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"Avec ceci (bézot - בְּזֹאת) Aharon viendra dans le Sanctuaire" (A'haré Mot 16,3)

1°/ Rachi : la guématria du mot : בְּזֹאת est de : 410, comme le nombre d’années qu'a duré le 1er Temple.

Le Sifté 'Hakhamin fait remarquer que l’allusion concerne le 1er Temple et non pas le second, car des Cohen Gadol de la stature d’Aharon (oints avec l’huile d’onction), n’ont existé qu’à l’époque du 1er Temple.

Rabbénou Bé’hayé ajoute que l'emploi du futur : "viendra" (yavo -יבא) fait allusion au Temple prochainement à venir.

[A l'époque du 2e Temple de nombreux Cohanim Guédolim ne méritaient pas leur poste, et puisque la conséquence de mal faire son Service dans le Temple peut être la mort, de très nombreux Cohanim Guédolim décédaient.

Ce titre de Cohen Gadol pouvait être obtenu par de la corruption, et la guémara (Yérouchalmi Yoma 1,1) rapporte même qu'ils s'attaquaient les uns les autres pour avoir cette position.

En se basant sur la guémara (Yoma 9a), on peut chiffrer cela :
-> le 1er Temple a duré 410 années, pour uniquement 17-18 Cohanim Guédolim ;

-> le 2e Temple a duré 420 années, avec 3-4 Cohanim Guédolim méritants qui ont servi sur 130 années. Ensuite, sur les 290 années restants, il y a eu un total de 300 Cohanim Guédolim, entraînant que chacun était en poste environ 1 année avant de mourir!

(on voit à quel point la soif de pouvoir peut aveugler au point de vouloir acheter, voir tuer autrui pour être Cohen Gadol, sachant que l'on mourra rapidement dans le Temple puisque n'étant pas au niveau requis!)]

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2°/ "Le téchouva, la prière et la tsédaka suppriment le mauvais décret" (prière de Ounétané Tokéf que nous récitons durant les Yamim Nora'im).

Dans la majorité des livres de prières, 3 mots sont écrits directement au-dessus de cette phrase introductive : tsom (le jeûne - צום) ; kol (la voix - קול) ; mamon (l'argent - ממון).
Ils ont tous une même guématria de 136.
En cumulant la valeur de ces 3 mots (136*3), nous obtenons : 408, qui est la valeur du mot : zot (זֹאת).

Ceci est une allusion à notre verset : "Avec ceci (bézot) Aharon viendra dans le Sanctuaire".
Lorsque les juifs font sincèrement téchouva, prient de tout leur cœur, et donnent généreusement à la tsédaka, alors les 3 se combinent pour produire "zot", que va prendre avec lui le Cohen Gadol en entrant dans le Sanctuaire le jour de Kippour, en tant que messager du peuple, et qui va permettre d'accepter sa prière et d'amener le pardon aux juifs.
[Na'hal Kédomim]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Le jeûne (tsom) amène une personne à dominer ses désirs.
La voix (kol) fait allusion à la Torah, et l'étude de la Torah va permettre de mieux faire la différence entre ce qui est permis et ce qui est interdit, le pur et l'impur.
La réalisation de notre ignorance avant d'avoir étudié, va nous pousser à faire téchouva.

L'argent (mamon) : lorsque nous donnons de notre propre argent à la tsédaka, cela amène à vaincre notre orgueil.
En effet, nous réalisons par cela que l'argent (la matérialité) n'est pas le nôtre, et que nous n'avons aucune raison d'en devenir arrogant. Nous devons simplement utiliser au mieux les ressources que Hachem nous confie.
[le Ben Ich 'Haï]

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3°/ Le mot : "bézot" (בְּזֹאת) a la même guématria que : "kadoch" (Saint - קדוש) [valeur de : 410].

Cela renvoie à la rencontre de tous les summums de la Sainteté : le jour de Kippour (dans le temps), dans le Saint des Saints (dans l'espace) et par le Cohen Gadol (chez les êtres humains).

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4°/ "Avec ceci Aharon viendra dans le Sanctuaire (aKodéch)" (A'haré Mot 16,3)

-> Le midrach déduit 10 leçons du mot : "bézot" (avec ceci - בְּזֹאת), et énumère 10 mérites grâce auxquels Aharon avait le droit de pénétrer dans le Saint des Saints : le Shabbath, la circoncision, la Torah, Jérusalem, les Shévatim, Yéhouda, Israël, Térouma, Maaser et les Korbanot.
[le Avné Nézer]

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-> Le grand Kabbaliste Rabbi Shimshon d'Ostropoli, a interprété ce mot : "zot" (זֹאת - bézot = avec "zot"), comme ayant la même guématria (408) que l'année hébraïque : ת"ח (qui est 5408, soit : 1648).

Il était fermement convaincu que les attaques tragiques des Cosaques, et le massacre de milliers de juifs durant cette année, étaient en réalité un moyen pour l'arrivée du machia'h, délivrant les juifs de ce long exil.

Le rabbi d'Ostropoli expliquait :
- "bézot" = en "zot" (זֹאת), cette année 1648 (ת"ח) ;
- "Aharon viendra vers le Kodéch" = le peuple élu (symbolisé par Aharon, qui a été choisi comme Cohen Gadol) entrera dans un état de pureté et de sainteté (kodech) par la venue du machia'h.

Malheureusement, cela ne se passa pas ainsi.
Le machia'h n'est pas arrivé, et de nombreux juifs qui attendaient avec espoir que les mots du grand kabbaliste deviennent réalité, ont ensuite perdu leur espoir et émouna.

Afin de remonter le moral, le Shach (rabbi Shabsi haCohen) a déclaré publiquement en se basant sur les mots du Hallel :
- "mé'ét Hachem haïta zot" (de Hachem que cela provient) = il est vrai que telle était la volonté de D. de nous délivrer en cette année : "zot" (haïta zot!) ;

- de plus : "hi niflat béénénou" (en elle nos yeux verront des merveilles) = les juifs était sur le point de voir d'incroyables miracles ;

- cependant : "zé ayom assa Hachem" (en ce jour Hachem a fait) = Hachem a pris en compte que nous n'avons pas accompli "ayom" (aujourd'hui), que nous trouvons dans le Téhilim (95,7) : " aujourd’hui encore vous écoutiez Sa voix" (hayom im békolo tichmaou) = que nous ne remplissons pas nos obligations de suivre Sa Volonté.

[il existe certes des périodes propices, mais à tout moment par notre comportement nous pouvons permettre au machia'h d'intervenir!]

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5°/ Le mot : "bézot" (בְּזֹאת) a la même guématria que : "kadoch" (Saint - קדוש) et que : "shafél" (bas - שפל) [valeur de : 410].

L’auteur du Sia’h Yaakov Yossef y lit en filigrane l’idée suivante : Hachem signifie à Aharon qu’afin de Le servir, l’homme a besoin de 2 qualités. Il doit à la fois avoir de l’humilité, pour tout ce qui le concerne, et également de l’estime pour ce qui a trait à l’honneur divin.

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-> "Avec ceci (bézot) Aharon entrera dans le Sanctuaire, avec un taureau"

=> Pourquoi le verset ne dit-il pas plus directement : "Avec un taureau Aharon entrera dans le Sanctuaire"? Que rajoutent ces mots préalables : "Avec ceci", pour ensuite dire : "avec un taureau"?

