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"Les fils de Aharon, Nadav et Avihou ... apportèrent devant Hachem un feu étranger (ésh zara) qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]." (Chémini 10,1)

Nous pouvons citer quelques explications de ce qui a pu entraîner leur mort :

-> 1°/ Nadav est Avihou sont morts car ils ont offert une offrande de Kétoret (l'encens) sans en avoir reçu l'ordre, comme il est écrit dans le verset : "[Hachem] ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (v.10,1).

[cf. le 'Hidouché haRim ci-dessous]

-> 2°/ La guémara (Sanhedrin 52a) rapporte qu'un jour Moché et Aharon marchaient ensemble, et Nadav et Avihou marchaient juste derrière eux.
Nadav dit à Avihou : "Quand est-ce que ces 2 vieillards vont mourir et toi et moi allons diriger la génération?"

-> Rabbi Yossef Leib Nandik enseigne :
"Nous n’avons pas à les soupçonner d’avoir commis une faute aussi grave. Cela veut tout simplement dire que d’après leur haute stature spirituelle et leur respect pour Moché et Aharon, même la plus petite pensée a une signification très grave, comme s’ils attendaient déjà de pouvoir diriger à leur place."

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (A'haré Mot 16,1)

Le midrach explique qu'une des raisons qui leur valut la mort est : "qu’ils entrèrent dans le sanctuaire sans tous leurs vêtements. Lequel leur manquait-il? Le manteau."

Pourtant, le manteau était l’un des vêtements du Cohen gadol, alors que Nadav et Avihou étaient seulement des Cohanim qui ne devaient donc pas le porter.

Le Roch explique que, du fait qu’ils se permirent d’entrer dans le sanctuaire pour y offrir de l’encens prouve qu’ils se considéraient comme des Cohanim guédolim ; aussi, de leur point de vue, ils étaient astreints de porter le manteau et se rendirent donc passibles de mort en omettant de le vêtir.
=> Mais pour quelle raison le midrach ne mentionne-t-il que le manteau parmi tous les vêtements propres au Cohen gadol, alors qu’ils ne portaient pas non plus les autres?

Dans l’ouvrage Yam haTalmoud, il est expliqué que Nadav et Avihou, ayant fauté en médisant de Moché et Aharon : "Quand donc ces deux vieillards mourront-ils et nous pourrons diriger la génération?", auraient dû porter le manteau qui, selon nos Sages, expie la médisance. D’où l’interprétation du midrach selon laquelle l’absence de ce vêtement leur causa la mort, puisqu’ils ne purent alors être absous de ce péché.

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-> 3°/ La Sifra explique que Nadav et Avihou sont entrés dans le Saint des Saints, le lieu ayant le plus de sainteté du Michkan.
En ce lieu, uniquement leur père Aharon le Cohen Gadol, pouvait y entrer, et encore que durant un moment limité le jour de Kippour.
Il est à noter qu'au moment où ils sont entrés, leur père n'avait pas encore reçu cette permission d'y entrer.

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-> 4°/ Le midarch (Vayikra rabba 12,1) rapporte que leur faute a été de rentrer dans le Sanctuaire en ayant consommés du vin.

[Rabbi Guttman dit que par cette attitude (vu leur niveau élevé), ils transmettaient à tous la fausse idée qu'une véritable joie peut venir de l'extérieur, et non uniquement de notre pratique des mitsvot.
Si un juif désire le plus grand bonheur, il ne doit pas aller rechercher des moyens étrangers (ex: alcool), mais plutôt dans les mitsvot et la Torah qui nous permettent de nous rapprocher de Hachem, de faire ce qu'il y a de mieux de notre vie. C'est cela la plus grande des joies!
Nous affirmons dans notre prière que par amour Hachem a multiplié la Torah et les mitsvot (irba lahem Torah oumitsvot). En effet, ce n'est pas une charge, mais autant d'occasions de nous générer de la joie et des mérites! (je fais la volonté de D., alors que les autres nations investissent leur temps dans du vide!)]

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-> 5°/ La guémara (Erouvin 63a et Yoma 53a) enseigne qu'ils ont pris des décisions dans la halakha devant leur enseignant (Moché), et c'est pour cela qu'ils ont été tués.

La guémara (Erouvin 63a) rapporte que Rabbi Eliézer avait un élève, qui enseigna un jour une loi en sa présence.
Rabbi Eliézer dit alors à Ima Shalom, sa femme : "Je serais très étonné que cet élève vive jusqu'à la fin de l'année."
Et de fait, il mourut dans l'année.
Ima Shalom lui dit alors : "Es-tu donc prophète?"
Il lui répondit : "Je ne suis ni prophète ni fils de prophète. Mais on m'a transmis le principe suivant : Quiconque enseigne une loi en présence de son maître est passible de mort".
=> On peut imaginer qu'un maître pardonnera toujours avec joie l’attitude effrontée de son élève (surtout s'il risque de mourir!). Comment alors comprendre que la conséquence est si extrême?

