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"Ils mettront par dessus une couverture de peau de Ta'hach, et y étendront un tissu tout en bleu azur par dessus" (Bamidbar 4,6)

-> Pendant les déplacements, l'arche sainte devait être couverte d'une couverture en peau de Ta'hach (animal multicolore), et par dessus, avec un tissu en bleu azur. Cela vient nous apprendre une leçon concernant l'étude de la Torah symbolisée par l'arche sainte.
La Thora contient de nombreux sujets difficiles et complexes, qui nous paraissent cachés et loin de notre compréhension. C'est à cela que fait allusion la couverture de Ta'hach qui recouvre et cache l'arche sainte. Mais, cette couverture était elle-même recouverte d'un tissu bleu azur. En effet, nos Sages disent que le bleu azur évoque le ciel et le Trône Divin. Cette couleur représente donc la foi en Hachem. Car, même si la Torah nous semble parfois cachée et inaccessible, celui qui s'arme d'une foi pure en Hachem, Qui nous a donné la Torah, méritera d'arriver à comprendre tous ses enseignements.
Peu importe la couverture qui cache la Torah. Il doit y avoir par dessus le bleu azur, cette foi pure, grâce à laquelle tous les mystères de la Torah pourront être éclaircis.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

"Et la tribu de Gad, et le chef des enfants de Gad est Elyassaf fils de Réouel" (Bamidbar 2,14)

-> Le ‘Hida (‘Homat Anakh) rapporte les paroles du Imré Noam selon lesquelles Gad mérita que Moché soit enterré dans son territoire, du fait que, lorsque ce dernier désigna Dan comme chef des 3 bannières dont il faisait partie, Gad aurait pu rétorquer : "Je suis l’aîné de Zilpa et Dan est l’aîné de Bilha, aussi, pourquoi ne serais-je pas chef comme lui?"
[Rachi (Badmidbar 2,2) rapporte qu'il y avait un drapeau pour chaque tribu, mais également une bannière pour 3 tribus. (donc le camp avait 12 drapeaux et 4 bannières différents)]

Or, il se tut et ne protesta pas. C’est pourquoi le chef (nassi) de la tribu de Gad est ici appelé "Elyassaf fils de Réouel", bien que son vrai nom fût "fils de Déouel" (cf. Bamidbar 1,14), afin de souligner allusivement qu’il mérita d’être élevé en cela que "réa El", l’ami de D., en l’occurrence Moché, fut enterré dans son territoire.

Le 'Hida ajoute que le nom Réouel figure justement concernant les bannières, alors qu’auparavant, au sujet des sacrifices des princes, il était écrit Déouel, afin de nous enseigner que son renoncement concernant la direction des 3 drapeaux (symbolisé par le fait d'avoir une bannière), lui valut un tel mérite.

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[reformulation du dvar Torah ci-dessus]

-> Dans le passage qui traite de l'emplacement des tribus sous les drapeaux, le chef de la tribu de Gad est appelé Elyassaf fils de Réouël. Mais au début de la Paracha, quand on parle du décompte du peuple, par rapport à la tribu de Gad, la Torah appelle son chef Elyassaf fils de Déouël. Comment comprendre ce changement?

-> Le 'Hida rapporte que les quatre tribus qui étaient chefs de drapeaux, étaient majoritairement les aînées des tribus. Ainsi, Réouven était l'aîné de Léa, Dan l'aîné de Bilhaa, et Efraïm représentait la tribu de Yossef l'aîné de Ra'hel. Par contre, Gad qui était l'aîné de Zilpa n'était pas chef de drapeau. C'était Yéhouda le quatrième et non lui.
Ainsi, Gad aurait humainement pu se sentir lésé au point d'exprimer son mécontentement devant Moché. Mais, par respect pour ce dernier, le maître de tout Israël, il a gardé le silence et a supporté son sentiment désagréable sans rien dire.

Hachem a apprécié ce comportement et a souhaité l'en récompenser.
- Tout d'abord, pour avoir préservé le respect de Moché, la tribu de Gad mérita que celui-ci fut enterré dans son territoire.
- Et pour s'être contenu et ne pas avoir fait de querelles, il mérita le qualificatif de Réouël, l'ami de D., bien que son véritable nom était ''(Elyassaf fils de) Déouël''.

=> Cela montre combien grand est le mérite de celui qui sait garder le silence même quand il sent une injustice.
Si Gad avait parlé, même s'il aurait peut-être obtenu gain de cause et aurait eu dans ce monde l'honneur de voir son nom sur un drapeau. Mais, grâce à son silence et son humilité, combien plus a-t-il gagné!
Moché, le plus grand prophète de toute l'histoire a été enterré dans son territoire et il mérita le qualificatif éternel de Réouël, l'ami de D.
Qu'y a-t-il plus grand que cela ? L'homme qui sait supporter la vexation sans faire de querelle gagne toujours plus que ce qu'il aurait pu peut-être gagné en protestant pour son honneur!

"Procédez à un recensement" (Bamidbar 1,2)

-> En général, tous les avantages que Hachem offre au peuple juif sont soumis à la condition qu'ils observent les commandements de la Torah.
D. leur dit : "Je vous aime plus qu'aucun peuple et Je désire vous élever au-dessus de toutes les nations. Moi qui suis élevé au-dessus de toutes les créatures, comme il est écrit : "A toi, Hachem, est la royauté et Tu es élevé au-dessus de toutes choses", Je vous élèverai au-dessus de tous les peuples, comme il est écrit : "D. fera de vous les plus hauts parmi toutes les nations de la terre".
Cependant, il n'en sera ainsi que si vous observez les commandements de D."

["Procédez à un recensement" (chéou ét roch = qui signifie littéralement : "élevez la tête".]
La Torah fait allusion à cette promesse dans l'expression "élevez la tête" qu'elle emploie dans ce verset. Au lieu d'utiliser le mot usuel "pékod" signifiant compter (comme : pékoudé), comme elle le fait au sujet du recensement des Lévi'im, la Torah emploie l'expression : séou ét roch, littéralement : élevez la tête".

L'expression "élevez la tête" a 2 connotations, l'une positive, l'autre négative.
Elle peut signifier être élevé à une fonction importante, ou être décapité.
En effet, lorsque Yossef déclara au maître panetier : "Pharaon élèvera ta tête" (Béréchit 40,19), il voulait dire que le roi le décapiterait.

L'expression "élever la tête" signifie que les juifs peuvent devenir supérieurs aux nations. Cependant, s'ils négligent les commandements le contraire se produira et ils seront livrés aux mains de leurs ennemis pour briser leur orgueil.

[Méam Loez - Bamidbar 1,2]

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-> Le Sim’hat haTorah soulève 2 questions : pourquoi le verset n’emploie-t-il pas le verbe "compter" mais "élever" [traduction littérale de : séou - שְׂאוּ] et pour quelle raison évoque-t-on "toute la communauté", alors qu’il est ici question d’un compte individuel?

En réalité, Hachem connaît pertinemment le nombre exact de Ses enfants, mais, en les comptant, chacun d’entre eux acquiert plus de valeur à Ses yeux. Devenant ainsi membre de la légion du Roi, il s’élève et devient plus important.
Néanmoins, le particulier ne prend toute sa valeur que dans la mesure où il fait partie intrinsèque de la collectivité. C’est pourquoi le relevé des enfants d’Israël correspond au compte de "toute la communauté".

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-> Le rav Yaakov Galinsky (Véhigadéta) enseigne :
"La paracha Bamidbar commence par le décompte des juifs. Ce recensement se fait en 2 temps. Tout d'abord, il y a le compte individuel où chaque personne par tribu fut comptée (Bamidbar 1,20-43). Puis, intervient le décompte global où la Torah donne le nombre de tous ceux qui ont été dénombrés.
La 2e partie de la paracha Bamidbar consiste à placer chaque tribu sous des drapeaux autour du camp d'Israël. Là aussi tout d'abord chaque tribu, placée à une certaine position, est comptée. C'est la dimension individuelle. Puis la Torah englobe tout le peuple et
donne le nombre de toute la communauté.
=> On peut se demander pourquoi la Torah, qui est d'une précision et d'une exactitude absolue, a tenu à réaliser ces deux décomptes : l'un individuel, et l'autre collectif ?

Chaque juif a son importance de par lui-même. Il a un rôle spécifique à jouer que personne d'autre ne pourra faire à part lui. Il a son originalité et des forces uniques ...
Personne n'est parfait, comme le dit si bien le verset : "Il n'existe point d'homme sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter".
Quand un homme est observé de façon individuelle, ses défauts apparaissent. Mais, quand il est intégré dans la collectivité, alors tous ses défauts sont neutralisés. On ne les voit plus.
Si au titre personnel, l'individu a des défauts, au titre global, la collectivité d'Israël est parfaite. Comme le dit le verset :
"Tu es toute entière belle, ma compagne, et tu n'as aucun défaut".
C'est à dire que quand tu es ''toute entière'', c'est-à-dire que toute la communauté est rassemblée, alors ''tu es belle, sans aucun défaut''. Tous les défauts de l'individu se dissolvent quand il fait partie de l'ensemble.
Ainsi, les accusations qui peuvent exister quand on regarde chacun séparément n'ont plus de place dans la collectivité.

C'est pourquoi, dans la paracha Bamidbar après avoir dénombré chaque juif pour faire apparaître sa spécificité, il est nécessaire de l'inclure ensuite dans le groupe. C'est alors que les accusations disparaissent.

Après la paracha de Bé'houkotaï, qui décrit les malédictions, la Torah doit introduire Bamidbar, pour inclure chaque juif dans la totalité, de sorte que par rapport à cette collectivité, toutes les malédictions et les accusations se taisent.
On peut dire que Bamidbar permet de se protéger de Bé'houkotaï, c'est le remède à ses malédictions.
Quand Balak cherche à obtenir les malédictions de Bil'am à l'encontre d'Israël, il l'amène à un certain endroit et lui dit que là "tu le verras en partie, mais pas en entier" = c'est le moyen que Balak a trouvé pour maudire Israël. Quand on le voit en partie. Là les défauts apparaissent. Mais, si on le voit en entier, on ne peut plus maudire.
"Ton peuple est tout entier des Justes (tsadikim)" = Quand le peuple est réuni, tout entier, il n'y a alors que des Justes. Les imperfections de chacun disparaissent.

