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Questions/Réponses – Paracha Vayé’hi

+ Questions/Réponses - Paracha Vayé'hi :

1°/ "S'il te plaît, ne m'enterre pas en Egypte" (Vayé'hi 47,29)

Une des 3 explications de Rachi est : les morts ensevelis hors de la terre d'Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines.
[Ils sont obligés d'endurer la souffrance de rouler à travers des tunnels pour atteindre la terre d'Israël pour la résurrection des morts]

Par ailleurs, la guémara (Kétoubot 111b) enseigne qu'au moment de la résurrection des morts, les tsadikim vont jaillir et se lever à Jérusalem.

=> Quel est l'intérêt de l'enterrer à 'Hevron, si Yaakov devra quand même subir des souffrances pour atteindre Jérusalem?

-> Le Mérafsin Igri répond que ceux qui sont enterrés en dehors d'Israël devront rouler dans le sol jusqu'à atteindre Jérusalem, et là ils ressusciterons.
Par contre, ceux qui sont enterrés ailleurs qu'à Jérusalem, vont d'abord revenir à la vie là où ils sont enterrés, et ensuite ils pourront marcher normalement jusqu'à Jérusalem.
Cette cette 1ere douleur (rouler dans le sol) que Yaakov voulait éviter.

-> Le Arizal écrit qu'il existe une cavité souterraine qui relit directement la grotte de Ma'hpéla ('Hebron) au Kotel. D'ailleurs, c'est par ce trajet que chaque veille de Shabbath, après le midi juif, nos Patriarches vont au Kotel.
On comprend mieux pourquoi, Yaakov ne s'est pas préoccupé d'être enterré à 'Hebron.

-> Rav Dovid Twerski (le 1er Rabbi de Tolna) rapporte les paroles de nos Sages que si une personne est méritante, des anges Célestes vont amener sont cercueil jusqu'en terre d'Israël, au moment de la résurrection des morts, lui évitant ainsi les douleurs liées au déplacement.
De même, les anges vont retirer d'Israël ceux qui ne méritent absolument pas d'y être ressusciter.

=> Yaakov a insisté pour être enterré en terre d'Israël, car dans son énorme humilité, il ne se considérait pas comme un tsadik, ne méritant pas que les anges viennent l'apporter en Israël.

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=> Pourquoi Yaakov veut-il à tout prix éviter d'être enseveli en Egypte?

-> Rachi donne 3 raisons : Car sa terre sera un jour vermine, qui s’agiterait sous mon corps. De plus, les morts ensevelis hors d’Erets Israël "vivent" dans la souffrance des migrations souterraines. Je ne veux pas, enfin, que les Egyptiens me rendent un culte idolâtre.

-> Yaakov a vu prophétiquement que l'Egypte sera frappée par la plaie des poux et que son sol sera criblé de vermine. S'il est enterré dans ce pays, cette vermine grouillera sous son corps.
Selon le Michnat rabbi Eliézer, c'est aussi l'unique raison pour laquelle Yossef a voulu que son cercueil soit immergé dans le Nil plutôt que d'être enseveli dans la terre.
De nombreux commentateurs objectent que c'est un fait connu : les plaies n'ont jamais sévi dans le pays de Gochen (par conséquent, Yaakov ne se souciait sans doute pas tant de cette plaie).
D'après certaines opinions, la plaie des poux a touché Gochen mais n'a pas affecté les Bné Israël.
Selon d'autres encore, compte tenu du prestige de Yaakov, les égyptiens auraient tenu à l'enterrer parmi les nobles du pays, hors de Gochen.

-> Yaakov redoute que sa sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage où les égyptiens jugeront opportun de lui rendre un culte et de le considérer comme une divinité.
Il ne veut pas qu'ils viennent prier sur sa tombe ni pour la guérison des malades ni pour d'autres problèmes ou pour être délivrées des plaies qui affligeront la population dans le futur.
Il tient à éviter que les égyptiens, si leurs prières sont exaucées, ne l'attribuent à ses mérites, et au contraire, que cela diminue la gloire de D. si elles ne le sont pas.