Une explication consiste à dire que ces mots se rapportent au verset précédent qui dit : "Il ne rentrera pas à tout moment dans le Sanctuaire"
Ainsi, le verset poursuit et dit : "Avec ceci Aharon entrera dans le saint" = c'est-à-dire : avec la conscience et le ressenti qu'il est en train de rentrer dans un endroit où il est interdit de pénétrer à tout moment.
Cette conscience créera en lui une crainte et un respect importants de cet endroit où on ne rentre pas comme on veut et quand on le souhaite. C'est avec cet état d'esprit de respect, de crainte et de vénération que le Cohen Gadol y pénétrera. Et non avec la légèreté d'esprit qu'a une personne qui entre dans un lieu "banal" que l'on peut accéder à tout moment.
[Mélo haOmer]

"Aharon [le Cohen Gadol] mettra sur les 2 boucs des [tirages au] sort : un sort pour Hachem, et un sort pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

-> A Yom Kippour, afin de s’assurer que le yétser ara n’interviendra pas, Hachem nous demande d’apporter un bouc à l’Azazel (une sorte de pot-de-vin), et ce pour corrompre le Satan afin qu’il nous laisse seul renforcer nos liens avec D."
[Ramak - dans son commentaire sur : "A La'hma Anya"]

-> Rachi décrit :
Aharon met 2 plaquettes dans une boîte.
Sur la 1ere est écrite : "l'Hachem" (pour Hachem) et sur l'autre : "la'Azazel" (pour Azazel).
Aharon qui se tient entre les 2 boucs, plonge ses 2 mains dans la boîte et en retire les plaquettes.
Il place celle qui se trouve dans sa main droite sur la tête de l'animal situé à sa droite, et celle qui se trouve dans sa main gauche, sur l'autre bouc.

-> Selon la guémara (Chvouot 13b), les 2 boucs doivent avoir le même aspect, le même poids et la même valeur.

-> La guémara (Yoma 41b) explique que pour éviter de les confondre, le Cohen Gadol attache une langue de laine rouge sur la tête du bouc pour Azazel, et un autre autour du cou du bouc pour Hachem.
Lorsque le bouc pour Azazel était précipité du haut de la falaise, la laine rouge blanchissait, signe que les fautes d'Israël avaient été pardonnées.

-> Selon Rachi, le mot Azazel est composé de : az (fort - עז) et él (puissant - אל).
Il s'agit d'un rocher haut et escarpé.

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-> Observons les lettres suivantes du mots : Azazel (עֲזָאזֵל) :
- le ע est suivi du : פ
- le ז est suivi du : ח
- le א est suivi du : ב
- le ז est suivi du : ח
- le ל est suivi du : מ

=> Ces 5 lettres : פ-ח-ב-ח-מ ont une guématria de : 138, qui est la même que : 'hamets (חמץ).

Le bouc pour Azazel est envoyé dans le désert (midbar - מדבר), et les lettres suivantes de ce mot sont : נ-ה-ג-ש; dont la valeur est de : 358, la même que le mot : na'hach (le serpent - נחש).

=> Quel est le lien entre : le 'hamets, l'Azazel, le na'hach, et le midbar?

La différence entre חמץ ('hamets) et מצה (matsa), se trouve entre la lettre ח et ה (les autres étant identiques).
La guématria du ח est de 8, celle du ה est de 5. La différence entre ces 2 lettres est de : 3.

Les 3 de plus que possède le 'hamets sont : "la jalousie, la concupiscence et les honneurs qui excluent l’homme du monde" (Pirké Avot 4,21 - Rabbi El’azar haKappar), et nous devons tout faire pour nous en débarrasser.
En effet, de même que nous ne devons pas posséder une miette de 'hamets, de même nous ne devons pas laisser se développer en nous ces 3 traits, même un tout petit peu, car ils sont très nuisibles.

On a vu que :
Azazel -> 'hamets
midbar -> na'hach (le serpent, qui symbolise la tentation au mal, le yétser ara)

=> Ainsi, il convient d'envoyer le bouc à l'Azazel (rocher élevé) dans le désert, un lieu faisant allusion au yétser ara que nous détruisons/tuons [à l'image du 'hamets à Pessa'h].

['Hatam Sofer]

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-> Les mots : חמץ et מצה sont pratiquement identiques, à l'exception des lettres : ח et ה.
La différence entre ces 2 lettres est un tout petit trait, à l'image de la différence entre le 'hamets et la matsa qui se joue à quelques instants de trop où la pâte a pu lever.

Nous utilisons la même farine et la même eau pour les 2, la différente se joue ensuite lorsque le levain va se développer.

=> La levée du levain symbolise l'orgueil (Je sais mieux que Hachem!), et lorsque l'on élimine le 'hamets à Pessa'h, on doit également retirer l'orgueil qui est en nous.

['Hida]

[A l'origine, les boucs sont exactement identique (même aspect, même poids, même valeur), mais ensuite l'un d'eux va suivre le chemin qui mène vers les hauteurs (Azazel = un rocher élevé et escarpé), matérialisant son orgueil débordante.
La finalité est que la chute sera d'autant plus haute, plus terrible.
A l'inverse, l'autre bouc, sacrifie sa volonté pour celle de Hachem, et méritera de vivre!

Selon le rabbi Yaakov Schechter, le Cohen Gadol envoyait dans le désert le bouc (sé'ir) laAzazel, pour servir de réparation à la faute d'Adam.
En effet, Adam savait que l'unique chose que Hachem attendait de lui était de ne pas manger du fruit de l'arbre de la Connaissance (ets hadaat). Cependant, il n'a pas suivi la volonté de D.
Cette faute a pour origine l'orgueil.

Azazel -> 'hamets = ce bouc représentant l'orgueil, le fait de se croire supérieur à tout même Hachem (az él - Je suis fort et puissant!) ;

midbar -> le serpent (na'hach) = le désert qui symbolise les tentations de fauter du serpent, qu'on envoie à la mort, puisque seul la volonté de D. nous intéresse!
On fait croire à notre yétser ara qu'on lui donne au moins aussi bien (voir mieux : un beau rocher élevé!) qu'à notre yétser atov, mais en réalité ce pot-de-vin l'est uniquement pour l'envoyer à la mort, et ce afin qu'il nous laisse tranquille! ]

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-> Le Méam Loez (v.16,21-22) enseigne :
Hachem a distribué le monde à 70 anges, nommés chacun responsable d'une nation.
Le procureur général, responsable d'eux tous est : Samaël.
Le jour du jugement est Roch Hachana. Ce jour-là, des décrets sont scellés contre toutes les nations : la vie ou la mort de chacun est décidée.
Par contre, le jugement des juifs est différé à Yom Kippour.

L'ami du roi est Israël. Lorsque les juifs ont fauté toute l'année, Hachem leur inflige des malheurs, des maladies et autres tourments, et compte cela comme une "amende" réparant leurs fautes.
Au jour du jugement, Hachem élabore un plan pour empêcher le procureur de dénoncer les juifs. Il envoie à chacun de Ses anges responsables une prime mais ne donne pas au Satan sa part ce jour-là. Il attend Yom Kippour.

Quand arrive Yom Kippour, Hachem remet sa part à Samaël sous la forme d'un bouc envoyé à Azazel. Les juifs l'expédient dans le désert, un lieu de démons (chédim) où règne Samaël.
En conséquence, à Yom Kippour, Samaël ne peut dénoncer les juifs et doit se comporter comme s'il était leur ami.

Samaël prend donc la défense des juifs :
"Maître du monde! Tu possèdes une nation qui ressemble aux anges!
Comme les anges marchent pieds nus, ils sont pieds nus eux aussi aujourd'hui [Yom Kippour]. [interdiction de porter des chaussures en cuir]
Comme les anges ne mangent ni ne boivent, ils ne mangent et ne boivent pas aujourd'hui.
Comme les anges sont debout et non assis, Israël est debout aujourd'hui toute la journée.
De même que la paix règne parmi les anges, la paix règne parmi les juifs. Il n'y a chez eux ni querelle ni dispute.
Comme les anges sont purs de tout péché, Israël est pur de tout péché."

