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"Aharon [le Cohen Gadol] mettra sur les 2 boucs des [tirages au] sort : un sort pour Hachem, et un sort pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

-> A Yom Kippour, afin de s’assurer que le yétser ara n’interviendra pas, Hachem nous demande d’apporter un bouc à l’Azazel (une sorte de pot-de-vin), et ce pour corrompre le Satan afin qu’il nous laisse seul renforcer nos liens avec D."
[Ramak - dans son commentaire sur : "A La'hma Anya"]

-> Rachi décrit :
Aharon met 2 plaquettes dans une boîte.
Sur la 1ere est écrite : "l'Hachem" (pour Hachem) et sur l'autre : "la'Azazel" (pour Azazel).
Aharon qui se tient entre les 2 boucs, plonge ses 2 mains dans la boîte et en retire les plaquettes.
Il place celle qui se trouve dans sa main droite sur la tête de l'animal situé à sa droite, et celle qui se trouve dans sa main gauche, sur l'autre bouc.

-> Selon la guémara (Chvouot 13b), les 2 boucs doivent avoir le même aspect, le même poids et la même valeur.

-> La guémara (Yoma 41b) explique que pour éviter de les confondre, le Cohen Gadol attache une langue de laine rouge sur la tête du bouc pour Azazel, et un autre autour du cou du bouc pour Hachem.
Lorsque le bouc pour Azazel était précipité du haut de la falaise, la laine rouge blanchissait, signe que les fautes d'Israël avaient été pardonnées.

-> Selon Rachi, le mot Azazel est composé de : az (fort - עז) et él (puissant - אל).
Il s'agit d'un rocher haut et escarpé.

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-> Observons les lettres suivantes du mots : Azazel (עֲזָאזֵל) :
- le ע est suivi du : פ
- le ז est suivi du : ח
- le א est suivi du : ב
- le ז est suivi du : ח
- le ל est suivi du : מ

=> Ces 5 lettres : פ-ח-ב-ח-מ ont une guématria de : 138, qui est la même que : 'hamets (חמץ).

Le bouc pour Azazel est envoyé dans le désert (midbar - מדבר), et les lettres suivantes de ce mot sont : נ-ה-ג-ש; dont la valeur est de : 358, la même que le mot : na'hach (le serpent - נחש).

=> Quel est le lien entre : le 'hamets, l'Azazel, le na'hach, et le midbar?

La différence entre חמץ ('hamets) et מצה (matsa), se trouve entre la lettre ח et ה (les autres étant identiques).
La guématria du ח est de 8, celle du ה est de 5. La différence entre ces 2 lettres est de : 3.

Les 3 de plus que possède le 'hamets sont : "la jalousie, la concupiscence et les honneurs qui excluent l’homme du monde" (Pirké Avot 4,21 - Rabbi El’azar haKappar), et nous devons tout faire pour nous en débarrasser.
En effet, de même que nous ne devons pas posséder une miette de 'hamets, de même nous ne devons pas laisser se développer en nous ces 3 traits, même un tout petit peu, car ils sont très nuisibles.

On a vu que :
Azazel -> 'hamets
midbar -> na'hach (le serpent, qui symbolise la tentation au mal, le yétser ara)

=> Ainsi, il convient d'envoyer le bouc à l'Azazel (rocher élevé) dans le désert, un lieu faisant allusion au yétser ara que nous détruisons/tuons [à l'image du 'hamets à Pessa'h].

['Hatam Sofer]

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-> Les mots : חמץ et מצה sont pratiquement identiques, à l'exception des lettres : ח et ה.
La différence entre ces 2 lettres est un tout petit trait, à l'image de la différence entre le 'hamets et la matsa qui se joue à quelques instants de trop où la pâte a pu lever.

Nous utilisons la même farine et la même eau pour les 2, la différente se joue ensuite lorsque le levain va se développer.

=> La levée du levain symbolise l'orgueil (Je sais mieux que Hachem!), et lorsque l'on élimine le 'hamets à Pessa'h, on doit également retirer l'orgueil qui est en nous.

