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"Toute l'assemblée s'approcha et se tint devant Hachem" (Chémini 9,5)

-> Le Arizal avait l'habitude de dire qu'avant d'accepter sur nous la souveraineté de Hachem, on doit tout d'abord accepter sur nous la mitsva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même".

On trouve une allusion à cela dans le verset : d'abord "Toute l'assemblée" unifiée, et c'est seulement ensuite qu'elle "s'approcha et se tint devant Hachem".

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-> Dans cette nécessité d'aimer son prochain comme soi-même, le Arizal a institué un court passage à lire avant même de commencer notre prière du matin.
On y trouve : "Je prends sur moi de recevoir la mitsva positive d'aimer mon prochain comme moi-même, et je vais aimer tout un chacun (du peuple) d'Israël (comme moi-même) ..., et je prends sur moi de venir prier devant le Maître de tout, Hachem."
[aréni mékabel alaï mitsva assé shél véaavta léréa’ha kamo’ha …]

=> On voit le même schéma : l'amour de mon prochain est la condition préalable à pouvoir venir me rapprocher de Hachem (ici par la prière).

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-> "Toute l'assemblée se rapprocha et ils se tinrent debout devant Hachem" (9,5)

-> Ce verset fait allusion à un grand principe. Avant de prier devant Hachem et de lui exposer nos demandes, il est important au préalable d'être tous unis et d'accepter sur soi d'aimer son prochain comme soi-même.
C'est dans cet esprit d'harmonie et de proximité que l'on peut se présenter devant Hachem et lui adresser nos prières.
Quand "toute l'assemblée se rapprocha" les uns des autres, et acceptèrent de s'aimer et d'être unis, alors "ils se tinrent debout devant Hachem", prêt à prier. Comme on sait que la prière s'appelle Amida, car elle est prononcée "debout", conscient de se présenter "devant Hachem".
['Hessed Léavraham]

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+ "Toute la communauté se rapprocha et se tenait devant Hachem" (Chémini 9,5)

-> Le Rav Moché Almosnino explique ainsi le verset : "le peuple vit et se réjouit, et ils s’éloignèrent et se tinrent au loin" : Cela signifie que celui qui fait un seul pas pour s’éloigner de la Torah se tient déjà très loin d’elle.
C’est ce qui est dit : "le peuple vit" = ils ont compris et réfléchi, "et ils s’éloignèrent" = que s’ils s’éloignaient seulement, en cela ils se tiendraient déjà loin.
Dans cet ordre d’idées, il faut expliquer ici que celui qui désire se rapprocher de Hachem et Le servir doit se tenir immédiatement devant Lui. C’est cela "toute la communauté se rapprocha", et déjà "se tenait devant Hachem".

"Parlez aux enfants d'Israël, en disant : Voici les bêtes que vous pouvez mangez parmi tous les animaux de la terre." (Chémini 11,2)

-> A partir des mots : "voici les bêtes" (zot a'haya), nous apprenons que Hachem a pris chacune des espèces animales et qu'Il a montré à Moché ce qui est permis et ce qui est interdit à la consommation.

=> Pourquoi était-il nécessaire de les montrer, plutôt qu'une simple énonciation du nom des animaux cashers?

Nos Sages enseignent qu'Adam n'avait pas le droit de manger de la viande. Ce n'est qu'à l'époque de Noa'h, après le déluge, qu'elle est devenue permise à l'homme.
Pourquoi cela?

Hachem souhaite que l'homme libére les étincelles de sainteté qui sont emprisonnées dans la viande d'un animal.
Adam avait la capacité de libérer ces étincelles uniquement en nommant les animaux, et c'est pourquoi il n'avait pas besoin de les manger.
Cependant, après sa faute, le niveau spirituel d'Adam a chuté, entraînant qu'il n'avait plus la possibilité de libérer les étincelles contenues dans la matière.

Noa'h qui était un "ich tsadik", ne pouvait libérer les étincelles uniquement en mangeant les animaux. C'est pourquoi Hachem a alors rendu permise la viande pour Noa'h, ainsi que pour toutes les générations suivantes.

Si Hachem avait énoncé à Moché les noms des animaux, cela aurait certainement effectué la réparation totale de ces animaux, en libérant toutes les étincelles de sainteté qui étaient contenues en eux.
Par conséquent, puisqu'il n'y aurait alors plus d'étincelles chez les animaux, leur consommation en aurait été de nouveau interdite.

=> Pour éviter cela, D. a montré à Moché les animaux, au lieu de les énumérer.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara 'Houlin 42a]

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-> "Voici la bête que vous mangerez" (Chémini 11,2)

Comme la pureté de la nourriture et sa cacherout font partie des choses les plus graves, celui qui les transgresse se fait du mal à lui-même, à son âme et son corps en même temps, et celui qui s’en garde sanctifie son âme et purifie ses membres.
Rabbi Moché Malka (Nétifé haMayim) dit que c'est pourquoi lorsque Moché est venu donner aux bnei Israël les mitsvot qui les concernent, il n’a pas pu se contenter d’enseignements oraux, et il leur a donné les noms des choses impures et pures comme tout le reste des mises en garde. Mais il a bien pris la peine de leur montrer chaque bête domestique et sauvage et chaque oiseau que l’on peut manger ou que l’on ne peut pas manger, pour qu’ils n’en viennent surtout pas à se tromper.

Sifra dit également sur le verset "Voici la bête que vous mangerez" : cela nous enseigne que Moché tenait la bête, la montrait aux bnei Israël et leur disait : "voici ce que vous pouvez manger et voici ce que vous ne devez pas manger", "voici ce que vous devez abhorrer et voici ce qu’il n’y a pas à abhorrer" ; "Voici ce qui est pour vous impur et voici ce qui n’est pas impur".

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"Vous ne souillerez pas vos âmes par toute créature grouillante (chéréts -שֶּׁרֶץ ) qui rampe sur la terre" (Chémini 11,44)

-> Eliyahou haNavi a demandé à Rav Néhoraï pourquoi Hachem a-t-Il créé les créatures grouillantes (les "chératsim")?

Rav Néhoraï lui expliqua qu'elles ont été créées comme défense pour le peuple juif.
En effet, lorsque quelqu'un faute, Hachem dit : "De même que les "chératsim" n'ont pas d'utilité et cependant Je subviens à leurs besoins, alors il est certain que Je me dois de soutenir une personne qui a un but/utilité."

Cependant, si les juifs mangent les "chératsim", alors les "chératsim" ont un but (servir de nourriture!).
Il en découle que les juifs perdent alors le raisonnement (kal va'homer) des "chératsim" qui permet de les sauver lorsqu'ils fautent.
=> C'est la raison pour laquelle manger des "chératsim" est si préjudiciable pour un juif.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Baba Métsia 61b]

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-> Hachem dit : Si Je n'avais fait "monter" le peuple d'Israël depuis l'Egypte que pour lui éviter de se rendre impur en mangeant des rampants (que consomment les autres peuples), cela aurait été une raison suffisante.
[guémara Baba Métsia 61b]

"Ceux-là vous écarterez parmi les oiseaux" (Chémini 11,13)

-> La Torah prend la peine d’énumérer tous les oiseaux interdits, car ils sont moins nombreux que les oiseaux permis, les autres étant interdits.
En revanche, en ce qui concerne les animaux, c’est l’inverse, les espèces interdites sont plus nombreuses.

En effet, les animaux proviennent de la terre, qui est ce qui a de plus matériel. De ce fait, elle produit surtout des espèces interdites.
En revanche les oiseaux émanent surtout de l’air (c’est pourquoi ils peuvent voler), qui est plus raffiné et plus pur que la terre, et c’est pourquoi, la majorité des oiseaux est autorisée.

[Kli Yakar]

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"Mais celui-ci vous ne pourrez pas" (Chémini 11,4)

-> Lorsque la Torah mentionne les animaux non cacher, elle commence par indiquer le signe qu'ils possèdent au lieu de dire simplement qu'ils ne sont pas casher à cause du signe qu'ils ne possèdent pas.
Cela suggère que la présence d'un seul signe de casherout (ruminant ou sabot fendu) est pire, car elle symbolise l'hypocrisie de certaines personnes qui tentent de faire connaître leurs rares bonnes actions ou les qualités qu'elles possèdent, au lieu de s'appliquer à se débarrasser de leurs défauts.
[Kli Yakar]

[ainsi, les mitsvot sont pour eux comme des déguisements à leur service, agissant comme des faire-valoir dans leur entourage!]

Le rabbi Nathan Scherman dit que de telles personnes agissent comme le porc qui a l'habitude de s'allonger sur le sol, pattes en avant, comme s'il voulait montrer ses sabots fendus et tromper les gens en faisant croire qu'il est casher.

[ils sont totalement dépendants du regard des autres (regardez mes beaux sabots!), oubliant que ce que désire Hachem, c'est leur cœur!]

-> Le Yashresh Yaakov fait remarquer que pour exister un bon mensonge doit forcément reposer sur de la vérité, et c'est là tout le problème avec ces animaux ne possédant qu'un seul des 2 signes. En effet, ils ont une base pour faire un beau mensonge/illusion, ce qui n'est pas le cas des animaux n'ayant aucun des signes (il n'y a alors pas à discuter!).
Par exemple, le gamal (chameau), peut être traduit par : "gomel" (celui qui accorde des bontés), alors qu'en réalité il n'en est rien.
De même le chafane (שָּׁפָן), possède les mêmes lettres que : "néfech" (l'âme), ce qui laisse penser qu'il fait preuve de gentillesse envers les âmes opprimées, mais cela n'est que de façade.
=> Ces animaux sont non seulement non-cashers par nature, mais également trompeur.

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-> Le Méam Loez (Chémini 11,4-8) écrit que ce verset fait allusion aux hommes qui paraissent très pieux mais qui en leur for intérieur sont emplis de mauvaises pensées et de méchanceté.
Ces hypocrites sont encore plus répugnants aux yeux de D. qu'un homme franchement racha.
Alors qu'un racha ne trompe personne, les hypocrites ne sont pieux qu'en apparence et dupent leurs prochains ...

Hachem désire que les hommes fassent de bonnes actions discrètement sans se vanter.
Le prophète dit : "[Hachem] dit à l'homme ce qui est bon. Que Hachem demande-t-Il? Seulement de faire la justice, d'aimer la bonté et de marcher discrètement avec ton D." (Mi'ha 6,8) ...

Si un homme dissimule ses actions louables, la bénédiction réside dans ses actes.
Si un décret est arrêté contre le monde, par exemple la mort ou la maladie, cet homme sera protégé par Hachem.
En effet, Yov dit : "Si un homme dirige sa voie avec discrétion, Hachem le protégera" (Yov 3,23).
[b'h, voir également : http://todahm.com/2014/08/07/1762 ]

Il est écrit : "C'est un jour [de châtiment] pour le D. des Armées célestes sur chaque haut lieu et sur chaque endroit élevé et bas" (Yéchayahou 2,12)
Ce verset signifie que Hachem punira 2 sortes de personnes :
1°/ celle qui s'enorgueillit publiquement ("chaque haut lieu") = elle éprouve de l'orgueil et le montre ouvertement.
2°/ Cependant, Hachem punira aussi celui qui adopte l'attitude de : "élevé et bas" = intérieurement, ces personnes sont orgueilleuses mais elle se montrent humbles comme la poussière afin de tromper autrui.
Elles veulent qu'on les prenne pour pieuses et religieuses afin de tromper et escroquer leurs semblables. Ce genre d'individus est haï de D., davantage qu'un homme franc, qui aussi mauvais à l'extérieur qu'à l'intérieur, a au moins l'avantage de ne pas duper autrui.
[...]

Il faut se méfier d'une personne qui exhibe trop sa pitié. Il est possible qu'elle agisse ainsi pour tromper ses semblables.
Hachem n'apprécie pas un tel comportement : Il veut qu'un homme observe les commandements et accomplisse des actes de piété supplémentaire ('hassidout) chez lui, là où personne ne peut le voir.
Lorsqu'il se trouve parmi d'autres, il doit agir comme ses semblables sans se distinguer.

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"Le chameau, car il rumine mais son sabot n'est pas fendu ... le chafane, car il
rumine mais son sabot n'est pas fendu ... la arnévét car elle rumine mais son sabot n'est pas fendu ... le porc car son sabot est fendu et son sabot est complètement séparé, mais il ne rumine pas sa nourriture" (Chémini 11,4-7)

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman fait remarquer que la Torah expose d'abord la qualité (il rumine, sabot fendu), et seulement ensuite le défaut.
C'est une importante leçon d'éducation pour une critique constructive : il faut d'abord exprimer beaucoup de positifs, et seulement ensuite faire une petite remarque (c'est dommage, tu frôles l'excellence, il faudrait juste que tu perfectionnes cette petite chose!).
Sinon le risque est qu'autrui pour se protéger de son imperfection découverte, va se braquer et refuser de la prendre en compte, voir vouloir faire le contraire (c'est moi qui est raison! je fais ce que je veux!).

-> Le rav Israël Salanter fait remarquer que dans le texte les mots décrivant le "défaut" : "son sabot n'est pas fendu", sont écrits :
- pour le chameau au présent (oufarssa énénou mafriss) ;
- pour le chafane au futur (oufarssa lo yafriss) ;
- pour la arnévét au passé (oufarssa lo yafriss).
=> Nous devons juger autrui favorablement car nous ne connaissons pas toute l'histoire.

Rabbi Israël Salanter enseigne que la Torah nous dit en allusion qu’avant de venir donner son opinion en disant qu’Untel est impur, on doit bien réfléchir d’abord et prendre en considération non seulement le présent mais aussi le passé et l’avenir de cet homme.
Ne nous dépêchons pas de juger et de le déclarer impur, même si le passé et le présent ne sont pas ce qu’il faudrait, car peut-être y aura-t-il dans l’avenir des signes de pureté?
Ce n’est qu’après s’être assuré que ni dans l’avenir, ni dans le présent ni dans le passé on ne voit autre chose que des signes d’impureté, qu’on a le droit de dire: "Il est impur".

Rabbi Guttman dit que le Nom Divin (Tétragramme) représente la miséricorde et il renvoie à : "qui est (aya), qui a été (ové), qui sera (yiyé)", puisque Seul Hachem n'est pas limité par la notion de temps, et grâce à cela Il est infiniment miséricordieux.
Nous devons essayer de suivre le comportement de D., en se disant que puisque nous ne possédons pas tous les éléments, alors nous avons certainement une mauvaise vision de l'intégralité des choses.
Le fait de juger positivement autrui est la base de la miséricorde et de la bonté, que nous devons nous témoigner l'un l'autre.

-> On a pu voir précédemment que ce verset fait allusion aux hypocrites : ceux qui s'efforcent de dissimuler leur véritable nature, et affichant une pseudo honnêteté pour tromper leur entourage.
D'ailleurs, le midrach (Vayikra rabba 13,5) commente :
- le chameau = symbolise l'empire de Babylone "parce qu'il rumine", car il éleva Daniel à la dignité ;
- le chafane = symbolise l'empire perse "parce qu'il rumine", car il éleva Modé'haï à la dignité ;
- la arnévét = symbolise l'empire grec "parce qu'il rumine", car il honore les tsadikim : lorsque Alexandre le Grand vit apparaître Chimon haTsadik, il se leva devant lui ;
- le porc =symbolise l'empire romain "parce qu'il ne rumine pas", car il n'honore pas les tsadikim, mais au contraire il les assassine."

