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"Bilti ("sans que") vers la manne [voient] nos yeux." (Béha'aloté'ha 11,5)

La guémara (Yoma 74b) nous enseigne : "Celui qui voit et mange ne peut être comparé à celui qui ne voit pas et mange.
De là on trouve une allusion au fait que les aveugles mangent sans être rassasiés."

Le Likoutei Ritsba de dire qu'il en allait de même pour ceux qui consommaient la manne.
Certes, le goût de tous les aliments se manifestaient dans celle-ci ; chacun y trouvait la saveur du met qu'il désirait.
Cependant, elle n'en présentait ni la forme, ni l'aspect. En cela, la jouissance que les enfants d'Israël en retiraient était incomplète.

=> Telle fut donc leur critique : Nos yeux ne perçoivent pas l'aspect des aliments dont la manne nous offre la saveur, si bien que nous n'en jouissons pas véritablement, à la différence de ceux qui voient ce qu'ils introduisent dans leurs bouches et en retirent un véritable plaisir gustatif.

Pourquoi dans ce cas : "la colère de D. s'enflamma grandement" (11,10) suite au désir d'avoir de la viande à manger.
Pourquoi cette réclamation est-elle si grave (ne combler-t-elle pas ce manque de voir l'aliment mangé)?

Le Kéhilat Yits'hak nous dit que pendant toutes leurs pérégrinations dans le désert, les enfants d'Israël étaient quasiment privés de libre arbitre, dans la mesure où, aussitôt qu'ils commettaient une faute, ils étaient punis.
-> Ils ont érigé le veau d'or et l'ont idolâtré, immédiatement après : "D. frappa le peuple parce qu'ils avaient fait le veau" (Chémot 32,35).
-> Ils ont gravement failli dans l'épisode des explorateurs. Dès ensuite, "les hommes ayant médit du pays moururent" (Bamidbar 14,37).
-> Kora'h et ses complices commirent un péché ; aussitôt : "la terre ouvrit sa bouche, elle les engloutit avec leurs maisons" (Bamidbar 16,32).
-> Les enfants d'Israël osèrent récriminer contre D. et contre Moché. Immédiatement après, "D. envoya contre le peuple des serpents brûlants" (Bamidbar 21,6).

=> Ainsi, ils n'avaient pratiquement pas de libre choix, puisqu'ils voyaient le châtiment s'abattre dès que le péché avait été perpétré.
Mais ce mode de conduite était la seule manière de leur faire acquérir une foi véritable, une conscience de la veille permanente de D.

Cette leçon, D. l'a donné dans le désert à la nation entière, mais également à chaque individu.
C'est dans cet objectif "pédagogique" qu'Il les a nourri de la manne, par laquelle chacun était puni aussitôt après avoir péché.

-> Nos Sages expliquent en effet (guémara Yoma 75a) : "Il est écrit [sur la manne] qu'elle était du "pain" (Chémot 16,4), ou encore qu' "ils la pilaient dans le mortier" (Chémot 16,4).
Pour les justes, elles étaient comme du pain [Rachi : après cuisson] ; pour les gens moyens, comme des gâteaux [Rachi : avant cuisson].
Quant aux impies, ils devaient la piler."

=> Autrement dit, chacun recevait, dans la manne qu'il ramassait ce à quoi son niveau spirituel lui donnait droit.
Les tsadikim recueillaient un pain cuit à point.
Les Israélites "moyens" devaient encore la faire cuire, et les pécheurs devaient même la broyer à la meule.

La manne révélait le niveau de chacun.
Celui qui, un jour, avait commis un péché devait, dès le lendemain, faire cuire sa manne, ou, pire encore, cueillir du blé, le moudre et en confectionner son pain.
Outre la honte qu'il éprouvait certainement devant les membres de sa maisonnée, ceux-là devaient encore supporter la longue attente due à ces préparatifs avant de pouvoir "se mettre à table" ...

-> Il est écrit dans la guémara (Yoma 75a) : "Les vertueux trouvaient la manne devant leurs seuils ; les gens moyens sortaient du camps et la glanaient.
Quant aux impies, ils devaient se disperser loin du camp pour la glaner."

