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"Ceux qui sont beaucoup auront un plus grand territoire et ceux qui sont peu auront un territoire plus petit" (Pin'has 26,54)

-> Rabbi David Na’hmias (dans son Ma’hané Dan) explique d’après les paroles des Sages dans le Traité Avot : "Si tu as appris beaucoup de Torah, on te donnera une grande récompense".

C’est à cela que tend le verset en disant : "ceux qui sont beaucoup" = ceux qui ont beaucoup de Torah et de mitsvot en ce monde auront un grand territoire dans le monde à venir, qui augmentera en fonction de leur effort.
"Ceux qui sont peu" = ce sont ceux qui étudient peu la Torah et n’accomplissent pas beaucoup de mitsvot. Leur récompense dans le monde à venir sera peu importante, "chacun aura un territoire en fonction de son nombre".

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-> "Ceux qui sont beaucoup auront un plus grand territoire et ceux qui sont peu auront un territoire plus petit"

=> Cet ordre de la Torah a été donné à Moché. C’est surprenant, car Moché n’a pas été présent au moment de la distribution de la terre, alors comment aurait-il pu surveiller que tout se passe comme Hachem l’avait ordonné?

Le rav de Pano explique que cet ordre, où il est dit : "Ceux qui sont beaucoup auront un plus grand territoire et ceux qui sont peu auront un territoire plus petit" n’a pas été donné à Moché, mais c’était comme une sorte de proclamation, pour dire : "Voilà à qui le pays sera distribué", selon le nombre, et le pays saura de lui-même, dirigé par le Ciel, comment se partager.
C’est le pays qui donnera le plus grand territoire au plus grand nombre et aussi le plus petit territoire au plus petit nombre.

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+ "Toutefois, la propriété héréditaire sera distribuée aux familles paternelles par tirage au sort. C'est ainsi qu'on partagera le pays. Que le groupe soit important ou non, sa propriété héréditaire sera attribué par tirage au sort" (Pin'has 26,55-56)

-> Pour éviter toute querelle ou contestation, l'emplacement du territoire de chaque tribu était déterminé par un tirage au sort et accompagné d'une révélation Divine.
Le pays fut divisé en 12 régions. On inscrivit le nom de ces territoires sur 12 billets et les noms des tribus sur 12 autre.
Le Cohen Gadol El'azar revêtit les Ourim et Toumim et déclara avant chaque tirage au sort : "Si cette tribu reçoit telle région, son patrimoine sera situé dans cette région".
Le chef du Sanhédrin introduisit chacune de ses mains dans une boîte et tira un billet de chacun.
Avant de révéler ce qui était écrit sur chacun, un grand miracle se produisit : le billet lui-même parla, paraphrasant El'azar : "Je suis le billet qui échoit à telle tribu dans telle région".

Le verset dit donc littéralement : "Sa propriété héréditaire sera attribuée selon la bouche du tirage au sort (al pi hagoral)".
Le billet lui-même déclarait quelle région obtiendrait chaque tribu.

Le pays ne fut pas partagé en 12 régions de même taille car à certains endroits, 10 coudées de terre valaient autant que 20 coudées ailleurs.
L'allocation prenait en compte la qualité des sites ; ainsi les régions au terrain plus pauvre étaient plus étendues. De cette façon, la valeur de chaque patrimoine était égale.

De plus, ce partage en 12 portions tenait compte du nombre de membres de chaque tribu, selon le verset : "Au [groupe] plus grand, tu donneras un patrimoine plus important tandis qu'à un groupe plus petit, tu accorderas un patrimoine réduit".
Par miracle, lorsque l'on tirait le billet d'une tribu, le territoire qu'elle recevait correspondait à l'importance de sa population.

Selon une autre opinion, toutes les parts de terrain étaient égales.
Le verset : "Au [groupe] plus grand, tu donneras un patrimoine plus important tandis qu'à un groupe plus petit, tu accorderas un patrimoine réduit", ne veut pas dire que la taille du terrain que recevait chaque tribu correspondait à sa population.
Cela signifie que lorsque chaque tribu eut reçu sa part, les chefs de chaque tribu répartirent le terrain entre ses membres.
En d'autres termes, une tribu importante partageait son territoire en un plus grand nombre de terrains privés tandis qu'une tribu moins nombreuse partageait le même territoire en terres plus étendues.
[Méam Loez]

"Pin'has, fils d'Eléazar, fils d'Aaron haCohen, a détourné ma colère de dessus les enfants d'Israël, en se montrant jaloux de ma cause au milieu d'eux, en sorte que je n'ai pas anéanti les enfants d'Israël, dans mon indignation." (Pin'has 25,11)

-> Rachi commente : Étant donné que les tribus se moquaient de lui : "Avez-vous vu ce fils de Pouti, celui dont le grand-père maternel, [Yithro], engraissait (pitém) des veaux pour l’idolâtrie, tuer le prince d’une tribu d’Israël !", le texte retrace ici sa généalogie depuis Aharon.

Ainsi, pour faire taire ces railleurs, la Torah le présente d'après le côté qui remontait à Aharon et non à Yitro.

=> En quoi le fait de dire qu'il descendait d'Aharon ferait taire les railleurs, car ces derniers pourraient toujours continuer à dire qu'il était aussi descendant d'un ancien idolâtre, ce qui était réellement le cas.

-> De nombreux commentateurs expliquent que le culte idolâtre imprègne l'homme de cruauté. Cela se reflète par le fait d'engraisser des veaux, qui est en soi un acte cruel. Or, Pin'has venait de commettre un meurtre. Il venait de tuer Zimri, chef de la tribu de Chim'on.

Le meurtre est bien évidemment un acte cruel. Aussi, le peuple était tenter de suggérer que si Pin'has tua Zimri, cela provenait de gênes spirituels ancrés en lui de par son ancêtre Yitro, et qui le poussaient à la cruauté, du fait de ses origines idolâtres.

Dès lors, cela rabaissait Pin'has à avoir pratiquer un meurtre poussé par des tendances meurtrières, et non pas du fait d'un zèle sacré pur et désintéressé, comme ce fut réellement le cas.

Ainsi, pour corriger cette erreur, la Torah remonte Pin'has à Aharon. En effet, ce dernier est décrit par nos Sages comme un homme de paix, qui aime ses semblables. Ce que la Torah veut ainsi suggérer, c'est que Pin'has a agi sous l'influence de ses origines du côté d'Aharon.

