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Pourim et l’unité

+ Pourim et l'unité :

-> "Haman dit au roi A’hachvéroch : Il y a (yéchno) un peuple disséminé et dispersé parmi les [autres] peuples" (Esther 3,8)

Selon la guémara (méguila 13b), les mots : "un peuple disséminé " (Yéchno am é’had) signifient : endormi (yochèn) et négligeant à l’égard des commandements.

Il n'y est pas spécifié quelles mitsvot en particulier, mais le Kli Yakar (Chémot 17,8) et le Sfat Emet (5641) viennent expliquer qu'il s'agit des mitsvot entre l'homme et son prochain, et de l'unité.
D'ailleurs, Haman observe que c'est : "un peuple disséminé et dispersé". Il fait alors remarqué à A'hachvéroch que puisqu'il y manque de l'unité, alors il est possible de les attaquer. (à l'image d'Amalek, dont il était un descendant).

En effet, le Kli Yakar explique que la 1ere attaque de Amalek a immédiatement suivi le lieu de : Massa ouMériva (Béchala'h 17,7) qui veut dire littéralement : "épreuve et querelle".
Dans le sens simple, cela signifie que les juifs se sont rebellés contre Hachem car ils manquaient d'eau, mais le Kli Yakar affirme que cela fait référence aux querelles et disputes entre les juifs.

-> "Israël y campa face à la montagne [de Sinaï]" (Yitro 19,16)
Rachi commente : Comme un seul homme, d’un seul cœur [d’où l’emploi du singulier], tandis que les autres étapes ont eu lieu dans des récriminations et des querelles

=> On voit que si Amalek a pu nous attaquer c'est à cause du manque d'unité, et que si on a pu recevoir ensuite la Torah c'est grâce à notre unité.
D'ailleurs, Hachem dit : "Puisqu’ils haïssent la discorde et aiment la paix, le moment est venu que Je leur donne la Torah." (traité Déré’h Erets Zouta)

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-> Dans le désert Amalek a également attaqué le peuple juif à Réfidim (רפידים), et le Kli Yakar fait remarquer que c'est les mêmes lettres que le mot : פרידים qui signifie : séparés.

Puisque les juifs étaient divisés entre eux, alors Hachem a donné la permission à Amalek de nous attaquer.
[=> se souvenir de Amalek/Haman et vouloir le combattre, c'est se souvenir de la raison qui lui a permis de nous nuire!]

-> Lorsque le peuple juif a combattu Amalek, la Torah rapporte que Aharon et 'Hour tenaient les bras de Moché (lorsqu'ils étaient au-dessus de sa tête les juifs étaient en train de gagner la bataille).
=> Quelle est la signification de Aharon et 'Hour dans ce contexte?

Le Kli Yakar explique que 'Hour était le fils de Myriam.
Myriam est le symbole ultime des mitsvot entre un homme et son prochain. En effet, pendant l'esclavage en Egypte elle était une sage-femme qui passait son temps à aider autrui pour donner la vie, elle a également aidé Moché en le plaçant sur le Nil.

Hillel dit : "Sois parmi les disciples d’Aharon, en aimant la paix et en poursuivant la paix, en aimant les créatures" (Pirké Avot 1,12). Il passait son temps à développer l'harmonie dans le peuple.
D'ailleurs, dans la paracha 'Houkat (21,1), il est rapporté une autre attaque de Amalek contre les juifs.
Rachi commente : "[Amalek] entendit que Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu"
Selon le Kli Yakar, Amalek a attaqué car il savait qu'en l'absence de Aharon, l'unité des juifs s'est trouvée affaiblie, les rendant vulnérables.

=> On comprend mieux pourquoi c'était particulièrement ces 2 personnes qui soutenaient les bras de Moché, pendant la bataille contre Amalek.

[Les mains devaient être grandes ouvertes vers le haut pour gagner, symbolisant la nécessité de témoigner de l'amour l'un envers l'autre et de l'unité (mains grandes ouvertes à autrui = tu es le bienvenue mon frère, ta présence me comble de joie!)]

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-> Le Manot haLévi fait remarquer 3 points de la méguila sur ce sujet :

1°/ Esther fait dire à Mordé'haï : "Va rassembler tous les juifs" (Esther 4,16) = elle voulait signifier que tout le peuple se rassemble dans l'unité pour jeûner.
[lorsque l'heure est grave, toutes les petites disputes de la vie s'envolent, laissant place à l'amour!
La force du peuple juif réside dans son unité, lorsque tous ses composants sont dans le shalom!]

2°/ " Des jours de festin et de réjouissances et une occasion d'envoyer des présents l'un à l'autre et des dons aux pauvres" (Esther 9,22)

[Mordé'haï et Esther ont instauré ces mitsvot pour développer l'unité et l'amitié entre les juifs, annulant ainsi la revendication de Haman de leur nuire.
De même les déguisements font qu'il n'y a plus de différents externes, permettant de se focaliser sur l'intériorité : on est tous des juifs, une même famille!]