-> Yaakov, qui vit que 70 ans en Egypte avec sa famille, est également conscient de l'influence qu'un long séjour dans ce pays risque d'avoir sur ces descendants. C'est pour lui un motif suffisant pour souligner, avec un sérieux solennel, son souhait que ses enfant ne l'enterrent pas en Egypte mais le portent dans le pays de leur ancienne et véritable patrie.
En voyant que Yaakov refuse même de se laisser inhumer dans ce pays, ils réaliseront combien il est important qu'ils n'adoptent pas l'Egypte comme patrie de remplacement.

-> De plus, comme il faudrait alors prendre de la terre autour de son corps pour le réinhumer, Yaakov serait resté en contact avec la terre impure d'Egypte pour toute l'éternité et il ne pouvait supporter cette idée.

-> Yaakov redoute que s'il est inhumé en Egypte, c'est de donner à penser qu'il n'a pas eu le mérite d'être enterré avec ses ancêtres dans le Caveau de Makhpéla. Il craint en outre que Essav, en voyant que sa dépouille est restée en Egypte, n'en profite pour usurper sa place dans le Caveau de Makhpéla.

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-> "Ne m’ensevelis pas, je te prie, en Egypte"

En voyant que ses enfants étaient bien installés en Egypte, Yaakov craignit qu’ils la prennent pour leur patrie, oublient qu’ils naquirent en Israël et substituent le Yarden par le Nil.

Le rabbi Shimshon Raphaël Hirsch explique que ce soucis préoccupait Yaakov en tant que chef de famille ; il désirait renforcer dans le cœur de ses descendants l’espoir de retourner en Terre promise.
Par sa demande de ne pas être enseveli en Egypte, il leur signifia que, même de manière posthume, il ne voulait pas y reposer et qu’il n’y avait donc pas de quoi aspirer à demeurer dans ce pays.

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-> "Les jours d'Israël (Yaakov) s'approchèrent pour mourir" (Vayé'hi 47,29)

=> Que signifie l'expression que les jours se rapprochent pour mourir?

En fait, au moment où le tsadik est prêt à quitter le monde, il bénéficie de perceptions spirituelles très élevées qu'il n'a jamais eu de sa vie. C'est pourquoi, il arrive que le tsadik attende et espère toute sa vie d'arriver à ce jour-là, pour bénéficier de cette lumière extraordinaire.
C'est ce qu'il en fut pour Yaakov. Tous les jours de sa vie, il attendait d'arriver au jour de sa mort, où il recevrait ces connaissances si hautes.
C'est ainsi que tous les jours de sa vie "s'approchèrent", c'est-à-dire qu'il espérait se rapprocher du jour où il allait mourir. Tout au long de sa vie, il avait une proximité avec ce jour-là, espérant et désireux qu'il arrive.
[Agra déKala]

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+ Yaakov quitte ce monde :

-> "Yossef mourut âgé de 110 ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Egypte" (Vayé'hi 50,26)

-> Comme Yaakov a demandé à être enterré en Canaan, il faudra plusieurs semaines, voire plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on puisse porter son corps en terre. Durant ce laps de temps, la décomposition aura sans doute fait des ravages, ce qui sera un déshonneur pour Yaakov.
Par conséquent, Yossef juge préférable de l'embaumer. [Tossefot, Haémek Davar - Vayé'hi 50,2]
Selon le Yalkout Réouveni, c'est-à-dire qu'on ne pouvait s'en remettre à un miracle et supposer que le corps de Yaakov resterait intact pendant plus de 70 jours.

