'h, également sur ce verset : http://todahm.com/2018/01/02/5918
-> et également b'h : http://todahm.com/2015/12/27/4223
-> mais aussi b'h : http://todahm.com/2018/12/25/7849

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+ Un message d'espoir pour tout juif :

-> Yossef dit : "Je suis Yossef" (Vayigach 45,3)

Le Mé haChiloa'h s'inspire de ce passage pour voir un message d'espoir. Peu importe la situation, même quand on peut avoir l'impression que tout est fini et qu'il ne peut pas y avoir de changement positif, malgré tout, l'homme ne doit jamais désespérer ni baisser les bras.
En effet, à peine arrivés en Egypte pour acheter du blé, les tribus furent accusées d'être des espions. Les frères de Yossef furent emprisonnés pendant 3 jours. Puis, on les laissa partir en prétextant qu'ils ne reviendraient que si leur petit frère Binyamin est avec eux. Ensuite, ils trouvent leur argent dans un de leurs sacs, craignant une accusation de vol. Etant donné que Yaakov refusa de laisser partir Binyamin, Yehouda s'engagea à le ramener. Et voilà que l'on trouve la coupe dans le sac de Binyamin, Celui-ci va à présent être pris en esclave!

La situation va de mal en pis pour enfin tourner au drame. Les tribus ne savent pas comment sortir de cette position. Yehouda est prêt à faire la guerre au pays et à tout renverser tant la situation est désespérée.
Et là, voilà que Yossef, ne pouvant plus se contenir, il s'adresse à eux et leur dit : "Je suis Yossef!"
En un seul instant, ce fut la fin de tout leur cauchemar. Ils sortirent de leur désespoir et furent sauvés de leurs inquiétudes les plus dramatiques. A partir de là tout changea pour devenir la situation la plus belle et la plus idéale. Toutes les tribus se retrouvèrent avec Yaakov et les 17 années qui suivirent furent les plus belles de leur vie.

=> Ce passage est riche en leçon d'espoir. Parfois, on peut se retrouver dans une situation difficile, sans que l'on puisse voir le bout du tunnel. On peut se sentir perdu, sans aucune possibilité de délivrance. Malgré tout, apprenons de là qu'en un seul instant, on peut sortir de l'obscurité vers la lumière et voir son problème solutionné d'une façon extraordinaire et inattendue.
Hachem est Infini et Sa Sagesse est illimitée. A chaque situation la plus désespérée soit-elle, Il peut trouver des solutions incroyables. Gardons toujours confiance et espoir en Lui et sachons qu'aucune situation n'est réellement désespérée. Selon la formule de nos Sages : "la Délivrance Divine est aussi rapide qu'un clignement d'oeil".
D'ailleurs, c'est ce qui se passera à la fin des temps. De la même façon que lorsque Yossef déclara : "Je suis Yossef", cela a permis d'éclairer en un instant toutes les difficultés rencontrées depuis plusieurs mois, y mettant fin et ouvrant une page vers la délivrance, il en sera de même quand Hachem proclamera : "Je suis Hachem".
Toutes les incompréhensions, les doutes, et les sentiments de souffrances et d'injustice qui nous ont accompagné tout au long de l'Histoire, disparaîtront, pour s'ouvrir à une nouvelle compréhension et lecture de l'Histoire, dirigées par le Roi du monde, en vue de déboucher vers un état de délivrance et de joie, et mettant fin définitivement aux malheurs de l'exil.

Lorsque Yossef se dévoile à ses frères : "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m’avoir vendu pour ce pays ; car c’est pour le salut que Hachem m’y a envoyé avant vous ... Non, ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici, c’est D. ; et Il m’a fait devenir le père de Pharaon, le maître de toute sa maison et l’arbitre de tout le pays d’Égypte [afin de préparer l’exil et la Délivrance d’Egypte]" (Vayigach 45,5-8).

Ainsi, après 22 ans de séparation d’avec sa famille, Yossef voit ses rêves enfin se réaliser (la vénération que lui témoignent ses frères).
=> Que signifie cette période de 22 ans qui sépare la vente de Yossef aux retrouvailles familiales?

1°/ Calcul de ces 22 années :
Sur le verset : "Et Yaakov déchira ses vêtements et il mit un cilice sur ses reins et il porta longtemps le deuil de son fils" (Vayéchev 37,34), Rachi commente : 22 ans se sont écoulés entre la vente de Yossef et la venue de Yaakov en Egypte (midrach Béréchit rabba 84,20).
En effet, il est écrit : "Yossef, âgé de 17 ans" (v. 37,2), et il en avait 30 lorsqu’il a été présenté à Pharaon (Mikets 41,46). Il s’est ensuite écoulé 7 années d’abondance et 2 années de famine, soit un total de 22 ans, correspondant aux 22 années pendant lesquelles Yaakov n’a pas honoré son père et sa mère (guémara Méguila 17a) : Les 20 ans passés chez Lavan, plus 2 ans sur le chemin du retour, à savoir un an et demi à Souccot et six mois à Beit El.
Ainsi, la Guémara (Méguila 16b) démontre que Yaakov n’a pas été puni pour avoir négligé d’honorer ses père et mère durant les 14 années d’étude à la yéchiva de Ever (il alla étudier toutes ces années avant de se rendre chez Lavan). En effet, poursuit la guémara, Yaakov a été séparé de son père pendant précisément 36 ans (14+22 = 36). Or, la séparation d’avec son fils Yossef (mesure pour mesure) n’a duré que 22 ans.
[derrière ce constat, la guémara corrobore le principe suivant : étudier la Torah est plus important que le fait d’honorer père et mère].

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2°/ Quelques raisons :
Yaakov a été puni pendant 22 ans pour différentes raisons parmi lesquelles :

1°/ Parce qu’il ne s’est pas contenté d’épouser Léa, comme l’envisageaient ces parents ; il désira aussi Ra’hel et travailla 7 ans pour l’acquérir. Ainsi, il resta de nombreuses années chez Lavan de son plein grès.
[Rabbénou Bé’hayé - Toldot 28,5]

2°/ Après les 14 premières années, au cours desquelles il bâtit une famille, Yaakov aurait dû retourner chez son père. Il préféra pourtant travailler 6 années de plus chez Lavan dans le but de s’enrichir. Cette décision personnelle ouvra la porte au Satan qui l’accusa d’avoir eu des intentions lucratives durant les 14 premières années.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

3°/ Le temps de la descente en Egypte de Yaakov n’était pas encore arrivé à son terme. [Divré Yoël]
Le guémara (Béra'hot 55b) enseigne : "Une personne doit toujours espérer que le bon rêve qu’elle a fait se réalise jusqu’à ce que 22 années se soient écoulées. D’où savons-nous cela? De Yossef (car ses rêves se sont réalisés que 22 ans après qu’il les ait faits, comme le démontre la guémara)".
[...]
La Birkat Cohanim a la propriété de réparer un mauvais rêve, lorsque l’on prie à cet effet au moment de sa récitation (Beit Yossef - Ora’h ‘Haïm 130).
C’est pour cela que le temps donné à la réalisation d’un bon rêve est de 22 ans. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Les 10 fils de Yaakov (hormis Binyamin) séparèrent leur jeune frère Yossef de leur père durant une période de 22 années (voir Rachi sur Vayéchev 37,34).