=> Durant leur règne respectif, chacun de ces empires s'efforça de paraître bienveillant à l'égard des juifs, alors qu'en leur for intérieur, ils ne songeaient qu'à les détruire.
Ils élevaient et exposaient des tsadikim à la dignité, qu'afin de servir leur propre intérêt.
==> La société environnante peut nous séduire par des choses qui paraissent bénéfiques/cashères (1 signe sur 2) mais sans l'accord de nos Sages, et nous devons encore plus être vigilants car cela est pire que des concepts clairement non cashers.
[on est dans un exil où le juif n'est pas détruit physiquement, mais spirituellement, en le faisant se comporter sur certains points comme les non-juifs!]

-> Le rav Yoël Schwatz fait remarquer :
- les descendants d'Essav, c'est-à-dire le monde chrétien et les tenants de la culture occidentale sont représentés par le porc.
Cet animal doté d'un sabot fendu, symbolise le progrès et l'évolution de la société. De fait, cette civilisation fait bien peu cas du passé, qu'elle relègue systématiquement au second plan (il faut vivre avec son temps!).
Ainsi, les jeunes, qui sont détenteurs du progrès, méprisent leurs aînés, incarnation d'un temps révolu et dépassé.

- à l'opposé, les descendants d'Ichmaël, c'est-à-dire la culture arabe, se glorifient essentiellement de leur passé.
[Le Yalkout Réouvéni dit que les enfants d'Ichmaël on le symbole du chameau (à l'image du chameau qui traîne sa bosse de souvenir avec lui tout le temps!)]
Les anciens ressassent sans cesse les exploits de leurs ancêtres et l'âge d'or de leur civilisation, comme au temps de Saladin.
Cette tendance est incarnée par la nature ruminante du chameau : cette culture reconnaît l'importance du passé, mais elle nie tout espoir futur, car le "pied corné" leur fait défaut.

- face à ces 2 civilisations se dresse le peuple juif, symbolisé par la brebis ("Israël est une brebis pourchassée" - Yirmiyahou 50), qui est à la fois "ruminant" = fidèle aux valeurs véhiculées par le passée ; et également le "sabot fendu" = ses yeux étant continuellement tournées vers l'avenir.
Pour les juifs, tous les événements de l'histoire sont comme d'innombrables maillons, reliant la Création du monde à la venue du machia'h.

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Nous allons voir ci-dessous, b'h, une vision 'hassidique sur ces 2 signes de casherout :
-> Le pied d'un animal est le membre le plus près de la terre. Mais lorsqu'il possède un sabot se crée alors entre lui et la terre une séparation (le mot hébreu : parsa, qui signifie "sabot, a pour racine un mot qui signifie : "séparer").
La terre symbolise ici le monde matériel, tandis que le sabot symbolise la distance qu'un juif doit installer entre lui et ses préoccupations matérielles.
Une adhésion véritable au judaïsme n'est possible qu'en réduisant un attachement excessif à la matérialité.

-> La Torah nous enseigne qu'un juif doit "ruminer" les idées qui l'entourent pour pouvoir (selon les critères de la Torah) déterminer ce qui est du domaine de la sainteté de ce qui ne l'est pas. A l'image du ruminant qui pour bien assimiler sa nourriture la régurgite plusieurs fois pour qu'elle puisse être dirigée facilement par la suite.
[il faut faire attention à l'effet de masse/mouton, l'influence extérieur (besoin d'être comme les autres), ...]

[extrait d'un divré Torah du rav Gérard Touaty]

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"Hachem parla à Moché et à Aharon pour leur dire" (Chémini 11,1)

En général, la Torah dit : "Hachem parla à Moché (et à Aharon) pour dire (lémor)".
Pourquoi ici écrit-elle : "pour leur dire (lémor aléhém)" ?

-> Ce verset introduit le passage des animaux cashers. Or, nos Sages disent sur Moché, que comme il sera amené à parler avec Hachem, il ne devait pas, même nourrisson, consommer du lait d’une égyptienne.
De même, comme tous les juifs seront amenés, dans les temps futurs, à parler avec Hachem, il convient déjà dans ce monde de se purifier et de ne pas introduire des aliments non cashers dans leur bouche.
[Hachem nous interdit donc dans ce monde la nourriture non cashère car dans le futur chacun d'entre nous parlera avec la Présence Divine, comme il est écrit : "Je répandrai mon esprit sur toute chair, si bien que vos fils et vos filles prophétiseront" (Yoël 3,1)]

Cela est en allusion dans ce verset :
- "Hachem parla à Moché et à Aharon" = en vue de leur transmettre les lois de casherout de sorte à ce que les juifs préservent leur bouche ;
- "pour leur dire" = pour pouvoir leur parler dans les temps futurs.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Levi]

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-> "Si vous vous rendez impurs sur terre [en mangeant des aliments interdits], Je (Hachem) vous traiterai, Moi aussi, comme impurs dans le monde à venir et dans le séjour dans l’au-delà."

[Rachi (Chémini 11,43) - citant la guémara Yoma 39a]

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"Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car Je suis saint ; et vous ne souillerez pas vos âmes par toute créature ... car Je suis saint" (Chémini 11,44)

-> Si vous faites un effort sincère pour vous sanctifier, D. vous aidera en vous protégeant contre le risque toujours présent de consommer involontairement des aliments interdits.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

-> D., qui est Saint, désire que Son peuple accède à la sainteté et à l'éternité, en apprenant à connaître le Créateur et en suivant Ses voies, ce qui n'est possible que s'ils s'abstiennent de tout aliment interdit.
[Sforno]

-> "Hachem, l'essence de la pureté et de sainteté, est tellement repoussé par les aliments non-cashers, qu'Il prend distance avec ceux qui en consomment." [Mizra'hi al aTorah]

-> "Bien que dans ce monde l'impact négatif [de manger des aliments non-cashers] apparaît minimal, du Ciel il est considérable."
[le Maharal - sur Yoma 39a]

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-> "La Torah interdit certains aliments, car même si la médecine ne reconnaît aucun mal latent en eux, ne te questionne pas à leur sujet, car le "Médecin Fidéle" (Hachem) qui nous en a averti est de loin plus Sage que toi et qu'eux (les docteurs).
Combien idiot et insensé est celui qui pense qu'il n'y a aucun mal ou but, dans ce qu'il ne comprend pas."

[Séfer ha'Hinoukh - mitsva 73]

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-> "Vous ne rendrez pas vos personnes impures par tous ces reptiles qui se meuvent sur la terre" (v.11,44)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
"Par le mérite de l’observance de cette mitsva, les non-juifs ne domineront pas les juifs, parce qu’ils s’appellent des reptiles qui se meuvent sur la terre.
Quand les juifs veillent à ne pas manger de nourritures interdites, aucun peuple n’a de pouvoir sur eux et ils sont vainqueurs de leurs ennemis".

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-> "Qui vous ai fait monter du pays d'Egypte" (Chémini 11,45)

Selon Rachi, le choix du terme : "aalé" (monter, litt. élever), indique que les lois de la casherout ont été données pour élever le niveau du peuple d'Israël, l'évitant de devenir impur par le biais d'aliments.

Le rabbi Nathan Scherman commente que la consommation d'aliments interdits réduit l'aptitude d'une personne à s'élever et à se sanctifier, elle souille l'âme sans qu'il soit possible de s'en rendre compte et dresse une barrière qui l'empêche de percevoir D.

D'ailleurs, le Rama (Yoré Déa 81,7) écrit que l'on doit également empêcher les enfants de consommer des aliments interdits pour éviter que leur potentiel spirituel en soit affecté [et ce alors qu'ils n'ont pas encore l'obligation d'accomplir les mitsvot!]

-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2015/02/16/la-cacherout

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-> La guémara (Béra'hot 29a) rapporte que Yo'hanan Cohen Gadol, après avoir été Cohen Gadol durant 80 années, a ensuite quitté la religion juive en devenant Sadducéen.

Le Arizal affirme que Yo'hanan a mangé des aliments qu'il n'aurait pas dû, et c'est cela qui entraîna sa chute spirituelle.

=> On apprend de là que le fait de manger non-casher cause des dommages tels, que l'on chute dans les profondeurs de l'impureté.
D'ailleurs si les juifs n'avaient pas été vigilants avec cette mitsva pendant leur esclavage en Egypte, ils auraient atteint le 50e et dernier niveau d'impureté, et n'auraient pas mérité d'être délivrés.

[le Béré'h Moché]

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+ Est-ce que si une personne se doit obligatoirement de manger de la nourriture non cachère pour des raisons de santé, cela lui cause quand même une impureté spirituelle?

-> Rav ‘Haïm Soloveitchik (cité dans Torat ‘Haïm) explique que ce n’est pas la nourriture qui entraîne un dommage spirituel, mais plutôt son interdit de la manger.
Ainsi, selon son fils, rav Yits’hak Zev Soloveitchik, une personne qui doit manger de la nourriture non cashère afin de sauver sa vie, ne sera pas négativement impactée.

-> Le ‘Hatam Sofer (Chout ‘Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm 1,83) et le Messé’h Hokhma (Dévarim 6,11) ne sont pas d’accord, et sont d’avis que toute nourriture non cashère a en elle des qualités spirituelles négatives qui vont automatiquement entraîner des dommages après consommation.

-> Le rav ‘Haïm Kanievsky (Or’hot Yochère 13) enseigne que s’il n’y a absolument aucun autre moyen de sauver une vie que de consommer du non-cashère, alors une personne qui en consommera sera négativement impactée, mais le mérite de la mitsva de sauver une vie va protéger cette personne de tout préjudice spirituel.

"Moché dit à Aharon : Approche de l'Autel et accomplis le service de ton offrande de faute et de ton offrande d'élévation et obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (Chémini 9,7)

-> Aharon voyait l'Autel comme un taureau, et il craignait de l'approcher.
[Torat Cohanim]

-> Comme Aharon était un homme entièrement voué à D., et qu'il n'avait sur la conscience aucune autre faute que d'avoir contribué à l'édification du Veau d'or, cet acte le hantait à tout instant, comme il est dit : "Ma faute est constamment sous mon regard" (Téhilim 51,5).
C'est pourquoi l'image d'un veau, décidé à repousser ses sacrifices, lui apparaissait à la place de l'Autel (mizbéa'h).
C'est pourquoi Moché lui dit : "Reprends confiance en toi et ne sois pas si humble, car Hachem a déjà agréé tes actions."
[Ramban]

-> Selon Rachi : Aharon était rempli de honte et craignait de s'approcher de l'Autel [en raison de son rôle dans l'affaire du Veau d'or]
Moché l'a encouragé en disant : "Pourquoi as-tu honte? C'est pour cela [pour occuper la fonction de Cohen Gadol] que tu as été choisi!"

-> Le Déguél Ma'hané Efraïm commente : "C'est précisément parce que tu possèdes une telle humilité que tu as été choisi ; D. hait les orgueilleux".

-> Rabbi Yitsélé de Volozhin dit : "Moché lui a dit, pourquoi as-tu honte, c’est pour cela que tu as été choisi."
C’est-à-dire que parce que tu as honte, c’est pour cela que tu as été choisi comme Cohen gadol. En effet Aharon, dans sa grande modestie, se disait : qui suis-je pour approcher Hachem et Le servir?
Jusqu’à ce que Moché lui dise que c’est justement à cause de cette honte elle-même, et à cause de son humilité, qu’il avait été choisi pour être prêtre.

-> Le Ari zal enseigne également : Non seulement c’est parce que Aharon a été choisi qu’il ne doit pas avoir honte (comme le sens simple), mais c’est aussi parce qu’il a honte qu’il a été choisi.
En effet, Hachem affectionne les personnes modestes et humbles, et c’est eux qu’Il choisit pour diriger Son Peuple.

=> Selon la vision juive, plus une personne va rechercher de la grandeur, plus elle va s'en éloigner.
De plus, elle va perdre toute proximité avec Hachem, avec tout le flux de bénédictions que cela implique.
[celui qui veut être au-dessus des autres, sera en réalité en-dessous car il n'a pas D. comme associé dans sa vie!]

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+ "Obtiens la réparation pour toi-même et pour le peuple" (v.9,7)

-> Puisque le peuple devra également apporter des sacrifices pour son expiation, en quoi ceux de Aharon viendraient aussi "pour le peuple"?

Nos Sages (guémara Baba Métsia 107b) enseignent que celui qui veut purifier et améliorer les autres doit d’abord être pur lui-même.
Ainsi, avant que Aharon n’apporte les sacrifices du peuple pour leur expiation, il doit tout d’abord se purifier lui-même par ses propres offrandes.

=> La Torah dit que Aharon devra apporter ses sacrifices non seulement pour son expiation personnelle, mais aussi comme préalable pour se purifier dans le but d’apporter ensuite les offrandes des juifs pour leurs expiations.

[Agra déKala ; Ibn Ezra]

=> Avant de faire des remarques à autrui, il faut d'abord s'interroger si l'on a fait ces mêmes remarques à nous-même, et quel est notre exemplarité actuelle à ce sujet.

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-> Le Nétsiv (v.9,7) se basant sur le Yalkout, enseigne que Aharon a agit 100% léchem chamayim, et qu'il était ainsi totalement irréprochable concernant la faute du Veau d'or.
Il a apporté un sacrifice sur le fait qu'au regard de son attitude extérieure, certaines personnes pouvaient s'interroger et suspecter qu'il s'était impliqué dans la création du Veau d'or (seul Hachem ayant conscience de la pureté de ses pensées/intentions).
Puisque cela est assimilable à une faute, Aharon besoin d'expiation par un korban.

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"Moché dit à Aharon : C'est cela dont avait parlé Hachem, en disant : 'Je serai sanctifié par ceux qui Me sont les plus proches et Je serai glorifié devant tout le peuple', et Aharon se tut" (Chémini 10,3)

-> Le feu qui les a consumés était un décret Divin ; c'était le message silencieux de la volonté Divine. [Ramban]

-> Selon Rachi, Moché a dit à Aharon : "Je savais que le Michkan serait sanctifié par quelqu'un sur qui la gloire de D. repose, et je pensais qu'il s'agirait de toi ou de moi. Je vois à présent qu'ils étaient plus grands que toi et moi."

-> Rabbi 'Haïm Palagi (Kaf ha'Haïm) rapporte que Moché a perdu le droit d'être Cohen au bénéfice de son frère Aharon, lorsqu'au buisson ardent il a refusé à plusieurs reprises d'être celui qui allait libérer le peuple juif.
Ainsi, Moché dit à Aharon : "Ne refuse pas ou n'aie pas honte de faire le Service Divin, car c'est pour cela que tu as été choisi, et si tu refuses alors tu perdras une opportunité en or, comme j'ai pu le faire!"

-> Aharon pleurait à haute voix, mais en entendant les paroles consolatrices de Moché, il s'est arrêté (Ramban), réconforté de savoir que ses enfants avaient sanctifié le Nom de D. (Sforno).
Selon la guémara (Zéva'him 115b) : "lorsqu'Aharon s'est rendu compte à quel point ses fils étaient proches de D., il se tut".

