Aux délices de la Torah

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"Aharon dit à Moché : "Je t'en prie, mon seigneur, ne nous impute pas dans une faute, car nous avons été sots et nous avons fauté." (Béahaloté'ha 12,11)

-> La paracha Béahaloté'ha se termine par l'incident de Myriam parlant du lachon ara sur Moché, lorsqu'elle a découvert qu'il s'était séparé de sa femme.

-> "[Hachem dit : ] De bouche à bouche Je lui parle, dans une claire vision et non avec des énigmes, et l'image de Hachem, il contemple [une vision par derrière - Rachi]" (Béahaloté'ha 12,8)

Les commentaires de Rachi sont très intéressants :
-> "Je [Hachem] lui ai dit de se séparer de sa femme."

- "Vous auriez dû respecter Mon serviteur même si ce n’avait pas été Moché, et Moché même s’il n’avait pas été Mon serviteur, et ce d’autant plus qu’il est "Mon" serviteur.
Car "le serviteur d’un roi est roi lui-même" (Chevou'oth 47b).
Vous auriez dû vous dire que l’amour que lui porte le roi n’est pas sans fondement (Midrach Tan'houma).
Et si vous dites que Je ne sais pas ce qu’il fait, vous commettez une faute encore plus grave (Sifri)."

-> Le Or ha'Haïm haKadoch (v.12,11) explique que Aharon a pris conscience qu'il y avait 2 aspects dans leur faute :

1°/ le fait d'avoir dit du lachon ara en critiquant le comportement de Moché ;

2°/ la folie de comparer leur niveau de prophétie avec celui de Moché.
Pour Aharon cela est encore plus grave que le lachon ara qu'ils ont pu dire.

-> Le rav Avraham Pam dit que de là on apprend la gravité de se considérer comme capable d'argumenter avec les décisions des géants en Torah.

Il ne faut même pas que l'idée de remettre en question les paroles des Sages de notre génération puisse traverser notre esprit.
Nous nous devons de toujours suivre leurs décisions, sans jamais chercher à les contredire, car c'est ainsi que le peuple juif peut être assuré d'être entre de bonnes mains.

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-> Le rav Chlomo Auerbach, qui était un des géants de sa génération a dit que le rav Chakh était un des 36 tsadik cachés sur lequel le monde tient.

Comment pouvait-il être caractérisé de "caché" alors que tout le monde religieux le connaissait très bien?

Rav Auerbach disait que les impressionnantes connaissances qu'on avait conscience de lui (par ses très nombreux cours en publics), n'étaient en réalité qu'une infime partie de sa sagesse.
C'est pourquoi il était bien un "tsadik caché".

Nous ne voyons qu'une partie émergée des géants de notre génération (que nous avons déjà du mal à appréhender de notre niveau), et comme les iceberg la quasi-totalité se trouve enfouie.
=> Ainsi, comment pouvons-nous oser remettre en question leurs décisions?

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-> Le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,6) décrit les différences entre la prophétie de Moché et celle des autres prophètes.

Moché était réveillé et debout lorsqu'il recevait la prophétie, tandis que les autres prophètes la recevaient dans un rêve, dans une vision ou une transe.

Hachem parlait à Moché comme "un homme parle avec son ami" ; tandis que les autres avaient la visite d'un ange leur rapportant les paroles sous forme énigmatique à interpréter.

Les prophètes devaient se préparer spirituellement, et pendant la révélation ils étaient dans un état de terreur, tandis que Moché était toujours prêt pour la recevoir, et cela a nécessité de se séparer de sa femme.

"Lorsque l'Arche voyageait, Moché disait : "Lève-toi Hachem, et que Tes ennemis se dispersent, que ceux qui Te haïssent fuient devant Toi".
Et lorsqu'elle faisait halte, il disait : "Réside sereinement, ô Hachem, parmi les myriades des milliers d'Israël". "
(Béahaloté'ha 10,35-36)

-> Rachi fait remarquer que dans le Séfer Torah, ces 2 versets sont encadrés, de part et d'autre d'un noun (נ) renversé, indiquant qu'ils ne sont pas à leur place.
Ils ont été insérés ici pour ne pas évoquer l'une à la suite de l'autre, 3 fautes consécutives dont les juifs se sont rendus coupables.

-> Selon la guémara (Shabbath 115b-116a), ces symboles avant et après nous enseignent que ces 2 versets sont un livre (Séfer) à part entière.
Ainsi, la Torah est composée de 7 livres : Béréchit, Chémot, Vayikra, Bamidbar jusqu'à ces versets, ces versets, le restant de Bamidbar, et Dévarim.

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-> Le peuple juif serait allé directement en terre d'Israël, s'il n'avait pas fauté dans le désert.

La largeur du Jourdain, qui est la frontière de la terre d'Israël, était de 50 amot.
La Torah a inversé ici les noun (lettre ayant une valeur de 50) pour nous dire que le peuple juif a fauté et ne passera pas le Jourdain, qui avait une largeur de 50 amot.

[le Rokéa'h]

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-> Les 1eres lettres de chacun des versets du Téhilim 145 (Achré) suivent l'ordre de l'alphabet.
La seule lettre qui manque est le "noun" (נ), car elle représente : la chute (néfila - נפילה).
Le roi David ne voulait pas parler de la chute et des fautes du peuple juif.

Selon le Zohar (se basant sur Chir haChirim 2,9), Hachem est comparé à une biche.
De même qu'une biche regarde en arrière lorsqu'elle est en fuite, de même Hachem "tourne toujours sa tête" en arrière vers nous, et ce même lorsqu'il semble qu'Il s'enfuit de nous.

La Torah a inversé ici les noun pour nous apprendre cette leçon : même lorsque nous chutons et que Hachem nous quitte, Il nous "regarde toujours".

[le Tiféret Yonathan]

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-> Rabbi Yo'hanan (guémara Béra'hot 4b) explique que le noun est l'initiale de "néfila" (action de tomber) qui fait allusion à la chute du peuple juif en exil par rapport à sa grandeur lorsqu'il se trouvait sur sa terre.
Selon le Rachba : il n'est pas honorable dans un tel téhilim, qui évoque la grandeur d'Hachem, de mentionner l'exil et le déclin spirituel de Ses enfants qui Lui causent beaucoup de peine.

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-> La lettre noun (נ) n'est pas présente dans le Achré, car elle représente la chute du peuple juif.
La lettre samé'h (ס) représente le soutien de Hachem lorsqu'une personne tombe, comme le verset du Achré le dit : "Hachem soutient tous ceux qui tombent" (somé'h Hachem lékol anoflim - Téhilim 145,14).

