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Paracha Béchala'h : le terme "az"

Cette paracha relate le miracle de la traversée de la mer Rouge, suivi du chant que les juifs ont entonné à cette occasion, et qui commence par les mots : "Alors (אז) chantera Moché avec les enfants d’Israël".

Dans le midrach, nos Sages expliquent le verset : "Ton Trône s’est affermi depuis alors (מאז – MéAz)", en disant qu’avant la traversée de la mer, la Royauté d’Hachem n’était pas installée, et qu'elle s’est “assise” par l’ouverture de la mer.

Le Midrach illustre cela en disant qu’avant ce miracle, Hachem était comparé à un roi debout, et qu'Il s’est assis sur Son Trône par la traversée de la mer.
C’est cela le sens du verset : "Ton Trône s’est affermi depuis Az (alors)", allusion au "Az Yachir (alors chantera…)".

Que signifie le fait que Hachem peut "s’asseoir" grâce à ce miracle, contrairement à avant?
Pourquoi ce changement est précisément en allusion par le mot "Az (אז)"?

Avant l’ouverture de la mer, on pouvait encore penser que le monde existait et qu'il avait une autonomie propre, D. étant au-dessus, comme ayant pris ses distances.
Ainsi, Hachem paraissait être “debout”, comme si le monde pouvait s’opposer à Lui.

En revanche, au cours de la traversée de la mer, il est apparu clairement que rien n’a d’existence propre, que Hachem n’a besoin de lutter contre personne, car à tout moment rien ne peut être fait, ni ne peut exister sans son accord.
C'est alors, qu'Il a pu "s’asseoir".

Toute cette notion est en allusion dans le terme : "אז (Alors)", qui ouvre le chant de la mer (la chirat hayam).
Ce mot est composé de la lettre Alef (א) au dessus de la lettre Zaïn (ז).
Le Zaïn, de valeur numérique 7, évoque l’ensemble du monde créé en 7 jours, qui n’a aucune indépendance, car le Alef (de valeur 1), qui fait allusion à Hachem (qui est Un), le dirige et le mène là où Il le souhaite.

Ainsi, le terme אז (Az) fait allusion au Alef qui chevauche le Zaïn. Hachem dirigeen permanence le monde et le mène là où Il veut.

Ce monde n’a en lui-même aucune autonomie, et c’est ce qui s’est révélé lors de l’ouverture de la mer.
Les juifs ont alors compris que le monde (le 7, le Zaïn) n’est qu’un char, dirigé par Hachem (le Un, le Alef).
C'est alors, que la Royauté Divine a pu s’installer, le Roi s’est "assis".

On a perçu cette profonde vérité que rien ne peut s’opposer à la volonté Divine.
Hachem n’a donc pas besoin de se tenir “debout”, prêt à lutter, car il n’y a pas de lutte : tout est annulé devant Lui.
Dès lors, Il s’est “assis”.

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"Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)

1°/ Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
[d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous nous rappelons si souvent de la sortie d'Egypte : toute situation (même très difficile) est forcément pour notre bien, et à l'image de nos ancêtres qui ont été libérés à la seconde où leur esclavage devait prendre fin, nous serons libérés de nos soucis actuels à la seconde même où Hachem l'a fixé.]

Pourquoi est-ce que l'idée de la résurrection des morts apparaît ici en allusion dans la Torah?
Le rabbi de Belz explique qu'au moment où tout le peuple allait chanter la Chirat haYam, il y avait au fond d'eux un mélange de 2 sentiments : d'un côté, une énorme joie de pouvoir remercier Hachem pour la sortie grandiose d'Egypte, et d'un autre côté, il y avait une profonde tristesse d'avoir perdu de nombreux proches durant la plaie des ténèbres (où 80% du peuple y est mort!).
Il y avait un goût amer de ne pas pouvoir partager ce sublime moment avec ces êtres disparus.

Le rabbi de Belz enseigne que lorsque Moché a suggéré aux juifs de chanter des louanges à Hachem, ils lui ont répondu : "Comment peux-tu penser que nous sommes capables de chanter? Les 4/5e du peuple juif sont manquants!"
Moché leur a alors répondu que ce chant qu'il souhaitait qu'ils entonnent, fait allusion à la résurrection future, moment où tous les juifs seront réunis de nouveau avec leurs proches décédés.
Cette prise de conscience a consolé le peuple, les égayant, au point qu'il ont pu chanter la Chirat haYam d'un cœur joyeux.

[ne vous attristez pas des morts, car nous allons tous se retrouver pour l'éternité après la résurrection des morts, et alors nous chanterons ensemble à Hachem!]

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-> Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu'à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

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-> Le cantique [de la mer] contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé’hayé]

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2°/ Pourquoi l'utilisation du singulier ("chantera" (yachir), au lieu de : "Moché et les enfants d'Israël chanteront (yachirou)")?

Le verset précédant se termine par : "ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur". Si les juifs ont cru en Hachem, c'est évident qu'ils crurent également en Son serviteur Moché! Comment expliquer cela?

Le Kédouchat Lévi explique qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint des niveaux très élevés de prophétie, au point que le midrach (Mékhilta - Chémot 15,2) commente qu'une simple "servante a vu dans la mer ce que n’a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes".
Ainsi à ce moment, les juifs ont pris conscience de la grandeur d'Hachem (comme cela a pu déjà être le cas lors des autres plaies), mais surtout ils ont eu une nouvelle révélation : ils ont découvert la grandeur phénoménale que peut atteindre tout juif, même le plus simple en apparence.
=> Ils ont cru en Hachem, et également en leur capacité à tendre vers Moché Son serviteur.

