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"Elle se hâta, vida sa cruche vers l'abreuvoir, courut encore vers le puit pour puiser. Elle puisa pour tous ses chameaux."    ('Hayé Sarah  24,20)

Que signifient cette hâte et cette course pour abreuver les chameaux?
On peut noter que les versets ne contiennent aucune allusion au fait que les animaux aient été au bord de l'épuisement, ni qu'il y ait eu une urgence quelconque.

Le Chla haKadoch explique que la course de Rivka était en réalité une ruse destinée à la tirer d'un sérieux embarras.

Quand Eliézer a fini de boire, il lui a rendu la cruche avec un peu d'eau à l'intérieur, confrontant ainsi la jeune fille à un dilemme.
Que devait-elle faire?

Fallait-il donner le reste de l'eau à boire aux chameaux?
Sûrement pas! Cela aurait été injurieux envers Eliézer, comme suggérant que ses animaux et lui-même appartenaient à la même catégorie.

Renverser l'eau?
Cela aussi aurait constitué un affront, comme si elle avait voulu montrer que les restes laissés par Eliézer ne valaient pas plus que l'eau croupissante.

=> Que restait-il à faire pour ne pas l'offenser?

Elle décida de courir pour pourvoir aux besoins des chameaux, et, tandis qu'elle courait, elle trébucha volontairement et tomba.
La cruche lui glissa des mains, et son contenu se répandit sur le sol, comme par accident.
Puis elle alla remplir à nouveau le récipient pour les bêtes, évitant ainsi habilement de froisser l'honneur d'Eliézer.

 

Source (b"h) : issu du "talélei Oroth" du rav Yssa’har Dov Rubin

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-> Au début de l'épisode où Eliézer va chercher une femme pour Its'hak, il est appelé "serviteur" (éved - עֶבֶד), comme par exemple :
- "Le serviteur prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" (v.24,10) ;
- ou bien : "Le serviteur courut au-devant d'elle et dit" (v.24,17).

Juste après avoir rencontré Rivka, Eliézer est appelé : "ich" (אִישׁ), comme par exemple :
- "cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si Hachem avait béni son voyage ou non" (v.24,21) ;
- ou bien : "L'homme s'inclina et se prosterna devant Hachem " (v.24,26).

=> Qu'est-ce qui a entraîné un tel changement?

Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication suivante :
Ce changement a eu lieu au moment où Rivka a appelé Eliézer : "mon maître (adoni - אֲדֹנִי)" ("Bois mon maître" - v.24,18).
Eliézer était un serviteur/esclave, et il n'était pas habitué à entendre les gens l'appeler ainsi, avec tant d'honneur.
Rivka lui a parlé avec tant de respect, que cela a élevé son estime de lui-même. Et puisqu'il se sentait alors comme un homme (ich), et non plus un serviteur, alors la Torah l'a appelé ainsi.

[Eliézer était au serviteur d'Avraham, et il avait un niveau exceptionnel, et malgré cela il a été sensible aux marques de respect de Rivka. Il en découle à quel point toute personne a besoin de marques d'estime, comme une plante à besoin d'eau, de lumière pour pouvoir pleinement s'épanouir.
Un mot, un sourire, peuvent redonner la vie à une personne abattu. Combien de mérites nous aurons grâce à cela, pour un investissement qui ne nous coûte rien!]

-> A la fin de la paracha, Rachi (v.24,67) écrit que Rivka était semblable à Sarah. En effet : "Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka".

Ces grands miracles sont en allusion en uniquement 3 ou 4 mots dans la paracha.
Cependant, lorsque la Torah aborde les actions de bonté de Rivka, elle le fait avec une abondance de mots.
Par exemple, il y a plusieurs mots pour décrire comment Rivka a versé de l'eau à Eliézer et à ses chameaux.
Le Sidouro Shel Shabbath (Chorech I 4,11) écrit que cela nous montre que la plus grande louange d'une personne est ses bonnes actions.
Les gens aiment rapporter les miracles que les tsadikim réalisent, mais il y a quelque chose d'encore plus plus louable : les mitsvot et les actes de bonté qu'ils font.

Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir dit que cela est logique, car Hachem accomplit les miracles, tandis que le crédit des bonnes actions revient aux gens qui y ont investi les efforts pour les réaliser.

Eliézer a vu les miracles qui se sont produits à Rivka (comme l'eau qui est montée du puits), mais il n'a pas été convaincu de ses bonnes midot tant qu'il n'a pu les voir en application.
Selon le rabbi de Klausenbourg, cela nous apprend qu'une personne peut réaliser des miracles, et cependant toujours avoir de mauvaises midot.
[le rav Salanter disait qu'il est plus facile de lire tout le talmud, que de se changer un mauvais trait de caractère.
Le Yaarot Dvach enseigne que nous nous extasions devant le niveau énorme d'un tsadik, en pensant qu'il est pratiquement né comme cela. Cependant nous oublions de réaliser tous les efforts, tous les sacrifices, qu'il a fait pour en arriver là.]

-> On a demandé au Gaon de Tchebin ce qu'il faut regarder dans un chidou'h, et il a répondu : "3 choses : de bonnes midot, de bonnes midot, de bonnes midot".
[le Imré 'Haïm fait remarquer que Eliézer n'a pas été impressionné par les miracles de Rivka, mais par ses midot, car c'est le facteur de loin le plus important.]

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-> Rabbénou Bé'hayé apporte une autre réponse à cette question.
Il explique qu'au moment où Eliézer était activement impliqué à trouver un chidou'h pour Its'hak, il est appelé : "ich" car un ange est venu pour l'aider, ce qui a élevé Eliézer au statut de "ich".
Avant et après cette finalisation du chidou'h, Eliézer est appelé : éved".

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-> Et il dit : "Hachem, D. de mon maître Avraham! daigne me procurer aujourd’hui une rencontre" ('Hayé Sarah  24,20)

-> Le Ben Ich 'Haï ('Hayé Sarah) enseigne :
Il est connu que toute grande chose que l’on essaie de faire va réveiller le Satan qui va par tous les moyens essayer d’empêcher la réalisation d’un projet contre son existence.
Eliézer au moment de chercher une femme pour Its’hak, sait bien qu’en assurant la descendance d’Its’hak et donc la naissance prochaine de tout le peuple juif, il va déclencher une pluie d’embûches que le Satan va chercher à mettre sur son chemin.
Il va donc en appeler au mérite des 5 jours les plus purs depuis la créations, ce sont : le jour de la circoncision d’Avraham, celui de celle d’Its’hak et les 3 jours de la ‘Akéda.
C’est ce qui est en allusion dans notre verset : "akré na léfanav ayom" (הַקְרֵה-נָא לְפָנַי הַיּוֹם) se traduit littéralement "fasse que se produise pour moi aujourd’hui". Le mot hayom (aujourd’hui - הַיּוֹם) peut aussi se lire Hé-Yom qui veut dire 5 jours. Et par le mérite de ces 5 jours saints, le Satan ne pourra pas venir accuser et essayer d’empêcher le mariage d’Its’hak.

On peut encore comprendre ce "hayom" (הַיּוֹם) non pas par aujourd’hui mais par "Le jour", et ce jour c’est le plus haut, le plus saint et le plus pur de toute l’année, celui de Yom Kipour où se dévoile une lumière Divine tellement haute et puissante que le Satan en est rendu impuissant et ne peut plus rien faire contre le peuple juif ni accuser. Si cette lumière se dévoile maintenant, comme le demande Eliézer, le Satan ne pourra rien faire pour empêcher le mariage d’Its’hak.

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