Le mot : נס (miracle - néss) est composé de ces 2 lettres, indiquant qu'après une chute du peuple juif, Hachem apporte son soutien, et c'est en cela que consiste un miracle.

[Bné Yissa'har - Nissan 1,8]

Par l'utilisation de cette lettre, la Torah nous demande de ne pas déprimer après une faute.
Certes, nous avons fauté (noun), mais Hachem vient immédiatement nous relever (samé'h), à la condition que nous désirons aller de l'avant (les 2 versets entre les noun parlent des mouvements à faire en fonction de la Torah : avancer (mitsva de faire) et s'arrêter (mitsva de ne pas faire)).

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-> On a vu que la lettre noun renvoie à la notion de chute (néfila) [suite à une faute].
Le fait que ce passage est entouré de 2 noun tournés/inversés, nous enseigne qu'après une chute non désirée, il faut tout faire pour la tourner à notre avantage : par la téchouva, en apprenant de nos erreurs, ...

[Un tsadik n'est pas celui qui ne tombe pas, c'est celui qui se relève et qui va de l'avant plus fort]

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-> Ces 2 noun inversés sont liés au fait que le grand mérite des juifs provenait des 2 mots [qu'ils avaient prononcés] au mont Sinaï : "naassé" (nous ferons) et "nichma" (nous écouterons).
En effet, Hachem descendit au mont Sinaï accompagné de 600 000 anges qui posèrent sur la tête de chaque juif 2 couronnes portant le Nom explicite de D., car tous avaient répondu : "Naassé vénichma".

A ce moment-là, les juifs se transformèrent en êtres spirituels et furent aimés de D. encore davantage que les anges. Cependant, ils quittèrent précipitamment le mont Sinaï comme un homme fuit un incendie, impatients de se libérer du joug que leur imposaient les commandements de la Torah.
Les lettres noun inversées symbolisent le fait que leur situation était à présent inverse à celle où ils s'étaient exclamés : "Nous ferons et nous écouterons".
D'ailleurs, les letres du terme noun (נון) sont les initiales des mots : Naassé VéNichma (נעשה ונשמע).
[...]

La lettre noun indique que ce passage (Bamidbar 10,35,36) aurait dû figurer 50 passages plus haut dans la Torah, près du verset : "Pendant la marche ..." (Bamidbar 2,17).
[Méam Loez - Béaaloté'ha 10,35-36]

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-> C'est notre travail d'inverser les "noun" avec la puissance du "naassé vénichma", aussi bien qu'avec une émouna totale, et alors nous mériterons les 2 noun suivants : "Na'hamou na'hamou ami" ( Consolez, consolez, Mon peuple, dit votre D.) avec la venue du machia'h, rapidement de nos jours.
[rav Zev Leff]

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-> "Cette section a été écrite ici pour marquer la séparation entre un malheur et un autre." (Rachi - Béaaloté'ha 10,35)

-> Selon le Saba de Slabodka, nous avons là un témoignage concret de l'amour infini que Hachem porte aux enfants d'Israël : leur dignité Lui est plus chère que tout, et rien ne justifierait que leur honneur soit bafoué.

En ce sens, nos Sages enseignent (Yalkout Chimoni - Bamidbar 10) en ce sens : "Hachem a dit : Écrirons-nous donc un drame après l'autre? Certainement pas! Alors inscrivons entre eux une section de gloire.
C'est pourquoi il est dit ici : "Lorsque l'Arche partait ..." [rappelant la tendresse qu'éprouve D. envers Israël]."

Par l'interruption marquée entre ces 2 événements tragiques, Hachem montre aux enfants d'Israël qu'en dépit de leurs fautes et de leurs funestes conséquences, Il continue à les chérir, à les honorer, et Sa Présence Divine reste à leurs côtés dans touts leurs déplacements.

Le Maharcha (guémara Shabbath 115a) explique que la lettre noun, initiale de néfila (chute), symbolise les catastrophes ...
Le passage est encadré par 2 noun inversés pour montrer que D. mettra fin à nos chutes et qu'Il les "inversera" pour notre bien.

Selon le Léka'h Tov, puisque nous devons imiter Hachem et suivre Son exemple, combien devons-nous respecter notre prochain et combien devons-nous l'honorer même lorsqu'on le voit mal d'agir!
A l'instar de ces 2 sections séparés, on s'abstiendra de l'accabler en additionnant ses écarts de conduite, pour ne jamais cesser de l'aimer.
Bien que l'on soit tenu de lui formuler des reproches, on devra à tout prix éviter de l'humilier.
On s'efforcera au contraire de rehausser son estime aux yeux de son entourage.

[nous devons aller à l'encontre de notre nature qui souhaite écraser/faire chuter autrui pour mieux se donner de la valeur, et agir à l'inverse de cela.]

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-> Ces versets abordent le fait que lorsque l'Arche (Aron) devait partir, Moché lui disait de se mettre en marche, et lorsqu'elle devait s'arrêter, Moché le lui demandait.

Nous savons que l'Arche ne bougeait pas selon l'ordre de Moché, mais selon celui de Hachem.
Ainsi, l'adhésion de Moché à la volonté de D. fut si entière que ses propres désirs convergeaient totalement avec ceux de D.

De plus, à chaque mouvement de l'Arche, il faisait une prière pour que la présence divine soit toujours intensément perçue par le peuple.

=> Par ces 2 versets qui sont le 5e Séfer de la Torah, nous voyons à quel point un homme doit s'identifier totalement avec la volonté de Hachem.
Nous devons calquer les mouvements de notre vie sur ceux de l'Arche, symbole de la Torah.

[inspiré de paroles du rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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-> Ces 2 versets ont été placés là entre 2 fautes.
La 1ere est pour le fait que les juifs ont quitté [avec empressement] le mont Sinaï, se détournant de la présence divine ; la 2e porte sur les récriminations qui ont suivi (car en s'enfonçant dans le désert immense et sauvage, le peuple s'interrogea alors sur ses moyens de survie). [guémara Shabbath 116a]

Tout de suite après, il y a une 3e faute qui porte sur l'insatisfaction du peuple pour la manne.

Pourquoi est-ce que la séparation est-elle entre la 1ere et la 2e faute?

La 2e et 3e faute ont résulté de la 1ere : le fait de se détourner de Hachem et de Sa Torah.
La Torah nous protège de la faute.
Celui qui est totalement plongé dans la Torah ne veut rien d'autre que la Torah.
Le peuple juif ne s'est plaint de sa situation uniquement parce qu'il n'était pas plongé dans la Torah.