Selon le Yalkout Réouvéni : Chacun des 10 frères de Yossef a contribué à la séparation de Yossef d’avec son père durant 22 ans. Ainsi, de manière réciproque, Hachem a-t-il puni leurs descendants par un Exil [qui s’apparente aussi à une séparation] de durée égale à : 10x22 [220] moins 10 ans, correspondant à une année par Tribu, en raison de l’expiation causée par leur mort.

De même, une des causes de l'exil en Egypte rapportée par le Meam Loez (Chémot 6,1) est :
"les fils de Yaakov avaient fait souffrir leur père. Yaakov porta le deuil de son fils pendant 22 ans : depuis la vente de Yossef jusqu'à ce qu'il ait appris qu'il était vivant.
10 frères (en excluant Yossef et Binyamin) étaient responsables de ce crime.
Les juifs méritaient un exil de 22 ans pour chacun des frères, soit 220 ans au total. Mais puisque les 10 frères moururent hors de la terre Sainte, cette punition réduisait leur sentence d'un an pour chacun.
Les juifs demeurèrent donc en Egypte pendant 210 ans."

-> Si Yossef s'était abstenu de rapporter ses rêves devant ses frères, ils se seraient réalisés plus tôt. Leur jalousie le frappa du mauvais œil, et ils ne s'accomplirent que 22 années plus tard.
[Zohar - rapport dans le Méam Loez - Vayéchev 40,21-22]

-> Si Hachem avait accordé l'inspiration Divin à Yaakov pendant ces 22 années [de disparition de Yossef], ses prières auraient été exaucées et la situation de Yossef lui aurait été révélée.
D'après le Binyan Yéhochoua (sur Avot déRabbi Nathan 30,4), c'est uniquement après que l'inspiration Divine lui ait été rendue que Yaakov a [pleinement] cru que Yossef était en vie, la présence Divine elle-même l'en ayant informé.
[il se peut que Séra'h a réveillé la joie en Yaakov, permettant alors à la Présence Divine de revenir sur lui, et d'ainsi lui assurer la certitude que son fils Yossef était vivant.]

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-> Yaakov a subi ces 22 années de chagrin pour avoir négligé d'honorer ses propres parents pendant 22 ans.
Il avait séjourné 20 ans chez Lavan, 18 mois à Souccot, et 6 mois à Béthel, soit 22 ans en tout.
[les 14 années durant lesquelles il demeura à la yéchiva ne sont pas prises en compte car l'étude de la Torah prime sur les obligations filiales].
=> C'est pourquoi Yaakov dit à Lavan : "J'ai passé, moi, 22 années dans ta maison" (Vayétsé 31,41). Ces 22 ans furent pour moi comptées contre moi [à l'inverse de celles à la yéchiva]. Ces années vont me coûter très chères, elles m'ont empêché d'accomplir le commandement d'honorer mes parents."
[Méam Loez - Vayéchev 37,34]

-> Le Targoum Yonathan (v.32,8) écrit également que si : "Yaakov eut très peur", c'est parce qu'il n'a pas activement honorer ses parents pendant 22 années.
[c'est lorsqu'il apprend que Essav se dirige vers lui avec 400 hommes]

"Yossef leur donna des chariots selon la parole de Pharaon" (Vayigach 45,21)
"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)
"Dans les chariots que Pharaon avait envoyés pour le transporter" (Vayigach 46,5)

-> Pharaon a ordonné à Yossef de prendre des chariots, car il voulait que Yaakov vienne en Egypte.
[Tsor haMor]

-> Bien que Pharaon avait préparé des chariots pour eux, Yossef a dû en envoyer d'autres, car ceux de Pharaon étaient décorés par des symboles idolâtres.
[Rabbi 'Haïm Paltiel]

-> Il existait une loi en Egypte interdisant aux chariots de quitter l'Egypte, s'il n'y avait pas un symbole idolâtre gravé dessus.
Yossef a dû demander à Pharaon de donner un ordre spécial lui permettant de quitter l'Egypte avec ses chariots pour aller chercher Yaakov.
[Mochav Zékénim miBaalé haTossafot]

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-> Yossef transmettait à son père le message qu'il était un maître sur l'Egypte, dans le sens où il n'est pas tombé dans l'immoralité égyptienne, qu'il n'avait pas succombé à leur style de vie, et que plutôt il dominait tout cela.

Yaakov a été pleinement rassuré quand on lui a rapporté les paroles de Yossef : "D. m'a fait maître ... sur tout le pays d'Egypte" (v.48,5). Il était heureux, car son fils était toujours humble.
[Béer Moché]

-> Yossef n'était pas en train de fanfaronner de sa grandeur, de son très haut poste, ...
En réalité, dans son humilité, Yossef déclarait qu'absolument tous les honneurs qu'on lui témoignait en Egypte, ne l'étaient que parce qu'il était le fils d'un père aussi important [en mérites] et saint : Yaakov.
[Rabbi Avraham Yéhochoua Heshel - l'Apter Rav]

[dans toute son humilité, c'est comme s'il lui proclamait : Regarde papa! Tout ce que j'ai, c'est grâce à toi!! ]

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-> "Ils lui racontèrent, en disant : "Yossef est en vie"" (v.45,26)

Selon le Zohar :
- "ils lui racontèrent" (vayaguidou lo) = c'est une allusion à la sagesse, ils ont dit à Yaakov que son fils était toujours en vie spirituellement et sage.

- "en disant" (lémor) = c'est une référence à l'immoralité, ils lui ont dit que Yossef avait résisté à l'immoralité, et que grâce à cela il a le mérite de gouverner l'Egypte.

[Kissé Ra'hamim]

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-> "Parce qu'il ne les croyait pas" (v.45,26)

Pourquoi Yaakov ne les a-t-il pas crus?

