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"Il n'y avait pas de pain dans tout le pays, car la famine était très forte ; le pays d'Égypte et le pays de Canaan étaient épuisés par la famine" (Vayigach 47,13)

-> Rachi commente : "Dans ce verset, la Torah revient à la description du début de la famine".
Au final, la famine n'a pas duré les 7 années prévle vues par Yossef, car la Torah nous dit qu'ils préparaient déjà la terre pour les semailles la 3e année.
[la Torah nous rapporte que pendant la 2e année de famine, Yossef a fourni des graines pour ensemencer la terre d'Egypte - Vayigach 47,23]

Cependant, cela n'a pas remis en cause l'interprétation du rêve de Pharaon par Yossef. Il était universellement compris, même par les autres nations du monde, que les tsadiki (justes) ont le pouvoir d'annuler un décret céleste. C'est pourquoi nos Sages (guémara Baba Batra 116a) nous disent : "Un homme juste décrète, et Hachem exauce (son souhait)".
La fin de la famine a coïncidé avec l'arrivée de Yaakov, et il était donc évident que c'était son arrivée qui en était la cause. Les égyptiens étaient conscients que Yaakov était un homme de D. et que son arrivée leur apportait la bénédiction, comme le déclarent nos Sages : " La bénédiction suit le sillage d'une personne juste" (guémara Béra'hot42a).

En effet, la famine a été causée par la décrue des eaux du Nil, qui était la principale source d'eau (et donc de nourriture) en Égypte. Lorsque Yaakov bénit Pharaon pour que le Nil remonte vers lui (Rachi - v.47,10), ce qui se produisit immédiatement, la famine prit fin. Il est donc évident que Yaakov a contribué à mettre fin à la famine.

Yossef était conscient de la possibilité que le décret soit annulé par les prières des justes (tsadikim), et c'est pourquoi son interprétation du rêve de Pharaon était soigneusement formulée.
Lorsqu'il décrit les années de famine à Pharaon, il évite le mot "baou" (arrivera) et utilise plutôt "kamou" (surgira). Cela implique que l'arrivée de la famine n'est pas garantie.
À l'inverse, lorsque Yossef fait référence aux années d'abondance dans son interprétation, il utilise le mot "baou", ce qui implique que leur arrivée est certaine.
En effet, nos Sages nous disent qu'un décret céleste en faveur du bien n'est jamais annulé, et par conséquent, Yossef était convaincu que les années d'abondance arriveraient.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
La prédiction de Yossef concernant les 7 années de famine ne s'est pas entièrement réalisée car l'arrivée de Yaakov a apporté la bénédiction à l'Égypte.
Yossef savait qu'un décret d'Hachem peut être annulé par les prières des tsadikim ou par le repentir, et il en a tenu compte dans son interprétation du rêve.

"Puisque son âme est attachée à son âme" (Vayigach 44,30)

Comment les âmes de Yaakov et de Binyamin sont-elles devenues attachées l'une à l'autre?

Le mot : "attachée" se dit : kéchoura (קְשׁוּרָה), et il a pour valeur numérique : 611, qui est la même que celle du mot : "Torah" (תורה).

Yaakov a enseigné à Binyamin la Torah, et par le biais de cette étude de la Torah, leurs âmes se sont attachées.

=> La Torah est la langue qui unifie entre eux les juifs du passé, du présent et des générations futures.

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+ "Notre peuple n’en est qu’un uniquement grâce à la Torah."

[Rav Saadia Gaon – Emounot véDéot 3,7]

Source (b"h) : traduction personnelle issue d’un dvar Torah du rabbi Bogomilsky (Védibarta Bam)

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+ "Il (Yaakov) envoya Yéhouda devant lui, chez Yossef, pour préparer devant lui, à Gochen" (Vayigach 46,28)

-> Rachi commente : pour lui préparer un centre d’études d’où sortira l’enseignement.

-> Ensuite, à leur arrivée en Egypte, ils vont voir Pharaon, qui leur demande : "Quelles sont vos occupations?" (v.47,3).
Le rabbi David Gourwitz fait remarquer que le mot : "occupations" (maassé'hem - מַּעֲשֵׂיכֶם) a une guématria de 480, qui est la même que : "Talmud" (תלמוד).
En effet, quelles sont les occupations des juifs?
Ils ont des actions (maassé'hem) qui se basent sur le Talmud, ils étudient la Torah quand et où ils le peuvent.
Notre profession n'est pas ce que nous faisons dans la vie, puisque ce n'est qu'une malédiction nécessaire pour nous permettre de faire ce que tout juif doit réellement faire dans sa vie : étudier et vivre selon la Torah.

-> Le rav 'Haïm Friedlander dit que le 1er souci de Yaakov pendant cette période d'exil en Egypte, fut d'assurer aux enfants l'enseignement sacré. En fait, même si Yaakov n'entretient pas de relations avec les égyptiens, ce centre d'études était nécessaire pour clarifier ce qui est permis et ce qui est interdit, et distinguer la vérité du mensonge.

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+ "Pour préparer devant lui, à Gochen" :

-> Le Yichma'h Israël (l'Alexander rabbi) commente sur ce verset :
Les actions des Pères sont un signe pour les enfants. En descendant en Egypte, Yaakov traça la voie pour ses enfants pour survivre en exil jusqu'à la venue du machia'h.
Nous en trouvons une indication dans le fait que : "à Gochèn" (Gochena – גשנה), a la même valeur numérique que : machia’h (משיח), soit 358.

=> Ainsi, en allant en exil à Gochen, Yaakov a fait les préparatifs pour nous donner les moyens de rester confiant en D. et en la Torah durant le long et amer exil.
Le midrach dit que Yaakov envoya Yéhouda à Gochen pour préparer une école pour l'étude de la Torah. En effet, c'est la lumière de la sainte Torah qui illumine nos vies jusqu'au jour où : "Hachem sera pour toi une lumière qu'il est impossible d'éteindre" (Yéchayahou 60,20).