Le rav 'Haïm Chmoulévitch explique qu'à partir du moment où l'on manque d'apprécier et d'avoir recourt à nos anciens/Sages, alors l'existence même du peuple juif est en péril. [nos anciens sont nos ailes qui nous permettent d'avancer! Sans eux, le peuple juif se meurt!]
C'est pour cela qu'un rav ne peut pas pardonner à son élève d'établir une loi en sa présence, car il n'a pas fauté uniquement envers son maître, mais également il retire à toute la nation juive le pouvoir d'être guidé.

-> "Rabbi Akiva dit : Le peuple juif est comparé à un oiseau, de même que l'oiseau ne peut voler sans ses ailes, ainsi le peuple juif ne peut rien faire sans Ses Anciens" [midrach Vayikra rabba 11,8]

[De même, nous devons respecter nos parents et notre rav, car plus on les respecte, plus les paroles de Torah qu'ils vont nous transmettre auront de la valeur à nos yeux. C'est la base de la pérennité du peuple juif, chaque maillon transmettant le flambeau au suivant grâce à ce respect. [ce que j'ai reçu a une valeur énorme/vitale, je me dois donc de le transmettre!]
Le rabbi Kaminetsky disait que si nos parents sont pour nous des hommes descendants des singes, alors ils nous sont détestables car ils sont plus proches que nous d'une génération, de ces singes. [nous sommes alors plus évolués, humains qu'eux!]
Par contre, s'ils sont des juifs, nous devons les respecter car nos parents sont plus proches du don de la Torah d'une génération par rapport à nous. A nos yeux, ils sont alors magnifiques, et nous devons profiter de cet avantage de proximité qu'ils ont d'avoir rencontrés en face à face Hachem au mont Sinaï! (de plus, chaque génération est plus basse que la précédente, nos parents/rabbanim sont donc une occasion d'échanger avec des plus grands!).
Par ailleurs, étant plus âgés, ils ont un nombre de mitsvot tellement plus élevé que nous, et c'est également admirable.
=> Ainsi, les respecter, c'est respecter la Torah qui est en eux, et c'est la base pour permettre sa transmission future! A l'inverse, toute diminution de ce respect participe, dans une certaine mesure, à la mort du judaïsme.]

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-> Le Méam Loez (Chémini 10,1) enseigne à ce sujet :
Nadav et Avihou n'avaient pas encore entendu la loi d'apporter un feu humain sur l'autel ("les fils d'Aharon mettront du feu sur l'autel" - Vayikra 1,7), de la bouche de Moché.
Après avoir déposé les sacrifices sur l'autel, les fils d'Aharon interprétèrent ce verset à leur façon sans interroger Moché. Ils apportèrent dans leur pelle du feu pour brûler de l'encens (v. 10,1).
Ils méritaient la mort pour avoir rendu une décision halakhique en présence de leur maître.
En réalité, le feu devait descendre du ciel.

Selon la loi, un disciple qui rend une décision (moré halakha) en présence de son maître mérite la mort, même s'il n'est pas réellement devant son maître mais se trouve à moins de 3 mil de lui.
La distance nécessaire est de 3 mil car le camp juif mesurait 3 mil de diamètre.
"Quiconque cherchait Hachem se rendait à la Tente d'audience (Ohel Moed) hors du camp" (Chémot 33,7).
Dans le camp, aucun érudit ne devait trancher la loi même si sa décision était juste car Moché, le maître d'Israël, se trouvait dans la tente, à moins de 3 mil.

La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé que D. ne leur avait pas ordonné" = les fils de Aharon méritaient la mort pour avoir apporté un feu que Moché n'avait pas ordonné.
Cet acte était considéré comme une prise de décision halakhique en présence de leur maître.

Selon certains Sages, la raison de leur punition est différente.
Moché leur avait enseigné cette loi, mais leur erreur était d'avoir cru que l'obligation d'apporter un feu s'appliquait à un jour comme celui-là.
En réalité, en ce 1er jour, le feu devait seulement provenir du ciel afin que tout Israël constate le miracle. En effet, la gloire de Hachem descendit du ciel et brûla les sacrifices.
En apportant un feu non autorisé, ils avaient minimisé le miracle.
La Torah dit donc : "Ils offrirent devant Hachem un feu non autorisé qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Moché ne leur avait pas prescrit de l'apporter, car en ce 1er jour [d'inauguration du Michkan], il fallait que la gloire de D. soit manifeste.