Lorsque Hachem entend le procureur louer Israël, Il approuve ses paroles et pardonne les fautes des juifs.
Le verset suivant y fait allusion : "Ce jour-là, Essav retourna vers Séïr" (Béréchit 33,16).
Essav désigne l'ange Samaël et Séïr (bouc en hébreu) représente le bouc envoyé à Azazel.
Lorsque Essav (Samaël) voit le bouc envoyé dans le désert, il l'y rejoint et ne dénonce plus Israël.
[...]

Le bouc désigné pour Hachem est égorgé et son sang est aspergé dans le Saint des saints.
De même, la place des descendants de Yaakov leur est réservée dans le sanctuaire du monde futur. Ils y goûteront l'éclat de la Présence Divine.

Le bouc pour Azazel fait allusion à Essav. Comme ce bouc est envoyé dans le désert et projeté d'une montagne pour être démembré, Essav sera effacé du monde.
Il tombera de sa grandeur, comme il est écrit : "Il ne restera rien de la maison d'Essav, car D. a parlé" (Ovadia 1,18).
Essav ne bénéficiera d'aucune place au monde futur.

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-> "Aharon tirera au sort pour les deux boucs, un lot sera pour Hachem et un lot pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

=> Pourquoi l'expiation de Kippour devait-elle se réaliser par des offrandes que l'on aura tiré au sort?

En fait, les gens pensent souvent que quand on effectue un tirage au sort, le résultat est le fruit du hasard. Le sort est un moyen de déterminer qui aura quoi de façon fortuite.
La Torah veut nous enseigner, par le fait qu'elle demande de tirer au sort les boucs, que même ce qui peut nous paraître hasardeux, comme le tirage au sort, est uniquement l'expression de la Providence Divine.
Par cela, on se pénétrera de la conscience et de la foi capitale pour un juif, que le hasard n'existe pas, mais que tout vient d'Hachem et émane de Sa Volonté.
Or, toutes les fautes proviennent d'une foi imparfaite. Ainsi, c'est en renforçant notre foi et notre conscience que tout vient d'Hachem, que l'origine de toutes les fautes sera éliminée. L'expiation des fautes pourra alors intervenir.

[rabbi Nathan de Breslev - Likouté Halakhot]

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-> Rav Saadia Gaon explique la raison pour laquelle D. ordonne de tirer au sort lequel des 2 boucs sera choisi pour Hachem et lequel sera envoyé dans le désert :
Hachem désire par cela nous enseigner un grand principe d’émouna dans tous les évènements de l’existence : tout provient du Ciel, et même le choix du bouc qui est destiné à être envoyé à Azazel, cela aussi c’est Hachem qui l’a décrété, et cela aussi est dans les mains de la Providence qui régit le destin de Ses créatures dans les moindres détails.
C’est pour cela que le ‘choix’ du bouc pour Azazel est effectué par un tirage au sort, afin qu’aucune intervention humaine n’y soit mêlée et qu’il soit clairement établi que sa désignation est le fait d’un décret Divin supérieur.
Partant de là, l’homme en tirera une leçon pour toute son existence.

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+ Un leçon d'éducation aux parents :

-> Rabbi Moché Mordé'haï Epstein enseigne :
"Quand tous les juifs venaient au Temple à Yom Kippour pour accepter le joug du Royaume des Cieux pour eux et leurs enfants, on leur enseignait en cette occasion un chapitre de l’éducation des enfants d’Israël.
Deux boucs se tenaient l’un à côté de l’autre dans la Tente d’Assignation, tout à fait semblables par leur prix, leur aspect, leur couleur et leur taille. Mais l’un est le lot de Hachem, c’est pourquoi on le fait entrer dans le Saint des Saints, l’endroit le plus sacré, alors que l’autre est le lot d’Azazel, on l’emmène dans un pays désolé et désertique, pour qu’il se rompe les os.
Deux amis qui se ressemblent, et qui ont un destin tellement différent!

Cela nous enseigne que si seulement nous faisons de l’enfant un lot pour Hachem, que nous l’installons pour étudier la Torah dans le Saint des Saints du Beit HaMidrach, alors il sera saint pour Hachem.
Mais si ce n’est pas cela son destin, alors il deviendra un lot pour Azazel. Tout dépend du début de l’éducation.
Et bien qu’il soit possible que l’inclinaison ou la déviation soient très légères, on en voit les résultats dans tout le déroulement de la vie, qui séparera les deux amis semblables."

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-> Il est écrit dans notre paracha (A'haré Mot) à propos du service de Yom Kippour : "De la part de la Communauté des Bné Israël, II (Aharon) prendra 2 boucs pour l’expiation ... Et II prendra les 2 boucs et les présentera devant Hachem, à l’entrée de la Tente d’assignation. Aaron tirera au sort pour les deux boucs : un sera pour Hachem, et un pour Azazel. Aharon devra offrir le bouc que le sort aura désigné pour Hachem, et le traiter comme expiatoire ; et le bouc que le sort aura désigné pour Azazel (le bouc émissaire) devra être placé, vivant, devant Hachem, pour servir à l’expiation, pour être envoyé à Azazel dans le désert (précipité du sommet d’une montagne abrupte – Rachi)" (A'haré Mot 16,5-10).

=> Il ressort de ce texte que les 2 boucs avaient comme finalité commune l’expiation des fautes du peuple juif. Toutefois, un immense abîme séparait ces deux boucs : le premier, que le sort désignait pour Hachem, était offert par le Cohen Gadol sur l’Autel, son sang aspergé dans le Saint des Saints (voir A'haré Mot 16,15). A contrario, le second, que le sort désignait pour Azazel, n’était pas offert dans le Temple, mais envoyé, via un émissaire, pour être précipité du sommet de la montagne (voir A'haré Mot 16,21).

-> Le Méchekh ‘Hokhma explique que les fautes commises vis-à-vis d’Hachem, réveillent la faute du Veau d’Or (délit permanent du peuple juif envers D.), tandis que les fautes entre l’homme et son prochain, réveillent la faute de la vente de Yossef par ses frères (délit permanent de l’homme envers son prochain).
Ainsi, explique-t-il, que D. a séparé les expiations du Peuple en 2 boucs, car le bouc pour Hachem avait pour finalité d’expier les fautes entre l’homme et son Créateur (d’où le caractère sacré de son rituel), alors que le bouc destiné à Azazel avait pour finalité d’expier les fautes commises entre l’homme et son prochain (d’où le caractère profane de son rituel).

Nous pouvons maintenant comprendre les enseignements de 2 michnayot se rapportant aux boucs d’expiation :
1°/ "Pour les fautes graves ou légères, volontaires ou inconscientes, connues et inconnues, positives et
négatives, celles punissables de retranchement et celles punissables de mort par le Beth Din, pour toutes ces fautes, le bouc émissaire (pour Azazel) apporte expiation" (michna Chevouot 1,6).
= cet enseignement laisse entendre que le bouc pour Azazel apporte l’expiation pour toutes les fautes et pas uniquement celles commises entre l’homme et son prochain, comme stipulé par le Méchekh ‘Hokhma. Ceci n’est en rien une contradiction, car, nous explique Rabbi ‘Haïm Vital ; l’orgueil, source de toutes les fautes commises envers autrui, est également la source des fautes commises envers Hachem [voir Chaaré Kédoucha 2,4].