Rabbi Chimon dit : Tel est le châtiment du menteur : on ne le croit pas même lorsqu'il dit la vérité.
En effet, les fils de Yaakov avaient inventé un mensonge, comme il est dit : "Il l'a reconnu et a dit : 'c'est la tunique de mon fils'."
C'est pourquoi cette fois-ci, il ne les a pas crus même s'ils disaient la vérité.
[Avot déRabbi Nathan]

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-> Selon la plupart des commentateurs, Yaakov ne découvrira jamais la vérité à propos de la vente.
Les frères ont répété tout ce qui s'est dit en Egypte mais ne révèleront pas qu'ils ont vendu leur frère.
D'autres commentateurs (voir Tour, Tsor haMor) objectent que les bénédictions de Yaakov à ses fils sont pleines d'allusions à la vente, ce qui montre que Yaakov était au courant des événements.
D'après le commentaire de Rachi sur Vayé'hi, Yaakov savait la vérité.
[rav Yossef Deutsch]

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"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)

+ Symbolique des chariots (agalot) envoyés à son père :

-> Le Chem miChmouël enseigne que : chariot (agala - עגלה) est lié au terme : cercle (igoul - עיגול). [galgal : roue - גלגל]
Dans un chariot, l'élément principal est les roues.
En effet, on aura beau mettre le meilleur conducteur, les meilleurs chevaux, si les roues ne sont pas bonnes, alors ils n'iront pas très loin.

Une roue symbolise l'idée que pour avancer, cela nécessite un mouvement où ce qui était tout en haut (au top!), devient ensuite tout en bas (au fond du trou!), ...
Ainsi, c'est le changement de situation qui permet à une roue d'aller de l'avant, et de ne pas rester statique.

En voyant les roues du chariot, Yaakov a compris le message : il lui était nécessaire de descendre en Egypte, afin de permettre à sa descendre de pouvoir s'élever dans le futur jusqu'à devenir une grande nation, et recevoir la Torah.

Le Kédouchat Lévi apporte une réponse similaire.
Des épreuves temporaires, comme le fait de devoir quitter la terre Sainte d'Israël, vont lui permettre finalement d'apporter beaucoup plus de biens, de choses positives pour sa descendance.

Nous devons appliquer ce message à nous même :
- lorsque nous sommes en bas (période difficile), cela signifie que la prochaine étape (de la roue de la vie), c'est de monter.
Il faut ainsi garder le moral, que c'est un signe que de belles choses arrivent pour nous.
- Lorsque tout va bien, nous devons les savourer, les apprécier, car on ne sait jamais combien de temps cela va durer.

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-> Lorsque les juifs sont arrivés en Egypte, ils se sont installées dans le territoire de Gochèn.
Or, il s'avère que la guématria de : "à Gochèn" (Gochena - גשנה), est la même que : machia'h (משיח).

La paracha se nomme : Vayigach (ויגש), qui signifie : "il [Yéhouda] s'approcha" (v.44,18).
De plus, au moment où Yossef dévoile son identité, il est écrit : "ils s'approchèrent et il dit : "Je suis Yossef votre frère" (v.45,4), où l'on peut noter également l'emploi du terme : "vayigachou" (ils approchèrent - וַיִּגָּשׁוּ).

[ => cela vient conforter l'idée précédente : en descendant en Egypte à Gochen, ils ont alors rapproché la venue du machia'h!]

-> Qu'est-ce qui a été la cause de ses souffrances, de l'exil en Egypte?
"Ils [les frères] l'aperçurent [Yossef] de loin ; et, avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Rabbi Nisson Alpert (Limoudé Nisson) fait remarquer que :
- ce qui amène des malheurs, rallonge l'exil, c'est notre attitude de : "ils l'aperçurent de loin" (vayi'ou oto méra'hok);
- à l'inverse, ce qui rapproche la guéoula, amène la bénédiction divine sur tous, c'est un comportement de type : "ils approchèrent" (vayigachou).

=> Vayigach est un appel à se rapprocher l'un de l'autre, car il en découle le meilleur pour tous.
D'ailleurs, il vaut mieux subir quelques souffrances (ex: en ne répondant pas aux provocations), car le gain qu'il en résultera du shalom, est infiniment plus élevé que cette petite perte momentanée.

[à l'image d'un père [Hachem] qui a toutes les richesses du monde, et qui gâte au maximum ses enfants en résultat du plaisir de voir que la paix règne entre eux!]

=> Les chariots témoignent d'une volonté que toute la famille se retrouve réunie, c'est le symbole qu'un amour profond règne entre tous les frères.
Cela a réjouit l'esprit de Yaakov!

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-> [A la demande de son père, Yossef se rendit auprès de ses frères. Alors qu'il approchait] "Ils l'aperçurent de loin ; et avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Le rabbi de Vorki (rabbi Its'hak Kalich de Vorki - Ohel Its'hak) commente :
Si 2 adversaires se rencontrent et discutent de leurs différends, ils découvriront que leur hostilité mutuelle a été déclenchée par de fausses rumeurs et de la médisance.
Ils deviendront alors de bons amis immédiatement.
Mais s'ils gardent une distance et ne parlent pas ouvertement, leur haine grandira de jour en jour.

Le verset cité véhicule cette idée :
- "Ils l'aperçurent de loin" = ils ont agi avec froideur et détachement, le tenant à distance.
- par conséquent, leur animosité s'accrut à un point tel que "ils complotèrent de le faire mourir".

[on a trop tendance à se dire que c'est à autrui de faire le 1er pas. En effet, pourquoi dois-je me rabaisser à demander pardon, lui aussi est responsable de cette situation!
Lorsque les 2 parties campent sur leur égo (MOI je ne cède pas le 1er pour reconnaître mes tords, Moi je peux me débrouiller sans lui, ...), alors la situation va pourrir, se développer négativement.]

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-> Le terme agalot (chariots - עגלות) est formé de la lettre Ayin (ע - équivalant numériquement à 70) et du mot galout (exil - גלות), laissant entendre qu’à travers celles-ci, le Patriarche perçut la vaillance de son fils, parvenu à continuer à étudier la Torah, aux 70 facettes, alors qu’il se trouvait exilé.
Cette perception le fit littéralement revivre.
[rabbi David Pinto]

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-> b'h, d'autres divré Torah à ce sujet : cf. vayigach 45,27 : https://todahm.com/2010/12/06/paracha-vayigach

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"A son père : il [Yossef] envoya ce que voici : 10 ânes chargés du meilleur de l'Egypte ..." (Vayigach 45,23)

-> Rachi rapporte la guemara (Méguila 16b) qui précise que Yossef a envoyé à son père du vin vieux, spécialement salutaire aux vieillards.