Cette mise à l'épreuve était bien plus difficile que la précédente.
En effet, au cours de la 1ere, même si le pécheur avait dû subir les affres de la honte, cela se passait entre les murs de sa maison, aux yeux de ses proches.
Mais lorsqu'il devait aller au loin, hors du camp, pour rechercher sa portion de manne, c'était bien la preuve, pour tous, qu'il avait péché.

-> Nos Sages ajoutent (guémara Yoma 75a) : "De même que le prophète était capable de leur dire ce qu'il y avait dans les trous et les fentes, de même la manne divulguait-elle ce qu'il y avait dans les trous et les fentes."

Si des époux venaient trouver Moché en se plaignant chacun de ce que l'autre avait mal agi, la manne permettait de savoir qui avait raison.
Comment cela?
Eh bien, tout simplement, si le Omer de manne de l'épouse apparaissait dans la maison de son père, cela signifiait que son mari était réellement fautif.
Mais, s'il se manifestait dans le domaine de son mari, cela voulait dire qu'elle était dans son tort.

=> La manne révélait aux yeux du peuple entier qui était réellement un être "moyen" et qui était un impie.
Les gens ne pouvaient raisonnablement pas "se permettre" de pécher, sachant que dès le lendemain matin, au moment où tous glaneraient leurs rations, ils seraient couverts d'opprobre.

=> Ces impies (le érev rav : le les hommes du "ramassis"), ont donc cherché à se débarrasser de ce révélateur encombrant (mettant à nu quotidiennement la situation spirituelle de chacun, jusqu'aux pensées les plus intimes).

Ils savaient qu'en faisant part à haute voix de leur projet, et en le divulguant publiquement, la majeure partie du peuple le rejetterait.
Car, dans leur grande majorité, les enfants d'Israël étaient des justes.

Voilà pourquoi les membres du ramassis ont commencé par réclamer de la "viande".
En réalité, ils voulaient ainsi susciter le besoin d'acheter des bêtes auprès des nations voisines, ce qui leur permettrait par la même occasion de rapporter avec eux du blé et de la farine.
De cette manière, ils n'auraient plus besoin, au moins pour un certain temps, d'aller glaner leurs portions de manne.
Ils pourraient alors agir selon les désirs de leurs cœurs ...

=> Nous comprenons maintenant pourquoi "la colère de D. s'enflamma grandement, et aux yeux de Moché, cela fut mauvais ..."

Source (b"h) : compilation personnelle issue du "Talelei Oroth" du rav Yissa'har Dov Rubin

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+ "Des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail" (Béaaloté'ha 11,5)

-> Rachi commente : Pourquoi la manne prenait-elle tous les goûts à l’exception de ceux-là? Parce qu’ils sont malsains pour les nourrices.

=> Etait-il permis de vouloir que sa manne est le goût d'un aliment interdit : comme un mélange de lait et de viande ou bien du 'hamets à Pessa'h?

-> Dans son commentaire sur le midrach Plia, le Binat Névonim écrit que cela était possible et permis de le faire.

-> Le Shaar bat Rabim dit que c'était interdit d'agir ainsi, et il est d'avis que cela constituait le test de la manne dont la Torah écrit : "afin que Je l'éprouve" (Béchala'h 16,4).

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-> "Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail" (v.11,5)

=> Quel est donc le lien entre tous ces légumes et le poisson ?

L’auteur du Zikhron Israël explique que Yaakov avait béni Pharaon en lui souhaitant que le Nil monte à sa rencontre et abreuve les champs de l’Egypte, de sorte que les Egyptiens pourraient étendre leurs filets dans ce fleuve traversant leurs champs et attraper ainsi de nombreux poissons.

C’est la raison pour laquelle, lorsque les enfants d’Israël évoquèrent le souvenir du poisson consommé en Egypte, ils mentionnèrent également les concombres, melons, poireaux, oignons et aulx, car le poisson était récolté en même temps que ces légumes, dans les champs égyptiens.

