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"Essav, entendant les paroles de son père, poussa des cris bruyants et douloureux et il dit à son père : 'Moi aussi bénis-moi mon père!' " (Toldot 27,34)

-> Le midrach sur ce verset, déclare que le machia'h viendra uniquement lorsque les larmes d'Essav cesseront de couler.
[de même le Zohar (Chemot 12,2) dit : "Quand les larmes versées par Essav devant son père seront terminées, alors ils seront délivrés"]

Le rabbi Shmelke de Nikolsbourg (Imré Chmouël) s'interroge : "Mais qu'en est-il des larmes que les juifs versent jour et nuit dans leurs prières et leurs suppliques vers D.?
Pourquoi Hachem n'y fait pas attention? Pourquoi les larmes des juifs ne peuvent-elles pas neutraliser celles des enfants d'Essav?
Après tout, la Halakha a établi la règle qu'une substance est neutralisée si elle est mélangée avec une autre substance dans une proportion d'un soixantième.
Or, le volume des larmes des juifs est supérieur à 60 fois celui des larmes d'Essav."

Le Imré Chmouël répond :
Les substances qui sont différentes sont annulées dans une proportion d'un soixantième, les substances de même espèce ne sont pas annulées même dans une proportion d'un millième.

Essav a versé ses larmes en implorant pour des biens matériels.
Malheureusement, les juifs ont aussi pleuré pour des bien matériels et des possessions terrestres.
La raison pour laquelle les larmes des juifs ne peuvent pas neutraliser celles d'Essav est que les 2 types de larmes sont de même nature, et les substances de même nature ne peuvent pas s'annuler mutuellement.

=> Le message sous-tendu par le midrach est que les juifs doivent cesser de verser les "larmes d'Essav", des larmes qui sont versées pour des biens matériels.
Au lieu de cela, un juif doit déplorer l'exil de la Présence Divine et ses propres erreurs dans le domaine spirituel. Ce n'est qu'à cette condition que le machia'h viendra.

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-> "Essav poussa de grands cris amers"

-> Nos Sages (Yalkout Chimoni 115) expliquent que c'est Yaakov qui a été la cause des cris d'Essav.
C'est pourquoi, à l'époque d'Esther, Mordé'haï dut pousser de grands cris amers pour implorer Hachem de sauver le peuple d'Israël.
De plus, Essav versa alors 3 larmes qui sont la source de toutes les souffrances que ses descendants ont fait subir aux juifs.

=> Pourtant, Yaakov a agi sur l'ordre de sa mère Rivka qui par prophétie lui avait demandé de recevoir les bénédictions à la place d'Essav. Par ailleurs, Yaakov était obligé de se faire passer pour Essav, afin de recevoir les bénédictions pour lui et ses descendants, le peuple d'Israël, objectif de la création du monde.
De plus, seul Essav a souffert du stratagème de Yaakov : pourquoi les descendants de Yaakov seraient-ils punis depuis de si nombreuses générations?

Le rav Réouven Grozovsky répond à ses questions :
A l'image de son Créateur, l'homme doit avoir pitié de son prochain (guémara Shababth 133b) et lui prodiguer sans cesse du bien : heureux soit celui qui fait preuve de bonté, et malheur à l'homme qui punit son prochain, même s'il s'agit d'un goy.
De plus, nos Sages (guémara Shabbath 149b) affirment que celui qui causa de la douleur à autrui, même indirectement, ne sera pas introduit près de Hachem dans le monde futur.

=> C'est pourquoi, même si Yaakov obéit à l'ordre de sa mère Rivka, la prophétesse, il fut néanmoins la raison des cris d'Essav, et la souffrance d'une créature formée à l'image de Hachem est infinie.
Le rav Grozovsky conclut que, à contrario, celui qui prodigue du bien à son prochain sera récompensé par un salaire éternel.