3°/ "Ils confirmèrent et acceptèrent [la Torah]" (Esther 9,27)

Dans le texte écrit du parchemin de la méguila, cela est écrit au singulier : קִיְּמוּ וקבל (kiyémou vékibel), mais nous lisons comme si c'était écrit au pluriel : קִיְּמוּ וְקִבְּלוּ (kiyémou vékibélou).
Le Manot haLévi écrit que cela nous enseigne que les juifs ont atteint à Pourim la même unité qu'au moment du don de la Torah, qui est le préalable pour recevoir la Torah.

Le Sfat Emet (5631) enseigne que l'unité au mont Sinaï a permis de recevoir la Torah, et il en a été de même à Pourim.
Il dit ensuite que c'est également cette unité qui a conduit, tout de suite après (l'histoire de Pourim), à avoir la construction du 2e Temple.

=> De même que c'est la haine gratuite entre les juifs qui a provoqué la destruction du 2e Temple, de même nous parviendrons à construire le 3e Temple en témoignant de l'amour gratuit entre nous.

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-> La michna Béroura nous dit : "Même si quelqu'un a 100 personnes chez lui à la maison pour la lecture de la Méguila, mais que la communauté est en train de la lire à la même heure, c’est quand même une mitsva de l’écouter à la synagogue avec un groupe plus important.
Cela s’explique par le concept de "Bérov am adrat méleh" ("avec la multitude de la nation le Roi est honoré" - Michlé 14:28)."

=> Il y a une nécessité d'être uni le plus nombreux possible ensemble!

-> Le Shabbath précédant Pourim, nous devons lire la paracha Shékalim, qui traite du don demi-Shékel (makhatsit aShékel). L'idée est que chacun se voit comme une moitié faisant partie d'un tout, ayant besoin des autres et les considérant avec respect.
D'ailleurs, Hachem a instauré cette donation de chaque juif, pour contrebalancer la donation de Haman à Mordé'haï.

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-> Le Maharal (Oh 'Hadach) demande pourquoi la mitsva du michloa'h manot est imposée à Pourim. De toutes les fêtes que nous célébrons, pourquoi la mitsva des michloa'h manot n'est-elle prescrite qu'à Pourim?

Le Maharal explique que la mitsva des michloa'h manot est une attaque directe contre Haman, contre Amalek. Leur raison d'être autoproclamée est de fragmenter le nom d'Hachem.

Pourim est le jour où nous fêtons notre triomphe sur Amalek. Nous cherchons à publier que si nous volons vaincre le Haman de notre époque, le rendre incapable de nous nuire, alors nous devons développer l'unité entre les juifs.
En ce sens, les michloa'h manot matérialisent la nécessaire d'entreprendre des actions visant à rapprocher les cœurs des juifs entre eux. Nous exprimons qu'il est important et nécessaire, par un présent, par un sourire, par des mots, une écoute, ...

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-> Le rav Shlomo Alkabetz (Manot haLévi) écrit que l'argument principal d'Haman à A'hachvéroch était que le peuple juif est "méfousar ouméforad" (éparpillé et dispersé - Esther 3,8).
Il prétend qu'il n'y a pas d'unité parmi les juifs, qu'ils sont un peuple de division et de discorde. Haman a affirmé qu'il serait capable de vaincre les juifs parce qu'ils n'ont aucun sens de la communauté et de la cohésion.

Haman savait que l'unité du peuple juif reflètent l'unicité d'Hachem. Il a compris que l'unité protégerait les juifs de ses efforts pour les tuer. Il y a un seul D., une seule Torah et une seule nation, c'est pourquoi Hachem protégera son peuple. Or, s'il y a de la discorde et de la dispute au sein du peuple juif, ils ne peuvent plus prétendre au statut de am é'had, et ils ne bénéficieront plus de la protection d'Hachem et de la Torah.

-> Le rav Yonathan Eibeschutz et le Chlah haKadoch écrivent qu'Esther reconnut qu'il n'y avait qu'une seule solution pour contrer les efforts d'Haman.
Elle donna donc des instructions à Mordé'haï : "Va, rassemble tous les juifs" (Esther 4,16).
Il n'était pas nécessaire de faire quoi que ce soit de plus que de simplement les rassembler dans une démonstration ouverte et publique d'unité.

La solution pour triompher d'Haman est de s'unir en tant que peuple unifié. Nous devons agir comme un seul corps, comme une seule entité.
Nous pouvons nous habiller différemment, parler différemment, avoir une apparence différente et des coutumes différentes, mais nous devons nous considérer comme les membres d'une seule entité.
Indépendamment des différences qui peuvent exister entre les individus ou les communautés, tous les juifs doivent s'identifier en tant que parties d'un même tout.

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