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Les 4 étapes de la délivrance d’Egypte

La délivrance d’Egypte comporte "4 expressions de guéoula" : "Véhotséti" (וְהוֹצֵאתִי - Je vous sortirai), "Véhitsalti" (וְהִצַּלְתִּי - Je vous sauverai), "Végaalti" (וְגָאַלְתִּי - Je vous affranchirai) et "Vélaka'hti" (וְלָקַחְתִּי - Et Je vous prendrai) (voir Vaéra 6,6-7)

-> Rabbénou Bé'hayé nous apprend (au nom du midrach) que ces 4 expressions correspondent respectivement aux 4 promesses divines concernant la Délivrance d’Egypte :
1°/ Qu’ils sortiront du joug de l’esclavage
[la guémara (Roch Hachana 11a) nous enseigne que 6 mois avant la Sortie d’Egypte, l’esclavage prit fin] [le premier Tichri].
2°/ Qu’ils seront séparés définitivement de l’emprise des égyptiens (du fait qu’ils quitteront l’Egypte à la suite de la mort des premiers-nés) [le 15 Nissan].
3°/ Qu’ils vivront l’ouverture de la Mer (la délivrance complète) [le 21 Nissan].
4°/ Qu’ils connaitront le don de la Torah (la finalité de la sortie d’Egypte) [le 6 Sivan].

-> Le midrach (Chémot rabba 6,4) enseigne que les 4 expressions de Délivrance correspondent aux 4 décrets qu’ordonna Pharaon sur les Bné Israël, et c’est pour cela que les Sages instituèrent les 4 coupes de vin le soir de Pessa’h.
Concernant les 4 décrets de Pharaon, il s’agit :
1°/ "Ils leur rendirent la vie amère par des travaux pénibles sur l’argile et la brique" (Chémot 1,14).
2°/ "Si c’est un garçon, faites-le périr" (Chémot 1,16).
3°/ "Tout mâle nouveau-né, jetez-le dans le fleuve et toute fille laissez-la vivre" (Chémot 1,22).
4°/ "Qu’il y ait donc surcharge de travail pour eux et qu’ils y soient astreints" (Chémot 5,9).

-> Les 4 expressions de Délivrance conviennent également aux délivrances des 4 Empires ayant asservis Israël durant ses exils : Babel (Babylonie), Paras (Perse), Yavan (Grèce) et Edom (Rome). [voir Béréchit Rabba 88, 5]

La relation avec les 4 décrets de Pharaon est la suivante :
- Babel (où fut construite la Tour de Babel rappelle "l’argile et la brique") ;
- Paras (le décret d’extermination d’Haman rappelle "la mort des garçons") ;
- Yavan (le décret des grecs envers les jeunes filles à marier, rappelle l’ordre de "laisser vivre les filles [pour les épouser]") ;
- Edom (l’exil le plus accablant de l’histoire rappelle "la surcharge de travail").

-> Ces 4 Empires ont tiré leur vitalité respectivement des 4 fautes les plus graves : l’idolâtrie, le meurtre, l’inceste et la médisance (équivalente à elle seule aux 3 autres).
La délivrance de ces 4 exils fut procurée par le mérite, respectivement, d’Its’hak, de Yaakov et d’Avraham et de Moché. [voir Chem MiChmouël].

-> On peut comprendre la raison d’un partage en 4 étapes des exils et des délivrances à travers 3 commentaires :
1°/ Le Arizal enseigne que les 4 Exils découlent des quatre lettres du Tétragramme (יהוה) abimées par les fautes ayant entrainé les existences : Youd – pour Babel, Hé – pour Paras, Vav – pour Yavan et Hé – pour Edom.
L’exil d’Egypte, le premier duquel résultent les 4 autres : "Tous les Empires s’appelle Mitsraïm (Egypte) car ils ont martyrisé (Metsirine) les juifs" (midrach Vayikra rabba 13), correspond à la pointe du Youd (kotso chel youd).
2°/ Le chiffre "Quatre" fait allusion à la dispersion d’Israël aux 4 coins du monde lorsqu’il subit l’Exil (voir Maharal de Prague - Netsa’h Israël)
[à noter que la lettre "Dalet" (ד), de valeur numérique 4, signifie "pauvre" (dal) et fait allusion à la condition de la Chékhina en exil - Likouté Moharan]
3°/ La halakha stipule (Lois de celui qui cause un dommage corporel 1,1) : "Qui blesse autrui est tenu de payer 5 indemnités, qui sont : le dommage, la souffrance, les frais médicaux, le chômage et la honte".
Concernant l’esclave, seuls 4 indemnités lui sont à payer, le "chômage" n’étant pas retenu du fait qu’il soit pleinement au service de son maître ...
Les égyptiens ont opprimé les esclaves juifs plus qu’il ne fallait, plusieurs d’entre eux devinrent boiteux, sourds, aveugles ... ainsi, fallait-ils qu’ils payent ces 4 indemnités qu’Hachem transforma en 4 étapes de Délivrance qui firent souffrir l’oppresseur.
[‘Hida]

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b'h, voir :
-> le passage sur les 4 coupes à Pessa'h : http://todahm.com/2022/05/18/le-seder-quelques-enseignements

-> aussi sur ce verset : http://todahm.com/2018/01/01/5990-2

"Les égyptiens reconnaîtront que Je suis Hachem, lorsque J'étendrai ma main sur eux et que Je ferai sortir du milieu d'eux les enfants d'Israël" (Vaéra 7,5)

-> Rachi (Yitro 18,9) : Un esclave ne pouvait pas, jusque-là, fuir l’Egypte, dont les frontières étaient hermétiquement closes. Et eux [les juifs] ont été 600 000 à sortir.

-> Le Ibn Ezra commente que les égyptiens, la nation la plus puissante en magie, avaient jeté un sort à leurs frontières de telle façon que personne ne pouvait en sortir librement.

-> Le Ben Ich 'Haï dit qu'on trouve une allusion à cela dans le mot : "Egypte" (מצרים), qui commence par un מ, lettre qui est ouverte, signe qu'à l'arrivée des juifs la terre était ouverte. Cependant par la suite, lorsqu'ils ont voulu en sortir cela était totalement impossible, à l'image de la lettre : ם de la fin du mot qui est fermé.

Ainsi, la grandeur de la sortir d'Egypte se tient dans les mots : "Je ferai sortir du milieu d'eux les enfants d'Israël", dont le mot : "mito'ham" (du milieu d'eux - מִתּוֹכָם) peut se décomposer en : מתוך ם (béto'h mém) = de l'intérieur du mém (ם), c'est-à-dire des limites de l'Egypte.

Hachem a libéré les millions de personnes composant Sa Nation en un seul instant, en faisant même des miracles énormes dans les frontières fermées de l'Egypte.
[cela doit renforcer notre émouna dans la certitude d'une guéoula grandiose à tout moment, avec la venue du machia'h!]

La 1ere plaie : le sang

+ La 1e plaie : le sang

Préalable aux plaies :
-> chaque plaie a duré un mois, mais certains commentateurs pensent que la durée de la mise en garde était de 7 jours et ensuite la plaie durant 3 semaines, ou bien pour d'autres c'était l'inverse : 3 semaines de mise en garde et une semaine de plaie. [midrach Chémot rabba 9,12]

Toute les opinions s'accordent à dire que la période totale couverte par les plaies a été de 12 mois, prenant fin le 14 Nissan.
[l'esclavage a pris fin 1 an avant la sortie d'Egypte]
[Selon les Avot de Rabbi Nathan, les plaies d'Egypte se poursuivirent durant 12 mois, car les plaies ressemblaient au jugement des réchaïm dans le guéhinam, qui dure 12 mois.]

-> Le Séfer Péninim Yékarim (Ekev 7,15) cite l'enseignement de nos Sages selon lequel à chaque fois qu'une plaie s'abattait sur les égyptiens, il y en avait un petit peu chez les juifs pendant un moment, pour qu'ils sachent ce que souffraient les égyptiens.

-> Le 'Hida (Pné David) enseigne également en ce sens :
Toutes les plaies ont également affecté les juifs pendant un court laps de temps, afin qu'ils puissent connaître la puissance des plaies qui étaient infligées aux égyptiens.
Cela se voit dans le verset : "mais tous les Bné Israël jouissaient de la lumière dans leurs demeures" (Bo 10,23) = cela implique que les juifs ont ressenti la joie d'avoir de la lumière après avoir été exposés à l'obscurité pendant un petit moment.
Ce phénomène de d'abord ressentir la plaie a également eu lieu pour les autres plaies.

-> Selon le Saba de Kelm, en Egypte chaque plaie durait une semaine, et entre 2 plaies, il y avait une pause de 3 semaines.
Que faisaient les juifs pendant ces 3 semaines?

Ils étudiaient la plaie qui venait de passer, afin de se rendre compte à quel point Hachem était précis avec chaque égyptien en fonction de ce qu'il avait pu faire durant l'esclavage des juifs.
Il était alors clair dans la tête de chaque juif, que pour Hachem chaque acte (même le plus petit/anodin) positif ou négatif donne droit à une conséquence.
Rien n'est caché, ni oublié de D.

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-> Chacune des plaies avait toute seule la puissance de complétement détruire l'Egypte, si on lui avait laissé durer plus longtemps que le nombre fixé de jours.
La raison pour laquelle Hachem a amené 10 plaies était afin de démontrer Sa maîtrise totale sur toute la nature.
[Steïpler - 'Hayé Olam 15]

-> Le Maharal (Guévourot Hachem 57) explique qu'avec chaque plaie, Hachem a démontré un aspect différent de Son pouvoir, montrant comment chaque tissu de l'existence du monde repose uniquement entre Ses mains. [rien ne peut exister ou se produire sans un décret de Sa part. ]
Chaque plaie témoigne qu'Hachem manipule les fondements de la création du monde, révélant à tous que c'est Lui, et Lui seul, qui apporte les plaies parce que Lui seul, en tant que Créateur du monde, a le pouvoir de le faire.

Le Maharal écrit que les plaies ne démontrent pas seulement la souveraineté d'Hachem sur l'Égypte, mais aussi sa domination sur le monde entier, car chacune des 10 plaies correspond aux 10 Paroles qui ont été utilisées pour créer le monde, établissant ainsi son contrôle total sur la création.

C'est pourquoi nous lions la sortie d'Egypte avec le Shabbath en déclarant zé'her l'Yetsiat Mitsrayim et zikaron lémaassé Béréchit dans le Kidouch, par exemple.
En effet, bien qu'aucun être humain n'ait été présent au moment de la Création pour témoigner qu'Hachem a créé le monde (ex: comme la notion du temps!), la nation juive était présente en Égypte.
On a été témoin des miracles, on ont vu les "signes et les prodiges" (Vaéra 7,3) qu'Hachem a fait subir à l'Égypte. Par conséquent, on peuvent témoigner de la Création du monde, car seul Celui qui a créé la nature peut totalement la manipuler. [voir Ramban - Dévarim 5,15]

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-> Pourquoi les appelons-nous : "les 10 Plaies (makot)" et non "les 10 Prodiges"?
Le rav Mattitiahou Salomon donne la réponse suivante.
C'est parce que le prodige n'est pas le principal, ni le but recherché par Hachem, mais seulement le moyen pour Le craindre, d'où l'utilisation du mot : "maka" (un coup/plaie).

Le Ramban écrit : "Si un homme fait une mitsva, il gagnera son salaire et s'il faute il recevra la punition d'Hachem. Tout le but des actions d'Hachem en Egypte était d'apprendre au monde entier qu'Il se conduit dans Son monde avec la conduite de la Justice".

Malheureusement, beaucoup de gens pensent que Hachem met tout le monde au Gan Eden, et qu'Il est tellement bon qu'Il pardonnera tout, peu importe les bêtises que la personne en question a fait.
Ceci est une grande erreur, Hachem est certes d'une bonté infinie, mais ce qu'Il attend de nous est qu'on Le craigne dans Son monde.
Il est prêt à tout pardonner si l'homme en question fait téchouva (n'importe quelle faute sans exception!), mais il faut qu'il sache qu'Hachem a aussi l'Attribut de Justice, et que pour toute chose qu'un homme fait, il devra rendre des comptes à 120 ans.

[à Pessa'h, en développant largement les  détails concernant les plaies, nous en venons à prendre conscience que rien n'a été fait par hasard, mais selon le principe de : mesure pour mesure (mida kénégéd mida). Les égyptiens ont été punis pour chacune des fautes qu'ils ont pu faire subir aux juifs (même en cachette!).
[par exemple, à la mer Rouge, on voit que chaque égyptien a reçu une punition personnelle, en fonction de ce qu'il avait pu imposer aux juifs. ]
En développant concrètement cette notion en nous, nous en venons à craindre Hachem, et se dire que : certes Il est d'une miséricorde infinie, mais nous devrons également rendre des comptes sur toutes nos actions (sa Justice est parfaite).

=> Cela doit éveiller en nous un sentiment de crainte, qui vient s'ajouter au sentiment d'amour (vu tous les miracles que D. a réalisé pour nous!). Or, la crainte et l'amour sont les 2 jambes indispensables au bon déplacement spirituel de tout juif!]

