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"Il arriva que Rabbi Eliézer, Rabbi Yehochoua, Rabbi Elazar ben Azariah, Rabbi Akiva et Rabbi Tarfon étaient accoudés (dans un Séder de Pessa'h) à Bnei Brak.
Ils discutèrent de la sortie d'Égypte toute la nuit, jusqu'à ce que leurs élèves vinrent et leur dirent : "Nos Maîtres, le temps est venu de réciter le Chéma du matin !"

-> Pourquoi leurs élèves ont-ils dû venir les interrompre?
Ces éminents Sages ne pouvaient-ils pas simplement s'en rendre compte en regardant par la fenêtre?

Le rav Yaakov Galinsky développe la réponse suivante.

-> La guémara (Soucca 28a) rapporte que lorsque Yonatan ben Ouziel étudiait la Torah, tous les oiseaux qui passaient au-dessus de sa tête étaient brûlés par le feu.

-> Le Yérouchalmi enseigne que son maître, Hillel haZaken, était entouré d'un feu dans les 4 amot autour de lui (environ 2 mètres).
Ce feu était le même feu qui enveloppa le mont Sinaï au moment du don de la Torah.

-> La gémara ('Haguiga 15a) rapporte que lorsque Rabbi Eliezer et Rabbi Yéhochoua étudiaient un feu descendait et les entourait.

Un fois, la personne qui les hébergeait, a pris peur qu'ils fassent brûler sa maison.
Ils lui ont répondu : "Non, nous étions en train de connecter les versets de la Torah avec les versets des Névi'im, et les versets des Névi'im avec des versets des Kétouvim, et c'est alors que les paroles de Torah (divré Torah) étaient aussi contentes que lorsqu'elles ont été données au mont Sinaï.
Et la Torah n'a-t-elle pas été transmise dans le feu?
C'est pour cela également qu'ici un feu est venu et nous entoure."

-> Lorsque Rabbi Elazar ben Arach était en train d'expliquer la vision du Char divin (Maasé merkava), qui contient beaucoup de secrets et de mystères, à Rabbi Yo'hanan ben Zakaï, un feu est descendu, entourant tous les arbres du champ.

Lorsqu'avant de mourir, Rabbi Chimon bar Yo'haï a transmis les secrets de la Torah à ses élèves, un feu est descendu l'entourer, et personne ne pouvait l'approcher.
[Zohar III 287,20]

-> "Rabbi Eliézer s'est assis, a enseigné la Torah et son visage a brillé comme l'éclat du soleil, des rayons de lumière provenaient de sa face, similaires à ceux de Moché rabbénou, à tel point qu'aucune personne présente ne pouvait distinguer entre le jour et la nuit."
[Pirké déRabbi Elizer - 2]

-> Rav Yaakov Galinsky conclut que nos Sages de la Haggada étaient eux aussi entourés par un mur de feu, ce qui les empêchait de voir par la fenêtre que le soleil commençait à se lever.
Ils ont dû compter sur des élèves qui n'étaient pas présents en ce lieu.

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-> Certains commentateurs expliquent que la nuit fait référence à la période de l'exil, et le début du jour à la guéoula.

Les élèves ont ainsi demandé à leurs maîtres : Quand est-ce que vient le moment de machia'h?

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+++ Les Sages présents étaient :
- Rabbi Akiva : un descendant de convertis (guémara Sanhédrin 96).
Il donnait des explications même sur les couronnes au-dessus des lettres de la Torah (guémara ména'hot 29b) ;
- Rabbi Elazar ben Azarya (Nassi à l'âge de 18 ans!) et Rabbi Tarfon : ils étaient Cohanim (guémara Baba Métsia 11) ;
- Rabbi Yéhochoua et Rabbi Eliézer : ils étaient Lévi'im.

Les convertis, les Lévi'im et les Cohanim n'ont pas subi directement l'esclavage égyptien.
Malgré tout, ces Sages ont accompli la mitsva de raconter la sortie d'Egypte.

Selon le Maharam Schick, la délivrance que nous fêtons à Pessa'h porte principalement sur celle de notre âme, et secondairement sur celle de notre corps, puisque c'est grâce à elle que nous avons mérité de recevoir la Torah.

Ainsi, ils vivaient la sortie d'Egypte comme libération permettant de recevoir la Torah, en plus d'une libération d'atroces souffrances que subissaient leurs frères juifs esclaves.

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+ "étaient accoudés à Bnei Brak" :
-> Selon Rabbénou Don Its'hak Abarbanel, "Bné Brak" ne fait pas référence à une ville.
Pour lui, il s'agit des magnifiques récipients qui sont utilisés à Pessa'h pour montrer notre liberté et notre gloire.
"Barak" signifie quelque chose qui brille, et "Bné" est une expression qui veut dire : "capable de".