['Hida]

[A l'origine, les boucs sont exactement identique (même aspect, même poids, même valeur), mais ensuite l'un d'eux va suivre le chemin qui mène vers les hauteurs (Azazel = un rocher élevé et escarpé), matérialisant son orgueil débordante.
La finalité est que la chute sera d'autant plus haute, plus terrible.
A l'inverse, l'autre bouc, sacrifie sa volonté pour celle de Hachem, et méritera de vivre!

Selon le rabbi Yaakov Schechter, le Cohen Gadol envoyait dans le désert le bouc (sé'ir) laAzazel, pour servir de réparation à la faute d'Adam.
En effet, Adam savait que l'unique chose que Hachem attendait de lui était de ne pas manger du fruit de l'arbre de la Connaissance (ets hadaat). Cependant, il n'a pas suivi la volonté de D.
Cette faute a pour origine l'orgueil.

Azazel -> 'hamets = ce bouc représentant l'orgueil, le fait de se croire supérieur à tout même Hachem (az él - Je suis fort et puissant!) ;

midbar -> le serpent (na'hach) = le désert qui symbolise les tentations de fauter du serpent, qu'on envoie à la mort, puisque seul la volonté de D. nous intéresse!
On fait croire à notre yétser ara qu'on lui donne au moins aussi bien (voir mieux : un beau rocher élevé!) qu'à notre yétser atov, mais en réalité ce pot-de-vin l'est uniquement pour l'envoyer à la mort, et ce afin qu'il nous laisse tranquille! ]

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-> Le Méam Loez (v.16,21-22) enseigne :
Hachem a distribué le monde à 70 anges, nommés chacun responsable d'une nation.
Le procureur général, responsable d'eux tous est : Samaël.
Le jour du jugement est Roch Hachana. Ce jour-là, des décrets sont scellés contre toutes les nations : la vie ou la mort de chacun est décidée.
Par contre, le jugement des juifs est différé à Yom Kippour.

L'ami du roi est Israël. Lorsque les juifs ont fauté toute l'année, Hachem leur inflige des malheurs, des maladies et autres tourments, et compte cela comme une "amende" réparant leurs fautes.
Au jour du jugement, Hachem élabore un plan pour empêcher le procureur de dénoncer les juifs. Il envoie à chacun de Ses anges responsables une prime mais ne donne pas au Satan sa part ce jour-là. Il attend Yom Kippour.

Quand arrive Yom Kippour, Hachem remet sa part à Samaël sous la forme d'un bouc envoyé à Azazel. Les juifs l'expédient dans le désert, un lieu de démons (chédim) où règne Samaël.
En conséquence, à Yom Kippour, Samaël ne peut dénoncer les juifs et doit se comporter comme s'il était leur ami.

Samaël prend donc la défense des juifs :
"Maître du monde! Tu possèdes une nation qui ressemble aux anges!
Comme les anges marchent pieds nus, ils sont pieds nus eux aussi aujourd'hui [Yom Kippour]. [interdiction de porter des chaussures en cuir]
Comme les anges ne mangent ni ne boivent, ils ne mangent et ne boivent pas aujourd'hui.
Comme les anges sont debout et non assis, Israël est debout aujourd'hui toute la journée.
De même que la paix règne parmi les anges, la paix règne parmi les juifs. Il n'y a chez eux ni querelle ni dispute.
Comme les anges sont purs de tout péché, Israël est pur de tout péché."

Lorsque Hachem entend le procureur louer Israël, Il approuve ses paroles et pardonne les fautes des juifs.
Le verset suivant y fait allusion : "Ce jour-là, Essav retourna vers Séïr" (Béréchit 33,16).
Essav désigne l'ange Samaël et Séïr (bouc en hébreu) représente le bouc envoyé à Azazel.
Lorsque Essav (Samaël) voit le bouc envoyé dans le désert, il l'y rejoint et ne dénonce plus Israël.
[...]

Le bouc désigné pour Hachem est égorgé et son sang est aspergé dans le Saint des saints.
De même, la place des descendants de Yaakov leur est réservée dans le sanctuaire du monde futur. Ils y goûteront l'éclat de la Présence Divine.