Dans la Torah, il y a une séparation après la 1ere faute pour nous enseigner que le fait de se détourner de la Torah est la racine de toute cause nous poussant à fauter.

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - Shabbath 116a]

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+ "Ils parcourent de la montagne de Hachem" (Béahaloté'ha 10,33)

-> Selon le Ramban, les juifs ont quitté le mont Sinaï à la manière d'un enfant qui quitte l'école après une longue journée de cours.
Ils sont partis avec précipitation, avant que Hachem ne change d'avis et ne leur donne de nouveaux commandements.
C'est ce comportement qui a été la base de l'errance dans le désert.
Le Ramban d'ajouter : "Peut-être que s'il n'y avait pas [cette attitude], ils seraient entrés directement en terre d'Israël".

Les juifs auraient dû quitter le Sinaï avec des regrets, avec tristesse de partir de l'endroit où ils ont vécu une telle union avec Hachem.

-> Après la traversée de la mer Rouge : "Moché fit décamper Israël" (Béchala'h 15,22)
Rachi de commenter : "Il les a forcés à partir, car les égyptiens avaient orné leurs cheveux de parures d'or et d'argent et de pierres précieuses, et les enfants d'Israël s'affairaient à les extraire de la mer ... le butin de la mer a été plus important que celui d'Egypte ... voilà pourquoi il (Moché) a dû les faire partir contre leur gré."

L'Alter de Slabodka (Ohr haTsafoun) enseigne qu'ils ne voulaient pas quitter car ils accomplissaient la volonté de Hachem en collectant des richesses.

=> Si le fait de quitter d'immenses richesses matérielles a été si difficile, combien à plus forte raison le fait de quitter le mont Sinaï, source d'immenses richesses spirituelles.

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-> "Cette voix, c'est la voix de Yaakov, mais ces mais sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

Nous avons besoin du son de la Torah (kol Yaakov) afin d'être à l'écart des attaques d'Essav (yédé Essav), qui n'attendent que le moment où l'on abandonne la Torah.

-> "Le puits était vide, il n’y avait pas d’eau" (Vayéchev 37,24)

Selon Rachi : "Il n’y avait certes pas d’eau, mais il y avait des serpents et des scorpions".
Le Gaon de Vilna explique que lorsqu'il n'y a pas d'eau (qui est une référence à la Torah), alors il y a des serpents et des scorpions, c'est-à-dire des punitions et la mort.

=> On comprend pourquoi contrairement aux autres fautes, il n'est pas décrit de punition pour cette faute d'être parti précipitamment du mont Sinaï.
En effet, tout abandon de la Torah entraîne naturellement des conséquences néfastes, c'est un règle établie par Hachem.

[l'inverse est vrai : toute étude de la Torah amène des torrents de bénédictions!]

"En tout ennemi d’Israël [un juif(ve)], il y a un ennemi du Créateur de l’univers"

[Rachi - Béahaloté'ha 10,35]

"L'homme Moché était extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre!" (Béahaloté'ha 12,3)

-> Selon le Ibn Ezra, Moché était si humble qu'il était impensable de l'accuser d'un quelconque sentiment de supériorité envers ses frères.

-> Selon le rav Nathan Scherman, en disant que Moché était un homme humble, la Torah fait ressortir ce qu'est la véritable humilité.

Loin de ressembler à un sentiment d'infériorité, l'humilité procède d'une autocritique permanente faisant prendre conscience du fait que l'on n'a pas exploité pleinement ses capacités, ou si on les a exploitées que les dons innés que l'on possède imposent une responsabilité plus grande et que nul ne peut s'enorgueillir d'accomplir simplement son devoir [d'agir selon la vérité, la volonté de Hachem].

-> Il faut faire attention à ne pas s'enorgueillir d'être humble.
Une personne qui a de super capacités se doit de toujours en être consciente, de les utiliser au mieux, car c'est pour cela que Hachem lui donne la vie.

On devra rendre compte de l'utilisation que l'on aura fait des outils momentanément mis à notre disposition par Hachem.
Si j'ai de beaux outils, ce n'est pas que je suis supérieur à autrui. Si je les ai, c'est uniquement car ils me sont nécessaires dans ce que Hachem souhaite que je fasse de ma vie.

Il peut être très agréable de fermer les yeux sous couvert d'une fausse humilité car cela vient comme justification à notre paresse naturelle.
En effet, pourquoi devrais-je faire des efforts pour réaliser de grandes choses, car après tout je ne suis rien, même pas de la poussière!

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-> Rabbi Yossef dit : "Une personne doit toujours apprendre de Son Créateur, car Hachem a mis de côté toutes les montagnes et collines, et a choisi le mont Sinaï".
[guémara Sotah 5a]

Le don de la Torah requiert de l'humilité, et c'est pour cela que Moché, le plus humble des hommes, a pu acquérir plus de Torah que quiconque.

Si l'humilité est si importante, pourquoi la Torah n'a-t-elle pas été donnée dans un terrain plat?

Rabbi Mendel de Kotzk répond qu'il n'est pas difficile pour un terrain plat d'être humble, car il n'a pas de quoi s'enorgueillir.
Le mont Sinaï a un peu de hauteur, et malgré la possibilité de se la "raconter" (regardez les terrains plats comment je suis haut par rapport à vous!), il est quand même resté humble.

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-> Rabbi Yo'hanan dit : "Hachem ne fait pas résider sa présence divine (Ché'hina) sur une personne sauf si elle est forte, intelligente, riche et humble, et tous ces traits se trouvaient chez Moché."
[guémara Nédarim 38a]

La guémara (Shabbath 92a) mentionne une autre condition pour recevoir la prophétie : avoir une grande taille.

-> Hachem dit : "Moi et lui [celui qui est arrogant] ne peuvent pas résider dans le même monde"
[guémara Sotah 5a]

Il est ainsi évident que l'humilité est une condition nécessaire pour que la présence divine soit sur nous.
Mais en quoi les autres conditions en sont-elles des prérequis?

Rabbi 'Haïm de Volozhin explique qu'on parle ici de véritable humilité.
Seule une personne qui est riche, forte, intelligente, grande de taille, a sur quoi s'enorgueillir, et en restant quand même humble, elle démontre une véritable humilité, et mérite d'être un Sanctuaire pour la présence divine.

Une personne peut être en apparence très humble, mais pour "valider" cela, il faut la voir traverser ces occasions de devenir arrogante (que je suis intelligent!, que je suis riche!, ...).