Dans son acte, il ne recherchait que la paix et le bien-être du peuple. La faute d'immoralité commise par Zimri a entraîné une épidémie qui avait déjà décimé 24000 personnes. En tuant Zimri, Pin'has a mis fin à l'épidémie.

=> Pin'has, en tant que descendant d'Aharon, homme de bonté, ne cherchait en réalité qu'à obtenir le bien pour le peuple, et il n'a aucunement agi par la moindre trace de cruauté lui venant de son origine idolâtre, du côté de Yitro.

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-> Le Chem Michemouël quant à lui, rapporte un enseignement de nos Sages selon lequel dans sa débauche, Zimri avait de bonnes intentions.

Même si en surface, son acte paraissait comme impur et mal, mais en profondeur, il avait de bonnes intentions et cherchait à réaliser des réparations spirituelles. Et le peuple avait bien compris cela.

Quand Pin'has le mit à mort, le peuple commença à le critiquer en disant qu'il n'a pas cerné le fond de l'intention de Zimri. Il ne s'est arrêté qu'à la superficialité de l'acte et non à sa profondeur, qui était bonne.

Ce regard superficiel lui vient de son ancêtre Yitro, ancien idolâtre, car l'idolâtrie met en avant l'aspect extérieur des choses. Et la preuve, c'est qu'ils engraissent des veaux, pour les voir extérieurement plus gras et corpulents.

Or, cela n'est que superficiel. Pin'has, héritier de cette philosophie, n'a vu dans l'acte de Zimri, que l'aspect extérieur, qui semblait mal. Mais il n'était pas capable d'en voir la profondeur qui était bonne.

Pour faire taire ces rumeurs, la Torah remonte Pin'has à Aharon.

En tant que Cohen Gadol, il était le seul (à part Moché) à pouvoir pénétrer le saint des saints, qui était le lieu le plus sacré et le plus profond du Michkan. On l'appelle d'ailleurs aussi ''l'intérieur de l'intérieur''.

Par cela, la Torah veut souligner qu'en réalité, non seulement Pin'has ne s'est pas arrêté à la superficialité de l'acte de Zimri, mais il a vu encore plus en profondeur que le reste du peuple.

Pin'has a bien vu que Zimri avait de bonnes intentions, mais, en voyant encore plus en profondeur, il ressortait que ses motivations n'étaient en fait pas si bonnes.

=> Seul Pin'has, descendant d'Aharon, qui pénètre l'intériorité la plus profonde, a pu discerner cela.

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-> Le Sfat Emet explique que par l'acte de zèle qu'il réalisa devant tout le peuple, Pin'has a réussi à imprégner tout le peuple d'un feu sacré, pour rechercher à venger l'Honneur d'Hachem.

Cela est en allusion dans le verset : "Il vengea ma vengeance en leur sein" = c'est-à-dire que son acte imprima le désir de venger l'Honneur d'Hachem en eux. Dès lors, quand tous ressentirent cet ardeur en eux, ils se dirent qu'il convenait plutôt à eux de venger l'Honneur Divin et de tuer Zimri. Chacun se sentit poussé par cet élan.

Mais ils ne savaient pas que cet ardeur leur venait de par l'acte de Pin'has. Ainsi, ils pensèrent que cette vengeance sacrée ne revenait pas d'être faite par Pin'has, qui avait des ancêtres anciennement idolâtres.

Pour répondre à cet argument, la Torah remonte Pin'has à Aharon. En tant que Cohen Gadol, Aharon était l'émissaire de tout le peuple.

=> Ainsi, la Torah veut suggérer qu'à l'instar d'Aharon qui représente le peuple, Pin'has aussi est l'envoyé du peuple. La Torah vient révéler par là que si tout le peuple ressent à présent cet ardeur pour Hachem, au point que chacun veuille venger Son Honneur en tuant Zimri, cela leur venait en fait de Pin'has. C'est lui qui les représente et qui a imprégné en chacun ce feu sacré.

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-> Selon le Kli Yakar, la Torah rapporte les ascendants de Pin'has pour nous enseigner qu'en agissant pour rétablir le kavod de Hachem, Pin'has a mis de côté toute honte et insulte que cela pourrait engendrer. Quelqu'en soit le prix sur son honneur personnel, pour lui l'essentiel était l'honneur d'Hachem.
[le père de Pin'has avait épousé une des fille de Yitro, l'ancien prête de Midian]
Ainsi, Pin'ha savait que certains diraient : "Qui es-tu pour tuer Zimri qui a pris une femme de Midian? Ton père est marié avec la fille d'un idolâtre [Yitro] et elle a servi un idole, elle aussi.
Pourquoi es-tu si concerné par ceux qui pratique l'idolâtrie alors que ton propre grand-père [Aharon] a aidé à construire le Veau d'or!"

[par son geste Pin'has a sauvé de très nombreuses vies. Ainsi, pour souligner sa valeur, Hachem l'appelle "descendant de Aharon", un homme qui a excellé dans l'amour d'autrui et la poursuite de la paix.
Plus encore, D. le récompense (v.12 : "Je lui accorde Mon alliance de paix") et fait de lui un Cohen ce qui témoigne d'une alliance de paix et non de mort (guémara Sanhédrin 82b).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°735) écrit :
On connaît l’enseignement suivant de la guémara (Sota 4b) : "Rabbi Yo’hanan a dit au nom de Rabbi Chim’on bar Yo’haï que tout orgueilleux est considéré comme un idolâtre, car il est dit ici : ‘Tout homme orgueilleux est une abomination pour D.’ et ailleurs ‘Tu n’apporteras pas d’abomination dans ta maison’", l’orgueil et
l’idolâtrie sont donc désignés sous le même nom d’abomination.

D’après la guémara, on aurait pu croire que bien qu’étant le petit-fils d’Aharon et d’Yitro, aujourd’hui converti sincère, Pin’has avait tué le prince d’une tribu d’Israël par orgueil et pour se procurer de la gloire.
On aurait pu penser que l’origine de ses actes se trouvait dans son lien avec Yitro, qui avait engraissé des veaux pour l’idolâtrie. Or l’orgueil est équivalent à l’idolâtrie et bien qu’Yitro ait été à ce moment-là un converti sincère, il avait auparavant servi des idoles, et c’est donc là que Pin’has aurait puisé le potentiel pour agir ainsi.