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+ Les 10 plaies = Hachem laisse plusieurs occasions de faire téchouva, même aux égyptiens :

-> Il existe une autre facette à la fonction des 10 plaies. Une seule grande plaie n'aurait pas été aussi efficace pour convaincre les Egyptiens de l'existence de D. que plusieurs petites. Si l'Égypte avait été effacée dès l'instant de son premier refus, cela lui aurait supprimé toute possibilité de téchouva.
Bien que les égyptiens fussent punis de leur conduite cruelle, ils bénéficièrent de l'opportunité de s'arrêter un instant pour réfléchir à leurs erreurs et se repentir. À la suite de chacune des plaies, ayant assisté à l'intervention miraculeuse de D. au sein de leur existence, ils auraient pu revenir sur leur opposition vis-à-vis du peuple juif et accepter sur eux le joug de la royauté d'Hachem. Ainsi, ils auraient été pardonnés.
Malheureusement, ils n'en firent rien, tout comme les autres nations du monde n'en feront rien jusqu'aux Temps Futurs. Toutefois, durant les plaies, D. laissa aux Égyptiens la porte ouverte vers la téchouva.
[Chem miChmouël - Vaéra 5678]

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-> Lorsque Moché et Aharon sont venus pour la 1ere fois rendre visite à Pharaon afin de lui demander de libérer le peuple juif, il a répondu en augmentant la difficulté de leur esclavage.
Pharaon dit : "Qu'il y ait donc surcharge de travail pour eux et qu'ils y soient astreints; et qu'on n'ait pas égard à des propos mensongers" (Chémot 5,9).
Ce verset contient 10 mots (dans la Torah), indiquant que Pharaon a augmenter la charge de travail des Bné Israël d'une proportion 10 fois plus importante qu'auparavant.
En conséquence de cela, Hachem a puni Pharaon avec 10 plaies.
Ainsi : un travail * 10 a entraîné que Pharaon et sa nation se sont amenés sur eux les 10 plaies.
[Na'hal Kédoumim (Chémot 5,9) ; Shévet Sofer]

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-> La façon de parvenir [à la crainte du Ciel (yirat Chamayim) ] consiste à créer des images vivantes des événements de la sortie d'Egypte. Il ne suffit pas de simplement penser au concept de Délivrance ; il faut plutôt visualiser la situation du peuple juif pendant tout son séjour en Égypte." (d'où l'importance de la vivre dans ses détails)
[rav Yé'hezkel Levenstein - Ohr Yé'hezkel]

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-> En quoi le récit des détails des 10 plaies est-il pertinent dans nos vies, dans notre quotidien?
L’objectif principal des 10 Plaies était d’enseigner la émouna aux égyptiens et au reste du monde. Elles furent également là pour punir les égyptiens, de la façon la plus précise qui soit, du traitement abominable qu’ils firent subir au peuple juif.
Nous savons qu’Hachem récompense le bien de manière bien plus marquée qu’Il ne punit le mal. Donc s’Il fit en sorte que chaque détail de la plaie vienne sanctionner les mauvaises actions des tortionnaires, on imagine combien de bontés sont réservées à Son peuple qui accomplit Sa volonté.
[rav Yehonathan Gefen]

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-> "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte" (Béaaloté'ha 11,5)

-> Rachi rapporte le Sifri : "Se peut-il que les égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement? Il est pourtant écrit : "Et la paille ne vous sera pas donnée" (Chémot 5,18). S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien?"

-> Rabbi Zlig Bengis (cité dans Peninim miChoul'han Gavoa sur ce verset) explique cela ainsi :
Après avoir souffert de la plaie des poux, Pharaon a libéré totalement les juifs de leur esclavage, 6 mois avant la sortie d'Egypte. Pharaon a alors conçu un plan pour encourager les juifs à rester en Egypte, en distribuant les meilleurs produits à ses anciens esclaves.
Hachem a orchestré ces événements pour permettre aux juifs de prouver leur loyauté à Hachem en résistant aux tentations de rester en Egypte et de vivre une vie de luxe, plutôt que de suivre Moché dans un désert aride (où il n'y a rien (à boire, manger), si ce n'est des scorpions).
C'est au sujet de cette période de 6 mois que les juifs font allusion lorsqu'ils se plaignent de la manne et se lamentèrent : "nous nous souvenons du poisson que nous mangions gratuitement en Egypte".

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+ La 1e plaie : le sang

-> Pourquoi l’eau a-t-elle été frappée la première, et par le sang?

Parce que Pharaon et les égyptiens idolâtraient le Nil, D. dit : "Je vais frapper leur D. en premier et ensuite son peuple" (Chémot Rabba 9,8).

D'ailleurs, les eaux du Nil avaient une odeur de charogne, ce qui humilia grandement les égyptiens et Pharaon qui virent leur dieu ainsi frappé (Midrach Hagadol 7,17).

-> Le midrach haGadol (Vaéra 7,21) explique que le "sang" ne ressemblait pas seulement à du sang, c'était du vrai sang, et qu'il sentait aussi le sang. Par conséquent, malgré la puanteur rance des poissons morts du Nil, l'odeur du sang était encore plus forte.

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-> "Il y aura du sang dans tout le pays d’Egypte, et dans les bois et dans les pierres" (chémot 7,19).
Comment comprendre : "dans les arbres et dans les pierres"?

Le sang perçait depuis l’intérieur des arbres et des pierres et coulait au dehors.
Lorsqu’une femme pétrissait la pâte et l’enfournait, le sang sortait du bois et éteignait le feu. Il mouraient ainsi de faim.

Le sang coulait même de leurs idoles en bois et en pierre. Même les fruits des arbres contenaient du sang et lorsque, assoiffés, ils essayaient de presser des fruits, du sang en coulait (Midrach Hagadol Vaéra 7,21).

Même leur salive fut transformée en sang (Midrach Tanhouma Vaéra 11).
D'autres sources ajoutent que c'était tous les liquides du corps qui se sont transformés en sang : les larmes, la salive, la transpiration.

-> Le fléau du sang était si grave qu'il était presque impossible de manger, car chaque goutte de liquide, même dans la nourriture, se transformait en sang. Par conséquent, de nombreux égyptiens sont morts de soif ou de faim pendant cette épidémie (midrach haGadol - Vaéra 7,19).

-> Pour humilier les égyptiens et symboliser clairement l'impuissance de leurs dieux, même les idoles et les divinités allaient produire du sang (midrach Yalkout Chimoni - Chémot 7:182)

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-> Ceux qui se risquaient à boire du sang voyaient leur estomac gonfler et éclater. (Zohar haKadoch 22)
Les animaux mourraient, déshydratés. (Abravanel - Vaéra)

-> S’ils buvaient avec un juif du même verre, l’eau se transformait en sang dans leurs bouches.
Lorsqu'ils s’asseyaient sur leur lits ou sur un rocher, ils abîmaient leurs habits (coûteux) qui s’imprégnaient de sang (midrach chémot Rabba 9,11).

-> Les eaux amères et salées sont restées disponibles, et les égyptiens se forçaient à en boire parce qu'ils n'avaient pas le choix.
Ils préféraient acheter de l'eau potable aux juifs, plutôt que de consommer de l'eau amère.
[Rabbénou Bé'hayé ; Malbim]

Les juifs se sont considérablement enrichis en vendant de l'eau aux égyptiens.

Le Messekh 'Hokhma cite le midrach enseignant qu'un des objectifs de cette plaie était d'enrichir les juifs, par la vente d'eau potable.
De son côté Pharaon, puisqu'il avait déjà "payé" aux juifs par toutes les bontés qu'il avait pu octroyer à Moché en l'élevant dans son palais, il a été totalement exempté de cette plaie.

Dans le verset, il est écrit : "Pharaon s’en retourna, alla vers sa maison et ne se préoccupa pas de cela aussi" (Chémot 7,23). On observe que Pharaon, n’étant pas personnellement concerné, il ne partagea pas la souffrance de son peuple ("ne se préoccupa pas de cela").

[En épargnant à Pharaon cette 1ere plaie, Hachem l'élevait aux yeux de tous pour mieux le faire tomber de haut, et également Il lui laissait du temps pour faire téchouva.
Nos Sages enseignent que Pharaon n'a pas été touché par la 1ere plaie en gratitude et en "paiement" pour avoir élevé, nourri, hébergé, ... Moché dans son palais pendant 10 années (de 2 à 12 ans).]

-> Le Michnat Rav Eliézer (19) affirme que Pharaon n'a pas été affecté par la plaie du sang.
[de même que Pharaon a élevé Moché dans sa maison, lui donnant ainsi la vie, de même en retour Pharaon a été récompensé par de l'eau, qui est un élément vital/essentiel à la vie. ]

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-> "Pharaon s'en retourna et rentra dans sa demeure, sans se préoccuper non plus de ce prodige" (Vaéra 7,23)

-> Selon le Séchel Tov, Pharaon était content de boire du vin, et ce n'est que la population égyptienne en générale qui souffrait du manque d'eau buvable.

-> "Il y aura du sang sur tout le pays d'Egypte et dans les [récipients de] bois et [de] pierre" (Vaéra 7,19)

Rabbénou Ephraïm tire de ce verset que l'eau qui était contenue dans des récipients en métal n'a pas été changée en sang. C'est pourquoi pour cette plaie, Pharaon n'a pas demandé à Moché d'y mettre un terme, car il buvait uniquement de l'eau entreposée dans du métal, le laissant non affecté par cette plaie.

[A cette époque "ancienne", le métal était une matière nouvelle rare et très chère (surtout pour y entreposer un bien peu précieux comme de l'eau!), faisant que seul Pharaon était vraiment concerné, puisqu'étant un signe extérieur de richesse pour lui.]

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-> Jusqu'aux frontières de l'Egypte, l'eau était parfaitement pure et claire. Mais dès que l'eau traversait la frontière, elle se transformait en sang.
De même, dès que l'eau quittait l'Egypte pour se jeter dans la mer méditerranée, elle redevenait pure.

Durant la plaie, les égyptiens apprirent que l'on pouvait obtenir de l'eau fraîche à la source du Nil et y envoyèrent des expéditions pour rapporter de l'eau potable. Mais dès que les tonneaux d'eau passaient les frontières égyptiennes, cette eau-là aussi se transformait en sang.
Ainsi les égyptiens ne purent-ils pas boire la moindre goutte d'eau du Nil.
[Méam Loez - Vaéra 7,16-18]

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Nos Sages disent que les Juifs se sont enrichis grâce à la plaie du sang, car pour que les égyptiens puissent boire de l'eau, ils devaient payer cette eau aux juifs.
=> Pourquoi les juifs avaient-ils besoin d'une telle richesse, alors qu'au moment de la sortie d'Egypte, ils emporteront avec eux de grandes richesses ?

La guémara (Baba Batra 116a) enseigne que la pauvreté dans la maison d'un homme est pire que 50 coups.
De plus, dans la Haggada, Rabbi Akiva dit que chacune des 10 plaies étaient composées de 5 plaies, ce qui qu'en tout l'Egypte fut donc frappée de 50 plaies.
Ainsi, avant d'envoyer les plaies, Hachem souhaita enrichir les juifs, dès la 1ere plaie, car s'ils étaient pauvres, cela reviendraient comme s'ils étaient frappés de 50 plaies.
=> Alors, on n'aurait pas vu la différence entre les égyptiens qui allaient recevoir 50 plaies, et les juifs qui, du fait de la pauvreté, seraient eux-aussi considérés comme étant frappés de 50 coups.
[le Zéra Chimchon]

-> Le Séfer Peniné Kedem explique pourquoi c’est justement la Plaie du Sang qui a enrichi Israël, et non une autre Plaie. Nos Sages (guémara Baba Batra 116a) enseignent : "La pauvreté dans la maison d’un homme est plus difficile à supporter que 50 Plaies" [la Guemara apprend cela du verset : "Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous du moins, mes amis, car la Main de D. m’a frappé" (Iyov 19,21) : Si les 10 Plaies d’Egypte sont appelées le "Doigt de D." ( אֶצְבַּע אֱלֹהִים – Etsba Elokim) (voir Vaéra 8,15), la "Main de D." fait allusion à 5 fois plus de Plaies – voir Rachi]. Ainsi, fallait-il, dès la première Plaie, enrichir les Bné Israël, car sinon la vengeance divine n’aurait pas été appréciée à sa juste valeur du fait que leur situation misérable aurait continué à être plus douloureuse que 50 Plaies subies par les égyptiens.

=> Pourquoi les Egyptiens n’ont-ils pas obligé les Bné Israël à vendre de l’eau pour une somme modique?
En réalité, ni les juifs n’abusèrent des Egyptiens, ni ces derniers ne s’étaient fait escroquer par les juifs. Hachem a puni Pharaon et les Egyptiens "mesure pour mesure". Ainsi, chaque égyptien recevait sa punition personnelle, tous ne se ressemblaient pas et certains avaient été beaucoup plus cruels que d’autres. Lorsque l’égyptien venait voir le juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, celle-ci ne demeurait pour lui de l’eau que lorsqu’il avait payé le prix correspondant à son châtiment. Tant qu’il ne lui donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang. Ainsi, même si les juifs avaient voulu vendre leur eau à un prix dérisoire, ils n’en avaient pas le pouvoir et celle-ci se transformait en sang jusqu’à ce que le prix juste et proportionnel aux actions de chaque Egyptien soit atteint.
Cela répond à présent à notre interrogation. Les égyptiens n’avaient donc pas la possibilité de forcer les juifs à leur vendre de l’eau à un prix dérisoire. Les juifs non plus ne pouvaient faire des réductions à leurs bourreaux. Par ailleurs, les Bné Israël n’abusèrent pas des égyptiens. [Lev Chalom]

-> Le rav Ibn Ezra demande pourquoi ce prodige surnaturel (décrit dans le midrach), qui réalisa une séparation remarquable entre les Egyptiens et les Bné Israël, n’est pas mentionné dans la Thora. Il en conclut que celui-ci n’est pas exact et que les Béné Israël comme les égyptiens ont subi la Plaie du Sang (tout comme les Plaies suivantes : les grenouilles et les poux). Ainsi, le verset : "Tous les égyptiens creusèrent dans le voisinage du fleuve, pour trouver de l’eau à boire; car ils ne pouvaient boire de l’eau du fleuve" (Vaéra 7,24) s’applique-t-il non seulement aux Egyptiens mais également aux Béné Israël.