A l'image de Bamidbar pour Bé'houkotaï, la paracha de Ki Tetsé aussi rapporte de dures malédictions. Mais là aussi, la paracha qui la suit, Nitsavim, vient s'en prémunir. En effet, cette Paracha commence par les mots : "Vous êtes debout aujourd'hui vous tous". Là encore, c'est le "vous tous", c'est l'union de toute la communauté, qui a la force de se protéger des malédictions et de s'en prémunir."

-> b'h, également sur ce sujet : http://todahm.com/2021/05/23/31770

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+ Les raisons du recensement :

[Outre le fait qu'il exprimait l'amour de D. envers les juifs, le recensement avait plusieurs autres objectifs dont : ]

1°/ Faire passer chaque homme devant les saints Moché et Aharon.
Tandis qu'ils inscrivaient le nom de l'homme debout devant eux, Moché et Aharon le regardaient et lui murmuraient une bénédiction :"Puisse D. te multiplier mille fois et te bénir".
Cela éveillait l'attribut de pitié et de bonté de D. en faveur de chacun, ce qui ferait prospérer le peuple juif.

2°/ [Inscrire tous les hommes aptes aux services militaires.] De même que les souverains recensent leurs armées lorsqu'ils se préparent à la guerre pour connaître les forces dont ils disposent, Hachem ordonna le recensement des juifs avant leur départ en guerre contre Si'hon, Og et tous les autres rois cananéens pour conquérir la Terre Sainte.

Certes, les guerres menées par les juifs ne ressemblaient pas à celles livrées par les autres rois, tablant sur leur supériorité numérique et la puissance de leur armée. Toute chose que l'on peut accomplir par des moyens naturels doit être effectuée de cette façon.

3°/ Selon certaines opinions, Hachem a ordonné de compter les bnei Israël est pour que les forces impures n’aient aucune prise sur eux. Car le désert est l’endroit où règnent les démons et les esprits mauvais, c’est pourquoi Hachem les a protégés dans le désert en les comptant, puisque les forces impures n’ont aucune emprise sur toute chose comptée et mesurée.

Cette idée figure dans la guémara 'Houlin (chap.8), où la guémara parle de travailleurs qui transportaient du vin, et à chaque fois ils se reposaient dans la rue au-dessous d’une gouttière. Un jour, un démon arriva et cassa tous les fûts. Les travailleurs décidèrent d’assigner ce démon en din Torah devant Mar fils de Rav Achi.
Quand Mar fils de Rav Achi entendit leurs griefs, il décida d’excommunier le démon.
Quand le démon entendit cela, il eut peur, se présenta devant le Rav, et lui dit que les travailleurs s’étaient assis exactement sur son lit.
Le Rav lui demanda : "Et pourquoi as-tu choisi de dormir dans la rue? S’il en est ainsi tu dois payer".
Le démon promit de payer, mais de nombreux jours passèrent et il n’apparaissait pas. Quand il finit par se montrer, Mar fils de Rav Achi lui demanda : "Pourquoi as-tu tellement tardé?", et il répondit : "Sache que sur toute chose liée, mesurée et scellée, je n’ai aucun pouvoir. C’est pourquoi j’ai cherché une chose abandonnée qui ne présentait aucune de ces caractéristiques, et c’est seulement maintenant que je suis venu".

Cela signifie que sur une chose comptée et scellée, les démons n’ont pas de pouvoir, c’est pourquoi Hachem a ordonné de compter les bnei Israël.

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-> [Ce recensement permet aux juifs de dire : ] "Nous avons été recensés afin de pouvoir répondre aux nations : "Nous sommes les fils du D. vivant", et nous ne servons que Lui.
Il nous est impossible de nous assimiler parmi vous car nous sommes une entité individuellement dénombrée."
[Méam Loez - Bamidbar 1,2]

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+ "Tel fut le nombre des juifs selon leur famille paternelle, répartis dans les camps par divisions : 603 550 hommes" (Bamidbar 2,32)

-> Bien que la Torah ait donné plus haut dans la paracha, le résultat du recensement, elle le répète ici pour souligner le fait remarquable que pendant les 20 jours séparant le recensement de leur départ, le nombre des juifs n'avait pas diminué. Aucun d'eux n'était mort!

Sur une multitude de plus de 600 000 hommes, le fait qu'aucun homme ne soit mort est vraiment surprenant.
La Torah l'atteste explicitement plus (v.34) : "Ils campèrent sous leurs bannières de la façon prescrite, chaque personne marchant avec sa famille, selon sa lignée paternelle" = autrement dit, depuis leur dénombrement, chacun campa dans sa tente, pas un d'entre eux ne mourut.
[Méam Loez]

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-> "Hachem parla en ces termes à Moshé, dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation, le 1er jour du second mois de la 2e année après leur sortie du pays d’Egypte" (Bamidbar 1,1)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ce verset introduit le compte des Bné Israel, qui intervient le 1er Iyar juste un mois après l’intronisation du Michkan. Dans la paracha Ki Tissa, on nous explique qu’il faut donner un demi-shékel par personne et ensuite on multiplie le nombre de shékalim par deux pour savoir combien de Bné Israel nous avons, ceci pour ne pas laisser le ayin ara avoir emprise sur le peuple quand on le compte.
Mais dans la précision de la date du compte on peut voir une autre protection qu’Hachem a prévu pour ses enfants. En effet, le premier [Iyar], valeur numérique du Alef, du deuxième mois, valeur du Beth, de la deuxième année, encore un Beth. Cela nous donne Beth, Beth, Alef, qui sont les premières lettres de : Béréchit Bara Elokim.
C'est pour nous dire que c’est grâce au mérite de la sainte Torah que ce compte ne fera pas de mal aux Bné Israël.

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Hachem a donné la Torah à Israël. Le corps de la Torah est l'âme de la nation juive, parce que les 600 000 racines d'âmes de la nation sont enracinées dans les 600 000 lettres de la Torah.
Il en résulte que lorsque Moché à compter les juifs, il était en train d'étudier la Torah.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Métsora]

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-> "Comme Hachem ordonna à Moché, il les dénombra dans le désert de Sinaï" (Bamidbar 1,19)

=> On peut s'interroger sur la formulation de ce verset. On se serait plutôt attendu à lire la formule inverse : "Moché les dénombra dans le désert de Sinaï, comme Hachem lui ordonna".

En fait, nos Sages nous enseignent que chaque juif correspond à une lettre dans la Torah.
La sainteté de l'âme (néchama) de chaque juif est extrêmement haute, même du juif le plus simple et le plus éloigné. Sa âme relève d'une sainteté illimitée qu'il est impossible d'imaginer. Parce que la sainteté de chaque âme est liée à celle de la Torah.
La tradition révèle qu'il existe 600.000 âmes juives correspondant aux 600.000 lettres de la Torah. C'est ainsi que le nom ישראל (Israël) est composé des lettres de la phrase : יש ששים רבוא אותיות לתורה (Il y a 600.000 lettres dans la Torah). Car chaque juif correspond réellement à une lettre de la Torah.
D'où l'importance de respecter chaque juif. Et lui manquer de respect reviendrait à la gravité de mépriser la Torah elle-même!

C'est pourquoi, lorsque Hachem a demandé à Moché de dénombrer tous les juifs, cet acte fut considéré comme le comptage de toutes les lettres de la Torah. L'ordre de Hachem donné à Moché, celui de compter les 600 000 âmes, revenait à réunir la sainteté même d'un Sefer Torah tout entier.
Tel est le sens du verset : "Comme Hachem ordonna à Moché" = cela fait allusion à la sainteté de la Torah, qui contient tout ce que Hachem ordonna à Moché. La même sainteté fut atteinte lorsqu' "il les dénombra dans le désert de Sinaï".
[Kédouchat Lévi]

La responsabilité d'El'azar, fils du Cohen Aharon, [portera sur] l'huile d'éclairage, l'encens odorant, l'offrande de semoule pour le sacrifice quotidien et l'huile d'onction.
[Il sera également] responsable de tout le Michkan et de tous ses sujets et ustensiles sacrés. (Bamidbar 4,16)

-> Lors des déplacements des juifs, El'azar, fils d'Aharon avait pour charge de transport de 4 objets : l'huile d'éclairage, l'encens parfumé, l'huile d'onction et les offrandes de semoule nécessaires au sacrifice quotidien ...

Selon une interprétation, El'azar fils d'Aharon devait porter ces 4 objets sur lui.
Dans sa main droite, il tenait l'huile d'éclairage ; dans sa gauche, l'encens ; l'offrande de semoule pendait de son bras et la fiole d'huile d'onction était attachée à sa ceinture.

[Concrètement,] il lui fallait porter la réserve d'huile d'éclairage pour un an, c'est-à-dire 1 278 log, soit plus de 320 okkas (soit environ 700 litres).
La quantité d'encens qu'El'azar portait devait également suffire pur un an.
Il s'agissait donc de 365 portions pesant chacune 150 draches, soit 137 okkas (soit environ 300 litres).
Avec 13 log de l'huile d'onction, El'azar portait 460 okkas au total (soit environ 1 000 litres), sans compter l'offrande de semoule.

S'il avait porté ce poids sur son dos, ce n'aurait peut-être pas été surprenant, mais il portait ces objets en main : 320 okkas (environ 700 litres) d'huile d'éclairage dans sa main droite et 137 okkas (environ 300 litres) d'encens dans sa gauche.
En ajoutant l'offrande de semoule qu'il portait sur le bras, cela représentait une masse extrêmement lourde.

[Méam Loez - Bamidbar 4,16]

"Faites le relevé de toute la communauté des enfants d'Israël" (Bamidbar 1,2)

-> Rachi (v.1,1) : "Du fait de l’amour d’Hachem pour Israël, Il les compte à chaque moment."
[on compte (et recompte) ce qui est cher, ce qui a de la valeur à nos yeux! ]

De plus, Rachi rapporte que du fait de l'interdiction de compter des individus, chacun devait donner une pièce d'un demi-chékel, le représentant.