Mais c’est pour démentir cette opinion que le texte l’a affilié à Aharon : le verset cherche à signifier que bien au contraire, Pin’has est le petit-fils d’Aharon, qui était un homme très humble (en effet, il avait dit "et nous, que sommes-nous", Béchala'h 16,7).
De même, Pin’has était empreint de cette modestie et a vengé l’honneur de D. sans y mêler ni orgueil ni poursuite des honneurs.

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-> "Il a vengé Ma Vengeance en eux" (Pin'has 25,11)

-> Rabbi Mena'hem Mendel de Kotsk commente :
L'acte héroïque de Pin'has a été réalisé avec tant d'ardeur et de bonne volonté que l'impact de cet acte s'est transmis à toutes les personnes qui étaient présentes. Il a ancré le zèle pour l'Honneur d'Hachem dans le cœur de chacun.
Cela est en allusion dans ce verset : "Il a vengé Ma Vengeance en eux" = l'impact et les effets bénéfiques de son acte, de ne pas supporter la faute, se sont imprégnés "en eux", à l'intérieur de leur cœur.

"Que Hachem, le D. des esprits de toute chair, assigne un homme sur la communauté" (Pin'has 27,16)

-> Rachi écrit que Hachem demanda à Moché de donner l'héritage de Tsélof'had à ses filles (v.7), Moché se dit : "Le moment est venu de m'occuper de mes propres intérêts et de demander que mes fils héritent de ma dignité".
Hachem lui répondit : "C'est Yéhochoua qui mérite de recueillir la récompense de sa fidélité pour n'avoir pas quitté la tente".

=> Que pensait Moché : si ses fils n'étaient pas aptes à hériter de sa dignité, pourquoi a-t-il cru qu'ils lui succéderaient? Et si au contraire, ils en étaient aptes, pourquoi Hachem le lui a-t-Il refusé?

Le rav Yossef Tsvi Diner explique que Moché, dans sa grande modestie, croyait que le niveau qu'il avait atteint ne provenait pas de son travail personnel, mais plutôt d'un cadeau que Hachem lui avait octroyé, pour qu'il puisse diriger les Bné Israël.
C'est pourquoi il pensait que, de la même manière, ses fils hériteraient de ce don et pourraient ainsi lui succéder.

Hachem fit alors comprendre à Moché que l'on n'arrive pas à un tel niveau à l'aide de cadeaux, mais uniquement par un travail personnel.
Ses fils, qui n'avaient pas atteint un niveau spirituel suffisant, n'étaient pas aptes à lui succéder, tandis que Yéhochoua, qui n'avait pas quitté la tente et avait fourni de nombreux efforts dans l'étude de la Torah, méritait de succéder à Moché.

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-> "Que Hachem, le D. des esprits de toute chair, assigne un homme sur la communauté"

-> "Un homme sur la communauté" signifie non seulement un homme supérieur en prouesse physique mais un tsadik (juste) qui agit au-delà de ce qu'exige la loi et qui est intègre ; un homme que la Torah appelle "ich 'hamoudot" (Daniel 10,11), admiré ici et en Haut.
Ces 2 versets (Pin'has 27,16 et 17) contiennent 28 mots, qui correspondent au nombre d'années au cours desquelles Yéhochoua a guidé les Bné Israël.
[Méam Loez]

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+ "Qu'Hachem ... nomme un homme (dirigeant) sur le peuple ... Et que l'assemblée d'Hachem ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger" (Pin'has 27,16-17)

=> On peut s'interroger. Si Hachem nommera un dirigeant, alors automatiquement le peuple aura un berger. Pourquoi donc expliciter cela en disant : "Et que l'assemblée ... ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger"? Cela semble redondant!

-> En fait, Moché demanda à Hachem que non seulement le peuple puisse avoir un dirigeant. Mais en plus que ce dirigeant ne puisse chercher que l'intérêt du peuple, et jamais son propre intérêt. C'est cela le sens de cet ajout de Moché, que "l'assemblée d'Hachem ne soit pas comme un troupeau qui n'ait pas pour eux de berger".
L'essentiel est que ce dirigeant soit comme un berger dévoué à son troupeau. Le berger devra être "pour eux", pour l'intérêt du peuple, mais pas "pour lui", pas pour son propre profit.
[Ktav Sofer]

Holocauste perpétuel (olat taid - עֹלַת תָּמִיד), offert sur le mont Sinaï comme odeur agréable, destiné à être brûlé devant Hashem (Pin'has 28,6)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
A propos des mots Olat Tamid (traduit par Holocauste, c’est-à-dire sacrifice intégralement consumé, perpétuel) le Arizal nous fais remarquer que Olat – עלת, (si on l’écrit malé (pleinement) avec son vav – עולת) possède les même lettres que תולע – Tola, un ver.
Et le Klal Israel est d’ailleurs appelé : "al tir'i tolaat Yaakov (Ne crains rien, vermisseau de Yaakov - אַל-תִּירְאִי תּוֹלַעַת יַעֲקֹב ). Car le ver a beau avoir l’air faible, petit et frêle, mais il possède une force qui lui permet de perforer et de progresser parmi les matériaux les plus durs, sous la terre et dans les habitations protégé de tout ennemi. Et toute sa force réside dans sa bouche.
Tout comme ce ver, Israël effectue tout son travail de Torah et de mitsvot par l’intermédiaire de la bouche, et on voit que toutes les actions de tris des étincelles de sainteté qui amène à la réparation du monde et la venue de machia'h, sont toutes reliées à l’action de la bouche, que ce soit l’étude de la Torah, la nourriture ou les prières.
Et comme la nourriture est un des terrains de chasse de prédilection du yétser ara, qui se démène pour amener le klal Israel sur le chemin de la faute, que ce soit par la gloutonnerie, la recherche de finesse luxueuse ou même la nourriture non kashère, nos Sages ont instauré les bénédictions à réciter avant la consommation de nourriture, afin d’en préserver le caractère sacré et de ne pas perdre de vue le but de l’alimentation qui est une mitsva en soit ainsi qu’un moyen d’accomplir toute la Torah en fortifiant son corps.

"Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture" (Pin'has 29,35)

-> Rachi enseigne : Comme pendant les 7 jours [de Souccot], les enfants d'Israël offrent des sacrifices en référence aux 70 nations et qu'ils s'apprêtent ensuite à partir, Hachem leur dit : "De grâce, faites-Moi encore un léger repas, que Je puisse profiter de votre présence."

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-> A Souccot, nous offrons 70 taureaux, qui correspondent aux 70 nations du monde.
Le Gaon de Vilna développe cette notion de la façon suivante.

Les maîtres de la kabbale expliquent que l'humanité entière dépend de 2 peuples majeurs, et que tous les autres leur sont en quelque sorte rattachés.
Ces 2 nations dominantes sont : Ichmaël et Essav.

Cet état de fait apparaît allusivement dans ce passage énonçant les sacrifices de Souccot.
Le 1er, le 2e et le 4e jour de la fête, la Torah fait mention de : "ché'ir izim" ("bouc de caprins"), et pour les autres jours, il est simplement mentionné un : "ché'ir" (bouc) [bien qu'il s'agisse du même animal].
Or, selon la tradition, Ichmaël est désigné comme : "ché'ir izim", et Essav comme "izim".

Il en découle que :
- En additionnant les taureaux offerts pendant les jours où la Torah parle de "ché'ir izim", on obtient : 13 (1er jour) + 12 (2e jour) + 10 (4e jour) = un total de 35 taureaux amenés au Temple. Cela correspond à la moitié des nations du monde (35 sur 70).

- de même pour les autres jours (où il est fait mention uniquement de : "ché'ir") : 11 (le 3e jour) + 9 (5e jour) + 8 (6e jour) + 7 (7e jour) = 35 taureaux.

=> On voit ainsi en allusion que les nations du monde sont partagées en 2, car elles sont toutes rattachées aux 2 peuples dominants.
Si les taureaux sacrifiés le 1er jour sont ceux liés à Ichmaël, c'est parce qu'il est chronologiquement apparu avant Essav.

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) note qu'il est écrit : "Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture".

Le 8e jour, les sacrifices qui y sont offerts sont exclusivement ceux des juifs, car nous ne sommes rattachés à aucune puissance, comme il est écrit : "un peuple vivant solitaire, qui ne se confondra pas avec les nations" (Bamidbar 23,9).

Nous ne sommes pas soumis aux lois de la nature, nous dépendons directement de la providence Divine, et notre lot est celui de la Torah, qu'ont refusé d'avoir Ichmaël et Essav.

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"Le 8e jour, aura lieu pour vous une fête de clôture" (Pin'has 29,35)

Le chiffre 7 fait allusion à ce monde (les 7 jours de la semaine), et le 8 renvoie au monde à venir.
"une fête de clôture" = la venue du machia'h va clôturer le fonctionnement actuel de ce monde, et cela va nous permettre de pouvoir se réjouir pleinement de la présence de notre papa Hachem, qui est malheureusement bien trop voilée actuellement.

=> A l'image de la Soucca (durant les 7 premiers jours de Souccot), nous devons avoir conscience et accepter le caractère éphémère de ce monde.
En effet, un moment de fête éternel nous attendant avec la venue imminente du machia'h!
[toute problématique matérielle devient alors secondaire, tandis que ce qui est spirituel devient primordial à nos yeux!]

=> De même que la Soucca est très fragile aux attaques du vent, de la pluie, ... de même en tant que juifs, nous subissons (individuellement et collectivement) des turbulences dans ce monde.
Cependant, le 8e jour est imminent, et nous pourrons alors nous réjouir seuls en présence de notre papa Hachem.
[certes actuellement c'est les autres nations de ce monde qui gèrent (les sacrifices des 7 premiers jours les concernant), cependant seul le peuple juif est éternel, symbolisé par le fait qu'ils sont les seuls à sacrifier à Hachem le 8e jour!
Quiconque nous porte atteinte, ne peut le faire que parce que D. lui permet, il devra en rendre des comptes, et il disparaîtra contrairement à nous!]

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+ Les sacrifices de Souccot :

-> Le Méam Loez (Pin'has 29,35-39) enseigne :
Au cours des 7 jours de Souccot, on offre 70 taureaux. Ils symbolisent les 70 nations de l'humanité ...
Chaque nation a un ange gardien [parmi les 70 anges qui entourent le Trône de Gloire ], alors qu'Israël est placé sous la direction directe de D., comme il est écrit : "Mais Sa nation resta la part de D. ; Yaakov fut le lot de Son héritage" (Haazinou 32,9).

En offrant ces 70 taureaux à Souccot, nous montrons que les anges gardiens des 70 nations ne sont pas libres d'agir à leur guise ; ils doivent obéir à la volonté de D., leur Maître.
[Ce sacrifice étant offert au Temple au profit de l'humanité,] le midrach déclare : "Malheur aux nations du monde! Elles ne savent pas quel bienfait elles ont perdu en détruisant le Temple. Grâce à lui, elles obtenaient l'expiation de leurs fautes!"
De plus, le midrach commente le verset : "En échange de mon affection, ils me haïssent, et je [continue à] prier" (Téhilim 109,4). Le peuple d'Israël déclare : "Lors de la fête de Souccot, je sacrifie 70 taureaux au bénéfice des 70 nations. Mais au lieu de me manifester leur reconnaissance, elles me haïssent".
Le nombre de taureaux diminue chaque jour de Souccot d'un, ce qui signifie que les nations du monde s'amoindriront progressivement jusqu'à disparaître.
[...]

Les 70 taureaux offerts au cours des 7 jours de Souccot correspondent aux 70 anges gardiens des nations. Leur nombre diminue quotidiennement et présage du déclin futur des nations et de leur disparition ...

Les lettres désignant le 1er, le 2e et le 4e jour de la semaine, forment le mot : אבד (avad) signifiant se perdre ou périr. Le sacrifice expiatoire (sé'ir izim) offert ces jours-là fait allusion à la destruction des empires puissants (izim signifie puissant), [comme dans le Téhilim 9,7 où "avad" signifie : disparu]

Les nations puissantes sont comparées à des "sé'ir izim" (même racine que "az" : puissante).
Parmi elles, la première est celle de Nabuchodonosor que la Torah compare à un lion (cf. Yirmiyahou 4,7). Ainsi, le sacrifice expiatoire "sé'ir izim" du 1er jour de Souccot fait allusion à la destruction et à l'anéantissement de l'empire puissante de Babylonie.