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-> Le pays de Gochen est la terre que Pharaon avait donné à Sarah en compensation de ce qu'il l'avait séquestrée dans son palais lorsqu'elle et Avraham étaient descendus en Egypte pendant la famine.
Depuis, un esprit de sainteté réside en ce lieu grâce au mérite de Sarah. L'influence corruptrice de l'ange gardien de l'Egypte n'a pas affecté cet endroit.
[Pirké déRabbi Eliézer 26]

[en effet, l'environnement dans lequel nous évoluons a une influence indirecte sur nous, d'où l'importance de rester autant que possible dans notre territoire rempli de sainteté (notre Gochen à nous!).]

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+ "Tu t'installeras dans le pays Gochen ... toi et tes enfants et les enfants de tes enfants" (Vayigach 45,10)

-> Pourquoi Yossef a-t-il décidé d'installer son père et sa famille dans le pays de Gochen, loin de la capitale, et n'a-t-il pas plutôt proposé à son père de s'installer près du palais du roi dans la capitale de l'Egypte, pour qu'il puisse le voir à chaque instant?

Nous trouvons la réponse dans la décision du Rema (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 240,7) selon laquelle : "Si le fils est grand en Torah et que le père aussi lui doit le respect, il faut qu'ils s'éloignent l'un de l'autre, pour qu'aucun d'eux ne néglige le respect dû à l'autre".
Yossef s'est conduit en accord avec cette hala'ha. En effet, Yaakov et Yossef se devaient le respect mutuellement.
Yaakov devait honorer Yossef parce qu'il était le gouverneur du pays et le vice-roi d'Egypte, et Yossef devait honorer Yaakov parce que c'était son père.
Par conséquent, Yaakov et Yossef se sont installés à des endroits éloignés l'un de l'autre.

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[en étant éloigné de son père, Yossef se permettait également de respecter son engagement de ne pas révéler à son père ce que ses frères lui ont fait.
Il était prêt à sacrifier de beaux  moments avec son père adoré (après une séparation de 22 ans), car cette distance entre eux rassurerait ses frères (il ne risque rien de dire!), et de plus il s'empêche ainsi de révéler la réalité afin de leur éviter une honte énorme (comment ont-il pu faire cela!).]

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-> Le rav Yossef Chlomo Kahenman (v.45,28) dit que quand Yaakov vit les charrettes (allusion à la égla aroufa) [envoyées par Yossef], il s'exclama : "Od Yossef 'haï" (Yossef est toujours vivant!). Avec ces mots "toujours vivant", Yaakov voulait signifier que pour accéder à la vraie vie, il faut s'attacher à l'étude de la Torah.

"Il tomba au cou de son frère Binyamin et pleura, et Binyamin pleura [lui aussi] à son cou." (Vayigach 45,14)

Rachi de nous expliquer : "Et pleura" :
"[Yossef] pleura pour les 2 Temples sur le territoire de Binyamin, qui seront détruits, et Binyamin pleura pour le Tabernacle de Chilo sur le territoire de Yossef qui sera détruit."

Le Rabbi de Kozmir de s'interroger :
Pourquoi ont-ils pleuré en ce moment de joie pour la destruction future des 2 Temples et du Tabernacle?
Et pourquoi chacun a-t-il pleuré pour la destruction qui aurait lieu sur le territoire de son prochain et non sur le sien?

Le Rabbi de répondre :
Comme on le sait, les 2 Temples ont été détruits à cause de la haine gratuite.
Lorsque Yossef et Binyamin se sont retrouvés et ont senti que leur séparation avait été causée par haine gratuite, ils ont tout de suite vu la destruction qui, elle aussi, serait le résultat de la haine gratuite.
Ils ont donc pleuré sur le fait que cette haine gratuite si lourde de conséquence pour eux, causera aussi dans l'avenir la destruction des lieux saints.

L'amendement de la haine gratuite consiste à accroître l'amour mutuel au point que la souffrance du prochain soit plus pénible à supporter que sa propre souffrance, comme chacun a pleuré sur la destruction dans le territoire de son prochain.

Bien que le Temple de Binyamin ne puisse être reconstruit qu'après la destruction du Tabernacle de Yossef, Binyamin a pleuré la destruction Tabernacle de Yossef.
Il préférait que son Temple ne soit pas construit plutôt que celui de son prochain ne soit détruit.

Un tel amour est susceptible de corriger la faute de haine gratuite.

[De plus, tout en étant heureux de se retrouver à cet instant, ils implorent déjà, par ces pleurs, le secours/l'aide Divine pour l'avenir, dans les exils à venir du peuple juif, suite à la destruction du Temple.]

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-> "Il tomba sur le cou de son frère Binyamin et pleura, et Binyamin pleura sur son cou" (Vayigach 45,14)
Rabbi Yé'hezkiel de Kozmir ajoute que l'on trouve une allusion à cet enseignement dans notre verset. En effet, les mots : עַל צַוְּארֵי (al tsaré - sur le cou) et עַל צַוָּארָיו (al tsavarav - sur son cou), ont une valeur numérique totale de 820, soit la guématria des mots : "véaavta léréa'ha kamokha" (Tu aimeras ton prochain comme toi-même - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ - Kédochim 19,18).

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-> La raison pour laquelle ils ont choisi de pleurer justement sur la destruction du Temple et non sur autre chose est que cette séparation qu'il y avait eu entre eux avait été provoquée par la haine gratuite, et c'est cette faute qui allait détruire le 2e Temple, comme l'ont dit nos Sages (guémara Yoma 9,2).
C'est pourquoi maintenant, quand ils se trouvaient réunis, ils ont pleuré sur la destruction qui serait provoquée par la haine gratuite, et ils ont voulu réparer totalement cette haine gratuite, c'est pourquoi chacun a pleuré sur la destruction de l'autre.
[Ktav Sofer]

[chaque année nous lisons ce passage de la Torah, et leur acte vient ainsi réveiller en nous cette réalité : si nous voulons la venue du machia'h et la construction du Temple, alors nous devons pour cela déborder d'amour d'autrui.]