Le Rabbi de Loubavitch dit que dans un dénombrement, chacun compte pour un. On ne fait pas de différence entre les plus grands et les plus petits.
Par cela, on met en évidence le point le plus profond de sainteté qui réside en chacun. L’intériorité de l’âme de chaque juif est exactement le même pour tous.
Même le juif le plus éloigné de la Torah détient la même étincelle de judaïsme que le plus Saint.

Nos Sages disent que : "Même s’il a fauté, il reste un Israël".
Ce point intérieur est souvent dissimulé et ne s’exprime pas forcément. Le décompte, qui ne fait pas de différence entre les personnes et qui compte chacun comme un, sert à mettre en évidence cette valeur profonde dont chacun dispose.

=> Par ce décompte, Hachem montre Son Amour pour chaque juif, car Hachem l’affectionne, même s’il est très éloigné, parce qu’il détient cette parcelle qui ne peut en aucun cas se séparer de Lui.
[nous ne devons jamais désespérer, déprimer profondément, car nous avons toujours une valeur interne sublime et Hachem nous aimera personnellement quoiqu'on fasse!]

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-> Nous trouvons dans la guémara (Baba Metsia 21a) : "L’homme risque de vérifier ses poches à tout instant ».
Pourquoi cela?
Parce que son argent lui est cher et compte à ses yeux, c’est pourquoi sa pensée ne se détourne pas de vouloir bien garder son argent à tout instant.
De même, les bnei Israël sont chers à D., qui les "vérifie" à tout instant, et les recompte encore et encore ...

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-> Le rav Moché Feinstein (Igrot Moché) enseigne que cela est une bonne leçon d’introduction à Shavouot.
Il y a des gens qui disent : Qui suis-je et que suis-je? Même si j’étudie la Torah, je n’arriverai jamais à un véritable niveau! Et cela les mène à la négligence et à la paresse dans l’étude.

Vient alors ce décompte, montrant que tout juif est égal au plus grand du point de vue de la profondeur de son âme. Le juif le plus simple a tout autant de part dans la Torah que le plus grand et ne doit sûrement pas se décourager et baisser les bras!
Chaque juif a de l'importance et possède sa valeur intrinsèque, et il constitue une entité irremplaçable au sein de la communauté juive .
Chaque juif a une importance, il a une part dans la sainte Torah, et il peut donner de nouvelles explications [uniques] que son âme a reçue au Sinaï.

[chacun a des capacités différentes, mais tout le monde a sa part dans la Torah, et est jugé en fonction de l'investissement qu'il met pour la révéler!
Un grand qui exploite peu ses capacités, "vaut" moins qu'un tout petit qui les utilise au maximum!
Ce qui compte n'est pas l'extériorité, mais le cœur débordant d'amour dans la réalité!]

=> En comptant la collectivité, Hachem exprime à quel point individuellement chaque juif compte et est aimé de Lui! A quel point nous sommes tous indispensables pour combattre spirituellement au quotidien dans l'armée Divine, pour révéler Sa grandeur aux yeux de tous!

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-> Le livre de Bamidbar commence par le recensement du peuple juif.
Rachi commente : C’est l’amour qu’Il (Hachem) leur porte qui L’incite à les compter à tout moment.

=> Quel est l'intérêt de compter la même chose encore et encore?

Rabbi Yérou'ham Levovitz (Daat Torah) répond qu'on ne le fait pas pour connaître le total, puisqu'on le connaît déjà, mais parce qu'en comptant on se le rappelle constamment à l'esprit.
Ainsi, pour ainsi dire, le comptage permet de toujours garder dans l'esprit d'Hachem le peuple juif [et la fraîcheur et la plénitude de Son amour à leur égard!]

-> Le livre de Vayikra se termine avec la notion de la dîme des animaux ("le 10e sera consacré à Hachem" - Bé'houkotaï 27,32)

Le propriétaire faisait passer chacune de ses bêtes devant lui, et chaque dizaine était destinée à D.
Cela permettait de se rendre compte de tout ce que D. nous donne, par rapport au peu qu'Il nous demande de Lui restituer (90% c'est pour nous!).
Cela doit développer de la joie et de la reconnaissance d'être juif, d'avoir un papa Hachem qui nous aime et chouchoute tellement!
[nous avons la tendance à se focaliser sur ce que nous reversons (ex: tsédaka), en oubliant le restant!]

Après cette notion, le livre de Bamidbar commence avec le recensement des juifs, qui sont le "troupeau de Hachem".
Selon le rabbi Shimshon Raphaeël Hirsch, le fait que D. compte chaque juif, témoigne que chaque juif compte, comme un membre unique [et indispensable] de Son troupeau.

A l'approche de Shavouot, nous ne devons pas se dire : moi qui suis si loin du niveau de Moché, suis-je vraiment concerné par le don de la Torah?
La réponse est : oui. Nous avons tous une part unique dans la Torah, une contribution unique à l'Histoire juive.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°881) enseigne :
"Hachem a ordonné à Moché de faire le décompte des tribus des bnei Israël, en commençant par les chefs de tribus, puis les chefs de famille, chacun selon la maison de son père, à partir de l’âge de 20 ans et au-delà. Or la Torah nomme extrêmement longuement avec tout un luxe de détails tous les chefs de famille de chaque tribu, sans se contenter d’évoquer globalement ceux qui sont comptés dans la tribu, mais en prenant la peine de compter chacun individuellement selon son rang, sans en omettre un seul.

Cela suscite un étonnement : les mitsvot du Chabbat sont données par allusion aux travaux du Michkan ; tous les travaux qui étaient nécessaires à la construction du Michkan, il est interdit de les faire le Chabbat (Chabbat 49b), or ces travaux ne sont pas évoqués dans la Torah, mais on les apprend uniquement par allusion ; ce sont les Sages qui nous ont informés de ce qu’il est permis ou interdit de faire le Chabbat.
De même, en ce qui concerne Pessa’h, qui tient une place particulièrement importante et centrale, avec plusieurs mitsvot, la Torah rappelle extrêmement brièvement celles qui se rattachent à Pessa’h, alors que les autres halakhot, dans tous leurs détails complexes, s’étudient dans le traité Pessa’him ...

Il faut comprendre quelle est la différence entre le décompte du peuple d’Israël, qui est rapporté dans les moindres détails, et certaines mitsvot importantes qui ne sont décrites dans la Torah que très brièvement, voire par allusion. Or à cause de leur valeur de ces mitsvot la Torah aurait dû prendre la peine de longuement préciser, alors pourquoi dans le décompte des bnei Israël, qui est apparemment quelque chose de secondaire qui n’a aucune conséquence sur l’avenir, la Torah s’est-elle donné la peine d’en rapporter chaque détail?

On peut expliquer que la conduite des bnei Israël est due au fait qu’ils sont un peuple persécuté par les non-juifs. A chaque génération, nos ennemis se lèvent pour nous anéantir, et Hachem nous sauve de leurs mains. Dans cette difficile réalité de la brutalité des nations du monde envers les bnei Israël et des massacres épouvantables, l’humeur et le courage du peuple d’Israël risqueraient d’être brisés au point de tourner le dos à Hachem et à Sa Torah, parce que la réalité est tellement difficile, nous sommes comme une petite brebis au milieu de 70 loups, et le désespoir pourrait broyer le peuple élu.
C’est pourquoi Hachem a ordonné d’écrire longuement les noms du peuple d’Israël en les précisant avec une grande exactitude, tout cela pour prouver aux bnei Israël qu’ils sont Ses enfants bien-aimés et qu’Il ne détourne pas d’eux Son regard un seul instant. La réalité des persécutions ne doit pas affaiblir l’esprit du peuple ni le faire tomber dans le désespoir, mais au contraire, il doit reconnaître que cela vient de Hachem, et que pour que Son peuple reste bien vivant dans toutes les générations, Hachem a délibérément fait tomber la haine dans le monde afin que les nations cherchent à le tourmenter, ce qui lui évitera de s’assimiler.

Et lorsque les bnei Israël s’apercevront que Hachem n’a pas épargné les versets lorsqu’il s’agit de les compter et d’évoquer les noms de leurs ancêtres, cela les consolera. La longue énumération de ces noms prouve au peuple l’amour de Hachem pour lui, et il comprendra immédiatement que si les non-juifs le frappent, ce n’est pas parce que Hachem ne veille pas sur lui, mais parce que qu’Il a décidé que leur haine est indispensable pour préserver la flamme juive afin qu’elle ne s’éteigne pas.

Hachem a voulu nous montrer qu’au moment où s’est déroulé le décompte, un an et un mois après la sortie d’Egypte, le peuple d’Israël était déjà vraiment un peuple. Or si nous essayons de vérifier l’élaboration de diverses nations dans le monde entier, nous voyons immédiatement que la formation d’un peuple n’est pas quelque chose d’anodin. Il y faut de nombreuses années, parfois même des dizaines et des centaines d’années s’écoulent avant qu’un groupe de personnes s’unisse au point de devenir digne de porter le nom de "peuple".

Or chez le peuple d’Israël, nous trouvons un phénomène extraordinaire qui n’a pas son pareil dans le monde entier : un an et un mois après la sortie d’Egypte, il pouvait déjà s’appeler un peuple, et il fallait les compter.
Certes, ce décompte était évident pour le Créateur, et de Son point de vue, il n’y avait nul besoin de compter, mais Il a voulu montrer à toutes les nations du monde, qui ont demandé ce qu’il y avait d’écrit dans la Torah, que les bnei Israël représentaient un phénomène unique et extraordinaire : ils avaient mériter de s’unir et de devenir un peuple en un temps si court parce qu’ils s’étaient tenus au pied du mont Sinaï et avaient reçu la Torah.
Par ce mérite, ils étaient devenus une partie de la Torah, dont le compte est semblable à celui des bnei Israël, et ils sont devenus le peuple d'Hachem et de la Torah.

Par conséquent, c’est la raison pour laquelle la Torah prend la peine de souligner la date et l’année où s’est passé le décompte. Elle indique aussi le désert du Sinaï où se tient le mont Sinaï, afin de prouver au monde entier que le peuple d’Israël est devenu le peuple élu, dont Hachem Se glorifie (Yéchayahou 49,3).
Tout cela est arrivé en un laps de temps très court, ce qui est unique dans toute l’histoire de l’humanité, et à quoi tout cela est-il dû? Au fait qu’ils ont pris sur eux la Torah avec dévouement, sans rien demander et sans poser de questions."