Le bouc pour Azazel fait allusion à Essav. Comme ce bouc est envoyé dans le désert et projeté d'une montagne pour être démembré, Essav sera effacé du monde.
Il tombera de sa grandeur, comme il est écrit : "Il ne restera rien de la maison d'Essav, car D. a parlé" (Ovadia 1,18).
Essav ne bénéficiera d'aucune place au monde futur.

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-> "Aharon tirera au sort pour les deux boucs, un lot sera pour Hachem et un lot pour Azazel" (A'haré Mot 16,8)

=> Pourquoi l'expiation de Kippour devait-elle se réaliser par des offrandes que l'on aura tiré au sort?

En fait, les gens pensent souvent que quand on effectue un tirage au sort, le résultat est le fruit du hasard. Le sort est un moyen de déterminer qui aura quoi de façon fortuite.
La Torah veut nous enseigner, par le fait qu'elle demande de tirer au sort les boucs, que même ce qui peut nous paraître hasardeux, comme le tirage au sort, est uniquement l'expression de la Providence Divine.
Par cela, on se pénétrera de la conscience et de la foi capitale pour un juif, que le hasard n'existe pas, mais que tout vient d'Hachem et émane de Sa Volonté.
Or, toutes les fautes proviennent d'une foi imparfaite. Ainsi, c'est en renforçant notre foi et notre conscience que tout vient d'Hachem, que l'origine de toutes les fautes sera éliminée. L'expiation des fautes pourra alors intervenir.

[rabbi Nathan de Breslev - Likouté Halakhot]

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-> Rav Saadia Gaon explique la raison pour laquelle D. ordonne de tirer au sort lequel des 2 boucs sera choisi pour Hachem et lequel sera envoyé dans le désert :
Hachem désire par cela nous enseigner un grand principe d’émouna dans tous les évènements de l’existence : tout provient du Ciel, et même le choix du bouc qui est destiné à être envoyé à Azazel, cela aussi c’est Hachem qui l’a décrété, et cela aussi est dans les mains de la Providence qui régit le destin de Ses créatures dans les moindres détails.
C’est pour cela que le ‘choix’ du bouc pour Azazel est effectué par un tirage au sort, afin qu’aucune intervention humaine n’y soit mêlée et qu’il soit clairement établi que sa désignation est le fait d’un décret Divin supérieur.
Partant de là, l’homme en tirera une leçon pour toute son existence.

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+ Un leçon d'éducation aux parents :

-> Rabbi Moché Mordé'haï Epstein enseigne :
"Quand tous les juifs venaient au Temple à Yom Kippour pour accepter le joug du Royaume des Cieux pour eux et leurs enfants, on leur enseignait en cette occasion un chapitre de l’éducation des enfants d’Israël.
Deux boucs se tenaient l’un à côté de l’autre dans la Tente d’Assignation, tout à fait semblables par leur prix, leur aspect, leur couleur et leur taille. Mais l’un est le lot de Hachem, c’est pourquoi on le fait entrer dans le Saint des Saints, l’endroit le plus sacré, alors que l’autre est le lot d’Azazel, on l’emmène dans un pays désolé et désertique, pour qu’il se rompe les os.
Deux amis qui se ressemblent, et qui ont un destin tellement différent!

Cela nous enseigne que si seulement nous faisons de l’enfant un lot pour Hachem, que nous l’installons pour étudier la Torah dans le Saint des Saints du Beit HaMidrach, alors il sera saint pour Hachem.
Mais si ce n’est pas cela son destin, alors il deviendra un lot pour Azazel. Tout dépend du début de l’éducation.
Et bien qu’il soit possible que l’inclinaison ou la déviation soient très légères, on en voit les résultats dans tout le déroulement de la vie, qui séparera les deux amis semblables."

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-> Il est écrit dans notre paracha (A'haré Mot) à propos du service de Yom Kippour : "De la part de la Communauté des Bné Israël, II (Aharon) prendra 2 boucs pour l’expiation ... Et II prendra les 2 boucs et les présentera devant Hachem, à l’entrée de la Tente d’assignation. Aaron tirera au sort pour les deux boucs : un sera pour Hachem, et un pour Azazel. Aharon devra offrir le bouc que le sort aura désigné pour Hachem, et le traiter comme expiatoire ; et le bouc que le sort aura désigné pour Azazel (le bouc émissaire) devra être placé, vivant, devant Hachem, pour servir à l’expiation, pour être envoyé à Azazel dans le désert (précipité du sommet d’une montagne abrupte – Rachi)" (A'haré Mot 16,5-10).