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-> "Un feu s’élança de devant D." (Chémini 10,2)

Voici ce que la guémara (Sanhédrin 52a) enseigne au sujet de la manière dont sont morts Nadav et Avihou.
"Deux colonnes de feu sont sorties du saint des saints et se sont divisées en quatre. Puis deux sont entrées dans le nez de l’un et deux dans le nez de l’autre et les ont brûlés".

Rabbi Yonathan Eibschutz a expliqué :
"Nous savons que ‘Quiconque professe une halakha en présence de son maître mérite d’être piqué par un serpent.
Or nos Sages ont affirmé : ‘Les fils d’Aharon ne sont morts que pour avoir professé une halakha en présence de Moché’. Ils auraient donc dû être punis par la morsure d’un serpent!

Cependant à ce moment-là, il n’y avait aucun serpent pour les piquer : en effet nos Sages racontent que lorsque les juifs sont arrivés dans le désert, ils craignaient les serpents. Deux colonnes de feu sont alors sorties du saint des saints, se sont divisées en quatre et les ont tous brûlés.
C’est la raison pour laquelle lorsqu’il a été décrété qu’ils devraient être punis par une morsure de serpent, ces mêmes deux colonnes de feu qui avaient brûlé les reptiles sont entrées dans le nez des fils d’Aharon et les ont brûlés, réalisant ainsi la mission des serpents tués par leur intermédiaire.

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-> 6°/ Il est écrit : "Nadav et Avihou moururent ... et ils n'avaient pas eu d'enfants" (Bamidbar 3,4)
La guémara (Yébamot 64a) enseigne que s'ils avaient eu des enfants, ils ne seraient pas morts.

A ce sujet, selon le midrach (Vayikra rabba 20,9-10), ils ne se sont pas mariés car ils pensaient que personne ne pouvait être assez bien pour eux.

-> "Nadav et Avihou moururent ... et ils n’eurent pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le 'Hatam Sofer de commenter :
L'homme vit dans ce monde pour s'approcher d’Hachem, et après cette mission, il peut remonter vers Lui.
Nadav et Avihou ont atteint leur objectif en s’approchant énormément d’Hachem, au point que leur mission était achevée, et qu'ils en moururent.
Cependant, quelqu’un qui a des enfants, même s’il a fini sa mission dans ce monde, Hachem peut le laisser encore vivre, pour qu’il s’occupe encore d’eux, matériellement comme spirituellement.

=>Ainsi, certes Nadav et Avihou moururent, une fois leur mission achevée. Mais, ils ne bénéficièrent pas d’un supplément, car "ils n’eurent pas d’enfants", et n’avaient donc pas de raison de rester encore sur terre, une fois leur perfectionnement personnel atteint.

[même si un décret de mort plane sur nous, par le mérite de nos enfants on peut nous accorder de nombreuses années de vie supplémentaires!]

-> Le Torat Moché enseigne :
[On a pu voir que parmi les raisons de la mort des fils d'Aharon, il y a: ] ils ne s’étaient pas mariés, ils entrèrent ivres dans le Michkan et énoncèrent une loi devant leur Maître.
En réalité, ces 3 motifs ne font qu’un.
En effet, l’homme ne comprend l’importance de respecter ses parents qu’à partir du moment où il a des enfants ou des élèves auxquels il arrive de manquer de respect vis-à-vis de lui. Etant lui-même intransigeant à cet égard, il en déduit la manière dont il doit honorer ses parents et Maîtres.
=> Nadav et Avihou, restés célibataires, ne sont pas parvenus à cette prise de conscience. Aussi, manquèrent-ils de respect tant envers Hachem, en entrant ivres dans le Michkan, qu’envers leur Maître, en enseignant une loi en sa présence.

-> "Pour avoir apporté devant Hachem un feu étranger et ils n’avaient pas d’enfants" (Bamidbar 3,4)
Le Messekh ‘Hokhma explique : Le midrach (Vayikra 24a) dit que lorsqu’un homme faute, s’il a un fils tsadik, il n’est pas puni pour sa faute, sinon son fils aussi en souffrirait, or le fils est tsadik, donc pourquoi devrait-il souffrir?
C’est le sens du verset : "ils n’avaient pas d’enfant", car s’ils en avaient eu, il est possible que par leur mérite ils aient évité le châtiment.