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+ "Faites le relevé de toute l’assemblée des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, (bémispar chémot)" (Bamidbar 1,2)

-> Le 'Hida (Pné David) fait remarquer que celui qui éprouve de la haine à l'encontre d'une personne se garde naturellement de prononcer son nom, le désignant tout au plus par un surnom ou par des sobriquets.
Or ici, Hachem demande à Moché de recenser les juifs "d'après le nombre de noms" = ils étaient si chers à Ses yeux qu'Il a voulu les compter nommément, et a tenu à ce que cette désignation individuelle éveille et amplifie Son affection pour chacun d'eux.

-> Le Baal haTourim explique que mentionner chaque personne par son nom, cela nous rappelle un des plus grands mérites des juifs lorsqu'ils étaient esclaves en Egypte : ne pas avoir changer leur nom (comme l'enseigne le midrach Vayikra rabba 32,5).
Cela a renforcé l'affection que pouvait déjà avoir Hachem pour Son peuple, et par conséquent, Il utilise chaque occasion pour les compter et recompter, comme signe de Son amour pour les juifs.

En ce sens, le rav Yé'hezkel de Kouzmir dit que Hachem nous compte en fonction de nos meilleurs moments de notre vie, et par cela Il garde constamment un amour le plus important à notre égard.

Le Mélo haOmer explique que le fait de ne pas avoir modifier leurs noms en Egypte a préservé les juifs de l’assimilation, car leurs noms leur rappelèrent leur appartenance à une nation sainte et, subséquemment, leur interdiction de se mêler aux Egyptiens impurs.
D’où la redondance de notre verset (Bamidbar 1,2) qui peut sembler en apparence superflue.
L’expression "selon leurs familles et leurs maisons paternelles" indique qu’ils furent fidèles à leur appartenance au peuple juif, tandis que les mots "d'après le nombre de noms" nous indiquent comment, en conservant les noms traditionnels de leurs pères.

L'admour de Miskoltz a l'habitude de dire lors d'une brit mila :
"Nous bénissons le nouveau-né en lui souhaitant que, "de même (kéchem) qu’il est entré dans l’alliance d’Avraham avinou, il puisse entrer dans celle de la Torah, du mariage et des bonnes actions". A travers le mot kéchem, nous pouvons lire une allusion au nom (chem) juif reçu par le bébé lors de sa circoncision et par le mérite duquel il pourra aussi étudier la Torah, entrer sous le dais nuptial et pratiquer de la bienfaisance.
Autrement dit, ce nom juif lui sera d’un grand secours, lui rappelant, où qu’il se trouve, qu’il est juif et se doit de se conduire en tant que tel en restant fidèle à la Torah, en l’étudiant, en craignant D., en se mariant et pratiquant de bonnes actions.

-> Selon le Ramban (Bamidbar 1,45) :
"Si les enfants d'Israël reçurent l'ordre de se faire recenser par Moché et Aharon, c'est parce qu'en se présentant devant eux et en disant son nom, chacun y gagnait mérite et longévité ... car Moché et Aharon (les tsadikim de la génération) allaient prier pour lui."

Ainsi, lorsque Moché et Aharon se présentaient devant la maison de chaque juif (pour les compter), ils posaient leur regard bienveillant sur eux, et ils avaient un tel amour envers chaque juif, qu'ils ont traduit cela en priant pour le meilleur pour cet personne [dont sa descendance!].

=> Ainsi, en plus du fait que la collectivité est importante. Le décompte avait vocation d’apporter une valeur et une importance, une expression d’amour, à chaque individu.
[chaque juif quelqu'il soit a une contribution unique et indispensable à apporter à l'Histoire juive!]

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-> "Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leur maison paternelle"

Le Ben Ich 'Haï (dans son Od Yossef 'Haï) s’intéresse à la précision du langage du verset : "Faites le relevé de toute la communauté des enfants d’Israël". Le mot "toute" semble ici superflu, puisqu’il est évident que la mitsva de compter inclut tout l’ensemble d’Israël, sans exception. Le texte aurait donc dû dire : "Faites le relevé de la communauté d’Israël", en retirant le terme "toute".
Le Ben Ich 'Haï explique : comme nous le savons, il faut faire très attention à ne pas accuser les bnei Israël devant D., même les plus réchaïm d’entre eux. Certes, l’homme instruit et érudit a l’obligation de réprimander les réchaïm et de leur montrer la bêtise de leur comportement, et il peut leur parler durement afin de les mener au repentir. Mais malgré tout, devant Hachem, il ne les accusera pas, ne les critiquera pas, et parlera au contraire en leur faveur.

"Faites le relevé de toute l’assemblée des enfants d’Israël selon leurs familles, selon leurs maisons paternelles, par dénombrement des noms, tout mâle selon [le décompte de] leurs têtes" (Bamidbar 1,2)

La paracha de Bamidbar commence par le recensement dans le desert. Lorsque Hachem a demandé à Moché de faire ce comptage, Il emploie le terme : légoulguélotam (selon leurs têtes - לגלדלתם).

-> Le Rama miPano (rav Ména’hem Azaria, un des élèves de rabbi Moché Cordovéro) [dans son Assara Maamarot] enseigne que l’utilisation inhabituel de ce terme, vient nous enseigner que lorsque Moché a compté la nation juive, il a regardé chacun des juifs et il a vu par inspiration Divine combien cet individu devra revenir dans ce monde, en tant que réincarnation (guilgoul - גלגול).

Ce concept de transmigration des âmes et de réincarnation, nous apprend que la majorité des personnes dans ce monde ne vive pas pour la 1ere fois, leur âme ayant déjà vécu dans d’autres corps.
Hachem a admis qu’ils n’avaient pas encore atteint la plénitude de leur mission sur terre, et Il a alors décidé de leur donner une nouvelle opportunité de rectifier leurs erreurs et de réaliser ce qu’ils avaient manqué de faire par le passé.

-> Le rav Yissa’har Frand fait remarquer que bien que les profondeurs du concept de la réincarnation sont au-delà de notre compréhension, c’est une notion importante pour nous aider à appréhender des situations paraissant totalement incompréhensibles, comme les tragédies sur de jeunes enfants ou sur des personnes semblant très tsadik.

Nous devons avoir une vision plus large prenant en compte l’ensemble des incarnations de cette personne durant toute l’histoire du monde.
[cela nous est impossible, et nous devons avoir confiance en Hachem!]

Par exemple, la guémara (Guitin 58a) rapporte l’histoire où le fils et la fille de rav Yichmaël ben Elicha, ont été pris en captivité et ensuite vendus à 2 maîtres non-juifs différents.
Par la suite, ces 2 propriétaires se sont rencontrés et en discutant ils ont chacun fait l’éloge de la beauté exceptionnelle de leur esclave respectif.
C'est alors qu'ils ont élaboré un plan de les faire s'accoupler, de sorte que les maîtres puissent profiter de la belle progéniture qui serait engendrée par de si beaux parents.
Ils les ont mis ensemble dans dans une pièce sombre, et leur ont annoncé leur projet pour eux.

Puisqu’il n’y avait pas de lumière dans la pièce, aucun des esclaves n’a pu reconnaître l’autre. Ils se sont assis chacun dans un coin, de la chambre, et l’esclave mâle s’est dit à lui même : “Je suis Cohen, et je suis un descendant des Cohanim Guédolim. Comment puis-je me marier avec une simple esclave?”

De même, sa sœur a pensé à elle-même : “Je suis la fille d’un Cohen, une descendant de Cohanim Guédolim. Comment puis-je avoir des relations avec un esclave?”

Ils ont passé la nuit entière à pleurer jusqu'à ce que l’aube arrive, et qu’ils ont pu se reconnaître l’un l’autre. Ils se sont alors enlacés et ont continué à pleurer sur leur situation difficile, jusqu'à ce qu’ils en meurent.

=> Comment ce peut-il que les enfants du grand rav Yichmaël ont dû subir de telles souffrances, et avoir une fin si cruelle?

Le Rama miPano nous aide à y voir plus clair, en expliquant qu’ils étaient en réalité la réincarnation des enfants du roi David : Amnon et Tamar.
Amnon avait un très fort désir pour Tamar, et il a ainsi arrangé les choses pour être seule avec elle, et à ce moment il l’a forcée avec violence à avoir une relation (cf. Chmouël II 13,1-22).
Afin d’expier et de rectifier cette faute, Hachem les a renvoyés dans ce monde, les plaçant dans une situation similaire, où au lieu de céder à la tentation, cette fois-ci ils sont restés forts et ont sanctifié le Nom Divin.

=> Ainsi sans cette donnée, la situation peut nous sembler être une terrible injustice, alors qu’en réalité c’est une énorme bonté de Hachem, qui leur permet pour l’éternité d’être propre de cette faute, plutôt que de subir une honte publique éternelle.

==> De même dans notre vie nous vivons de nombreuses situations qui nous paraissent injustes, mais il faut prendre du recul en acceptant que nous sommes la réincarnation de plusieurs vies passées, et que certaines situations peuvent venir réparer pour le passé.
C’est certes désagréable sur le moment, mais pour l’éternité c’est un énorme cadeau que nous fait Hachem.

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-> "Tous les mâles, comptés par tête (goulguélotam)" (Bamidbar 1,2)

Le ‘Hida (Pnei David) commente ce verset d’après ce qui est écrit dans l’introduction du Arizal, à savoir qu’en général, les femmes ne reviennent pas en "guilgoul" (réincarnation) après leur mort.
Voici l’explication du verset : "Tous les mâles, "legouluélotam" (par tête)" = "goulguélotam" (לגלדלתם) évoque "guilgoul" (réincarnation), cela ne concerne que les mâles, à l’exception des femmes qui ne se réincarnent pas.