De plus, Yaakov ayant été un tsadik pur et sans faute, la libération de son âme ne dépend pas de l'état de son corps. [Malbim - Vayé'hi 50,2]
D'après une opinion, Yossef n'aurait pas dû faire embaumer son père mais avoir confiance que D. préserverait le corps de la décomposition.
Cette erreur a fait perdre à Yossef 10 années de sa vie (midrach Béréchit rabba 100,3).
D'après d'autres opinions, Yossef a perdu 10 ans de sa vie parce qu'il a gardé le silence en entendant son père se présenter à lui comme "son serviteur".
D'après le Yalkout Ner Sikhlim, Yossef a perdu 8 ans pour avoir gardé le silence lorsque son père se présenta à lui ainsi et 2 ans parce qu'il a embaumé son père.

C'est ainsi que Yossef ordonne aux médecins du roi, spécialisés dans l'art d'embaumer les défunts d'enseigner cette science à ses frères et de les guider dans ce travail, sans autrefois toucher eux-mêmes au corps de son père ; ses frères seuls s'en chargeront. [rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 50,2 ; Séfer 'Hassidim 533]

L'embaumement lui-même prend 40 jours. [Zohar Vayé'hi 250b ; Abarbanel]
Après avoir achevé cette tâche, les égyptiens rendent hommage au souvenir de Yaakov par une seconde période de deuil de 30 jours.
Depuis que Yaakov s'est installé dans leur pays, les égyptiens ont acquis une grande vénération pour Yaakov, non seulement parce qu'il est le père du vice-roi mais aussi parce qu'il est un sage et un véritable saint.
Son arrivée à mis un terme à la terrible famine et sa présence, saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays. L'Egypte tout entière s'attriste de sa disparition et honore sa mémoire.
[...]

Yossef n'épargne aucun effort pour organiser un enterrement royal. Le cercueil d'or pur, serti de pierres précieuses a été drapé de pourpre.
Des petites bassines remplies de charbons ardents et posées sur des trépieds répandent le parfum capiteux des épices et du vin qui se consument. [Sefer haYacher, Targoum Yonathan - Vayé'hi 50,1]
Une foule compacte de dignitaires de haut rang, d'officiers, de sages, d'érudits, d'aristocrates, de gens du peuple, et même de domestiques accompagnent le convoi (voir Sforno, Ibn Ezra), plus de 100 000 personnes et 43 000 voitures en tout (Tossefot, midrach ha'Héfets - Vayé'hi 50,9).
Tous sont venus parce que Pharaon leur a expressément fait comprendre que telle était sa volonté et par respect pour le Sage hébreu. [Sforno, Haémef Davar - Vaéy'hi 50,7]
Quelques agent royaux disséminés avec pour mission de s'assurer que les Hébreux reviendront en Egypte après l'enterrement. (voir Hadar Zékénim, Tsor haMor)

Les messagers célestes qui ont autrefois escorté Yaakov jusqu'à 'Haran lorsqu'il a dû quitter la maison de son père, se joignent au convoi. [Rabbénou Bé'hayé]
La Présence Divine elle-même ainsi que les créatures célestes vont l'accompagner jusqu'à l'endroit où il trouvera le repos éternel. [voir midrach Béréchit rabba 100,5 ; Tsor hamor - Vayé'hi 50,9]

Devant le convoi, des serviteurs aspergent la route de myrte, d'épices et d'autres essences odoriférantes. [Séfer haYachar]
A la fin du convoi se trouve le cercueil, escorté par Yossef et ses frères qui avancent en phalange selon les instructions que leur avait laissées Yaakov.

Les honneurs accordés à Yaakov seront largement récompensés.
Yossef a ignoré son propre honneur et son statut de vice-roi pour s'occuper personnellement de tous les détails des funérailles. Par une juste mesure de retour, D. le bénira et à sa mort, sa dépouille sera portée en Canaan par les soins personnels de Moché, le plus grand dirigeant que le peuple d'Israël ait jamais connu.
Quant aux égyptiens, ils sont également récompensés d'avoir accordé des honneurs à Yaakov. Après le passage de la Mer Rouge, leur corps sur le rivage ne sera pas laissé en proie à la décomposition et tous seront ensevelis dans la terre.
[rav Yossef Deutsch]

