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"Moché les envoya ... c'était tous des hommes (anachim) de bien (considérés), chefs des enfants d'Israël" (Chéla'h Lé'ha 13,3)

-> Selon Rachi : "Le mot "anachim" désigne dans la Torah des hommes de bien, éminents et à ce moment là (à leur départ), ils étaient irréprochables."

-> Le Rokéa'h fait remarquer que les dernières lettres de : שְׁלַח לְךָ אֲנָשִׁים forment le mot : 'hakham, indiquant que ces hommes étaient des érudits.

-> Selon Ramban : "Ils (les explorateurs) étaient des chefs et des princes du peuple ... et ils n'avaient pas le même niveau (de sagesse).
Le plus respectable a été nommé en premier, car c'est par rapport à leur qualité personnelle qu'ils ont été cités (dans l'ordre décroissant) et non pas par rapport aux qualités de leur tribu."

-> Dans la liste de niveau décroissant des 12 explorateurs cités dans les versets 4 à 15, Kalev et Yéhochoua, qui ont été les seuls à avoir le mérite de ne pas médire d'Israël, occupent la 3e et la 5e place respectivement dans cette liste.

=> Comment en seulement 40 jours, les 10 explorateurs, dont certains avaient un niveau supérieur à celui de Kalev et Yéhochoua, ont pu chuter spirituellement si bas (Rachi : "ils dirent cela contre Hachem" - v.13,31)?

-> "D'après le Zohar (v.13,3), c'est la recherche des honneurs qui est la cause de la médisance du pays par les explorateurs, ce qui a entraîné leur mort et celle de toute la génération (du désert).
En effet, ils craignaient qu'en entrant dans la terre d'Israël, leur honorabilité diminuerait en perdant leur titre de prince des tribus d'Israël et que d'autres prendraient leur place."
[Ram'hal - Messilat Yécharim 11]

-> Leur souci est d'autant moins compréhensible qu'ils n'étaient pas des chefs de tribu de mille, mais des simples chefs de cinquante, comme l'explique le Baal haTourim (v.13,3) :
"Le mot המה (éma - eux) a une valeur numérique de 50 pour t'apprendre qu'ils n'étaient que des chefs de 50."

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 83) de commenter :
Combien de chefs de 50 existait-il dans le peuple d'Israël composé de 600 000 hommes adultes?

Il y en avait : 12 000!
Malgré leur position sociale peu importante (puisque assez commune), ils ont pourtant jugé que tout le peuple devrait demeurer dans le désert sans rentrer en Israël de peur que le "petit honneur" de chef de 50 dont ils jouissaient dans le désert soit diminué.

=> Nous voyons combien est grand le danger enfoui de la poursuite des honneurs.

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-> Rabbi Israël Salanter affirme que l'homme a tendance à justifier son attitude en couvrant ses volontés personnelles et intéressées par un voile d'attitude noble inspirée par son intellect, à l'exemple des explorateurs.
Seul Hachem peut savoir ce qui se trame dans les replis et profondeurs de nos cœurs.

Par exemple, les explorateurs ont justifié leur désir d'honneur par une volonté plus noble : "Les Cananéens ont entendu que nous allons conquérir le pays et ils vont cacher leur argent (et leur biens) ... Nous ne trouverons rien. La parole (la promesse) de D. serait alors annulée!" (Yalkout Chimoni Bamidbar 742).

[Hachem qui peut tout faire, va permettre aux juifs de trouver ces biens : "Quand Hachem ton D. t'aura conduit dans le pays qu'il avait juré à tes pères ... avec des maisons regorgeant de toutes sortes de biens" (Dévarim 6,10-11) ]

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+ "Les hommes qui étaient partis avec lui, dirent : "Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous"." (Chéla'h Lé'ha 13,31)

-> En réponse à Kalév, les explorateurs s'écrièrent : "Tu dis des mensonges! As-tu vu davantage que nous? Nous affirmons que nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est trop fort pour nous!"

En réalité, par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
En effet, le nom de chaque lettre du mot : "miménou" contient 2 fois la même lettre : mém (מם), noun (נון), vav (וו).
Ainsi, le verset contient la double signification du mot miménou : "pour nous" et "pour Lui", cette dernière étant une offense contre Hachem.
[Méam Loez - Chéla'h Lé'ha 13,31]

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-> Pour troubler plus encore les esprits, l'ange du mal insuffla à ces hommes un sentiment d'humilité trompeur/illusoire, qui les conduisit à se demander s'ils étaient suffisamment méritants pour que Hachem opère des miracles en leur faveur durant les combats. Ces pensées eurent le pouvoir de faire paraître tous les avantages du pays comme des obstacles, inoculant en eux une profonde terreur.
Tel fut donc l'échec des explorateurs : ils tombèrent dans les filets de cette "fausse" piété tendus par le mauvais penchant ...