-> Le rabbi David Pinto enseigne :
Yaakov et Binyamin ont voulu mettre le peuple en garde et lui faire comprendre l'importance de l'unité, un peu comme pour faire précéder le coup de son remède.
[l'unité du peuple juif amène sur nous davantage la Présence Divine (comme le don de la Torah), et à l'inverse nos divisions l'éloignent (comme la destruction du Temple)]
S'ils se sont tant attristés alors que le projet de destruction était encore incertain, a fortiori nous après la destruction du Temple, devons nous endeuiller et nous repentir afin de mériter de voir sa reconstruction.

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-> Binyamin ne pleura pas pour le Tabernacle, sachant qu'il s'agissait d'un édifice temporaire jusqu'à l'érection du Temple [de Jérusalem]. Il pleurait les nombreuses victimes provoquées par la destruction du Tabernacle.
[Yéfé Toar]

Selon le Zéra'h Béra'h, puisque Yossef avait participé [même indirectement] à la faute de ses frères, le Temple ne pouvait être érigé dans son territoire.

-> La joie de Yossef et de Binyamin était si grande, qu'ils pouvaient en mourir.
Afin de tempérer leur bonheur, les cieux leur suscitèrent la vision du Temple détruit. C'est la raison pour laquelle, on brise un verre lorsque l'on récite les 7 bénédictions au cours d'un mariage, afin que l'assistance ressente également un peu de tristesse [notre joie ne peut jamais être totale tant que le Temple n'est pas reconstruit!].
[Yad Yossef]

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-> Yossef a pleuré sur la destruction [du Temple] qui va avoir lieu sur le territoire de Binyamin. Il a également pleuré car il a vu que les 10 tribus seront exilées et se disperseront parmi les nations du monde.
[le Zohar]

-> Pourquoi est-ce que Yossef et Binyamin ont-ils pleuré spécifiquement à ce moment sur les destructions des 2 Temples, et du michkan de Chilo?

La présence divine ne repose pas sur une personne qui est dans un état de tristesse (guémara Shabbath 30b). Or, Binyamin était triste car il pensait que son frère Yossef était mort. Yossef était triste car il s'inquiétait à propos de son père, et à l'idée que peut être ses autres frères avaient porté atteinte à son unique frère (d'une même mère).
Maintenant qu'ils étaient réunis tous les deux, ils étaient dans un état de grande joie, et c'est ainsi qu'ils ont pu avoir conscience de la destruction de ces lieux [l'inspiration divine leur étant revenue], et qu'ils ont pleuré.
[Maharil Diskin]

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-> Quel est le lien entre le Temple le Michkan, et le fait que les 2 frères ont pleuré chacun sur le cou de l'autre?

Le cœur de tous les juifs doit être dirigé vers un seul et même endroit : le Temple.
Le cou est ce qui relie la tête avec le restant du corps, et cela symbolique la liaison entre la spiritualité (la tête) et la matérialité (le restant du corps).
Il en est de même avec la fonction du Temple, qui est de relier ensemble : la spiritualité avec la matérialité, le Ciel avec la terre.
La guémara (Béra'hot 30a) affirme que le Temple est le conduit qui nous connecte avec le Ciel (chamayim).
La prière de chaque juif s'élève au Ciel par le biais du Temple, et Hachem nous comble de bénédictions d'En-Haut jusqu'à ce monde par le biais du Temple.
[Avné Nézer]

=> on comprend mieux l'importance et la symbolique du cou à ce moment chargé d'émotions.

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=> A quelle période le Michkan a-t-il fonctionné à Chilo? Pourquoi avoir pleuré sur sa destruction, alors qu'il était prévu d'être éphémère?

-> Après 39 ans de fonctionnement dans le désert, le Michkan est entré en terre d'Israël, et durant les 14 années de conquête et de partage du pays entre les 12 tribus, le Michkan a été placé à Guilgal.
Puis, il a été placé à Chilo dans le territoire attribué à la tribu Yossef, durant 369 années, avant d'être détruit par les Philistins à la mort du Cohen Gadol Eli.
Le Michkan fut reconstruit dans la ville de Nov, puis détruit à la mort du prophète Chmouël ; enfin il fut reconstruit dans la ville de Guiv'on.
Après 57 ans de présence du Michkan à Nov et Guiv'on, le 1er Temple fut construit par le roi Chlomo à Jérusalem, 440 années après l'entrée du peuple d'Israël sur sa terre.
[Rambam - dans Beit haBé'hira 1,2]

-> La destruction du Michkan de Chilo, à la fin de la vie du Cohen Gadol Eli, fut un événement moins grave que la destruction du 1er et du 2e Temple, pour 2 raisons :
- 1°/ c'est un Michkan provisoire jusqu'à la construction du 1er Temple dans la ville sainte de Jérusalem.
- 2°/ et il n'y eut pas d'exil à la suite de sa destruction, contrairement aux exils qui ont suivi la destruction des 2 Temples.

=> Pourquoi alors Binyamin a-t-il pleuré sur la destruction du Michkan de Chilo?
C'est parce qu'à cette époque, nous sommes tombés entre les "mains" des Philistins et de nombreux morts ont été déplorés.
[Sifté 'Hakhamim]

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-> C'est en se référant au Temple que la Torah dit : "[Yossef] tomba au cou de Binyamin et pleura" (Vayigach 45,14).
Le Temple est appelé "cou", ainsi qu'il est écrit : "Ton cou est comme une tour d'ivoire" (Chir haChirim 7,5).
Tant que le Temple existait, Israël fut prospère et libre, et pouvait marcher la tête haute et la nuque raide.
Dès la destruction du Temple, Israël commença à subir des humiliations et des persécutions.
Les nuques des juifs se courbèrent, ils ne purent plus jamais relever la tête au sein des nations.