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-> Yaakov sera enterré le 1er jour de Souccot, 77 jours après que Yossef lui ait fermé les yeux, et a été la dernière personne qu'il ait vue avant de mourir. [Yalkout Réouvéni]
D'ordinaire la Torah dit : "vayigva vayamot" (il a expiré et il est mort), mais pour Yaakov elle dit uniquement : "vayigva" (il a expiré), ce qui implique qu'il n'est pas mort (voir Rachi & Ramban sur Vayé'hi 49,33).
[Rachi : Le terme de "mort" n’est pas employé à son sujet, de sorte que nos maîtres ont enseigné : "Notre patriarche Yaakov n’est pas mort!" (Yaakov avinou lo mét - guémara Taanith 5b)]
=> Qu'est-ce que cela signifie, exactement?

-> Certains prennent le verset au sens littéral : bien que Yaakov ait été embaumé et inhumé, il était dans un état comateux. En fait, comme on le verra plus loin, lorsque Essav a contesté le droit de Yaakov d'être enterré au Caveau de Makhpéla, Yaakov a ouvert les yeux et a souri en voyant la vengeance de D. à l'encontre de son frère.
Ceci constitue une preuve supplémentaire que Yaakov a continué à vivre.

-> D'après d'autres commentateurs, ce passage est à prendre dans un sens symbolique.
Yaakov est resté spirituellement vivant car tous ses enfants, sans exception, étaient des tsadikim.
Pour la même raison, la Torah nous dit que Yaakov reviendra à la vie pour rejoindre ses enfants en exil et sera délivré avec eux.
[Voir Rachi sur Téhilim 78,12, où il dit que les Patriarches se sont joints aux Bné Israël lors du passage de la mer Rouge.]

-> D'autres disent que Yaakov n'est pas mort car il n'en a pas du tout ressenti les effets (rabbénou Bé'hayé).
[rabbénou Bé'hayé (49,33) décrit la mort de Yaakov et explique en quoi elle est similaire à celle d'Eliyahou haNavi]

-> Le Alchikh haKadoch explique que Yaakov notre patriarche avait deux néchamot (âmes) : la première, celle de "Yaakov" qu'il reçut dès sa naissance et la seconde, plus élevée, la néchama " d'Israël" qu'il mérita de recevoir après son combat avec l'ange d'Essav. A l'issue de cette confrontation, l'ange lui annonça : "On ne t'appellera plus dorénavant par ton nom Yaakov, mais Israël car tu as combattu avec les anges et les hommes, et tu as triomphé" (Vayichla'h 32,29).
Ainsi, le Alchikh haKadoch nous dévoile que c'est la néchama d'Israël qui se retira du corps de Yaakov pour monter dans les mondes supérieurs. La néchama de Yaakov quant à elle ne le quitta pas, et c'est la raison pour laquelle les Sages s'exprimèrent de façon bien précise dans leur enseignement : "Yaakov notre père n'est pas mort" (guémara Taanit 5b).
Ainsi, à chaque fois qu'il est mentionné le mot "mort" dans la Torah, cela fait référence à Israël, mais lorsqu'apparaît le nom Yaakov, le terme de "mort" n'est pas employé.

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2°/ Lesquelles des 12 tribus meurent avec davantage de maladies que les autres?

-> Rachi (v.49,22) commente : la descendance de Yossef est invulnérable au mauvais œil (guémara Béra'hot 20a).

De même, lorsque Yaakov a béni [les enfants de Yossef : ] Menaché et Efraïm (v.48,16), il a souhaité qu’ils se multiplient comme les poissons, sur lesquels le mauvais œil n’a aucune prise.

La guémara (Baba Métsia 107b) enseigne que sur 100 morts, 99 sont causées par le mauvais œil (ayin ara), et une seule l'est suite à des causes naturelles.
Les Tossefot font remarquer que puisque les descendants de Yossef sont protégés contre le mauvais œil, on aurait pu penser qu'ils vivent beaucoup plus longtemps que le restant des juifs, car étant immunisés contre 99% des causes de mort.
Cependant, dans la réalité nous ne constatons pas de différence de durée de vie entre les différentes tribus du peuple juif.