-> Le Maharal de Prague fait remarquer que les termes : "vin vieux" (yayin yachan - יַיִן יָשָׁן), ont une guématria de : 430.
Par cela, Yossef fait allusion à son père que l'exil égyptien durera 430 années.

-> Le rav 'Haïm Yossef Kofman dit que 430 est également la guématria de : "réjouit le cœur" (méchamé'hé lev - משמחי לב).

Le vin devient meilleur avec l'âge.
En lui envoyant du vin, Yossef transmet l'idée à son père que lorsqu'il arrivera en Egypte, qu'il y verra l'unité retrouvée entre ses enfants, il comprendra que les épreuves à venir en Egypte le sont pour davantage de bontés au final.

Le vin devait réjouir le cœur de Yaakov, puisque renvoyant aux magnifiques années futures durant lesquelles la présence divine sera quotidienne ressentie, qu'il y aura le Temple, ...

[l'Egypte est le creuset amenant à la véritable naissance de la nation juive, au don de la Torah. En pensant à tout cela, l'esprit de Yaakov s'en trouva apaisé (ex: chaque minute en Egypte nous rapproche de la Torah!)]

[On peut noter que de même qu'il faut écraser des raisins pour faire du vin, de même les juifs devrons se faire écraser durement par les égyptiens, y vidant leur jus, afin que Hachem lève cette coupe pleine du vin vers les plus hautes grandeurs.]

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-> Le rabbi Avraham Avli de Vilna demande : L'Egypte était-elle un pays loué pour son vin? Au contraire, le raison est un des 7 fruits caractéristiques de la terre d'Israël.

En réalité, nos Sages (guémara Baba Batra 98a) ont dit : "Quiconque se montre prétentieux, son vin devint aigre".
Ainsi, il n'y avait pas de chance de trouver en Egypte, pays rempli d'arrogance, un bon vin, et encore moins un vin vieux.
De cette manière, en envoyant à son père un vin vieux, Yossef voulait lui prouver qu'il n'avait pas appris des mauvaises midot des égyptiens, et qu'il était restait droit. Preuve en est que son vin n'était pas devenu aigre.

=> On apprend d'ici que ce que la Torah appelle : "meilleurs produits de l'Egypte" ne désigne pas une ressource que l'on y trouvait spécialement. Au contraire, le vin était une denrée rare en Egypte et c'est pourquoi elle pouvait faire partie des "meilleurs produits" du pays.
[d'une certaine façon la denrée rare que Yossef envoyait à son père était : sa mida d'humilité!]

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-> Le Mahari Assad dit que tous les bois conviennent pour le foyer de l'autel (mizbéa'h) dans le Temple, sauf celui de la vigne et de l'olivier.
Pourquoi ne brûle-t-on pas la vigne et l'olivier sur l'autel?
A cause de leurs produits, l'huile et le vin.
Sur l'autel on faisait des libations de vin, et on sacrifiait des offrandes accompagnées d'huile, et c'est pourquoi ils épargnaient à leurs "ascendants" d'être brûlés.

Yaakov pensait tout le temps qu'il descendrait au chéol vers son fils. Et qui avait dit que son fils se trouvait au Guéhinam?
La réponse est que Yaakov croyait que Yossef, avec sa beauté, avait certainement fauté. Et s'il a fauté, je vais le suivre au Guéhinam, parce que j'ai un fils mauvais.
=> Yossef lui a donc envoyé du vin et de l'huile, en allusion au fait qu'on ne brûle pas la vigne parce qu'elle a un fils juste : le vin.

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-> Selon le midrach (sur v.45,23), Yossef a envoyé à son père : "du vieux vin que les personnes âgées apprécient".
Rabbi Yéhouda Tsadka (Kol Yéhouda) donne l'explication suivante :
Les jeunes se vantent toujours en disant que les vieux ont vieilli et n'ont plus de raison d'être, la nouvelle génération est plus développée, ce qui n'est pas le cas des vieillards.
C'est pourquoi le vieux vin est apprécié par les personnes âgées, parce que les vieux disent le contraire : que c'est justement l'esprit des vieillards qui est plus détendu et plus posé. Ils ont plus de goût que les jeunes dont l'intelligence pétille, et la preuve en est le vieux vin : plus il devient vieux plus il s'améliore, c'est pourquoi les vieillards l'apprécient.

Or Yossef craignait que son père pense que Yossef tendait déjà à adopter l'avis des jeunes et ne lui obéirait pas.
Dans ce cas, quelle utilité y aurait-il à aller chez lui?
=> C'est pourquoi Yossef a pris les devants et lui a envoyé du vin vieux, pour lui suggérer qu'il appréciait l'âge comme par exemple celui du vin, qui plus il prend de l'âge plus il s'améliore. Or, les juifs sont comparés à la vigne, plus ils prennent de l'âge plus ils deviennent sages, comme l'adage : "Plus les anciens de la Torah prennent de l'âge, plus leur opinion devient fiable."

[on peut éventuellement commenter : l'âge représente la tradition, et l'idée que plus une personne est âgée, plus elle est proche du don de la Torah, et donc on doit la respecter pour cela!
En envoyant du vin vieux, Yossef exprime à son père à quel point il vit selon cette réalité (la Torah devant être notre référentiel pour toute chose).]

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-> Le rabbi Chlome Alter enseigne :
Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant, si au début, c'était un vin fin fabriqué avec des raisins de 1eres qualités.
Mais lorsqu'un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est certes une qualité, mais elle dépend de ce qu'était l'homme dans sa jeunesse.
[Yossef voulait rassurer son père, en lui disant que malgré son apparence (de vice-roi d'Egypte), il était resté intérieurement le même qu'avant.]

-> "Ne considère pas le récipient. Il peut y avoir un récipient neuf rempli de vieux vin" (Pirké Avot 4,20).
Yossef voulait dire à son père que, malgré son apparence, il était resté intérieurement le même qu’avant. La voie qu’il avait apprise chez Yaakov était restée entière en son coeur. Il savait qu’ainsi, il apaiserait la conscience de son vieux père, qui s’inquiétait de la situation spirituelle de son fils.
Tel est le sens des propos de Rachi : "Il lui envoya du vieux vin" = il lui fit dire que le vin à l’intérieur de lui était resté le même vieux vin que par le passé, sans altération, "que les personnes âgées apprécient" = car cela sera approprié de son vieux père. Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant si, au début, c’était un vin fin fabriqué avec des raisins de première qualité. Mais lorsqu’un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est, certes, une qualité mais elle dépend de ce qu’était l’homme dans sa jeunesse.
[Rabbi Chlome Alter]

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-> "Et à son père, il (Yossef) envoya 10 ânes chargés des meilleurs produits de l’Égypte et d10 ânesses portant du blé, du pain et des provisions de voyage pour son père" (Vayigach 45,23).