Il est intéressant de noter que chacune de ces capacités est un don temporaire de D., que l'homme va Lui voler en se l'appropriant (MA sagesse c'est grâce à moi, de même pour MA richesse, ...), et en "kiffant" penser être meilleur que son prochain.

[Dans sa fameuse lettre le Ramban écrit : "Est-ce que cela n'appartient-il pas à Hachem?" (alo lélokim ou) ]

Moché possédait toutes ces capacités comme personne, et malgré tout il est resté humble, ce qui fait qu'il a véritablement mérité d'être dénommé : "extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre".

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-> "L'homme Moché était très humble, plus que tous les hommes qui sont à la surface de la terre" (Béahaloté'ha 11,3)

=> Que signifie la précision : "Plus que tous les hommes qui sont à la surface de la terre"?

-> Le 'Hozé de Lublin explique :
En fait, il arrive que l'homme se sente 'bas', se sente insignifiant. Il baisse la tête, son visage se tourne vers la surface de la terre. Il ne ressent pas de vitalité, ni goût à la vie. Il ne trouve pas l'élan pour réagir. Il se dit sans cesse : "Mais qui suis-je? Je suis si petit, si insignifiant que je ne mérite pas de Servir Hachem. Comment pourrai-je faire de grandes choses? Comment pourrai-je m'approcher de Hachem? Cette possibilité n'est réservée qu'à des élites! Et non à un être aussi petit que moi!"

Mais la Torah vient enseigner que cette attitude n'est pas de l'humilité, malgré les apparences. Un homme humble pourra se comporter avec grandeur, diriger un peuple, monter au ciel et parler avec Hachem sans manger ni boire, faire de grandes choses ...
Extérieurement, il pourra paraître présomptueux, voire même quelque peu orgueilleux. Kora'h est même allé accuser Moché d’orgueilleux : "Jusqu'à quand allez-vous vous surélever au-dessus de la communauté d'Israël?!"
Mais la Torah témoigne néanmoins : "Moché était très humble, plus encore que tous les hommes qui sont à la surface de la terre", la tête baissée, les yeux rivés sur la surface de la terre, et n'osant pas agir ni se montrer.
Car l'humilité réside dans le coeur et non dans les apparences. Si un homme a les yeux baissés, se sentant petit, mais dès qu'ils fait une bonne action, ils s'en trouve grandi. Ou encore, dès que quelqu'un lui manque de respect, il boue intérieurement. Alors ce n'est pas de l'humilité.
En revanche, Moché avait bien de la grandeur, il faisait de grandes choses, sans hésitation ni appréhension, mais avec un coeur qui se sentait véritablement et sincèrement, plus petit que les autres. Il ne se sentait pas supérieur.
C'est cela la véritable humilité. Celle où le coeur est en accord avec la vérité : le coeur ressent véritablement son insignifiance. Et cela n'empêche pas de faire pour autant de très grandes choses et pro
diges.

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-> Le Ktav Sofer (Vayikra 161b) enseigne que la Torah appelle Moché par le nom de sa mère adoptive, plutôt que par celui donné par ses parents, pour bien mettre en avant qu'il a été élevé dans un palais (de Pharaon) avec tous les fastes, comme un fils d'un grand roi.

Il avait toutes les raisons pour devenir hautain, mais cependant il ne se considérait pas supérieur au plus bas des esclaves.
C'est pourquoi, il a pleinement mérité son titre du plus humble de tous les hommes.

[la Torah a également gardé le nom donné par la fille de Pharaon par reconnaissance pour son acte qui a permis de sauvé Moché, et par ricochet l'ensemble du peuple juif]

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Nous allons voir (b'h) quelques enseignements du rabbi David Feinstein.

-> Les lettres du mot : anav (une personne humble - ענו) peuvent constituer le mot : avon (faute - עון).
Chacun est confronté dans sa vie à un choix : l'humilité ou la faute, et il n'y a pas de position médiane (c'est l'une ou l'autre).

-> Nos Sages enseignent (guémara Sotah 5a) qu'idéalement une personne doit posséder 1/64e d'orgueil, qui est nécessaire pour l'estime de soi et la confiance.
Que se passe-t-il si l'on augmente ce ratio à 1/63e?
Le nombre 63 en lettres hébraïques forme : גס (gass), faisant référence à l'arrogance, à une personne grossière.

Ainsi, la ligne séparant l'humilité de l'arrogance est très fine, sans situation neutre.

-> La guémara ('Houlin 89a) identifie 3 personnes comme étant spécialement humbles : Avraham, Moché et le roi David.

Leur humilité peut se voir dans la façon dont ils s'adressaient à Hachem :
- Le roi David : "Moi, je suis un vermisseau, et non un homme" (Téhilim 22,7) ;
C'est quand même un être vivant.
- Avraham : "Moi poussière et cendre" (Vayéra 18,27)
C'est une matière inanimée.
- Moché : "Nous, que sommes nous" (וְנַחְנוּ מָה - Béchala'h 16,7)
Cela implique de se considérer tellement sans valeur, encore moindre que de la poussière ou qu'un vermisseau.

Notre verset est : "L'homme Moché était extrêmement humble" (Béahaloté'ha 12,3).
Le terme "extrêmement" se dit : méod (מאד), et il a la même guématria que : ma (quoi - מה), mot employé par Moché ("que sommes-nous?"), le plus humble des hommes.
Par ailleurs, on peut remarquer que : מאד : le מ (Moché) ; א (Avraham) et ד (David).
L'ordre des lettres du mot suit l'humilité décroissante.

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-> Rabbi Méïr Shapira s'interroge : est-ce seulement à cause de cette formule ("que sommes nous?") qu'il a prononcée que Moché est considéré comme plus humble que Avraham ("Je ne suis que cendre et poussière")?

Il répond : "La différence vient de ce que c'est à l'adresse de D. qu'Avraham a prononcé sa formule, alors que celle de Moché s'adressait au peuple.

Cela rappelle l'histoire du rabbi Yonathan Eibschutz qui voit à l'office un homme prier avec ferveur. Il récite un texte du rituel : "Dans ma vie, je ne suis que poussière, a fortiori après ma mort."
Le rabbi dit : "C'est à côté d'un tel homme que je veux prier!"
Un peu plus tard, il voit cependant le même homme se mettre dans une grande colère pour avoir été appelé à la lecture de la Torah en 4e position seulement : "Et qu'est-ce que le fidèle appelé en 3e position a donc de plus que moi? Je vais lui montrer qui je suis!"
Surpris le rabbi s'adresse à lui : "Comment est-ce possible? Il y a encore quelques instants, tu disais n'être que poussière et cendre et maintenant tu parles de cette façon!"
- "La vérité, rabbi, c'est que face à Hachem, je ne suis que poussière et cendre, mais face à ce vaurien ... !""