-> Nous pouvons cependant concilier le point de vue du Ibn Ezra avec le midrach avec l’explication suivante du Divré Yoël : Hachem a frappé le Nil car celui-ci était considéré comme un dieu d’Egypte, aussi l’a-t-Il frappé avant les Egyptiens. Ceux parmi les juifs qui se comportaient comme des Egyptiens, idolâtres et adorateurs du Nil, ont donc subi également la Plaie du Sang afin de leur faire prendre conscience du véritable Maître de la Nature.
C’est à cette frange du Peuple juif à laquelle fait référence le rav Ibn Ezra, lorsqu’il affirme que les Béné Israël ont aussi subi la Plaie du Sang. Quant à ceux qui sont restés fidèle à un D. unique, il n’y avait pas de raison de leur faire subir une telle Plaie. Bien au contraire, ils ont mérité de bénéficier d’un prodige extraordinaire (précisément décrit dans le midrach) qui les distingua des égyptiens et leur permit de s’enrichir.

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-> "Il y eut du sang (vayéhi adam) dans toute la terre d’Egypte" (v.7,21)

De ce verset vient l’usage du mot damim pour désigner l’argent.
En effet, les Sages ont dit que par la plaie du sang, les juifs se sont enrichis, parce que les égyptiens n’avaient pas de quoi boire, et ils étaient obligés d’acheter de l’eau aux juifs au prix fort.
Contre l’argent (damim) que les égyptiens donnaient aux juifs, ils pouvaient se débarrasser du sang (damim) qui remplissait l’Egypte.

Rabbi Itzélé de Volozhine avait l’habitude de dire sur ce verset qu’il n’est pas étonnant que les mages égyptiens aient réussi par leur propre force à transformer des fleuves d’eau en sang. C’est l’art des non-juifs depuis toujours!

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-> Il est à noter que lorsqu'un égyptien venait voir un juif et lui demandait de lui vendre de l’eau, tant qu’il ne donnait pas la somme adéquate, l’eau se transformait en sang.

C'est ainsi que chaque égyptien recevait une punition personnalisée (le prix d’achat étant unique) en fonction de l’importance de la cruauté qu’il avait eu envers les esclaves juifs.

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+ "Toute l'eau qui était dans le fleuve se changea en sang" (Vaéra 7,20)

-> Le Sforno écrit que l'eau s'est littéralement transformée en sang, et en conséquence les poissons sont morts puisque ne pouvant survivre dans du sang.

Le Ibn Ezra précise que le sang étant plus chaud, c'est cette différence de température qui tué les créatures aquatiques du fleuve.

-> Le Daat Zékénim est d'avis que le fleuve a pris l'apparence du sang, mais il est resté en réalité avec le goût de l'eau. Pour éviter les égyptiens de le boire, Hachem a également entraîné que les poissons meurt, et c'est ce qui a rendu l'eau imbuvable.
[v.21 : "le poisson qui était dans le fleuve périt ... et l'Egypte ne put boire l'eau du fleuve"]

Le rav Aharon Leib Steinman dit que selon cette explication, pour toutes les autres sources d'eaux non reliées au Nil et ne contenant pas de poissons, l'eau s'est réellement transformée en sang, empêchant de la boire.

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+ "Les magiciens d'Egypte en firent de même avec leurs sortilège" (Vaéra 7,22)

=> D'où provenait l'eau qu'ils ont utilisé pour la transformer en sang?

-> Le Targoum Yonatan ben Ouziel écrit que les magiciens ont pris de l'eau de Gochèn, où les juifs vivaient, car elle n'était pas affectée par la plaie.

Le Targoum Yonatan (Vaéra 7,22) explique que le sang à Gochen ne s'est jamais transformé en sang.
En fait, explique le Targoum Yonatan, lorsque les nécromanciens "changeaient le sang en eau", ils ne pouvaient le faire qu'avec de l'eau qu'ils avaient transformée en sang par illusion. Ils n'ont pas été en mesure de changer le sang qu'Hachem avait transformé en eau. Si tel est le cas, où ont-ils puisé l'eau nécessaire à la réalisation de leur tour?
De Gochen, où l'eau est restée de l'eau.

-> Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch se base sur le midrach (Chémot tabba 9:10), qui dit que l'eau pouvait être achetée aux juifs et que, par conséquent, en achetant ce bien précieux, les magiciens avaient de l'eau à "transformer" en sang.

-> Rabbénou Bé'hayé répond qu'ils creusaient des trous dans le sol pour trouver des sources d'eaux souterraines, puisque la plaie affectait uniquement l'eau exposée.

Il dit également que lorsque les magiciens ont entendu que la plaie allait commencé, ils ont voyagé jusqu'à des endroits où l'eau n'avait pas encore été transformée, en affirmant qu'elle allait se transformer en sang. Quelques instants plus tard, cela se produisit, mais pas grâce à eux, mais des effets de la plaie.

-> Le Panéa'h Raza explique que l'eau s'est transformé en sang l'espace d'un instant pour tuer les poissons, devenant nauséabonde et imbuvable à cause des poissons morts, et immédiatement ensuite elle a été changée de sang en eau.

-> Le rav Israël Reisman (commentaire v.7,24 - mimémé) affirme que seule l'eau potable a été transformée en sang, permettant aux magiciens d'utiliser l'eau non potable pour la transformer en sang.

-> Les sorciers ne parvenaient à transformer en sang que le contenu de petites bouteilles d'eau.
Le fait qu'ils y parvinrent convainquit Pharaon que Moché et Aharon n'avaient rien accompli de plus qu'un habile tour de magie.
Selon certains, la seule eau utilisable était l'eau salée de la mer méditerranée.
[Méam Loez - Vaéra 7,21 & 22]

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-> C'est uniquement l'eau buvable qui était transformée en sang, et non pas les eaux salées ou amères.
[rav Saadya Gaon - cité par le Malbim 7,22]

Les eaux souterraines et les eaux qui étaient collectées dans des ustensiles, des puits, des citernes, avant que la plaie ne commence, ne se sont pas transformées en sang.
[selon rav Yéhouda - midrach Chémot rabba 9,11 ; Ets Yoessef, ibid.]

Le rav Levin dit qu'il se peut que la 1ere plaie soit venue avec des possibilités de ne pas trop en être impacté afin de servir d'un premier avertissement pour que les égyptiens libèrent les juifs. Cependant les plaies se sont ensuite intensifiées en raison du refus de Pharaon de laisser le peuple juif partir.

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-> Le Ohr ha'Haïm (Vaéra 7,21) explique que les poissons morts et l'odeur nauséabonde émanant de l'eau étaient un signe pour tous qu'il s'agissait d'un véritable fléau et non d'une illusion.
En effet, bien que les égyptiens soient passés maîtres dans l'art des ténèbres, leur magie n'affectait pas la réalité. Ils étaient capables de changer l'apparence des choses, mais pas leur essence. Par conséquent, lorsque le poisson mourut, il était clair pour tous que l'eau s'était véritablement transformée en sang, un signe certain que seule la main d'Hachem pouvait être responsable de cet acte.
Et bien que les sorciers aient réussi à reproduire quelque peu le fléau, le plus qu'ils aient pu faire avec leur sorcellerie a été de changer l'image de l'eau, mais pas sa composition chimique.

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-> En réalité, le fait que l'eau se soit transformée en sang n'a pas dérangé beaucoup les égyptiens, puisqu'il était habituel parmi les anciennes nations de boire du sang.
D'une certaine façon c'est comme si Moché avait transformé notre eau en coca cola!

Par contre ce qui a fait la dureté de cette plaie a été la mort des poissons suite à la transformation de l'eau en sang.
Il est écrit : "Les poissons du fleuve moururent, le fleuve devint infect, et les égyptiens ne purent boire de ses eaux" (Vaéra 7,21) = c'est les poissons morts qui ont fait que les égyptiens ne pouvaient plus boire de l'eau. [car en absolu boire du sang ne leur été pas répugnant]
C'est pour cela que cette plaie aurait dû plutôt être appelée : "makat bi'ouch" (la plaie des eaux nauséabondes).
La raison qui a fait que cette plaie a été dénommée : "makat dam" (la plaie du sang), est parce que les odeurs nauséabondes ne sont pas visibles à l'œil humain. C'est pourquoi elle s'appelle "dam" (sang), car de façon visible l'eau s'est transformée en sang.
[Daat Zékénim]

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-> On peut s'interroger : à l'époque du Déluge, bien que toute vie sur terre fut anéantie, les poissons ne furent pas décimés. Ici pourtant, les poissons moururent.
La raison est qu'avant le Déluge, les mœurs sur terre étaient dépravées. Les animaux et les oiseaux s'accouplaient eux aussi contre nature, souvent avec d'autres espèces. Telle était la raison pour laquelle même les animaux et les oiseaux furent anéantis par le Déluge. Seuls les poissons qui ne s'étaient pas accouplés à d'autres espèces, furent épargnés.

Cependant en Egypte, les poissons avaient participé au crime : lorsque les nourrissons juifs étaient noyés dans le Nil, les poissons les avalaient. C'est la raison pour laquelle les poissons également méritaient la mort.
De plus, les poissons moururent pour prouver que l'eau s'était réellement transformée en sang et qu'il ne s'agissait pas d'une simple illusion semblable à celle que les magiciens égyptiens furent capables de produire ...
[Méam Loez - Vaéra 7,21]

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+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens ont été punis par le sang, car ils ont versé le sang des enfants juifs lorsqu'ils les ont jetés dans le Nil.
[midrah haGadol]

-> Ils n'ont pas permis aux femmes juifs de s'immerger rituellement dans l'eau de leur impureté par le sang.
[midrach Tan'houma ; Chémot rabba 9:9]

-> La 1ere source de sécurité des égyptiens était le Nil, et ils forçaient les juifs à aller y tirer de l'eau pour eux.
C'est pour cela qu'ils ont été frappés par le Nil.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Une partie de la plaie a été la mort des poissons du Nil, et cela parce que les égyptiens souhaitaient annuler la bénédictions de Yaakov : "qu'ils se multiplient abondamment comme des poissons, au sein de la terre" (Vayé'hi 48,16).
[Kli Yakar]

-> Les poissons morts dans le fleuve pendant la plaie du sang, représentent les enfants juifs morts qui étaient noyés dans le Nil.
[Abarbanel 7,14]

-> Le sang qui s'écoulait des arbres et des pierres pendant cette plaie correspondait au sang versait par les enfants juifs, qui été placés à la place des briques dans les constructions égyptiennes.
[Oznaïm laTorah]

-> Pharaon avait assassiné tous les jours 300 nourrissons juifs afin de se tremper dans leur sang.
[Sifté Cohen]

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-> Hachem attaque dès le début le dieu égyptien : le Nil. (le Malbim)

[c'est leur confiance dans leur divinité qui leur a laissé croire qu'ils pouvaient tourmenter les juifs, et ce sans craindre aucune conséquence.
Chaque fois qu'ils voyaient le Nil, cela renforçait en eux leur toute puissance, oubliant Hachem, et faisant encore davantage souffrir les juifs.]

-> [l'Egypte était la capitale de la magie noire, et ayant les sorciers/magiciens les plus puissants (même un enfant égyptien était très compétent en sorcellerie), elle se pensait au-dessus de tout (on est comme des dieux pouvant tout faire par nos fabuleux pouvoirs!)]
En ce sens, le Zohar (rapporté dans le Méam Loez (Vaéra 7,20)), nous enseigne :
L’approvisionnement en eau d'une nation peut avoir un effet profond sur son peuple.
C'est ainsi qu'en raison de la composition chimique de l'eau, ainsi que des créatures qui y vivent, une certaine sorte d'eau peut être thérapeutique ou une autre développer l'intelligence.
Les eaux du Nil étaient particulièrement efficaces pour donner à ceux qui en buvaient des pouvoirs mystiques et occultes.
Mais après sa transformation en sang et la mort de toute vie aquatique, le fleuve cessa de posséder ces propriétés.

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-> Le verset dit : "Les poissons qui se trouvaient dans le fleuve moururent et le fleuve devint impur" (Vaéra 7,21).
Le Zohar (2:30b) explique que la raison pour laquelle les poissons devaient périr de cette manière était d'empêcher les égyptiens de boire l'eau du Nil. Pourquoi cela était-il nécessaire?
Parce que chaque masse d'eau a un effet différent sur une personne. Par exemple, le Zohar dit que certaines masses d'eau rendent une personne sage alors que d'autres nuisent à son intelligence. Les eaux de l'Egypte, explique le Zohar, possédaient le secret de la compréhension profonde de la magie noire par les égyptiens, car elles leur donnaient spécifiquement de la clarté dans ce domaine.
Par conséquent, pour les empêcher d'accroître leur connaissance de la magie noire, Hachem a rendu l'eau et tout ce qu'elle contient totalement inconsommables.