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-> Rabbi 'Hanania segane HaCohanim a dit :
"Tout celui qui place sur son cœur des pensées de Torah, on lui enlèvera de son cœur les pensées de peur de l'épée (même en temps de guerre), les pensées de peur de la famine (même en temps de famine), les pensées futiles, les pensées de débauche, des pensées concernant une femme mariée, ou des pensées folles, la peur des hommes ...
Mais celui qui ne place pas sur son cœur des divré Torah, on lui mettra dans son cœur la peur de l'épée, la peur de la faim, des pensées qui ne servent à rien, des pensées de débauche, des pensées concernant une femme mariée, des pensées idiotes et la peur des hommes".
[ Avot déRabbi Nathan (chap.20, michna 1)]

-> Rabbenou Bé’hayé ('Hovot haLévavot - prichout chap.2) au sujet des effets de l'étude :
"l'intention de la Torah est que l'esprit dirige tous les penchants et désirs de l'âme et tous les plaisirs du corps ; et que l'esprit soit plus fort qu'eux.
Il est très connu que le renforcement des désirs (taavot) contre l'esprit est la racine de toutes les fautes et la raison de toutes les dégénérescences. Je sais que le Peuple ne s'est rapproché de la matière qu'après s'être éloigné de l'étude de la Torah".

-> "Celui qui demande le désir (taava) se sépare (nifrad)" (Michlé 18,1).
Le Gaon de Vilna explique : le roi Shlomo vient enseigner que seul celui qui se sépare de la Torah réclame la taava, car la Torah casse les taavot. Quand l'homme s'éloigne de la Torah alors les taavote le poursuivent et il les poursuit également.

=> Immédiatement après le départ du mont Sinaï se mettent à désirer de la pastèque, des oignons, du poireau, non parce que ces goûts-là manquaient à la manne, mais en réalité le feu de la taava (désir) s'est mis à brûler chez les Bné Israël par manque de Torah.
Il s'est canalisé là où il pouvait bien se canaliser : c'est-à-dire vers les choses que les Bné Israël n'avaient pas comme le poireau et l'ail.

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+ Exemple de l'application du "pouvoir" de la manne dans le cas de la femme Sota :

-> "Hachem a parlé à Moché en disant" (Nasso 5,11)

Ce verset, qui introduit ici le passage de la Sota (la femme suspectée d’adultère), est expliqué dans le midrach comme devant être appliqué pour les générations futures. Pourquoi cela?

C’est que dans le désert, la loi de la Sota n’était pas d’actualité. En effet, nos Sages enseignent que la manne permettait d'élucider si la femme avait fauté ou non.
Quand un homme suspectait sa femme de l’avoir trompé, si la portion de manne revenant à cette femme se déposait à la porte de la maison du mari, on savait que la femme était innocente. Mais si sa part tombait près de la porte de la maison du père de cette femme, on savait alors qu’elle avait fauté. On n’avait donc pas besoin de tout le processus de la Sota avec l’eau amère qu’elle devait boire pour savoir si elle avait trompé son mari.
=> Tout cela n’était donc nécessaire que dans le futur, après l’entrée en terre sainte, quand la Manne cessera de tomber.
[Tiféret Yéonatan]

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"La populace qui était parmi eux eurent un désir… Ils dirent : “Qui nous donnera à manger de la viande" (Béaaloté'ha 11,4)

De façon littérale, le verset dit qu’ils ; "désirèrent un désir" (it'avou taava). Pourquoi n’est-il pas plutôt dit qu’ils "désirèrent de la viande"?

En réalité, la manne était tellement sainte que ceux qui la mangèrent s’en trouvaient raffinés au point d’en perdre le fait d’avoir des désirs et de l’envie pour la matérialité. Et cela dérangeait le peuple, car ils voulaient servir Hachem en ayant aussi des désirs négatifs pour les combattre et avoir un plus grand mérite.

=> Ainsi, ce qu’ils désirèrent en réalité, c’était d’avoir "du désir" ("ils désirèrent le désir").
C’est ainsi qu’ils demandèrent de manger de la viande, souhaitant que cela crée en eux de l’élan pour le monde matériel, dans le but de grandir leurs efforts dans le service d’Hachem, qui n'en sortira que plus méritoire et encore plus précieux.

[le Baal Kétsot ha'Hochène - dans son Chèv Chema'tata]

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+ "Nous nous souvenons du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail. Maintenant ... point d'autres perspectives que la manne" (Béaaloté'ha 11,5-6)

-> La génération du désert avaient tous ses membres "remplis de sagesse" (midrach Yalkout Chimoni - Mélakhim 1,5)
[c'était la génération de la sagesse (la dor déa), celle qui a été digne de recevoir la Torah au mont Sinaï, qui a bénéficié des miracles incroyables de la sortie d'Egypte, ...]

