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"Il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes, et ses 11 enfants" (Vayichla'h 32,23)

Rachi explique que Dina ne figure pas ici car Yaakov l’a mise dans une boite qu’il a verrouillée, pour ne pas qu’Essav ne la voie et qu’il souhaite l’épouser.
Yaakov a été puni pour avoir mis sa fille dans cette boite, car elle aurait pu conduire Essav au repentir. C’est pourquoi, elle est tombée entre les mains de Chekhem.

=> Comment peut-on condamner Yaakov pour avoir empêché Essav le racha d’épouser Dina?
Au contraire, cela aurait été considéré comme jeter sa fille aux lions!

En fait, Yaakov a bien fait d’avoir empêché Essav de voir sa fille. Seulement, la Torah lui reproche que quand il a fermé la porte de la boite, il n’a pas malgré tout soupiré en exprimant un regret, se disant :"Ah! Peut-être que finalement, je prive Essav du repentir!"

Hachem a puni Yaakov d’avoir verrouillé la porte fermement et sereinement, sans avoir un petit sentiment de regret/tristesse pour son frère.

Cela montre combien Hachem est exigeant avec les tsadikim (les jugeant sur l'épaisseur d'un cheveu! - guémara Yébamot 121b) et les sanctionnant pour des considérations qui semblent minimes.

[le Sabba de Kelm]

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-> A cette époque, Essav avait environ 100 ans.
[en effet, Yaakov et Essav avait le même âge, étant des jumeaux. Yaakov avait 84 ans lorsqu'il s'est marié avec Léa (cf.Rachi 29,21). On y ajoute 7 autres années avant qu'il épouse Ra'hél, et 6 années où il travaille pour sa parnassa, et encore 2 années avant de rencontrer Essav. Cela fait 84+15 : soit environ 100 ans]
Ainsi, malgré son âge avancé (100 ans!), Essav pouvait toujours faire téchouva, et Yaakov a même été puni pour avoir empêché qu'il puisse se marier avec Dina, qui aurait éventuellement pu lui faire faire téchouva.

Selon le rav Yé'hezkel Lévinstein, cela doit nous faire prendre conscience qu'on peut tous faire téchouva, qu'il n'est jamais trop tard pour cela.
[Hachem attend impatiemment la téchouva de chaque juif, quelque soit son âge, quelque soit la gravité de ses fautes.
Est-ce que tu es plus racha que Essav, a qui malgré tout Hachem attendait sa téchouva?
est-ce que tu es plus âgé que 100 ans, comme Essav, a qui Hachem attendait qu'il fasse téchouva? ...]

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+ Quelques autres explications :

-> Le Moshav Zékénim est d'avis qu'à ce moment, Essav aurait pu être ouvert à se repentir, comme le prouve son offre de voyager avec Yaakov ("Mettons-nous en route ... et j'irai à ton pas" - v.33,12)

-> Le Barténoura enseigne que les intentions (profondes) de Yaakov étaient mauvaises.
En effet, il voulait spécialement que son frère reste un racha, afin que celui-ci ne mérite pas l'accomplissement des bénédictions de son père.

-> Le Mérafsin Igri suggère que Dina avait un niveau si élevé que même Essav ne pouvait pas lui nuire spirituellement parlant, tandis qu'elle pouvait éventuellement l'aider dans une certaine mesure.

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+ On peut s'interroger : comment est-ce que Rachi a-t-il pu affirmer qu'il s'agissait de Dina, la fille de Yaakov, et non pas un de ses fils?

-> Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou) répond que nos Sages enseignent (Targoum Chéni - Esther 3,3) que la tribu de Binyamin a mérité d'avoir le Temple construit sur son territoire de la terre d'Israël, car Binyamin a été le seul fils de Yaakov qui ne s'est pas prosterné devant Essav.
En effet, celui-ci n'était pas encore né au moment de cette rencontre.

S'il y avait un autre de ses frères dans la boîte, cette raison n'aurait alors pas été suffisante, puisqu'une 2e tribu aurait pu demander à avoir le Temple.
Par conséquent, Rachi savait que l'enfant "manquant" ne pouvait être que sa fille Dina.