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+++ Bénédictions d'Its'hak à ses enfants -> Quelques points de récit du côté d'Essav :

+ "Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, va aux champs, et prends du gibier pour moi. Fais-m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange, afin que mon cœur te bénisse avant ma mort" (Toldot 27,3-4)

-> A l'époque de la guémara ('Houlin 30b), les hommes savaient abattre rituellement un animal en tirant une flèche pour lui trancher la gorge. Cette flèche avait une longue lame, comme celle d'un couteau d'abattage.
Cette lame devait être aiguisée de façon à ne présenter ni ébréchure ni le moindre défaut.
On pointait alors avec une précision la flèche en direction de l'animal de sorte que sa lame lui tranchait la gorge aussi bien qu'un abatteur rituel. On tuait les oiseaux de la même manière.

Cela nécessitait une adresse extraordinaire. Si l'on bandait son arc trop fort ou pas assez, ou encore si on tirait sa flèche sous un mauvais angle, on risquait de rendre impur l'animal.
=> C'est pourquoi Its'hak avertit Essav de chasser avec précaution afin qu'il lui amène un animal pur (cashère).
[Méam Loez - Toldot 27,3-4]

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+ "Comme Its'hak avait achevé de bénir Yaakov, il arriva que Yaakov était sorti précisément de devant Its'hak son père, lorsque son frère Essav revint de la chasse" (Toldot 27,30)

-> La tente d'Its'hak comportait 2 entrées, c'est pourquoi Essav ne vit pas Yaakov sortir ...

Lorsqu'on pénètre dans une maison en venant de l'extérieur, on ne voit pas suffisamment. Essav n'aperçut pas Yaakov, mais ce dernier vit son frère, car quiconque se tient dans l'ombre peut voir quelqu'un se trouvant dans la lumière.
[...]

Le retour d'Essav prit plus de temps que prévu, car sa chasse fut sabotée.
A chaque fois qu'il piégeait un oiseau ou un petit animal, un ange venait derrière et le relâchait. Ceci pour permettre à Yaakov de recevoir les bénédictions.

Essav, voyant qu'il ne pouvait attraper d'animaux cashers, prit un de ses chiens de chasse et l'égorgea. Tel fut la viande qu'il servit à son père.  (cf. Targoum Yonathan 27,5)
Cependant, Its'hak était suffisamment perspicace pour se méfier d'une semblable ruse.
[Méam Loez - Toldot 27,30]

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+ "Essav dit à son père : "Ne possèdes-tu qu'une seule bénédiction mon père? Mon père, bénis-moi aussi!"
Et Essav éclata en pleurs." (Toldot 27,38)

-> Trois larmes jaillirent des yeux d'Essav. Une coula sur sa joue droite, l'autre sur la joue gauche et la 3e resta entre ses yeux.
Si la 3e larme était tombée, les juifs n'auraient jamais échappé à l'esclavage d'Essav.

Israël ne sera pas libre tant que les larmes d'Essav n'auront pas séché ...
Ces larmes versées par Essav nous ont fait subir de nombreux malheurs.
[Selon le Zohar,] elles prouvaient combien il désirait cette bénédiction, et il en résulta l'asservissement d'Israël. Etat dans lequel nous resterons jusqu'à notre repentir complet quand nos larmes compenseront les siennes.
[Méam Loez - Toldot 27,38]

[cela met également en avant le fait que même si nous avons les meilleures justifications au monde, le fait de faire honte à son prochain (même s'il est racha comme Essav), aura des répercutions néfastes sur nous.
Combien devons-nous éviter à tout prix de causer le moindre sentiment de honte à notre prochain!]

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+ "Pour réponse, Its'hak son père lui dit : "Une grasse contrée sera ton domaine et les cieux t'enverront leur rosée. Mais tu ne vivras qu'à la pointe de ton glaive et tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s'en affranchira"."(Toldot 27,39-40)

-> Rachi commente :
- Une grasse contrée = Ce sont les provinces grecques de l’Italie.
- Lorsque tu auras plié (tarid) = c'est une expression de douleur ... c’est-à-dire que lorsqu’Israël transgressera la Torah et que tu auras des raisons de te plaindre des bénédictions qu’il a reçues, [alors] "tu briseras son joug de dessus ton cou" [tu leur causeras de la douleur].