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-> Le mot : anav (humble - עניו), est écrit dans la Torah sans la lettre youd (ענו).
Pourquoi cela?

La lettre youd (י) est la plus petite de l'alphabet. Elle est manquante et malgré tout le mot peut être lu.
Cela nous enseigne que nous n'avons pas besoin de monopoliser toute la place autour de nous pour être quelqu'un de grand (et ce au détriment d'autrui).
Moché était très effacé (à l'image du youd absent), malgré le rôle très important qu'il assumait pour le peuple juif (le mot anav pouvant quand même être lu).

Le Méam Loez (Béaaloté'ha 12,3) apporte 2 autres raisons :
1°/ L'absence de youd [provient du fait que, sans cette lettre, ce mot peut se lire "anou" (ils répondirent).] Lorsque les juifs entendirent les paroles de Myriam et de Aharon et virent Moché garder le silence, ils répondirent (anou) : "Moché est très humble".

2°/ Le mot anav (humble) est écrit sans youd. Bien que Moché fût parfait dans ce trait d'humilité, la Torah omit à dessein la lettre youd car Moché avait, lui aussi, omis la lettre youd lorsqu'il dit : "Produirons-nous (notsi) de l'eau pour vous de ce rocher" au lieu de : "Produira-t-Il (yotsi, avec un youd) de l'eau?"
C'était Hachem et non Moché qui devait faire jaillir l'eau du rocher.
Comme Moché avait amoindri l'honneur de D., la Torah ôta la lettre youd du mot anav.

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-> Pourquoi est-ce que l'humilité de Moché est-elle rapportée dans le contexte du lachon ara de Myriam et Aharon sur lui?

La Torah nous dit que le fait qu'une personne dise : "cela m'importe peu que vous parlez en mal sur moi!" (humilité), cela ne doit pas nous servir d'excuse pour justifier notre lachon ara.

Par ailleurs, cet épisode montre que même en privé avec uniquement son frère et sa soeur, Moché est demeuré plus humble que quiconque.
Le vrai test se fait souvent dans notre intimité avec nos très proches, où la peur du regard des autres n'est plus présente.

[divré Torah du rabbi Yéhouda Gross]

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+ Autres réponses à : Pourquoi est-ce que l'humilité de Moché est-elle rapportée dans le contexte du lachon ara de Myriam et Aharon sur lui?

-> Le Ibn Ezra explique que le reproche que Myriam et Aharon firent sur le comportement de Moché (le fait de penser qu'être prophète n'implique pas que l'on doive se séparer de son conjoint) sous-entendait que Moché se sentait différent des autres prophètes. Moché se sentait supérieur à tous les autres puisque aucun autre prophète ne quitta son conjoint, alors que Moché, lui, s'était séparé de sa femme.
Ainsi, leur critique impliquait que Moché se comporte avec une pointe d'orgueil et de supériorité. C'est pourquoi, la Torah tient de suite à rectifier ce sous-entendu en scellant que Moché est l'homme le plus humble de tous, et ce n'est absolument pas une quelconque forme d'orgueil qui le poussa à quitter sa femme.
Mais plutôt, c'est simplement le fait du très haut niveau de sa prophétie qui impliquait cela. La Torah tient à ce que personne ne s'imagine que Moché s'est pris pour plus grand qu'il n'était, et que ce soit cette orgueil qui le motiva à se séparer de sa femme. Jamais Moché n'a eu une telle pensée.

-> Le Panim Yafot explique que comme Hachem le fit remarquer à Myriam et Aharon, Moché était un prophète exceptionnel, et du fait de sa grandeur inégalable, il se devait de se réserver exclusivement à Hachem et ne pouvait pas vivre une vie conjugale. Ainsi, il est clair que si Aharon et Myriam connaissait la véritable grandeur de leur frère, ils auraient compris son attitude et n'aurait rien dit à son sujet. Seulement, ils ignorèrent à quel point Moché était grand.
En effet, Moché, dans son humilité, cachait constamment sa grandeur et se comportait avec simplicité. De la sorte, personne ne pouvait se douter de sa vraie grandeur, et c'est cela qui causa que Myriam et Aharon, non conscient du réel niveau de leur frère, se permette de parler sur lui.
La raison de cette médisance était donc bien la grande humilité de Moché qui, cachant sans cesse sa grandeur, cela pouvait laisser à se tromper sur la grandeur de sa prophétie.
[au point où Hachem Lui-même doit venir assurer dans Sa Torah qu'il est "extrêmement humble, plus que tout homme sur la face de la terre". ]

-> Le Yichma'h Moché ajoute à cette dernière explication que Hachem aime l'humilité et réside avec ceux qui détiennent cette qualité. C'est l'ego qui éloigne d'Hachem. Plus un homme est modeste, plus il sera proche d'Hachem.
Ainsi, si Moché était le plus grand prophète, c'était parce qu'il était l'homme le plus humble. Et son exceptionnelle proximité avec Hachem causa qu'il devait se séparer de sa femme.
=> Dès lors, l'humilité de Moché est la réponse à la médisance de Myriam et Aharon. Son humilité était la raison de la grandeur de sa prophétie et donc était la cause du fait qu'il devait se séparer de sa femme.

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Nous allons voir b'h, une autre vision de ce verset rapportée par Rabbi David Ashear dans son "Living Emouna 3".

Il est écrit : "Moché était extrêmement humble de tout homme" (mikol adam).

-> Le Séfer Maamarim rapporte que lorsque Moché est monté sur le mont Sinaï pendant 40 jours, il a eu le privilège de voir le Séfer de Adam haRichon, qui contient toutes les personnes ainsi que tous les actes réalisés au travers toutes les générations jusqu'à la fin des temps.

Moché a alors vu la période précédant la venue du machia'h (ikvéta déMéchi'ha), qui est la notre selon nos rabbanim.

Cette génération a une faible compréhension de Qui est Hachem (par rapport aux autres générations).
C'est une période où Hachem est caché, et durant laquelle les mitsvot sont faites sans pleinement les vivre.

Cependant, malgré les défis du moment (ex: internet), les juifs continueront à servir Hachem avec une force et des sacrifices personnels impressionnants.
Lorsque Moché a vu cela, il est devenu humble.

=> Moché a vu que notre génération est pleine de défis pour notre émouna ; malgré cela les juifs acceptent la volonté de Hachem et Le servent du mieux qu'ils le peuvent.
Cela a émerveillé Moché, qui en est devenu très humble!