Le Temple est désigné de cette façon pour une autre raison. A la différence des autres parties du corps, si le cou d'une personne est tranché, celle-ci meurt. Il en va de même du Temple sans lequel Israël ne peut vivre.

Lorsque le Temple existait, si un homme péchait par inadvertance, il offrait un sacrifice pour expier sa faute.
Nos Sages enseignent que personne, à Jérusalem, n'allait dormir avant d'avoir expié un péché.
Deux sacrifices quotidiens étaient offerts dans le Temple : un le matin et un autre le soir (Bamidbar 28,4).
Le sacrifice du matin servait à expier les péchés commis durant la nuit, tandis que celui du soir annulait les fautes de la journée.
Les gens étaient ainsi purifiés de tout péché. Aujourd'hui, malheureusement, nous ne sommes plus en mesure d'effacer nos péchés.
[Méam Loez - Vayigach 45,14]

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-> "Ton cou est comme la tour de David" (Chir haChirim 4,4)
Comme le cou, situé au haut du corps, le Temple est la couronne de gloire du peuple juif.
Tout comme c'est dans le cou que passent les artères indispensables pour la vie dans le corps, c'est par le Temple que passent les artères apportant la vie au peuple d'Israël.
De même que c'est autour du cou qu'on porte des bijoux, le Temple est paré par les Cohanim et les Lévi'im qui sont "les ornements" du peuple d'Israël.
De même que les ornements sont suspendus au cou, la réussite du monde est suspendue au Temple.
De même que le cou est plus belle partie du corps, le Temple est le lieu le plus beau du monde.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef pleura également car il vit de façon prophétique que 10 martyrs allaient expier la faute de ses frères.
C'est pourquoi il pleurait sur les épaules de ses frères et disait : "Et maintenant, ne vous affligez pas" (v.45,5). Ne craignez rien pour vos propres vies. Aussi longtemps que vous vivrez, le Satan n'osera pas exiger de châtiment pour votre péché."
[Méam Loez - Vayigach 45,15]

-> "Il embrassa tous ses frères et pleura sur eux" (Vayigach 45,15)
Il a pleuré sur les 10 martyrs des romains, dans lesquels ses frères se sont réincarnés parce qu'ils l'avaient vendu.
En hébreu : "sur eux" (aléhem) s'écrit normalement : עליהם (dans la Torah on trouve : עֲלֵהֶם), et il est constitué des lettres : "al (sur - על) yéhem (יהם = qui sont les initiales des mots : youd (10) Harougué Mal'hout (les 10 martyrs des Romains))".
[le Bné Chlomo]

-> Pourquoi les 10 frères n'ont-ils pas pleuré sur le fait qu'ils reviendront en réincarnation (guilgoul) à travers les 10 martyrs?
Rabbi Lévi Its'hak Chniorsson écrit : "Mesure pour mesure : puisque leur acte a entraîné un retrait de la Présence Divine auprès de Yaacov, de même la Présence Divine Se retira, leur masquant la vision de leur retour en
guilgoul".

-> Le Tsor haMor écrit qu'il se trouve une autre allusion de la réincarnation des frères dans les 10 martyrs dans le verset : "À présent ne soyez pas tristes". (Vayigach 45,5). En effet, on peut en déduire : à présent ne soyez pas tristes, mais il y a lieu de l'être pour votre futur, pour les grandes souffrances.

-> b'h, voir également : http://todahm.com/2018/12/25/7863

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+ "Ton cou est comme la tour de David" (Chir haChirim 4,4)

-> Comme le cou est dans la partie haute de l'homme (juste sous sa tête), et représente sa splendeur, le Temple est dans la partie haute de la terre d'Israël (à Jérusalem) et représente sa splendeur.
[Maharcha]

-> C'est à travers la trachée artère du cou que s'effectue la respiration (néchima) qui assure la vitalité de l'âme (néfech) et c'est à travers l’œsophage du cou que s'effectue le transit de la nourriture et de la boisson qui assurent la vitalité du corps.
De même, c'est à travers le Temple que se déverse dans le monde l'abondance sur le plan spirituel et sur le plan matériel.
[Sifté 'Hakhamim]

-> De même que c'est sur le cou d'une femme que sont placées la majorité de ses bijoux et parures, c'est pour le Temple qu'Israël a prélevé son or, son argent et ses parures.
[Torah Témima]

-> Durant la période d'existence du Temple, le cou d'Israël est levée et dressé.
Cependant, durant la période où le Temple est détruit, Israël marche la tête basse et son cou est courbé.
[Méam Loez]

-> Les lettres du mot : "tsavar" (cou - צואר) peuvent se réarranger pour former le mot : "otsar" (trésor - אוצר) qui désigne le Temple selon le verset : "Apportez toutes les dîmes dans Mon "otsar" (trésor) afin qu'il y ait des provisions dans Ma maison" (Mala'hi 3,10).
Ainsi, le cou (צואר) et le Temple (אוצר) sont formés des mêmes lettres hébraïques.
[Ben Ich 'Haï]

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-> "Il se jeta au cou son frère Binyamin et pleura ; et Binyamin pleura à son cou" (Vayigach 45,14)

-> Rachi explique : "Il se jeta au cou de son frère Binyamin et pleura" = [Il pleura] sur les deux temples qui étaient destinés à être construits sur le territoire de Binyamin mais finiraient par être détruits.

Lors de sa rencontre émouvante avec son frère Binyamin, Yossef voit par roua’h hakodech (inspiration divine) que les 2 Temples, qui seront érigés sur le territoire de Binyamin seront détruits à l’avenir ; cela le fait pleurer.
=> Pourquoi Yossef a-t-il cette révélation à ce moment précis?