2°/ "Les deux boucs du jour de Kippour, l’obligation de principe à leur sujet est qu’ils soient pareils par leur teinte, par leur taille, par leur valeur, et qu’ils soient achetés ensemble" (michna Yoma 1,6).
= Il ressort de cette Michna que les 2 boucs devaient être identiques, car au fond, il n’y a pas de différence entre les fautes commises envers Hachem (expiées par le bouc pour D.) et celles commises envers autrui (expiées par le bouc pour Azazel).
A ce propos, on peut remarquer [au nom du rav de Komarna - Zohar ‘Haï, Chemot], que la valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.
[b'h, d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - A'haré Mot 5782]

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-> Au moment où l’on sacrifiait le bouc destiné à Hachem, le 2e bouc était encore vivant (A'haré Mot 16,8), et il n’était ‘envoyé’ à Azazel qu’après l’achèvement de tout le service des Kétoret (les encens) dans le Saint des Saints, de l’aspersion du sang du taureau et du bouc.
Dès lors, il pouvait lui sembler que son sort était bien meilleur que celui de son compagnon qui avait été sacrifié, tandis que lui était demeuré en vie, la preuve est qu’on le faisait même sortir du Temple vivant!
Mais en réalité, que s’avérait-il finalement?
Son compagnon qu’il considérait comme si malchanceux avait mérité d’être sacrifié en l’honneur d’Hachem et son sang d’être introduit dans le Saint des Saints. Alors que lui, était envoyé à Azazel (il était alors jeté dans un précipice et tous ses membres se brisaient avant qu’il finisse par s’écraser au sol).

Cela constitue une parabole de ce qui se déroule dans le monde : tout ce qui semble mauvais à une personne ne l’est pas forcément et tout ce qui lui semble bien ne se révèle pas l’être réellement.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

"Car en ce jour, Il leur pardonnera" (A'haré Mot 16,30)

-> Selon Rabbi Yéhouda HaNassi, le jour de Yom Kippour expie les fautes de tous les hommes, autant ceux qui se repentent que ceux qui ne le font pas (guémara Yoma 85).

=> Comment comprendre que même sans repentir, il puisse y avoir une expiation?

Le jour de Kippour, Hachem enlève l'impact de la faute à tout juif, même à celui qui ne s'est pas repenti.
Certes, la faute n'est pardonnée qu’à celui qui se repent (annulation des punitions afférentes pour avoir fauté, voir transformation en mérites, s'il y a une téchouva par amour!), et celui qui ne s’est pas repenti ne sera pas expié.
Cependant, selon Rabbi Yéhouda Hanassi, on enlèvera malgré tout le poids et l’impact des fautes à tout juif.

En effet, quand quelqu’un veut se repentir, s’il a commis beaucoup de fautes, leur poids rendra difficile le repentir.
D'autant que la faute entraîne la faute.
C’est pourquoi, à Kippour, Hachem enlève le poids des fautes et brise le cercle vicieux de la faute à tout le monde pour que si au cours de l’année à venir un homme souhaite se repentir, il ne sera pas gêné par le poids des fautes de l’année passée.

Ainsi, Hachem allège chaque juif de la lourdeur des fautes pour faciliter le repentir futur. Mais en revanche, pour faire disparaître totalement la faute, seul la téchouva pourra permettre cela.

[Rabbi Ména'hem Mendel de Kotsk]

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-> La guémara (Kétoubot 103b) rapporte qu'au cours de l'enterrement de Rabbi Yéhouda haNassi, une Voix Divine a proclamé : "Tout celui qui est présent à l'enterrement de Rabbi (Yéhouda haNassi) est destiné à la vie dans le monde à venir".

=> Pourquoi est-ce que nous ne trouvons pas un événement similaire chez d'autres grands tsadikim?

Le rav Its'hak El'hanan Spektor répond par la guémara (Yoma 85b) qui contient une dispute entre Rabbi (Yéhouda haNassi) et d'autres rabbanim sur le pardon des fautes à Kippour.
Les Sages maintiennent que Yom Kippour n'est efficace que s'il y a eu un processus de téchouva de la personne, tandis que Rabbi (Yéhouda haNassi) est d'avis que la sainteté propre à ce jour suffit à amener l'expiation et le pardon des fautes (vis-à-vis de D.).

Rachi ('Houkat 20,1) enseigne : "De même que les offrandes procurent l’expiation, de même la mort des tsadikim procure-t-elle l’expiation."
[c'est à l'image de Kippour : il faut apporter l'offrande = faire téchouva, et c'est alors que la mort du tsadik peut entraîner une expiation totale.]

=> Bien que la loi juive est décidée selon la majorité des Sages, par respect pour l'opinion de Rabbi (Yéhouda haNassi), sa mort a été traité selon son opinion personnelle, et c'est pourquoi tous ceux présents ont reçu une expiation totale par leur simple présence, même s'ils n'avaient pas fait téchouva.

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-> Yom Kippour opère une réparation des fautes commises devant Hachem.
Cependant pour celles où l'on a nuit à notre prochain, Hachem n'accorde pas un pardon automatique, et il est nécessaire d'aller voir autrui pour obtenir son pardon.

[Sifra - guémara Yoma 85b]

[Nos Sages disent qu'autrui c'est du feu.
En effet, D. est tellement rempli de miséricorde qu'il est très simple d'obtenir Son pardon (même pour nos fautes oubliées, inconscientes). Cependant avec autrui, c'est tellement plus compliqué (lorsqu'un humain est blessé, il est très difficile de le faire revenir à l'état initial!).]

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+ "Car en ce jour [de Kippour], Il vous accordera l'expiation pour vous purifier, de tous vos péchés devant D. vous vous purifierez" (A'haré Mot 16,30)

-> L'expression "devant D." indique qu'un repentir intérieur sincère est nécessaire, car les pensées du cœur de l'homme ne sont révélées à personne si ce n'est à D. Lui-même.
[Kli Yakar]

-> "devant D. vous vous purifierez" = le pécheur doit se repentir ; "pour vous purifier" = cela fait référence au fait que D. nous donne une purification complète et sans douleur.
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - chaar 4]

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-> "Si un homme faute et répète ce péché, il le considère comme permis" (guémara Yoma 86b)

Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique qu'en répétant sa transgression, la perception de la gravité de son acte s'émousse et sa résistance pour ne pas le reproduire s'affaiblit.
Ainsi, un pécheur doit "purifier son cœur" afin de le ramener à un état où il considérera les actes interdits selon leur véritable gravité, comme il les considérait avant sa faute.

Rabbénou Yona (sur Pirké Avot 1,4) transmet l'idée que lorsque des paroles de remontrance entrent dans notre cœur, le yétser ara incite à les oublier et à les rejeter.
Notre travail est de les entendre, d'éveiller son âme, et de les garder à l'esprit jusqu'à ce qu'elles passe de notre cœur à notre esprit.

=> Pour qu'une téchouva soit complète, il faut pleinement intérioriser la réprimande, au point qu'elle s'assimile totalement en nous.

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-> "Car en ce jour il vous sera pardonné pour vous purifier de tous vos péchés, devant Hachem vous vous purifierez (Kédochim 16,30)

Rabbi Akiva a dit : "Heureux êtes-vous, Israël, devant Qui vous purifiez-vous, et Qui vous purifie, votre Père des Cieux, ainsi qu’il est dit : "devant Hachem vous vous purifierez"." (michna à la fin de Yoma).

Le Ohel Yaakov enseigne :
Quand un médecin soigne un malade, il fait tout ce qui est nécessaire pour le guérir, sans prêter beaucoup d’attention à la souffrance du malade.
Mais si le médecin soigne son propre enfant, il cherche des moyens de diminuer autant que possible la souffrance engendrée par les soins médicaux.
Hachem, en tant que Père d’Israël, cherche également des moyens pour que le rachat des fautes ne s’accompagne pas d’épreuves trop dures, c’est pourquoi Il nous a donné un jour saint, Yom Kippour, où toutes les fautes sont pardonnées.
=> Etant donné que "Qui vous purifie, votre Père des Cieux", alors Il nous a donné un moyen de guérison facile.