=> Il ressort de ce texte que les 2 boucs avaient comme finalité commune l’expiation des fautes du peuple juif. Toutefois, un immense abîme séparait ces deux boucs : le premier, que le sort désignait pour Hachem, était offert par le Cohen Gadol sur l’Autel, son sang aspergé dans le Saint des Saints (voir A'haré Mot 16,15). A contrario, le second, que le sort désignait pour Azazel, n’était pas offert dans le Temple, mais envoyé, via un émissaire, pour être précipité du sommet de la montagne (voir A'haré Mot 16,21).

-> Le Méchekh ‘Hokhma explique que les fautes commises vis-à-vis d’Hachem, réveillent la faute du Veau d’Or (délit permanent du peuple juif envers D.), tandis que les fautes entre l’homme et son prochain, réveillent la faute de la vente de Yossef par ses frères (délit permanent de l’homme envers son prochain).
Ainsi, explique-t-il, que D. a séparé les expiations du Peuple en 2 boucs, car le bouc pour Hachem avait pour finalité d’expier les fautes entre l’homme et son Créateur (d’où le caractère sacré de son rituel), alors que le bouc destiné à Azazel avait pour finalité d’expier les fautes commises entre l’homme et son prochain (d’où le caractère profane de son rituel).

Nous pouvons maintenant comprendre les enseignements de 2 michnayot se rapportant aux boucs d’expiation :
1°/ "Pour les fautes graves ou légères, volontaires ou inconscientes, connues et inconnues, positives et
négatives, celles punissables de retranchement et celles punissables de mort par le Beth Din, pour toutes ces fautes, le bouc émissaire (pour Azazel) apporte expiation" (michna Chevouot 1,6).
= cet enseignement laisse entendre que le bouc pour Azazel apporte l’expiation pour toutes les fautes et pas uniquement celles commises entre l’homme et son prochain, comme stipulé par le Méchekh ‘Hokhma. Ceci n’est en rien une contradiction, car, nous explique Rabbi ‘Haïm Vital ; l’orgueil, source de toutes les fautes commises envers autrui, est également la source des fautes commises envers Hachem [voir Chaaré Kédoucha 2,4].

2°/ "Les deux boucs du jour de Kippour, l’obligation de principe à leur sujet est qu’ils soient pareils par leur teinte, par leur taille, par leur valeur, et qu’ils soient achetés ensemble" (michna Yoma 1,6).
= Il ressort de cette Michna que les 2 boucs devaient être identiques, car au fond, il n’y a pas de différence entre les fautes commises envers Hachem (expiées par le bouc pour D.) et celles commises envers autrui (expiées par le bouc pour Azazel).
A ce propos, on peut remarquer [au nom du rav de Komarna - Zohar ‘Haï, Chemot], que la valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.
[b'h, d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - A'haré Mot 5782]

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-> Au moment où l’on sacrifiait le bouc destiné à Hachem, le 2e bouc était encore vivant (A'haré Mot 16,8), et il n’était ‘envoyé’ à Azazel qu’après l’achèvement de tout le service des Kétoret (les encens) dans le Saint des Saints, de l’aspersion du sang du taureau et du bouc.
Dès lors, il pouvait lui sembler que son sort était bien meilleur que celui de son compagnon qui avait été sacrifié, tandis que lui était demeuré en vie, la preuve est qu’on le faisait même sortir du Temple vivant!
Mais en réalité, que s’avérait-il finalement?
Son compagnon qu’il considérait comme si malchanceux avait mérité d’être sacrifié en l’honneur d’Hachem et son sang d’être introduit dans le Saint des Saints. Alors que lui, était envoyé à Azazel (il était alors jeté dans un précipice et tous ses membres se brisaient avant qu’il finisse par s’écraser au sol).

Cela constitue une parabole de ce qui se déroule dans le monde : tout ce qui semble mauvais à une personne ne l’est pas forcément et tout ce qui lui semble bien ne se révèle pas l’être réellement.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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