Le rav Tsadok haCohen (Pri Tsadik Chémot 11) pousse cette idée plus loin en expliquant que le message de la transformation de l'eau en sang n'était pas seulement destiné aux égyptiens, mais qu'il fournissait le message suivant pour le peuple juif. Alors que l'eau des égyptiens se transformait en sang, signifiant que leur source de sagesse, qu'ils célébraient et dont ils s'enorgueillissaient, était putride et sans valeur, pour le peuple juif, en revanche, l'eau restait de l'eau.
Cela symbolisait le fait que la Torah, la source de sagesse du peuple juif, restait constante et pure, démontrant ainsi que la Torah est une source de sagesse vivante et éternelle, dont il faut vraiment être fier et qu'il faut célébrer.

"Hachem parla à Moché : ... tiens-toi devant Pharaon" (Vaéra 9,13)

-> Le midrach rapporte que l'entrée de la porte du palais de Pharaon était très basse, afin que tout celui qui voulait y pénétrer était obligé de se prosterner devant une idole égyptienne qui faisait face à cette porte.

Cependant, lorsque Moché et Aharon se sont approchés de cette porte, elle est miraculeusement devenue plus haute, et ils n'ont même pas eu besoin de baisser leur tête pour entrer.
[surtout qu'ils avaient tous les deux une taille d'environ 5 mètres (10 coudées)]

-> Le Alshich haKadoch dit que c'est ce que Hachem signifie lorsqu'il dit à Moché : "tiens-toi devant Pharaon" = lorsque tu arriveras devant lui, tu n'auras pas besoin de te prosterner, vas-y en te tenant bien droit [fier de ton patron : Hachem!].

Le Alshich rapporte qu'il en a été de même lorsque Yaakov a rencontré Pharaon. Hachem a produit un miracle en agrandissant la porte du palais, afin de le dispenser de se prosterner devant les idoles.
En effet, il est écrit : "Yossef amena Yaakov, son père, et le présenta en se tenant debout devant Pharaon" (Vayigach 47,7).

[Pharaon représente le yétser ara.
Le message est que lorsqu'il nous arrive de faire face au yétser ara, il faut bomber le torse, avoir la tête haute : être fier de ses origines (je suis juif! mon père c'est Hachem!), et avoir conscience que nous devons donc agir avec toute la grandeur qui va avec (tu connais la valeur d'une mitsva! comment puis-je faire un acte si bas pour mon rang si élevé de juif?)]

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-> Le midrach (Yalkout Chimoni 181), nous rapporte quelques miracles qui se déroulèrent à l'occasion de cette visite chez le roi d'Egypte :
"Le palais de Pharaon possédait 400 portes, et chacune d'elles était gardée par des lions, des ours et des bêtes sauvages qui ne laissaient personne entrer, à moins qu'on ne leur amène de la viande à manger.
Lorsque Moché et Aharon arrivèrent, toutes les bêtes se rassemblèrent, elles se frottèrent à leurs jambes et les accompagnèrent jusqu'à Pharaon."

On apprend également dans ce midrach, que c'était le jour d'anniversaire de Pharaon, et que tous les rois de l'Est et l'Ouest s'étaient réunis en son honneur.
En voyant Moché et Aharon arriver dans la salle du trône, ils leur apparurent comme des Anges célestes, leurs yeux brillaient comme le soleil, ...
Ils furent saisis de tremblements et se prosternèrent devant eux.

Le midrach (Yalkout Chimoni 176) nous enseigne qu'au début l'ensemble des 71 Anciens accompagnèrent Moché et Aharon, mais au fur et à mesure qu'ils prenaient conscience des dangers auxquels ils s'exposaient, ils se sont tous désistés.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2015/02/16/2717

"Le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (Vaéra 7,12)

-> "Normalement, lorsque quelqu'un vainc une autre personne, la "dévorant", il est habituel que le vainqueur se remplisse d'orgueil, de fierté du fait de sa victoire (je suis le meilleur!).
Cependant, lorsque le bâton de Aharon a avalé ceux des magiciens de Pharaon, son bâton n'est pas devenu plus gros, ni n'a montré aucun changement de sa taille. Il est resté "humble".

Cela est un rappel au fait que de même que son bâton n'a pas grossi, de même Aharon ne s'est à aucun moment rempli de fierté, ni n'a changé sa nature humble, alors qu'il avait lui-même réalisé cet énorme miracle."

[le Maguid de Jérusalem - Rabbi Shalom Mordé'haï haCohen Schwadron]

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+ Pourquoi les bâtons se sont-ils changés particulièrement en serpents?

Le rav Shimshon Pinkous donne la réponse suivante.

-> "Hachem dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres : tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie." (Béréchit 3,14)

Rabbi Mendel de Kotzk enseigne que le serpent se déplace horizontalement en regardant toujours vers le bas (la terre, la matérialité), et il ne lui manque jamais de nourriture (il y a plein plein de poussière!).
A l'inverse, les autres animaux sont dépendants de l'aide de Hachem pour trouver leur nourriture, ce qui leur permet de développer une relation spéciale avec D.

=> Ainsi, les serpents ont la pire des malédictions : ne pas pouvoir se tourner, se lier toujours davantage avec Hachem.
[à l'image d'un père disant à un enfant : "Tiens 10 millions d'euros, mais que je ne te revois plus jamais!"]

-> Rachi explique que la 1ere plaie (le sang) était dirigée spécifiquement contre le Nil, qui était une divinité chez les égyptiens, en raison du fait qu'il ne pleuvait jamais en Egypte, et le Nil était ainsi leur unique source d'eau!

Rav Chimchon Pinkous explique que symboliquement cela ressemble au serpent. Puisqu'il ne pleuvait jamais dans ce pays, les égyptiens ne devaient jamais lever les yeux vers le Ciel (la spiritualité) pour espérer de la pluie, vitale à l'agriculture.
En résultat de cela, ils n'avaient aucune dépendance avec Hachem, puisque tout ce qui se passait dans leur vie pouvait s'expliquer scientifiquement, et apparaître à leurs yeux comme totalement naturel.
[comme le serpent, ils étaient tournés vers la terre (matérialité), et ils ne manquaient pas d'eau (abondance du Nil) les empêchant d'entretenir une relation personnelle avec Hachem]

=> La sortie d'Egypte n'était pas qu'une libération physique d'un esclavage atroce, mais cela représentait également un départ philosophique plus profond.
C'était quitter un monde vide de spiritualité, dans lequel tout est compris et expliqué selon la science et la nature, pour une nouvelle réalité dans laquelle nous déclarons avec confiance que Hachem dirige chaque aspect de l'univers (petit ou grand) et de notre vie quotidienne.
Que nous sommes fiers d'être Son peuple élu.

[le serpent représente également tout]

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“Prends ton bâton, lance-le devant Pharaon et il deviendra un serpent" (Chémot 7,9)

Rabbi Méïr Shapira de Lublin y voyait une allusion au fait que l’entourage a beaucoup d’influence sur l’homme, pour le meilleur et pour le pire.

Ainsi, même le bâton de D. sur lequel le Tétragramme était gravé, si on le lance devant Pharaon, dans un environnement criminel et dépravé, deviendra un serpent, une bête féroce.
Cependant, ce serpent venimeux se transformera de nouveau en bâton de D. si ce sont les mains de Moshé qui le tiennent.

De même, Moshé fait comprendre à Pharaon que le peuple juif, lorsqu’il sera coupé de l’influence néfaste de l’Egypte (représentée par le serpent : le yétser ara, l'immoralité, ...), pourra s’élever à des sommets de spiritualité.

-> Le Imré 'Haïm (Toldot), au nom du 'Hatam Sofer, rapporte que Avraham ne pouvait pas imaginer que son fils Its'hak pouvait être influencé par Ichmaël.
Its'hak était un tsadik, et sa sainteté et son énorme sagesse allaient très certainement l'immuniser des mauvaises influences.
Cependant, Hachem était d'accord avec Sarah, et Il a dit à Avraham : "Tout ce que te dira Sarah, écoute-la!".
En effet, même le plus grand des tsadik peut être négativement influencé par un mauvais environnement.
Personne n'en est immunisé!

[à l'inverse un lieu particulièrement vertueux, a la capacité de nous tirer vers le haut!]

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-> b'h, divré Torah également sur ce sujet :
- https://todahm.com/2015/02/16/2725
- https://todahm.com/2018/03/04/6277

-> "10 objets furent crées la veille du Shabbath [de la Création] au crépuscule. Ce sont : la manne, le bâton [de Moché], ..." (Pirké Avot 5,6)]

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"Ils jetèrent chacun son bâton et ils se transformèrent en serpents et le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (v.7,12)

-> Rachi : Redevenu bâton, il a avalé tous les autres.
[le midrach précise que le bâton d'Aharon qui avait repris sa forme de bâton, a avalé les autres bâtons qui avaient encore l'apparence de serpents. L'exploit est qu'un bâton inerte avalait des créatures vivantes!
Le 2e miracle est que le bâton d'Aharon a avalé de nombreux serpents sans changer d'aspect.]

-> Le midrach rapporte :
"Un grand miracle se déroula avec le bâton : bien qu'il ait englouti tous les autres bâtons jetés à terre, qui étaient nombreux au point de pouvoir former 10 bottes, il ne s'épaissit pas pour autant.
Et tous ceux qui le voyaient pouvaient sans hésitation affirmer : "Celui-ci est le bâton d'Aharon"."

=> Le Béer Yossef dit que le message est le suivant : les égyptiens au lieu d'avoir été un bâton docile, il se sont transformés en bourreaux impitoyables qui frappent sans motif, à l'image du serpent.
Le bâton d'Aharon symbolise les tourments (les 10 plaies), qui vont être si terribles, que les souffrances qui ont pu être imposées aux juifs (les coups de "bâtons" des égyptiens), vont être "avalées" par ce bâton, puisque comme oubliées en comparaison de la grandeur et de l'intensité des plaies.

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-> Le midrach (Chémot rabba 9,6) rapporte que lorsque le bâton d'Aharon se transforma en serpent :
"A cet instant, Pharaon commença à les tourner en dérision, et à glousser comme une poule.
Il leur dit : "En général, on amène de la marchandise là où elle fait défaut. Ne savez-vous pas que j'ai la connaissance de toutes les sorcelleries?"
Sur le champ, il fit appeler des écoliers qui firent de même.
Bien plus : il fit appeler sa femme et elle aussi réalisa ce même prodige, tout comme des enfants de 4 et 5 ans."

Le rav Yé'hezkel Levinstein dit qu'e l'on peut apprendre 2 leçons sur la nature humaine, applicables chez chacun d'entre nous :
1°/ D. met un homme à l'épreuve, et Il lui laisse la possibilité de se tromper.
En effet, l'épreuve a pour objectif de déterminer si l'homme optera pour les fausses apparences ou bien s'il consentira à voir la main de D. (la Vérité ou l'illusion).

Ici, la seule présence miraculeuse de Moché et Aharon dans la salle du Trône du palais (sans avoir reçu aucune invitation!) aurait dû suffire à le convaincre.
(la prédiction des magiciens sur la venue du sauveteur juif est clairement en train de se réaliser, cf. les nombreux miracles pour entrer et parvenir jusqu'à Pharaon, l'apparence d'anges Divins de Moché et Aharon, ...).
=> La malveillance de son cœur l'a aveuglé, l'empêchant de voir l'évidente réalité, préférant se réfugier dans ses illusions!

2°/ Lorsqu'un homme s'engage dans une voie erronée, il lui est quasiment impossible de rebrousser chemin et de reconnaître qu'il a tort.
A l'image d'un joueur au casino qui sans cesse se persuade de : "je vais me refaire" causant une augmentation de ses pertes ; un homme dans le faux se persuade d'être sur le bon chemin, en utilisant tout argument venant défendre sa cause.

Ce principe est clairement illustré par Pharaon, où chaque plaie ne suffit pas à lui faire reconnaître qu'il s'est trompé, lui faisant payer ainsi un prix très cher.

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-> Lorsque Aharon jettera son bâton devant Pharaon, celui-ci deviendra un serpent.
Ceci symbolise Pharaon : un serpent peut perdre sa peau mais il reste le même serpent. Pharaon semble changer d'attitude et mais il reste toujours le même.

De plus, lorsque Aharon attrapera le serpent, il se transformera à nouveau en un bâton de bois.
Bien que Pharaon semble à présent aussi meurtrier qu'une vipère, lorsque vous l'attraperez, il ne sera pas plus dangereux qu'une baguette de bois.

Le 1er signe sera le bâton pour montrer à Pharaon que Hachem le frappera comme un chien.
Mais puisqu'il est roi, il n'est pas convenable de le lui dire ouvertement.
Le bâton est un signe pour lui faire comprendre cela [indirectement].
[...]

Hachem avait une importante raison d'employer le symbolisme d'un bâton se transformant en serpent.
Lorsqu'une personne se prosterne devant D., elle doit complètement se pencher en avant de sorte que toutes ses vertèbres se courbent.
Lorsqu'ensuite elle s'incline, elle doit être droite, le dos raide comme un bâton, mais lorsqu'elle se relève, elle doit le faire petit à petit, comme un serpent se redresse.
Telle est la façon dont on doit se pencher pendant la amida (guémara Béra'hot 12b ; Ora'h 'Haïm 113,6).