Il semble évident qu’il existe un lien sous-jacent entre cet incident et les futures tragédies qui affligeront le peuple juif lors de la destruction des deux Temples.

-> Le Megalé Amoukot nous fournit un premier indice pour découvrir ce lien : il écrit que tous les exils eurent pour origine la vente de Yossef. Il semble que la haine gratuite générée lors de cette histoire tragique, soit la cause notoire de toutes les futures hostilités qui causeront tant de mal au peuple juif à travers l’histoire.
Apparemment, Yossef comprit la signification à long terme, du dommage causé par sa vente, et cela peut nous aider à comprendre sa conduite lorsque ses frères descendirent en Égypte.
Les commentateurs se demandent pourquoi Yossef réagit si durement envers ses frères, les faisant tellement souffrir et causant tant de peine à son père, Yaacov (cf. Ramban - Mikets 42,9).

-> Le Kli Yakar (Mikets 42,9) explique en détail le comportement de Yossef : chaque étape du traitement qu’il leur infligea avant de dévoiler son identité était soigneusement programmée pour leur faire réaliser la gravité de leur faute (celle de la vente de Yossef) et leur permettre de la rectifier.

Il leur fit subir, mesure pour mesure, les souffrances qu’ils lui avaient infligées, 22 ans auparavant.
Par exemple, il les jeta en prison, similaire au puits dans lequel ils l’avaient jeté alors ; il garda Chimon prisonnier en Égypte, parce que celui-ci avait été le principal instigateur du complot contre lui ; et surtout, il les mit dans une situation qui ressemblait le plus possible à celle où ils s’étaient trouvés tant d’années plus tôt, quand l’autre fils de Ra’hel se trouvait en danger.
[en voulant garder Binyamin, le 2e fils de Ra’hel pour voir si leur haine à l’égard de Yossef avait disparu (et la détermination de Yéhouda pour sauver Binyamin (Mikets 42,21-22) prouva bien que le but avait été atteint).
Allaient-ils à présent rectifier leur haine pour Yossef, en se montrant prêts à tout pour sauver Binyamin?

-> Le Chem Michmouël explique qu’après le plaidoyer passionné de Yéhouda, Yossef ne pouvait plus continuer sa comédie, car, comme l’affirme le midrach, Yéhouda était sur le point de le tuer.
Ce qui laisse sous-entendre que sans cela, il aurait poursuivi ; parce qu’il voyait que la haine et la méfiance semées plusieurs années auparavant n’avaient pas totalement disparu. Mais ses émotions étaient trop fortes et il ne pouvait plus continuer, même s’il connaissait l’importance de ce supplice pour les frères.

-> Ainsi, le récit de la Torah nous indique qu’il était très proche de son but, puisque ses frères reconnurent, de façon graduelle, que ces vicissitudes étaient une preuve de la gravité de la faute de la vente de Yossef, jusqu’au point où Yéhouda prouva leur détermination collective à sauver Binyamin (Mikets 42,21 -22).

Néanmoins, Yossef ne réussit pas à atteindre entièrement son objectif : leur faire faire une techouva complète ; après la fervente supplique de Yéhouda pour obtenir la miséricorde du vice-roi, la Torah nous dit que Yossef ne parvint plus à se retenir et à cacher son identité.
Cela signifie qu’au départ, il avait prévu de continuer à jouer la comédie (Vayigach 45,1). Ceci, car il réalisait qu’il n’avait pas encore réussi à rectifier la haine et la méfiance semées tant d’années auparavant.

Or les incidences de cet échec furent énormes : il eut pour conséquence, comme nous l’avons mentionné précédemment, la résurgence de vestiges de haine qui allaient tourmenter les descendants des Chevatim, dans le futur.

Nous pouvons comprendre à présent pourquoi Yossef pleura précisément à ce moment, au sujet de la destruction des Temples.

Le lien avec celle du 2e Temple est la plus facile à comprendre. Comme nous le savons, la cause de sa destruction fut la haine gratuite ; voilà pourquoi Yossef pleura à cet instant sur cette tragédie, car il prit conscience que son insuccès à poursuivre le procédé d’amendement laissait les coudées libres à la haine gratuite, entraînant la disparition du 2e Temple.

Le lien entre le 1er Temple et la vente de Yossef est un peu plus complexe. En voici une explication : un phénomène particulier, le schisme entre les 2 Royaumes, débuta la chaîne d’événements menant à la destruction du Temple. Suite à cette rupture, les habitants du Royaume du Nord tombèrent rapidement dans l’idolâtrie, et à long terme, ces cultes s’infiltrèrent dans le Royaume du Sud, causant la destruction du Temple.

Ce fut Yérovam ben Névat, un descendant de Yossef, qui provoqua ce schisme si ravageur, résultat indirect du conflit entre Yéhouda et Yossef, dans la paracha de cette semaine. Si cette discorde avait été complètement résolue, le schisme à venir n’aurait jamais eu lieu et les répercutions désastreuses aboutissant à la destruction du premier Temple, non plus.

=> Voilà pourquoi Yossef pleura à ce moment crucial sur les événements qui allaient se produire plusieurs siècles plus tard.
[rav Yéhonathan Gefen]

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-> "Il [Yossef] se jeta au cou de son frère Binyamin et pleura ; et Binyamin pleura à son cou" (Vayigach 45,14)

-> Nos Sages (midrach Béréchit Rabba 93,12 ; guémara Méguila 16b) nous informent que les 2 frères virent par Roua’h Hakodech (prophétie) les futurs malheurs qui allaient survenir dans leurs domaines en Erets Israël : Yossef pleura à cause de la destruction des deux Temples situés dans la terre de Binyamin tandis que ce dernier déplorait la destruction du Michkan à Chilo, qui allait se trouver dans le territoire de Yossef.