Rabbi Chlomo Amsallem (Bnei Chelomo) fait remarquer que cette idée se trouve également en allusion dans ce que dit la guémara (Béra'hot 17a) : "Grande est la promesse faite par Hachem aux femmes plus que celle faite aux hommes, ainsi qu’il est dit : "Femmes sereines, levez-vous, écoutez ma voix, filles assurées, prêtez l’oreille à ma parole."
Cette promesse aux femmes est qu’elles ne se réincarneront pas, elles resteront en paix dans le monde à venir. Comme le dit Daniel : "Elle se reposera et se lèvera pour son destin à la fin des jours", c’est-à-dire qu’elle se lèvera dans le monde à venir sans être passée par une réincarnation.
C’est cela la promesse aux femmes, qu’elles ne se réincarneront pas.

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-> "Par tête" (Bamidbar 1,20)

-> La Torah écrit clairement que le décompte des tribus de Réouven et Chimon, s'est effectué par tête (légoulguélotam - לגולגלותם), information qui n'a pas été précisée pour les autres tribus. Pourquoi?

En fait, ce terme "légoulguélotam" évoque aussi la notion de "guilgoul" (réincarnation). Un homme qui commet certaines fautes, sa réparation passera parfois par le biais d'une réincarnation de son âme dans une autre vie.
Or, parmi toutes les fautes qui ont été commises dans le désert, deux fautes ont concerné 2 tribus en particulier. La faute de Kora'h qui a détourné un grand nombre de personnes appartenant à la tribu de Réouven. Et lors de la faute de Chitim, la tribu de Chimon a été engagé dans l'immoralité.
C'est pourquoi, ces deux tribus se sont distinguées par des fautes singulières et ont donc dû les réparer. Le terme "légoulguélotam" qui a été dit les concernant, fait allusion à cette réparation, qui devait s'effectuer à travers le guilgoul (la réincarnation).
[Chakh al haTorah]

"Voici les descendants de Aharon et Moché, au jour où Hachem s'adressa à Moché au Mont Sinaï. Et voici les noms des fils d'Aharon ..." (Bamidbar 3,1)

-> Ce passage ne mentionne que les fils de Aharon
Rachi explique que ce verset nous apprend qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme lui donner la vie, comme l'avoir engendré (guémara Sanhédrin 19b).
Ainsi, en enseignant la Torah aux 4 fils de Aharon, Moché est devenu leur père spirituel, tout comme Aharon est leur père biologique.

-> Le Chla haKadoch ajoute que : "ce n’est pas seulement “comme si” il l’avait engendré, car son père et sa mère lui ont certes donné son corps, mais le Rav a en quelque sorte donné vie à son âme ... Heureux celui qui agit ainsi et apprend la Torah au fils d’un autre – et s’il le fait gratuitement, sa récompense est double."

-> "Tu l'enseigneras à tes enfants" (Vaét'hanan 6,7)
Rachi commente : Il se trouve que les élèves (talmidim) sont très souvent appelés des "fils".

-> Selon le Ohr ha'Haïm et le Kli Yakar, c'est au mont Sinaï que Moché est devenu leur père, quand D. courroucé par la participation d'Aharon à la faute du Veau d'or, s'apprêtait à détruire sa famille (Ekev 9,20).
Par ses prières, Moché a obtenu qu'Elazar et Itamar soient épargnés.
Rachi commente : "J’ai prié aussi pour Aharon" (Ekev 9,20) = [Moché dit: ] Ma prière a été efficace pour obtenir un demi-pardon : Deux [de ses fils] sont morts (Nadav et Avihou) et deux sont restés en vie [alors qu'il avait été décrété que tous les enfants de Aharon devaient mourir].

-> Rachi rapporte la guémara (Sanhédrin 19b) disant que l'on apprend de ce verset qu'enseigner la Torah à un enfant, c'est comme l'avoir engendré.
Les parents donne à le corps à leur enfant, et celui qui leur enseigne la Torah lui donne sa néchama (âme), puisque la Torah est la néchama du peuple juif.
Loué est celui qui apprend et enseigne aux enfants de son prochain la Torah. Celui qui le fait gratuitement reçoit une récompense qui est doublée.
[dans le : דרך חיים תוכחת מוסר - ל"ו]

-> Un élève est appelé "enfant" de son rabbi, par la sagesse qu'il reçoit de son rabbi.
Nous voyons d'ici l'énorme pouvoir de la parole [de la Torah que l'on enseigne], puisqu'elle a la faculté de créer des "enfants spirituels".
[Gaon de Vilna]

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-> "Quiconque enseigne la Torah au fils de son ami, l’Ecriture le lui compte comme s’il l’avait engendré" (guémara Sanhédrin 19b)

Rabbi David Pinto (Pa’had David) commente : Nous voyons de là que l’essentiel de l’engendrement, c’est de donner la spiritualité. Comme l’ont dit nos Sages (midrach Béréchit Raba 30,6) : "L’essentiel des engendrements des tsadikim sont les mitsvot et les bonnes actions". C’est cela le principal.
D’après cela, on comprend parfaitement cet enseignement de nos Sages (guémara Makot 22) : "Combien ils sont stupides, les gens qui se lèvent devant un séfer Torah et ne se lèvent pas en l’honneur d’un talmid ‘hakham", puisque l’essentiel de la Torah et de l’engendrement sont liés, et que tout est nécessaire pour s’élever dans la Torah. Alors évidemment il faut se lever devant un talmid ‘hakham, car c’est lui qui accomplit sa tâche par l’étude de la Torah et les bonnes actions.

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-> "Le fruit du tsadik est un arbre de vie ; et un sage acquiert des âmes" (Pri tsadik éts 'haïm, vélokéa'h néfachot 'hakham - Michlé 11,30)

Le Gaon de Vilna commente :
- "Le fruit du tsadik est un arbre de vie" = cela fait référence aux enfants, car si une personne laisse derrière elle des enfants, c'est comme si elle était toujours en vie ;

- "et un sage acquiert des âmes" = cela fait référence aux élèves (talmidim) d'une personne, qui sont un plus grand accomplissement que ses enfants, car les enfants se rapportent au néfech (la force de vie physique au sein d'une personne), tandis que les élèves se rattachent à la néchama (la force spirituelle intérieure qui va la pousser à être attirer vers Hachem et ses mitsvot).

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-> L'homme sans la Torah n'a aucun avantage par rapport à un animal.
Ce n'est que la connaissance de la Torah qui fait une distinction avec les animaux, et qui rend méritant d'être appelé un homme, car la Torah est l'objectif de la Création.
[Maharcha - guémara Sanhédrin 99b]

[Si les parents donne le titre d'être vivant, l'enseignant octroie celui d'homme.
Si les parents permettent la vie physique dans ce monde, l'enseignant permet d'obtenir la vie éternelle]

-> Nous pouvons réaliser des mitsvot uniquement de notre vivant.
Ensuite, cela n'est plus possible et nous n'avons plus la possibilité d'enseigner la Torah.
Cependant, celui qui a le mérite d'écrire de vrais livres, ne s'arrête pas de produire des "enfants" même après sa mort, puisqu'il a des élèves qui étudient la Torah de ses livres.

[le fait de soutenir l'édification/maintient d'une yéchiva, la publication de livres, ... sont d'autres moyens permettant d'avoir des mérites éternels!]

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+ Pourquoi est-ce que la Torah ne mentionne-t-elle pas également les enfants de Moché?

-> "Un homme de la maison de Lévi alla et prit une fille de Lévi" (Chémot 2,1)
Le Maharal fait remarquer que les noms des parents de Moché ne sont pas mentionnés. Pourquoi?

Moché était un [être humain] tellement spirituel que sa seule véritable connexion était avec Hachem.
Ainsi, en comparaison aux autres, c'est comme s'il n'avait aucun lien avec un être humain, même ses propres parents ou ses enfants. [Ce qui explique que ses enfants ne sont pas rapportés].
[Béer Moché]

-> Les enfants d'une personne, l'aide à se compléter.
Aharon était grand, mais ses enfants l'ont aidé à atteindre sa plénitude spirituelle (chlémout), et c'est pour cela que la Torah les mentionne pour dresser une image complète de la spiritualité de Aharon.
Cependant, Moché a atteint tout seul sa plénitude spirituelle, et il n'est ainsi pas nécessaire de mentionner ses enfants.
[Tsor haMor]

-> Les enfants de Moché ne sont pas rapportés ici, car ils n'ont pas mérité de prendre part à la sortie d'Egypte, et de traverser la mer Rouge avec le peuple juif. [les rejoignant ensuite avec Yitro et leur mère]
[Rabbénou Zé'haria]

-> Tous les juifs étaient considérés comme les enfants de Moché et de Aharon, car à la fois Moché et Aharon ont enseigné la Torah à toute la nation. En effet, Moché disait une halakha, et Aharon la répétait [au peuple].
En raison de cela, le peuple avait peur d'approcher Moché, posant directement les questions à Aharon.
[Sifté Cohen]

[puisque le lien de proximité n'était pas totalement à l'image de ses propres enfants (ex: peur d'approcher Moché), alors ses enfants ne sont pas mentionnés]

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-> "Voici les descendants de Aharon et Moché" (Bamidbar 3,1)

Rachi constate que la Torah ne mentionne juste après que les descendants de Aharon et non ceux de Moché.
Cela vient enseigner que celui qui apprend la Torah à son prochain, c’est comme s’il l’avait fait naître. Les enfants de Aharon étaient donc aussi enfants de Moché.

=> Mais pourquoi cet enseignement n’a été dit que pour les fils d’Aharon alors que Moché avait appris la Torah à tout le peuple?

En réalité, tout l’intérêt de dire qu’enseigner c’est comme enfanter, dépend du principe selon lequel le fils peut donner du mérite à son père. Ainsi, si un élève dépasse son Maître, il pourra aussi faire profiter de sa grandeur à son Maître parce qu’il est considéré comme son fils.

Or, Moché était plus grand que tout le peuple. Personne ne pouvait donc le dépasser. Le fait que tout le peuple, qui ont appris de lui, soient ses enfants n’avait donc pas d’intérêt, car ils ne pouvaient pas lui faire bénéficier d’une grandeur qu’il n’avait pas.
Cependant, Moché reconnut lui même que Nadav et Avihou, les fils de Aharon étaient plus grands que lui et Aharon. C’est donc à leurs propos qu’il est intéressant de signaler qu’ils étaient comme ses enfants, pouvant lui faire profiter de leurs grandeurs.
['Hatam Sofer]

-> Le Sifté ‘Hakhamim enseigne que Moché a reçu l'ordre de Hachem d'enseigner la Torah à toute la nation. Puisqu'il en avait un ordre explicite, il ne pouvait être considéré comme leur ayant donné la naissance en agissant ainsi.
D'un autre côté, il a choisi de lui-même d'enseigner individuellement la Torah aux enfant de Aharon, et pour cette raison ils étaient considérés comme ses enfants.