-> Pour rassurer son père à propos de sa descente en Egypte, Yossef lui transmit-il le message suivant:
Même si effectivement l’Egypte représente une vertigineuse décadence spirituelle [symbolisée par les "10 ânes" - figures des égyptiens (voir Yé'hezkiel 23,20)], il n’empêche que se dissimule au fond d’elle [le mot יין - yayin (vin) a la même valeur numérique (70) que סוד – Sod (secret)], un trésor divin (les "étincelles de sainteté") ["les meilleurs produits de l’Égypte"] que les descendants de Yaakov se saisiront lors de leur sortie d’Egypte [voir Ohev Israël].

La précision de l’ancienneté du vin ("vin vieux" (יין ישן - yayin yachan) cachait également un signe : L’asservissement en Egypte durera 430 années (voir Bo 12,40), autant que la valeur numérique de 70+360 (יין ישן).
En annonçant à son père la durée de l’exil, Yossef, d’une part, rassurait : L'exil commencera depuis la naissance d’Its’hak, chose que "que les personnes âgées [Abraham et Its’hak] apprécient". [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada], et d’autre part, révélait que la raison profonde du décret de l’exil, étant la réparation de l’âme d’Adam HaRichone [le mot נפש (Néfech – âme) a pour valeur numérique 430 (comme la durée de l’exil) ; ce terme est aussi le את־בש (At Bach) de טּוּב (de מִטּוּב מִצְרָיִם - "meilleurs produits de l’Égypte")]. [Mégalé Amoukot]

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Selon nos Sages, la charge moyenne qu'un âne peut porter sur son dos est de 90 kabin. Or, un kab équivaut à 1,376 litre.
La charge de 10 ânes est donc de 900 kabin, soit 1 238 litres de vin.
=> Yaakov était-il un ivrogne pour que pendant la courte période avant qu'il descende en Egypte, il lui faille tant de vin?

Le Séfer "Séder haDorot" de rabbi Yé'hiel Halpérin, rapporte au nom du midrach une description des dernières heures de Yaakov au pays de Canaan :
"On donna à chacun selon ce qu'avait envoyé Yossef et tout le monde s'habilla selon ce qu'il avait envoyé. Yaakov mit sur sa tête le turban qu'il lui avait envoyé.
Tous les habitants de Canaan entendirent et vinrent se réjouir avec Yaakov, il leur fit un festin pendant 3 jours, et tous les rois de Canaan et les notables du pays se réjouirent."

=> Il en découle que le vin était nécessaire pour le festin d'adieu que Yaakov a fait aux habitants de Canaan. Pour cette raison, Yaakov avait besoin de la charge portée par 10 ânes, du vin vieux que les personnes âgées apprécient.

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Le Maharal (Guévourot Hachem 10) explique que les ânes ne sont pas conscients de ce qu'ils portent, ni de pourquoi ils le portent.
Yossef a envoyé à son père 10 ânes pour faire allusion au fait que ses 10 frères ne sont pas responsables de l'avoir vendus en Egypte.
A l'image des ânes, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient.
Ils pensaient agir d'eux-mêmes, mais ils ne faisaient que mettre en œuvre le plan d'Hachem.
Le message de Yossef est : "Ne soit pas en colère contre mes 10 frères qui m'ont vendu. Au final, c'était le plan d'Hachem que je sois vendu en Egypte, et c'est la raison principale pour laquelle cela s'est produit".

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-> "Et à son père, il (Yosseph) envoya comme ceci (chala'h kazot) : 10 ânes qui portaient du meilleur du pays ..." (Vayigach 45,23)

=> Les mots "comme ceci" (kazot - כָּזֹאת) semblent superflus. Le verset aurait pu en faire l'impasse et dire directement "à son père, il envoya 10 ânes"
Rachi explique : "Il envoya comme ceci = comme ce nombre (ka'hechbon azé).
Mais, on peut se demander que vient expliquer Rachi par ce commentaire.

-> Le rabbi Israël de Rouzhin explique :
En fait, à présent, une famine sévissait dans le monde. Or, il y a un Nom Sacré auquel il est bon de penser pour attirer la subsistance. C'est le Nom חת''ך qui ressort des lettres finales des mots פותח את ידך (potéa'h ét yadé'ha - ouvre Ta Main), qui est le verset approprié à la subsistance. [en ce sens, c'est l'intention à avoir dans ce verset du achré dans la prière]
Ainsi, Yossef transmet à son père qu'il serait bon de penser à ce Nom Saint pour permettre d'attirer la subsistance dans cette période de famine.

C'est à ce message que Rachi fait allusion dans son commentaire. Les mots "comme ceci" se disent dans la Torah כָּזֹאת dont la valeur numérique est de 428, soit la même valeur numérique que les lettres חת''ך .
C'est à cela que fait allusion Rachi qui commente : "Il envoya comme ceci (כזאת) = comme ce nombre", c'est-à-dire comme le nombre, soit la valeur numérique, de ce mot. Cela fait allusion au Nom Sacré חת''ך . C'est justement cela que Yossef envoya à son père. Il lui transmit comme message de penser sur ce Nom, pour pouvoir attirer la bénédiction de la subsistance par la force de sa sainteté.

[ainsi en cette période de très grande famine en Egypte, Yossef envoya comme message à son père Yaakov : "Puisses-tu prier pour la parnassa avec le Nom d'Hachem חתך".
Il lui demanda que l'abondance puisse se déverser sur le monde par son mérite. ]

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"Racontez à mon père tout l'honneur qui est le mien en Egypte" (Vayigach 45,13)

En quoi importait-il à Yaakov de savoir que Yossef avait de l'honneur, de la gloire en Egypte?

Yaakov était très prudent à descendre en Egypte, car il avait conscience que cela marquerait le début de l'exil.

Au travers l'histoire de notre peuple, de nombreux juifs ont quitté le bon chemin spirituel : soit à cause de leurs souffrances, soit parce qu'ils se sont laissés séduire par les richesses qu'ils ont pu amasser.

Yossef leur dit : "Les actions des parents sont un signe pour leurs enfants. J'ai pu subir ces 2 extrêmes : être un esclave humilié, et atteindre une gloire fabuleuse, et j'ai toujours conservé mon niveau spirituel.
S'il vous plaît dites cela à mon père pour lui diminuer ses craintes."