[ => Si nous respectons les mitsvot alors "Tu (Essav) serviras ton frère (Yaakov = les juifs)", mais sinon Essav a alors la capacité de nous persécuter. C'est ainsi que tout ne dépend que de nous, de notre comportement!]

-> Its'hak bénit Essav : "Tu vivras à la pointe de ton glaive" = Yaakov détenait une épée qui avait appartenu à Adam.
Parmi les choses que Yaakov donna à Essav en échange de son droit d'aînesse, figurait cette épée. C'est pourquoi Its'hak lui annonça qu'il ne pourrait vivre que grâce à cette épée, puisqu'il avait tout perdu à cause d'elle.
[Méam Loez - Toldot 27,39-40]

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-> Le Arizal (Ets 'Haïm - chaar 32) explique que l'épisode des bénédictions se reproduit dans les mondes supérieurs chaque jour. Essav vient réclamer les bénédictions et perçoit des voix angéliques de délivrance qui lui disent "va à la chasse", c'est alors qu'il s'empresse de sortir dans la joie pour accomplir sa mission, alors arrive Yaakov à qui les bénédictions sont données, puis lorsqu'Essav revient de la chasse et qu'il apprend que Yaakov a reçu les bénédictions, un cri immense retentit.
Le lendemain la scène se reproduit car Essav oublie chaque jour ce qui s'est passé la veille (la source de l'oubli provenant des klipot [force du mal/impureté]).

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-> "Essav dit à son père : n'as-tu qu'une seule bénédiction, mon père" (Toldot 27,38)

-> L'Admour Shalom de Belz disait : la guématria du nom Its'hak a pour valeur numérique 208, qui est équivalent à 8 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 8 = 208.
Chaque Nom d'Hachem est une bénédiction en soi. Yaakov a pour valeur numérique 182, qui est équivalent à 7 fois le Nom d'Hachem : יהוה soit 26 x 7 = 182. Yaakov n'a donc reçu de son père Its'hak que sept bénédictions avec le Nom de D.
S'il en est ainsi, il reste donc chez Its'hak un Nom d'Hachem qui n'a pas été utilisé dans les bénédictions accordées à Yaakov, celui-ci étant le huitième Nom contenu dans le nom d'Its'hak.
C'est là le sens du verset: "N'as-tu qu'une seule bénédiction mon père?" = Essav dit en fait à son père : il te reste une bénédiction avec le Nom d'Hachem que tu n'as pas transmise à Yaakov.

-> Its'hak savait par prophétie que le peuple juif serait exilé dans l'avenir. Il s'est dit : "Mes enfants seront exilés dans des conditions difficiles, il est préférable qu'ils soient exilés chez leur frère Essav à qui je vais transmettre la bénédiction de la subsistance pour que durant l'exil ils puissent être accueillis sur une terre qui ne manque pas de subsistance."
Its'hak avait l'intention d'alléger la punition des enfants d'Israël durant leur exil.
[Chaaré Ora]

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+ "Essav prit Yaakov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait accordée." (Toldot 27,41)

-> Essav n'honora son père que jusqu'au moment de la bénédiction de Yaakov. Après cet événement, il devint totalement irrespectueux envers Its'hak.
[Yéfé Torah - rapporté dans le Méam Loez - Toldot 27,41]

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+ "Que les jours de deuil de mon père approchent pour que je tue Yaacov mon frère" (27,41)