Pharaon avait nié l'existence de Hachem et dit : "Qui est D. que Je doive écouter Sa voix?" (Chémot 5,2).
On lui montra donc le signe d'un bâton transformé en serpent, comme pour dire : "C'est ainsi que tu te prosterneras devant Hachem. Tu te courberas comme un bâton et tu te redresseras comme un serpent. Ce sera un signe que tu te seras totalement soumis D."
[Méam Loez - Vaéra 7,8-10]

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-> "Quand Pharaon vous parlera en disant : produisez un prodige pour vous" (Vaéra 7,9)

-> Le rabbi Shalom de Belz enseigne :
On peut s'interroger. Pharaon aurait dû plutôt demander : "Produisez un prodige pour nous"! Car Moché devait prouver aux égyptiens qu'il est réellement l'envoyé d'Hachem.
En fait, Pharaon était tellement racha et ne cherchait tellement pas à changer et à croire en Hachem, que même si on lui apportait toutes les preuves les plus convaincantes, il ne croira toujours pas.
Seulement, dans son hérésie, Pharaon suspecta que même Moché et Aharon ne croient pas vraiment. Même eux ont en fait besoin d'une preuve et d'un prodige pour se convaincre.
"Produisez un prodige pour vous" = car pour nous, cela ne servira à rien. Mais par contre vous, vous en avez besoin.

-> Le Haflaah explique également :
"Produisez un prodige pour vous" = Donnez un signe pour vous-mêmes.
En effet, la force de l'impureté de l'Egypte était devenue si puissante que Pharaon osait tenté d'éveiller en Moché et Aharon des doutes sur le pouvoir de Hachem.
Pharaon leur disait : Vous-mêmes, vous ne croyez pas à ce que vous dites, vous-mêmes vous avez besoin, pour ainsi dire, d'un signe.

-> "Quand Pharaon vous dira : faites-vous un prodige" (v.7,9)
Le Noam Elimélé'h explique :
Logiquement, Pharaon aurait dû plutôt dire : "Faites-nous un prodige"!
En fait, la différence entre un prodige réalisé par de la sorcellerie et un miracle réalisé par un Juste envoyé par Hachem, consiste en la connaissance du sorcier de son tour de magie. Il sait bien que ce n'est que mensonge. Ainsi, il n'est nullement impressionné par son prodige.
En revanche, le Juste qui réalise un miracle, reste toujours émerveillé par la grandeur d'Hachem Qui réalise ce prodige. Il ne sait jamais à l'avance tout ce qu'Hachem fera et en sera toujours impressionné.
Ainsi, Pharaon dira à Moché et Aharon : "Faites-vous un prodige" = c'est à dire : réalisez une merveille qui sera une source d'étonnement pour vous aussi, et non pas uniquement pour les égyptiens. Cela sera une preuve que ce signe sera d'origine Divine, et non pas l'effet de la sorcellerie.

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"Le bâton d'Aharon engloutit leurs bâtons" (Vaéra 7,12)

=> Pourquoi Hachem a-t-il demandé à Aharon de faire ce miracle, et non pas à Moché?

Le Maharil explique qu'une personne ne peut pas réaliser un miracle plus d'une seule fois.
Or, Moché avait déjà fait ce même miracle au buisson ardent : "il le jeta à terre et il devint un serpent" (Chémot 4,3), et ainsi il ne pouvait plus le refaire.

Pour prouver cela, le Maharil rapporte l'épisode d'Elicha avec le fils de la Choulamite qui était mort (Méla'him II 4,20-37).
Lorsque Elicha a entendu ce qui s'était passé, il a donné son bâton à son serviteur Gué'hazi, et lui a demandé de le placer face au visage du garçon, ce qui le ramènera à la vie.
Cependant, lorsque Gué'hazi a fait cela, rien ne se passa, jusqu'à ce que Elicha lui-même intervienne et ressuscite l'enfant.
Pourquoi le plan initial n'a-t-il pas fonctionné?

Le Panéa'h Raza explique que Gué'hazi était sceptique sur la capacité du bâton d'Elicha à faire revivre les morts, à tel point que Gué'hazi l'avait déjà utilisé en le plaçant sur un chien mort, qui est effectivement revenu à la vie.
Cependant, puisqu'il avait déjà réalisé ce miracle une fois, il ne pouvait plus le refaire une 2e fois sur le fils décédé de la Choulamite.

Le Panéa'h Raza ajoute que cela explique également pourquoi Bil'am n'a pas utilisé son pouvoir de malédiction son âne lors de son obstination à ne pas poursuivre son chemin.En effet, s'il l'utilisait une fois à ce moment, il ne pourrait plus le faire ultérieurement en maudissant le peuple juif.

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+ Pourquoi Hachem fit-Il une telle chose : que le bâton d'Aharon n'a pas grossi, même après avoir avalé de nombreux autres bâtons des sorciers égyptiens?

-> Le Imré Chefer dit que le bâton d'Aharon était destiné à réaliser de grands et nombreux miracles.
Si ce bâton avait grossi après avoir avalé les bâtons des égyptiens, certains auraient pu croire que c'est la présence des bâtons égyptiens dans le bâton d'Aharon, qui a permis de réaliser ensuite toutes ces merveilles.
Dès lors, le dégât aurait été important, car, au lieu de reconnaître la Main d'Hachem et Sa Toute-Puissance, Qui réalise les miracles qu'Il souhaite, certains auraient pu penser que c'est la force de la sorcellerie d'Egypte,
incarnée par ces bâtons, qui a contribué à tout cela.
=> C'est pourquoi, Hachem fit disparaître toute trace des bâtons des égyptiens dans le bâton d'Aharon, pour qu'on sache bien que la sorcellerie égyptienne n'a aucune présence dans ce bâton, et tous les miracles qui seront accomplis par son intermédiaire, ne viennent que d'Hachem, et aucunement de par la force d'une quelconque sorcellerie.

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-> Le Ktav Sofer explique que le bâton d'Aharon symbolise le Pouvoir Divin, alors que les bâtons des égyptiens symbolisent le pouvoir de Pharaon. Le fait que le bâton d'Aharon avale ceux des égyptiens fait allusion au fait que le Pouvoir Divin va dominer l'Egypte.
Mais quand un roi domine un autre roi, cela peut se faire de 2 façons : soit le 1er roi domine et soumet le second, qui continue à exister mais se plie au 1er roi. Mais, il est aussi possible que le roi dominant fasse totalement disparaître l'existence du second royaume.
Ainsi, si le bâton d'Aharon avait grossi, cela aurait signifié que le Pouvoir Divin dominera celui de Pharaon tout en maintenant son existence. Mais, Hachem avait prévu que suite aux 10 plaies, Il allait complètement anéantir le
royaume d'Egypte, qui allait cesser d'exister (dans l'Histoire, l'Egypte dont on parlera après est un peuple tout à fait différent).
=> C'est pourquoi, le bâton d'Aharon n'a pas grossi, pour signifier que le pouvoir de l'Egypte n'aurait plus aucune existence et serait anéanti. On ne pouvait même plus distinguer leur présence dans celui d'Aharon.

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-> Le Béer Yossef compare ce passage au rêve de Pharaon dans la paracha de Mikets, quand les vaches maigres dévorèrent les vaches grasses, et qu'elles ne grossirent pas. Cela signifiait que les années de famine allait être tellement dures qu'elles allaient faire oublier les années d'abondance.
Il en est de même concernant les bâtons. Le bâton d'Aharon c'est le bâton qui frappera l'Egypte, alors que les bâtons des égyptiens symbolisent les coups et les souffrances que les égyptiens imposèrent au peuple juif.
Le bâton d'Aharon avala ceux des égyptiens sans grossir = cela fait allusion au fait qu'Hachem se prépare à frapper l'Egypte de coups et de plaies tellement durs et tellement redoutables, que ces coups feront même oublier les souffrances que les égyptiens imposèrent aux juifs pendant cet esclavage.
Les souffrances qu'Hachem enverra à l'Egypte seront bien plus terribles que celles que l'Egypte fit endurer aux juifs au point que ces dernières seront même insignifiantes comparées à celles qu'Hachem leur imposera.

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-> Le Imré Emet explique qu'à travers l'esclavage et les souffrances en Egypte, il s'avéra que le peuple juif se sépara intrinsèquement de l'Egypte et des autres peuples, au point qu'ils ne puissent plus se mélanger et s'assimiler dans aucun autre peuple.
En effet, plus les juifs tentèrent de se fondre à l'Egypte, et plus on les fit souffrir, leur faisant ainsi comprendre qu'ils ne peuvent pas se mélanger.
A la fin de l'exil d'Egypte, Israël fut constitué en tant que peuple ne pouvant définitivement plus jamais recevoir une influence étrangère. Dès lors, quand les juifs essaieront de s'assimiler et de suivre les influences extérieures, on leur rappellera toujours leurs particularités.
Le peuple Juif ne peut plus s'imprégner réellement des influences étrangères des nations du monde.

=> Le bâton d'Aharon symbolise le peuple juif et les bâtons des égyptiens représentent les influences des nations étrangères, en l'occurrence de l'Egypte.
Le bâton d'Aharon avale les bâtons des égyptiens sans grossir, car les influences et les traces étrangères ne peuvent pas s'imprégner ni s'installer au sein du peuple juif.
Après la sortie d'Egypte, le peuple juif est devenu un peuple à part, séparé de tous les autres, et ne pouvant plus être influencé par aucun "bâton" étranger.

"Je vous prendrai pour Moi comme peuple ... et vous saurez que Je suis Hachem votre D." (Vaéra 6,7)

Hachem est au-delà de toute pensée. En effet, personne ne peut concevoir Hachem par la pensée, tellement Il est élevé.
Malgré tout, Il nous a donné Sa Thora, et par elle, c’est-à-dire en la saisissant et en la comprenant, on peut parvenir également à "saisir" Hachem.

C'est pourquoi, il n'est possible de connaître Hachem qu'à travers la Torah, car de par Lui-même, Il n'est pas perceptible.

Cela est en allusion dans ce verset :
- "Je vous prendrai pour peuple" = cela fait référence au don de la Torah ;
- "et vous saurez que Je suis Hachem" = c’est par la Torah que l’on peut prétendre"saisir" et connaître la Réalité Divine.

[Kédouchat Lévi]

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-> "Je vous prendrai Moi comme peuple, Je serai pour vous D." (Vaéra 6,7)

-> A première vue, il semblerait que les mots "comme peuple" soient en trop dans le verset puisqu'il aurait suffi à la Torah de mentionner "Je vous prendrai pour Moi, Je serai pour vous vous D."
On peut expliquer que le mot : "lé'am" (comme un peuple - לעם) est composé des mêmes lettres que le mot "amal" (labeur/effort - עמל), car Hachem notre D. nous a délivrés d'Egypte pour que nous puissions mettre nos forces et nos efforts au service de la Torah.
Nos Sages ont enseigné à propos du verset : "Parce que l'homme est né pour l'effort" (Iyov 5,7) : l'homme a été créé uniquement pour ressentir l'effort de l'étude de la Torah et de l'accomplissement des commandements.
Ainsi le mot "li" (pour moi - לי) de notre verset a une valeur numérique de 40 qui correspond aux 40 jours d'attente en vue du don de la Torah mais également aux 40 jours qui permettent la formation d'un embryon.
L'homme est né pour appartenir à Hachem et accomplir la Torah et les commandements. C'est ainsi qu'il prendra intégralement part au peuple d'Israël.
[Dorech Tsion]

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-> "Je vous prendrai pour Moi comme peuple" (vélaka'hti ét'hem li léam - וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם).

Les 1eres lettres de ces 4 mots permettent de former : Elloul (אלול), le mois durant lequel nous devenons proche de Hachem par nos prières et notre téchouva.

Cela fait allusion à la promesse que D. a fait : si nous faisons une téchouva sincère, alors Il nous prendra pour Lui comme Sa nation choisie (en amenant immédiatement le machia'h!).

[le Bné Yissa'har - Rav Tzvi Elimélé'h Shapira de Dinov - Igra déKalla]

"Et aussi (végam), j'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël" (Vaéra 6,5)

Que nous apprend le mot : "et aussi"?
Qu'a entendu Hachem en plus du gémissement de chaque juif, entraîné par le terrible esclavage?

Le Séfer Ki Ata Imadi apporte la réponse suivante.

En réalité, chaque juif entendait les gémissements des autres juifs.
Bien qu'étant dans la même situation, chaque juif était sensible à son prochain dans la douleur et il disait : "J'espère que cela puisse être plus facile pour lui. Je prie pour que Hachem allège son fardeau."

Lorsque D. a entendu cela, Il a déclaré : "Je veux "aussi" y être inclus. Lorsque tu ressens la charge de ton ami, malgré le fait que tu as le même problème, alors Je veux "aussi" venir aider."

C'est peut être une illustration des paroles de nos Sages : "Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain, alors qu’elle en a elle-même besoin, se verra exaucée en 1er" (guémara Baba Kama 92a).

=> Ce qui a véritablement permis d'entendre les gémissements des juifs, c'est lorsque chacun s'inquiétait pour son frère dans la douleur. Hachem est alors venu pour aider tout le monde.

