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"Aharon éleva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

-> Bien qu'il soit écrit dans la Torah : "yadav" (ses mains - יָדָו), on doit le lire : "yado" (sa main).
Pourquoi cela?

C'est peut être l'origine de l'habitude des Cohanim de joindre leurs mains en une seule au moment de bénir.
[Tossafot Bra'ha]

-> Cela nous enseigne que la bénédiction ne vient sur les juifs que lorsqu'il y a de l'unité parmi eux.
[Rabbi Yonathan Eibshutz - Néfech Yonathan]

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-> Après avoir achevé son premier service sacrificiel, Aharon a béni le peuple dans la joie et récité pour la 1ere fois la bénédiction des Cohanim (birkat Cohanim).

Aharon, dont la nature ainsi que celle de ses descendants, se caractérise par une profonde générosité et un grand amour du prochain, éprouvait un désir ardent de bénir le peuple.
Pour le récompenser, D. a accordé aux Cohanim la mitsva et le privilège de transmettre au peuple la birkat Cohanim.
[Sfat Emet]

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-> Le Zohar (Nasso 147b) enseigne qu'au moment où les Cohanim lèvent les mains pour bénir le peuple juif, la Présence Divine repose sur leurs doigts et Hachem accorde leurs bénédictions.
[d'ailleurs le livre Chéélot ouTéchouvot du Ritbaz, rapporte que les Cohanim se couvrent leurs mains lorsqu'ils bénissent pour éviter au peuple de voir leurs mains, car il est interdit de les regarder puisque la Présence Divine réside à ce moment-là sur leurs mains et leurs visages.]

Le Zohar dit que cela génère un moment de compassion Divine pendant lequel : "on peut prier pour que nos problèmes soient soulagés, et la sévérité du jugement changée en clémence."

Le Zohar ('Hadach III p.147) écrit que lors de la bénédiction des Cohanim, c'est un moment favorable où sont bénis les anges et les habitants de la terre.

-> "[La birkat Cohanim] est le plus grand moment de "ét ratson" (moment très propice pour que nos prières soient agrées) que nous possédions en ce monde. C'est le moment où les portes du Ciel sont ouvertes que demander de plus?"
[rav Pinkous - Néfech Chimchon sur Téhilim (p.135)]

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+ Pourquoi les Cohanim bénissent-ils avec leurs mains (birkat Cohanim)?

-> "Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie" (Béréchit 3,22)

Le Rama de Pano commente :
"Lorsque Adam mangea du fruit de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, ses bras ne le suivirent pas, ils refusèrent de s’étendre, ses mains ne s’ouvrirent pas et ses doigts ne voulurent toucher le fruit".

=> Il fut contraint de saisir le fruit directement avec sa bouche.
Les Cohanim bénissent leurs frères juifs avec leurs mains, car puisque celles de Adam (englobant toutes les âmes à venir) n’ont pas fauté, elles revêtent ainsi une force particulière et sont le vecteur de la bénédiction.
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyahou]

[de la même façon qu’elles ne se sont pas étendues pour fauter, de la même façon elles peuvent s’étendre pour déverser sans déperdition les bontés provenant de D., en passant par les Cohanim.]

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-> "Aharon étendit ses mains vers le peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

Rachi commente : "Il les bénit" = Il s’agit de la bénédiction des cohanim : ‘‘Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face ...’’.

=> Le Siftei ‘Hakhamim demande pourquoi, après avoir dit que cela représente la "birkat cohanim", Rachi a détaillé l’ordre de cette bénédiction, pourtant connue de tous.

Le Rav Tsvi Pessa’h Frank (Har Tsvi) précise : contrairement à la birkat cohanim mentionnée clairement dans la paracha Nasso, ici, elle n’avait pas encore été donnée (comme l’explique le Ramban). Mais Aharon a choisi lui-même de bénir le peuple, puis D. l’a approuvé et lui a donné l’ordre de bénir Son peuple Israël avec amour par les mêmes bénédictions qu’Aharon avait choisies.
Nous comprenons à présent pourquoi Rachi a détaillé la bénédiction des cohanim : "Que Hachem te bénisse, que Hachem éclaire Sa face, que Hachem lève Sa face..." En effet, bien que cette bénédiction n’ait pas encore été donnée, Aharon a pensé bénir le peuple de cette façon.

[tous les Cohanim à travers l'histoire bénissent par ces même mots que Aharon a spontanément prononcés par amour pour le peuple juif, et qui sont devenus un ordre Divin.]

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+ "Aharon éleva les mains vers le peuple, le bénit, et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" (Chémini 9,22).

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°822) enseigne :
Les commentateurs s’interrogent sur le sens de l’expression "il descendit". Aharon était-il donc sur un endroit surélevé pour devoir en descendre afin de bénir le peuple?
[...]