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-> Le ‘Hatam Sofer (Pitou’hé ‘Hotam) enseigne qu’un grand tsadik peut rester en vie afin de guider ses disciples comme ses propres enfants, ce qui signifie que la 2e étape de la Avoda ne se limite pas à l’aide apportée aux enfants, mais s’applique également à celle apportée à ses élèves.
[Ce concept apparaît deux versets plus haut (v.3,2), quand la Torah parle des disciples de Moché comme de ses enfants. Rachi explique que l’enseignement qu’il leur prodigua le fit devenir un père spirituel.
Ainsi, de la même manière qu’une personne a la responsabilité de guider ses enfants biologiques, elle doit agir pareillement envers ses enfants "spirituels". Apparemment, Nadav et Avihou n’eurent pas d’élèves qui auraient pu prolonger leurs vies. ]

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-> 7°/ Le midrach (Vayikra rabba 20,10) rapporte qu'ils ont regardé la présence divine durant Sa révélation au mont Sinaï, d'une façon qui était trop familière et inappropriée.

Il est écrit : "Contre les nobles des enfants d'Israël ... ils contemplèrent D. et ils mangèrent et burent" (Michpatim 24,11).
Le midrach Tan'houma (Béaaloté'ha 16) explique les termes "les nobles des enfants d'Israël" comme faisant référence à Nadav et Avihou, qui ont mangé et bu pendant qu'ils regardaient la présence divine.

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-> [Il est intéressant de constater que] selon une opinion, la faute de Nadav et Avihou consista à entrer au Michkan en état d'ébriété.
Ne serait-il pas déplacé et inconvenant d'entrer au palais royal pour accomplir son service en état d'ivresse?
De plus, l'ivresse de Nadav et Avihou les empêchait d'être attentifs à leurs actes ; ils apportèrent donc de l'encens sans en avoir reçu l'ordre.
Cette offrande, l'un des services les plus importants, aurait dû être présentée par Moché ou Aharon. C'est pour cette raison que Nadav et Avihou méritaient la mort.
[Méam Loez - Chémini 10,1]

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8°/ "Ils apportèrent devant Hachem un feu étranger" (v.10,1)
Nadav et Avihou apportèrent du feu en offrande. En effet, le feu symbolise la rigueur, et ces 2 tsadikim étaient tellement grands qu’ils pensèrent pouvoir se dispenser de toute Bonté Divine. Et que même si on les jugeait avec la plus stricte rigueur, ils allaient être méritants, tellement ils étaient persuadés de n’avoir aucune faute ni aucune faille.

D'ailleurs, en réalité, ils avaient raison. Ils étaient tellement irréprochables qu’ils pouvaient sortir méritants même si on les jugeait avec la plus stricte sévérité.
Cependant, leur faute était que malgré tout, ils ne devaient pas avoir autant confiance en eux. Même s’il est totalement méritant, un homme doit néanmoins se considérer comme étant quelque peu manquant et ayant besoin de la Bonté Divine pour subsister.
=> Cette si grande confiance en soi qu’ils avaient contenait une fine part d’orgueil, et cela était leur faute.
[Rabbi Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou)

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-> Selon la guémara (Sanhedrin 52a), ils sont morts par un feu provenant du Saint des Saints, qui est rentré en eux par leur nez, et qui a brûlé leur âme.
De façon étonnante, leur corps est resté intact.

-> La Torah parle de : "un feu étranger" (ésh zara)
Le feu représente l'enthousiasme qu'ils avaient pour être au plus proche de D., cependant ce feu était "étranger" car il entraînait des actions contraires à la volonté de D.

Il faut faire attention à ce que de bonnes attentions n'entraînent pas des actes regrettables : la fin ne justifie pas les moyens.

[Ils avaient beaucoup d'amour de D., et pas assez de crainte.]

Puisque c'est uniquement leur âme bien-intentionnée (avec un enthousiasme mal placé) qui devait être punie, alors c'est seulement elle qui a été brûlée, laissant le corps (non fautif) intact.

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-> Selon certains, Nadav et Avihou virent que tous les sacrifices avaient été offerts et que tout ce que Moché avait ordonné avait été accompli.
Malgré cela, le feu n'était pas descendu du ciel et la Présence Divine n'était pas manifeste dans le Michkan.
Ils voulurent commencer par brûler l'encens afin que la Présence Divine se manifeste et viennent brûler les offrandes, honorant ainsi Hachem. Ils apportèrent du feu extérieur et le placèrent sur l'autel sans la permission de Moché.

Hachem leur dit : "Je vous donnerai plus d'honneur que vous ne M'en avez accordé. Vous M'avez apporté un feu profane sans attendre le Mien, mais J'enverrai du ciel un feu pur qui vous consumera."

A ce moment-là, un feu sortit du Saint des saints et les consuma.
C'et ainsi qu'ils moururent devant Hachem : 2 langues de feu sortirent du Saint des saints et se divisèrent en 4.
2 entrèrent dans les narines de Nadav, et 2 autres dans celles d'Avihou.
Le feu brûla leur corps de l'intérieur mais leurs vêtements restèrent intacts ...