-> Le 'Hatam Sofer explique que si Aharon a tout d'abord pleuré, mais ce n'était nullement en protestation contre Hachem, mais plutôt car il pensait être responsable de leur mort par son implication dans la faute du Veau d'or.
Moché l'a alors réconforté en lui disant que leur mort était un moyen de sanctifier le Michkan, et qu'elle avait amené un énorme kidouch Hachem.
Dès qu'il a su que leur mort n'avait pas été entraînée par ses fautes, mais en l'honneur du Ciel, alors il est resté silencieux.

De plus, Aharon voulait remercier Hachem de lui avoir donné de tels enfants, mais par humilité de ne pas avoir le niveau de remercier D. dans la tragédie, et par peur d'en venir à émettre une protestation, il est resté silencieux.
[le 'Hatam Sofer]

-> "il se tut = vayidom (וַיִּדֹּם). Le 'Hafets 'Haïm dit que ce mot est similaire à : "domèm" (objet inanimé - דומם), en allusion à Aharon qui était de marbre en ayant accepté la nouvelle de la mort de ses 2 enfants.

Le Hafets ‘Haïm se pose la question sur l’emploi du terme "vayidom" pour "se taire" au lieu du mot "hé’hérich", plus couramment utilisé.
Et d'expliquer : Même lorsque quelqu’un se tait (ma’harich), on peut deviner son humeur grâce aux expressions de son visage. En revanche, on ne peut déceler aucune expression sur un objet inanimé (domem), puisque son aspect ne révèle pas son intérieur.
Le niveau d’Aharon était tel qu’à ce moment-là, il était comme "inanimé" : on ne pouvait déceler sur son visage aucun signe de souffrance ou de deuil, même par un changement de physionomie : elle ne s’est pas altérée, et aucun nuage n’est passé sur son visage.

-> Dans la Guemara (Shabbat 30a), il est dit que la Présence Divine ne réside pas là où il y a de la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Il est dit quelque chose de similaire sur la prophétie (Midrach Gadol Vayigach) : la prophétie ne repose pas là où il y a la tristesse, mais dans la joie de la mitsva.
Le Tsor haMor dit que comme la Parole Divine s’est adressée à Aharon, alors c’est une preuve éclatante qu’il a vraiment accepté de tout cœur la décision d'Hachem, avec amour et une joie parfaite. Car sans cela, la Présence Divine ne se serait pas adressée à lui. Et c’est cela sa récompense.

-> Le Ménorat haMaor enseigne qu'en récompense de la grande humilité démontrée par Aharon (telle est la volonté de D., et j'accepte avec amour de ne pas comprendre), il a mérité (ainsi que ses descendants) de pouvoir bénir tout le peuple juif par la bénédictions des Cohanim (birkat Cohanim), qui contient 60 lettres, comme la guématria du mot : "il se tut" (vayidom - וַיִּדֹּם).

-> Les tsadikim ont l'habitude d'accepter que Hachem les traite avec rigueur ... Moché a dit à Aharon : "Aharon, mon frère, tes enfants sont morts uniquement en l'honneur de Son saint Nom". ...
Aharon resta silencieux et il a été récompensé pour son silence. D'ici, il est dit : "Quiconque accepte [son décret] et se tait, cela augure de bonnes choses pour lui".
[midrach Yalkout Chimoni]

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-> Le Baal haTourim écrit que dans toute la Torah, on ne trouve que 2 fois le mot : vayidom (il se tut).
Dans notre paracha (Chémini), il est dit : "Aharon se tut", et dans le livre de Yéhochoua, dans le récit de la guerre contre les 5 rois de Canaan, il a été fait un miracle et le soleil a interrompu sa course, ainsi que le dit le verset : "le soleil s’arrêta (vayidom)" (10,13).
Quel rapport y a-t-il entre ces 2 versets?
Ils nous disent en allusion que la grandeur de "Aharon se tut" est quelque chose de tout à fait aussi surnaturel que de voir le soleil s’arrêter, ce qui va à l’encontre des lois de la nature.
Lorsque ses 2 fils tsadikim sont morts le même jour, Aharon s’est imposé le silence.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°876) écrit :
"Aharon se tut" : "Le silence d’Aharon révèle qu’il a accepté le jugement Divin sans poser de questions, qu’il a accepté la sentence avec amour, sans mettre en cause la décision de Hachem de punir ses fils, qui plus est le jour de l’inauguration du Michkan. Il a compris que D. savait prendre la décision la plus juste : S’Il avait jugé bon de faire mourir ses fils le jour de l’inauguration du Sanctuaire, qui est un jour aussi joyeux pour D. que celui de la Création du monde, c’était certainement la meilleure décision, même si elle était difficile à accepter.

Le silence d’Aharon vient délivrer un message aux générations suivantes : il ne faut pas poser de questions sur les actions de D. Même s’il nous arrive un événement qui nous semble incompréhensible, il nous faut accepter la sentence Divine avec amour, et remercier D. pour le mal comme on Le remercie pour le bien.

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1132) dit :
"Il y a lieu de se demander pourquoi Hachem choisit un moment de joie pour appliquer une sanction si sévère, plutôt que de le faire à une autre occasion. C’est qu’il désirait enseigner au peuple juif qu’il existe 2 manières de Le servir, dans le bien-être et dans le tourment. Les enfants d’Israël et Aharon avaient entamé avec enthousiasme le service des sacrifices, enchantement auquel s’étaient jointes les sphères supérieures. Cependant, survint tout d’un coup une tragédie, D. ayant rappelé à Ses côtés les âmes de 2 fils d’Aharon. Ce retournement de situation visait à leur signifier qu’il est aussi possible de servir Hachem au travers de souffrances.
Il arrive que l’homme doive faire face à d’immenses difficultés, comme Aharon qui perdit subitement 2 enfants lors des joyeuses festivités de l’inauguration du Michkan. Une douloureuse peine emplit alors son cœur et, pourtant, il lui incombait de la surmonter pour poursuivre son service Divin. Ceci nécessitait d’énormes forces d’âme, ce dont il fit preuve en faisant comme si rien de grave n’était arrivé et en continuant à apporter les sacrifices comme il était prévu ...

Celui qui sert D. alors qu’il doit faire face à l’adversité, tandis que "toutes Tes vagues et Tes ondes ont passé sur moi", Le sert de la manière la plus sublime. Car, en continuant avec dévotion à rester fidèle à la Torah et aux mitsvot en dépit de ses épreuves, il sanctifie le Nom et l’honneur d'Hachem et est considéré comme l’un de Ses proches.
Si déjà un service Divin effectué dans la sérénité, en jouissant d’un gagne-pain honorable et d’une bonne santé, est assimilable au service de D. dans le Michkan, a fortiori, il est considéré comme tel s’il est réalisé au travers de difficultés. Hachem le porte d’autant plus en estime, en vertu de l’enseignement de nos Sages selon lequel, "un acte dans la peine a plus de valeur que 100 sans peine"
(Avot de Rabbi Nathan 3)."

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1028) enseigne également :
"Le verset de Michlé (12, 25) conseille : "le souci abat le cœur de l’homme", ce qui n’est pas le cas lorsqu’on le partage : lorsqu’on se met à parler, à confier sa peine à d’autres, on allège en quelque sorte le poids que l’on porte dans son cœur.
Pourtant, Avraham Avinou choisit de garder le silence, de ne pas extérioriser ses sentiments. En fait, il accepta avec amour le décret, conscient qu’il émanait d’Hachem, si bien qu’il n’en ressentit pas la moindre peine. C’est pourquoi il ne ressentit pas le besoin de se décharger et opta plutôt pour le silence – un silence d’or.

C’est également le parti que prit Aharon : ne pas extérioriser son ressenti, mais garder un silence remarquable et accepter le jugement céleste avec amour et joie ; c’est pourquoi il reçut sa pleine récompense et Hachem s’adressa à lui en privé."

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-> On souligne ici la grandeur d’Aharon, puisque quand ses 2 fils, des Tsaddikim, trouvèrent la mort brutalement, il garda le silence, silence qui lui valut une récompense.
Mais il existe un niveau encore plus élevé que celui-là, comme nous le trouvons chez le doux chantre d’Israël, le roi David, l’oint d’Hachem. Ainsi, après tous les malheurs et souffrances qui s’abattirent sur lui, il dit : "De la sorte, mon âme Te chantera sans relâche" (Téhilim 30,13), autrement dit, qu’il continuerait à entonner des chants de louanges!
[d’après le Tiféret Chlomo]

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-> Le Chla haKadoch chérissait particulièrement la leçon de morale cachée dans le silence d’Aharon au moment où Moché a pris la parole, comme il est écrit : "Aharon garda le silence", et dont Rachi commente : "Il a été récompensé de son silence. Et quelle rétribution a-t-il reçue? De se voir adresser à lui seul la parole Divine, puisque le passage concernant ceux qui boivent du vin n’a été dit qu’à lui".
Le Chla haKadoch en conclut : "Chacun apprendra d’ici à ne pas dédaigner la morale et à l’accepter avec amour".

Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar) écrit : "De par notre nature, nous n’aimons pas les faiseurs de remontrances. Nous pensons que nul n’est plus intelligent que nous et que nous n’avons plus besoin d’éducation ou de leçons de morale. Notre entêtement ne laisse pas de place aux reproches."

[Hachem communique avec nous pour notre bien en nous envoyant des épreuves. A nous des les accepter (sans rouspéter, se plaindre, trouver des raisons extérieures, ...) avec amour, avec joie de pouvoir s'améliorer, et en appréciant cette main tendue par Hachem pour que l'on soit plus proche de Lui pour l'éternité.]

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-> "Ne faites pas pousser vos cheveux et ne déchirez pas vos vêtements et ... Israël pleurera ceux qu'Hachem a brûlé" (Chémini 10,6)

=> Quel rapport entre le fait qu'Aharon et ces 2 autres enfants restants ne doivent pas porter le deuil en laissant pousser les cheveux et en déchirant les vêtements, et le fait que le peuple d'Israël quant à lui pleurera la mort de Nadav et Avihou ?
En fait, si Aharon avait lui aussi porter le deuil et qu'il allait déchirer ses vêtements et laisser pousser ses cheveux, alors on aurait pu interpréter les pleurs du peuple comme venant du fait de la peine de voir Aharon s'endeuiller et s'affliger. Il n'y aurait donc pas de preuve que le peuple pleure la mort de ces deux Justes, puisque ces pleurs pourraient être compris comme venant pour la peine d'Aharon.
Mais à présent que la Torah dit à Aharon et ses 2 autres enfants de ne pas s'affliger et ne pas porter le deuil, à présent il est clair que les pleurs du peuple ne peuvent pas venir du fait d'Aharon, puisque ce dernier n'était pas en deuil.
Dès lors, il est clair que le peuple "pleurera ceux qu'Hachem a brûlé", à savoir que les pleurs du peuple venaient assurément du fait de leur peine pour la mort de Nadav et Avihou eux-mêmes, qui sont ceux qu'Hachem a brûlé.
['Hatam Sofer]

Le 'Hatam Sofer émet l'idée que si Aharon pleurait et faisait dépendre la mort de ses fils de ses fautes, alors le Michkan ne serait pas sanctifié, et les bnei Israël ne craindraient pas de le toucher.
[en effet, malgré la grandeur de Nadav et Avihou, ils sont morts pour leur attitude qui n'était pas en phase avec l'immense respect envers la Chékhina qui est attendue dans le Michkan. Mais s'ils étaient morts à cause des fautes d'Aharon (comme Aharon pourrait le laisser comprendre en pleurant ses fautes), alors cela signifie que ce n'est pas si grave d'aller à notre guise dans le Michkan, à l'image d'aller dans un bar! (cela doit nous renforcer dans notre attitude dans une synagogue, qui est un petite Temple/Michkan)]. C'est pourquoi, soucieux que les juifs captent fortement cette leçon, alors immédiatement : "Aharon se tut".

-> "ceux qu'Hachem a brûlé"
Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch on peut expliquer cette précision d’après la guémara (Shabbat 105b) : "Quiconque pleure et prend le deuil sur un homme juste voit toutes ses fautes être pardonnées, et il ne pleurera plus".
C’est à cela que fait allusion la phrase "ceux qu'Hachem a brûlé" = s’ils pleurent sur ceux qu’a brûlés Hachem, Il ne brûlera plus rien.

-> Au moment de la mort de Nadav et Avihou, le verset dit : "tout le peuple d'Israël a pleuré leur mort". Puisque leur perte a été ressentie à un niveau individuel, alors la mort de ces 2 tsadikim a permis d'expier les fautes à la fois individuellement, que collectivement.
['Hatam Sofer - issu du dvar Torah : http://todahm.com/2018/08/08/6915-2 ]

-> b'h, voir également : http://todahm.com/2017/09/26/5552-2

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-> Le Méam Loez (Chémini 10,3) enseigne :
Moché consola Aharon : Ne t'afflige pas. Tu ne devrais pas pleurer mais plutôt te réjouir. Hachem n'a-t-Il pas dit : "Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié".

Au mont Sinaï, Hachem avait dit à propos du Michkan : "Là Je communiquerai avec les juifs et Je serai sanctifié par Ma gloire" (Chémot 29,43).
Dans ce verset, Hachem désignait le jour où le Michkan serait érigé et où la Présence Divine y reposerait, c'est-à-dire le 1er Nissan.
Ce jour-là, Son Nom allait être sanctifié dans le Michkan parmi les hommes les plus honorés, les plus éminents d'Israël.
A cause d'une petite infraction touchant à l'honneur du Michkan, les juifs sauraient qu'ils doivent sanctifier le Nom Divin car même les plus grands hommes sont punis s'ils le profanent.

Lorsque Hachem juge les tsadikim, le peuple Le craint. Il est élevé et loué.
Les gens comprennent que D. punit même les plus grands sans leur montrer de considération particulière pour leurs bonnes actions. A plus forte raison punit-Il ceux qui transgressent Ses commandements!

Cette punition rehausse également l'honneur du Michkan et fait dire aux gens : "A cause d'une petite faute, d'un léger manque de respect envers le Michkan, une chose pareille est arrivée aux fils d'Aharon!"
Dès lors, tous veilleront à révérer le Michkan.

"Redoutable est Hachem, de Ton sanctuaire" (Téhilim 68,36) = les gens craignent Hachem car dans le sanctuaire Hachem punit ceux qui Lui étaient consacrés.
Moché dit à Aharon : "Lorsque j'entendis ces paroles au Sinaï, je ne savais pas si cette sanctification du Nom Divin se produirait par moi ou par toi car tu m'es supérieur. Mais à présent je comprends que que tes fils étaient les plus saints parmi le peuple et même supérieur à nous.
Hachem les choisit comme instruments pour la sanctification de Son Nom. Ne t'afflige donc pas pour eux mais réjouis-toi d'avoir eu des fils aussi éminents.

"Je serai sanctifié parmi ceux qui Me sont proches, et devant tout le peuple, Je serai glorifié" = au mont Sinaï, Hachem dit : "Je serai sanctifié par ceux qui sont les plus proches de Moi, c'est-à-dire par les plus éminents. Lorsque le peuple verra que Je juge les tsadikim, Mon Nom sera sanctifié."