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-> "Car en ce jour il vous sera pardonné"

Rabbi Schmelke de Nikolsbourg donne l’exemple suivant :
Un fils de roi s’était révolté contre son père, et l’un des officiers le dénonçait constamment.
Un jour, le dénonciateur sortit de la ville. Immédiatement, le fils courut chez son père et se mit à pleurer en affirmant qu’il regrettait ses fautes et voulait revenir à lui.
Le père eut tout de suite pitié de lui.
De même, le jour de Kippour, le Satan n’a pas le droit d’accuser, et quiconque le désire peut venir vers le roi.

"Il réside avec eux à l'intérieur de leurs impuretés" (A'haré Mot 16,16)

-> Dans la Torah, "leurs impuretés" s'écrit : "toum'otam" (טמאתם).
Les lettres qui sont à l’intérieur de ce mot sont les lettres : "מ-א-ת", qui constituent le mot : "אמת" (émét - la vérité).

Ainsi, quand le verset dit que Hachem se trouve à l’intérieur de leurs impuretés, cela fait allusion au mot "vérité".
Quand, au sein même de leurs impuretés et de leurs fautes, les juifs prennent conscience de la vérité, en admettant leurs fautes et en reconnaissant qu’ils se sont rabaissés et éloignés de D., alors Hachem voit leur honnêteté et par la force de cette vérité, Il réside parmi eux.

[Rabbi Yaakov 'Hizkia Greenwald - le Vayaguéd Yaakov]

 

"Hachem dit à Moché : Parle à Aharon, ton frère : qu'il ne vienne pas à tout moment dans le Sanctuaire (aKodéch)" (A'haré Mot 16,2)

-> Kippour est le jour du repentir, durant lequel chaque juif regrette ses fautes et accepte de les supprimer.

Or, selon nos Sages : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir" (guémara Béra'hot 34b).

=> C'est ainsi qu'uniquement en ce jour de Kippour, il devient possible de pénétrer dans l'endroit le plus Kadoch (le Saint des Saints). En effet, cela symbolise le fait qu'en cet endroit d'une extrême sainteté le repentant peut s'y trouver, alors que le tsadik parfait ne peut pas accéder.

[Sfat Emet]

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-> Selon le midrach (sur v.16,17), lorsque le Cohen Gadol entrait dans le Saint des Saints, le roua'h aKodech résidait sur lui, et en conséquent il avait son visage illuminé comme une torche.
Le Sifté Cohen ajoute que c'était un moment spécial d'intimité entre le Maître et son serviteur.

-> Selon la guémara (Yérouchalmi Yoma 1,5), pendant le Service du Cohen Gadol à Yom Kippour, même les anges n'avaient pas le droit d'y entrer.
Le Rékanati explique que seulement le Cohen Gadol pouvait y entrer, car la bénédiction ne se trouve que dans l'intimité.

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-> "Avec ceci viendra Aharon dans le Sanctuaire" (A'haré Mot 16,3)

Le Gaon de Vilna cite le midrach (Vayikra rabba 21,7), qui enseigne que tous les Cohanim Guédolim n'auront la permission d'entrer dans le Saint des Saints (kodech kodachim) que le jour de Kippour, à l'exception de Aharon qui pouvait y entrer quand il le désirait durant toute l'année, et ce tant qu'il y réalisait le même service qu'à Yom Kippour.

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-> "Il ne viendra pas en tout temps dans le saint" (A'haré mot 16,2)

=> La Torah juxtapose la mort de Nadav et Avihou avec le thème de Kippour. Quel lien entre ces deux passages?

-> Nos Sages discutent pour savoir si le monde a été créé en Nissan ou en Tichri. Tossefot expliquent que les deux avis sont vrais. Hachem a eu le projet de la création en Tichri et la réalisation a eu lieu en Nissan.

Ainsi, de même que le 10 Tichri est un jour de pardon pour Israël, il aurait dû en être ainsi également pour le 10 Nissan. Ainsi, le 10 Nissan, tout comme le 10 Tichri, le Cohen Gadol aurait dû pénétrer dans le saint des saints pour obtenir auprès d'Hachem l'expiation des fautes. Mais après que Nadav et Avihou moururent le 1er Nissan, et nos Sages d'enseigner que la mort des Justes apporte l'expiation pour le peuple, aussi l'expiation de Nissan est obtenu par le mérite de Nadav et Avihou.
C'est leur mort qui apporte l'expiation de Nissan. Il est donc devenu inutile d'y réaliser un autre jour de Kippour. Et de ce fait, le Cohen Gadol ne peut plus entrer dans le saint des saints le 10 Nissan, comme le 10 Tichri. Car puisque cela n'est plus nécessaire, cela lui est donc devenu interdit, car il n'est pas autorisé d'entrer dans le saint des saints, sans nécessité.

Ainsi, le verset dit : "Après la mort des deux enfants d'Aharon", qui moururent en Nissan, apportant ainsi une expiation pour Israël. Aussi, le jour d'expiation prévu le 10 Nissan a donc été supprimé.
Dès lors, Hachem enjoint pour Aharon : "Il ne viendra pas à tout moment dans le saint". Tous les moments prévus pour cela étaient le 10 Tichri et le 10 Nissan. Mais à présent que les deux enfants d'Aharon moururent en Nissan, Aharon reçut l'interdiction d'entrer dans le saint des saints à tous ces moments. Seul le 10 Tichri fut conservé, et pas le 10 Nissan.
[rav Yonathan Eibschutz - Tiferet Yonathan]

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-> "Aharon [le Cohen Gadol] ... ne peut entrer à tout moment dans le Saint des saints [mais uniquement le jour de Kippour]" (A'haré Mot 16,2)

Le Kli Yakar explique : Le Cohen Gadol ne peut pas entrer "à tout moment", qui est lié à une notion de temps. Cependant, il peut y entrer un jour qui est au-dessus du temps, c'est-à-dire à Kippour.
Le Kli Yakar écrit clairement : "Tous les jours de l'année sont une partie du temps, Yom Kippour est le seul jour qui est au-dessus du temps".

De façon intéressante, la guémara (Méguila 10b) rapporte à propos du Aron (objet central du Saint des saints du Temple) : "nous avons reçu la tradition de nos ancêtres que le Aron ne prenait aucune place."
Rachi commente : "Le Aron était au milieu du Saint des saints. La distance entre le Aron et les murs était de chaque côté de 10 amot. La taille entière du Kodech haKodachim était de 20 amot par 20 amot.
Nous voyons que le Aron ne prenait aucune place".

=> La particularité de Yom Kippour est que c'est le seul jour où le Cohen Gadol (représentant tout le peuple juif) pouvait entrer dans le Kodech haKodachim, qui est une réalité en dehors de l'espace (à l'image du Aron qui ne prenait pas de place).

[ b'h, issu de : Kippour - Un jour hors de ce monde : http://todahm.com/2020/10/11/kippour-un-jour-hors-de-ce-monde ]

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-> Le Arizal (séfer haguilgoulim chap.35) : "La meilleure partie de la néchama (âme) de Caïn se trouvait à l'intérieur d'Aharon".
Aharon était la réincarnation de la partie non-entachée par le mal de l'âme de Caïn.
Il est écrit : "Hachem dit à Moché : parle à Aharon ton frère, qu'il ne vienne pas à tout moment dans le Sanctuaire" (A'haré Mot 16,2).
Pour quelle raison la Torah fait-elle usage des termes "ton frère"? Ne savons-nous pas qu'Aharon est le frère de Moché?
Le Mégalé Amoukot explique : Hachem avertit Moché par allusion de prévenir Aharon d'être vigilant lors de son service au Sanctuaire et de ne pas s'y présenter à tout instant au risque d'y contempler la Présence divine et d'être condamné à mort à son tour comme le fut Hével.