=> Les Tossefot suggèrent que lorsque le temps de mourir est venu pour un descendant de Yossef, Hachem le frappe alors d'une maladie qui lui sera fatale. C'est ainsi que ces derniers meurent beaucoup plus fréquemment de maladie que les autres tribus.

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-> En se plaçant devant Ra'hel pour éviter que Essav ne la voie, Yossef a mérité une bénédiction le protégeant du mauvais œil comme les poissons qui se trouvent dans l'eau, cachés du regard des hommes.
De plus, Yaakov lui a souhaité que, comme les poissons, ses descendants ne puissent vivre sans la Torah qui est comparée à l'eau.
[cf. midrach Béréchit rabba 97,3 ; midrach Tan'houma Vayé'hi 6]

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[selon nos Sages, toutes les femmes égyptiennes regardaient Yossef, et lui ne les regardait pas.
Ainsi, pour se protéger du mauvais œil, il ne faut pas utiliser ses yeux négativement (choses interdites, jalousie, ...), à l'inverse il faut avoir un regard positif (sur autrui, sur ce que l'on a dans la vie, ...)]

-> b'h, dvar Torah sur la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

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3°/ Combien de fois Yaakov a-t-il était enterré?

-> La michna dans Nazir (9,3) nous enseigne que si une personne transfert un corps qui a déjà été enterré, elle doit également prendre avec un peu de la terre qui est autour.

La guémara (Nazir 65a) déduit ces lois de la demande de Yaakov : "tu me transporteras hors de l'Egypte" (Vayé'hi 47,30), commentant que Yaakov a dit à Yossef de prendre également de la terre environnante avec son corps.

=> Selon le sens simple de cette guémara, Yaakov a d'abord été enterré immédiatement en Egypte après sa mort, et 70 jours plus tard, il a été déterré et ré-enterré à 'Hevron.

-> Cependant, le Moshav Zékénim (et le Rambam) affirme que Yaakov n'a jamais été enterré en Egypte.
La guémara peut être comprise comme Yaakov demandant à Yossef de ne surtout pas l'enterrer en Egypte, car après il devront prendre de la terre de ce pays, ce qui leur donnera inutilement du travail supplémentaire.

-> Dans la Torah, d'abord les frères se sont assis en deuil pour leur père (v.50,10), et c'est seulement ensuite que "ses fils le portèrent au pays de Canaan et l'ensevelirent dans le caveau" (v.13).
Or, selon la loi juive (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 375,1), la période de deuil débute au moment où l'on procède à l'inhumation et après la fermeture de la sépulture avec la terre. Dès cet instant, les proches doivent se conformer aux lois des endeuillés.

Selon le Panéa'h Raza, cela est en accord avec les paroles du 'Hizkouni, qui maintient que Yaakov a été enterré d'abord en Egypte. En effet, cela explique pourquoi ils ont pu prendre le deuil sur sa mort avant de l'enterrer en Israël.

["L'Egypte le pleura 70 jours" (v.50,3), après cette période Yossef demanda à Pharaon de lui permettre de réaliser sa promesse de l'enterrer en terre d'Israël.]

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-> Parmi les égyptiens qui se joignirent aux funérailles de Yaakov aucun ne mourut, ne tomba malade ou endura des souffrances durant cette année-là.
Ils eurent le mérite immense de porter le deuil d'un saint tel que Yaakov.
En effet, participer à de telles funéraires (d'un tsadik de la génération) revêt une importance considérable.
[Yalkout Réouvéni - rapporté par le Méam Loez (Vayé'hi 50,11)]

[en participant à l'enterrement d'un grand Sage de notre génération, nous méritons également d'énormes bénédictions.]