Après les paroles de Moché, Aharon se tut. Il accepta le jugement Divin et ne s'en affligea plus. Il comprit que ses enfant étaient des hommes éminents et craignant Hachem ...

Par son silence, Aharon montra qu'il acceptait le jugement Divin avec amour.
Il reçut le privilège de recevoir seul la parole de Hachem.
En effet, il est écrit dans le chapitre suivant : "Hachem parla à Aharon" (Vayikra 10,8) sans que le nom de Moché ne soit mentionné.

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-> Lorsqu'un juif manifeste sa foi en D., D. le récompense par toutes sortes de bénédictions.
[Rabbi Aharon Kotler - Chémini 9,5]
[nos moments difficiles sont des occasions en or pour prouver la valeur réelle de notre émouna. C'est le thermomètre de notre foi, de notre attachement à D.!]

-> Par exemple, Rachi rapporte qu'en récompense de son silence devant le décret Divin, Aharon a eu le privilège de recevoir seul et directement de D. l'enseignement interdisant aux Cohanim d'accomplir le service et de rendre une décision halakhique en étant ivre.

[Rabbi Bounem de Pschischa enseigne que D. veut que Ses serviteurs trouvent leur joie dans la Torah et l'accomplissement de Ses commandements, et non grâce à des stimulants extérieurs comme l'alcool.
Si un Cohen accomplit le service du Temple sans aucune joie, c'est qu'il est déficient.]

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-> La guémara (Nidda 31b) dit que nous attendons 8 jours pour faire une brit mila qu'afin que les invités ne se réjouissent pas, alors que les parents sont tristes.
Pourquoi seraient-ils tristes?

C’est parce que la femme est impure (tamé) durant les 7 premiers jours suivant la naissance, et que le mari et la femme ne peuvent ainsi pas avoir de contact physique.
Lorsque le 8e jour arrive tout le monde peut être pleinement joyeux.
[Précision: à cette époque la femme était interdite durant seulement 7 jours après l’accouchement d’un garçon].

=> Aharon aurait pu tenir cette plainte, alors que le peuple juif était en train de célébrer une fête historique : l'inauguration du Michkan.
En effet, si Hachem souhaite que tout le monde soit heureux à une brit mila, alors ne doit-il pas en être de même pour cette énorme joie? Est-ce que les enfants de Aharon n'auraient-ils pas pu mourir ultérieurement?
Cependant, Aharon est restait silencieux, et il n'a nullement remis en question Hachem.
[le Gaon de Vilna]

[Rabbi Yonathan Eybeschütz fait un commentaire similaire : Aharon avait un argument à présenter devant D. : tout comme pour la circoncision, la Torah avait évité que tous soient joyeux à l’exception des parents, il aurait été convenable de ne pas provoquer la mort de ses 2 fils, afin de ne pas porter atteinte à la joie du moment. Malgré cela : "Aharon se tut".]

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-> Hachem dit à Moché : "2 des fils d'Aharon sont destinés à mourir. J'ordonne donc qu'ils restent assis jour et nuit pendant 7 jours à l'entrée du Michkan comme des endeuillés.
Un homme en deuil ne quitte pas sa maison pendant 7 jours pour se promènent ou aller au travail afin que son deuil ne quitte pas son esprit.
Ici aussi, les fils d'Aharon ne doivent pas quitter leur "maison" : le Michkan, pendant 7 jours. Qu'ils prennent le deuil avant même de mourir!"

Moché ne révéla pas explicitement cet ordre à Aharon et à ses fils.
Il fit l'allusion suivante : "Vous demeurerez à l'entrée du Ohel Moed, jour et nuit pendant 7 jours. Vous garderez ainsi la charge de D. et vous ne mourrez point, car tel est l'ordre que j'ai reçu" (Tsav 8,34)
[...]

Hachem, qui connaît l'avenir, ordonna à Aharon et ses fils de prendre le deuil à l'avance car Nadav et Avihou allaient mourir le 8e jour de leur installation. Or ce jour-là allait être pour eux une fête où ils ne prendraient pas le deuil.
Il fallait donc que la période de deuil soit observée avant le décès.
[Méam Loez - Tsav 8,34-45]

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-> "Moché parla à Aharon et à ses fils survivants, El'azar et Itamar" (Chémini 10,12-13)

Le verset décrit El'azar et Itamar comme les "fils survivants" d'Aharon.
Le décret initial voulait que ses 4 fils mourussent à cause de la faute du Veau d'or. Cependant, la prière de Moché fit annuler la moitié du décret.
El'azar et Itamar furent épargnés ; ils sont donc appelés les "survivants", ceux qui échappèrent à la mort à ce moment-là.
[Méam Loez - Chémini 10,12-13]

"Pourquoi n'avez-vous pas mangé l'offrande de faute à l'endroit saint" (Chémini 10,17)

-> Même si ce verset vient juste après que Moché : "s'irrita contre El'azar et Itamar" (v.16), malgré tout il leur formula cette réprimande avec un amour total.

Cela est en allusion dans les initiales de ce verset. En effet, dans la Torah ce verset s'écrit : "מדוע לא אכלתם את החטאת במקום הקודש" (mdaoua lo a'haltém ét a'hatat bimkom akodéch), dont les initiales forment les mots : "מלא אהבה" (malé aava), c’est-à-dire "rempli d’amour".

Car quand une remontrance sort de la bouche de Moché, elle est remplie d’amour et ne vise qu’à apporter du bien à autrui.

[Rabbi Israël Its'hak d'Alexander]

"Aharon éleva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

-> Bien qu'il soit écrit dans la Torah : "yadav" (ses mains - יָדָו), on doit le lire : "yado" (sa main).
Pourquoi cela?

C'est peut être l'origine de l'habitude des Cohanim de joindre leurs mains en une seule au moment de bénir.
[Tossafot Bra'ha]

-> Cela nous enseigne que la bénédiction ne vient sur les juifs que lorsqu'il y a de l'unité parmi eux.
[Rabbi Yonathan Eibshutz - Néfech Yonathan]

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-> Après avoir achevé son premier service sacrificiel, Aharon a béni le peuple dans la joie et récité pour la 1ere fois la bénédiction des Cohanim (birkat Cohanim).

Aharon, dont la nature ainsi que celle de ses descendants, se caractérise par une profonde générosité et un grand amour du prochain, éprouvait un désir ardent de bénir le peuple.
Pour le récompenser, D. a accordé aux Cohanim la mitsva et le privilège de transmettre au peuple la birkat Cohanim.
[Sfat Emet]

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-> Le Zohar (Nasso 147b) enseigne qu'au moment où les Cohanim lèvent les mains pour bénir le peuple juif, la Présence Divine repose sur leurs doigts et Hachem accorde leurs bénédictions.
[d'ailleurs le livre Chéélot ouTéchouvot du Ritbaz, rapporte que les Cohanim se couvrent leurs mains lorsqu'ils bénissent pour éviter au peuple de voir leurs mains, car il est interdit de les regarder puisque la Présence Divine réside à ce moment-là sur leurs mains et leurs visages.]

Le Zohar dit que cela génère un moment de compassion Divine pendant lequel : "on peut prier pour que nos problèmes soient soulagés, et la sévérité du jugement changée en clémence."

Le Zohar ('Hadach III p.147) écrit que lors de la bénédiction des Cohanim, c'est un moment favorable où sont bénis les anges et les habitants de la terre.

-> "[La birkat Cohanim] est le plus grand moment de "ét ratson" (moment très propice pour que nos prières soient agrées) que nous possédions en ce monde. C'est le moment où les portes du Ciel sont ouvertes que demander de plus?"
[rav Pinkous - Néfech Chimchon sur Téhilim (p.135)]

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+ Pourquoi les Cohanim bénissent-ils avec leurs mains (birkat Cohanim)?

-> "Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie" (Béréchit 3,22)

Le Rama de Pano commente :
"Lorsque Adam mangea du fruit de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, ses bras ne le suivirent pas, ils refusèrent de s’étendre, ses mains ne s’ouvrirent pas et ses doigts ne voulurent toucher le fruit".

=> Il fut contraint de saisir le fruit directement avec sa bouche.
Les Cohanim bénissent leurs frères juifs avec leurs mains, car puisque celles de Adam (englobant toutes les âmes à venir) n’ont pas fauté, elles revêtent ainsi une force particulière et sont le vecteur de la bénédiction.
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

[de la même façon qu’elles ne se sont pas étendues pour fauter, de la même façon elles peuvent s’étendre pour déverser sans déperdition les bontés provenant de D., en passant par les Cohanim.]

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-> "Aharon étendit ses mains vers le peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

Rachi commente : "Il les bénit" = Il s’agit de la bénédiction des cohanim : ‘‘Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face ...’’.

=> Le Siftei ‘Hakhamim demande pourquoi, après avoir dit que cela représente la "birkat cohanim", Rachi a détaillé l’ordre de cette bénédiction, pourtant connue de tous.

Le Rav Tsvi Pessa’h Frank (Har Tsvi) précise : contrairement à la birkat cohanim mentionnée clairement dans la paracha Nasso, ici, elle n’avait pas encore été donnée (comme l’explique le Ramban). Mais Aharon a choisi lui-même de bénir le peuple, puis D. l’a approuvé et lui a donné l’ordre de bénir Son peuple Israël avec amour par les mêmes bénédictions qu’Aharon avait choisies.
Nous comprenons à présent pourquoi Rachi a détaillé la bénédiction des cohanim : "Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face..." En effet, bien que cette bénédiction n’ait pas encore été donnée, Aharon a pensé bénir le peuple de cette façon.

[tous les Cohanim à travers l'histoire bénissent par ces même mots que Aharon a spontanément prononcés par amour pour le peuple juif, et qui sont devenus un ordre Divin.]

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+ "Aharon éleva les mains vers le peuple, le bénit, et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" (Chémini 9,22).

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°822) enseigne :
Les commentateurs s’interrogent sur le sens de l’expression "il descendit". Aharon était-il donc sur un endroit surélevé pour devoir en descendre afin de bénir le peuple?
[...]

Aharon savait qu’il devait faire quelque chose qui provoquerait la descente de la Présence Divine, c’est pourquoi il a cherché à s’élever dans la qualité de l’humilité, et à éliminer radicalement en lui toute trace d’orgueil.
C’est ce que dit le verset : "Aharon descendit" = cela signifie qu’il s’est fait descendre lui-même, il s’est abaissé devant le peuple et a élevé les mains pour le bénir.
Nous devons expliquer pourquoi Aharon a voulu s’élever justement dans la qualité de l’humilité et se débarrasser de toute trace d’orgueil. L’explication en est qu’il craignait que son statut de Cohen gadol et les vêtements somptueux dont il était revêtu ne provoquent chez lui de la suffisance, c’est pourquoi il s’est débarrassé de tout soupçon d’orgueil pour être véritablement prêt et digne de ce que la Présence Divine descende par l’offrande des sacrifices.
Aharon se considérait comme un simple Cohen et non comme LE Cohen gadol, il est descendu vers le peuple et l’a béni dans l’esprit que même la bénédiction d’un homme simple a une certaine importance.
Quand Hachem a vu l’intériorité d’Aharon, et son désir de s’élever dans l’humilité, qui est la racine de toutes les qualités, Il a immédiatement révélé Sa gloire aux yeux de tout le peuple, ainsi qu’il est dit : "Il descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires", et immédiatement après : "La gloire de Hachem se montra à tout le peuple".

Le Noam Elimélé'h explique ainsi ce verset :
"Le tsaddik est constamment en état d’attachement aux mondes supérieurs, mais à cause de son aspiration constante à ce que Hachem fasse du bien au peuple d’Israël et lui accorde abondance et bénédiction, il descend un peu de son niveau et de son attachement. Pourtant, cette descente est en soi positive, car lorsque les hommes sont témoins de son attachement à D. et de son désir de leur faire du bien, cela fait entrer dans leur cœur la crainte et l’amour de D., et ils s’éveillent à vouloir Le servir".
Dans la suite, le Noam Elimélé'h ajoute que : "Il le bénit et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" signifie qu’il est ainsi descendu de son niveau, car le tsaddik vérifie où il en est à chaque instant, de crainte d’avoir fauté de façon imperceptible ou en pensée, et il est sans cesse en état de repentir. Cela se trouve en allusion dans les expiatoires et les holocaustes, qui viennent pour expier les pensées, tandis que les rémunératoires font allusion à l’attachement à D. avec lequel il fait la paix dans les armées célestes. A cause de son désir, il descend un peu de ces niveaux".

Essayons d’expliquer cette notion que le tsadik se trouve toujours attaché aux mondes supérieurs, mais que son désir de faire du bien aux juifs entraîne un léger détachement des mondes supérieurs. Cela signifie que la bienveillance envers le peuple d’Israël qui se trouve en bas dans des mondes moins élevés le fait descendre de son attachement aux mondes supérieurs. Et en vérité, c’est une bonne chose, car lorsque le peuple d’Israël s’aperçoit que le tsaddik a un si grand amour pour lui, la crainte et l’amour de Hachem s’éveillent en son cœur et il désire Le servir de tout cœur.
Aharon était également habité d’un grand désir du bien du peuple d’Israël et aspirait à le bénir. Mais pour le bénir, il fallait descendre un peu de son niveau élevé et de son attachement aux mondes supérieurs ...

C’est cela la voie du tsadik : se trouver sans cesse en état de repentir même pour des fautes qu’il n’a pas commises. Et de cette façon, les fautes des juifs sont effacées et ils s’élèvent dans les niveaux de la sainteté et de la pureté, au point d’engendrer la paix dans les armées célestes et que Hachem puisse faire résider Sa Présence Divine parmi eux."

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-> "Aharon leva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

=> Pourquoi n’est-ce qu’à ce moment qu’Aharon bénit-il le peuple, et non pas auparavant?

-> Le Mikré Dardéké propose l’explication suivante : le Choul’han Aroukh tranche qu’un Cohen qui n’aime pas la communauté des fidèles qu’il est censé bénir ou bien n’est pas apprécié d’eux ne les bénira pas.
Or, ayant été contraint de forger le veau d’or, peut-être Aharon en éprouvait-il une certaine rancœur envers le peuple juif qui l’avait conduit à cela. De leur côté, peut-être les enfants d’Israël éprouvaient-ils une colère à son égard du fait qu’il les avait fait fauter. Du fait de ce ressentiment réciproque, Aharon ne pouvait bénir le peuple de la birkat Cohanim.
Mais à présent que tous les sacrifices avaient été offerts et qu’Hachem avait pardonné à tous, l’amour était rétabli et il était évident qu’Aharon pouvait les bénir et dire avec un amour véritable "Qu’Hachem te bénisse et te protège ...". Car pour bénir un homme de tout cœur, il faut ressentir à son égard un sentiment d’amour.

-> Rabbi Chimon David Pinkous (Tiféret Avot) rapporte : "Une fois, une femme vint me voir, pour me demander que “le Rav prie pour mon fils ...” Elle me glissa alors, contre mon gré, un billet de 20 shekels. J’acceptai l’argent pour ne pas la froisser et allai immédiatement m’acheter au coin de la rue un morceau de gâteau et de la boisson. Une fois revigoré par cet en-cas, je sortis le billet portant le nom du fils de cette dame, le bénis et priai pour lui avec ferveur, du fond du cœur."