Ils affirmèrent en vérité que Hachem ne pouvait pas leur accorder la victoire, pour la simple raison qu'Il ne chasse une nation d'un pays qu'à partir du moment où Il en trouve une autre plus méritante. Or, comme les juifs avaient commis de nombreuses fautes, ils n'avaient aucune légitimité justifiant d'expulser les Cananéens de leur territoire ...

Nos Sages enseignent que le yétser ara se tient "aux portes du cœur" : parfois, il gonfle l'homme d'orgueil, le persuadant qu'il a déjà atteint la perfection et qu'il peut désormais se permettre de contredire ses parents ou ses maîtres ...
Dans d'autres circonstances, le yétser ara opte pour la voie opposée, comme il le fit avec les explorateurs ... il rappelle à l'homme les fautes de ses pères et ses propres écarts de jeunesse, et c'est ainsi qu'il parvient peu à peu à le remplir de désespoir et à le décourager.
Chacun devra bien garder à l'esprit les manœuvres dont use le yétser ara pour éviter de tomber dans ses filets.
[Léka'h Tov]

[on a vu que par les mots : Il est trop fort pour nous (miménou - מִמֶּנּוּ)", les explorateurs voulaient dire que le peuple à conquérir était trop fort pour Hachem Lui-même (miménou).
Or de même que nous devons avoir confiance en Hachem, nous devons avoir confiance en nous-même (puisqu'ayant une partie Divine en nous!).
En se rappelant l'infinie grandeur, miséricorde (ex: le pouvoir fou d'un mot/soupir de téchouva), ... de Hachem, nous en venons à être tamim (intègre, simple), à agir de notre mieux, sans se poser de question (on comprendra dans le monde à venir de Vérité), laissant la gestion du reste à papa Hachem (seul Lui peut et sait tout!).
Ainsi, au cours de notre vie il faut évoluer en équilibre avec ces 2 sentiments : je suis quelqu'un d'énorme, presque Divin (étant fait à l'image de D.), et pourtant je ne suis rien en propre dans le sens où tout ce que j'ai, provient et dépend à 100% de D. (je ne peux pas tout comprendre, je ne peux pas maîtriser, ...).]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°938) enseigne :
"Sur le mode allusif, nous pouvons remarquer que les lettres finales des mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) forment le mot koa’h (force, pouvoir), tandis que si on inverse l’ordre des lettres de chela’h, on obtient ’halach (faible).
Ces 2 notions antithétiques nous livrent un précieux message. Hachem désirait signifier à Moché qu’en envoyant des hommes prospecter la Terre Sainte, il affaiblissait son pouvoir et celui du peuple.
Tentons d’expliquer en quoi cette exploration était synonyme d’affaiblissement.

Lorsque les enfants d’Israël traversaient le désert, ils vivaient à un niveau surnaturel. En effet, conduits sur le mode du miracle, ils étaient perpétuellement entourés par les nuées de gloire, qui avaient la propriété d’absorber les flèches ennemies, ce qui les dispensait du combat. Ainsi, en envoyant une délégation en reconnaissance du terrain à conquérir, ils se rabaissèrent au niveau de la nature, alors que Hachem avait prévu de leur faire hériter de la Terre promise de manière exclusivement miraculeuse. Mais la volonté qu’ils exprimèrent d’explorer le pays avant de le conquérir, comme le fait tout peuple avant de déclarer la guerre à un pays ennemi, prouva leur attachement indéniable à l’ordre naturel, ce qui modifia le projet divin initial et les contraignit à conquérir la terre à la manière de tous les humains.
D’où l’allusion qui se lit dans les mots chela’h lekha (שְׁלַח לְךָ) : l’exploration de la Terre Sainte revenait à un affaiblissement, puisqu’elle fit passer nos ancêtres d’une conduite miraculeuse à un vécu naturel.
[...]
Moché savait que telle était la volonté des enfants d’Israël, et il désirait leur enseigner une leçon, ainsi qu’à toutes les générations à venir : lorsqu’un homme ne se conforme pas aux directives du Créateur, il risque fort d’en pâtir. Car il n’existe pas d’échappatoire au projet divin, et quiconque veut jouer au plus fin avec Hachem, loin d’en retirer un quelconque intérêt, ne fait que se rendre coupable et mettre sa vie en danger.

Moché leur transmettait également un autre message : l’homme est responsable de ses actes et "on [le] mène dans la voie qu’il désire emprunter". Par conséquent, s’il démontre une volonté d’être conduit par une Providence surnaturelle, il le méritera. Par contre, s’il exprime une préférence à se restreindre aux lois de la nature, pensant pouvoir connaître ainsi le salut, Hachem lui retirera Sa Providence et lui laissera le loisir de s’en sortir par ses propres moyens, mais bien souvent, il en fera alors les frais."

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