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-> "Yossef tomba à la face de son père et pleura sur lui" (Vayé'hi 50,1)

=> On peut se demander pourquoi Yossef n'a-t-il pas aussi prononcé un éloge funèbre (Hesped) pour son père, après sa mort? C'est seulement en Canaan qu'on prononça des élégies!

En fait, Yaakov a insisté pour ne pas être enterré en Egypte. Il ne voulait pas que son corps repose dans ce pays impur. Or, nos Sages enseignent que quand on prononce un Hesped sur une personne, c'est comme si on l'enterrait à cet endroit. C'est pourquoi, Yossef n'a pas prononcé de Hesped sur son père en Egypte, pour ne pas même que l'on puisse considérer qu'il ait été enterré en Egypte par l'entremise de ce Hesped.
[Kérem haTsvi]

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-> "Ils arrivèrent jusqu'à l'Aire des ronces (Guoren Haatad)" (Vayé'hi 50,10)

=> Pourquoi est-ce précisément à cet endroit que l'on prit le deuil pour la mort de Yaacov?

En fait, l'Aire des ronces fait allusion à la malédiction que reçut Adam pour la faute originelle qu'il commit. En effet, suite à cette faute, la terre fut maudit de produire des "ronces" et des mauvaises herbes.
Or, Yaakov a amené la bénédiction en Egypte. Ainsi par exemple, par sa venue, la famine cessa. Il apporta donc autour de lui la protection contre la malédiction causée par la faute originelle. En effet, selon nos Sages, il répara, à titre individuel, la faute de la consommation de l'arbre de la connaissance.
En arrivant dans l'Aire des ronces et en voyant les "ronces" qui s'y trouvaient, tout le monde perçut un message qu'à présent que le Juste s'en est allé, sa protection s'arrête et la malédiction peut se rétablir.
C'est donc là que l'on prit le deuil pour sa disparition, comprenant l'impact de son départ de ce monde.
[Panim Yafot]

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+ L'impact de la venue de Yaakov en Egypte :

-> Selon certaines opinions (ex: rabbénou Bé'hayé), la sécheresse a repris après la mort de Yaakov et a duré ensuite 5 terribles années, prouvant de façon éclatante que son arrivée avait interrompu la famine.
Le 'Hatam Sofer explique que Yaakov désirait rester en Egypte car : il était conscient que son absence déclencherait de nouveau la famine. Il ne servait donc à rien de quitter l'Egypte tout en sachant qu'ils devraient y revenir pour s'approvisionner.

L'arrivée de Yaakov à mis un terme à la terrible famine et sa présence saluée par le débordement du Nil a apporté la bénédiction à tout le pays d'Egypte.

Selon d'autres (ex: Ramban), la sécheresse a cessé en Egypte uniquement, mais elle a sévi partout ailleurs sans aucun répit. Tous ont donc pu constater que la prédiction de Yossef était exacte, et que l'Egypte n'a échappé au fléau avant son échéance que grâce à la bénédiction de Yaakov.
[...]
Après son arrivée en Egypte, Yaakov a vécu encore 17 années en Egypte, période durant laquelle Yaakov et sa famille vont mener une vie calme et prospère au pays de Gochen, dans la plus grande pureté.
Le mérite de Yaakov n'a pas seulement apporté la bénédiction à sa propre famille mais à tout le pays.
Son arrivée en Egypte a mis fin à la famine et sa présence a continué à protéger la vie de toute la population. En ce sens, on ne note aucun avortement ni chez les femmes ni chez les bêtes, et dans toute l'Egypte, personne ne souffre plus de maux de dents.
Quant à Yaakov et sa famille au pays de Gochen, ils se sentent en présence de D. qui veille sur eux et les protège.

La vie des Bné Israël paraît dans un 1er temps idyllique, mais après la mort des fils de Yaakov, la situation se dégradera peu à peu et le souvenir des bienfaits de Yaakov et Yossef envers le royaume d'Egypte s'effacera de la mémoire collective.
[rav Yossef Deutsch]

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4°/ Quelles sont les 4 personnes qui ont été enterrées dans cette paracha?