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b'h, voir également :
- http://todahm.com/2015/06/23/3387
- http://todahm.com/2020/07/21/la-birkat-cohanim

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-> A propos de l’inauguration du Michkan, le 1er Nissan 2449, il est dit : "Aharon étendit ses mains (יָדָו - Yadav) vers le Peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

-> Rachi enseigne : il s’agit de la bénédiction des Cohanim.
[Selon le midrach : "A ce moment-là, Aharon mérita les présents de la Prêtrise. A ce moment-là, il mérita le rôle de bénir le peuple pour lui et sa descendance jusqu’à la Résurrection des Morts" ]

-> Il est écrit ידו (yado - sa main) mais nous le lisons יָדָיו (yadav - ses mains). Les mains sont l’organe de transmission des bénédictions. Ainsi, cette singularité est-elle le signe d’une intention toute particulière de la part de celui qui délivre la bénédiction.

=> Pourquoi est-il écrit qu’Aharon a levé une "seule" main pour bénir les Bné Israël?

On peut citer les commentaires suivants :
1°/ Cela t’apprend qu’Aharon a levé les deux mains pour bénir le Peuple mais qu’il les a serrées l’une contre l’autre si bien qu’on aurait dit que c’était une seule. [Chaar Bat Rabim]
Cette main alors unique est celle de la droite. Elle représente la main triomphante, comme il est dit : "Ta droite (יְמִינְךָ - yéminé'ha) Seigneur, est insigne par la puissance ; Ta droite (יְמִינְךָ), Seigneur, écrase l’ennemi" (Béchala'h 15,6).
Rachi explique, au nom du midrache (Mékhilta), que la double mention du mot : "Ta droite (יְמִינְךָ)" indique que lorsqu’Israël accomplit la Volonté d'Hachem, la "gauche" devient la "droite" [les deux mains n’en forment alors, symboliquement parlant, qu’une seule : une main droite renforcée].

Dans le même ordre d’idée, la ‘Hassidout (Ohr haTorah) explique, selon propos du Zohar, "qu’il n’y a pas de gauche [symbole de Rigueur] en Atik [un niveau de lumière divine supérieur aux Quatre Mondes : Atsilout – Bryia – Yétsira – Assyia]". Il n’y a donc que "droite" dans "Atik" - Expression exclusive de la Bonté.
Ainsi, trouvons-nous dans "Atik" le symbole de deux "mains droites". Aharon, à travers la Bénédiction des Cohanim, savait attirer cette dimension de lumière divine au sein d’Israël. C’est pourquoi il est écrit ידו (Yado/sa main) – sa main droite, mais nous le lisons יָדָיו (Yadav/ses mains), pour dire que ses deux mains étaient comme deux mains droites, connectées aux deux "mains droites" d’Atik.

2°/ Le Beit Yossef sur le Tour Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 128) rapporte que les Maîtres de la Kabbale expliquent notre verset ainsi : Bien que les Cohanim doivent lever les deux mains pour la "Bénédiction des Prêtres" (Birkat Cohanim), la main droite doit être légèrement plus haute que la gauche.
Bien qu’Aharon "leva ses mains" (les deux mains), il est écrit "Yado" (sa main) parce qu’il a levé la main droite un peu plus haut (voir aussi Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 128, 12).
L’élévation de la main droite au-dessus de la main gauche exprime l’idée de la domination de l’Attribut de "Bonté" חסד – ‘Hessed (symbolisé par la main droite) sur l’Attribut de "Sévérité" דין – Din (symbolisé par la main gauche).
Cette conduite intentionnée se retrouve chez Yaacov à l’occasion de la bénédiction qu’il donna à ses petits-fils. Le Patriarche sembla alors vouloir concentrer son pouvoir de bénédiction dans sa main droite.

"Les fils de Aharon, Nadav et Avihou ... apportèrent devant Hachem un feu étranger (ésh zara) qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]." (Chémini 10,1)

Nous pouvons citer quelques explications de ce qui a pu entraîner leur mort :

-> 1°/ Nadav est Avihou sont morts car ils ont offert une offrande de Kétoret (l'encens) sans en avoir reçu l'ordre, comme il est écrit dans le verset : "[Hachem] ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (v.10,1).

[cf. le 'Hidouché haRim ci-dessous]

-> 2°/ La guémara (Sanhedrin 52a) rapporte qu'un jour Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou marchaient juste derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allons diriger la génération?"

-> Rabbi Yossef Leib Nandik enseigne :
"Nous n’avons pas à les soupçonner d’avoir commis une faute aussi grave. Cela veut tout simplement dire que d’après leur haute stature spirituelle et leur respect pour Moché et Aharon, même la plus petite pensée a une signification très grave, comme s’ils attendaient déjà de pouvoir diriger à leur place."

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (A'haré Mot 16,1)

Le midrach explique qu'une des raisons qui leur valut la mort est : "qu’ils entrèrent dans le sanctuaire sans tous leurs vêtements. Lequel leur manquait-il? Le manteau."

Pourtant, le manteau était l’un des vêtements du Cohen gadol, alors que Nadav et Avihou étaient seulement des Cohanim qui ne devaient donc pas le porter.

Le Roch explique que, du fait qu’ils se permirent d’entrer dans le sanctuaire pour y offrir de l’encens prouve qu’ils se considéraient comme des Cohanim guédolim ; aussi, de leur point de vue, ils étaient astreints de porter le manteau et se rendirent donc passibles de mort en omettant de le vêtir.
=> Mais pour quelle raison le midrach ne mentionne-t-il que le manteau parmi tous les vêtements propres au Cohen gadol, alors qu’ils ne portaient pas non plus les autres?

Dans l’ouvrage Yam haTalmoud, il est expliqué que Nadav et Avihou, ayant fauté en médisant de Moché et Aharon : "Quand donc ces deux vieillards mourront-ils et nous pourrons diriger la génération?", auraient dû porter le manteau qui, selon nos Sages, expie la médisance. D’où l’interprétation du midrach selon laquelle l’absence de ce vêtement leur causa la mort, puisqu’ils ne purent alors être absous de ce péché.

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-> 3°/ La Sifra explique que Nadav et Avihou sont entrés dans le Saint des Saints, le lieu ayant le plus de sainteté du Michkan.
En ce lieu, uniquement leur père Aharon le Cohen Gadol, pouvait y entrer, et encore que durant un moment limité le jour de Kippour.
Il est à noter qu'au moment où ils sont entrés, leur père n'avait pas encore reçu cette permission d'y entrer.

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-> 4°/ Le midarch (Vayikra rabba 12,1) rapporte que leur faute a été de rentrer dans le Sanctuaire en ayant consommés du vin.

[Rabbi Guttman dit que par cette attitude (vu leur niveau élevé), ils transmettaient à tous la fausse idée qu'une véritable joie peut venir de l'extérieur, et non uniquement de notre pratique des mitsvot.
Si un juif désire le plus grand bonheur, il ne doit pas aller rechercher des moyens étrangers (ex: alcool), mais plutôt dans les mitsvot et la Torah qui nous permettent de nous rapprocher de Hachem, de faire ce qu'il y a de mieux de notre vie. C'est cela la plus grande des joies!
Nous affirmons dans notre prière que par amour Hachem a multiplié la Torah et les mitsvot (irba lahem Torah oumitsvot). En effet, ce n'est pas une charge, mais autant d'occasions de nous générer de la joie et des mérites! (je fais la volonté de D., alors que les autres nations investissent leur temps dans du vide!)]

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-> 5°/ La guémara (Erouvin 63a et Yoma 53a) enseigne qu'ils ont pris des décisions dans la halakha devant leur enseignant (Moché), et c'est pour cela qu'ils ont été tués.

La guémara (Erouvin 63a) rapporte que Rabbi Eliézer avait un élève, qui enseigna un jour une loi en sa présence.
Rabbi Eliézer dit alors à Ima Shalom, sa femme : "Je serais très étonné que cet élève vive jusqu'à la fin de l'année."
Et de fait, il mourut dans l'année.
Ima Shalom lui dit alors : "Es-tu donc prophète?"
Il lui répondit : "Je ne suis ni prophète ni fils de prophète. Mais on m'a transmis le principe suivant : Quiconque enseigne une loi en présence de son maître est passible de mort".
=> On peut imaginer qu'un maître pardonnera toujours avec joie l’attitude effrontée de son élève (surtout s'il risque de mourir!). Comment alors comprendre que la conséquence est si extrême?

Le rav 'Haïm Chmoulévitch explique qu'à partir du moment où l'on manque d'apprécier et d'avoir recourt à nos anciens/Sages, alors l'existence même du peuple juif est en péril. [nos anciens sont nos ailes qui nous permettent d'avancer! Sans eux, le peuple juif se meurt!]
C'est pour cela qu'un rav ne peut pas pardonner à son élève d'établir une loi en sa présence, car il n'a pas fauté uniquement envers son maître, mais également il retire à toute la nation juive le pouvoir d'être guidé.

-> "Rabbi Akiva dit : Le peuple juif est comparé à un oiseau, de même que l'oiseau ne peut voler sans ses ailes, ainsi le peuple juif ne peut rien faire sans Ses Anciens" [midrach Vayikra rabba 11,8]

[De même, nous devons respecter nos parents et notre rav, car plus on les respecte, plus les paroles de Torah qu'ils vont nous transmettre auront de la valeur à nos yeux. C'est la base de la pérennité du peuple juif, chaque maillon transmettant le flambeau au suivant grâce à ce respect. [ce que j'ai reçu a une valeur énorme/vitale, je me dois donc de le transmettre!]
Le rabbi Kaminetsky disait que si nos parents sont pour nous des hommes descendants des singes, alors ils nous sont détestables car ils sont plus proches que nous d'une génération, de ces singes. [nous sommes alors plus évolués, humains qu'eux!]
Par contre, s'ils sont des juifs, nous devons les respecter car nos parents sont plus proches du don de la Torah d'une génération par rapport à nous. A nos yeux, ils sont alors magnifiques, et nous devons profiter de cet avantage de proximité qu'ils ont d'avoir rencontrés en face à face Hachem au mont Sinaï! (de plus, chaque génération est plus basse que la précédente, nos parents/rabbanim sont donc une occasion d'échanger avec des plus grands!).
Par ailleurs, étant plus âgés, ils ont un nombre de mitsvot tellement plus élevé que nous, et c'est également admirable.
=> Ainsi, les respecter, c'est respecter la Torah qui est en eux, et c'est la base pour permettre sa transmission future! A l'inverse, toute diminution de ce respect participe, dans une certaine mesure, à la mort du judaïsme.]

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-> Le Méam Loez (Chémini 10,1) enseigne à ce sujet :
Nadav et Avihou n'avaient pas encore entendu la loi d'apporter un feu humain sur l'autel ("les fils d'Aharon mettront du feu sur l'autel" - Vayikra 1,7), de la bouche de Moché.
Après avoir déposé les sacrifices sur l'autel, les fils d'Aharon interprétèrent ce verset à leur façon sans interroger Moché. Ils apportèrent dans leur pelle du feu pour brûler de l'encens (v. 10,1).
Ils méritaient la mort pour avoir rendu une décision halakhique en présence de leur maître.
En réalité, le feu devait descendre du ciel.

Selon la loi, un disciple qui rend une décision (moré halakha) en présence de son maître mérite la mort, même s'il n'est pas réellement devant son maître mais se trouve à moins de 3 mil de lui.
La distance nécessaire est de 3 mil car le camp juif mesurait 3 mil de diamètre.
"Quiconque cherchait Hachem se rendait à la Tente d'audience (Ohel Moed) hors du camp" (Chémot 33,7).
Dans le camp, aucun érudit ne devait trancher la loi même si sa décision était juste car Moché, le maître d'Israël, se trouvait dans la tente, à moins de 3 mil.

La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé que D. ne leur avait pas ordonné" = les fils de Aharon méritaient la mort pour avoir apporté un feu que Moché n'avait pas ordonné.
Cet acte était considéré comme une prise de décision halakhique en présence de leur maître.

Selon certains Sages, la raison de leur punition est différente.
Moché leur avait enseigné cette loi, mais leur erreur était d'avoir cru que l'obligation d'apporter un feu s'appliquait à un jour comme celui-là.
En réalité, en ce 1er jour, le feu devait seulement provenir du ciel afin que tout Israël constate le miracle. En effet, la gloire de Hachem descendit du ciel et brûla les sacrifices.
En apportant un feu non autorisé, ils avaient minimisé le miracle.
La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Moché ne leur avait pas prescrit de l'apporter, car en ce 1er jour [d'inauguration du Michkan], il fallait que la gloire de D. soit manifeste.

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-> "Un feu s’élança de devant D." (Chémini 10,2)

Voici ce que la guémara (Sanhédrin 52a) enseigne au sujet de la manière dont sont morts Nadav et Avihou.
"Deux colonnes de feu sont sorties du saint des saints et se sont divisées en quatre. Puis deux sont entrées dans le nez de l’un et deux dans le nez de l’autre et les ont brûlés".

Rabbi Yonathan Eibschutz a expliqué :
"Nous savons que ‘Quiconque professe une halakha en présence de son maître mérite d’être piqué par un serpent.
Or nos Sages ont affirmé : ‘Les fils d’Aharon ne sont morts que pour avoir professé une halakha en présence de Moché’. Ils auraient donc dû être punis par la morsure d’un serpent!

Cependant à ce moment-là, il n’y avait aucun serpent pour les piquer : en effet nos Sages racontent que lorsque les juifs sont arrivés dans le désert, ils craignaient les serpents. Deux colonnes de feu sont alors sorties du saint des saints, se sont divisées en quatre et les ont tous brûlés.
C’est la raison pour laquelle lorsqu’il a été décrété qu’ils devraient être punis par une morsure de serpent, ces mêmes deux colonnes de feu qui avaient brûlé les reptiles sont entrées dans le nez des fils d’Aharon et les ont brûlés, réalisant ainsi la mission des serpents tués par leur intermédiaire.

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-> 6°/ Il est écrit : "Nadav et Avihou moururent ... et ils n'avaient pas eu d'enfants" (Bamidbar 3,4)
La guémara (Yébamot 64a) enseigne que s'ils avaient eu des enfants, ils ne seraient pas morts.

A ce sujet, selon le midrach (Vayikra rabba 20,9-10), ils ne se sont pas mariés car ils pensaient que personne ne pouvait être assez bien pour eux.

-> "Nadav et Avihou moururent ... et ils n’eurent pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le 'Hatam Sofer de commenter :
L'homme vit dans ce monde pour s'approcher d’Hachem, et après cette mission, il peut remonter vers Lui.
Nadav et Avihou ont atteint leur objectif en s’approchant énormément d’Hachem, au point que leur mission était achevée, et qu'ils en moururent.
Cependant, quelqu’un qui a des enfants, même s’il a fini sa mission dans ce monde, Hachem peut le laisser encore vivre, pour qu’il s’occupe encore d’eux, matériellement comme spirituellement.

=>Ainsi, certes Nadav et Avihou moururent, une fois leur mission achevée. Mais, ils ne bénéficièrent pas d’un supplément, car "ils n’eurent pas d’enfants", et n’avaient donc pas de raison de rester encore sur terre, une fois leur perfectionnement personnel atteint.

[même si un décret de mort plane sur nous, par le mérite de nos enfants on peut nous accorder de nombreuses années de vie supplémentaires!]