Selon certains, seule leur âme brûla ; leur corps resta intact. La Torah dit donc : "Ils moururent devant Hachem".
[d'après le Méam Loez - Chemini 10,2]

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-> "Moché convoqua Michaël et Eltsafane, les fils d'Ouziel l'oncle d'Aharon, et leur dit : "Approchez-vous et retirez vos proches parents de l'intérieur du Michkan ; [emportez-les] hors du camp.
Ils s'approchèrent et portèrent [Nadav et Avihou] hors du camp dans leurs tuniques. (Chémini 10,4-5)

-> Les fils d'Ouziel emportèrent Nadav et Avihou hors du camp et leur enlevèrent leurs vêtements de Cohanim. Ils les couvrirent d'un linceul et les enterrèrent.
[les vêtements de Nadav et Avihou étaient restés intacts, puisqu'ils n'ont brûlé qu'intérieurement!]
[...]

Nos Sages sont d'opinion partagée quant à la façon dont Michaël et Eltsafane emportèrent les corps de Nadav et Avihou.
- Selon certains, ils n'entrèrent pas dans le Saint des saints pour les emporter bien qu'ils eussent une raison valable de le faire ; c'était nécessaire pour emporter les morts.
Cependant, il fut décidé du Ciel qu'ils n'aient pas à entrer. Un ange avait poussé Nadav et Avihou hors du Saint des saints de leur vivant. Ils moururent donc à l'extérieur, et ce fut de là qu'on les emporta.
- Selon d'autres, ils moururent à l'intérieur du Saint des saints et Michaël et Eltsafane les sortirent à l'aide de crochets de fer. Ils n'eurent donc pas à pénétrer dans le Saint des saints.
[Méam Loez - Chémini 10,4-5]

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+ "Un homme qui prendra sa sœur ... et il verra sa nudité et elle verra sa nudité, c'est une honte (en hébreu: 'hessed ou) et ils seront retranchés ..." (Kédochim 20,17)

-> D'après le Radak, le terme 'hessed a 2 sens : "bonté" et "honte".

Les 2 sont liés, car la honte liée à l'immoralité est la conséquence d'une trop grande bonté.
Celui qui se soucie trop de donner du plaisir et n'arrive pas à discipliner sa personne ou son entourage, risque de sombrer dans l'immoralité.

=> A leur niveau extrêmement élevé, on peut imaginer que Nadav et Avihou avaient un tel désir de se lier à Hachem, qu'ils ont été aveuglés par cette recherche au point d'en venir à fauter.

[la frontière est fine entre le zèle et l'enthousiasme souhaitables dans notre relation avec D., et une attitude avec trop de proximité, de familiarité et pas assez de crainte]

=> Il faut faire attention que sous couvert d'actes plein de bons sentiments, de bonté, nous n'en arrivons à agir de façon déplacée.

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-> "Adorez Hachem avec crainte, et réjouissez-vous [en D.] avec tremblement" (Téhilim 2,1 - ivdou ét Hachem béyir'a, véguilou bir'ada)
Il y a 2 façons de se rapprocher de Hachem : par la crainte (yira) et par l'amour (aava).
Le Zohar enseigne qu'il faut tout d'abord servir Hachem avec crainte, et ensuite avec amour.
Le fait de servir Hachem comme il le faut avec crainte, est ce qui va permettre à une personne de pouvoir le servir avec amour.
[la crainte doit être la base, ce qui va canaliser dans la bonne direction le développement d'un amour débordant/infini pour D.]

Le Torat Cohanim (Chémini) dit que Nadav et Avihou ont : "ajouté de l'amour à de l'amour".
Ils sont morts car ils ne se sont pas rapprochés de D. de la bonne façon : plutôt que d'utiliser la crainte pour parvenir à l'amour, ils ont voulu y arriver en n'utilisant que de l'amour.
[le Béer Moché]

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+ "[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Lorsqu’un tsadik accomplie une mitsva, il le fait avec une telle ardeur et un tel enthousiasme, qu’il investit toute son énergie et toute sa vitalité dans cette mitsva.
C'est ainsi que suite à la mitsva, il ne lui reste plus de force au point que naturellement, il devrait mourir. Seulement, Hachem a mis dans chaque mitsva un potentiel de vie, comme il est dit concernant les mitsvot : "Il vivra par elles" ('haï bahem), et ne mourront donc pas à cause d’elles.
Un tsadik se donne tellement pour une mitsva qu'il doit normalement en mourir, mais cette mitsva possède le pouvoir de recharger de vie, ce qui le maintient en vivant.