-> Le Saba de Slabodka (Or haTsafoun - tome III) enseigne l'idée qu'en refusant de se contenter de la manne, cette nourriture spirituelle "descendue du Ciel", les juifs souhaitaient manger des aliments authentiquement matériels : de la viande, du poisson, des melons et des poireaux, dans l'objectif de les changer en "pain céleste".
Ils les auraient ainsi consommés "devant Hachem", leur attribuant la valeur de sacrifices.
=> Ainsi, leur aspiration était en quelque sorte de sanctifier, d'élever la matière en désincarnant son essence originelle.

=> Quelle était leur faute, au point où D. les punit si sévèrement?
La réponse est qu'un homme ne doit jamais désirer autre chose que ce que le Créateur lui a accordé.
S'il a choisi de les nourrir en faisant tomber la manne du Ciel, et non en leur procurant des aliments plus conventionnels, c'est que telle était Sa volonté.
Par conséquent, D. n'attendait d'eux que d'exploiter au mieux les dimensions révélées par la manne.
D. qui sonde les reins, comprit qu'une tendance sourde et pernicieuse se dissimulait dans les replis de leur cœur, dans le sens où ils : "désirèrent un désir" (it'avou taava) = comme si leur unique ambition était effectivement de "manger du poisson, des concombres et des melons ..."

[ => il faut être vigilant à ne pas vouloir être plus intelligent que Hachem, en pensant agir au nom du Ciel, alors qu'en réalité au plus profond de nous-même, ce que nous servons est : notre égo, notre divinité personnelle!]

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-> "La populace qui était parmi eux eurent des désirs et les bnei Israël se mirent eux aussi (vayachouvou) à pleurer" (v.11,4)

Il y a un proverbe populaire : "Le renégat ne se repent que pour entraîner aussi sa femme et ses enfants à tout renier!"
Le ‘Hatam Sofer dit que c’est par ce proverbe qu’il faut expliquer le verset : au début il y avait seulement la populace (le erev rav) qui avaient des désirs, mais ensuite ils ont réfléchi et se sont repentis, afin d’entraîner aussi les bnei Israël à ces désirs.
Comme "ils ont fait téchouva (vayachouvou), immédiatement «les bnei Israël ont pleuré" eux aussi.

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"Ce n'est pas pendant 1 jour ni 2 que vous en mangerez, ce n'est pas 5 jours, ni 10 jours, ni 20 ... c'est pendant 1 mois entier [que vous en mangerez], jusqu'à ce qu'elle vous sorte par le nez et que vous en soyez écœurés.
Car vous avez rejeté D. de parmi vous et vous avez pleuré devant Lui en disant : "Pourquoi avons-nous quitté l'Egypte".
[...]
La viande était encore entre leurs dents que [le peuple] commença à périr. La colère de D. se déversa contre le peuple et Il les frappa d'une plaie redoutable." (Béaaloté'ha 11,19-20 & 33)

-> Le Méam Loez commente :
"Cette viande vous révulsera ; son goût vous deviendra insupportable et vous tuera. Vous vous rendrez alors compte que vous êtes frappées par une punition Divine. Votre désir de viande a été si fort que finalement votre corps en sera dégoûté. Vous mourrez pour avoir blasphémé".

Leur période d'agonie est indiqué par la Torah : "un jour ... 2 jours ... 5 jours ... 10 jours ... 20 jours ... un mois entier".
Certains moururent en un jour (avec la viande encore entre leurs dents), d'autres en 2, d'autres en 5 jours, en 10 jours, en 20 jours, et d'autres après un mois.
Ceux qui étaient totalement pervers expirèrent tout de suite, en un jour, tandis que les autres moururent après plusieurs jours.

Selon une autre opinion, les moins coupables moururent tout de suite ; ceux qui étaient très mauvais souffrirent longtemps au point qu'ils prièrent que la mort vienne mettre fin à leur agonie ...

Au bout d'un mois, tous ceux qui avaient réclamé de la viande étaient morts, comme Hachem l'avait annoncé.

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