-> Le Torat Moché enseigne :
[On a pu voir que parmi les raisons de la mort des fils d'Aharon, il y a: ] ils ne s’étaient pas mariés, ils entrèrent ivres dans le Michkan et énoncèrent une loi devant leur Maître.
En réalité, ces 3 motifs ne font qu’un.
En effet, l’homme ne comprend l’importance de respecter ses parents qu’à partir du moment où il a des enfants ou des élèves auxquels il arrive de manquer de respect vis-à-vis de lui. Etant lui-même intransigeant à cet égard, il en déduit la manière dont il doit honorer ses parents et Maîtres.
=> Nadav et Avihou, restés célibataires, ne sont pas parvenus à cette prise de conscience. Aussi, manquèrent-ils de respect tant envers Hachem, en entrant ivres dans le Michkan, qu’envers leur Maître, en enseignant une loi en sa présence.

-> "Pour avoir apporté devant Hachem un feu étranger et ils n’avaient pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le Messekh ‘Hokhma explique : Le midrach (Vayikra 24a) dit que lorsqu’un homme faute, s’il a un fils tsadik, il n’est pas puni pour sa faute, sinon son fils aussi en souffrirait, or le fils est tsadik, donc pourquoi devrait-il souffrir?
C’est le sens du verset : "ils n’avaient pas d’enfant", car s’ils en avaient eu, il est possible que par leur mérite ils aient évité le châtiment.

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-> Le ‘Hatam Sofer (Pitou’hé ‘Hotam) enseigne qu’un grand tsadik peut rester en vie afin de guider ses disciples comme ses propres enfants, ce qui signifie que la 2e étape de la Avoda ne se limite pas à l’aide apportée aux enfants, mais s’applique également à celle apportée à ses élèves.
[Ce concept apparaît deux versets plus haut (v.3,2), quand la Torah parle des disciples de Moché comme de ses enfants. Rachi explique que l’enseignement qu’il leur prodigua le fit devenir un père spirituel.
Ainsi, de la même manière qu’une personne a la responsabilité de guider ses enfants biologiques, elle doit agir pareillement envers ses enfants "spirituels". Apparemment, Nadav et Avihou n’eurent pas d’élèves qui auraient pu prolonger leurs vies. ]

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-> 7°/ Le midrach (Vayikra rabba 20,10) rapporte qu'ils ont regardé la présence divine durant Sa révélation au mont Sinaï, d'une façon qui était trop familière et inappropriée.

Il est écrit : "Contre les nobles des enfants d'Israël ... ils contemplèrent D. et ils mangèrent et burent" (Michpatim 24,11).
Le midrach Tan'houma (Béaaloté'ha 16) explique les termes "les nobles des enfants d'Israël" comme faisant référence à Nadav et Avihou, qui ont mangé et bu pendant qu'ils regardaient la présence divine.

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-> [Il est intéressant de constater que] selon une opinion, la faute de Nadav et Avihou consista à entrer au Michkan en état d'ébriété.
Ne serait-il pas déplacé et inconvenant d'entrer au palais royal pour accomplir son service en état d'ivresse?
De plus, l'ivresse de Nadav et Avihou les empêchait d'être attentifs à leurs actes ; ils apportèrent donc de l'encens sans en avoir reçu l'ordre.
Cette offrande, l'un des services les plus importants, aurait dû être présentée par Moché ou Aharon. C'est pour cette raison que Nadav et Avihou méritaient la mort.
[Méam Loez - Chémini 10,1]

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8°/ "Ils apportèrent devant Hachem un feu étranger" (v.10,1)
Nadav et Avihou apportèrent du feu en offrande. En effet, le feu symbolise la rigueur, et ces 2 tsadikim étaient tellement grands qu’ils pensèrent pouvoir se dispenser de toute Bonté Divine. Et que même si on les jugeait avec la plus stricte rigueur, ils allaient être méritants, tellement ils étaient persuadés de n’avoir aucune faute ni aucune faille.

D'ailleurs, en réalité, ils avaient raison. Ils étaient tellement irréprochables qu’ils pouvaient sortir méritants même si on les jugeait avec la plus stricte sévérité.
Cependant, leur faute était que malgré tout, ils ne devaient pas avoir autant confiance en eux. Même s’il est totalement méritant, un homme doit néanmoins se considérer comme étant quelque peu manquant et ayant besoin de la Bonté Divine pour subsister.
=> Cette si grande confiance en soi qu’ils avaient contenait une fine part d’orgueil, et cela était leur faute.
[Rabbi Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou)

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-> Selon la guémara (Sanhedrin 52a), ils sont morts par un feu provenant du Saint des Saints, qui est rentré en eux par leur nez, et qui a brûlé leur âme.
De façon étonnante, leur corps est resté intact.

-> La Torah parle de : "un feu étranger" (ésh zara)
Le feu représente l'enthousiasme qu'ils avaient pour être au plus proche de D., cependant ce feu était "étranger" car il entraînait des actions contraires à la volonté de D.

Il faut faire attention à ce que de bonnes attentions n'entraînent pas des actes regrettables : la fin ne justifie pas les moyens.

[Ils avaient beaucoup d'amour de D., et pas assez de crainte.]

Puisque c'est uniquement leur âme bien-intentionnée (avec un enthousiasme mal placé) qui devait être punie, alors c'est seulement elle qui a été brûlée, laissant le corps (non fautif) intact.

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-> Selon certains, Nadav et Avihou virent que tous les sacrifices avaient été offerts et que tout ce que Moché avait ordonné avait été accompli.
Malgré cela, le feu n'était pas descendu du ciel et la Présence Divine n'était pas manifeste dans le Michkan.
Ils voulurent commencer par brûler l'encens afin que la Présence Divine se manifeste et viennent brûler les offrandes, honorant ainsi Hachem. Ils apportèrent du feu extérieur et le placèrent sur l'autel sans la permission de Moché.

Hachem leur dit : "Je vous donnerai plus d'honneur que vous ne M'en avez accordé. Vous M'avez apporté un feu profane sans attendre le Mien, mais J'enverrai du ciel un feu pur qui vous consumera."

A ce moment-là, un feu sortit du Saint des saints et les consuma.
C'et ainsi qu'ils moururent devant Hachem : 2 langues de feu sortirent du Saint des saints et se divisèrent en 4.
2 entrèrent dans les narines de Nadav, et 2 autres dans celles d'Avihou.
Le feu brûla leur corps de l'intérieur mais leurs vêtements restèrent intacts ...

Selon certains, seule leur âme brûla ; leur corps resta intact. La Torah dit donc : "Ils moururent devant Hachem".
[d'après le Méam Loez - Chemini 10,2]

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-> "Moché convoqua Michaël et Eltsafane, les fils d'Ouziel l'oncle d'Aharon, et leur dit : "Approchez-vous et retirez vos proches parents de l'intérieur du Michkan ; [emportez-les] hors du camp.
Ils s'approchèrent et portèrent [Nadav et Avihou] hors du camp dans leurs tuniques. (Chémini 10,4-5)

-> Les fils d'Ouziel emportèrent Nadav et Avihou hors du camp et leur enlevèrent leurs vêtements de Cohanim. Ils les couvrirent d'un linceul et les enterrèrent.
[les vêtements de Nadav et Avihou étaient restés intacts, puisqu'ils n'ont brûlé qu'intérieurement!]
[...]

Nos Sages sont d'opinion partagée quant à la façon dont Michaël et Eltsafane emportèrent les corps de Nadav et Avihou.
- Selon certains, ils n'entrèrent pas dans le Saint des saints pour les emporter bien qu'ils eussent une raison valable de le faire ; c'était nécessaire pour emporter les morts.
Cependant, il fut décidé du Ciel qu'ils n'aient pas à entrer. Un ange avait poussé Nadav et Avihou hors du Saint des saints de leur vivant. Ils moururent donc à l'extérieur, et ce fut de là qu'on les emporta.
- Selon d'autres, ils moururent à l'intérieur du Saint des saints et Michaël et Eltsafane les sortirent à l'aide de crochets de fer. Ils n'eurent donc pas à pénétrer dans le Saint des saints.
[Méam Loez - Chémini 10,4-5]

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+ "Un homme qui prendra sa sœur ... et il verra sa nudité et elle verra sa nudité, c'est une honte (en hébreu: 'hessed ou) et ils seront retranchés ..." (Kédochim 20,17)

-> D'après le Radak, le terme 'hessed a 2 sens : "bonté" et "honte".

Les 2 sont liés, car la honte liée à l'immoralité est la conséquence d'une trop grande bonté.
Celui qui se soucie trop de donner du plaisir et n'arrive pas à discipliner sa personne ou son entourage, risque de sombrer dans l'immoralité.

=> A leur niveau extrêmement élevé, on peut imaginer que Nadav et Avihou avaient un tel désir de se lier à Hachem, qu'ils ont été aveuglés par cette recherche au point d'en venir à fauter.

[la frontière est fine entre le zèle et l'enthousiasme souhaitables dans notre relation avec D., et une attitude avec trop de proximité, de familiarité et pas assez de crainte]

=> Il faut faire attention que sous couvert d'actes plein de bons sentiments, de bonté, nous n'en arrivons à agir de façon déplacée.

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-> "Adorez Hachem avec crainte, et réjouissez-vous [en D.] avec tremblement" (Téhilim 2,1 - ivdou ét Hachem béyir'a, véguilou bir'ada)
Il y a 2 façons de se rapprocher de Hachem : par la crainte (yira) et par l'amour (aava).
Le Zohar enseigne qu'il faut tout d'abord servir Hachem avec crainte, et ensuite avec amour.
Le fait de servir Hachem comme il le faut avec crainte, est ce qui va permettre à une personne de pouvoir le servir avec amour.
[la crainte doit être la base, ce qui va canaliser dans la bonne direction le développement d'un amour débordant/infini pour D.]

Le Torat Cohanim (Chémini) dit que Nadav et Avihou ont : "ajouté de l'amour à de l'amour".
Ils sont morts car ils ne se sont pas rapprochés de D. de la bonne façon : plutôt que d'utiliser la crainte pour parvenir à l'amour, ils ont voulu y arriver en n'utilisant que de l'amour.
[le Béer Moché]

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+ "[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Lorsqu’un tsadik accomplie une mitsva, il le fait avec une telle ardeur et un tel enthousiasme, qu’il investit toute son énergie et toute sa vitalité dans cette mitsva.
C'est ainsi que suite à la mitsva, il ne lui reste plus de force au point que naturellement, il devrait mourir. Seulement, Hachem a mis dans chaque mitsva un potentiel de vie, comme il est dit concernant les mitsvot : "Il vivra par elles" ('haï bahem), et ne mourront donc pas à cause d’elles.
Un tsadik se donne tellement pour une mitsva qu'il doit normalement en mourir, mais cette mitsva possède le pouvoir de recharger de vie, ce qui le maintient en vivant.

Nadav et Avihou eux-aussi (au regard de leur très haut niveau spirituel), quand ils ont offert ce feu, il l’ont fait avec toutes leurs forces et toute leur vitalité, comme si c’était une mitsva. Seulement, la Torah atteste "que Hachem ne leur avait pas ordonné [d'apporter]", entraînant que cela n'était pas une mitsva de D., qui a ce potentiel de vitalité.
=> Ainsi, après avoir fait leur acte de dévotion avec toute leur âme, ils ne disposaient pas de la recharge de vitalité liée à la mitsva, et c'est ainsi qu’ils en moururent, purement et simplement.
['Hidouché haRim]

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9°/ D'après nos Sages, l'un des raisons de la mort de Nadav et Avihou serait due au fait que leurs parents ont inversé l'ordre des prénoms.
La femme d'Aharon s'appelait Elichéva bat Aminadav, et Aharon appela son fils aîné "Nadav" en son honneur, bien qu'il ne fut pas son père, mais son beau-père.
Quant à "Avihou", c'était le prénom du père d'Aharon (avi hou = c'est mon père), et il ne l'a donné qu'à son second fils.
[Sdé 'Hessed - Yoré Déa question 22]

[telle est la coutume chez les Séfarades de donner au 1er garçon le prénom du grand-père paternel, et le second fils sera nommé selon le prénom du grand-père maternel.
Le Ben Ich 'Haï (Choftim 27), ainsi que le rav Ovadia Yossef (Halikhot Olam) disent que la mère ne pourra pas exiger d'appeler leur premier fils d'après le prénom de son père, le mari ne pourra pas l'écouter, car par cela il transgresserait la mitsva de respecter son propre père.
Cependant, si le père de la femme est décédé, il pourra le faire avec l'accord de son propre père (le grand-père paternel).]

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10°/ Selon rabbi Lévi (un sage du 3e siècle), Nadav et Avihou sont morts à cause de la profonde peine qu'ils ont causée aux jeunes filles d'Israël qui auraient voulu se marier avec eux.
Ils étaient tellement arrogants et imbus de leur importance qu'ils ont préféré rester célibataires, jugeant toutes les jeunes filles qu'ils rencontraient comme indignes d'eux!

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11°/ Le Torat Cohanim (1,32) écrit : "Nadav et Avihou ne demandèrent pas conseil à Moché ... et chacun partit de son propre chef, sans tenir conseil".
Ainsi, les fils d’Aharon n’offrirent pas l’encens ensemble ; ils eurent tous deux la même idée indépendamment et allèrent isolément dans le Michkan.

On leur reproche de n’avoir pas pris conseil auprès de leur maître, Moché Rabbénou, avant d’entreprendre cet acte intrépide, mais aussi de ne s’être pas concerté avant d’agir.
Rav Berel Soloveitchik trouve ce midrach très difficile à saisir ; on comprend bien qu’ils dussent faire appel à Moché, puisque celui-ci leur aurait certainement conseillé de ne pas approcher l’encens, mais pourquoi désapprouver le fait qu’ils n’aient pas pris conseil mutuellement ? Tous deux étaient certainement convaincus de la validité de leur projet : qu’allaient-ils donc gagner à en discuter, si ce n’est d’en confirmer sa justesse?

Le rav Soloveitchik répond que l’on apprend d’ici un principe fondamental sur la nature humaine : on peut désirer commettre une mauvaise action et reconnaître en même temps sa nature négative quand une autre personne l’accomplit.
En effet, chacun est influencé par son yétser ara qui l’empêche de prendre des décisions en toute objectivité. Celui-ci voile notre raisonnement et nous fait croire que nos actions sont acceptables.
Or, quand notre prochain est sur le point de faire la même faute, nous sommes capables de considérer les choses avec plus de recul et d’avoir une analyse plus objective et juste. Parce que quand il s’agit d’autrui, on n’est pas embrumé par un désir d’autosatisfaction et l’on peut juger plus correctement de la pertinence de ses intentions.
Donc, si Nadav avait pris conseil auprès d’Avihou (et inversement), ce dernier aurait certainement vu le côté négatif du raisonnement de son frère, même s’il projetait de faire la même chose. C’est l’objet de la critique qui leur est faite.

-> " Acquiers pour toi un ami" (Pirké Avot 1,6)
Rabbénou Yona nous enseigne l’importance d’avoir au moins un ami qui puisse jouer le rôle de spectateur neutre sur nos actions, et cet ami ne doit pas forcément être d’un niveau supérieur au nôtre.