Nadav et Avihou eux-aussi (au regard de leur très haut niveau spirituel), quand ils ont offert ce feu, il l’ont fait avec toutes leurs forces et toute leur vitalité, comme si c’était une mitsva. Seulement, la Torah atteste "que Hachem ne leur avait pas ordonné [d'apporter]", entraînant que cela n'était pas une mitsva de D., qui a ce potentiel de vitalité.
=> Ainsi, après avoir fait leur acte de dévotion avec toute leur âme, ils ne disposaient pas de la recharge de vitalité liée à la mitsva, et c'est ainsi qu’ils en moururent, purement et simplement.
['Hidouché haRim]

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9°/ D'après nos Sages, l'un des raisons de la mort de Nadav et Avihou serait due au fait que leurs parents ont inversé l'ordre des prénoms.
La femme d'Aharon s'appelait Elichéva bat Aminadav, et Aharon appela son fils aîné "Nadav" en son honneur, bien qu'il ne fut pas son père, mais son beau-père.
Quant à "Avihou", c'était le prénom du père d'Aharon (avi hou = c'est mon père), et il ne l'a donné qu'à son second fils.
[Sdé 'Hessed - Yoré Déa question 22]

[telle est la coutume chez les Séfarades de donner au 1er garçon le prénom du grand-père paternel, et le second fils sera nommé selon le prénom du grand-père maternel.
Le Ben Ich 'Haï (Choftim 27), ainsi que le rav Ovadia Yossef (Halikhot Olam) disent que la mère ne pourra pas exiger d'appeler leur premier fils d'après le prénom de son père, le mari ne pourra pas l'écouter, car par cela il transgresserait la mitsva de respecter son propre père.
Cependant, si le père de la femme est décédé, il pourra le faire avec l'accord de son propre père (le grand-père paternel).]

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10°/ Selon rabbi Lévi (un sage du 3e siècle), Nadav et Avihou sont morts à cause de la profonde peine qu'ils ont causée aux jeunes filles d'Israël qui auraient voulu se marier avec eux.
Ils étaient tellement arrogants et imbus de leur importance qu'ils ont préféré rester célibataires, jugeant toutes les jeunes filles qu'ils rencontraient comme indignes d'eux!

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11°/ Le Torat Cohanim (1,32) écrit : "Nadav et Avihou ne demandèrent pas conseil à Moché ... et chacun partit de son propre chef, sans tenir conseil".
Ainsi, les fils d’Aharon n’offrirent pas l’encens ensemble ; ils eurent tous deux la même idée indépendamment et allèrent isolément dans le Michkan.

On leur reproche de n’avoir pas pris conseil auprès de leur maître, Moché Rabbénou, avant d’entreprendre cet acte intrépide, mais aussi de ne s’être pas concerté avant d’agir.
Rav Berel Soloveitchik trouve ce midrach très difficile à saisir ; on comprend bien qu’ils dussent faire appel à Moché, puisque celui-ci leur aurait certainement conseillé de ne pas approcher l’encens, mais pourquoi désapprouver le fait qu’ils n’aient pas pris conseil mutuellement ? Tous deux étaient certainement convaincus de la validité de leur projet : qu’allaient-ils donc gagner à en discuter, si ce n’est d’en confirmer sa justesse?

Le rav Soloveitchik répond que l’on apprend d’ici un principe fondamental sur la nature humaine : on peut désirer commettre une mauvaise action et reconnaître en même temps sa nature négative quand une autre personne l’accomplit.
En effet, chacun est influencé par son yétser ara qui l’empêche de prendre des décisions en toute objectivité. Celui-ci voile notre raisonnement et nous fait croire que nos actions sont acceptables.
Or, quand notre prochain est sur le point de faire la même faute, nous sommes capables de considérer les choses avec plus de recul et d’avoir une analyse plus objective et juste. Parce que quand il s’agit d’autrui, on n’est pas embrumé par un désir d’autosatisfaction et l’on peut juger plus correctement de la pertinence de ses intentions.
Donc, si Nadav avait pris conseil auprès d’Avihou (et inversement), ce dernier aurait certainement vu le côté négatif du raisonnement de son frère, même s’il projetait de faire la même chose. C’est l’objet de la critique qui leur est faite.

-> " Acquiers pour toi un ami" (Pirké Avot 1,6)
Rabbénou Yona nous enseigne l’importance d’avoir au moins un ami qui puisse jouer le rôle de spectateur neutre sur nos actions, et cet ami ne doit pas forcément être d’un niveau supérieur au nôtre.