-> Le Netsiv dit que ce concept où l'on est considéré comme ayant donné naissance à celui à qui on a étudié la Torah, ne s'applique que pour la Torah Orale, qui est l'étude qui fait et créée véritablement une personne.

Moché n'a commencé à enseigner la Torah Orale à l'ensemble de la communauté juive que bien plus tard ("Moché commença à expliquer cette Torah" - Dévarim 1,5), et ceci explique pourquoi à ce moment tous les juifs n'étaient pas considérés comme ses enfants.
Cependant, puisqu'il avait déjà commencé à enseigner en privé la Torah Orale aux enfants d'Aharon, il était déjà considéré comme leur ayant donnés naissance.

-> Selon le Maharal, bien que Moché a enseigné la Torah à tous les juifs, il a sans aucun doute pris davantage de temps dans son emploi du temps surchargé pour étudier avec ses neveux, les enfants d'Aharon. Il a fait pour eux un effort supplémentaire en leur consacrant bien plus de temps et d'efforts qu'avec une personne "normale", en leur expliquant et révisant les leçons de la Torah avec eux.

Le Maharal dit qu'un parent est défini par sa volonté de fournir un effort supplémentaire. Un parent est toujours prêt à faire ce qu'il faut pour son enfant (peu importe le temps, les efforts nécessaires, ...).

Ainsi, le principe qu'enseigner la Torah à un enfant d'autrui, est considéré comme lui ayant donné naissance, ne s'applique que lorsque le rabbi/rav agit au-delà de ses simples obligations [d'enseignement, d'homme] et qu'il devient véritablement comme un parent de cet enfant.

"Les enfants d'Israël camperont, chacun sous sa bannière, selon les insignes de leur maison paternelle, à distance et autour du Ohel Moed, ils camperont" (Bamidbar 2,2)

-> Chaque bannière (de 3 tribus) possédait une couleur distincte [et, d'après le Targoum Yonathan, chaque bannière comportait les couleurs des 3 tribus qu'elle représentait]
Chaque tribu possédait également son propre drapeau, doté lui-même d'un emblème illustrant les traits dominants de son caractère.
Le drapeau de chaque tribau était de la couleur de la pierre la représentant sur le Pectoral du Cohen Gadol.
[Rachi]

-> Le midrach (Bamidbar rabba 2,10) enseigne que le campement d'Israël sur terre est la contrepartie de la Cour Céleste où le trône Divin est entouré de 4 groupes d'anges, à l'instar des 4 camps situés autour du Michkan.

-> "C'est des bannières (dégalim) du peuple juif que les nations du monde ont appris à faire des bannières/drapeaux colorés"
[midrach Bamidbar rabba 2,7 ]

-> Au-delà de l'unité, les bannières étaient le signe d'un amour de Hachem pour son peuple : http://todahm.com/2016/06/30/4611

-> "Les bannières ont cessé quand le peuple s'est dispersé à travers tout le pays pour le conquérir et ne campait plus autour du michkan. Par conséquent, la sainteté du camp d'Israël a cessé d'exister."
[Rachi - guémara Zéva'him 112b]

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-> "Le juste fleurira comme le palmier" (Téhilim 92,13)

"[Le palmier représente le peuple juif car] il ne contient pas de déchets : ses dattes sont mangées, ses feuilles sont utilisées comme loulavim à Souccot, ses branches séchées servent de sekha'h (toit) sur la Soucca, ses fibres sont torsadées pour faire des cordes, ses brindilles sont tressées en paniers et ses longues planches sont rabotées pour en faire des pièces de bois de soutient de la toiture.

De même, Israël ne contient pas de déchets : certains excellent dans la Torah, d'autres dans la michna, d'autre dans la Aggada, d'autres dans l'observance des mitsvot, d'autres dans les bonnes actions."
[midrach bamidbar rabba]

=> Les bannières mettaient en avant les qualités de chacune des tribus.

D'un côté, il faut suivre l'ordre de campement imposé par Hachem, mais d'un autre côté, chacun se doit d'utiliser au mieux ses particularités dans lesquelles il excelle.
Lorsque chacun est à sa place pour accomplir son rôle, n'empiétant pas sur celle d'un autre, ni ne le jalousant, alors la partition est sublime!

Tout comme chaque juif a une mission unique à remplir, chaque tribu a une tâche particulière à assumer.
L'unité du peuple juif et l'intégralité de ce que Hachem attend de nous ne peuvent être atteintes que si chaque individu remplit sa mission personnelle, sans usurper l'espace ou la tâche d'un autre (ex: par orgueil), car la mission de l'un ne correspond pas au caractère et au potentiel de l'autre.
Les bannières aident, par la visualisation, à se rendre compte de cela.

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-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Émet léYaakov - Bamidbar 1,1) nous aide à comprendre la signification du Michkan.
Au début de la paracha de Bamidbar, la Torah montre le système d’identification de chaque tribu lors de leurs périples dans le désert. Chacune avait son propre drapeau, représentant son rôle et son caractère. Par exemple, un lion figurait sur le drapeau de Yéhouda, indiquant son statut de roi, le lion étant le roi des animaux.
Rav Kamenetsky souligne que ce système, pourtant simple, ne fut mis en place que lors de la 2e année après la sortie d’Égypte ; pourquoi fallut-il attendre un an entier pour l’instaurer?

Il répond que le Michkan aussi fut établi uniquement dans la 2e année qui suivit la sortie d’Égypte et il était impératif qu’il soit construit avant la mise en place du système des drapeaux. Pourquoi cela?
Le rav Kamenetsky explique que les divers drapeaux mettaient en relief de grandes différences entre chaque tribu. Les diverses couleurs et symboles connotent le mode de vie et les forces particulières à chacune. Par conséquent, le risque que les drapeaux entrainent séparation et divergence au sein de la nation juive était grand.
Chaque tribu avait sa propre philosophie et risquait de la canaliser vers des objectifs disparates, voire d’éventuels conflits entre elles. Pour éviter que cela se produise, il était primordial de garder un point de mire, rappelant aux tribus qu’elles ont toutes le même but : celui de la Avodat Hachem, même si les manières de l’atteindre sont différentes.
C’était l’un des objectifs principaux du Michkan : servir d’élément unificateur pour les divers éléments du peuple juif. Chacun a sa façon de voir les choses et divers rôles sont à remplir au sein de la nation, mais si tout le monde vise la même cible : celle de servir Hachem, nos différences n’ont aucune raison de se transformer en conflit ou en dissension. [au contraire elles sont des richesses, permettant au final d'encore mieux service Hachem]
Le rav Kamenetsky compare ceci au corps humain : les oreilles et les yeux ont des fonctions et des aptitudes très différentes, mais ne sont pas en compétition, parce qu’ils ont un objectif commun : ceux de permettre au corps humain de fonctionner correctement.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Deux leçons primordiales sont à tirer de cela. Tout d’abord l’importance de l’unité au sein du peuple, mais savoir aussi qu’être uni ne signifie pas avoir les mêmes rôles et les mêmes forces que l’autre. Si c’était le cas, le peuple juif n’aurait pas pu remplir les myriades de responsabilités qui lui incombent en tant que Peuple élu. Certaines personnes sont plus aptes à étudier, d’autres à aider, d’autres encore sont douées pour l’enseignement, ...
De même, il existe différentes façons de servir Hachem, comme le montrent les diverses tendances et origines ; les Lituaniens, les ’Hassidim, les Sépharades, ...
Chacune donne sa propre saveur à la nation et contribue à sa Chlémout (perfection).

La guémara (fin du traité Taanit) nous permet de mieux comprendre cette idée. Elle affirme qu’à l’avenir, Hachem formera un cercle avec les hommes pieux (tsadikim). La Chekhina (Présence divine) sera au milieu et tout le monde pointera le centre en disant : "C’est Hachem en Qui nous avons espéré".
Les commentateurs analysent cette ronde formée par les tsadikim. Dans un cercle, chaque point est équidistant du centre. Aucun n’en est plus proche ou plus éloigné. Dans le futur, toutes les vaines discordes feront partie du passé. Hachem formera un cercle et en sera le centre et tous les vertueux de ce cercle, des divers "camps", montreront le centre du doigt et verront qu’ils servaient tous le même D. et en étaient équidistants.
Chaque point a une place différente sur le cercle, mais personne n’est plus rapproché que l’autre du milieu.

["Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" (Térouma 25,8) = on peut appliquer ce même pouvoir d'unification vers un objectif ultime. Nous devons savoir accepter qu'autrui aborde différemment que nous le chemin pour y parvenir, et en ce sens accepter et apprécier toute forme de service d'Hachem (tant que cela reste dans le cadre de la loi juive).
D'ailleurs, un juif ne doit pas être un robot (reproduisant machinalement ce qu'autrui fait), mais il doit vivre personnellement son judaïsme, en y mettant les sentiments qui font vibrer son cœur pour Hachem. Et en ce sens, chaque juif a à l'intérieur de lui ("Je demeurerai parmi eux") une approche unique, un relationnel unique avec son papa Hachem.]

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-> "Chaque homme selon sa bénédiction, il les a bénis" (Vayé'hi 49,28)

Le Or ha'Haïm haKadoch explique que la façon dont Yaakov a béni chacun de ses fils montre que les bénédictions convenaient à la personnalité et aux actes de chacun car chaque personne a un trait particulier qui la distingue de ses semblables.
Pour certains, ce trait peut être la prêtrise, pour d'autres la royauté, pour d'autres la Torah, la force, la richesse, le succès, ...

En bénissant ses fils, Yaakov inspiré par l'esprit prophétique a donné à chacun la bénédiction qui lui convenait en fonction de ses dispositions positives et négatives sans changer leur destinée.

=> Tâchons d'avancer dans la vie sous la bannière du peuple juif qui nous convient le mieux (être réellement soi-même), afin d'enrichir la collectivité par notre individualité.