Le rav Steinman (Ayélet Hacha’har - Vayigach 45,14) explique pourquoi ils eurent de telles visions particulièrement à cet instant. Leurs pensées étaient constamment axées sur la spiritualité. Ainsi, leurs préoccupations n’étaient que spirituelles, même lors d’émotions fortes.
S’ils s’étaient focalisés sur leurs sentiments personnels, ils n’auraient pas mérité ce Roua’h Hakodech. S’ils en furent dignes à ce moment précis, cela prouve leurs nobles pensées durant cette rencontre capitale.

[Ils ne pleurèrent pas les destructions qui allaient avoir lieu dans leur propre terrain, mais la perte survenue dans la portion de l’autre. Cela montre leur niveau exceptionnel d’altruisme et de sensibilité, en pleine prophétie.]

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Bien que leur niveau nous semble inégalable, certaines de leurs attitudes peuvent être émulées dans notre quotidien. En effet, la Halakha (loi juive) tranche que même en temps de grande joie, nous dirigeons notre allégresse vers Hachem.
Par exemple, à l’occasion d’une naissance, nous récitons la bénédiction de Hatov Véamétiv ou de Chéé’héyanou, que l’on dit également lors de l’achat d’un nouvel objet qui procure de la joie. [nous profitons de ces moments de joie importante pour y associer Hachem, et davantage se lier à Lui (Hachem est à l'origine de ces bienfaits!). ]
Nous pouvons aussi nous inspirer de l’incroyable niveau de Ben Adam La’havéro (relations interpersonnelles) que manifestèrent Yossef et Binyamin durant leurs retrouvailles ; ils pensaient à autrui plus qu’à eux-mêmes. Nous aussi, quand nous célébrons un heureux événement, nous pouvons essayer de porter attention aux autres et de ne pas être absorbés par notre propre joie.
C’est une occasion de mettre les invités à l’aise et de leur montrer que nous sommes sincèrement contents de les voir. Cela donne le sentiment d’être important et apprécié.

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-> Le 'Hatam Sofer pose en effet une question sur le commentaire de Rachi (Vayigach 45,14) qui explique qu'au moment où Yossef rencontra Binyamin, chacun pleura sur le cou de l'autre à cause de la destruction future du Temple qui se tiendrait à l'avenir sur son territoire. D'après le calcul, ce jour-là était un Shabbat (puisque la veille de ce jour, Yossef fit abattre une bête en l'honneur de ses frères et le midrach explique que c'était la veille de Shabbat. midrach Béréchit Rabba 92,4).
=> Dès lors, comment était-il permis de pleurer à ce moment-là?

-> La réponse des commentateurs est que chacun vit, à cet instant, que les 2 Temples seraient détruits, et que même après presque deux mille ans d'exil, les Bné Israël se sacrifieraient pour garder leur foi et leur confiance dans leur Créateur. Ils virent qu'ils la conserveraient envers et contre tout, et qu’ils surmonteraient avec vaillance les dures et amères épreuves qui s'abattraient sur eux.
C'est pourquoi ils se mirent à pleurer des larmes de joie en voyant comment les Bné Israël accompliraient leur service Divin, même dans de telles circonstances, en l'honneur du Très-Haut, et de tels pleurs sont autorisés le
Shabbat.

-> L'Admour de Kaznitch, qu'aujourd'hui, lorsqu'un simple tailleur crie "Shéma Israël Hachem E'had", il accomplit exactement ce que Rabbi Akiva fit lorsqu'il mourut en sanctifiant le Nom d'Hachem et que son âme quitta son corps en prononçant le mot "E'had".

"Yossef dit à ses frères : "Je suis Yossef! Mon père vit-il encore?" Et ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient effrayés devant lui." (Vayigach 45,3)

Le midrach (Béréchit Rabba 93,10), au nom de Abba Kohen Bardela, discerne un élément de réprimande dans l'annonce faite par Yossef :
"Malheur à nous au jour du Jugement! Malheur à nous au jour de la Réprimande!
Si les frères n'ont pas su supporter sa réprimande, lui qui était le plus jeune, à plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun selon ce qu'il est."

-> Le rav Soloveitchik de dire que les frères de Yossef ont agi en se fiant à une supposition erronée, ne cessant de penser qu'ils discutaient avec un vice-roi d'Egypte, et ils avaient donc dressé leurs plans en conséquence.
[ils ne pouvaient reconnaître leur frère car la tête de Yossef était sous un voile, et il parlait en égyptien, langue dans laquelle il n'avait jamais parlé par le passé avec ses frères]

C'est alors que Yossef leur a annoncé : "Je suis Yossef!"
[il retire son voile et parle seulement à partir de ce moment en hébreu, dont l'intonation va rappeler des souvenirs d'enfance à ses frères : c'est bien Yossef!]

Soudain, toutes les hypothèses et conjonctures se sont écroulées, et ils se sont rendu compte qu'ils avaient commis depuis le début une erreur fondamentale.

=> Quand viendra le jour où D. montrera à chacun de nous ce qui était véritablement important dans l'existence, il apparaîtra aussitôt que toutes nos vies étaient fondées sur de fausses suppositions, et que nous avons travaillé et lutté pour des choses sans aucune valeur.
Cela constituera effectivement une terrible remontrance.

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-> Le rav Eiziq Scher, Roch yéchiva de Slabodka rappelle que les frères étaient convaincus que leur condamnation de Yossef été justifiée.
Selon le midrach (Tan'houma Vayéchev 2), ils ont même demandé à D. de compléter le quorum de 10 exigé pour prononcer une excommunication.

Avec la révélation de Yossef et le fait que ses rêves se sont réalisés, les frères ne purent continuer à se bercer dans l'illusion qu'ils avaient agi d'une manière exclusivement juste et altruiste.
Ils durent reconnaître que leur animosité envers Yossef n'avait pas pris naissance dans le comportement de celui-ci, mais en eux-mêmes.