-> On peut ajouter que : "Moché était la réincarnation d'Hével" (Tikouné Zohar 69,100a).
Le Arizal explique que la réincarnation d'Hével en Moché avait pour but de réparer le dommage causé par Hével qui fut condamné à mort pour avoir contemplé la Chekhina lorsque Hachem fit descendre un feu pour accepter son sacrifice.
Ainsi, lorsque Hachem se dévoila à Moché à travers le feu du buisson ardent, il est écrit : "Moché cacha son visage car il craignait de regarder vers D." (Chémot 3,6) = Moché cacha son visage car il eut peur de contempler ce qu'il avait déjà vu autrefois, lors de sa réincarnation (guilgoul) précédente, tel un homme qui a honte de revivre la même situation inconvenante déjà vécue par le passé.

De même, Rabbénou Bé'hayé s'interroge sur le verset suivant: pourquoi est-il écrit : "Moché était berger" (Moché aya roé ét tson Yitro - Chémot 3,1). Pourquoi la Torah ne s'exprime-t-elle pas au présent au sujet de Moché : "Moché est berger"?
La Torah fait allusion au fait que Moché était déjà un berger durant sa vie antérieure, celle d'Hével, comme il est écrit : "Hével était berger" (vayéhi Hével roé tson - Béréchit 4,2).

-> Le Tsor ha'Haïm (Nasso) enseigne à ce sujet :
Ainsi, dans cette réincarnation, Aharon et Moché réussirent à entamer la réparation de l'âme de Caïn grâce à la solidarité extraordinaire dont ils firent preuve. En effet, Aharon ne fut à aucun moment jaloux de la grandeur de son frère cadet.
Au contraire, il s'en réjouit grandement, comme l'explique Rachi au sujet du verset : "Voici, il sort à ta rencontre, il te verra et se réjouira dans son cœur" (Chémot 4,14). Hachem dit à Moché : "Ne crois pas qu'il pourrait t'en vouloir si tu accèdes à la grandeur. Par ce mérite, Aharon héritera des ornements du pectoral qui seront placés sur son cœur. [guémara Shabbath 139a]
Aharon procéda à la réparation de l'attribut de rigueur qu'avait endommagé Caiïn et c'est le sens des paroles d'Hachem : "Si tu t'améliores, il te sera pardonné" (Béréchit 4,7) = en d'autres termes, si tu te renforces pour dominer ta jalousie contre Hével ton frère, tu pourras mériter de t'élever et d'accéder à la prêtrise.
Ainsi, après avoir procédé à la réparation de Cain, Aharon accéda au rang de Cohen Gadol.

Le Arizal (séfer haLikoutim - Haazinou) nous dévoile à quel point Adam Harichon fut affecté par la mort d'Hével. Il donna 70 années de sa vie au roi David qui sera sa réincarnation et qui déclarera : "Qu'il est bon, qu'il est doux pour des frères de résider ensemble!" (Téhilim 133,1) car finalement, après plusieurs réincarnations, les deux frères réussirent à accomplir leur réparation et à s'unir dans la sainteté.

-> Le Ramban (Béréchit 12,6) explique que la tribu de Lévi provient de la néchama de Caïn et en faisant l'ablution des mains aux Cohanim, qui proviennent de l'âme d'Hével, ils se mettent ainsi à leur service dans la paix et c'est grâce à cela qu'ils peuvent bénir tout Israël dans la paix.

"Vous garderez Mes lois ('houkim) et Mes ordonnances (michpatim), que l'homme pratiquera et vivra grâce à eux, Je suis Hachem" (A'haré Mot 18,5)

-> "Si vous gardez mes lois, le Satan/mauvais penchant n'aura pas d'emprise sur vous" (midrach Yalkout Chimoni - Bé'houkotaï 671).

Le 'Hatam Sofer écrit que nos prières sont généralement dépourvues de concentration (kavana), c'est pourquoi le Satan peut nous accuser auprès de Hachem.

Cependant, lorsque nous observons les michpatim comme les 'houkim (qui n'ont pas d'explication logique), c'est-à-dire de manière inconditionnelle et sans faire dépendre notre accomplissement de notre compréhension, alors Hachem également, contre toute logique, reçoit nos prières comme si elles venaient du plus profond de nos cœurs et qu'elles étaient pleines de kavanot.
Le mauvais penchant n'a alors aucune emprise sur nous.

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-> "Veille à accomplir même les mitsvot les moins importantes, qui semblent ne pas être récompensées ici-bas, comme celles qui sont importantes et qui procurent un salaire sur terre" (Pirké Avot 2,1)

Le 'Hida commente : car lorsque l'homme montre son empressement et son amour pour toutes les mitsvot, même lorsqu'elles ne lui paraissent pas essentielles, il honore par cela Hachem et en retirera une récompense dans ce monde.

[nous devons accomplir toute mitsva pour la gloire de Hachem, indépendamment de son importance à nos yeux, et par cette attitude nous en seront récompensés dans ce monde-ci!]

(D. dit à Moché) : "Parle à ton frère : qu’il n’entre pas à toute heure dans le sanctuaire … afin qu’il ne meure pas ; car Je me manifeste dans un nuage au-dessus du couvercle de l’arche" (A’haré Mot 16,12)

-> Qui pourrait se comparer à Aharon, le Cohen Gadol, désigné par Hachem en personne?

Sa stature morale était absolument inégalable.
De plus, avant d'entrer dans le Saint des saints, il s'isolait pendant 7 jours consécutifs : "un isolement de sainteté" (selon les termes de la Tossefta Para - chap.2).

Malgré tout, la Torah lui adresse ici une mise en garde extrêmement stricte : "Qu'il n'entre pas à tout heure dans le Sanctuaire!"
Pourquoi cela?

Rachi de répondre sur notre verset : "Puisque Ma majesté s’y révèle : qu’il prenne garde de ne pas s’habituer à entrer (dans le sanctuaire)"

En effet, toutes ses perceptions dans ce lieu de sainteté exceptionnelles pourraient être affaiblies ou éteintes, à cause de l'accoutumance.
=> On apprend de là que l'accoutumance est le plus grand ennemi de tout sentiment de sainteté (kédoucha) et d'élévation spirituelle, même pour un homme aussi kadoch qu'Aharon.

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-> "Et quand viendra le peuple devant Hachem, lors des solennités celui qui sera venu (au Temple) par la porte du nord, pour se prosterner, sortira par la prote du sud, et inversement. On ne repassera pas la porte par laquelle on sera venu, mais on sortira par la porte opposée" (Yé'hezkiel 46,9)

-> Le Yaabets (commentaire sur Pirké Avot 1,4) de nous enseigner :
"Hachem exige que l'on ne voie pas la même porte à 2 reprises, de crainte de finir par la considérer comme la porte de notre demeure, et à prendre les murs du Temple pour ceux de notre maison ...

La faute du Veau d'or est une conséquence de cette conduite : comme la Tente d'assignation était au milieu du campement, ils finirent par la mépriser et à réclamer d'autres dieux.
Conscient de ce problème, Moché fit installer la Tente à l'extérieur, loin du campement."

-> Rav 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar) explique que l'accoutumance est le pire ennemi du désir de sainteté et d'élévation.
Lorsque l'homme voit s'ouvrir devant lui de hautes dimensions spirituelles, que des éclairs de sainteté commencent à poindre, la routine vient éteindre ces flammes avec ses torrents de froideur, et étouffer jusqu'à la dernière étincelle.

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-> "Il est dans la nature de l'homme d'avoir du dégoût pour les choses faites régulièrement.

L'homme peut en arriver à dédaigner son maître et même la Torah (qu'il a étudiée).
C'est pourquoi, tu ne dois pas dire : 'J'ai déjà entendu cette parole de Torah de nombreuses fois!', mais (au contraire) : 'Bois leurs paroles (des sages) avec avidité' (Pirké Avot 1,4), comme si tu ne les avais jamais entendues."
[le Yaabets - Pirké Avot 1,4]

Ainsi, pour toute personne étudiant assidûment et régulièrement la Torah, il existe un danger puissant de s'en lasser et de finir par dédaigner le maître et la Torah (que D. nous en préserve), à cause de l'habitude.