( "Moché anav méod" = Moché était très humble ; "mikol aadam" = [à la vision] de tout homme [de notre génération précédant le machia'h et restant fidèle à Hachem malgré toutes les difficultés en terme de émouna] )

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-> Lorsque Moché eut quitté Hachem et fut redescendu sur terre, Satan vint devant Hachem et Lui dit : "Maître du l'univers, où est la Torah?"
Hachem répondit : "Je l'ai donnée à la terre" ...
Satan revint devant Hachem et Lui dit : "Maître de l'univers, je l'ai cherchée par toute la terre et je ne l'ai pas trouvée".
Hachem répondit : "Va auprès du fils d'Amram".
Satan se rendit chez Moché et demanda : "La Torah que Hachem t'a donnée, où est-elle?"
Moché répondit : "Qui suis-je pour que Hachem m'ait donné la Torah?"
Hachem intervint : "Moché, dis-tu la vérité? (Je te l'ai donnée!)"
Moché répondit : "Maître du monde, ce trésor précieux dont Tu fais chaque jour Tes délices, puis-je (me déclarer seul possesseur de ses bienfaits) et m'en attribuer le mérite?"
Hachem répondit à Moché : "Puisque tu es si modeste, le nom de la Torah sera attaché au tien", comme il est dit : "Souvenez-vous de la Torah de Moché (Torat Moché), Mon serviteur" (Mala'hi 3,22).
[rabbi Yéhochoua ben Lévi - guémara Shabbath 89a]

=> Qu'est-ce qui a valu à Moché qu'Hachem attache la Torah à son nom : "Torat Moché"?

-> Selon le Maharal (Tiféret Israël 23) :
Il semble que la Torah, entièrement spirituelle, ne pouvait s'attacher à un être humain composé partiellement de matière.
Cependant, cette incompatibilité n'est valable que pour un homme orgueilleux, car l'orgueil constitue un écran qui éloigne l'homme de son Créateur.
Mais Moché qui a dit : "ma ani" (qui suis-je?) dans son humilité, qui ne s'attribue aucun mérite ni aucune importance, et qui est prêt à annuler toute sa personnalité devant Hachem, peut recevoir la Torah et s'attacher totalement à Hachem.

-> Le Maharcha enseigne :
Hachem vient dire à Moché : "Puisque tu as diminué ta part de mérite dans ce don de la Torah et que tu l'as fait dépendre exclusivement de Moi, à Mon tour, je ne ferai dépendre la Torah que de toi, Moché, et elle sera appelée sur ton nom : "Torat Moché" à toutes les générations."
[même les enseignements nouveaux ('hidouchim) des sages des générations futures seront désignés : "Torat Moché", et te seront attribués en raison de ta grande humilité.]

Le Maharcha rapporte que Moché a dit à Hachem : "Moi, né d'une femme, être de chair et de sang, je ne suis pas digne de cette révélation [des secrets cachés de la Torah] ; si ce n'est que Tu m'as recouvert de Ton rayonnement, j'aurai été incapable de comprendre les secrets enfouis dans la Torah."

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-> "Et Moché était très humble, plus que tout homme sur la surface de la terre" = car l'humilité véritable est celle dont on fait preuve en toute circonstance, devant le plus grand comme devant le plus petit des hommes.
[Tsor ha'Haïm]

"Moché implora Hachem en disant : "Ô D., de grâce (na), D., guéris-là, de grâce (na)"." (Béahaloté'ha 12,13)

Moché faisant une prière, il ne peut implorer que Hachem. Pourquoi la Torah n'écrit-elle pas alors : "Moché implora en disant" ?

Nos Sages enseignent que quand une personne souffre, Hachem aussi "souffre" avec elle.

Ainsi, selon le Yichma'h Moché, l’essentiel de la prière de Moché était tourné vers Hachem, implorant la guérison de Myriam afin que D. arrête de "souffrir" du fait de sa douleur.

=> Il faut comprendre le verset comme disant : "Moché implora pour Hachem" : il pria surtout pour que Hachem calme Sa peine.

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-> Le 'Hida (Na'hal Kadmonim) écrit :
"J'ai entendu au nom des Sages des générations passées, que dans les cieux, il avait été transmis à Moché le secret selon lequel le double emploi du mot : "na" (נָא) dans une requête assurait son exaucement.
Voilà pourquoi, lorsqu'il a prié en faveur de sa sœur Myriam atteinte de tsara'at, il a imploré Hachem en ces termes : "Ô D., de grâce (na), D., guéris-là, de grâce (na)".

-> "Laisse-moi passer, de grâce (na), pour que je voie ce pays" (Dévarim 3,25).
Après avoir ainsi supplier Hachem de le laisser entrer en terre d'Israël, il est écrit : "Hachem S'est irrité contre moi ... Il me dit : Ne continue pas de Me parler avec cette parole".

Si Moché avait ajouté un 2e "na" dans sa requête, et avait demandé : "Laisse-moi passer, de grâce, que je voie, de grâce", elle aurait été agréée.
C'est pourquoi Hachem l'a immédiatement sommé : "Ne continue pas de Me parler avec cette parole".

"Même après avoir commis de nombreuses fautes, il ne faut jamais tomber dans la tristesse.
Le repentir doit se faire dans la joie.

En effet, le simple fait de réfléchir à la grande Bonté d’Hachem, comment Il réside avec nous même dans toutes les impuretés de nos fautes et Il nous accompagne, cela même doit déjà suffire à nous remplir de joie intense de mériter tant d’amour de la part de notre Créateur."

[Rabbi de Slonim - Torat Avot]

"J'ai destiné les Lévi'im à être donnés à Aharon et à ses fils, d'entre les enfants d'Israël, pour accomplir le service des enfants d'Israël dans la Tente d'Assignation et pour procurer la réparation aux enfants d'Israël, afin qu'il n'y ait pas de plaie parmi les enfants d'Israël quand les enfants d'Israël s'approchent du Sanctuaire" (Béha'aloté'ha 8,19)

Selon Rachi, les enfants d'Israël sont mentionnés 5 fois dans ce verset, pour montrer l'immense amour, affection que D. leur porte, et ces 5 évocations font allusion aux 5 livres de la Torah.

Pourquoi la Torah fait-elle connaître précisément dans ce verset, l'amour que D. porte aux enfants d'Israël?

