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"Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> Rachi (v.1,1) : "Etant donné que ce qui va suivre est constitué par des remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité Hachem, il les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l'honneur d’Israël."

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berdichev enseigne que devant le peuple juif ("à tout Israël"), Moché a fait des remontrances de façon allusive et en toute intimité.
Cependant, lorsqu'il parlait avec Hachem, Moché ne mentionnait pas les fautes du peuple.
Au contraire, il faisait des éloges et parlait beaucoup de leurs traits de caractère élevés, afin de susciter la miséricorde de D. sur Sa nation.

-> Ainsi, Moché nous apprend que la meilleure façon de faire des remontrances consiste en des allusions, amenées avec respect et en lui préservant son honneur.
A ce moment-là, elles peuvent avoir une influence sur la personne à qui l'on s'adresse.

Le mot "remontrances" (tokhé'ha) provient de la racine : "tokh" (intérieur), car son rôle est de faire pénétrer les paroles à l'intérieur du cœur de l'homme.
[l'essentiel n'est pas : "c'est bon j'ai fait ma part en le lui disant", mais plutôt l'essentiel est de faire le maximum pour que cela ait des chances de pénétrer en cette personne!]

Le Gaon de Vilna (michlé 9,8) compare la remontrance à un miroir, qui reflète le visage de l'homme et au moyen duquel il peut distinguer toutes les tâches et tous les soupçons de saleté présents sur son visage, et ainsi s'en débarrasser.
[on doit mettre la personne à l'aise, afin qu'elle soit dans de telles conditions qu'elle n'aura pas honte à se voir imparfaite dans le miroir. Le but est qu'elle soit encore plus magnifique, et non pas de lui causer publiquement de la honte!]

La remontrance est si importante que nos Sages l'ont comptée parmi les 48 qualités par lesquels on acquiert la Torah ("Celui qui aime les remontrances" - Pirké Avot 6,6).
Malgré son niveau incroyablement élevé, le Gaon de Vilna n'a pas hésité à demander et 0 payer son ami le Maguid de Doubno, pour qu'il lui fasse des réprimandes, lui adressant constamment des critiques sur ce qu'il devait corriger.
C'est uniquement ainsi qu'un homme peut se construire spirituellement, et ajouter de la perfection à sa perfection.
En effet, comme l'homme ne se voit à lui-même aucune imperfection, il a besoin d'entendre les paroles de critique d'autres personnes, qui seules peuvent distinguer ses défauts (que l'on peut même en venir à considérer comme des qualités!).

-> La guémara (Shabbath 119) affirme qu'une des raisons qui a provoqué la destruction du Temple, est que les gens ne se réprimandaient pas mutuellement.
On a l'habitude de lire la paracha Dévarim juste avant le 9 Av, pour nous apprendre qu'on peut construire Jérusalem par la mitsva de la remontrance, qui doit se manifester avec la plus grande douceur et gentillesse.

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-> "Ne réprimande pas le railleur, car il te haïrait ; fais des remontrances au sage, et il t'en aimera davantage" (Michlé 9,8)

Le Chla haKadoch (sur le verset v.1,13 : "des hommes distingués, sages, doués de discernement") rapporte que le roi Chlomo veut dire : "Ne réprimandez pas une personne en se référant à lui comme à un railleur ; mais plutôt, réprimande-le d'une telle façon qu'il puisse penser qu'on le considère comme une personne intelligente, sage, et que c'est indigne de son haut rang d'agir ainsi.
De cette façon, il va t'aimer et accepter tes mots.

=> Faire de l'autre une personne importante, c'est l'encourager à agir en adéquation avec cela.

-> Par exemple, le rabbi Avraham Twerski rapporte que trop souvent les parents crient sur leurs enfants : "Tu n'es qu'un bon à rien! Comment peux-tu être aussi bête et paresseux?"

Un enfant qui va grandir en entendant de façon répétée de telles remarques, va petit à petit les absorber jusqu'à être persuadé d'être un sot et un paresseux, et va donc prendre des décisions dans sa vie qui reflète la faible image qu'il a de lui.
Il pourra même devenir totalement dépendant aux marques d'honneur, de respect, que l'environnement pourra lui témoigner, pour dépasser ce manque d'estime de soi.
[il vit alors pour le regard des autres, et plus pour lui-même!]

A l'opposé de cela, le père de rabbi Twerski lui disait : "Ce que tu as fais n'est pas approprié pour quelqu'un d'aussi formidable et extraordinaire que toi."
Le message était : qu'il est un enfant incroyable avec un énorme potentiel, qui doit juste se concentrer à utiliser son énergie comme il le faut.

