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"La destruction du Temple a été comme la mort pour les juifs.
L'âme du peuple d'Israël leur a été arrachée, les laissant comme un corps sans vie. "

[le Gaon de Vilna - Sifra déTsniouta - Lilout 9]

En effet, à la différence des autres êtres vivants (où seul le cœur doit battre), pour un juif le fait d'être vivant se retrouve principalement dans sa capacité à se connecter avec Hachem.
Or, le Temple représente la forme la plus élevée et la plus pure de connexion avec Hachem, la source de toute vie.

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-> Lors des 3 semaines menant au 9 Av 1492, à l'époque du rav Don Its'hak Abarbanel, il y a eu plus de 100 000 juifs qui ont choisi de quitter l'Espagne plutôt que de se convertir.
Bien que normalement durant cette période des 3 semaines, il nous est interdit de jouer de la musique, nos Sages de cette génération ont alors décrété une permission spéciale de pouvoir jouer des instruments afin d'élever les esprits abattus de ces juifs expulsés, de leur redonner de l'espérance et de la confiance en Hachem.
Mais, en agissant ainsi nos Sages voulaient également enseigner à ces juifs que nous ne pleurons pas sur un changement de lieu d'exil, nous pleurons uniquement sur notre départ de Jérusalem.

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Au cœur de la vie juive, nous trouvons le pouvoir de la prière et la force de l'étude de la Torah.
Nous allons voir b'h, ce que nous y avons perdu avec la destruction du Temple.

+ La prière :

-> "[Hachem dit : ] Ma maison sera dénommée : Maison des prières" (Yéchayahou 56,7)

-> Yaakov a déclaré : "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (Vayétsé 28,17)

Le Targoum Yonathan commente : "ce n'est pas un lieu ordinaire, c'est un lieu convenable pour la prière".

Rachi explique : "c'est la porte des cieux, c'est-à-dire le point d'où les prières s'élèvent vers D."

-> "[Le Temple est ] le lien entre la terre et le Ciel, une route directe, entièrement dégagée pour que les prières s'élèvent"
[Ets Yossef - Béréchit rabba 69,7]

-> Lorsque le roi Chlomo a terminé la construction du Temple, il a prié Hachem : "Que Tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette maison, sur ce lieu dont tu as dit: "Mon nom y régnera", et que tu entendes les prières, ... les supplications de ton serviteur et de ton peuple Israël, proférées en ce lieu ; du haut du ciel où tu résides, tu les écouteras et tu pardonneras." (Méla'him I 8,29-30)

-> Le Maharcha (guémara Baba Métsia 59a) rapporte que si un juif n'avait pas la possibilité d'aller au Temple, il était quand même leur solution à leurs problèmes puisqu'il permettait à toutes les prières de passer.
Ce qui explique pourquoi nous nous tournons (encore aujourd'hui) vers le Temple lorsque nous prions (guémara Béra'hot 30a).

-> "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?" (Vaét'hanan 4,7)
Ainsi, la prière est la plus grande preuve de notre proximité avec D.

Le Yérouchalmi rapporte que les non-juifs servent des idoles qui sont proches d'eux, au sein même de leur maison, mais cependant leurs dieux ne les écoutent pas et ne font rien pour eux.
Leurs dieux semblent extrêmement proches d'eux, mais ils n'ont aucun lien avec eux.
A l'inverse, lorsque les juifs prient il semble que Hachem est très loin, dans le Ciel tandis que nous sommes sur terre, mais en réalité Hachem est extrêmement proche.
Hachem place Ses "oreilles" juste à côté de notre bouche pour entendre nos prières. De plus, Il a une affection et un amour infinis à notre égard (plus qu'aucun parent ne pourra avoir envers ses enfants).

-> "Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère" (Téhilim 81,10)
Le rabbi Mendel de Kotzk explique que l'on ne doit pas penser que Hachem est comme un étranger (zar) qui n'est pas intéressé par nos prières, et qui est distant de nous. Mais nous devons plutôt être persuadés qu'Il désire beaucoup les entendre et qu'Il y répondra.

-> "ou yikraéni : avi ata, éli vétsour yéchouati" (Téhilim 89,27)
Le Yessod haAvoda explique :
- "ou yikraéni : avi ata" = lorsqu'une personne crie [intérieurement] : Papa à l'aide! (avi ata) ;
- "éli vétsour yéchouati" = alors Hachem lui amène le salut, la délivrance (yéchoua).
["Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?"]

-> "Je cacherai assurément Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18)

Le Ibn Ezra explique : lorsque Hachem cache Sa face c'est une allusion au fait qu'Il ne répond plus à nos prières
Nous avons détruit tout le pouvoir de la prière avec la destruction du Temple.

-> Selon la guémara (Béra'hot 32b), le prophète Yé'hezkiel a reçu une prophétie spécifique afin d'avertir les juifs que lorsque le Temple sera perdu, le canal direct pour les prières sera également détruit.

Comme il est écrit dans Eikha : "En vain je crie et appelle au secours, il ferme tout accès à ma prière" (v.3,8) ou bien encore : "Tu t'es entouré de nuages, pour empêcher les prières de passer"(v.3,44).