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 6a) disent que même si un homme seul est assis pour étudier la Torah, alors la présence divine est avec lui.
Ainsi, ne permettons pas à l'habitude d'éteindre notre conscience d'être en présence du Roi des rois : Hachem.

Dans nos prières par exemple, notre bouche nos lèvres continuent à adresser à D. des louanges, mais l'accoutumance refroidit l'enthousiasme et la ferveur.
Elle efface du cœur toute émotion.

=> Notre principal devoir consiste à alimenter continuellement nos émotions spirituelles, et veiller à ce que jamais la flamme du cœur ne s'éteigne.

[chacun doit utiliser des techniques qui lui parlent. Par exemple, à la fin de la amida on peut faire un ajout de prière personnel différent à chaque fois : pour un autre enfant, un autre sujet, ... afin de rendre à nos yeux nouvelle et nécessaire cette prière.]

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-> Dans le désert, chaque jour, le peuple d'Israël recevait la manne, qui tombait du ciel. A force d'habitude, il a commencé à se lasser de don miraculeux, et il se plaignit même : "Et nous sommes excédés de cet aliment misérable" ('Houkat 21,5).

Cependant, arrivés en terre d'Israël après 40 ans dans le désert, la manne cessa de tomber et il est écrit à ce sujet :
"La manne cessa de tomber le lendemain parce qu'ils avaient à manger du blé du pays ; les enfants d'Israël n'eurent plus de manne et ils se nourrirent dès cette année des produits de la terre." (Yéhochoua 5,12)

Rachi de commenter :
"Donc s'ils avaient eu (encore) de la manne, ils n'auraient pas mangé de ce blé, car ils préféraient la manne."

=> Ainsi, mangeant de la manne jour après jour, ils y étaient tellement habitué qu'ils ne savaient plus l'apprécier et l'ont même dédaignée.
Ce n'est que lorsqu'elle a cessé de tomber qu'ils ont reconnu ses avantages et regretté l'absence de cette nourriture aux qualités exceptionnelles.

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-> "As-tu trouvé du miel? Manges-en à ta suffisance (modérément) de peur de t'en rassasier et tu le rejetterais.
Espace tes visites dans la maison de ton ami ; il pourrait en être rassasié (saturé) et finir par t'en vouloir ou te haïr"
[Michlé 25,16-17]

Rachi enseigne sur cette juxtaposition de versets :
"Si tu trouves du miel dont le goût est agréable à lécher, n'en consomme pas (beaucoup) de peur de t'en rassasier et d'en vomir.
De même, retiens-toi d'aller chez ton ami jour après jour, de peur qu'il ne soit rassasié (de tes visites) et ne t'en veuille".

=> Ainsi, même notre ami le plus proche peut se changer en ennemi par la faute de l'habitude, car la nature humaine se lasse de la routine au point d'en éprouver de la répugnance.

"Vous observerez Mes décrets ('houkotaï) et Mes lois (michpataï), parce que l'homme qui les pratique obtient par eux la vie" (A'haré Mot 18,5)

-> Selon le 'Hidouché haRim, la Torah nous demande de ne pas accomplir les mitsvot avec indifférence.
Nous devons, au contraire, les considérer comme une source de joie, d'enthousiasme et de vie.
Nous devons vivre par elles.

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-> "Chaque mitsva de la Torah est rattachée au Roi saint et suprême (Hachem) : certaines sont reliées à Sa tête, d'autres à Son corps, d'autres enfin à Ses mains ou à Ses pieds".
[le Zohar - Yitro 85b ]

Il est écrit : "Vous qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'huit" (Vaét'hanan 4,4)

=> En accomplissant les mitsvot, nous avons la possibilité de s'attacher, de s'unir de son vivant avec Hachem (si l'on peut dire).

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-> Selon le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm), ce verset doit se comprendre au sens premier :
"Lorsqu'un homme accomplit une mitsva, il vit à l'intérieur d'elle à proprement parler. La sainteté de la mitsva l'enveloppe, le plongeant dans l'atmosphère même du Gan Eden.
[...]
Si l'homme est attentif pendant l'accomplissement d'une mtisva, son âme sentira qu'elle s'entoure et s'enveloppe de sainteté, et qu'un nouvel esprit l'habite.

C'est en ce sens que le verset dit : "L'homme qui les pratique obtient par elles la vie" : par elles, littéralement, c'est-à-dire qu'il trouve la vie à l'intérieur même des mitsvot, car leur sainteté l'investit où il les accomplit, et parce que l'atmosphère du Gan Eden l'imprègne."

-> Dans les bénédictions, nous disons : "Qui nous a sanctifiés par Ses commandements, et nous a ordonné ..."
D'un côté, le fait de faire les mitsvot nous sanctifie, d'un autre côté, nous devons avoir en tête que nous les faisons car c'est un ordre de Hachem, la sanctification n'étant qu'une résultante.

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-> Onkelos explique "Il obtient par eux la vie" par : "dans le monde futur".

-> Le 'Hafets 'Haïm note que les 248 membres du corps humain sont en corrélation avec les 248 mitsvot positives de la Torah, entraînant que chaque mitsva accomplie fait vivre le membre qui lui correspond.

C'est la raison pour laquelle, dans notre verset, la Torah recommande d'observer tous les décrets et les lois, car ils permettent l'existence de nos "organes spirituels", dont l'existence est éternelle.

-> Selon la guémara (Kétouvot 111), même le corps pourra se maintenir pour l'éternité grâce à la lumière de la Torah.

Dans la bénédiction avant la lecture du Shéma, nous disons : "car les paroles de la Torah sont notre vie et la longueur de nos années".
Ainsi, la Torah est la nourriture spirituelle de l'âme, de même que le pain est la subsistance du corps.
Grâce à elles nous construisons notre éternité (notre vie!), et tirons vers le haut le monde entier.

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-> "Vous observerez mes lois et mes statuts, parce que l’homme qui les pratique obtient, par eux, la vie : je suis Hachem" (A'haré Mot 18,5)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
On pourrait croire que le rapport de cause à effet entre l’observance des mitsvot et l’obtention de la vie, est du au fait qu’on va être jugés sur nos actions et ensuite récompensés. Et que si on s’est effectivement bien comportés alors on recevra "la vie" en salaire. C’est une vision réductrice.
En fait, c’est l’essence même de la mitsva qui amène la vie au corps humain, c’est la raison pour laquelle il y a le même nombre de mitsvot positives que de membres dans le corps humain : 248 et qu’il y a le même nombre de mitsvot négatives que de nerfs : 365.
Quand on observe une mitsva on attire la lumière Divine (source de vie), sur le membre correspondant à cette mitsva précise et quand on s’abstient de faire une faute (avéra) on attire cette même lumière sur le nerf correspondant.
=> De là on doit prendre conscience de l’importance de chacune des 613 mitsvot, et de la même manière qu’on n’est pas prêt à se passer d’un nerf ou un membre, même le moins important, on ne doit pas être capable de délaisser un mitsva ou de faire un avéra, même si elle ne nous parait pas si essentielle que ça.

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-> De l'expression "par lesquels il vivra", nos Sages déduisent que l'objectif des mitsvot que D. nous a données est de faire vivre et non de faire mourir.
Par conséquent, par exemple, si le respect du Shabbath risque de mettre une vie en danger, l'obligation de sauver une vie a préséance sur l'observance du Shabbath.