[le Divré Chaoul - Rav Yossef Chaoul Nathanson]

[Le chariot (agala) peut renvoyer au fait que Yossef est descendu en tant qu'esclave dans des caravanes de marchands, et que maintenant il est vice-roi d'Egypte, pouvant même faire sortir des chariots royaux (sans idoles dessus).
Aussi bien en haut, qu'en bas de la roue de sa vie, il a toujours gardé la bonne direction : Hachem!

Cela peut également se comprendre à un niveau plus global.
En effet, lorsqu'un parent surmonte une épreuve difficile, il transmet à sa descendance une facilité pour vaincre cette épreuve dans le futur.
Par exemple, le fait que Yossef a triomphé dans la très difficile épreuve de l'immoralité, va permettre à tous les juifs venant ensuite d'avoir plus de facilité à en faire de même.

Ainsi, symboliquement son passage de chariots d'esclaves à chariots du vice-roi d'Egypte, symbolise qu'il a réussi à amasser de nombreux trésors, une richesse de mérites spirituels, qui vont permettre aux juifs d'avoir davantage de facilités à rester fidèle à Hachem.
Cette idée a réjoui grandement Yaakov, qui était auparavant préoccupé à l'idée de devoir descendre en Egypte. ]

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-> "Pour toi, tu es chargé de cet ordre : Faites ceci : Prenez pour vous, du pays d'Egypte, des charrettes pour vos enfants et pour vos femmes" (Vayigach 45,19)

-> Le rav Yossef Né'hémia Kourtziner enseigne :
"A priori, on peut se demander pourquoi la Torah détaille et précise : ‘Pour vous, pour vos enfants, pour vos femmes’. Il aurait en effet suffi d'écrire : "Prenez des charrettes et venez ici!"
A mon humble avis, il me semble que l'on peut l'expliquer à partir de l'enseignement que mon aïeul, le 'Hatam Sofer, donne sur le verset : "Vous vous tenez tous ... chaque homme d'Israël, vos enfants et vos femmes" (paracha Nitsvim) et qui est le suivant : "Car en rassemblant tout le peuple devant Moché, il était inconvenable que viennent ensemble hommes et femmes, ce qui aurait pu conduire à des embuches. C'est pourquoi dans le verset il existe une interruption entre "chaque homme d'Israël" et "vos femmes" (pour suggérer qu'ils fassent des séparations entre les hommes et les femmes lorsqu'ils se rassembleraient)."

Si Yossef Hatsadik était, certes, intègre dans toutes les vertus qui caractérisent un homme de sa stature spirituelle, il se distinguait néanmoins particulièrement par l'une d'entre elles : la sainteté des mœurs.
Il ne fait aucun doute que sa vigilance dans ce domaine fit grande impression sur le peuple au milieu duquel il se trouvait, tant et si bien que Pharaon lui-même comprit qu’il en était de même pour les frères de Yossef. Méticuleux à ce sujet, ils se gardaient de tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une proximité inconvenante.
Aussi cela aurait-il été une abomination pour eux que les hommes et les femmes voyagent ensemble.
C'est pourquoi il dit à Yossef : Prenez des charrettes qui conviennent pour vous ... pour vos enfants et pour vos femmes, à savoir des charrettes où les enfants constitueraient une séparation entre vous et vos femmes. Or, lorsque ses frères revinrent chez Yaakov et qu'ils lui dirent que Yossef était encore vivant, et que bien qu'il résidât en terre d'Egypte, terre tellement dépravée dans ses mœurs, il s’était maintenu dans sa foi, sans avoir le moins du monde entaché la sainteté de sa conduite, son cœur resta froid, car il ne put se résoudre à les croire, pensant qu'il était impossible de demeurer intègre dans un tel environnement.
Cependant, lorsqu'il aperçut les charrettes que Yossef avait envoyées, conçues de telle manière qu'elles garantissaient la pureté des mœurs et la décence en conformité avec les exigences du judaïsme, la vie revint au cœur de Yaakov, car il dut alors se rendre à l'évidence qu'en effet, Yossef était encore vivant, et que son âme était demeurée intègre."

"Avraham a planté des acacias à Béer Shéva.
Lorsque Yaakov est descendu en Egypte, il a transplanté ces arbres là-bas.
Il a alors dit à ses enfants que Hachem leur ordonnera un jour de construire le Michkan, et ils devront utiliser ces arbres.

Il y avait sûrement de très bons arbres en Egypte. Pourquoi nos Patriarches se sont-ils compliqués la vie à planter des arbres, et à ensuite les transplanter?

S'ils ont agi ainsi, c'est pour remonter le moral à leurs descendants qui seront esclaves en Egypte.
En effet, il n'était pas suffisant de promettre aux juifs qu'ils seraient délivrés, la vision des acacias que Yaakov avait planté en Egypte, était un rappel concret que leur éventuelle libération sera une réalité."

[rav Yaakov Kamenetsky - Emet léYaakov]

[de la même façon dans notre difficile exil, nous sommes rassurés à la vue du Kotel, qui témoigne que d'un moment à l'autre Hachem va reconstruire le Temple, nous libérant totalement de l'emprise de nos oppresseurs]

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-> Yaakov eut la vision de tous les événements qu'allaient connaître ses descendants, et il sut qu'ils construiraient le Michkan ... ces arbres appartenaient à une espèce rare, introuvable dans d'autres régions, poussant droit ; ils étaient de taille impressionnante (près de 15 mètres), et de plus ne comportaient ni nœud ni fissure.
[Méam Loez - Vayigach 46,1]

"Et maintenant ne vous affligez pas" (Vayigach 45,5)

A quoi fait allusion le terme : "Maintenant"?

Nos Sages enseignent que la faute de la vente de Yossef fut payée plusieurs générations plus tard, par les 10 martyrs qui furent tués par les romains (dont Rabbi Akiva).

Ainsi, Yossef voulait faire allusion à cela à ses frères.
Il leur dit :"Et maintenant, ne vous affligez pas" = c’est comme s’il leur disait : "Maintenant, dans cette génération, vous n’avez pas à vous affliger, car vous n’allez pas payer pour la faute de la vente. Mais dans le futur, dans la génération des 10 martyrs, c’est là que vous aurez lieu de vous affliger, car c’est là que vous allez payer cette faute par la mort des 10 martyrs !"

[Rabbi 'Haïm Vital]

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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne que lorsque Yossef s'est révélé à ses frères, il a pleuré, et ce n'était pas qu'un simple pleur personnel.
En effet, son pleur comprenait également les pleurs des autres tribus, ceux de tout le peuple d'Israël, et ceux des 10 martyrs tués par les romains.