Le rabbi Yéhonathan Gefen commente :
Nous apprenons de ce développement une leçon très importante dans la vie : une personne ne doit pas se baser sur ses propres jugements concernant ses actions ; nos décisions seront biaisées par notre subjectivité qui justifiera nos fautes. Il est important de comprendre la nécessité d’avoir un ami qui est prêt à prodiguer des conseils judicieux, voire à réprimander, si nécessaire, s’il nous voit aveuglés par nos désirs.

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-> "Après la mort des deux fils d’Aharon" (Chémini 16,1)

D’après le Zohar, Nadav et Avihou avaient moins de 20 ans, ce pour quoi ils sont appelés "fils d’Aharon", en référence à leur statut d’enfant dépendant de leur père.
=> S’il en est ainsi, pourquoi furent-ils punis par D., alors que l’homme ne l’est qu’après avoir atteint cet âge?

Le Hadrach véhaIyoun explique, en s’appuyant sur les paroles de nos Maîtres (guémara Béra'hot 31b), qu’un jeune enfant particulièrement intelligent peut être puni avant 20 ans. C’est pourquoi Eli Hacohen dit à Chmouel, âgé de 2 ans, qu’il était passible de mort, car il avait perçu sa grande sagesse.

D’où la suite du verset "qui, s’étant avancés devant Hachem", nous expliquant la cause de leur mort : du fait qu’ils avaient accédé à un haut niveau, étaient très proches de D., ils décédèrent, bien qu’ils n’eussent pas encore atteint l’âge d’être punis par le Ciel.

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"[Nadav et Avihou] apportèrent devant Hachem un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné [d'apporter]" (Chémini 10,1)

-> Le Rabbi de Loubavitch rapporte le commentaire du Ohr ha'Haïm haKadoch qui dit qu'en fait Nadav et Avihou ne commirent aucune faute.
En fait, ils s'élevèrent tellement par leur acte et se rapprochèrent tellement de la Lumière Divine, que leur âme s'attacha à Hachem et fut attirée par la douceur de Sa Lumière. C'est ainsi qu'ils moururent. C'était une mort de dévotion.

De plus, même quand un homme est proche d'Hachem, tant qu'il est encore séparé de Lui, il aura besoin qu'Hachem lui exprime Sa Volonté pour qu'il l'accomplisse. En effet, cet homme n'est pas encore arrivé à un niveau d'attachement avec Hachem tel que sa volonté se confonde avec la Volonté Divine. Mais l'homme qui s'est tellement attaché à Hachem, peut arriver au niveau de proximité tel que sa propre volonté s'efface complètement devant la Volonté Divine.
Ainsi, la Volonté d'Hachem deviendra sa volonté personnelle. Il n'aura plus d'autre volonté autre que celle d'Hachem. De ce fait, il en viendra à accomplir les mitsvot tout à fait naturellement, comme un homme qui réalise ses propres désirs.
A ce niveau, un tel homme n'aura plus besoin d'Ordre Divin pour appliquer la Volonté Divine, au même titre que l'on ne donne pas d'ordre à un homme pour qu'il réalise sa volonté personnelle.
Nadav et Avihou se sont tellement élevés et rapprochés d'Hachem lorsqu'ils apportèrent leur encens, qu'ils furent "aspirés" par la Lumière Divine et en moururent.
A ce niveau, ils s'attachèrent à Hachem au point que la Volonté d'Hachem est devenu complètement leur propre volonté. A ce niveau qu'ils atteignirent, ils n'avaient plus besoin qu'Hachem leur exprime Sa Volonté par l'émission d'un ordre.

Telle est l'allusion de notre verset : "Ils apportèrent un feu étranger qu'Il ne leur avait pas ordonné" = Ce feu était étranger, car il leur avait permis de s'élever de façon extraordinaire, ce niveau était étranger au niveau habituel que les encens accordent à l'homme. Ce degrés d'élévation était tel qu'"Il ne leur avait pas ordonné". Ils se sont élevés au point de ne plus avoir besoin d'ordre.

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-> "Hachem parla à Moché, après la mort des deux fils d’Aharon, qui, s’étant avancés devant Hachem, avaient péri" (A'haré Mot 16,1)

La mort des fils d’Aharon et leur faute sont évoquées à 4 reprises. Et ce, afin de souligner que c’était là leur seule et unique faute.
"Voyez combien est dure la mort des fils d’Aharon devant Hachem! souligna Rabbi Elazar Hamodaï. A chaque fois que leur disparition est évoquée, leur faute aussi."
Pourquoi?
Afin de faire taire les mauvaises langues, qui auraient pu dire qu’ils fautaient en secret, et que c’est ce qui causa leur mort.
[Pessikta déRav Kahana]

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-> "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10,6)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1182) enseigne :
Nadav et Avihou savaient que le jour de l’inauguration du Michkan, une immense joie régnerait dans les sphères supérieures et inférieures ...
Or, Nadav et Avihou craignirent que ce débordement de joie empêche les enfants d’Israël de réparer l’atteinte portée par leur péché à l’ensemble des mondes.
En effet, s’ils étaient uniquement plongés dans la joie, leur esprit ne serait pas libre pour terminer de réparer le péché du veau d’or, qui avait entraîné le départ de la Présence divine. Et, s’ils ne mettaient pas à profit le jour de l’inauguration du Michkan pour le réparer à la racine, Hachem risquait de nouveau de prendre congé d’eux.