Aharon savait qu’il devait faire quelque chose qui provoquerait la descente de la Présence Divine, c’est pourquoi il a cherché à s’élever dans la qualité de l’humilité, et à éliminer radicalement en lui toute trace d’orgueil.
C’est ce que dit le verset : "Aharon descendit" = cela signifie qu’il s’est fait descendre lui-même, il s’est abaissé devant le peuple et a élevé les mains pour le bénir.
Nous devons expliquer pourquoi Aharon a voulu s’élever justement dans la qualité de l’humilité et se débarrasser de toute trace d’orgueil. L’explication en est qu’il craignait que son statut de Cohen gadol et les vêtements somptueux dont il était revêtu ne provoquent chez lui de la suffisance, c’est pourquoi il s’est débarrassé de tout soupçon d’orgueil pour être véritablement prêt et digne de ce que la Présence Divine descende par l’offrande des sacrifices.
Aharon se considérait comme un simple Cohen et non comme LE Cohen gadol, il est descendu vers le peuple et l’a béni dans l’esprit que même la bénédiction d’un homme simple a une certaine importance.
Quand Hachem a vu l’intériorité d’Aharon, et son désir de s’élever dans l’humilité, qui est la racine de toutes les qualités, Il a immédiatement révélé Sa gloire aux yeux de tout le peuple, ainsi qu’il est dit : "Il descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires", et immédiatement après : "La gloire de Hachem se montra à tout le peuple".

Le Noam Elimélé'h explique ainsi ce verset :
"Le tsaddik est constamment en état d’attachement aux mondes supérieurs, mais à cause de son aspiration constante à ce que Hachem fasse du bien au peuple d’Israël et lui accorde abondance et bénédiction, il descend un peu de son niveau et de son attachement. Pourtant, cette descente est en soi positive, car lorsque les hommes sont témoins de son attachement à D. et de son désir de leur faire du bien, cela fait entrer dans leur cœur la crainte et l’amour de D., et ils s’éveillent à vouloir Le servir".
Dans la suite, le Noam Elimélé'h ajoute que : "Il le bénit et descendit après avoir fait l’expiatoire, l’holocauste et les rémunératoires" signifie qu’il est ainsi descendu de son niveau, car le tsaddik vérifie où il en est à chaque instant, de crainte d’avoir fauté de façon imperceptible ou en pensée, et il est sans cesse en état de repentir. Cela se trouve en allusion dans les expiatoires et les holocaustes, qui viennent pour expier les pensées, tandis que les rémunératoires font allusion à l’attachement à D. avec lequel il fait la paix dans les armées célestes. A cause de son désir, il descend un peu de ces niveaux".

Essayons d’expliquer cette notion que le tsadik se trouve toujours attaché aux mondes supérieurs, mais que son désir de faire du bien aux juifs entraîne un léger détachement des mondes supérieurs. Cela signifie que la bienveillance envers le peuple d’Israël qui se trouve en bas dans des mondes moins élevés le fait descendre de son attachement aux mondes supérieurs. Et en vérité, c’est une bonne chose, car lorsque le peuple d’Israël s’aperçoit que le tsaddik a un si grand amour pour lui, la crainte et l’amour de Hachem s’éveillent en son cœur et il désire Le servir de tout cœur.
Aharon était également habité d’un grand désir du bien du peuple d’Israël et aspirait à le bénir. Mais pour le bénir, il fallait descendre un peu de son niveau élevé et de son attachement aux mondes supérieurs ...

C’est cela la voie du tsadik : se trouver sans cesse en état de repentir même pour des fautes qu’il n’a pas commises. Et de cette façon, les fautes des juifs sont effacées et ils s’élèvent dans les niveaux de la sainteté et de la pureté, au point d’engendrer la paix dans les armées célestes et que Hachem puisse faire résider Sa Présence Divine parmi eux."

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-> "Aharon leva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22)

=> Pourquoi n’est-ce qu’à ce moment qu’Aharon bénit-il le peuple, et non pas auparavant?

-> Le Mikré Dardéké propose l’explication suivante : le Choul’han Aroukh tranche qu’un Cohen qui n’aime pas la communauté des fidèles qu’il est censé bénir ou bien n’est pas apprécié d’eux ne les bénira pas.
Or, ayant été contraint de forger le veau d’or, peut-être Aharon en éprouvait-il une certaine rancœur envers le peuple juif qui l’avait conduit à cela. De leur côté, peut-être les enfants d’Israël éprouvaient-ils une colère à son égard du fait qu’il les avait fait fauter. Du fait de ce ressentiment réciproque, Aharon ne pouvait bénir le peuple de la birkat Cohanim.
Mais à présent que tous les sacrifices avaient été offerts et qu’Hachem avait pardonné à tous, l’amour était rétabli et il était évident qu’Aharon pouvait les bénir et dire avec un amour véritable "Qu’Hachem te bénisse et te protège ...". Car pour bénir un homme de tout cœur, il faut ressentir à son égard un sentiment d’amour.