Le rabbi Yéhonathan Gefen commente :
Nous apprenons de ce développement une leçon très importante dans la vie : une personne ne doit pas se baser sur ses propres jugements concernant ses actions ; nos décisions seront biaisées par notre subjectivité qui justifiera nos fautes. Il est important de comprendre la nécessité d’avoir un ami qui est prêt à prodiguer des conseils judicieux, voire à réprimander, si nécessaire, s’il nous voit aveuglés par nos désirs.

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (Chémini 16,1)

D’après le Zohar, Nadav et Avihou avaient moins de 20 ans, ce pour quoi ils sont appelés "fils d’Aharon", en référence à leur statut d’enfant dépendant de leur père.
=> S’il en est ainsi, pourquoi furent-ils punis par D., alors que l’homme ne l’est qu’après avoir atteint cet âge?

Le Hadrach véhaIyoun explique, en s’appuyant sur les paroles de nos Maîtres (guémara Béra'hot 31b), qu’un jeune enfant particulièrement intelligent peut être puni avant 20 ans. C’est pourquoi Eli Hacohen dit à Chmouel, âgé de 2 ans, qu’il était passible de mort, car il avait perçu sa grande sagesse.

D’où la suite du verset "qui, s’étant avancés devant Hachem", nous expliquant la cause de leur mort : du fait qu’ils avaient accédé à un haut niveau, étaient très proches de D., ils décédèrent, bien qu’ils n’eussent pas encore atteint l’âge d’être punis par le Ciel.

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"[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Le Rabbi de Loubavitch rapporte le commentaire du Ohr ha'Haïm haKadoch qui dit qu'en fait Nadav et Avihou ne commirent aucune faute.
En fait, ils s'élevèrent tellement par leur acte et se rapprochèrent tellement de la Lumière Divine, que leur âme s'attacha à Hachem et fut attirée par la douceur de Sa Lumière. C'est ainsi qu'ils moururent. C'était une mort de dévotion.

De plus, même quand un homme est proche d'Hachem, tant qu'il est encore séparé de Lui, il aura besoin qu'Hachem lui exprime Sa Volonté pour qu'il l'accomplisse. En effet, cet homme n'est pas encore arrivé à un niveau d'attachement avec Hachem tel que sa volonté se confonde avec la Volonté Divine. Mais l'homme qui s'est tellement attaché à Hachem, peut arriver au niveau de proximité tel que sa propre volonté s'efface complètement devant la Volonté Divine.
Ainsi, la Volonté d'Hachem deviendra sa volonté personnelle. Il n'aura plus d'autre volonté autre que celle d'Hachem. De ce fait, il en viendra à accomplir les mitsvot tout à fait naturellement, comme un homme qui réalise ses propres désirs.
A ce niveau, un tel homme n'aura plus besoin d'Ordre Divin pour appliquer la Volonté Divine, au même titre que l'on ne donne pas d'ordre à un homme pour qu'il réalise sa volonté personnelle.
Nadav et Avihou se sont tellement élevés et rapprochés d'Hachem lorsqu'ils apportèrent leur encens, qu'ils furent "aspirés" par la Lumière Divine et en moururent.
A ce niveau, ils s'attachèrent à Hachem au point que la Volonté d'Hachem est devenu complètement leur propre volonté. A ce niveau qu'ils atteignirent, ils n'avaient plus besoin qu'Hachem leur exprime Sa Volonté par l'émission d'un ordre.

Telle est l'allusion de notre verset : "Ils apportèrent un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Ce feu était étranger, car il leur avait permis de s'élever de façon extraordinaire, ce niveau était étranger au niveau habituel que les encens accordent à l'homme. Ce degrés d'élévation était tel qu'"Il ne leur avait pas ordonné". Ils se sont élevés au point de ne plus avoir besoin d'ordre.

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-> "Hachem parla à Moché, après la mort des deux fils d’Aharon, qui, s’étant avancés devant Hachem, avaient péri" (A'haré Mot 16,1)

La mort des fils d’Aharon et leur faute sont évoquées à 4 reprises. Et ce, afin de souligner que c’était là leur seule et unique faute.
"Voyez combien est dure la mort des fils d’Aharon devant Hachem! souligna Rabbi Elazar Hamodaï. A chaque fois que leur disparition est évoquée, leur faute aussi."
Pourquoi?
Afin de faire taire les mauvaises langues, qui auraient pu dire qu’ils fautaient en secret, et que c’est ce qui causa leur mort.
[Pessikta déRav Kahana]

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-> "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10,6)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1182) enseigne :
Nadav et Avihou savaient que le jour de l’inauguration du Michkan, une immense joie régnerait dans les sphères supérieures et inférieures ...
Or, Nadav et Avihou craignirent que ce débordement de joie empêche les enfants d’Israël de réparer l’atteinte portée par leur péché à l’ensemble des mondes.
En effet, s’ils étaient uniquement plongés dans la joie, leur esprit ne serait pas libre pour terminer de réparer le péché du veau d’or, qui avait entraîné le départ de la Présence divine. Et, s’ils ne mettaient pas à profit le jour de l’inauguration du Michkan pour le réparer à la racine, Hachem risquait de nouveau de prendre congé d’eux.

Ainsi, appliquèrent-ils la vérité énoncée par le verset : "Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison où l’on festoie" (Kohélet 7,2). Ils furent prêts à mourir le jour où la Présence divine reviendrait résider parmi le peuple juif, afin que ses membres déplorent leur disparition, et par ce biais, se repentent et se purifient complètement de toute trace de péché, permettant ainsi à Hachem de continuer à résider parmi eux.

Ces 2 tsadikim, fils d’Aharon, comprirent que la joie accompagnant le déploiement de la Présence divine ne pouvait pas, à elle seule, conduire les enfants d’Israël à une réparation absolue de leur péché. Pour cela, il était nécessaire qu’ils s’endeuillent, car ceci les conduirait à se remettre en question, à réfléchir pourquoi D. fut contraint de les quitter momentanément et à définir leur raison d’être sur terre.
Hachem conscient de leur pureté d’intentions, accepta leur démarche, comme le souligne notre verset : "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10, 6)."

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-> Dans un commentaire sur la paracha de Bamidbar (Bamidbar 3,4), Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1187) enseigne :
"Nadav et Avihou étaient si attachés à Hachem qu’ils dédaignèrent tout ce qui avait trait à la matière, n’aspirant qu’à se rapprocher encore davantage de Lui. Ils le firent tant et si bien qu’ils virent la lumière éclatante émanant des vertus d'Hachem. Voulant tellement y adhérer, ils ne parvinrent pas à faire marche arrière et moururent, consumés par Hachem, "feu dévorant".

Par contre, d’autres tsadikim, comme Moché et Aharon, s’attachèrent également à Hachem, mais avec pondération et précaution. Ils savaient jusqu’où il leur était permis de se rapprocher de Lui et ne dépassèrent pas cette limite, ce qui leur permit de rester en vie. C’est pourquoi il est dit "Je serai sanctifié par Mes saints", car les fils d’Aharon aspiraient tant à adhérer à Hachem que cela leur coûta la vie.

Comment expliquer qu'Hachem, "feu dévorant", puisse résider à l’intérieur de notre être sans nous brûler?
Il s’agit là d’un grand miracle pour lequel nous devons Le remercier à tout instant. Le Créateur se réduit en nous, de sorte à ne pas nous brûler.
Afin de concrétiser cette réalité, Hachem a permis à Nadav et Avihou d’être brûlés vifs, pour nous enseigner que cela devrait normalement arriver à tout homme. Mais, dans Sa grande bonté, D. a pitié de nous et fait en sorte que nous puissions rester en vie, malgré Sa Présence en notre sein.
Il nous incombe de Le louer constamment pour cet immense miracle permanent, comme nous le disons dans les derniers mots de la bénédiction de acher yatsar : "oumafli laassot" (qui fait des prodiges)."

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-> "Et vos frères, toute la maison d'Israël, pleureront l'embrasement que Hachem a enflammé" (Chémini 10,6)

=> On peut s'interroger sur cet Ordre Divin à l'adresse du peuple de pleurer la mort de Nadav et Avihou. En effet, devant un tel drame, tout le monde fut sensibilisé et peiné jusqu'aux larmes. Pourquoi donc donner un tel ordre de pleurer à ceux qui pleureront d'eux-mêmes? Et pour ceux qui ne sentent pas les pleurs venir, peut-on forcer quelqu'un à pleurer?

-En fait, l'ordre ne concernait pas le fait même de pleurer. Seulement, Hachem prescrit au peuple que quand ils pleureront, ils auront conscience qu'ils sont en train de se lamenter pour l'embrasement "que Hachem a enflammé". C'est-à-dire qu'ils devront se rappeler que ce drame vient d'Hachem et c'est Lui Qui a provoqué la mort de ces deux jeunes gens, pour la faute qu'ils ont commise.
Et surtout, qu'ils n'imaginent pas que ce drame est venu suite à des causes naturelles.
[rabbi Yaakov Neuman]

"Ne bois pas de vin enivrant ... afin de distinguer entre le sacré et le profane, ainsi qu'entre l'impur et le pur" (Chémini 10,9-10)

-> Un adolescent a demandé au rav Moché Feinstein si la Torah avait un avis sur le fait de fumer de la marijuana ou toute autre drogue.

Le rav lui a répondu que quelques soient les interdictions inhérentes à l'utilisation de la drogue, nous devons reconnaître que le plus grand cadeau donné à l'homme par Hachem est la capacité de distinguer entre ce qui est bon et ce qui est mauvais.

Dans ce verset, la Torah insiste sur ce point, et nous interdit de prendre des substances qui altèrent notre possibilité de faire la "havdala" : de séparer le sacré du profane, l'impur et le pur.

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-> "Tu ne boiras pas de vin ni de liqueur forte" (Chémini 10,9)

Les Sages (guémara Pessa’him 109a) ont dit : "Il n’y a de réjouissance qu’avec du vin".
=> Pourquoi les Cohanim ont-ils reçu l’ordre de ne pas boire de vin ni de liqueur forte, puisque cela diminue ainsi leur joie dans le service de Hachem?

Le Rabbi de Peschis’ha explique que justement, comme l’abstinence de vin est une mitsva qui leur a été ordonnée, le fait même d’accomplir la mitsva dans tous ses détails leur procure une grande joie.
Il est écrit : "Les ordres de D. sont droits, ils réjouissent le cœur" (Téhilim 19,9).
=> Du fait qu’on observe les mitsvot, le cœur se réjouit.

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-> "Ne bois ni vin ni liqueur forte" (Chémini 10,9)

=> Pourquoi la Torah a-t-elle totalement interdit de boire du vin, qui réjouit D. et l’homme, et joue le rôle d’une mitsva quand on dit le kidouch dessus le Chabat et les fêtes?
Il conviendrait plutôt d’interdire l’ivresse, et non la consommation de vin.

Rabbi Chlomo Tsaddok (Choul’han Chlomo) donne l'explication suivante :
Comme la tendance à l’ivresse n’est jamais loin, outre la raison d’établir des barrières, la Torah ne veut pas que la joie dans le Temple provienne d’un facteur extérieur, comme la consommation de vin, mais de quelque chose qui éveille une joie de mitsva et de sainteté, comme les sacrifices rémunératoires qui poussent à une élévation spirituelle, après l’acte de soumission envers D. par le sacrifice.
Le vin n’a donc pas sa place dans le Temple, mais il doit être versé uniquement en libations sur l’autel.

[une mitsva permet d'être plus proche de D., un sacrifice offert sur l'autel répare les dégâts de nos fautes. Tout cela fait que le Temple permet d'être beaucoup plus proche de D., et il n'y a pas de plus grande joie que d'être éternellement en proximité avec notre papa Hachem.]

"Tout ce qui rampe sur le ventre (ga’hon – גחון)"  (Chémini 11,42)

+ La lettre "vav" du mot : ga'hon (ventre - גחון) du verset (Chémini 11,42) représente la lettre du milieu du Séfer Torah.
L'expression : "daroch darach" (il fit des recherches - דרש דרש) du verset (Chémini 10,16) marque le milieu de la Torah si on compte les mots.
Enfin, le verset (Tazria 13,33) : "et il se rasera" est le milieu des versets de la Torah.

Dans le Téhilim (80,14) : "Que le sanglier de la forêt le mutile", la lettre ע du mot : yaar (forêt - יער) représente la lettre du milieu des Téhilim.
Le Téhilim (73,38) : "Et Lui, plein de miséricorde, pardonne les fautes" est le milieu des versets du Séfer Téhilim ...
[guémara Kidouchin 30a]

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-> "Tout ce qui rampe sur le ventre" :
Selon le Beit Israël de Gour, on doit s’imaginer comme une créature rampante, comme si malgré tout ce que l’on a pu étudier, on n'a même pas parcouru la surface de la Torah, et encore moins commencé à s’élever vers les véritables hauteurs.

Rabbi Noa’h Weinberg disait : "Il faut prendre plaisir [de son niveau de Torah], mais ne jamais prendre le crédit pour soi-même".
Hachem désire que l’on soit joyeux en ayant la sensation de faire quelque chose d’énorme, mais nous devons en parallèle avoir beaucoup de reconnaissance envers D. de nous donner cette opportunité d’être parmi cette ultra-minorité d’humains qui étudie la Torah.
[le ventre symbolise l’appétit que l’on doit avoir pour la Torah (cette faim de l’étudier, de la pratiquer!). La terre fait allusion à notre finalité : la tombe.
Ainsi, il faut kiffer et être fier, tout en évitant d’en être orgueilleux, car la fin de tout homme est d’être mangé par les vers de la terre, seul Hachem étant éternel!]

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-> "Tout ce qui rampe sur le ventre" :

Pourquoi les rampants méritent-ils d’avoir le centre de la Torah à l’intérieur de leur nom? Pourquoi pas les mammifères ou les oiseaux, dont certaines espèces sont cashères, alors que les reptiles et les insectes ne comportent aucune espèce cashère?

Le Divré Israël (rabbi Israël Taub de Modzhitz) enseigne :
Ils méritent cette place d’honneur, car leur existence est une apologie (défense) du peuple juif.
Le Yalkout demande : « Pourquoi D. a-t-il créé les rampants? Parce que lorsque les juifs commettent des fautes, D. les considère comme des animaux rampants, et dit : "Si Je maintiens ces créatures qui ne servent à rien, alors Je dois sûrement maintenir vivant Mon peuple qui a été créé avec un but"."

Ainsi, c’est précisément le fait qu’il n’y a aucune espèce cashère parmi eux, les rendant inutiles, qui les qualifie pour être au centre de la Torah.