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-> b'h, Nous allons voir un dvar Torah du Ben Ich 'Haï (Aderet Eliyahou - Balak 23,10).

Lorsque le peuple d'Israël était divisé selon des bannières, il y avait 4 groupes différents.
Le mot : ישראל a une guématria de 541. Si on le divise par 4, on obtient : 135, ainsi que 1 (représentant le fait que c'est le seul peuple véritablement uni).

Lorsque ces 4 groupes (valeur de 135) se tournent vers l'Unique, il invite le 1, et arrivent à 136, qui est la guématria de : kol (קול).
C'est une allusion au fait que la force d'Israël se tient dans sa "voix" lorsqu'il étudie la Torah (akol kol Yaakov - יעקב קול הקול - Béréchit 27,22).

Il y a 4 groupes de : "kol", comme les 4 niveaux de la Torah : le pchat, le rémez, le drach et le sod.

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+ "Bila'am leva les yeux et vit Israël camper selon ses tribus" (Balak 24,2)

-> "Cela fait allusion aux bannières. Il leva les yeux et dit : 'Qui est capable de toucher à ce peuple? Ils reconnaissent leurs ancêtres et les membres de leur famille! ...
Les bannières étaient à la fois une mesure de grandeur et une frontière pour le peuple juif"
[midrach Bamidbar rabba 2,4]

-> Les 12 tribus étaient répartis en 4 groupes, ayant chacun sa bannière.
Ce système de bannières a été établi par Yaakov, au moment où il a demandé à être enterré en Israël.
Il a alors enseigné à ses enfants l’emplacement de chacun au moment où l’on portera son cercueil.

Lorsque Yaakov a donné ses bénédictions à Ménaché et Ephraïm, il est dit : "II plaça Ephraïm avant Ménaché." (Béréchit 48,20).
Rachi commente : afin de placer Ephraïm avant Ménaché dans la formation des bannières.
C'est ainsi, que l’on trouve dans notre paracha : "La bannière du camp d’Ephraïm, avec ses légions, occupera le couchant … Près de lui, la tribu de Ménaché." (Bamidbar 2,18-20)

-> "[Au moment d'établir les bannières, Hachem dit à Moché :] Je ne dis rien de nouveau : leur place dans le camp leur a été attribuée par leur père Yaakov. Ils disposeront leur camp autour du michkan de la même façon que leurs pères se sont placés autour du cercueil de Yaakov pour l'emporter d'Egypte en terre d'Israël".
[midrach Bamidbar rabba 2,8]

=> La vision des bannières rappelait à chaque juif ses racines et sa généalogie, et cela transmet de la grandeur.
(à la vue de notre bannière, on vient à penser : étant un descendant direct des Patriarches, comment puis-je me comporter ainsi! ; ayant une telle ascendance, c'est sûr que je peux faire de grandes choses dans ma vie!).

Les bannières rappellent que nos désirs égoïstes passent au second plan, et que nos désirs doivent être en accord avec l'objectif commun : témoigner de l'honneur à Hachem.

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-> b'h : Un dvar Torah sur ce sujet : http://todahm.com/2013/10/27/panneau-dinterdiction-de-maudire

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-> "Rangés chacun sous une bannière distincte, d’après leurs tribus paternelles, ainsi camperont les enfants d’Israël ; c’est en face et autour de la Tente d’assignation (Ohel Moéd) qu’ils seront campés" (Bamidbar 2,2)

Le Ben Ich ‘Haï lit dans ce verset l'allusion suivante : Hachem promet à ceux qui s’impliquent dans la mitsva de tsédaka et veillent à apporter la subsistance à leurs frères pauvres et affamés qu’en retour, Il aura pitié d’eux et les rapprochera de Lui plus que tous.

Cet enseignement s’appuie sur celui de nos Sages (guémara Shabbat 104a) au sujet de la valeur symbolique des lettres Guimel et Dalet, faisant respectivement allusion aux mots gmoul (récompense) et dalim (pauvres).
Tel est donc le sens de notre verset : le terme minégued (en face - מִנֶּגֶד) peut être décomposé en min (de) et Guimel-Dalet, signifiant alors : "de cette sublime mitsva de gmoul dalim", de se soucier du gagne-pain des démunis, on aura l’insigne mérite de camper "autour de la Tente d’assignation", à savoir de jouir continuellement de la grâce et de la Miséricorde Divines.

"Tous les recensements des Lévi’im … chaque mâle âgé d’un mois et au-delà, furent de 22 000" (Bamidbar 3,30)

=> Pourquoi est-ce que la plus sainte tribu des Lévi'im est également la moins nombreuse?

-> Il est écrit : “à mesure qu’ils l’accablaient ainsi il se multipliait” (Chémot 1,12)
Rachi : Plus ils tourmentaient les juifs, plus ceux-ci se multipliaient.
Ainsi, le Ramban explique que puisque la tribu de Lévi était exempte de l’esclavage en Egypte, ils n’ont pas mérité la bénédiction de donner naissance à 6 enfants en même temps.
[n'étant pas persécutés, ils ne se sont pas multipliés de façon surnaturelle.]

-> Dans le texte, le Ramban (Bamidbar 3,14) écrit :
"Le nombre des Lévites est de loin inférieur à celui des autres tribus. Cela est très étonnant! Comment les plus fidèles serviteurs d'Hachem qui furent davantage bénis par Lui ne seraient-ils pas comme toutes les autres tribus?
La question prend encore plus de vigueur en sachant que si toutes les tribus furent recensées à partir de l'âge de 20 ans, les Lévites, eux, le furent à partir d’un mois. Et malgré tout, le compte des autres tribus est de loin supérieur à celui des Lévi'im.
Il me semble donc que cela vient confirmer ce qu'enseignent nos Sages : ‘La tribu de Lévi ne fut pas réduite à l'esclavage et soumise aux durs travaux en Egypte.’ Or, les Bné Israël eurent la vie amère à cause des Egyptiens ils voulaient de cette manière en réduire le nombre. C'est pourquoi Hachem les faisaient se multiplier pour contrecarrer ce décret, comme il est dit : ‘Plus on l'opprimait, plus il se multipliait et débordait’ (Chémot 1,12)
Cependant, les Lévi'im, eux, se multipliaient de façon ordinaire et leur nombre n'augmenta pas miraculeusement comme celui des autres tribus".

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ce commentaire du Ramban constitue un grand principe dans la Torah, qui concerne chaque individu en particulier et la communauté en général : "Plus on l'opprimait, plus il se multipliait et débordait", vient enseigner que les épreuves et les vicissitudes de l'existence sont une préparation à un bien à venir.

-> Le Ohr ha’Haim haKadoch répond que lorsque Pharaon a décrété que tous les bébés mâles juifs soient tués, Amram (le père de Moché et responsable de la tribu de Lévi) a divorcé de sa femme, et le restant des Lévi’im ont suivi son exemple.
Bien que par la suite Amram s’est remarié avec sa femme, il se peut que de nombreux autres Lévi’im n’ont pas procédé de la sorte, et cela a entraîné que leur population était nettement moins nombreuse.

-> Le Beit haLévi suggère que puisque la tribu de Lévi était soutenue par les autres juifs, par le biais de donations de dîme (maaser), Hachem a fait en sorte que leur tribu soit la moins nombreuse pour ne pas accabler le restant de la nation.

[même si Hachem pouvait désirer davantage de juifs étudiant la Torah, cela ne devait pas se faire au détriment des autres juifs qui auraient alors davantage d’efforts à déployer pour venir en aide matériellement à leurs frères Lévi’im]

-> Le Nétsiv (HaEmek Davar) est d’avis que les Lévi’im étaient déjà choisis pour servir Hachem, et ainsi ils étaient jugés avec davantage de sévérité, entraînant que leur nombre global soit réduit en raison de leurs fautes, puisqu'étant punis immédiatement par la peine de mort.
Il commente également : Il y a un principe connu selon lequel toute chose qui est belle et chère, sa croissance dure plus longtemps et il est difficile de la matérialiser. C’est pourquoi la tribu de Lévi, qui était la plus noble, a grandi moins vite, jusqu’à ce qu’on arrive en Erets Israël.

-> Le rav El’hanan Wasserman (Kovetz Maamorim) écrit que Hachem a créé le monde de telle manière que tout ce qui est plus noble est également plus rare [à trouver].
De même que les animaux dépassent en nombre les êtres humains, de même il y avait davantage de non Lévi’im que de Lévi’im.

-> Rachi (Vayétsé 29,34) explique le petit nombre d’hommes de la tribu de Lévi par le fait qu’ils portaient l’Arche sainte et qu’elle causait de nombreux décès.

-> Le rav Its'hak Abrabanel enseigne :
"Il me semble que la quantité des bnei Israël était due à la providence Divine et répondait à un grand besoin. S’ils avaient été peu nombreux, ils n’auraient pas pu conquérir le pays et le cultiver, les bêtes sauvages auraient été plus fortes qu’eux. C’est pourquoi la providence Divine a voulu les multiplier de façon miraculeuse, car c’était une merveille que pendant les 210 ans où ils ont été en Egypte ils se soient tellement multipliés, au point de pouvoir conquérir le pays et l’occuper.
Mais comme la tribu de Lévi étaient destinée à se consacrer au culte sacré, et devait se nourrir du ma’asser car elle n’aurait pas de part dans la terre, la sagesse divine ne l’a pas multipliée autant que les autres tribus, car si les lévi'im avaient été nombreux, ils n’auraient pas eu de pain à manger ni d’endroit où s’installer, c’est pourquoi ils n’ont augmenté qu’en fonction de leurs besoins, c’est-à-dire en fonction de leurs attributions et pas davantage.

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-> Compte les enfants de Lévi ... à partir de un mois tu les compteras" (Bamidbar 3,15)

=> La fonction des Lévi'im étaient de garder le Michkan. Ainsi, comment un nourrisson de un mois peut-il garder quoi que ce soit?