=> C'est sur ce point que la réprimande les a bouleversés : ils se sont rendu compte que leur perception de la vérité provenait seulement de leurs propres cœurs, et qu'elle n'avait aucun appui dans la réalité.

 

Source (b »h) : rapporté dans le « Talelei Orot » du rav Yissa’har Dov Rubin

+ "Et les fils de Binyamin : Béla et Bé’hèr et Achbel, Guéra et Na’aman, E’hi et Roch, Moupim et ‘Houpim et Ard." (Vayigach 46,21)

-> La guémara (Sota 36b) nous enseigne que les noms de ‘Houpim et Moupim rappelaient l’absence de Yossef et de Binyamin à leur mariage (‘houpa) respectif.

-> Le Rav ‘Haïm Chmoulevitz commente qu’on comprend aisément la douleur de celui qui doit se marier sans la présence d’un frère.
Celle de ne pouvoir assister au mariage de son proche semble moins évidente.
Le rav Chmoulévitz écrit : "Nous voyons ici que le fait de ne pas pouvoir participer à une sim'ha de son frère est une tragédie importante au point de nommer un de ses enfants en fonction de cela!"

-> On raconte l’anecdote suivante sur le Rav Avraham Grodzinsky, le dirigeant spirituel de la yéchiva de Slabodka.

Un jour, en visite chez la famille à Varsovie, il regarda sa montre au beau milieu de la conversation, et se mit à chanter, puis à sautiller et à danser.
Cela durant pendant une heure, sous les yeux stupéfaits de son entourage.
A la fin, il se rassit et expliqua en disant : "En ce moment même, un de mes élèves se marie à Slabodka.
Je n’ai pu, malheureusement, assister à sa fête et réjouir son cœur.
Mais je peux me réjouir moi-même pour cet heureux événement qui le concerne car, somme toute, sa fête est aussi la mienne !"

"[D. a dit : ] Moi-même Je descendrai avec toi en Egypte, et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter." (Vayigach 46,4)

Le Beit haLévi se demande : Pourquoi D. a-t-Il employé la forme insistante : "et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter" ?

Et de répondre que là réside la plus belle promesse qu'Il a faite au peuple juif : la gloire de D. se répandra toujours dans le monde et Son nom sera sanctifié par la délivrance du peuple juif.

Tant qu’Israël sera à un bas niveau, la gloire divine sera cachée, elle aussi.
Quand le peuple juif s’élèvera par sa délivrance, la gloire divine s’élèvera aussi.

Ainsi :
-> "Moi-même Je descendrai avec toi » = quand le peuple juif sera asservi, D. le sera aussi, si l'on peut s’exprimer ainsi, car Sa gloire sera alors dissimulée.
-> "et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter", poursuit le verset : "Quand Je vous aurai relevés de votre oppression, Mon honneur aussi sera rehaussé parmi les nations."

=> Par cette promesse, la gloire divine est devenue liée au destin du peuple juif.

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+ Supplément :
La ché’hina se trouve avec chaque juif qui souffre comme il est écrit : "Je suis avec lui dans le malheur." (Téhilim 91,15)
De même : "D. est proche des cœurs brisés." (Téhilim 34,14)

Le roi Salomon de dire (Melakhim I 8,46-50) : "Lorsqu’ils péchèrent contre Toi […] et qu’irrité contre eux Tu les abandonneras à l’ennemi […] Ils se repentiront dans le pays de leur exil, ils T’imploreront en disant : "Nous avons péché, nous avons mal agi, nous sommes coupables."
Du haut du ciel, Ton auguste demeure, Tu entendras leurs prières […] et Tu inspireras la compassion à leurs vainqueurs afin qu’ils les prennent en pitié."

Et au chapitre suivant (9,3) : "D. lui répondit : "J’ai entendu ta prière et la supplication que tu M’as adressée."

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-> "Hachem parla à Israël dans une vision de la nuit ... ne crains pas de descendre en Égypt e... Moi, Je descendrai avec toi en Égypte, et Moi Je t'en remonterai" (Vayigach 46,2-4)

-> Afin d'expliquer ces versets, le Rama pose la question suivante : deux personnes qui se tiennent à côté d'un puits et souhaitent descendre à l'intérieur, lequel des deux descendra en premier?
Il est logique de répondre que c'est le plus expérimenté des deux qui descendra en premier, puis le second, c'est-à-dire celui qui l'est moins.

Le Rama demande à nouveau : et pour remonter du puits, lequel remontera en premier?
Il est logique de répondre que dans ce cas, c'est le moins expérimenté des deux qui remontera en premier, puis le second qui l'est davantage, afin qu'il puisse aider le moins expérimenté à remonter.

De la même manière, Hachem dit à Yaakov notre patriarche, dans une vision nocturne : "Ne crains pas de descendre en Égypte", parce que "Moi Je descendrai avec toi". Autrement dit, Moi Je descendrai, ensuite tu descendras.
Mais, lorsque sera venu le moment de la délivrance et de la sortie d'Égypte, "Je te ferai remonter". Pour commencer, Je te remonterai, ensuite Je remonterai après toi.
=> Dans ces paroles, Hachem apparaît à Yaakov afin qu'il ne craigne pas de descendre en Égypte. Hachem l'accompagnera toujours et veillera sur lui, ainsi que sur ses enfants et sur tous les enfants d'Israël.

[d'une certaine façon, l'exil en Egypte préfigure ce qui se passera dans tous les exils suivants jusqu'à la Délivrance (guéoula), où Hachem nous fera remonter pour l'éternité.
Nous ne sommes jamais seuls/abandonnés, car Hachem nous accompagne toujours, parfois passant avant nous, et d'autre après, car Il nous aime et veut notre bien plus que tout! ]

 

+ "D. parla à Israël dans les visions de la nuit, Il dit : « Yaakov ! Yaakov !"
Il dit : "Me voici !" (Vayigach 46,2)

Selon Rachi, ce double appel par son nom atteste l’affection de D. pour notre Patriarche.