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-> "tout ce qui rampe sur le ventre" = malgré notre infinie grandeur, par le fait qu’on fait partie de l’élite du monde qui a le mérite d'étudier la Torah, il ne faut pas se comporter comme un orgueilleux et marcher la tête haute, mais "se courber" et reconnaître avec humilité que l’on n’est qu’à la moitié du chemin (milieu de la Torah), et qu’il y a encore beaucoup à étudier et à savoir.
On peut se motiver en regardant le chemin spirituel que l’on a parcouru (verre à moitié rempli!), mais il ne faut pas s’en enorgueillir, car c’est pour cela qu’on a été créé et qu’il reste encore beaucoup à faire…
[rabbi Bogomilsky - Védibarta Bam]

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=> Allusions dans le fait que la lettre "vav" du mot גחון marque le milieu des lettres de la Torah :

-> Les lettres de la Torah elles-mêmes ne constituent que les Noms sacrés du Créateur qui est caché, et l'impureté n'a donc aucune prise sur les lettres.
C'est pourquoi, la lettre "vav" qui représente le milieu des lettres de la Torah est placée dans le mot גחון (serpent) qui représente le serpent originel, symbole de l'impureté introduite dans le monde, pour faire l'allusion suivante : il n'y a aucun pouvoir d'impureté dans les lettres de la Torah.
[Maharcha]

-> Les lettres de la Torah sont aux mots de la Torah ce que l'esprit de l'homme est à son corps.
Ainsi, l'esprit d'impureté n'intervient que dans le règne des mots et n'intervient pas dans le règne des lettres de la Torah.
La source de toute impureté, à laquelle le mot גחון (ventre) se réfère, d'après le verset : "Hachem dit au serpent ... tu ramperas sur ton ventre" (Béréchit 3,14), n'a aucune emprise sur la sphère de l'esprit symbolisée par les lettres de la Torah, car la lettre vav coupe le mot גחון (ga'hon).
[Ramban - dans hakdamat Béréchit]

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-> La lettre "Vav" de גחָּוֹן (Ga’hone - ventre) est le milieu de la Torah quant au nombre de lettres. C’est pourquoi, selon la Tradition, ce "Vav" est écrit comme une grande lettre, aussi, est-il enseigné dans la guémara (Kidouchin 30a) : "Les premiers Sages étaient appelés Sofrim (compteurs), car ils ont compté toutes les lettres de la Torah. Ils disaient: Le ‘Vav’ de ‘Ga’hone’ représente le point médian des lettres du Sefer Torah"

-> Rachi commente : "Il s’agit du serpent. Le mot ‘Ga’hone signifie ‘accroupi’ : Il avance accroupi et comme tombé sur le ventre".

Expliquons, tout d’abord, pourquoi Hachem a choisi de faire allusion ici au serpent par sa façon de se déplacer, "Tout ce qui se traîne sur le ventre", à savoir un rampant, plutôt que par son nom courant "Na’hach" (נחש - serpent). Hachem a voulu nous rappeler ainsi pourquoi le serpent se déplace sur son ventre plutôt que sur ses jambes. Comme nous le savons, le "Serpent Originel" n’est autre que le Mauvais Penchant (Yétser Hara) qui a trompé Adam Harichon et ‘Hava en les incitant à consommer du fruit de "l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal".
Comme punition pour sa duplicité, ses pattes furent coupées, ainsi qu’il est écrit: "... ‘Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres: tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie’" (Béréchit 3,14).

Rachi commente : "‘Tu marcheras sur ton ventre’ = Il avait des pattes, mais elles lui ont été coupées.»
Par ailleurs, la guémara (Kidouchin 30b) nous apprend qu’Hachem a dit à Israël : "Mes enfants, J’ai créé le Mauvais Penchant et J’ai créé la Torah comme antidote. Si vous vous engagez dans l’étude de la Torah, vous ne serez pas une proie pour lui."
Il ressort clairement de ce passage de la guémara que la seule façon d’abolir le Mauvais Penchant est d’étudier la Torah. Cependant, nos Maîtres soulignent que bien qu’il soit vrai que chaque juif doive étudier la Torah Ecrite [car chaque lettre contient d’innombrables allusions et significations secrètes], néanmoins, l’arme principale contre le Yétser Hara n’est autre que l’effort associé à l’étude de la Loi Orale.

Nous pouvons maintenant comprendre la raison pour laquelle Hachem a choisi d’établir le grand "Vav" de "Ga’hone" comme le point médian de toutes les lettres de la Loi Ecrite. En effet, si nous voulons vaincre le Na’hach - l’incarnation du Mauvais Penchant qui se déplace sur son ventre, "Ga’hone" - il est conseillé de s’engager dans l’étude ardue de la Loi Orale, évoquée en allusion par la lettre "Vav", car cette Loi englobe les «Six Ordres» (Chass) de Michna, comme la valeur numérique de cette lettre.
Ainsi, par le mérite de notre engagement dans l’étude du "Chass" de la Michna, ainsi que du Talmud Babli et du Talmud Yérouchalmi, expliquant la Michna évoquée par la lettre "Vav", nous avons la possibilité de détruire le "ventre du Serpent" et ainsi annuler son influence néfaste.

-> Il existe une autre allusion inhérente à la lettre "Vav" de "Ga’hone" : Toute personne qui se conduit comme le Serpent Originel, avec orgueil, se tenant debout de façon hautaine, comme le grand "Vav" – peut être certain de finir par ramper sur son ventre comme le Na’hach, pour ainsi dire. Hachem le fera chuter jusque dans les profondeurs.
Ainsi, la grande leçon du milieu des lettres de la Torah est qu’il est impératif de surmonter l’épreuve de l’orgueil du Serpent Originel, et au contraire de suivre la haute qualité de modestie, dont Moché Rabbénou fut le champion.

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=> Pourquoi 2 mots "daroch darach" marquent-ils le milieu des mots de la Torah?

-> Le nombre total de lettres de la Torah est impair : 304 805 lettres.
La lettre vav du mot גחון, écrite en majuscule, est la 152 403e lettres du Séfer Torah ; cette lettre partage donc l'ensemble des lettres en 2 moitiés égales : 152 402 lettres avant le vav de גחון et 152 402 lettres après ce vav.
Par contre, le nombre total de mots de la Torah est pair : 79 976 mots ; un seul mot ne peut donc pas partager l'ensemble des mots écrits dans le Séfer Torah en 2 parties égales ...
C'est pourquoi, il fallait mentionner le couple de mots : daroch darach, qui ensemble marquent la moitié des mots de la Torah.
[Ben Ich 'Haï]

-> Tout mot de la Torah peut avoir une signification du côté de la pureté et une signification du côté de l'impureté.
C'est l'allusion contenue dans les 2 mots "daroch darach" (qui signifient : rechercher) qui envisagent 2 recherches : l'une relative à la pureté et l'autre relative à l'impureté qui constituent les 2 parties de la Torah.
D'ailleurs ces 2 mots du verset (Chémini 10,16) concernent les 2 recherches faites par Moché à propos des boucs offerts à Roch 'Hochech Nissan, le jour de l'inauguration du Sanctuaire le 1er jour de Nissan : pourquoi l'un a-t-il été consommé (donc pur) et l'autre a-t-il été brûlé (donc impur)?
[Maharcha]

-> Selon le Torat Cohanim, dans le Séfer Torah, le 1er mot : daroch (דרש) doit être écrit en fin de ligne ; tandis que le 2e mot : darach (דרש) doit être écrit au début de la ligne suivante.
Il y a ici une allusion au fait qu'il n'y a jamais de fin à une "dricha" (recherche, investigation - דרישה) dans la Torah : lorsqu'un homme termine une 1ere recherche et croit avoir atteint une bonne compréhension, il doit "aller à la ligne" et recommencer une nouvelle "dricha".
[Na'halat Yaakov]

-> Le verset "daroch darach Moché", qui marque le milieu de la Torah par rapport aux mots, vient faire une allusion : Malgré toutes les recherches effectuées par Moché, lui qui a étudié toute la Torah directement avec Hachem, il se trouve toujours au milieu du "chemin", c'est-à-dire seulement à la moitié de la Torah.
Un véritable Talmid 'hakham doit être conscient, quel que soit son niveau, qu'il n'atteint jamais la "fin" de l'étude de la Torah, mais seulement, mais seulement une partie.
[A'haronim]

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-> daroch darach : "enquêté avec diligence" = afin de réussir dans la Torah, il faut être assidu, persévérant et faire preuve de zèle.
Il faut arriver à s’immerger totalement dans la Torah, en oubliant toutes les distractions.
(lors de mon étude, mon attention exclusive pour la Torah prouve que rien n’a plus d’intérêt à mes yeux qu’elle … et en me donnant totalement à la Torah, réciproquement, la Torah va pouvoir "se donner" à moi, en me permettant de me lier de plus en plus profondément avec elle!)
[rabbi Bogomilsky - Védibarta Bam]

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-> "Au sujet du bouc expiatoire, Moché fit des recherches (daroch darach Moché) et il se trouva qu’on l’avait brûlé" (Chémini 10,16).

-> Rachi explique que le bouc expiatoire dont il est question est celui des offrandes du Moussaf de Roch ‘Hodech.
On a présenté ce jour-là 3 boucs expiatoires : le bouc du Peuple (Chémini 9,3), le bouc de Na‘hchon [Le Prince de la Tribu de Yéhouda] (Nasso 7,16) et le bouc de Roch ‘Hodech.
De tous, seul le dernier a été brûlé en raison de l’impureté qui était entrée à son contact. Aussi, Moché fit deux recherches : daroch darach.
=> Pourquoi celui-ci a-t-il été brûlé? Pourquoi celui-là a-t-il été consommé?

Nos Sages enseignent par ailleurs que les mots : daroch darach ("[Moché] fit des recherches" - דרש דרש) sont situés à la moitié de la Thora, relativement aux nombres de mots [guémara Kidouchin 30a].
Le mot דרש (daroch) est placé en fin de ligne dans le Séfer Torah, tandis que le mot דרש (darach) est placé en début de ligne.
On peut citer différents enseignements de ce constat :

1°/ Même après que l’homme pense avoir interprété l’ensemble de la Torah (les Drachot de la Torah), c’est-à-dire qu’il considère être arrivé au bout de la "ligne" de ses connaissances (daroch - en fin de ligne), il doit savoir qu’il ne se trouve en vérité qu’au tout début de son étude et qu’il doit sans cesse reprendre ses interprétations (darach - en début de ligne).
[Mégalé Amoukot]

2°/ Même si les générations précédentes ont commenté abondamment la Torah (daroch - en fin de ligne), il faut continuer à la commenter et apporter ses propres ‘Hidouchim [explications nouvelles] (darach - en début de ligne), comme le suggère le roi Salomon : "Dès le matin, fais tes semailles, et le soir encore ne laisse pas chômer ta main, car tu ignores où sera la réussite, ici ou là, et peut-être y aura-t-il succès des deux côtés" (Kohélet 11,6).
[‘Hida]

3°/ Tout ce dont vont étudier les érudits d’Israël jusqu’à la fin des générations (daroch - en fin de ligne), Moché l’a déjà étudié en premier (darach Moché - en début de ligne).
[Déguel Ma’hané Israël]

4°/ Il est écrit dans le "Livre de la Splendeur" de Rabbi Chimon Bar Yo’haï : "C’est par le Livre du Zohar qu’Israël sortira de l’Exil" [Zohar].
Or, l’âme de Rabbi Chimon Bar Yo’haï était une émanation de celle de Moché Rabbénou. Aussi, faut-il comprendre ainsi les mots doublés du milieu de la Torah : Lorsque sera révélé et étudié, à la fin des Temps (daroch - en fin de ligne), l’enseignement (le Zohar) qu’a déjà expliqué Moché [Rabbi Chimone Bar Yo’haï] (darach Moché - en début de ligne), alors "Et il se trouva qu’on l’avait brûlé" (suite du verset Chémini 10,16) ; les forces du Mal seront annulées et la Délivrance finale apparaîtra.
[Déguel Ma’hané Israël]

5°/ Le milieu de la Torah, daroch darach, en début et fin de ligne (allusion au rang hiérarchique), est conforme à l’enseignement de nos Sages (Pirké Avot 4,9) : "Celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté (daroch - en fin de ligne), l’accomplira un jour dans la richesse (darach - en début de ligne) ; et celui qui la transgresse dans la richesse (darach - en début de ligne), la transgressera un jour dans la pauvreté (daroch - en fin de ligne)".

6°/ Le mot Daroch (דרש) en fin de ligne, fait allusion au Pchat (sens simple et donc en bas de l’échelle), tandis que Darach (דרש) en "tête" de ligne, fait allusion aux 3 niveaux supérieurs : Drach (דרש - exégèse), Remez (רמז - sens allusif) et Sod (סוד - secret).
A noter que les premières lettres : דרס s’apparente à celle de דרש (le Samékh permutant avec le Chin). Ainsi, celui qui n’étudie que le sens simple de la Torah (daroch דרש) considéré comme seulement moitié de la Torah, n’a pas accompli parfaitement son devoir de l’étude de la Torah, car il se doit d’étudier également les 3 autres parties qui lui sont supérieures.
[Pitou’hé ‘Hotam]
[b'h, d'après le feuillet de la communatué Sarcelles - Chémini 5782]

"Et le porc [...] il impur pour vous" (Chémini 11,7)

Rav Papa a enseigné : "Nul [animal] n'est plus pauvre que le chien, et nul n'est plus riche que le porc"  (guémara Shabbath 155b).
En quoi consistent cette pauvreté et cette richesse?

Le Gaon de Vilna d'expliquer :
La Torah contient 613 commandements.
Nous voyons toutefois qu'ils ne revêtent pas tous la même importance aux yeux des hommes.
Parmi les mitsvot, il en est auxquelles tous prennent garde, et d'autres souvent dédaignées, bien qu'elles ne soient pas moins importantes que les 1eres.

D'où, l'affirmation de la guémara :
-> le "chien" fait allusion au péché de la médisance, selon l'affirmation : "Celui qui émet du lachon hara mérite d'être jeté aux chiens" (guémara Pessa'him 119a), parce que ses paroles sont assimables à des aboiements.
Ainsi, il n'y a pas plus "pauvre" que cette interdiction de médire, prise en considération par si peu de gens.

-> et il n'y a pas plus "riche" que l'interdiction du porc, à laquelle tous accordent la plus vive attention ...

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-> "Et le porc (est impur), car il a les sabots fendus mais ne rumine pas" (Chémini 11,7)

Parfois l'homme sent de grandes difficultés dans le Service Divin, comme si on le repousse et qu'on le rejette d'En-Haut. Une telle personne doit s'entêter et entrer de force dans la sainteté et ne doit pas se décourager des difficultés en pensant qu'Hachem ne veut pas de lui.

On peut tirer cette leçon du porc.
La nature de cet animal est que même si on le repousse et qu'on le chasse à de maintes reprises, il ne cesse de revenir et de s'imposer. Rien n'est efficace pour le chasser.
C'est pour cela d'ailleurs qu'en hébreu, il s'appelle : 'hazir, c'est-à-dire "celui qui revient".
Et même s'il n'est pas cachère parce qu'il ne rumine pas, malgré tout son pied détient le signe de pureté (il a les sabots fendus). Car même si cet animal est impur, malgré tout, on peut apprendre une précieuse leçon de ses pattes qui ne cessent de revenir. Car dans le Service d'Hachem, il est une grande qualité de ne jamais se décourager.
Et même si on chasse et qu'on repousse un homme de la sainteté, il ne doit cesser de s'obstiner et de revenir à chaque fois.
[le Aron Edout]

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-> "Et qui ne rumine pas" (Chémini 11,7)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
Cela signifie que c’est une condition tant qu’il ne rumine pas.
Mais dans l’avenir, le porc ruminera et redeviendra permis. En effet, il ne sera pas permis sans ruminer, car la Torah ne sera pas modifiée.