De même dans notre vie, en étant sensible aux malheurs d'autrui, cela va éveiller la compassion de Hachem également sur nous, et on se donne ainsi les moyens de se débarrasser de nos propres malheurs.

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b'h, à ce sujet :
- http://todahm.com/2016/10/18/4883-2
- ou également : http://todahm.com/2014/10/23/allons-hessed

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-> "Toute personne qui prie pour un besoin de son prochain ... "
Le Kéhilat Yaakov (Yom Kippourim - Drouch 18) dit que le terme "prochain" fait référence à Hachem, et qu'ainsi la guémara signifie que si quelqu'un prie pour Hachem, s'il prie pour la gloire de D. et non pas pour son propre honneur, alors il sera répondu en 1er.
[Hachem est appelé "prochain" (akhi'ha), comme dans le verset : "N'abandonne ni ton ami ni l'ami de ton père" (Michlé 27,10)]

[en priant pour une chose dans un but spirituel, comme moyen permettant de pouvoir (mieux) faire la volonté de D. et d'ainsi grandir Son Nom dans le monde, alors nous avons la certitude d'être répondu.
A l'inverse en priant pour une même chose uniquement dans un but de satisfaire son égo, alors il nous est plus dur de l'obtenir. ]

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-> Nos Sages expliquent que le mot "aussi" employé dans le verset vient suggérer que telle est la conduite du Créateur : lorsqu'un homme entend la plainte de son prochain, le prend en pitié, lui vient en aide, le libère de la peine et de la souffrance qui l'accablent et le respecte à sa juste valeur, alors "Hachem aussi" écoutera sa propre souffrance, le secourra et le délivrera avec miséricorde ...

Lorsqu'un juif agit envers ses frères juifs avec bonté et leur prodigue du bien, alors Hachem lui dit : "Moi aussi, Je suis ton Père et Je me comporterai avec toi tel qu'il est écrit : "comme un Père qui prend ses fils en pitié" (Téhilim 103,13)."
[Plus on se comporte avec un autre juif comme s'il était notre frère adoré, plus Hachem se comporte avec nous en tant que père, qui plus est au comble de la joie de voir une bonne entente entre ses enfants (iIl donne alors largement à tous indépendamment de nos actions/mérites)]
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le rav Yaakov Edelstein bénéficiait d'une force du Ciel de voir s'exaucer toutes les bénédictions qu'il faisait.
Il expliqua au rav Wozner qui souhaitait en connaître la raison :
"Un nombre important de personnes viennent chez moi et j'écoute chacune d'entre elles avec une patience infinie. Personne ne sort de chez moi sans avoir été écouté d'une oreille attentive du début à la fin.
C'est pourquoi dans le Ciel on dit : "Ecoutons patiemment tout ce qu'il a à dire et accédons à ses requêtes et à ses prières!"

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-> Hachem dit : "J'ai entendu les plaintes des enfants d'Israël.
En plus de les délivrer, J'ai pris le temps d'écouter leurs prières.
Ceci est en soi très important et montre combien Je les estime.
En effet, si Je les avais délivrés uniquement à cause de Ma promesse aux Patriarches, Je n'aurais pas pris le temps d'écouter leurs prières. Et c'eût été comme si Je ne voulais pas les regarder".
[Méam Loez - Vaéra 6,6-8]

"Malgré le fait que les juifs n'ont pas écouté leurs dirigeants [rapportant les paroles de D.], "à cause d'un souffle court et du travail pénible" (Vaéra 6,9), Hachem a ordonné à Moché et à Aharon de continuer à leur parler.

La raison est que les mots de D. ont toujours un impact et produisent un effet ; si ce n'est pas immédiatement, cela le sera plus tard.
En effet, les mots saints ne sont jamais perdus, et au final ils sont entendus."
[Sfat Emet]

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-> "Chaque mot de Torah prononcé, chaque mitsva réalisée a une influence sur l’intériorité de l’être.
De la même façon que l’effet du médicament n’est pas immédiatement perceptible, ainsi il en est pour l’éducation : l’effet ne se fait pas sur le champ, mais il est certain qu’avec le temps il se fait ressentir."
[Rav Chimchon Pinkous]

"D. (Elohim) parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem". " (Vaéra 6,2)

Puisque Moché avait déjà parlé avec Hachem et connaissait son Créateur, pourquoi lui répéter maintenant : "Je suis Hachem"?

Le nom "Elohim" (אֱלֹהִים) est associé à l'attribut de Justice, et le Tétragramme (יְהוָה) à celui de la Miséricorde.

D. avait exercé contre les juifs l'attribut de Justice en les faisant descendre en Egypte et en les asservissant pendant 210 ans.
A présent, Il dit à Moché : dans le passé, J'ai agi en tant que D. de Justice, mais désormais "Je suis Hachem", plein de miséricorde envers Son peuple.

Lorsque l'on écrit en orthographe pleine : "Je suis Hachem" (אֲנִי יְהוָה : aléph lamed pé, noun vav noun, youd vav dalét, youd vav dalét, hé youd, vav alef vav, hé youd), on obtient une valeur numérique de : 300, qui est la même que : "avec miséricorde" (béra'hamim - ברחמים).

Cela renforce le passage d'un attribut à l'autre.

[dvar Torah du Abir Yaakov - rabbi Yaakov Abe’hssera - dans son Pitou’hé ‘Hotam]

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-> Le Nom : "Elokim" évoque l'Attribut de Rigueur, alors que le Tétragramme évoque l'Attribut de Miséricorde.
Certes, en Egypte, le peuple juif souffrait terriblement et était atteint par l'Attribut de Rigueur, au point que Moché se soit plaint à Hachem : "Pourquoi as-tu fait souffrir ce peuple?"

Pour l'apaiser, Hachem lui dit qu'en réalité cette rigueur n'est qu'apparente, puisque : "Je suis Hachem (et non Elokim)" = empli de miséricorde. Car même quand des souffrances surviennent, il faut savoir qu'en réalité, la bonté Divine et Sa Miséricorde y sont cachées, et un grand bien finira par sortir de toutes les épreuves.
[ Likouté Hala'hot]

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-> "Elokim parla à Moché et lui dit : "Je suis Hachem"." (Vaéra 6,2)

=> Quelle est la signification de la phrase "Je suis Hachem", et qu’est-ce que le Créateur voulait-Il dire à Moché en l’utilisant?
De plus, il convient d’expliquer pourquoi le verset débute par Elokim qui représente la midat haDin (l'attribut Divin de rigueur) et se termine par Hachem qui suggère la midat haRa'hamim (l'attribut Divin de miséricorde).

-> Afin de répondre, le Yisma'h Israël (n°6) rapporte en introduction les paroles du midrach (Rabba 5,22) : "A ce même moment (où Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?"), la midat haDin voulut s'en prendre à Moché ; lorsque Hachem vit que son intention était entièrement motivée par le bien du peuple d'Israël, la midate haDin ne le toucha pas."

Le Yisma'h Israël explique : le véritable tsadik bien qu'il voit l'obscurité et la rigueur du décret Divin s'abattre sur lui, a cependant une confiance intègre dans le fait que "toutes les voies d'Hachem sont justice, c'est un D. fidèle et aucune faute ne lui est imputable".
L'inverse est aussi vrai : celui qui possède une foi intègre est qualifié de tsadik, comme il est écrit : "Le tsadik vivra par sa foi" ('Habakouk 2,4), verset que l'on peut comprendre ainsi : 'Qui est digne d'être appelé tsadik? Celui qui vit par sa foi.''

Dès lors, lorsque Moché dit à Hachem : "Pourquoi as-tu rendu ce peuple aussi misérable?", la midat haDin s'en prit à Moché en arguant qu'il n'acceptait pas le décret Divin avec amour. C'est pour cela qu'au début du verset, c'est le Nom Elokim qui est mentionné, puisque la midat haDin voulut le punir.
Néanmoins, Hachem, qui "sonde les reins et le cœur", vit que les paroles de Moché n'émanaient pas de sa souffrance personnelle, car de ce point de vue, Moché avait déjà accepté tout ce qui pourrait lui arriver. Mais, elles venaient de la souffrance des Bné Israël, qui n’ayant pas une foi ni un attachement au Créateur aussi forts que lui, auraient pu en être amenés à prononcer des paroles inconvenantes à l'encontre de la conduite d'Hachem.

D. fut alors rempli de miséricorde et dit à Moché : "Je suis Hachem", et c'est en utilisant le Nom désignant cet attribut, qu'il s'adressa à lui, en lui faisant l’injonction suivante : "Va faire savoir aux Bné Israël que toute Ma conduite, qui leur paraît comme rigoureuse et pleine de ténèbres, n'est en réalité que l'expression de la plus grande miséricorde. Car la délivrance ne peut se dérouler que de cette manière (comme on peut l'apprendre de la création du monde où les ténèbres précédèrent la lumière, ou du néant qui précède toujours l'existence, ou encore de l'écorce qui doit tomber pour laisser le fruit apparaître).
Renforce leur cœur afin qu'ils acceptent de supporter les ténèbres pour pouvoir recevoir ensuite la grande lumière, comme il est écrit (verset 6) : "C'est pourquoi dis aux Bné Israël : ‘Je suis Hachem’", à savoir : ‘(Dis-leur) que tout l'exil et la servitude tellement difficiles qu'ils endurent ne sont que miséricorde !’''"

La 7e plaie : la grêle

+ La 7e plaie : la grêle

-> Cette plaie vaut à elle seule, les 6 premières plaies réunies.
[midrach haGadol - Vaéra 9,14]

-> Rachi (Vaéra 9,22) rapporte que Hachem a élevé Moché au-dessus du ciel, et il a alors levé son bâton pour que la plaie commence.

-> Les 2 armes que D. emploie souvent contre les impies sont le feu, comme à Sodome, et l'eau, comme pendant le déluge, à l'époque de Noa'h. [Siftei Cohen]
La grêle est une combinaison de ces 2 éléments incompatibles, qui vont faire la paix, afin d'accomplir la volonté de leur Créateur. [Yalkout Réouvéni]

Selon Rachi, l'extérieur était de la glace congelée, et l'intérieur des boules de feu brûlante.

-> Rabbénou Bé'hayé rapporte que Mickaël, l'ange préposé aux eaux, et Gavriel, l'ange préposé au feu, ont conjugué leurs efforts pour exécuter la plaie.

-> Cette plaie va détruire toute la végétation et les édifices tomberont en ruine.

Selon le midrach (Yalkout Chimoni Vaéra 186), on n'avait jamais vu de tels grêlons, et on n'en verra plus jamais de tels.
Selon le Séfer haYachar, les grêlons avaient la taille de briques, et lorsqu'ils s'abattent sur la terre, ils pulvérisent les arbres jusqu'à leurs racines, détruisant l'herbe, les récoltes, les fruits à travers tout le pays.

Selon le Léka'h Tov, chaque grêlon avait la taille de 6 poings d'homme adulte (environ 50 cm!).

[Selon le midach haGadol, en frappant le sol, les grêlons s'éclataient, libérant des flèches de feu et des balles de glace meurtrières]

-> Selon le midrach (Chémot rabba), de gros morceaux de glace tombaient et emprisonnaient les égyptiens à l'intérieur, comme les murs d'une prison.
Lorsqu'ils s'asseyaient, ils étaient brûlés par de la glace ; lorsqu'ils se tenaient debout, ils étaient brûlés par du feu.

-> Selon le rav de Brisk, la grêle n'est tombée en Égypte que là où il avait des personnes, des animaux ou de la végétation.

-> Le bruit du tonnerre et le fracas des grêlons résonnaient jusqu'aux confins de la terre.
[Tossefot sur la Torah - Vaéra 9,23]

-> Hachem frappe les égyptiens de coups de tonnerre assourdissants, par le mérite des juifs qui recevront bientôt la Torah, au milieu des sons de tonnerre.
[midrach Yalkout Chimoni Vaéra 186]

-> Hachem a dépassé les lois de la nature pour que les bruits des tonnerres et les lumières des éclairs, soient perçus au même moment.
[Malbim]

-> Le Malbim (Vaéra 9,23) écrit que la toute première vague de grêlons a miraculeusement voyagé à la vitesse de la lumière.
La raison en est que Moché, lorsqu'il a averti les égyptiens de l'imminence de la plaie, a été extrêmement précis quant au moment exact de son déclenchement (voir Vaéra 9,10).
Il fit une rayure dans le mur et annonça que lorsque l'ombre du soleil atteindrait ce point, la plaie de la grêle commencerait. Ainsi, si les grêlons étaient arrivés ne serait-ce qu'un instant plus tard, les égyptiens auraient prétendu que Moché était un charlatan.
Par conséquent, pour que le nom d'Hachem soit glorifié, les grêlons devaient commencer au moment précis où l'ombre touchait la ligne. Cependant, les grêlons commencent dans les nuages, ce qui signifie qu'il faut quelques instants avant qu'ils n'atteignent la terre. De même, le coup de tonnerre ne se ferait entendre qu'au bout de quelques instants.
Par conséquent, Hachem a miraculeusement apporté le barrage initial de grêle, ainsi que le grondement du tonnerre, à la vitesse de la lumière, de sorte que l'instant où l'ombre du soleil a atteint l'éraflure dans le mur a été l'instant même où les grêlons ont commencé dans le ciel et se sont simultanément écrasés sur le sol.

