Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Ils s'assemblèrent contre Moché et contre Aharon, et leur dirent : "C'en est trop pour vous! Car toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux ; et pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de Hachem?" (Kora'h 16,3)

-> "C'en est trop pour vous!" - Selon Rachi : Vous vous êtes approprié beaucoup trop d’honneurs pour vous-mêmes.

-> A ce sujet le rabbi de Kotsk enseigne :
Kora’h avait remarqué que quand il faisait son service de Lévi, de chanter dans la cour du Michkan, il ressentait une grande élévation spirituelle.
C'est pourquoi il souhaitait bénéficier également de la prêtrise pour servir aussi à l’intérieur du Michkan, car il mériterait ainsi encore plus d’élévation.
Il voulait donc prendre la fonction de Aharon.

Mais ce qu’il ne savait pas c’est que toute cette grandeur qu’il ressentait de par son service dans la cour, ne lui parvenait que grâce au mérite de Aharon qui servait à l’intérieur.

-> Kora'h était jaloux de Moché, car s'il n'était intéressé que par la volonté de Hachem, il ne se soucierait pas du fait que Moché était le responsable.
Kora'h désirait ardemment devenir le dirigeant, plutôt que de voir la volonté de D. réalisée.
[le Kédouchat Lévi]

A l'inverse, Moché dit : "Par ceci vous saurez que Hachem m'a envoyé accomplir tous ses actes, que ce n'est pas de moi-même" (v.16,28)

<-------------->

-> "[Les tsitsit :] Afin que vous vous souveniez et accomplissez tous Mes commandements, et que vous soyez saints (kédochim) pour votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,40)

Kora'h pensait que Hachem avait dit à Moché qu'il serait le dirigeant jusqu'à ce que le peuple reçoive la mitsva des tsitsit, car tous les juifs seraient alors kédochim.
C'est son argument à Moché : "toute l'assemblée, tous sont saintes et Hachem est parmi eux".

Depuis la réception de cette mitsva des tsitsit, tout le monde est égal en sainteté, et ainsi Moché et Aharon n'ont plus aucune supériorité sur le restant du peuple.
[le Kéhilat Yits'hak]

-> Selon Rabbi Soloveitchik, certes chaque juif a en lui une sainteté inhérente, mais dans sa volonté de flatter le peuple, Kora'h oublie de mentionner un autre aspect de la sainteté, celui qui dépend du mérite personnel de chacun : plus une personne se parfait, plus elle s'élève en sainteté.

=> Kora'h reconnait la sainteté naturelle collective et commune à tous les juifs, mais ne prenait pas en compte l'essentiel : l'individu et son mérite personnel.

<-------------->

+ Kora'h : Ne pas oublier que plus une personne est élevée plus elle a un yétser ara élevé!

-> On peut rapporter un développement du rav Yéhouda Leib 'Hassman (Ohr Yahel) :
La guémara (Béra'hot 28b) raconte que le jour où rabbi Yo'hanan Ben Zakaï allait disparaître, il s'est mis à pleurer. Après avoir entendu l'étonnement de ses élèves (pourquoi leur maître qui a eu une vie si complète/exemplaire en vient-il à pleurer au moment de mourir?), il expliqua : "Deux chemins s'ouvrent devant moi, celui du paradis et celui de l'enfer. Et je ne sais pas où je vais aller. Comment pourrais-je ne pas pleurer?"
En général, on comprend que son doute concerne sa vie dans ce monde. En fonction de son comportement tout au long de sa vie, il ne savait pas où il allait se rendre. Seulement, il est étonnant qu'un tsadik comme lui, d'une sainteté hors du commun, fusse-t-il être d'une très grande humilité, mais comment pourrait-il se tromper à ce point sur lui-même, craignant hériter de l'enfer, comme les réchaïm!

En fait on peut expliquer que son doute ne concernait pas le passé. Il savait effectivement que son comportement passé était méritoire et qu'il lui donnait droit au paradis. Seulement, il craignait pour les derniers moments qui lui restaient à vivre. Il se préoccupait du fait de savoir s'il allait rester intègre même encore pendant ces moments-là, ou si D. Préserve, il allait s'égarer.
Cette idée est en allusion dans les mots qu'il prononça : "Deux chemins s'ouvrent devant moi" = il craignait la faute et l'enfer à cause du temps qui lui reste devant lui, et non derrière lui c'est-à-dire non le temps passé.
Même un tel tsadik craignait la faute pendant ses derniers instants. Car tant qu'une personne est en vie, il doit rester sur ses gardes et craindre son mauvais penchant.
Jamais un homme doit se sentir rassuré et sûr de lui en se disant que son envergure spirituelle est telle qu'il est à présent sauvé et que la faute ne le concerne plus, ce qui le conduirait à commettre l'erreur de penser que tous ses désirs et ses comportements émanent forcément du bien.

C'était cela l'erreur de Kora'h.
La Torah demande à l'homme de toujours se remettre en question. Même s'il a atteint des niveaux de sainteté grandioses, là encore (et peut-être même plus encore) il doit se ''suspecter'' pour savoir s'il est dans le vrai chemin, où s'il s'égare.
Les grands niveaux atteints ne doivent surtout pas le rassurer et le conforter à penser qu'il est forcément dans le droit chemin. Cela est la tentation des grands hommes et il convient de s'en méfier à tout prix.
C'est cela le sens de l'enseignement : "Celui qui est plus grand que son prochain, son penchant aussi est plus grand". Il s'agit du penchant de se croire protégé par sa grandeur, et d'en venir à être sûr de soi et de ses choix. Kora'h s'est laissé prendre à ce piège.
N'oublions pas : "Ne sois pas sûr de toi, jusqu'au jour de ta mort" (Pirké Avot 2,4), ''jusqu'au jour'' inclus!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.