De même, l'utilisation du singulier : "chantera", s'explique par le fait que Moché et la nation juive se sont unis en une seule unité. Les juifs se sont identifiés à Moché, car ils croyaient en eux même!
[A leur yeux, Moché n'était plus une sorte de divinité humaine aux pouvoirs surhumain. Non, car en réalité, chaque juif peut arriver à agir d'une façon très élevée, quasi-divine. Moché est un être humain juif qui a utilisé ses potentialités internes au maximum! Ce vers quoi nous devons tous tendre.]

De plus, les juifs ont alors réalisé que Hachem aime chacun de Ses enfants comme si c'était Son enfant unique, et ainsi : "Je suis aussi important aux yeux de Hachem que Moché rabbénou!"
Cette conscience de combien nous sommes chacun précieux aux yeux de D., d'à quel point Il est toujours présent à nos côtés pour nous soutenir, pour répondre à nos prières, est la base d'une émouna saine et d'une appréciation du cadeau de la vie que nous accorde Hachem.
[D. a mis en nous une partie Divine : l'âme, faisant que nous Lui sommes liés et que nous avons des capacités pour s'élever Divinement haut.]

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"Et tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

Hachem créa le monde par le biais de 10 paroles créatrices, qui sont constamment présentes dans le monde, et ce sont elles qui le font exister à chaque instant.

Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, ce qui fait qu'on a facilement tendance à oublier que c’est Hachem qui permet au monde d'exister.
D'ailleurs, on peut même en venir à imaginer (plus ou moins consciemment) que le monde se tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Thora : "Tout le peuple vit les voix", c'est-à-dire qu'ils virent clairement ces paroles Divines, et ils purent ainsi prendre conscience de façon tangible et claire, que seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un seul instant.

[Néféch Ha'haïm]

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-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer Rouge] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

-> La guémara (Sanhédrin 91b) enseigne : "De quel Texte de la Torah peut-on déduire la Résurrection des Morts? Il est écrit : "Az Yachir Moché" (alors Moché et les Enfants d’Israël chanteront l’hymne suivant à Hachem - Béchala'h 15,1). Il n’est pas dit : ‘ont chanté’ mais ‘chanteront’. D’ici, nous avons une indication de la Résurrection des Morts dans la Torah".
[l’emploi du futur suggère que Moché et sa génération se relèveront et chanteront de nouveau le Cantique de la Mer – on peut noter que le mot "Az" (אָז - Alors) indique le temps du dévoilement du règne de D. (א – Un) sur la Nature (ז – Sept) - Kli Yakar (Chémini)].

=> Quel est le sens de la récitation du Cantique de la Mer dans les temps futurs?

Il est à rappeler tout d’abord que la Délivrance d’Egypte fait allusion à toutes les Délivrances d’Israël. Pour cela, on peut rapporter :
- Le Arizal (Likouté Torah - Ki Tetsé) enseigne : "L’Exil égyptien inclut en lui les 4 autres Exils : Babel, Perse, Grèce, Rome."
- Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 4) explique que c’est la raison pour laquelle 4 expressions de la Délivrance ont été mentionnées : "Je vous ferai sortir, Je vous délivrerai, Je vous affranchirai, Je vous adopterai" (Vaéra
6,6-7) [en référence aux 4 Exils].

Plus particulièrement, la Délivrance des temps messianiques sera à l’image de la Délivrance d’Egypte, tout en étant plus grandiose. En effet, il est écrit : "Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges [lors de la Délivrance finale]" (Mi'ha 7,15).
De plus, le midrach (Chémot rabba 23,15) commente : "‘C’est mon D. et je L’embellirais’ = Hachem a dit à Israël : dans ce Monde, vous avez dit devant Moi une seule fois : ‘C’est mon D.’. Mais, dans le futur, vous le direz deux fois, ainsi qu’il est dit : ‘On dira en ce jour : Voici notre D. en qui nous avons mis notre confiance pour être secourus. Voici Hachem en qui nous espérions’ (Yéchayahou 25,9)."

-> Rabbénou Bé’hayé (Kad Hakéma‘h - Ner ‘Hanoucca) écrit :
"Nous avons une Tradition : la future Délivrance ressemblera à celle d’Egypte. De même qu’il y eut la Déchirure de la Mer des Joncs lors de la Délivrance d’Egypte, de même il est dit au sujet de la future Délivrance : ‘Et Hachem imprimera l’anathème au Golfe égyptien ; de Sa main, de Son souffle impétueux, Il frappera le grand fleuve’ (Yéchayahou 11,15). Il est écrit aussi: ‘Et ce sera une chaussée pour le reste de Son Peuple, échappé à l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël le jour où il sortit du pays d’Egypte’ (verset 16).
Cela atteste le fait que lors de la future Délivrance, Hachem tracera au sein de la mer un chemin comme cela fut le cas lors de la Sortie d’Egypte."

=> Ainsi, comprenons-nous maintenant les paroles du Zohar : "Celui qui récite chaque jour la Chira avec concentration, méritera de la réciter dans l’avenir", c’est-à-dire qu’il méritera de vivre la Délivrance finale au cours de laquelle, seront revécus les évènements de la Sortie d’Egypte, y compris la récitation du "Cantique de la Mer" par Moché Rabbénou et l’ensemble du peuple juif.

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