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-> Le midrach haGadol écrit :
"Rabbi Yonathan explique que les grêlons d'Egypte avaient une taille de 6 téfa'him : le côté inférieur du grêlon était de 3 téfa'him de glace, tandis que le côté supérieur du grêlon était constitué de 3 téfa'him de feu.
Ainsi les égyptiens ne pouvaient y échapper : s'ils se mettaient en position assise, ils étaient frappés par la glace, tandis s'ils se tenaient debout, ils étaient frappés par le feu.
Cela nous rappelle le châtiment des réchaïm au guéhinam, jugés durant 6 mois par la chaleur et durant 6 autres mois par le froid".

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-> "Car pour le coup, Je déchaînerai tous Mes fléaux contre toi-même." (Vaéra 9,14)

Hachem dispose de 3 armées de destruction par lesquelles Il Se venge de ceux qui ne respectent pas Sa volonté : le feu, le vent et l’eau.
A Sodome, Il S’est vengé des pécheurs par le feu, à la génération de la tour de Bavel par le vent, en dispersant les rebelles sur toute la surface de la terre. Et en ce qui concerne le déluge, Il S’est vengé des réchaïm par l’eau.
Dans les plaies qui ont frappé l’Egypte, ces 3 armées ont participé.
Le sang et les grenouilles sont venus par l’eau, les sauterelles par le vent, comme il est mentionné dans les versets, et les ulcères ont été provoqués par le feu, au moyen de la suie du four.

Mais, souligne le gaon de Vilna, pour la grêle, les 3 éléments se sont associés. En effet, la grêle en elle-même est de l’eau ; il y a eu de plus "un feu tourbillonnant au milieu de la grêle" ; et même le vent a participé, car il est écrit "Hachem produisit des tonnerres et de la grêle".
Tel est le sens de ce que Moché a dit (au nom de Hachem) à Pharaon : "Pour le coup" = pour la plaie de la grêle, "Je déchaînerai tous mes fléaux contre toi-même" = car les 3 armées destructrices ont participé à la venue de cette plaie.

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-> "Voici que Je vais envoyer toutes Mes Plaies à ton cœur" (Vaéra 9,14)

-> La plaie de la grêle est considérée comme "toutes Mes plaies". De plus, Hachem ne frappa pas les récoltes d'Egypte avant cette plaie. En effet, le mérite de Yaakov, qui fut hébergé en Egypte, protégeait les égyptiens pour les préserver des plaies les plus terribles.
De plus, son mérite protégeait particulièrement la récolte car il bénit Pharaon pour que le Nil sorte vers lui et abreuve l'Egypte. Ce mérite eut la force de suspendre la gravité des plaies jusqu'à la 7e plaie.
En effet, nos Sages enseignent que l'avertissement avant la plaie durait 21 jours et la plaie elle-même 7 jours. De plus, Moché avertissait à chaque fois pour 2 plaies, la suivante frappait sans avertissement.
Ainsi, la plaie de la grêle ne frappa qu'après 147 jours d'avertissements et de plaies cumulées : 21+7(sang) + 21+7(grenouilles) + 7(poux) + 21+7(bêtes sauvages) +21+7(peste) + 7(ulcères) + 21(avertissement pour la grêle), soit en tout 147 jours.
Mais ensuite, le mérite de Yaakov, qui vécut 147 ans, s'estompa (une année pour un jour). Les récoltes purent donc être frappées et Hachem put envoyer toutes Ses plaies, sans retenue.
['Hatam Sofer]

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-> C'était un temps de grand soleil.
Normalement, la grêle vient dans un temps de gros nuages, mais dans ce cas afin d'attester que c'était un événement miraculeux, le temps était magnifique et ensoleillé.
Cela explique l'avertissement de Moché à Pharaon lorsqu'il a tracé une ligne dans le mur, comme le commente Rachi (Vaéra 9,18) : "Il lui a tracé une rayure sur le mur [et lui a dit] : "Demain, quand le soleil atteindra cette rayure, la grêle se mettra à tomber!"
[Béer Yossef]

-> La grêle a détruit tous les céréales murs (cf. Vaéra 9,31), et cela a entraîné en même temps une plaie de famine, ce qui est pire que tout.
[Mocha Zékénim]

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-> Toutes les créatures vivantes (hommes, animaux) qui ne seront pas mis à l'abri dans des refuges souterrains périront. [Rabbénou Bé'hayé]

En effet, selon le Malbim, les grêlons s'abattent sur le sol avec tant de violence qu'ils pulvérisent tout ce qui trouve à découvert.

-> Il est écrit : "Celui d'entre les serviteurs de Pharaon qui craignait la parole de Hachem fit fuir ses gens et son bétail dans les maisons" (Vaéra 9,20).

Selon le Meshech Chochma, Pharaon a exigé que chaque berger laisse son troupeau à l'extérieur, en opposition avec l'avertissement de Moché. Seuls ceux qui craignaient vraiment Hachem ne l'ont pas écouté.

Selon le rav Avraham Sid (bé'Hipazon Pessa'h), Hachem n'a donné la sagesse et l'envie de rentrer ses animaux, qu'aux égyptiens qui n'avaient pas fait de reproduction interdite de leurs bêtes.

Selon le Ramban, même si la majorité des égyptiens ne croyaient pas en la réalisation de ce que Moché avait annoncé, d'une façon inconsciente, ils ont tous pris leurs idoles qui étaient à l'extérieur, et les ont rentré pour les protéger de tout dommage éventuel.

Le Imré 'Haïm enseigne que ce verset nous apprend que ceux qui craignent Hachem (yéré Hachem) amènent leurs enfants dans les maisons afin de les protéger de la mauvaise influence qu'il y a à l'extérieure.
[à l'image de la grêle qui abîmait tout ce qui était dehors, il est très difficile de sortir dehors sans subir un minimum de dommages (ex: une mauvaise vision, une pensée contraire au judaïsme, ...), qui petit à petit génèrent une grosse fissure en nous.]

-> Selon les Tossefot sur la Torah, même s'ils en ressortiront vivants, ils seront de tout leur être terrorisés par le tonnerre des explosions et par les tremblements de terre, qui ont accompagné la chute de la grêle.
A partir là, les égyptiens vont commencer à souffrir de maladies nerveuses.

Selon le midrach (Tan'houma), le bruit était continu et très fort, quasiment insoutenable, et les éclairs anormalement lumineux, [au point d'en illuminer le monde entier].

Selon le 'Hatam Sofer, il n'y a jamais eu avant cette plaie de tonnerre ou d'éclair en Egypte.
Hachem a comptabilité tout ce qui aurait dû normalement y tomber, et Il a combiné tous les sons dans les tonnerres de cette plaie, de même pour les lumières des éclairs.

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-> Les plaies témoignent du contrôle total d'Hachem sur la nature et sa capacité à manipuler le cadre "normal/naturel" du monde.
Dans cette plaie, le Midrach (Chémot rabba 12,4) explique que la glace et le feu, bien qu'ennemis naturels, ont fait la paix pour travailler ensemble pour D. contre les égyptiens.
En effet, ils sont tombés sur la terre comme une seule arme mortelle, avec une force sans précédent, accompagnée d'un bruit assourdissant, dans ce que le midrach décrit comme "un miracle dans le miracle" : le premier miracle étant la grande férocité des grêlons, et le second étant que le feu et la glace ont pu coexister (Maharal - Gour Aryé - Vaéra 9,24).

Les 2 puissantes forces de la nature ont travaillé en tandem : la glace a causé des dégâts considérables et le feu a ensuite consumé les environs.
Le bruit qui accompagnait les grêlons, explique Rabbénou Bé'hayé (Vaéra 9,28), était un coup de tonnerre qui provoqua une telle terreur et une telle confusion que les égyptiens se figèrent d'effroi. S'ils se trouvaient à l'extérieur, ils étaient incapables de bouger et étaient inévitablement frappés par l'un des grêlons, les tuant sur le coup.

-> Ainsi, le bruit du tonnerre était si fort que les égyptiens étaient paralysés par la peur et incapables de bouger (midrach haGadol 9,25).
En fait, Pharaon était si terrifié qu'il supplia Moché de faire disparaître la plaie, admettant pour la première fois : "Cette fois, j'ai fauté, Hachem est juste et moi et mon peuple sommes méchants" (Vaéra 9,27 avec Ibn Ezra).
À son tour, Moché dit qu'il priera Hachem d'éliminer cette plaie, disant à Pharaon que "le tonnerre cessera et la grêle ne sera plus" (Vaéra 9,29). On peut peut-être suggérer que le fait que Moché rassure Pharaon en lui disant que d'abord "le tonnerre cessera" et ensuite seulement "les grêlons disparaîtront", montre que le tonnerre assourdissant était plus dangereux pour les égyptiens que les grêlons proprement dits.
Le fait que les grêlons n'aient causé des dégâts qu'à l'extérieur des maisons égyptiennes confirme cette hypothèse, alors que l'on peut supposer que les terrifiants coups de tonnerre auraient été entendus même si les égyptiens s'étaient cachés à l'intérieur de leur maison.

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-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que tout au long du récit de cette plaie, le tonnerre est mentionné avant la grêle, car c'est le tonnerre qui ébranle et prédispose les égyptiens à la terreur que va leur inspirer la grêle.

Nos Sages (guémara Béra'hot 59a) disent que le tonnerre a été créé pour débarrasser le cœur de sa perversion.

C'est ainsi qu'après la fin de cette plaie (v.9,34), l'ordre est inversé ("la grêle et les tonnerres"), montrant que la résistance de Pharaon a refait surface dès que le tonnerre a cessé.

Par ailleurs, la guémara, dit que les juifs, même à Gochen, entendaient les tonnerres et voyaient les éclairs, mais ils s'en servaient afin d'insuffler en eux de la crainte de D., et d'acquérir d'avantage d'humilité dans leur cœur.

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-> Le Nétsiv (9,26) donne une explication similaire :
Il est écrit dans le verset : "Hachem produisit des tonnerres et de la grêle" (Vaéra 9,23) et "seule province de Gochen, où habitaient les enfants d'Israël, fut exempte de la grêle" (Vaéra 9,26).
Cela implique qu'il y avait des tonnerres dans la terre de Gochen, même s'il n'y avait pas de grêle.
La raison pour laquelle les tonnerres étaient également entendus à Gochen, c'est selon la guémara (Béra'hot 59a), car l'objectif du tonnerre est de rendre droit ce qui ait tordu dans le cœur d'une personne.
Puisqu'il y avait des juifs qui suivaient les voies idolâtres des égyptiens, ils avaient besoin d'un rappel (sous la forme de tonnerres) afin d'en venir à quitter ces mauvaises voies et de retourner à Hachem.

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-> "Le blé et l'épeautre n'ont pas été frappés" (Vaéra 9,32)

-> La Torah relate que la grêle n'a frappé que le lin et l'orge, et non le blé et l'épeautre. La raison que donne la Torah pour expliquer cette différence : "Car ils sont Afilot".
Dans une de ses explications, Rachi associe ce mot au terme "Pelaot", "merveilles".
La Torah viendrait dire que Hachem a réalisé de grandes merveilles pour conserver le blé et l'épeautre, alors que la grêle aurait dû naturellement détruire toutes les récoltes, sans sélection aucune.
=> Mais, cela n'explique pas pourquoi Hachem a-t-Il épargné le blé et l'épeautre. Pourquoi Hachem a-t-Il voulu réaliser de telles merveilles?

-> Le rav Moché Feinstein apprend de là un grand principe. Il dit que certes, Hachem a voulu punir les égyptiens pour le mal qu'ils ont fait aux Hébreux. Malgré tout, la punition qu'Hachem leur envoya, a été extrêmement précise. Il furent frappés uniquement par la quantité nécessaire de souffrance pour atteindre l'objectif de cette punition. Pas plus. Or, Hachem a estimé que l'objectif de cette plaie pouvait être atteint en frappant uniquement le lin et l'orge. Et le fait d'atteindre le blé et l'épeautre n'était pas strictement nécessaire pour atteindre le but souhaité. Car cette plaie n'est pas venue pour détruire toute la récolte et amener la famine. L'objectif était de servir d'avertissement et de créer une crainte devant la Puissance Divine.

Aussi, pour cela, il fallait préserver le blé et l'épeautre pour éviter la famine. Bien que pour épargner ces deux éléments, il fallut réaliser des merveilles, Hachem le fit. Car Il ne voulait pas frapper plus que ce qui était nécessaire. Cela doit nous apprendre la Bonté d'Hachem. Quand Il voit le besoin de punir du fait des mauvais comportements de l'homme, malgré tout, Son Objectif n'est pas de nuire. Dans Son Infinie Miséricorde, Il ne désire que réveiller la conscience de l'homme et lui indiquer qu'il doit se repentir. Il ne cherche qu'à le corriger et non à le punir.
Et pour cela, Il s'efforce à n'envoyer que la mesure de souffrance nécessaire pour cet objectif, sans rien ajouter de plus, pour ne causer aucune souffrance supplémentaire. Même si pour cela, Il doit réaliser de grandes merveilles.

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-> Hachem a envoyé des oiseaux de proie pour dévorer toute la viande des animaux morts, afin d'empêcher les égyptiens d'en tirer un quelconque profit.
[midrach haGadol ; midrach Chémot rabba 12,4]

-> Sur la terre de Gochen, où résident les juifs, la grêle n'est pas tombé. [Abravanel]

Lorsqu'un égyptien venait à Gochen, il n'échappait pas à grêle, tandis que le juif à côté de lui, n'avait rien [midrach haGadol].