La guémara (Béra'hot 32b) enseigne que les Portes du Ciel ont été fermées à ce moment là, comme si un mur a été érigé pour nous séparer de Hachem, qui nous refuse alors toute proximité avec Lui.

-> "Ce qui pouvait être réalisé par 1 seule prière à l'époque du Temple, ne peut s'accomplir de nos jours qu'avec de nombreuses prières et avec beaucoup de miséricorde divine"
[Maharcha - guémara Baba Métsia 59a]

La prière est évidement toujours indispensable et vitale (si on ne demande pas à D., on ne peut pas avoir), mais sans le Temple nous devons fournir des efforts beaucoup plus nombreux pour espérer qu'elles soient acceptées.

Avec le Temple, on ouvrait la bouche et l'on recevait une pluie de bénédictions.

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+ L'étude de la Torah :

-> Le midrach rabba (Kohélet 11,12) décrit la Torah que nous avons aujourd'hui comme "vide" (néant) en comparaison avec la Torah qu'il y aura au temps du machia'h.

-> Après la destruction du Temple, les secrets de la Torah ont été perdus du public, et jusqu'à l'arrivée du machia'h, ils ne peuvent être enseignés qu'en privé.
La Torah a été perdue à tous les niveaux.
[Gaon de Vilna - Chir haChirim 8,1]

-> La guémara ('Haguiga 5b), se basant sur les paroles de Yirmiyahou (v.13,17), rapportent les 3 larmes qu'a pu avoir Hachem suite à la destruction du Temple.

La 1ere larme portait sur la perte du 1er Temple ; la 2e larme sur la perte du 2e Temple, et la 3e larme était sur l'exil qui a causé une perturbation dans l'étude de la Torah.

-> Chaque nuit, un cri de douleur éclate au Ciel pour chacune de ces pertes.
[guémara Béra'hot 3a]

=> De même que la perte du Temple est toujours palpable, de même l'affaiblissement dans l'étude de la Torah est constamment perçue comme une tragédie.
C'est un désastre dont il est approprié de prendre le deuil chaque jour.

[moins de Torah, c'est moins de bénédictions, c'est moins de connaissance, de lien avec Hachem (puisqu'en nous donnant la Torah, D. nous a donné une partie de Lui-même), ]

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-> La michna Broura (fin du siman 580) rapporte que suite à la destruction du Temple, le contrôle de la Torah a été pris par les forces du mal (klipot), et d'écrire : "Pour chaque juif, cela est une raison appropriée pour pleurer. Toute personne qui a un lien avec la Torah doit en être émue aux larmes."

-> Le Gaon de Vilna enseigne que depuis la destruction du Temple, la capacité de faire des 'hidouchim, de trouver de nouvelles approches dans la Torah a été perdue.

Il explique que nous pouvons au mieux espérer obtenir d'autres idées concernant ce qui a pu déjà être dit, mais nous ne pouvons plus rien apporter de nouveau.
A l'époque du Temple, cependant, la Torah était florissante et chaque personne ajoutait sa part de nouveautés à la Torah.

-> La michna (Sotah 49a) affirme que peu de temps avant la destruction du 2e Temple, l'honneur de la Torah a cessé d'être.
Jusqu'alors tout le monde restait debout pendant tout le temps où il étudiait la Torah afin de l'honorer.

[cela s'est terminé en même temps que la mort de Rabban Gamliel, 20 ans avant la perte du Temple]

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-> La destruction du Temple a entraîné la fin du Sanhédrin qui avait la capacité de statuer sur l'unique version correcte de la Torah. (Tossefta Sanhedrin 7,1)

La guémara (Sanhedrin 86b) enseigne la loi de : "zakèn mamré", faisant que toute personne s'opposant à la décision du Sanhédrin méritait la peine de mort.

=> Il y avait ainsi une unité totale dans la loi juive.

-> La guémara (Sanhedrin 88b), ainsi que Rachi (Baba Métsia 33b) rapportent l'idée que la destruction du Temple a apporté une obscurité dans la Torah, puisque c'est à partir de ce moment que sont apparus les désaccords dans la loi juive (makhlokét).

=> Avant la perte du Temple, la Torah était magnifique, brillante de clarté par un feu uni de la Torah.

-> Il est écrit : "Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts" (Eikha 3,6)

La guémara (Sanhedrin 24a - Rachi) commente que ce verset fait référence à l'étude de la Torah à Bavél (et ensuite), où ils argumentaient constamment sans arriver à une clarification finale.

C'est l'obscurité de la mort puisqu'il manque une clarification totale : la clarté de la Torah.

=> Hachem pleure le fait que la clarté de la Torah soit aux mains d'une élite, et que la quasi-totalité du peuple juif est comme une bougie sur le point de s'éteindre.

[le midrach Tan'houma rapporte qu'à la génération du roi David, il y avait une capacité à voir l'ensemble des arguments pour chaque point de loi juive.

En perdant le Temple, on a perdu un énorme proximité avec Hachem et Sa Torah, et la baisse de niveau dans l'étude de la Torah a été terrible (au point que D. pleure cela tous les jours!).

De plus, sans la Torah pour nous protéger et purifier, nous sommes aux mains de notre yétser ara et autres ennemis de ce monde, ce qui est la source de nos tragédies.]

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