Yossef a pleinement ressenti la douleur des autres, et son pleur était si puissant que toute l'Egypte et le palais de Pharaon ont pu l'entendre, puisqu'étant composé d'un cumul de pleurs collectifs représentant un nombre considérable de souffrances et de douleurs.

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"Et maintenant ne vous affligez pas, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Le rabbi de Shinov explique que Yossef leur disait : "Ne vous attardez pas sur votre faute de m'avoir vendu, mais plutôt "Et maintenant" = pensez au présent ; "ne vous affligez pas" = n'en soyez pas tristes.

-> Rabbi Guerchon de Radzin enseigne également :
"L'homme triste n'a pas besoin de raison particulière pour être coléreux. Dès son réveil, il s'emporte contre le monde entier. Il en veut à chacun. A ses yeux, le monde entier est coupable.
C'est la raison pour laquelle, en prenant congé de ses frères, Yossef, le vice-roi d'Egypte, leur a dit : "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes!" (Vayigach 45,5)."

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A ce sujet :
- Un être vivant c’est celui qui vit dans le présent : http://todahm.com/2020/12/27/un-etre-vivant-cest-celui-qui-vit-dans-le-present
- http://todahm.com/2020/12/27/29930

Le Beit Aharon enseigne : "la tristesse n'est pas une faute, mais elle peut amener les gens plus bas que la pire des fautes. La joie n'est pas une mitsva, mais elle peut élever une personne plus haut que la plus grande des mitsva".

"Yossef ne put se contenir ... Faites sortir tout le monde de devant moi!" (Vayigach 45,1)

-> Le nom Yossef, fait ici référence à Hachem.
La guématria de Yossef (156 - יוסף) est équivalente au Nom Divin (26 - Tétragramme - יהוה) multiplié par 6.
Nous sommes actuellement dans le 6e millénaire [suivant la Création du monde], "Hachem ne peut plus supporter/se contenir" de nous voir en exil, et Il désire se révéler à nous.

Finalement, Hachem va renvoyer tous les Accusateurs Célestes qui L'empêchent d'amener le machia'h et de se rapprocher de Son peuple. Il annoncera alors au monde entier : "Faites sortir tout le monde de devant moi!", et Il se révélera alors Lui-même à nous!

[le Abir Yaakov - Rabbi Yaakov Abou’hatséra]

"Pharaon dit à Yaakov : "Combien sont les jours des années de ta vie?"
Yaakov dit à Pharaon : "Les jours des années de mes pérégrinations sont 130 ans. Peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie et ils n'ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères, les jours de leurs pérégrinations"." (Vayigach 47,8-9)

-> Le Daat Zékénim rapporte le midrach suivant :
"Quand Yaakov dit : "Peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie", Hachem lui dit : "Je t’ai sauvé des mains d’Essav et de Lavan, Je t’ai rendu Dina, ainsi que Yossef et tu te plains d’une vie courte et malheureuse! Par ta vie, le nombre de mots depuis "Pharaon dit" jusqu’à "les jours de leurs pérégrinations" te sera déduit et tu ne vivras pas aussi longtemps que ton père, Its’hak. En effet, Its’hak vécut 180 ans et Yaakov mourut à l’âge de 147 ans."

=> Le midrach blâme Yaakov qui qualifia les années de sa vie de "peu nombreuses et mauvaises". Il perdit à cause de cela une année de vie par mot employé dans ce dialogue plaintif. Or celui-ci comprenait 33 mots et c’est ainsi que Yaakov ne vécut que jusqu’à 147 ans au lieu des 180 années de vie de son père.
[il est important de se rappeler que nos Sages grossissent les erreurs des grands personnages de la Torah pour que cela nous serve d’exemple. Yaakov souffrit plus que ce que l’on pourrait imaginer et fut jugé de manière très rigoureuse pour ces paroles.]

-> Le Rav ’Haïm Chmoulévitz (Si’hot Moussar - Maamar 29) note que Yaakov ne prononça que 25 mots, les 8 autres ont été dits par Pharaon ou ont servi à introduire la question de ce dernier.
=> Yaakov ne fut pas seulement sanctionné pour les mots qu’il émit, mais aussi pour ceux de son interlocuteur. Pourquoi?

Le rav Chmoulévitz tire 2 enseignements du midrach :
1°/ le rav explique que Yaakov semblait tellement âgé à cause de son attitude face aux souffrances. S’il n’avait pas eu une vision aussi négative de la vie, il n’aurait pas paru si vieux et cela n’aurait pas éveillé cette question immédiate de la part de Pharaon. Donc, il perdit 25 ans à cause de sa réaction face à ses épreuves, et 8 ans supplémentaires à cause de cette même attitude qui le fit paraitre vieux, au point que Pharaon le questionne à ce propos.
Ceci nous apprend que les sentiments de la personne jouent sur son aspect extérieur et si cette apparence transmet un message négatif, l’individu en est tenu responsable.

2°/ On ne prétend pas que Yaakov n’a traversé aucune difficulté dans sa vie, mais [dans le midrach ci-dessus] Hachem évoqua les 4 grandes épreuves que Yaakov dut affronter : la menace d’Essav, l’affreuse période passée auprès de Lavan, l’enlèvement de Dina et la disparition de Yossef.
Hachem souligna qu’Il l’avait finalement sauvé d’Essav et de Lavan et qu’Il lui avait rendu Dina et Yossef.
Yaakov est donc critiqué pour ne s’être focalisé que sur la douleur causée par ces événements plutôt que sur le sauvetage d’Hachem à chaque fois (quoique la souffrance endurée à ces moments fût terrible).

C’est une leçon fondamentale ; bien évidemment, on traverse parfois des moments douloureux dans la vie, qui ne se terminent pas de la manière la plus rose qui soit. Mais souvent, l’individu parvient à sortir de cette difficulté et cette même épreuve s’avère parfois positive.
La sévère réprimande contre Yaakov nous enseigne que nous devons tous nous efforcer à voir le côté positif des désagréments subis et de ne pas ressasser sans arrêt leur côté éprouvant.
L’observation du Rav Chmoulévitz va plus loin et s’avère plus exigeante : si l’on traverse une dure épreuve, il nous faut quand même paraître radieux et sereins.
[même si c'est dur actuellement dans notre vie, une pensée doit dissiper cela : la conscience que cela vient de notre papa Hachem pour notre bien ultime! Même si je n'y comprend rien, Lui qui peut tout, Il sait ce qu'il fait!!]