=> Ainsi, la définition de "Bné Brak" est : "des récipients qui ont sont capables de briller".
Ces grands personnages étaient inclinés avec leur argenterie coûteuse et clinquante, comme il convient de le faire pendant le Séder, la seule nuit où nous pouvons montrer ostensiblement notre richesse afin d'illustrer le fait que nous sommes une nation libre (à la fois matériellement et spirituellement) de l'esclavage égyptien.
==> Ces géants en Torah inclinaient "Bné brak" (leur argenterie brillante), qui symbolise l'éclat à la fois de leur richesse spirituelle et matérielle.

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-> Le Sfat Emet fait le développement suivant :
Selon le Choul'han Aroukh (481,2), le soir du Séder on a l'obligation de passer autant de temps que possible à développer le récit de la sortie d'Egypte jusqu'à ce que le sommeil nous emporte.
Ainsi, lorsque la Haggada déclare que celui qui passe beaucoup de temps à parler de la sortie d'Egypte, il est digne de louanges (aré zé méchouba'h) [cela indique que ce n'est relatif à une obligation, mais c'est très recommandé d'agir ainsi,] elle fait en vérité allusion aux autres moments où l'on en parle pendant le restant de l'année.

Le récit mentionné dans la Haggada à propos des Sages qui ont passé toute la nuit à discuter de la sortie d'Egypte, ne se déroulait probablement pas pendant la nuit du Séder, puisqu'il illustre le fait qu'on doit prendre du temps même pendant l'année pour parler de la sortie d'Egypte car cela est digne de louanges, comme nos Sages ont pu le faire.
[si eux qui faisaient tellement attention à leur temps ont passé une nuit entière à évoquer le récit de la sortie d'Egypte, c'est forcément que le fait de parler de cela nous est très bénéfique!]

Une preuve à cela peut être trouvée dans le fait que Rabbi Eliézer était assis avec les Sages à Bné Brak.
Or, puisque Rabbi Eliézer est d'avis qu'on ne doit pas quitter sa famille à Yom Tov (guémara Soucca 27b) et que lui-même vivait à Lod (guémara Sanhédrin 32b), comment pouvait-il passer Pessa'h à Bné Brak?
En se basant sur ce qu'on a vu auparavant, il nous est aisé de comprendre que cette histoire ne s'est pas déroulée pendant une nuit du Séder de Pessa'h.

-> D'autres commentateurs (comme le Béer Miriyam) ne sont pas d'accord et voit ce récit de la Haggada comme la continuation de l'histoire mentionnée dans la michna (Maaser Shéni 5,9, Tossefot sur Baba Métsia 11a) où Rabban Gamliel et les Sages étaient sur un bateau la veille de Pessa'h.
Ils n'avaient pas assez de temps pour rentrer chez eux avant Pessa'h, et c'est pour cela qu'ils sont tous allés dans la ville la plus proche : Bné brak, où Rabbi Akiva résidait.
[cela explique pourquoi Rabbi Eliézer a passé Yom Tov loin de sa maison, bien que d'une manière générale il désapprouvé cela]

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=> Qui a passé la nuit du Séder dans une cave?

-> Les Sages mentionnés dans la Haggada vivaient pendant la période de persécution romaine, et ils étaient ainsi forcés de se cacher à Bné Brak, loin de Jérusalem.
Ils se dissimulaient dans des caves ou bien des greniers avec les volets fermés pour bloquer tout rayon de lumière, afin qu'ils ne puissent pas se faire remarquer. [surtout en train d'étudier la Torah!]
Puisqu'ils étaient dans un endroit sombre, ils ne pouvaient pas savoir que le moment de la lecture du Shéma était arrivé, et c'est pour cela que leurs élèves sont venus les informer du lever du soleil.
[Otsar Divré haMéfarchim - p.172]

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-> Certains commentateurs comprennent que Bné Brak n'était pas un endroit, mais plutôt des réceptacles brillants (du mot : "barak" qui renvoie à la notion de : éclairant) ; ils étaient inclinés sur des divans/canapés brillants qui étaient recouverts d'or et de bijoux.
Ils avaient leur Séder qui se passait dans la ville de Lod (selon Tossefta - Pessa'him 10,8). [Abarbanel]

-> Le Rambam et les Géonim lisent le texte ainsi : "bivné kéra'h" (בבני כרך) : sur une île.
[cf. Otsar Méfarché Haggada - p.95]

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-> Selon le Rachbam, bien que les Sages ont développé le récit de la sortie d'Egypte, ils sont arrivés rapidement à leur repas afin que leurs enfants ne tombent pas de sommeil avant de manger la matsa et le maror.
Le Ritva dit que pour être sûr de cela, ils ont mangé la matsa et bu les 4 verres avant 'hatsot (le minuit juif).
Ce n'est qu'après leur repas qu'ils ont passé la nuit entière à rapporter la sortie d'Egypte et discuter des halakhot de Pessa'h. [Tossefta - Pessa'him 10,8]

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