Cela prouve que la garde du Michkan n’était pas une garde physique, par des gens physiquement forts, mais c’était spirituel.
Ce n’était pas par la force de leurs corps que les Lévi'im ont gardé le Michkan, mais par leur sainteté et leur grand niveau spirituel. Or, les Lévi'im disposent de ces dimensions déjà dès leur naissance.
[Avné Ezel]

Ceux qui pensent qu’il est possible de garder les biens de la nation juive uniquement par la force et l’exercice du pouvoir se trompent lourdement. Seule la sainteté des surveillants et leur force spirituelle sont en mesure d’assurer une protection contre toute calamité, dans l’esprit du verset : "Si Hachem ne garde pas une ville, c’est en vain que la sentinelle veille avec soin" (Téhilim 127, 1).

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-> "Ils garderont sa garde" (Bamidbar 3,7)

=> Ce verset indique que les Léviim étaient dénombrés dès l'âge de 1 mois, contrairement au reste du peuple juif, dénombré lui, à partir de l'âge de 20 ans. Les Léviim avaient notamment pour fonction d'effectuer la garde autour du Michkan, d'en assurer la protection. Mais comment un nourrisson âgé de 1 mois pouvait-il déjà assurer une protection quelle qu'elle soit?

Parce que les Léviim disposaient d'une sainteté intrinsèque dès leur naissance. Leur sainteté qui les caractérisait, faisait d'eux les responsables pour démonter, transporter, et rassembler le Sanctuaire sur le prochain campement. Ils avaient donc la responsabilité d'assurer la protection du Michkan.
Ce qui compte le plus pour qu'Hachem fasse résider Sa Présence Protectrice en Israël, est que les juifs se renforcent dans la sainteté. La protection physique est certes nécessaire, comme démarche naturelle pour bénéficier de la Protection Divine. Mais l'essentiel émane de la protection spirituelle. Une fois celle-ci assurée, la protection physique suivra. Sans la protection spirituelle, la protection physique fera défaut.

Même si tous les moyens naturels sont mis en place dans ce but. Mais lorsqu'un homme juif se consacre à l'étude de la Torah, à la prière, aux bonnes actions, tous ses actes spirituels constituent l'essentiel de sa protection.
La protection qu'un homme peut obtenir par sa sainteté, dépasse de loin la protection physique et matérielle (même s'il est armé). Car le Véritable Protecteur d'Israël, c'est Hachem.
De même, concernant la situation en Terre Sainte, il y a certes une nécessité que des soldats assurent la sécurité matérielle. Mais l'essentiel de leur réussite ne peut être obtenue que par le mérite des personnes parmi le peuple, qui veillent à la protection spirituelle. Elles assurent cette protection par un investissement spirituel accompli dans l'étude, la prière et les Mitsvot. Sans cette partie du peuple, la sécurité matérielle du pays ne peut plus être assurée.
[Avné Ezel - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

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+ "Par tête" (Bamidbar 1,2)

=> En revanche, pour le compte des Lévi'im, il n’est pas dit qu’il soit fait [un compte] "par tête". Pourquoi cette différence?

En réalité, la guémara (Ména'hot 37a) parle de l’existence d’individus qui ont 2 têtes. C’est ce qu’on appelle des siamois.
Seulement, nos Sages disent que ces individus ne peuvent pas vivre plus que 12 mois.

Ainsi, les juifs qui furent comptés à partir de 20 ans, pouvaient être comptés par tête, car ils n’avaient pas le risque d’avoir des siamois. [ne vivant que 12 mois maximum]
Mais les Lévi'im, qui étaient comptés depuis un mois, pouvaient avoir ce risque de compter un bébé avec 2 têtes. C’est pourquoi, il n’est pas dit qu’ils soient comptés par tête, pour ne pas qu’on compte pour deux ce genre de personnes.
['Hatam Sofer]

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-> "Pour ce qui est de la tribu de Lévi, tu ne la recenseras ni n’en feras le relevé en la comptant avec les autres enfants d’Israël" (Bamidbar 1,49)

=> Pourquoi les membres de Lévi ne devaient-ils pas être comptés avec ceux des autres tribus?

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1033) enseigne :
"La Guémara (Baba Batra 121a) explique que la légion du Roi mérite d’être recensée à part.

En d’autres termes, il s’agit de la tribu d’élite, jouissant d’une affection particulière de la part d’Hachem pour ne pas avoir pris part à la faute du Veau d’or. Ils étaient les dirigeants spirituels des Hébreux, ainsi que le souligne Moché : "ils enseignent Tes lois à Yaakov et Ta doctrine à Israël" (Dévarim 33,10).

C’est ce que souligne le Rambam (Hilkhot Chemita Véyovel 13,12) : "La tribu de Lévi a été distinguée des autres pour servir Hachem et enseigner à la multitude Ses voies rectilignes et Ses lois justes, comme il est dit : “Ils enseignent Tes lois à Yaakov”. C’est la raison pour laquelle ils ont été écartés de la vie séculière, ne participent pas aux guerres comme le reste du peuple et n’ont pas de patrimoine [en Terre Sainte], ils ne disposent pas librement de leur corps ; ils représentent la légion d’Hachem, comme il est dit : “Bénis, Hachem, sa troupe” (ibid., verset 11). Mais ils peuvent se prévaloir d’un lien privilégié avec Lui, comme il est dit : “Je suis ta part et ton héritage”."

Ce sont essentiellement les membres de Lévi qui brandissaient l’étendard de la Torah, et c’est pourquoi le Créateur a choisi de leur accorder une plus grande proximité.

Il me semble par ailleurs que le nom de cette tribu en souligne l’essence, puisqu’il est de même racine que le mot livouï, indiquant la notion d’accompagnement. Et, comme le note la Torah lors de la naissance de son père fondateur, "désormais, mon époux me sera attaché ... C’est pourquoi on l’appela Lévi" (Béréchit 29,34).
En d’autres termes, cette tribu, étant la plus honorable, avait droit au privilège d’"escorter" Hachem, de même que seuls les ministres les plus importants, qui occupent les postes-clés au sein du Royaume peuvent prétendre à l’insigne honneur d’accompagner Sa Majesté lors de ses déplacements.

Cependant, le Rambam ajoute, dans le passage cité plus haut : "En fait, ce n’est pas seulement la tribu de Lévi, mais tout homme qui choisit librement de se consacrer à se tenir devant Hachem, à Le servir et Le connaître, se sanctifie au niveau suprême de sainteté". Comme s’il appartenait à la tribu de Lévi ...

Mais comment peut-on le considérer comme tel alors qu’il appartient à une autre tribu?

Du fait de son aspiration intense à porter l’étendard de la Torah et à se consacrer à Hachem ainsi qu’à Sa Torah comme les autres membres de Lévi, il devient dès lors aussi honorable, important et digne d’être enrôlé dans la légion du Roi. Il mérite d’être considéré comme un descendant de Lévi, faisant partie de l’escorte royale."

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=> Pourquoi les Lévi'im marchaient-ils pieds nus?

-> Dans le midrach, nos Sages affirment que la tribu de Lévi était la plus digne du peuple juif, parce que ses membres, qui portaient les ustensiles du tabernacle, marchaient pieds nus, contrairement à ceux des autres tribus qui avaient des souliers.

Rabbi Chmouel Benzaken (Pri Ets Hagan), l’un des Rabbanim de Fès, demande en quoi le fait de marcher pieds nus était louable, alors que, dans la guémara (Shabbat 129a), il est écrit : "Rabbi Yéhouda affirme, au nom de Rav, que l’homme doit être prêt à vendre les murs de sa maison pour s’acheter des chaussures".
Rachi explique : "Il n’existe rien de plus humiliant que de marcher pieds nus dans la rue".

Il répond qu’on ne doit certes pas se mépriser, mais, si on le fait pour l’honneur Divin, alors c’est considéré comme une vertu, conformément aux paroles du roi David devant l’arche d'Hachem : "Et volontiers, je m’humilierai davantage et me ferai petit à mes propres yeux" (Chmouel II 6,22).
Telle est peut-être la signification de l’enseignement de la michna : "Tout celui qui respecte la Torah suscitera le respect des créatures" (Pirké Avot 4,6) = même celui qui bafoue son honneur, s’il le fait pour rehausser celui de la Torah, il en retirera le respect des autres. A l’inverse, quiconque se glorifie devant Hachem ne fait que se rabaisser.

=> C’est pourquoi nos Sages louent les membres de la tribu de Lévi, prêts à se rabaisser en marchant pieds nus, afin d’honorer le tabernacle par égard pour la Présence Divine qui y résidait.

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-> "Les Lévi'im seront à Moi, Je suis Hachem" (Bamidbar 3,45)

Le Ohr ha’Haïm haKadoch écrit que le verset se termine par "Je suis Hachem" parce que "le service de Hachem reviendra aux aînés dans l’avenir", mais avec tout cela, les Lévi'im ne cesseront pas d’être saints pour Hachem.
C’est pourquoi la Torah dit en allusion "les Lévi'im seront à Moi, Je suis Hachem", c’est-à-dire : de même que Mon Nom demeure à jamais, les Lévi'im seront à Moi à jamais.

"Depuis l’âge de 20 ans et au-delà, quiconque part pour l’armée en Israël, vous les compterez" (Bamidbar 1,3)

- Selon le Ramban : avant cet âge de 20 ans, l’homme n’est pas suffisamment fort pour affronter l’ennemi.

- Selon la guémara (Baba Batra 121b) : les hommes âgés de plus de 60 ans n’étaient pas inclus dans le dénombrement.

=> Est-ce que ceux qui étaient malades au point de ne pas pouvoir partir à la guerre étaient inclus dans le compte?

-> Le Sifté ‘Hakhamim écrit que les juifs (entre 20 et 60 ans) qui étaient maladies et incapables d’aller à la guerre, étaient quand même inclus dans le compte.

-> Le Gaon de Vilna et le Nétsiv ne sont pas d’accord, et sont d’avis que la capacité de servir dans l’armée était un prérequis pour être inclus dans le recensement, et cela explique pourquoi les mots : "quiconque part pour l’armé", sont répétés constamment en rapportant les détails du recensement.

-> Le Ohr ha’Haïm haKadoch suggère que ces mots ne sont répétés que pour nous apprendre qu’à ce moment tous les hommes au-delà de 20 ans étaient forts, en parfait santé et donc aptes à servir dans l’armée juive. La question ne se posait même pas!