Le sacrifice du "sé'ir izim" le 2e jour évoque l'empire perse qui devint extrêmement fort avant de s'effondrer et d'être vaincu par la Grèce.

La Grèce est le 3e empire auquel il est fait allusion ici.
La Torah emploie le mot "sé'ir" plutôt que "sé'ir izim" car cet empire n'était pas aussi cruel que les autres envers Israël.
La Grèce fut parfois même bienfaisante envers notre peuple, comme le montre l'épisode de la rencontre entre Alexandre le Grand et le Cohen Gadol Chimon haTsadik, rapportée dans la guémara.
La Grèce est le royaume appelé "sé'ir" dans la prophétie de Daniel ("Le bouc [sé'ir] est le roi de Grèce" - Daniel 8,21).

Le sacrifice du 4e jour, pour lequel l'expression employée est : "sé'ir izim", fait référence à l'empire d'Edom (Rome) qui remplaça la Grèce et tyrannisa le peuple [juif].
La Torah prédit que ce 4e empire aussi finira par être détruit : "tout son souvenir d'elles a disparu" (mot : "avad" - Téhilim 9,7).

Les jours restants (le 5e, le 6e, le 7e, le 8e) où manque le mot "izim" (puissant) font allusion aux nations qui se mêlèrent aux 4 principaux empires.
Comme elles n'étaient ni aussi effrayantes ni aussi puissantes que les 4 autres, le "izim" est omis. Cependant, elles finiront par disparaître elles aussi.
Le verset dit donc : "le 8e jour sera un jour d'Atséret (de retraite, clôture) pour vous" = le jour où les grands empires auront disparu, le peuple juif sera délivré de toutes les nations.

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-> Le peuple juif dit à D. :
"Maître de l'univers! Vois la différence entre nous et les nations de la terre. Lorsque Tu leur donnes le meilleurs elles Te mettent en colère. Par contre, si Tu nous accordes un bienfait, nous Te louons.
Tu as donné la paix et l'abondance à la génération précédant le Déluge mais elle n'a pas sacrifié un seul taureau devant Toi. Ces hommes se rebellèrent même contre Toi, comme il est écrit : "Ils dirent à D. : Ecarte-Toi de nous" (Iyov 21,4).
Tu as accordé paix et abondance à la génération de Babel mais un seul homme parmi eux T'a-t-il rendu hommage [en offrant un sacrifice]? Au contraire, ils ont construit une tour pour Te faire la guerre ...
C'est aussi ce qu'ont fait Sodome, Pharaon, Sanhériv et Nabuchodonosor.
Il faut donc accorder tout le bien au peuple d'Israël qui Te louera et T'exaltera pour Tes bienfaits".

Le prophète Yéchayahou dit : "Tu as ajouté [la Torah et les honneurs] à cette nation [Israël], ö D., Tu as ajouté à cette nation. Elle T'a glorifié" (Yéchayahou 26,15).
Chaque fois que D. a élevé un peuple, il ne Lui a pas rendu hommage pour cela. Mais lorsqu'Il a accordé le bien à Israël, "une nation unique sur terre" (Chmouël II 7,23), elle L'a glorifié.

Le peuple d'Israël dit à D. : "Tu nous as donné la fête de la nouvelle lune et nous T'offrons des sacrifices. De même, à Pessa'h, Shavouot, Roch Hachana et Souccot, nous présentons des sacrifices supplémentaires.
Les nations aussi célèbrent des fêtes mais ce ne sont pour elles que des occasions de se gorger de nourriture, de boire et de perpétrer des abominations. Elles T'irritent par leurs transgressions et leur langage grossier.
Par contre, pendant les fêtes que Tu as données aux Bné Israël, ils fréquentent les synagogues et les maisons d'étude puis se rassemblent pour prendre leurs repas avec solennité, chanter et T'offrir des louanges."
Hachem dit à Israël : "Votre conduite convient à Mes fêtes et votre réjouissance sied à votre valeur". Ainsi : "Le 8e jour sera une Atsérét pour vous".
[Méam Loez - Pin'has 30,1]

"Moché fit comme Hachem lui avait prescrit : il prit Yéhochoua ... il lui imposa les mains et lui donna ses instructions, comme Hachem l'avait dit par l'intermédiaire de Moché" (Pin'has 27,22-23)

-> Le Rambam (Hilkhot Sanhédrin 4,1) commente :
"Moché appuya ses mains sur Yéhochoua, comme il est écrit : "Il lui imposa les mains et lui donna ses instructions".

De même, Yéhochoua appuya ses mains sur les 70 Anciens et la présence Divine reposa sur eux.
Ces mêmes anciens appuyèrent par la suite leurs mains sur leurs successeurs, et leurs successeurs sur les leurs.

Il s'avère que l'ordination a été transmise de génération en génération, remontant jusqu'au tribunal de Yéhochoua et celui de Moché notre maître."

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-> Le rav Chlomo Wolbe (Alé Chour - tome 1 p.75) s'interroge : pourquoi le Rambam précise-t-il : "la présence Divine reposa sur eux"? Quel est le lien avec l'ordination?

Et de répondre : en réalité, c'est précisément de cette manière que la présence Divine (chékhina) repose sur les hommes = ce sont les maîtres de chaque génération qui investissent leurs élèves de leur capacité à accueillir la présence Divine.

-> "Un dignitaire est contrôlé par un supérieur, et au-dessus d'eux il est encore des dignitaires" (Kohélét 5,7)
Le Gaon de Vilna explique que chaque ange reçoit ses attributions d'anges supérieurs, et les transmet à son tour à ceux qui lui sont inférieurs.

Dans son Yalkout Léka'h Tov, le rav Beifuss affirme que ce même principe régit les êtres humains : la capacité à accueillir la présence Divine vient de leurs supérieurs respectifs, par l'acceptation du joug de la Royauté divine, qui doit se faire impérativement par son maître.
En effet, lorsqu'un homme devient l'élève d'un maître, il se lie ainsi à la chaîne ininterrompue remontant jusqu'à Moché, ayant lui-même reçu la Torah de la bouche de Hachem.