Le 'Hidouché haRim donne la réponse suivante :
En réalité, initialement il était prévu que ce soient les aînées d’Israël qui effectuent le Service dans le Sanctuaire. Mais, suite à la faute du Veau d’or qui a aussi concerné les aînés, Hachem les remplaça par les Lévi'im qui n’ont pas fauté.
["J'ai pris les Lévi'im à la place de tout 1er-né d'entre les enfants d'Israël" (Béaaloté'ha 8,18)]
Malgré cela, les enfants d’Israël acceptèrent de renoncer au droit de servir au profit des Lévi'im, car ils avouèrent et reconnurent leur part/implication dans la faute du veau d’or.

=> C’est pourquoi, Hachem Qui aime tant la Vérité, voulut montrer Son amour pour Israël justement dans ce contexte où ils se soumirent à la Vérité et admirent leur faute ainsi que ses conséquences, la perte de leurs droits à Servir dans le Sanctuaire et n’ont pas cherché à se justifier.

Pour ne pas qu'ils en viennent à s'attrister, à être atteints d'un sentiment d'infériorité (par notre faute nous sommes "condamnés" à être à un niveau moindre puisque n'ayant pas été choisis pour le service dans le michkan), la Torah les mentionne à ce moment à 5 reprises, pour bien souligner tout l'amour que Hachem porte à chaque juif.
[quelque soit son implication/rôle dans la spiritualité, un juif est toujours aimé par D., uniquement par le fait qu'il est juif!]

 

Ainsi selon le 'Hidouché haRim, de même que la Torah est composée de 5 livres séparés, qui sont des unités indépendantes mais qui ensembles combinées forment une seule Torah, de même les juifs sont divisés en : Cohanim, Lévi'im et Israëlim, représentant des unités séparées ayant chacune leurs propres fonctions, mais qui combinées forment une seule grande Nation, extrêmement précieuse et importante à Hachem.

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-> Selon le Torah Or, ce verset nous apprend ainsi, que par l'étude et la pratique de la Torah, il est possible de se hisser plus haut encore que le service dans le Sanctuaire (la avoda).

Les membres de la tribu de Lévi ont certes été désignés pour la prêtrise et pour le service dans le Michkan.
Néanmoins, la couronne de la Torah reste à la disposition de quiconque veut s'en coiffer.

=> Tout juif désireux de l'acquérir est apte à la saisir et à en orner sa tête!

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-> "Afin qu'il n'y ait pas de plaie parmi les enfants d'Israël quand les enfants d'Israël s'approchent du Sanctuaire" (Béha'aloté'ha 8,19)

-> Rabbi Meïr de Zhikov enseigne :
"Ne repousse pas ta visite dans le sanctuaire jusqu'au moment où tu auras des problèmes.
Fréquentes les synagogues même lorsque tu n'es pas dans un état de détresse."

[nos Sages disent qu'il vaut mieux prier avant d'avoir une difficulté, car sinon Hachem va nous envoyer une difficulté pour qu'on se souvienne de Lui, et qu'on se tourne vers Lui en prières.]

"L'étude de la Torah est plus grande que la construction du Temple"

[guémara Méguila 16b]

Hachem dit : "Un petit groupe [de personnes] en Israël M'est plus cher que le grand Sanhédrin en dehors de la terre [d'Israël]."

[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 1,2]

"Les prémices de vos pâtes (עֲרִסֹתֵכֶם), la 'Halla (חלה), vous prélèverez pour Hachem" (Chéla'h Lé'ha 15,20)

La pâte se dit dans le verset "arissa" (עריסה), qui signifie aussi le berceau.
Cela vient rappeler que dès le berceau, l'enfant doit être élevé pour le service d’Hachem.

On trouve cela en allusion dans le terme : 'Halla (חלה) :
- La lettre ח de valeur 8 : fait allusion à la mila réalisée le 8e jour.
- La lettre ל de valeur 30 : fait allusion au rachat du premier-né le 30e jour.
- Et la lettre ה de valeur 5 : fait allusion à l'initiation de l'enfant à la Torah, comme il est écrit : "A l’âge de 5 ans, on commence à lui apprendre la Torah (écrite)" (Pirké Avot 5,22).

[Ora'h lé'Haïm]

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-> Il est écrit à propos du prélèvement de la 'Hala : "Comme prémices de votre pâte (a’arissotékhem ‘hala), vous prélèverez un gâteau en tribut ; à l’instar du tribut de la grange, ainsi vous le prélèverez. Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à l’Éternel dans vos générations futures" (Chéla'h Lé'ha 15,20-21)

-> Rachi explique : "Vous prélèverez de ses prémices, c’est-à-dire : Avant d’en manger la première portion (les prémices), il en sera pris un morceau comme prélèvement pour Hachem".

=> Quelle est l’importance de la mitsva de prélever la ‘Hala?

On peut citer les réponses suivantes :
1°/ La génération des Explorateurs croyait assumer existence idéale en consommant le "pain du Ciel", la Manne ; ils ne pouvaient concevoir de ne plus manger que le "pain de la Terre" après l’entrée en Canaan. C’est pourquoi il leur fut révélé qu’on pouvait parvenir à la Sainteté par le prélèvement des prémices sur la pâte, la חַלָּה (‘Hala) – la sanctification du pain quotidien. [Sfat Emet].

Par l’observance régulière du prélèvement des prémices de la pâte et des fruits, et de la dîme (Maasser) sur les produits alimentaires, le manger et le boire se colorent de Sainteté. En ce qui concerne la ‘Hala, son prélèvement est obligatoire, au regard de la Torah, qu’en Terre d’Israël et lorsque la Présence Divine réside dans Son sanctuaire.
C’est là les véritables prémices (Réchit - ראשית) qui correspond au "Commencement D. créa" (Béréchit Bara - בראשית ברא)", car c’est en vue du mérite futur de la ‘Hala, des Bikourim (prémices des fruits) et du Masser que le monde a été créé (midrach Béréchit Rabba 1)

[il est à noter que la mitsva de la ‘Hala procure la récompense du monde futur, comme l’indique, en allusion, les initiales de la phrase: "חלק לעולם הבא" (‘Hélek léOlam aba - une part dans le Monde futur) forment : חַלָּה ('Hala). ]

2°/ "La vie de l’homme est basée sur sa nourriture et pour la plupart des gens, la base de la nourriture c’est le pain. En nous donnant cette Mitsva (la ‘Hala) qui s’applique à notre pain quotidien, Hachem a voulu grandir notre mérite, afin que Sa Bénédiction s’attache à celui-ci ; il se trouve ainsi être à la fois nourriture du corps et de l’âme".
[Séfer Ha’hinoukh]

3°/ "Tout celui qui prélève la ‘Hala est béni d’Hachem, comme le dit le Prophète Ezéchiel: ‘…La première part de vos pâtes, vous la donnerez au Cohen, pour que la Bénédiction repose sur vos maisons’" [Yé'hezkiel 44,30].