-> De nombreux Guédolim furent frappés par de grandes tragédies au cours de leurs vies, mais on retrouvait toujours en eux un comportement positif. Prenons l’exemple du rav de Brisk : il souffrit le martyre durant l’Holocauste, perdit sa femme et 3 enfants. Sa douleur était telle qu’il n’arrivait même pas à en parler, il en faisait souvent des cauchemars. Il était par ailleurs connu pour son impressionnante crainte du Ciel et pour son sérieux.
Pourtant, son proche disciple (et membre de sa famille), Rav Moché Chmouël Shapira témoigna que ce qui émanait dans la maison du Rav de Brisk, c’était la joie de vivre ambiante.

[cet échange entre Yaakov et Pharaon doit nous aider à mieux aborder nos difficultés de la vie.]

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-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) explique que probablement Yaakov avait peur que Pharaon devienne jaloux de sa longue vie, et mette sur lui son mauvais œil (ayin ara). C'est pour cela qu'il a dit : "peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie".

Le rav Sternbuch ajoute : "Nous voyons de là que nous ne devons jamais nous vanter à propos de notre famille, de notre richesse, ... et éviter ainsi le mauvais œil, qui vient sur nous par le biais de la jalousie."

-> b'h, sur le lien entre la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

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-> Yaakov a vécu 33 ans de moins que son père (Its'hak qui est mort à 180 ans), parce qu’il est écrit "une malédiction injuste ne se réalisera pas", à propos de la malédiction qu’il a donnée à Ra’hel en disant : "celui chez qui tu trouveras tes dieux ne vivra pas (lo i’hié)" (Vayétsé 31,32).
Il lui manquait le compte de i’hié (יִחְיֶה), à savoir 33, dans ses années.
[Baal haTourim]

["La durée de la vie de Yaakov fut de 147 années" (Vayé'hi 47,28)]

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-> Le rav Simshon Raphael Hirsch donne l'explication suivante :
Dans sa réponse, Yaakov exprime : Les jours des années de ma vie ne sont pas nombreux et ne peuvent se comparer à ceux de mes pères qui ont vécu davantage, au sens où chaque jour de leur existence a été vécu pleinement.

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+ "De combien sont les jours des années de ta vie?"

-> Parce qu'on a dit à Pharaon qu'à l'arrivée de Yaakov, le Nil était monté à ses pieds, alors il en avait été très heureux, et pensait que tant que Yaakov serait en vie, le Nil monterait à ses pieds et arroserait la terre.
Cependant, lorsqu'il vit Yaakov et s'aperçut qu'il était maigre comme un vieillard, il se dit qu'il était certainement très âgé, et qu'il allait mourir bientôt, par conséquent qu'elle cause de réjouissance les égyptiens avaient-ils?
=> C'est pourquoi il lui a demandé son âge, et Yaakov lui a alors répondu : les jours des années de ma vie ont été peu nombreux et mauvais, la vieillesse qui m'atteint vient du nombre des épreuves que j'ai traversées, mais j'espère encore arriver au même âge que mon père, qui a vécu 180 ans.
[Kli Yakar]

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+ "De combien sont les jours des années de ta vie?"

-> Au palais, en Egypte, c'était la coutume que la porte de la pièce où se tenait le roi soit une ouverture basse, de façon à ce que celui qui rentrait soit obligé de se prosterner.
Quand Avraham en son temps se présenta devant Pharaon le roi d'Egypte, Hachem lui fit un miracle et cette ouverture s'éleva, de sorte qu'il ne fut pas obligé de se baisser, mais entra devant lui la tête haute.
Quand Yaakov rentra chez Pharaon, le même miracle se produisit.
=> C'est pourquoi Pharaon s'étonna, car il croyait que l'homme qui se tenait en face de lui était Avraham. Et il a ainsi demandé : "Mais quel âge as-tu?"

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"Yéhouda s'approcha de lui et dit : ... auprès de ton serviteur mon père" (Vayigach 44,18,24)

-> En parlant à Yossef de leur père Yaakov, il en fait allusion par : "ton serviteur, mon père".
Bien que Yossef devait vivre 120 ans, il a perdu 10 années de sa vie car il a permis à ses frères d'appeler ainsi leur père, sans les stopper.
Mais pourquoi a-t-il été puni par 10 années, alors que les frères ne mentionnent qu'à 5 reprises leur père comme étant son serviteur (v.43,28 ; 44,24 ; 44,27 ; 44,30 ; 44,31)?

Le Pirké déRabbi Eliézer (29) répond qu'il a entendu une fois les paroles en hébreu, et qu'ensuite on les lui a traduites, puisque tout le monde pensait qu'il ne connaissait pas l'hébreu.
[le Gaon de Vilna]

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-> C'est Ménaché, le fils de Yossef, qui était le traducteur.
Il a compris que c'était les frères de son père, et dans sa traduction, il a employé : "mon père", en excluant : "ton serviteur", par respect pour Yaakov
=> La question reste alors entière : pourquoi 10 ans?

Yossef a été puni pour avoir demandé des nouvelles de son père lorsque ses frères ont apporté Binyamin.
En effet, à son niveau, il aurait dû anticiper qu'ils pourraient employer ce terme : "ton serviteur".
Il a été puni par 10 ans de vie en moins, car les 10 frères ont répondu en même temps à sa question.
[le Pardess Yossef]

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-> "Il lui apparut, tomba à son cou et pleura abondamment à son cou" (Vayigach 46,29)
Yossef a perdu 10 années de sa vie car il a causé le fait que Yaakov s'est incliné devant lui.
Yossef est venu accueillir son père en revêtant l'habit royal qui comporte 10 vêtements.
Lorsque Yaakov a observé Yossef de loin, il ne l'a pas reconnu, et la vision des habits royaux, l'a poussé à s'incliner.
Si Yossef n'avait pas de tels habits, il aurait évité à son père de se prosterner devant lui!
[Targoum Yonatan ben Ouziel]

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-> Le Haémek Davar (rapporté dans le Darach David) explique que Yossef s'efforçait de faire en sorte que son second rêve s'accomplisse.
Yossef s'affligeait cependant de devoir contraindre son père à se prosterner devant lui.
Du reste, ses jours n'en seraient-ils pas écourtés puisqu'il transgressait ainsi le 5e commancement disant : "Honore ton père et ta mère ... afin que tes jours soient prolongés" (Dévarim 5,16).
Ses pleurs, lors de ses retrouvailles avec Yaakov, soulignaient aussi sa peine pour cette atteinte à l'honneur de son père et son désir qu'il lui pardonne.
Malgré cela, son père se prosterna devant lui, et avec lui toute sa famille ; ainsi le second rêve de Yossef se réalisa à son tour.