Même si de façon formelle, l'ordination (appuyer les mains) n'existe plus de nos jours, la chaîne continue.
C'est de cette manière que les plus profonds secrets de la Torah sont transmis en toute authenticité de génération en génération, et ce jusqu'à la fin des temps.

D'ailleurs, c'est sur ce principe que repose le devoir de "servir ses maîtres", au sujet duquel nos Sages enseignent : "Si un homme a étudié sans réviser, il demeure un parfait ignorant. S'il a étudié et révisé, mais qu'il n'a pas servi des érudits, il est comme quelqu'un ignorant les secrets de la Torah" (midrach Vayikra rabba 83,7).

[d'une certaine façon en s'abaissant pour servir et absorber la Vérité/Torah de son maître, nous lui permettons au fur et à mesure de poser ses mains sur nous, et d'ainsi pouvoir recevoir la présence Divine, suivant la chaîne : Hachem -> Moché -> Yéchochoua -> ... -> notre maître -> nous-même!

De même que chaque maillon d'une chaîne est unique, de même nous devons cultiver notre unicité.
Par ailleurs, de même que chaque maillon reste continuellement attaché à la chaîne, de même nous devons toujours resté fidèle aux valeurs juives reçues.

=> En nous liant avec notre maître, nous faisons alors partie de cette chaîne, et ainsi nous venons à nous lier avec Hachem Lui-même, qui en est l'Origine.]

"Attaquez les midyanites et frappez-les! Car ils vous ont attaqués eux-mêmes [...] au moyen de Péor et de Kozbi, la fille du prince Midyanite" (Pin'has 25,17-18)

-> Le midrach (Bamidbar rabba 21,4) enseigne :
"Attaquer les Midyanites", pourquoi cela? "Car ils vous ont attaqués".
Nos Sages déduisent d'ici la règle suivante: Si quelqu'un vient te tuer, tue-le en premier.
Rabbi Chimon dit : D'où savons-nous que l'incitateur à la faute est pire que l'assassin?
Car celui qui tue autrui lui ôte la vie dans ce monde, sans le priver de son monde futur. Mais celui qui l'incite à la faute le prive de ce monde-ci et du monde futur.

2 nations sont venues à la rencontre des enfants d'Israël armées d'une épée, et 2 autres en les incitant à la faute.
- Les égyptiens et les édomites les ont approchés avec une épée, comme il est dit : "L'ennemi (égyptien) disait : courons, atteignons ... tirons l'épée" (Chémot 15) ; "Edom lui répondit : Tu ne traverseras pas mon pays car je me porterais en armes à ta rencontre" (Bamidbar 20).
- 2 nations les ont incités à fauter : Moav et Amon.

Au sujet de celles qui les ont approchés avec une épée, il est écrit : "Tu abomineras pas l’égyptien" (Dévarim 23).
Mais s'agissant de celles qui ont voulu faire fauter Israël, il est écrit : "Un amonite ni une moavite ne seront admis dans l'assemblée de Hachem : même après la 10e génération, ils seront exclus ... à perpétuité" (Dévarim 23)."

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-> Le Zikhron Méïr (rav Méïr Rubman) fait remarquer que la vision des hommes est totalement opposée à celle de la Torah.
A nos yeux ce qui est spirituel relève trop souvent de la théorie, tandis que les faits matériels sont perçus de manière sensible (je ne crois que ce que je vois!).

Nous sommes ainsi conciliant et indulgent lors d'une attaque envers la spiritualité d'une personne, mais lorsqu'on porte atteinte à autrui physiquement ou moralement, nous n'avons aucune clémence.

=> La Torah nous enseigne ici que la douleur de l'âme devrait être bien plus importante que celle du corps, "car celui qui tue autrui lui ôte la vie dans ce monde, sans le priver de son monde futur. Mais celui qui l'incite à la faute le prive de ce monde-ci et du monde futur".

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+ Les "tueurs d'âmes" :

-> Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (rapporté dans le Marbitsé Torah ouMoussar - tome II (p.96) dit :
"Il existe différents types de meurtriers : il y a celui qui tue par inadvertance, et celui qui commet son crime délibérément. Certains assassins n'ôtent la vie qu'à une seule personne, certains en tuent beaucoup, et d'autres enfin perpètrent des génocides.
Le point commun à tous ces criminels est qu'une fois morts, leurs actions cessent avec eux.

Mais il n'en est pas ainsi du "tueur d'âmes" : même après sa disparition, ses actions lui survivent.
Je fais référence à ces écrivains et ces chanteurs, qui par leurs œuvres détournent leurs frères juifs de Hachem.
Même après leur mort, des hommes continueront de lire leurs œuvres et de lasser leur poison s'insinuer dans leur cœur."

[Nous avons la possibilité de nous associer à des œuvres qui après notre mort vont continuer à nous générer du positif ou bien du négatif.]

"Tu lui communiqueras une partie de ta majesté" (Pin'has 27,20)

-> La guémara (Baba Batra 75a), que rapporte Rachi, explique : "Une partie et non pas toute ta splendeur!
Les anciens de cette génération ont dit que la visage de Moché était comme le soleil, et que celui de Yéhochoua était comme la lune.
Malheur pour une telle honte! Malheur à un tel déshonneur!"

=> En quoi le fait que le visage de Yéhochou brillait comme la lune est une source de honte et de déshonneur?

-> Le 'Hafets 'Haïm répond que les anciens de la génération ont pu se rendre compte de l'évolution de Yéhochoua, qui était à l'origine comme eux.
En profitant au maximum de la présence de Moché, il a atteint des sommets.
Ils pensaient : "Si seulement nous avions pu fréquenter davantage Moché, nous aussi nous aurions mérité une telle grandeur. C'est nous qui sommes à blâmer pour ne pas avoir accéder à ce niveau élevé!"

=> Il en est de même pour nous avec les Sages qui nous entourent.
Chaque fois que nous avons la possibilité de les fréquenter et que nous ne le faisons pas, nous perdons une occasion de grandir, de briller davantage!

Dans le Léka'h Tov, il est écrit : "C'est le même sentiment qui envahira celui qui cède à la paresse dans son étude et qui ne s'y consacre pas de toutes ses forces : du fait de son manque de volonté, il se prive de dimensions qu'il aurait pu atteindre.
Et lorsque [dans le monde éternel de Vérité], le visage de ses compagnons, qui auront su fournir les efforts nécessaires, sera illuminé par leur Torah, son extrême humiliation publique sera immense!
Mais à ce moment-là, il sera déjà trop tard pour réparer son tort, car dans les temps du machia'h, le yétser ara ne sera plus et chacun demeurera exactement au degré qu'il aura atteint."