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-> "Il se leva cette nuit-là, il prit ses 2 femmes, ses 2 servantes et ses 11 fils et traversa le gué de Yabok" (Vayichla'h 32,23)

-> Rachi explique sur les mots "Et ses 11 fils" : Et où était Dina? Il la plaça dans une malle qu’il ferma afin qu’Essav ne place pas son regard sur elle. Yaakov fut puni pour ceci ; parce qu’il la priva à son frère bien qu’elle ait pu le faire revenir vers une conduite vertueuse. Elle tomba par la suite entre les mains de Chékhem.

-> Le Na’halat Yaakov note une contradiction entre ce commentaire et un autre, relatif à un précédent épisode de la Torah. Le Midrach (rapporté par rapporté par Rachi - Vayétsé 29,17) raconte que lorsque Léa sut qu’elle était vouée à épouser Essav, elle pleura amèrement. Ses larmes et ses prières lui épargnèrent ce destin. Pourtant, nous ne voyons nulle part qu’elle eut tort de ne pas désirer cette union. N’aurait-elle pas pu, elle aussi, influencer Essav positivement et le mener à la téchouva?

Dina était plus à même d’influer sur le racha (d’ailleurs, elle eut un impact positif sur Chékhem qui fut prêt à se convertir après avoir abusé d’elle). Elle avait un don naturel, que Yaakov aurait dû détecter, à rectifier le mal.

Le Targoum Yonathan (sur Vayétsé 30,21) nous informe qu’au départ, c’est Ra’hel qui était enceinte de Dina (et Léa attendait un 7e garçon : Yossef), mais qu’à la suite de la prière de Léa qui se souciait de la honte de sa sœur (qui risquait de mériter moins de tribus que les servantes), les fœtus s’interchangèrent : Léa donna naissance à Dina et Ra’hel accoucha de Yossef peu après.

Dina et Yossef ont donc un destin lié.
Nos Sages nous révèlent l’une des qualités de Yossef juste après sa naissance. Yaakov était resté chez son oncle Lavan durant de longues années pour échapper à son frère Essav. Mais dès la naissance de Yossef, il se mit en route pour la terre d'Israël. Ceci, car Yaakov sentit que Yossef avait la force de combattre le mal incarné par Essav.
[D’ailleurs, à plusieurs occasions, nous voyons que c’est par le mérite des descendants de Yossef que le peuple juif vainquit les descendants d’Essav.]

Il y a 2 approches dans le service divin : l’une consiste à éviter le mal et à vaincre ses mauvais traits de caractère, et l’autre à se focaliser sur l’amélioration de ses qualités.
Cela se base sur le Téhilim (34,15) : "Sour Méra Véassé Tov" (éloigne-toi du mal et fais le bien).
- Ra’hel. Ra'hel subtilisa les idoles de Lavan, afin d’empêcher son père de se livrer à l’idolâtrie (Vayétsé 31,34). Ra'hel avait une Avoda davantage de type : "Sour Méra".
- Léa était plus portée par le "Assé Tov" et était donc moins disposée à vaincre le mal que sa sœur Ra’hel.
À leur tour, les descendants de Ra’hel étaient, plus que ceux de Léa, capables de combattre Amalek, personnification du mal. [le filsde Ra'hel : Yossef, était de même, comme on l'a vu juste avant]

=> Nous comprenons à présent pourquoi Dina était plus à même d’influencer positivement Essav que sa mère.
Bien que fille de Léa, elle était également imprégnée du don de Ra’hel (le "Sour Méra") et pouvait donc aussi vaincre le mal. Mais sa façon d’y parvenir différait de celle de Yossef. Ce dernier pouvait éliminer le mal en le détruisant, tandis que Dina le transformait.
[C’est dans cette intention qu’elle sortait voir les filles de son pays ; son but était de les rapprocher d’Hachem.]
D’où la critique faite à Yaakov qui empêcha Dina de se marier avec Essav, tandis que Léa n’est pas réprimandée de n’avoir pas voulu épouser ce racha.

-> Il en résulte qu'il y a 2 manières de vaincre les influences négatives qui nous entourent : les détruire ou les rectifier.
Le 'Hazon Ich écrit que de nos jours, la meilleure façon de réduire le ’Hilloul Hachem causé par l’éloignement de la Torah n’est pas de lui faire affront, mais plutôt de le transformer. Et pour y arriver, il faut montrer un regard positif à l’égard d’autrui et lui prouver que le mode de vie indiqué par la Torah est celui qui lui apportera la plus grande satisfaction.
À notre époque, c’est la force de Dina, celle de corriger le mal, qui est la plus applicable.
[d'après un dvar Torah du rav Yehonathan Gefen]

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