Le Pir’hei Aharon dit que cela est dû au fait que Yaakov était sur le point d’entamer sa fatidique descente en Egypte, qui marquera le début de l’obscurité de l’exil, ce pays racine de toute contamination, centre de la dépravation.
Yaakov avait besoin maintenant, plus que jamais, de proximité constante de D. pour le protéger de la contagion.

C’est ce que nous dit la Torah : D. lui est apparu dans « les visions de la nuit » ( =celles des ténèbres de la dépravation égyptienne), et Il lui a dit : « Yaakov ! Yaakov ! » ( = appels affectueux qui l'aideront à surmonter l’épreuve de l’exil).

Le Méché’h ‘Hokhma fait observer que ni Avraham, ni Yits’hak n’ont jamais eu d’inspiration prophétique pendant la nuit, tandis que Yaakov l’a eu à 2 reprises : dans ce verset (46,2) et plus haut (28,12) lors du rêve de l’échelle qui atteignait le ciel.

Comme Yaakov devait demeurer hors de la terre d’Israël, D. lui est apparu de nuit dans les premières années de l’exil, établissant ainsi que, même dans la "nuit" d’exil, Sa Présence résiderait sur les enfants d’Israël, comme l’affirme la guémara (Méguila 29a) : "Quand ils ont été exilés à Babylone, la Présence divine les y a accompagnés."

Juste après ce verset, D. dit à Yaakov : « Yossef mettra sa main sur tes yeux. » (Vayigach 46,4),
Cela signifie que : le fait qu’on te raconte à présent l’histoire de Yossef, sa position de vice-roi en Egypte et son désir de te revoir, te fera fermer les yeux et rendre la descente en exil plus agréable.

Nos Sages disent de même (guémara Shabbath 89) : "Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchaîné dans des fers mais son mérite a fait qu’il descende autrement."

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+ "Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchaîné dans des fers mais son mérite a fait qu’il descende autrement." [guémara Shabbath 89]

-> "Yossef parla ainsi aux serviteurs de Pharaon : "De grâce, si j'ai trouvé faveur à vos yeux, veuillez porter aux oreilles de Pharaon ces paroles" (Vayé'hi 50,4)

Pourquoi Yossef, vice-roi d'Egypte, demande-t-il le droit d’aller enterrer son père en Canaan en passant par les serviteurs, et non directement par Pharaon?

Le Emét léYaakov répond qu'on trouve ici la preuve que si Hachem éleva Yossef au rang de vice-roi, c’était dans l’intérêt de Yaakov son père, et ce afin qu'il puisse entrer en Egypte avec tous les honneurs et facilités.

Mais à présent qu'il était mort, Yossef commença à descendre dans la hiérarchie politique égyptienne, au point qu'il devait maintenant passer par des intermédiaires pour pouvoir échanger avec Pharaon.

+ "Il nous est impossible de juger la conduite de nos patriarches car ils sont, spirituellement, aussi éloignés de nous que nous le sont les étoiles de la terre."

[Rav Aharon Kotler]

La Torah fait le récit de la vie de nos pères non pas pour que nous portions un jugement sur l'un ou l'autre mais pour que nous puissions tirer un enseignement de leur exemple.

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-> "Si les gens avaient compris la grandeur de Yaakov quand Hachem lui a dit : "Je te ferai véritablement remonter", ils auraient parcouru le pays sur une distance de 3 heures de marche vers sa tombe."
[rabbi 'Hiya - Zohar - Chémot]

"Mon fils (Yossef) est encore vivant" (od Yossef bni 'haï - Vayigach 45,28)

-> En déclarant que Yossef est toujours en vie, Yaakov laisse entendre que Yossef a conservé sa droiture (c'est-à-dire sa véritable "vie"). Bien qu'il ait vécu en Égypte, Yossef n'avait pas appris de leur comportement dépravé.

Le principe sous-jacent est le suivant : la bienveillance divine qui descend dans le monde est destinée en premier lieu au peuple juif. La vitalité reçue par les autres nations provient des restes de cette bienfaisance divine destinée au peuple juif (Zohar 2:152b).

"Mon fils (Yossef) est encore (od) vivant". Le terme "od" signifie aussi quelque chose de plus que nécessaire, ou "les restes".
Voici donc le sens mystique du verset : bien qu'à l'heure actuelle, Yossef vive parmi les "restes" (les non juifs ayant le restant de la bienveillance divine), il mène toujours une vie de sainteté.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

Pour vous se sera 1/5e du prix normal …

"Ce sera, aux récoltes, que vous donnerez 1/5e à Pharaon" (Vayigach 47,24)

 

-> Le Na'hal Eliyahou trouve ici une allusion à la durée de l'esclavage des juifs en Égypte.

Paracha Bo (12,40) : "et le séjour des Bnei Israël qui avaient résidé en Egypte fut de 430 ans." (durée calculée à partir de l'alliance "entre les morceaux" conclue entre D. et Avraham).

Les juifs ne sont toutefois restés en Egypte que 210 ans (*) , dont seulement 86 ans sous une véritable servitude (avec une souffrance intense).

Or, le nombre 86 représente exactement 1/5e de 430.

Ainsi, lorsque la Torah précise : "vous donnerez 1/5e à Pharaon", elle indique que l'esclavage réel n'aura lieu que pendant 1/5e de la durée total de l'exil.
[la grande souffrance constitua le cinquième de la durée théorique de l'exil = "Vous donnerez le cinquième à Pharaon"]

 

(*) selon Rachi - Béréchit 15;13 : 430 années = la somme totale des années que vécurent les Bné Israël "étrangers dans des pays pas à eux".

 

Source : issu du livre "talelei Oroth" du Rav Yissa'har Dov Rubin