[dans cette situation : la mitsva est de tout faire pour préserver la vie ; la avéra est de s'en abstenir pour rester fidèle au Shabbath]

Selon la guémara (Sanhédrin 74a), les exceptions à cette règle sont les 3 fautes cardinales : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre ; ainsi que tout cas où la transgression entraînerait la profanation du nom de D.

"Cela sera pour vous un décret éternel afin d'obtenir la réparation pour les enfants d 'Israël de toutes leurs fautes une fois dans l'année" (A'haré Mot 16,34)

Pour quelle raison la Torah indique-t-elle précisément au sujet du jour de Kippour qu'il arrive "une fois dans l'année"?
Toutes les autres fêtes ne sont-elles pas également célébrées une fois par an?

-> Il est écrit dans la guémara (Moèd Katan 28) :
"Rabbi Ami demanda : Pourquoi, dans la Torah, la mort de Myriam est-elle juxtaposée au passage relatif à la vache rousse?
Pour t'apprendre que de même que la vache rousse expiait les fautes, ainsi la mort des Justes (tsadikim) expie les fautes.

Rabbi El'azar demanda : Pourquoi, dans la Torah, la mort d'Aharon est-elle juxtaposée au passage relatif aux vêtements des Cohanim?
Pour t'apprendre que les vêtements des Cohanim expiaient les fautes, ainsi la mort des Justes expie les fautes."

-> Suite à cela, le rav Eliyahou Lopian (discours de Kippour en 1959) répond à la question ci-dessus :
"En réalité, Yom Kippour diffère effectivement des autres fêtes, en cela que de nombreux autres "jour de Kippour" peuvent survenir pendant l'année.
Cela se produit à chaque fois qu'un Juste (tsadik) meurt.

Nous adressons donc nos prières au Maître du monde, et Lui demandons que Yom Kippour n'arrive vraiment qu'une seule fois l'an.
Voici ce que la Torah suggère par cette précision.
[...]
Le décès de certains tsadikim offre une expiation à ses proches et aux membres de sa famille.
La mort de tsadikim plus grands efface quant à elle les fautes de tous ses concitoyens.
Mais lorsque le maître de la génération vient à décéder, il offre une expiation à tous les hommes de son époque!"

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-> "De même que Yom Kippour expie les fautes d'Israël, de même la mort des tsadikim expie [nos fautes]"
[Rabbi 'Hiya bar Ba - guémara Yérouchalmi Yoma 1,1]

-> Lorsqu'un tsadik meurt, son âme va au Ciel dans le monde des néchamot.
Les âmes des autres tsadikim se réjouissent alors qu'il les rejoigne, et cela entraîne qu'il y a un moment propice (ét ratson) également dans ce monde.

Ainsi, la mort d'un tsadik est un moment propice pour faire téchouva.
Cependant, il faut savoir que Yom Kippour et la mort des tsadikim n'expient pas automatiquement les fautes. Ce sont des moments favorables où la téchouva est plus facilement acceptée.
=> Il faut donc avoir conscience de cela, et saisir ces opportunités lorsqu'elles se présentent à nous.
[Messekh 'Hokhma]

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-> On a pu citer la guémara (Moèd Katan 28) : "Pourquoi, dans la Torah, la mort de Myriam est-elle juxtaposée au passage relatif à la vache rousse?
Pour t’apprendre que de même que la vache rousse expiait les fautes, ainsi la mort des tsadikim expie les fautes".

Le 'Hatam Sofer enseigne qu'à la mort de Myriam, le peuple juif a échoué à prendre son deuil comme il le fallait.
Ainsi, sa mort a servi de réparation (tikoun) pour le peuple juif dans sa globalité, comme la vache rousse. Cependant, puisqu'ils n'ont pas ressenti sa perte à un niveau personnel, cela n'a pas expié les fautes de chaque individu.

Par contre, au moment de la mort de Nadav et Avihou, le verset dit : "tout le peuple d'Israël a pleuré leur mort". Puisque leur perte a été ressentie à un niveau individuel, alors la mort de ces 2 tsadikim a permis d'expier les fautes à la fois individuellement, que collectivement.

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- "La mort des tsadikim est équivalente à l’incendie du Temple" (guémara Roch Hachana 18b) ;
- la mort des tsadikim est pour D. une perte plus grande que la brisure des Tables de la Loi (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1) ;
- "celui qui rend visite au tsadik, c’est comme s’il accueillait la Chékhinah" (Tan’houma Ki Tissa 27)

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-> Le Midrach dit : "La disparition des tsaddikim est plus pénible pour Hachem que les 98 malédictions énoncées dans Dévarim et que la destruction du Temple".

=> Comment comprendre une chose pareille ?

Lors de l’oraison funèbre du ‘Hafets ‘Haïm, le Rav Pessa’h Proskin, président du tribunal rabbinique et directeur de la yéchivat Kovrin, a expliqué : "Lorsque le Temple a été détruit, D. trouvait une petite consolation dans l’existence des tsadikim. En effet, tant que ceux-ci vivent, les maisons d’étude (qui sont de petits Temples) sont bien établies et les justes y sont installés et y étudient la Torah, ce qui n’est plus le cas lors de leur disparition, après laquelle il ne reste plus aucune consolation.
C’est la raison pour laquelle le départ des tsadikim est plus pénible pour D. que la destruction du Temple".

"Hachem parla à Moché après la mort des 2 fils d'Aharon" (A'haré Mot 16,1)

-> A ce sujet le midrach (Vayikra rabba 20,5) rapporte qu'après que Iyov ait appris la mort des 2 enfants de Aharon (Nadav et Avihou), il a récité : "C'est aussi ce qui jette la frayeur dans mon cœur et le fait vivement tressauter." (Iyov 37,1).

En quoi la connaissance de leur mort a conduit Iyov à avoir si peur?
Nous allons voir, b'h, une réponse du 'Hida.

La guémara (Sotah 11a et Sanhédrin 106a) explique que Pharaon avait 3 conseillers : Bilam, Yitro et Iyov.

Lorsque Iyov a appris le plan de Pharaon de noyer les bébés juifs, il n'a ni exprimé de désaccord, ni d'accord avec cette mesure. Il est simplement resté silencieux.
En réalité, Iyov était totalement persuadé que son attitude était parfaite.
De plus, même après que Iyov a commencé à avoir d'atroces souffrances dans sa vie, il ne lui ai jamais venu à l'esprit que son silence en était la cause.

La guémara (Sanhédrin 52a) relate qu'une fois Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou étaient en train de marcher derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allont diriger la génération?"

Le 'Hida enseigne : Puisque c'était Nadav qui a émis l'idée à Avihou, on aurait pu penser qu'uniquement Nadav mériterait d'être puni.
Avihou n'a rien fait, pourquoi devrait-il être tué?

La réponse est que la Torah est d'avis que si vous êtes au courant d'un mauvais projet et que vous restez silencieux à son sujet, vous êtes aussi coupable que si c'était vous qui l'avez réalisé.
C'est pour cela que Avihou a été puni sévèrement tout comme son frère.

Le 'Hida dit qu'avec cela on comprend le midrach initial.
Suite à leur mort, Iyov était plein de frayeur car pour la 1ere fois de sa vie, il était capable de comprendre pourquoi il a subi autant de souffrances durant sa vie.
A l'image de Avihou qui s'est tu et as été puni, il a été puni pour son silence.

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+ Le saviez-vous?

-> Iyov a connu d'atroces souffrances.
Selon le midrach (Yalkout Chimoni – rémez 908), si Iyov ne s’était pas plaint des malheurs qui lui sont arrivés, et s’il avait à la place pris conscience qu’ils lui étaient nécessaires et pour son bien, alors nous aurions ajoutés son nom au début de la amida : "D. d’Avraham, D. de Yits’hak, D. de Yaakov et D. de Iyov".

=> De là, on peut se rendre compte de la grandeur d’accepter tout ce qui nous arrive (volonté de D.) avec amour.