Il en était de même pour tout juif qui se trouvait en Egypte, et qui ne subissait aucun dommage.

-> Dans la logique des plaies précédentes, certains égyptiens voulaient utiliser le stratagème de s'associer dans l'achat d'une propriété avec un juif.
Mais cette fois-ci, cela ne fonctionnait pas, et les grêlons s'abattaient sur la partie appartenant à l'égyptien, épargnant le reste.
[Tossefot sur la Torah]

-> Le blé et l'épeautre ont été miraculeusement épargnés par Hachem, qui veut laisser des récoltes à détruire par la plaie suivante (les sauterelles).
[Ramban]

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-> Alors que Moché quittait la ville et traversait les champs, il constata la destruction provoquée par la grêle.
Plein de compassion pour la terre, il décida, au lieu d'attendre d'avoir atteint plus de 2 000 coudées depuis la capitale pleine d'idolâtrie, d'étendre les mains pour prier dès qu'il en a été à une distance de plus de 70 coudées. [Rokéa'h - Vaéra 9,29]

Avant même, qu'il ne prononce un mot, Hachem met fin à la plaie (répondant immédiatement à la prière des Justes).

-> Dès que la plaie disparaît, la grêle s'immobilise dans le ciel.

L'ange Gavriel, responsable du feu, et l'ange Berdaël, responsable de la grêle, descendent des cieux pour retenir les grêlons prêts à se déverser sur la terre.

Figés dans les airs, ces grêlons seront libérés en partie à l'époque de Yéhochoua, 41 ans plus tard, et pour les restants, ils le seront à l'époque de Gog et Magog

Les bruits restent eux aussi suspendus dans les airs, prêts à se faire entendre à l'époque de Yéhoram, environ 500 ans plus tard.
[midrach haGadol ; midrach Chémot rabba 12,7]

-> La Torah nous dit que Moché, une fois de plus, a prié pour que la plaie prenne fin, et qu'il a été exaucé (Vaéra 9,33).
La guémara (Béra'hot 54b) révèle l'instantanéité de cette réponse : une fois que Moché a prié pour que les grêlons s'arrêtent, ils l'ont fait, même s'ils étaient en l'air.
Le Maharcha ('Hidouché Aggadot - Béra'hot 54b) ajoute que tous les grêlons ne sont pas tombés à ce moment-là, et que ceux qui restent sont gardés pour la guerre de Gog et Magog, lorsque Hachem apportera la guéoula ultime du peuple juif (Yé'hezkel 13,11 avec Rachi).

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-> Au terme de cette plaie, Pharaon a dit : "J'ai pêché, cette fois ; Hachem est le Juste et moi et mon peuple sommes les coupables" (Vaéra 9,27).

Bien qu'il ait prononcé cela par la contrainte des souffrances, il va en être récompensé : la Torah interdit à un juif d'haïr un égyptien, et il méritera d'être enterré de façon convenable.
[Mékhilta - Béchala'h]

-> On remarque quelque chose d'intéressant dans ce verset : יְהוָה הַצַּדִּיק וַאֲנִי וְעַמִּי הָרְשָׁעִים (Hachem haTsadik vaani véami aréchaïm - Hachem est le Juste et moi et mon peuple sommes les coupables).
En effet, Pharaon désirait de toutes ses forces pousser le peuple juif jusqu'à la 50e porte d'impureté pour qu'il ne puisse plus jamais sortir d'Egypte.
Ainsi, pour ce faire, il sépara les lettres du Nom divin יהוה, et s'y intercala en plein milieu en disant : "et moi" (וַאֲנִי).
[יְהוָה הַצַּדִּיק וַאֲנִי וְעַמִּי הָרְשָׁעִים = en prenant la première lettre des 2 premiers et des 2 derniers mots, on obtient יהוה, avec entre ces 2 lettres le וַאֲנִי de Pharaon]

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-> "J'ai fauté cette fois-ci" (Vaéra 9,27)

=> Pourquoi Pharaon ne reconnaît-il sa faute que "cette fois-ci", après la plaie de la grêle?

-> En fait, Pharaon pensait qu'il avait raison de garder les Hébreux en esclave, car l'Egypte avait sauvé la famille de Yaakov lors de la famine. Leurs descendants leur devaient donc reconnaissance.
Mais, à présent que suite à la grêle, l'Egypte souffrait de famine alors que les Hébreux avaient l'abondance, Pharaon comprit qu'en réalité, c'est le D. d'Israël Qui les nourrit et non l'Egypte. Et s'Il le souhaite, ils ont de quoi manger, même si l'Egypte souffre de famine.
=> De là, Pharaon en conclut que les Hébreux n'ont pas à avoir de dette envers lui pour avoir nourri leurs ancêtres lors de la famine, car en vérité c'est Hachem Qui les nourrit. Il les asservit donc pour rien.
Il comprit de tout cela qu'il a mal agi en refusant de les libérer. C'est donc à présent qu'il reconnut sa faute
['Hatam Sofer]

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-> "Cette fois-ci, Je vais envoyer tous Mes fléaux sur ton cœur" (9, 14) :

Que signifie cette expression singulière : "Je vais envoyer... sur ton coeur", qui n'a été dite que concernant la plaie de la grêle?

En fait, jusque là, les égyptiens n'avaient encore eu aucun moyen pour échapper aux plaies envoyées par Hachem. Mais, concernant la grêle, il leur a été donné un moyen de ne pas être endommagé, en restant soi-même ainsi que ses animaux à la maison.
Ceux qui n'étaient pas à l'extérieur n'allaient pas être frappés. Malgré tout, dans sa perversion, Pharaon refusa et laissa ses esclaves et ses animaux à l'extérieur, et ils furent donc frappés.
Ainsi, cette plaie-là n'était véritablement une plaie que du fait du cœur mauvais et corrompu de Pharaon. Car sinon, Hachem leur a donné une solution pour échapper à cette plaie.
[Yessod haTorah]

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-> "Pharaon ... endurcit son cœur, lui et ses serviteurs" (Vaéra 9,34)

Ainsi, à la fin de la plaie de la grêle, Pharaon et même ses serviteurs ont endurci leur cœur.
La raison à cela est qu'ils avaient entendu que Hachem allait amener 10 plaies sur l'Egypte.
Ils ont pensé à tord que la 7e plaie, comptait pour la n°7 à la n°10, car elle consistait en 4 éléments : la grêle, le feu, des sons déchirants (amenés par des vents de tempête apportant la grêle [selon le haKetav véHakabala], ou bien le bruit du fracas des grêlons sur le sol [selon le Nétsiv]), et ainsi que des torrents de pluie (Vaéra 9,33).
Ainsi puisque dans leur esprit les 10 plaies étaient déjà passées, ils pensaient qu'ils n'avaient plus rien à craindre, et ils ont donc endurci leur cœur.

Mais lorsque Moché est retourné voir Pharaon, l'avertissant qu'il y aura une autre plaie, alors les égyptiens ont conclu que les plaies n'étaient pas limitées à 10, mais qu'elles continueraient sans aucune fin en vue.
Les serviteurs de Pharaon ont immédiatement protesté à Pharaon : "Combien de temps celui-ci nous portera-t-il malheur? Laisse partir ces hommes ... ignores-tu encore que l'Égypte est ruinée?" (Bo 10,7).
[Tour - Pérouch haTour al haTorah - Vaéra 9,34]

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-> "Tends ta main sur le ciel" (Vaéra 9,22)

Ce verset introduisit la plaie de la grêle, et Rachi explique qu'Hachem a élevé Moché au-dessus de la voûte céleste, pour qu'il tende sa main de là-haut. Cela est suggéré par les mots : "Tends ta main sur le ciel", quand tu seras au-dessus du ciel.
=> Mais on peut se demander pourquoi Hachem a-t-Il eu besoin de faire monter Moché jusqu'au ciel pour envoyer la plaie de la grêle?

En réalité, Hachem voulait placer Moché dans la situation du don de la Torah, quand Moché monta dans les cieux pour y chercher la Torah.
Quand Hachem fit cesser la plaie de la grêle, la Torah dit : "La pluie ne tomba plus à terre", et nos Sages expliquent qu'une partie de la pluie était en train de tomber, et cette pluie-là ne tomba plus à terre, c'est-à-dire qu'une part de pluie resta suspendue dans l'air.
Or, quand les juifs reçurent la Torah, nos Sages disent qu'en entendant la Voix d'Hachem, ils en moururent. Et alors Hachem les fit revivre en faisant tomber sur eux une pluie, comme il est dit : "Une pluie généreuse, Tu enverras Hachem".
Il s'agissait justement de cette pluie qui était restée suspendue depuis la plaie de la grêle.

=> Ainsi, Hachem fit monter Moché au ciel en vue d'envoyer la plaie de la grêle, pour faire allusion au fait que cette pluie servira lors du don de la Torah, quand Moché montera au Ciel.
['Hatam Sofer]

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+ La synagogue de Moché :

-> Le Nétsiv (9,29) enseigne :
Lorsque Pharaon a demandé à Moché d'arrêter la plaie de la grêle, Moché lui a dit : "Au Moment où je quitterai la ville, j'étendrai mes mains vers Hachem" (Vaéra 9,29).
Rachi commente : "[Tant que Moché était encore] dans la ville, il n’a pas prié, car elle était pleine d’idoles".
Au sujet de la plaie des grenouilles et des bêtes sauvages, nous trouvons aussi que Moché a prié, mais la Torah ne mentionne pas où il a prié.
=> Pourquoi la Torah ne mentionne-t-elle cela que maintenant, pendant la plaie de la grêle?

Le Nétsiv répond que Moché avait sa propre synagogue en Egypte où il allait pour prier.
Dans cette synagogue, Moché a prié pour que se terminent les plaies des grenouilles et des bêtes sauvages.
Le fait qu'il y avait des idoles dans les rues d'Egypte n'était pas un problème, puisque Moché était à l'intérieur dans sa synagogue.
Cependant, pendant la plaie de la grêle, Moché se devait de lever les mains vers le ciel afin de stopper la plaie, et c'est pourquoi il ne pouvait pas être à l'intérieur de sa synagogue.
Cependant, dehors il rencontrait les idoles des égyptiens, et par conséquent pendant cette plaie il a dû quitter la ville afin de pouvoir prier sans idole à proximité.

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+ Mesure pour mesure :

-> Les égyptiens n'ont pas laissé les juifs se rafraîchir à l'ombre des arbres, ou même se reposer dans l'herbe.
Hachem a détruit l'herbe et les arbres, et ainsi les égyptiens, ne pouvaient également pas en profiter.
[Shach]

[selon le Sifté Cohen, les égyptiens n'ont laissé aucune occasion aux juifs de prendre une pause de leur terrible esclavage, en se reposant à l'ombre d'un arbre ou bien en se rafraîchissant sur l'herbe. C'est pourquoi, ils ont été punis par la plaie de la grêle qui a frappé l'herbe et les arbres.]

-> Ils ont obligé les juifs à labourer les champs, à semer les graines, et planter des vignes.
Maintenant, la grêle a ruiné l'intégralité de cette récolte.
[midrach rabba Chémot 12,5]

-> L'Egypte fut punie par cette plaie parce que ses habitants avaient forcé les juifs à leur planter des vergers, des vignes et des jardins.
L'Egypte était agrémentée de jolis parcs aménagés à la sueur du front des juifs.
Tous ces jardins furent détruits par la grêle.
[Méam Loez - Vaéra 9,25-26]

-> Les grêlons et les vents frappaient les égyptiens, de la même façon que les gardes fouettaient fortement les juifs au travail.
[Haggada du Beit Avraham]

-> La plaie de la grêle était une punition appropriée pour les égyptiens, car ceux-ci frappaient les juifs avec leurs poings, jetaient des pierres sur eux, et ils leur criaient des malédictions.
[Abarbanel]

-> Les égyptiens hurlaient sur les juifs [un tonnerre verbal], leur jetant des pierres pour les pousser à travailler davantage.
Mesure pour mesure, le tonnerre les attaquait aux oreilles, et les grêlons faisaient les dommages de grosses pierres.
[Méam Loez]

-> Ils forçaient les juifs à accomplir des tâches dégradantes, et ce dans l'unique but de les embarrasser, leur visage devenant alors blanc de honte.
Hachem a envoyé aux égyptiens des grêlons et des tonnerres, faisant que leur visage est devenu pâle et blanc de peur.

Lorsque la nation adorée de Hachem faute, Il la libère de ses fautes, la rendant de nouveau pure et toute blanche.
Les égyptiens qui ont essayé d'anéantir cette nation innocente, ont été punis par de la grêle de couleur blanche.
[Sifté Cohen]

-> Le bruit fort est venu suite à la réaction de Pharaon, lorsqu'il a tourné en dérision Hachem, en s'exclama fortement : "Qui est Hachem pour que j'écoute Sa voix ... ?" (Chémot 5,2).
[Kli Yakar]

D'ailleurs, selon le Or ha'Haïm, jusque là, Pharaon pensait que les plaies étaient des actes de sorcellerie (Moché et Aharon étant de supers sorciers).
A partir de cette plaie (avec entre autre le mélange du feu et de la glace) Pharaon va être convaincu que : c'est Hachem, Lui-même, qui a amené chacune des plaies.