[Il existe une jalousie positive : celle qui nous pousse à nous améliorer en spiritualité (si lui agit ainsi, alors moi aussi!).
Nous ne devons pas hésiter à prendre exemple sur les bonnes attitudes d'autrui.
Sinon, à l'image des anciens nous serons à la fin de notre vie remplis de honte : Si seulement je m'étais comporté comme mon ami, j'aurai pu faire tellement mieux de ma vie! Quel dommage!! ]

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-> Le Gaon de Vilna dit que tout le peuple avait remarqué que Yehochoua était moins grand que Moché.
Cependant, les gens pensaient que la raison à cela est que Yehochoua était encore bien plus jeune que Moché, et que lorsqu'il vieillira, il deviendra comme Moché.
Seuls les anciens du peuple, qui avaient connu Moché dès sa jeunesse, pouvaient attester que même quand Moché avait l’âge de Yehochoua, il se distinguait déjà de lui.

La différence entre Moché et Yehochoua n’était donc pas une question d’âge.
Conscients de cela, les anciens pouvaient affirmer que la face de Moché était comme celle du soleil, et celle de Yéhochoua était comparable à celle de la lune.

Ce n’était pas leur écart d’âge qui faisait leur différence, car même au même âge, Moché dépassait déjà Yehochoua.

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-> Moché était celui qui reçut la Torah, tandis que Yéhochoua était celui qui fit entrer le peuple en Israël.

Certains commentateurs expliquent que Moché était comparable au soleil et Yehochoua à la lune.
En effet, le soleil donne de sa lumière à la lune, et tout l’éclat de celle-ci ne provient que du soleil.

De la même façon, toute la valeur de la terre d'Israël ne provient que de la pratique de la Torah.
Ce pays n'a pas une valeur indépendamment de la Torah, on ne peut pas imaginer de terre d'Israël sans la Torah.

En cela, le rapport entre Moché et Yehochoua, c’est-à-dire entre la Torah et la terre d’Israël, est comparable au rapport entre le soleil et la lune.

=> De même que la lune n'a de lumière que celle qu'elle reçoit du soleil, ainsi la terre d’Israël n’a de valeur que celle qu'elle puise de la Torah.

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-> Rabbi Nathan de Breslev explique que Moché qui est le symbole du Juste (tsadik) est comparé au soleil.
Cela signifie qu'à l'image du soleil que l’on ne peut observer et regarder du fait de son intensité, de la même façon, les hommes ne peuvent appréhender ni percevoir la splendeur du tsadik de par l’ampleur de sa sainteté.

En revanche, les gens peuvent cerner la lueur de son élève, en l’occurrence Yéhochoua, qui est donc comparé à la lune qui peut être observée.

C'est ainsi que le peuple avait peur de s'approcher de Moché et il dut mettre un "masque" sur son visage.

Il n'est réellement possible de percevoir la lumière du tsadik (Moché) qu'à travers le prisme de son élève (Yéhochoua), à l’image de la lueur de la lune qui peut certes être perçue, mais qui ne fait que refléter la lumière du soleil.

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1194) écrit :
"Yéhochoua se distinguait par son humilité et son abnégation. Bien qu’il fût le disciple de Moché de longue date, il ne considérait jamais qu’il n’avait plus rien à apprendre de lui et connaissait déjà tout.
Même lorsque Moché monta dans les cieux pour recevoir les 2e tables de la Loi, Yéhochoua planta sa tente en bas de la montagne, afin de pouvoir immédiatement poursuivre son apprentissage, dès le retour de son Maître.
Toute sa vie durant, il se considérait comme un élève et estimait pouvoir encore progresser dans son service divin et l’étude de la Torah. C’est pourquoi il fut surnommé le "serviteur de Moché" (Béaaloté'ha 11,28), car c’est ainsi qu’il se voyait.

Seul l’homme humble est à même de diriger le peuple, car il comprend chacun de ses membres et peut leur tendre une oreille attentive.
En outre, celui qui s’efface devant son Maître ne cesse de s’élever spirituellement, car il ne pense jamais être arrivé au sommet et s’efforce continuellement de poursuivre son élévation."

[La lune n'a pas de lumière propre, elle renvoie celle du soleil. Ainsi, Yéhochoua a été capable de toujours rester humble dans sa relation avec le soleil Moché, et ainsi il a pu absorber et renvoyer la lumière transmise par Moché.
Les Anciens n'ont pas adopter une telle attitude, et ont raté l'occasion d'être eux-aussi une belle lune qui illumine par ricochet le monde.
On apprend de là que nous devons tâcher de suivre l'exemple de Yéhochoua, en permettant à notre humilité de laisser de la place pour prendre un maximum de la sagesse de nos maîtres, et alors nous pourrons être une belle lune!]

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+ "Tu lui donneras de ton éclat" (Pin'has 27,20)

-> Nos Sages (guémara Baba Batra 75a) expliquent : "de ton éclat" et pas "tout ton éclat".
Les Anciens de cette génération ont dit : "La face de Moché est comme le soleil, la face de Yéhochoua est comme la lune, malheur, quelle honte!"

-> Torah Temima demande ce que la honte a à faire ici, puisque Moché était le maître de tous les prophètes. Quand Moché a donné de son éclat à Yéhochoua, il l’a fait avec générosité en lui donnant de son esprit, et ne l’a privé de rien. Il a même rajouté par rapport à ce que Hachem avait demandé, quand Il avait dit : "Tu lui imposeras la main" (Pin'has 27,18). Il est écrit : "la main", au singulier, Il lui a dit de l’ordonner d’une seule main, et Moché lui a imposé les deux mains, ainsi qu’il est écrit : "Il imposa les mains" (27,23).
Mais même si Yéhochoua ne s’était jamais séparé de Moché, il n’avait malgré tout pas assez de force pour recevoir toute cette abondance, il pouvait capter uniquement ce que la lune peut recevoir du soleil.