-> Rabbi Chimon David Pinkous (Tiféret Avot) rapporte : "Une fois, une femme vint me voir, pour me demander que “le Rav prie pour mon fils ...” Elle me glissa alors, contre mon gré, un billet de 20 shekels. J’acceptai l’argent pour ne pas la froisser et allai immédiatement m’acheter au coin de la rue un morceau de gâteau et de la boisson. Une fois revigoré par cet en-cas, je sortis le billet portant le nom du fils de cette dame, le bénis et priai pour lui avec ferveur, du fond du cœur."

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b'h, voir également :
- http://todahm.com/2015/06/23/3387
- http://todahm.com/2020/07/21/la-birkat-cohanim

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-> A propos de l’inauguration du Michkan, le 1er Nissan 2449, il est dit : "Aharon étendit ses mains (יָדָו - Yadav) vers le Peuple et le bénit" (Chémini 9,22)

-> Rachi enseigne : il s’agit de la bénédiction des Cohanim.
[Selon le midrach : "A ce moment-là, Aharon mérita les présents de la Prêtrise. A ce moment-là, il mérita le rôle de bénir le peuple pour lui et sa descendance jusqu’à la Résurrection des Morts" ]

-> Il est écrit ידו (yado - sa main) mais nous le lisons יָדָיו (yadav - ses mains). Les mains sont l’organe de transmission des bénédictions. Ainsi, cette singularité est-elle le signe d’une intention toute particulière de la part de celui qui délivre la bénédiction.

=> Pourquoi est-il écrit qu’Aharon a levé une "seule" main pour bénir les Bné Israël?

On peut citer les commentaires suivants :
1°/ Cela t’apprend qu’Aharon a levé les deux mains pour bénir le Peuple mais qu’il les a serrées l’une contre l’autre si bien qu’on aurait dit que c’était une seule. [Chaar Bat Rabim]
Cette main alors unique est celle de la droite. Elle représente la main triomphante, comme il est dit : "Ta droite (יְמִינְךָ - yéminé'ha) Seigneur, est insigne par la puissance ; Ta droite (יְמִינְךָ), Seigneur, écrase l’ennemi" (Béchala'h 15,6).
Rachi explique, au nom du midrache (Mékhilta), que la double mention du mot : "Ta droite (יְמִינְךָ)" indique que lorsqu’Israël accomplit la Volonté d'Hachem, la "gauche" devient la "droite" [les deux mains n’en forment alors, symboliquement parlant, qu’une seule : une main droite renforcée].

Dans le même ordre d’idée, la ‘Hassidout (Ohr haTorah) explique, selon propos du Zohar, "qu’il n’y a pas de gauche [symbole de Rigueur] en Atik [un niveau de lumière divine supérieur aux Quatre Mondes : Atsilout – Bryia – Yétsira – Assyia]". Il n’y a donc que "droite" dans "Atik" - Expression exclusive de la Bonté.
Ainsi, trouvons-nous dans "Atik" le symbole de deux "mains droites". Aharon, à travers la Bénédiction des Cohanim, savait attirer cette dimension de lumière divine au sein d’Israël. C’est pourquoi il est écrit ידו (Yado/sa main) – sa main droite, mais nous le lisons יָדָיו (Yadav/ses mains), pour dire que ses deux mains étaient comme deux mains droites, connectées aux deux "mains droites" d’Atik.

2°/ Le Beit Yossef sur le Tour Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 128) rapporte que les Maîtres de la Kabbale expliquent notre verset ainsi : Bien que les Cohanim doivent lever les deux mains pour la "Bénédiction des Prêtres" (Birkat Cohanim), la main droite doit être légèrement plus haute que la gauche.
Bien qu’Aharon "leva ses mains" (les deux mains), il est écrit "Yado" (sa main) parce qu’il a levé la main droite un peu plus haut (voir aussi Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 128, 12).
L’élévation de la main droite au-dessus de la main gauche exprime l’idée de la domination de l’Attribut de "Bonté" חסד – ‘Hessed (symbolisé par la main droite) sur l’Attribut de "Sévérité" דין – Din (symbolisé par la main gauche).
Cette conduite intentionnée se retrouve chez Yaacov à l’occasion de la bénédiction qu’il donna à ses petits-fils. Le Patriarche sembla alors vouloir concentrer son pouvoir de bénédiction dans sa main droite.

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