4°/ L’homme ne doit pas dire : "Je vais profiter un peu de la vie dans ma jeunesse et quand j’aurai vieilli, je deviendrai quelqu’un qui craint D."
La Torah enseigne : "Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez un gâteau en tribut" : au début de votre existence, dans votre jeunesse, vous devez sanctifier votre vie et l’élever vers les voies du Créateur. [Avodat Israël]

Le midrach enseigne : "Pourquoi la section relative à l’idolâtrie est-elle placée juste après celle de la ‘Hala?
Pour t’apprendre que quiconque accomplit le Commandement de prélever la ‘Hala, c’est comme s’il reniait l’idolâtrie".
Si un homme accomplit le Commandement de prélever la ‘Hala parce qu’il est convaincu que tout lui est donné de la main de D. et qu’il est donc tenu de prélever les prémices de ses biens en signe de reconnaissance, cela est en soi un reniement de l’idolâtrie. Il désavoue l’illusion que "c’est ma force et ma puissance qui m’ont fait obtenir toute cette richesse" (Ekev 8,17) qui est, en fait, la pire forme d’idolâtrie.
Un verset dit : "Leurs idoles sont l’argent et l’or, des œuvres de l’homme" (Téhilim 115,3) = leur idolâtrie s’exprime par le fait que l’argent et l’or sont à leurs yeux "les œuvres de l’homme".
[Avné Ezel]

5°/ Nos Sages appellent Adam : "la ‘Hala pur du Monde".
[à noter que les initiales, lues en l’envers, des trois derniers mots de: "vayéhi aadam lénéfech 'haya" ("Et l’homme devint un être vivant" - וַיְהִי הָאָדָם לְנֶפֶשׁ חַיָּה - Béréchit 2,7) forment le mot חַלָּה (‘Hala)].
Ceci signifie qu’Hachem l’a créé entièrement pur, sans désir mauvais. ‘Hava a fait perdre à Adam sa pureté première. A cause de son péché, lui-même et ses descendants ont été entraînés par leurs désirs physiques (même si la réalisation de ces désirs leur nuit).
La mitsva du prélèvement de la ‘Hala a le pouvoir de rendre à l’esprit la pureté qu’il a perdue en raison du péché de ‘Hava. [Tiféret Tsion]

On devrait prendre grand soin d’accomplir la mitsva de la ‘Hala. Pour fruit de sa négligence, la famine vient sur le monde, tandis que son observance apporte à la maisonnée, la Bénédiction matérielle. [midrach haGadol]

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-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que les 3 mitsvot spécifiques aux femmes : 'halla (חלה), nidda (נדה), nér hadlakat (l'allumage des bougies [de Shabbath] - הנר הדלקת) ont les 1eres lettres qui forment : 'Hanna (חנה), qui est le nom de la femme dont les prières pour son fils ont servi de modèle de prière.
En effet, les moments les plus opportuns pour qu'une femme prie c'est lorsqu'elle accomplit ces mitsvot spéciales, qui ont la capacité unique de générer de la sainteté dans sa maison.

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=> Pourquoi les Lois des Offrandes de farine, des libations et de la ‘Hala sont-elles juxtaposées à l’épisode des Explorateurs?

On peut citer les raisons suivantes :

1°/ A la suite de l’affaire des Explorateurs et du châtiment infligé à la génération, un esprit d’affliction et de dépression s’empara du Peuple. Il se plaignit en disant : "Peut-être nos enfants commettront-ils quelque autre péché, et eux non plus n’entreront pas en terre d'Israël. Notre peuple n’arrivera alors jamais dans le Pays". Hachem ordonna à Moché : "Va, et encourage les juifs attristés", "Maître de l’Univers", demanda Moché, "comment les réconforterai-je?" "En leur enseignant la Torah", répondit Hachem, "instruis-les dans la mitsva des libations [une mesure de vin était apportée avec le Sacrifice et était versée dans les cavités de drainage situées à la base de l’Autel – une Offrande de farine, huile et sel était également apportée et consumée entièrement sur l’Autel] et du prélèvement de la ‘Hala de la pâte [celle-ci était sainte et devait être donnée au Cohen].
La mise en pratique de ces mitsvot est (essentiellement) liée à la terre d’Israël.
Ainsi, les juifs reprendront espoir, étant assurés que leurs enfants entreront en terre d'Israël".
[Tana DéBé Eliahou Rabba 29]

La consolation fut également pour les pères eux-mêmes, car, comme l’enseigne la guémara (Sanhédrin 90b) : "De quel Texte de la Torah déduit-on la Résurrection des Morts? Il est écrit : ‘[Cette Terre] que Hachem a juré à vos ancêtres de leur donner’ (Ekev 11,9). Il n’est pas dit : ‘De vous donner’ mais ‘De leur donner’ [eux qui sont déjà morts]", Hachem leur assura qu’ils se relèveront à la vie et hériteront de la Terre d’Israël (et pourront ainsi eux-mêmes accomplir les mitsvot liées au Pays). [Or ha'Haïm haKadoch].

2°/ Les Bné Israël ont péché en calomniant la terre d'Israël, à cause du vin que les Explorateurs en avaient rapporté (voir Chéla'h Lé'ha 13,23). Hachem, dans Sa Miséricorde, enseigna aussitôt aux juifs la mitsva de Nissoukh Hayaïn (ניסוך היין), libation de vin, afin de permettre d’expier leur péché dont le vin en était la cause. [Tsror haMor]
(Si la mitsva de la libation figure en premier lieu, bien que celle de la ‘Hala lui soit antérieure, c’est parce que la libation de vin concerne l’Autel sacré tandis que la ‘Hala se rapporte au pain quotidien – Lémaala Lémata).

3°/ Le passage relatif aux libations et prélèvement de la ‘Hala est juxtaposé à l’épisode des Explorateurs, afin de fortifier le coeur des enfants endeuillés et de les consoler en leur faisant savoir qu’ils rentreront, contrairement à leurs pères, en terre d'Israël et qu’ils offriront là-bas des Sacrifices (accompagnés de libations et d’offrandes de farine). [Rabbénou Bé’hayé]

4°/ Tout de suite après la faute des Explorateurs, les Bné Israël reçurent la mitsva de prélever la ‘Hala afin de mériter que la bénédiction règne dans leurs maisons, comme il est dit : "la première part de vos pâtes, vous la donnerez au Cohen, pour que la bénédiction repose sur vos maisons" (Yé'hezkel 44,30). [Sforno]

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2021/09/09/32631