-> Voici une autre réponse à la question de Torah Temima : Qu’est-ce que la honte a à faire ici?
Le ‘Hida (dans son commentaire sur le traité Avot) dit :
Nos Sages ont dit dans le midrach que Yéhochoua a mérité d’être le chef à la place de Moché parce que du vivant de Moché il s’est conduit comme un serviteur ("Yéhochoua fils de Noun, le serviteur de Moché"). Il arrangeait les bancs dans le Beit HaMidrach et étendait les tapis, c’est pourquoi il a vu le fruit de ses œuvres.
Les Anciens, qui à l’époque avaient eu honte de faire ce que faisait Yéhochoua, quand ils ont vu que c’est justement par ce mérite qu’il était devenu le chef d’Israël et que son visage rayonnait comme celui de la lune, on dit : "Malheur, quelle honte que nous ayons hésité à arranger les bancs du Beit HaMidrach!"
C’est cette honte qui a fait de nous à présent les élèves du jeune Yéhochoua ... Nous devons comprendre de là la grandeur du mérite de ceux qui entretiennent la maison de Hachem, la synagogue et le Beit HaMidrach.

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+ "Investis-le d'une partie de ta splendeur afin que toute la communauté israélite lui obéisse" (Pin'has 27,20)

-> Le Méam Loez commente :
"Puisque Yéhochoua était ton serviteur depuis sa jeunesse, tu dois l'investir de ta splendeur. Il t'incombe de l'honorer en présence d'El'azar et de toute la communauté d'Israël. Ainsi, tous comprendront qu'ils doivent l'honorer comme toi et non plus le considérer comme ils l'avaient fait jusqu'à présent."

Selon une autre interprétation, l'expression "ta splendeur" évoque l'éclat du visage de Moché, un reflet de la lumière de la Présence Divine qui communiquait avec lui.
Hachem lui dit d'investir Yéhochoua d'une partie de cet éclat. En d'autres termes, Moché devait transférer à Yéhochoua une partie de ses capacités prophétiques.
Nos Sages déclarent : "Le visage de Moché ressemblait au soleil et le visage de Yéhochoua à la lune".
La faculté prophétique de Moché était bien supérieur à celle de Yéhochoua. En effet, Moché était le seul prophète à atteindre le niveau où son visage brillait d'une luminosité telle que personne ne pouvait le regarder directement.
[...]

Moché accorda ces honneurs à Yéhochoua avec beaucoup d'amour, comme un père nommerait son fils, comme un héritier et son successeur. Cela nous est révélé par le fait que Hachem avait ordonné à Moché : "Impose ta main (yédé'ha) sur lui", mais Moché posa ses 2 mains (yadav), comme il est écrit : "Il (Moché) posa ses mains sur lui (Yéhochoua) et l'investit ainsi que D. l'avait ordonné à Moché" (Pin'has 27,23) ...
Hachem ordonna à Moché d'investir Yéhochoua d'autorité, de puissance et de sagesse, ce que Moché fit des 2 mains, avec largesse.

"De Yétser, la famille Yitsrite ; de Chilem, la famille Chilémite" (Pin'has 26,49)

Selon le 'Hafets 'Haïm, ce verset peut être compris de la façon suivante :

-> "De yétser" : celui qui succombe au yétser ara se trouvera immédiatement en compagnie de "la famille Yitsrite", dont les membres sont disponibles pour l'aider à avancer dans le chemin du mal.

-> "De Chilem" : mais celui qui se bat pour la perfection (chlémout) va se trouver en compagnie de "la famille Chilémite", dont les membres qui craignent le Ciel et qui on atteint la perfection spirituelle, vont l'aider sur le chemin de la droiture.

"Les fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, la famille Tolaïte ; de Pouva, la famille Pounite ; de Yachouv, la famille Yachouvite ; de Chimron, la famille Chimronite." (Pin'has 26,23-24)

Yissa'har a été béni par Yaakov : "Yissa'har est un âne aux os solides" (Vayé'hi 49,14), car il prend sur lui le joug de la Torah à l'image d'un âne portant une lourde charge.
Ainsi, ils étaient des érudits en Torah enseignant aux autres tribus les décisions en terme de loi juive.
Ils savaient faire les calculs permettant de déterminer les mois et l'année bissextile, comme il est dit : "Les enfants de Yissa'har, experts en la connaissance des temps" (Divré haYamim I 12,33).

Le Ohr ha'Haïm voit dans leurs noms des allusions à leur grandeur en Torah et à leur caractère raffiné.

-> "Yissa'har" : yéch cha'har (il y a une récompense).
La vraie récompense est donnée dans le monde à venir, et est réservée à ceux qui étudient la Torah et accomplissent les mitsvot.

-> "Tola" : la Torah ne reste que chez celui qui est humble et qui se fait petit comme un verre (tola'at).

-> "Pouva" : c'est similaire au mot "pé" (une bouche) : nous devons utiliser notre bouche pour parler de Torah, et éviter de l'utiliser pour des choses inutiles.

-> "Yachouv" : une personne doit s'asseoir (lachévét) dans une yéchiva et se retenir de s'occuper de choses vaines.

-> "Chimron" : une personne doit faire attention (léhichamèr) d'éviter de profaner le nom de Hachem.

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> On a vu précédemment que Yissa'har était un ben Torah. Ceci est inscrit en allusion dans son nom "Yissa'har" : "yech" (il y a) "sakhar" (un salaire).
[...]
Le nom Yissa'har fait également allusion au fait que dans l’avenir (comme il est mentionné à la fin de Oktsin), D. procurera à chaque tsaddik 310 mondes : "yech" (valeur numérique de 310) "sakhar" (récompense).
[d'après le Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Fils de Yissa'har, selon leurs familles : Tola, famille des Tolaïtes" (Pin'has 26,23)

-> Yissa'har est considéré dans la tradition comme le représentant de l'étude de la Torah.
Or, la Torah ne peut véritablement se conserver que chez une personne humble et modeste. L'humilité est une condition primordiale pour l'acquisition de la Thora.
Or, le mot "Tola" (תולע) est aussi un terme qui signifie "ver de terre". En cela, il représente l'humilité. A l'image des paroles du roi David qui a déclaré : "Je suis un ver de terre et non un homme".
Ainsi, la Torah vient ici faire allusion au fait que pour appartenir à la famille de Yissa'har et acquérir l'étude de la Torah, il faut avoir la caractéristique de "Tola" et être empli d'humilité.
[Zeved Tov]