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-> Un jour le rav Eliyahou Lopian a dit à l'un de ses élèves qui arrivaient souvent en retard à la prière :
"Cela me fait tellement de peine de voir ton manque d'enthousiasme envers la prière. Si seulement tu pouvais savoir combien je t'aime et à quel point je m'inquiète pour toi, alors je t'aurai puni.
Mais je vois que tu es inconscients de mon amour et de ma préoccupation pour toi, donc je ne me sens pas à l'aise de te punir".

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-> b'h, Nous allons voir un développement du rabbi Yérou'ham Lébovitch ('Hokkhma ouMoussar).

A de nombreuses reprises, Moché a réprimandé le peuple d'Israël, mais à chaque fois il a terminé ses propos par une bénédiction.
En effet, celui qui rappelle aux gens leurs fautes ne doit pas les désespérer en les accablant et en les enfermant dans leurs péchés.

L’objectif de la réprimande est de les aider à se corriger et à se repentir. Il faut que tout le reproche soit orienté dans l'esprit de s'améliorer, mais jamais de ne montrer que le mal et la faute.
Il est fondamental d’ouvrir la porte au repentir.
L’issu doit être positive et lumineuse.

[par la téchouva tu peux effacer tout le "mal", et vu que tu es quelqu'un d'exceptionnel, il ne restera alors que de l'exceptionnel.]

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-> Il est écrit : "Réprimande ton prochain et ne fais pas porter la faute sur lui" (Kédochim 19,17).
=> Que signifie : "Ne fais pas porter la faute sur lui"?

Comme on vient de le voir, toute la réprimande doit être dirigée vers le repentir et l’amélioration du fauteur.
Le but est qu’il finisse par prendre le dessus sur sa faute et s’en dégager.

[il est quelqu'un d'exceptionnel, c'est uniquement sa faute qui est détestable, qui fait tâche, et il doit s'en s'en débarrasser, faire téchouva.]

Jamais une réprimande ne doit accabler et désespérer une personne.
Certes, tu dois réprimander ton prochain, mais surtout : "ne fais pas porter la faute sur lui", c'est-à-dire : ne lui suggère jamais que la faute est au-dessus de lui, qu’elle est trop lourde pour lui et que finalement, il ne s’en dégagera jamais.

=> Montre que c’est lui qui est au dessus de la faute, et qu’il pourra la maîtriser et s’en dégager.
C’est cela l’objectif de toute réprimande.

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+ "Voici les paroles que Moché a adressé à tout Israël" (Dévarim 1,1)

-> "Cela nous enseigne qu'ils étaient capables de supporter les réprimandes"
[midrach Yalkout Chimoni sur le v.1,1]

-> Rachi (v.1,3) : "Yaakov n'a adressé des remontrances à ses fils qu'à l'approche de sa mort. Il a dit : "Reouven, mon fils! Je vais te dire pourquoi je ne t'ai pas adressé de remontrances pendant toutes ces années : C’est pour que tu ne me quittes pas pour aller t'attacher à mon frère Essav". "

=> Nous devons beaucoup nous inspirer de ce Rachi.
Avec nos proches, et en particulier nos enfants, nous avons certes un devoir de réprimander ce qui ne va pas, mais nous devons savoir nous tempérer et ne pas être trop dur.
En effet, parfois pour se soulager la conscience nous "vidons notre sac" (c'est bon, je le lui ai dis, je ne peux pas faire plus!).
Mais cependant, si nous voulons réellement le bien de l'autre, ce n'est pas toujours la meilleure stratégie à adopter.

Le silence peut être plus bénéfique que la parole.
Beaucoup d'amour, beaucoup de valorisation de l'enfant, font beaucoup plus dans notre génération qu'une multitude de réprimandes.

-> Un midrach rapproche le terme "Dévarim" (les paroles de réprimande), du terme "dévorim" (דבורים), signifiant : "des abeilles".
=> Nous devons faire en sorte que la piqûre inévitable dans une réprimande soit la moins douloureuse possible (on pique là où ça fait mal chez l'autre, sur son mauvais comportement).

Nous devons également nous assurer que de notre démarche, il n'en ressorte que du miel, et pas de l'aigreur (voir pire).

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-> "Que Hachem, le D. de vos pères, vous ajoute comme vous un millier de fois" (Dévarim)

-> Le rav Leibele Eiger de Lublin (petit-fils de rabbi Akiva Eiger) explique ce verset : Quand Moché a vu que le cœur des juifs se brisait à cause de ses remontrances, il a eu peur qu'ils tombent dans la tristesse, c'est pourquoi il leur a immédiatement dit : "Que Hachem vous ajoute comme vous un millier de fois", c'est-à-dire bien que je vous ai réprimandés, je voudrais qu'il y en ait beaucoup comme vous, des juifs droits, pendant toutes les générations ..."

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-> Au sujet de la réprimande, b'h, voir aussi : https://todahm.com/2019/07/07/9477

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