-> Une des explications pourquoi Essav voulait attendre la mort de son père pour tuer Yaakov est que d'après la Torah, quelqu'un qui perd un proche (D. Préserve) doit appliquer pendant 7 jours les règles de deuil, il doit rester assis par terre, sans se laver et sans sortir de chez lui ...
Ainsi, si Essav tuait Yaakov, après la mort de ce dernier, il devra appliquer ces lois de deuil. Puis, quand plus tard Its'hak mourra, il prendra de nouveau les règles de deuil. Mais Essav n'était pas intéressé à s'endeuiller à 2 reprises, du fait de toutes les restrictions liées au deuil.
Ainsi, il projeta d'attendre la mort d'Its'hak et là, il tuera Yaakov. Puisque ces 2 personnes seront mortes en même temps, Essav pourra se contenter de s'endeuiller qu'une seule fois, pour les 2.
Il cherchait donc à s'alléger de toutes les lois difficiles de deuil. Il ne voulait pas s'imposer toutes ces restrictions deux fois différentes.
[Chakh]

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Le Kli Yakar (Toldot 27,41) explique qu’Essav désirait que le deuil de son père arrive rapidement afin que le mérite de l’étude de la Torah, interdite durant les jours de deuil, cesse de protéger Yaakov qu’il pourrait alors aisément attaquer.

Dans l’ouvrage Dérekh Si’ha, est rapportée une question qu’on posa à rav ‘Haïm Kanievsky chelita : même durant les chiva, il est permis d’étudier certains sujets, ainsi comment dire qu’Essav comptait sur le fait que Yaakov ne jouirait plus du mérite de l’étude?
Rav ‘Haïm répondit qu’il est interdit d’étudier durant les jours de deuil, à l’exception des lois qui sont d’utilité présente. Cette étude est assimilable à celle des femmes qui ne vise qu’à savoir comment observer les mitsvot. Il ne s’agit pas d’une étude répondant à l’obligation d’étudier la Torah, aussi n’est-elle pas suffisante pour nous octroyer la protection.

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-> L’auteur du Sia’h Yaakov Yossef explique les intentions d’Essav. A priori, nous pouvons nous demander pourquoi il n’a pas immédiatement mis ses desseins à exécution et a voulu attendre la mort de son père pour le faire.

Il explique le raisonnement d’Essav : s’il tuait Yaakov dès le moment où il en conçut le projet, les gens l’auraient critiqué, car de quel droit tuer un frère innocent (comme dans l’histoire de Caïn et Hével, retenue comme un drame).
C’est pourquoi il eut l’idée d’attendre le décès de son père. Le Shabbat précédant la askara, pensa-t-il, il irait à la synagogue avec Yaakov, auquel on donnerait certainement l’honneur d’être l’officiant, de réciter le Kadich et d’être appelé pour le maftir lors de la lecture de la Torah.
Ce serait alors le moment idéal pour se quereller avec lui, en réclamant lui aussi de tels honneurs. Dans ce désordre, il en profiterait pour le tuer. Sans doute, une partie des fidèles lui donneraient raison pour son dévouement témoigné à l’égard de son père.

Tel est donc le sens de notre verset : Essav désirait attendre le deuil de son père pour tuer son frère, car dans ces circonstances, on en viendrait sans doute à louer son meurtre.

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-> "Que s'approchent les jours du deuil de mon père, que je tue Yaakov mon frère" (Toldot 27,41)

Selon le sens simple, Essav voulait attendre la mort d'Its'hak avant de tuer son frère pour ne pas causer de la peine à son père.
Mais ce verset vient aussi transmettre une autre leçon en allusion.
Tant qu'un homme est dans la joie, rien de mal ne peut lui arriver. Hachem le protégera pour qu'il puisse toujours rester joyeux. Mais quand sa joie s'arrête, seulement là il deviendra vulnérable et les dangers de la vie pourront l'atteindre.

Ainsi, Essav savait qu'il ne pouvait rien faire à Yaakov tant qu'il servait Hachem dans la joie.
C'est pourquoi, il dit : "Que s'approchent les jours du deuil de mon père", car alors Yaakov en sera peiné et attristé. Et si sa joie s'affaiblira, alors il deviendra vulnérable. Et de ce fait, il deviendra possible "que je tue Yaakov mon frère".
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

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