Ainsi, appliquèrent-ils la vérité énoncée par le verset : "Mieux vaut aller dans une maison de deuil que dans une maison où l’on festoie" (Kohélet 7,2). Ils furent prêts à mourir le jour où la Présence divine reviendrait résider parmi le peuple juif, afin que ses membres déplorent leur disparition, et par ce biais, se repentent et se purifient complètement de toute trace de péché, permettant ainsi à Hachem de continuer à résider parmi eux.

Ces 2 tsadikim, fils d’Aharon, comprirent que la joie accompagnant le déploiement de la Présence divine ne pouvait pas, à elle seule, conduire les enfants d’Israël à une réparation absolue de leur péché. Pour cela, il était nécessaire qu’ils s’endeuillent, car ceci les conduirait à se remettre en question, à réfléchir pourquoi D. fut contraint de les quitter momentanément et à définir leur raison d’être sur terre.
Hachem conscient de leur pureté d’intentions, accepta leur démarche, comme le souligne notre verset : "Toute la maison d’Israël pleura ceux qu’a brûlés Hachem" (Chémini 10, 6)."

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-> Dans un commentaire sur la paracha de Bamidbar (Bamidbar 3,4), Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1187) enseigne :
"Nadav et Avihou étaient si attachés à Hachem qu’ils dédaignèrent tout ce qui avait trait à la matière, n’aspirant qu’à se rapprocher encore davantage de Lui. Ils le firent tant et si bien qu’ils virent la lumière éclatante émanant des vertus d'Hachem. Voulant tellement y adhérer, ils ne parvinrent pas à faire marche arrière et moururent, consumés par Hachem, "feu dévorant".

Par contre, d’autres tsadikim, comme Moché et Aharon, s’attachèrent également à Hachem, mais avec pondération et précaution. Ils savaient jusqu’où il leur était permis de se rapprocher de Lui et ne dépassèrent pas cette limite, ce qui leur permit de rester en vie. C’est pourquoi il est dit "Je serai sanctifié par Mes saints", car les fils d’Aharon aspiraient tant à adhérer à Hachem que cela leur coûta la vie.

Comment expliquer qu'Hachem, "feu dévorant", puisse résider à l’intérieur de notre être sans nous brûler?
Il s’agit là d’un grand miracle pour lequel nous devons Le remercier à tout instant. Le Créateur se réduit en nous, de sorte à ne pas nous brûler.
Afin de concrétiser cette réalité, Hachem a permis à Nadav et Avihou d’être brûlés vifs, pour nous enseigner que cela devrait normalement arriver à tout homme. Mais, dans Sa grande bonté, D. a pitié de nous et fait en sorte que nous puissions rester en vie, malgré Sa Présence en notre sein.
Il nous incombe de Le louer constamment pour cet immense miracle permanent, comme nous le disons dans les derniers mots de la bénédiction de acher yatsar : "oumafli laassot" (qui fait des prodiges)."

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-> "Et vos frères, toute la maison d'Israël, pleureront l'embrasement que Hachem a enflammé" (Chémini 10,6)

=> On peut s'interroger sur cet Ordre Divin à l'adresse du peuple de pleurer la mort de Nadav et Avihou. En effet, devant un tel drame, tout le monde fut sensibilisé et peiné jusqu'aux larmes. Pourquoi donc donner un tel ordre de pleurer à ceux qui pleureront d'eux-mêmes? Et pour ceux qui ne sentent pas les pleurs venir, peut-on forcer quelqu'un à pleurer?

-En fait, l'ordre ne concernait pas le fait même de pleurer. Seulement, Hachem prescrit au peuple que quand ils pleureront, ils auront conscience qu'ils sont en train de se lamenter pour l'embrasement "que Hachem a enflammé". C'est-à-dire qu'ils devront se rappeler que ce drame vient d'Hachem et c'est Lui Qui a provoqué la mort de ces deux jeunes gens, pour la faute qu'ils ont commise.
Et surtout, qu'ils n'imaginent pas que ce drame est venu suite à des causes naturelles.
[rabbi Yaakov Neuman]

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