La Torah rapporte que Yaakov a été enterré à 'Hevron (v.50,13).

Le midrach (Pirké déRabbi Eliezer 38) rapporte que Essav a essayé d'empêcher que Yaakov soit enterré dans la Méarat haMakhpéla, et qu'à un moment 'Houchim ben Dan lui a coupé la tête, qui a roulé dans le caveau et y a été enterrée.

La paracha Vayé'hi se termine par la mort de Yossef (v.50,26), qui selon la quémara (Sotah 13a) son cercueil a été plongé dans le Nil.

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-> "Yossef retourna en Egypte, lui et ses frères, et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père" (v.50,14)

=> Que vient nous ajouter : "après qu'il eut enterré son père" ?

Selon le Choul'han Arou'h (Yoré Déa 242,17), si 3 personnes marchent ensemble, la personnes la plus respectable doit être au milieu, la 2e plus respectable doit être à droite, et la 3e à la gauche.

Le Birké Yossef y ajoute que dans le cas où il n'y a 2 personnes marchant ensemble, celui qui est le plus honoré doit marcher à la droite, et l'autre personne à sa gauche.

La guémara (Yérouchalmi Taanit 4,2) rapporte que nos 3 Patriarches sont enterrés de cette manière, avec Avraham au milieu, Its'hak à sa droite, et Yaakov au gauche. Cependant, les Patriarches ne sont pas morts en même temps.
Lorsque Its'hak y a été enterré, ils n'étaient que 2, et ainsi il a été positionné à gauche de Avraham.

Cependant, dans notre paracha suite à la mort de Yaakov, ils étaient 3 personnes
Le Rogatchover Gaon explique qu'on a tout d'abord exhumé Its'hak de sa place, pour le faire passer de la gauche à la droite d'Avraham.
Ce n'est qu'ensuite, qu'ils ont pu enterrer Yaakov dans la parcelle qu'occupait avant Its'hak.
C'est ce que vient nous apprendre la répétition de : "pour enterrer son père, après qu'il eut enterré son père"" = il y a eu 2 enterrement : celui de Its'hak et de Yaakov.

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5°/ Pourquoi bénissons-nous nos enfants d'être spécifiquement à l'image de Efraïm et Ménaché, et pas d'autres tribus?

-> Rabbi 'Haïm Yossef Kofman rapporte que selon nos commentateurs c'est la 1ere fois depuis la Création du monde, que tous les frères d'une famille s'entendent bien ensemble.
En effet, il y a eu : Caïn et Evel, Its'hak et Ichmaël, Yaakov et Essav, Yossef et ses frères.

Durant toute sa vie, Yaakov a pu se rendre compte des terribles conséquences de la haine et de la jalousie entre frères, et c'est ainsi lorsqu'il a vu l'amour profond et pur entre Efraïm et Ménaché, il a ressenti que c'est la bénédiction ultime que peut utiliser un juif pour ses propres enfants.

D'ailleurs, on peut noter que les noms : "Efraïm Ménaché" (אפרים מנשה) a une guématria de 726, qui est exactement égale à : "שים שלום" (Fais reposer la paix - shim shalom).

-> Yaakov a changé ses mains, en plaçant sa droite sur la tête de Efraïm, à la place de Ménaché qui est l'aîné, au point que Yossef dise : "Pas ainsi, mon père! Puisque celui-ci est l’aîné, mets ta main droite sur sa tête." (48,18).

Yaakov va quand même mentionner le nom du plus jeûne avant celui de Ménaché, proclamant même : "son jeune frère sera plus grand que lui (l'aîné)" (48,19).

En tant qu'aîné et connaissant l'impact des paroles de Yaakov, Ménaché aurait pu bondir à ce moment, et protester : "Grand-père, ce n'est pas juste! C'est moi qui dois mériter cette bénédiction! Je veux ta main droite sur ma tête!"
Cependant, Ménaché n'a rien dit, et Efraïm ne s'est à aucun moment vanter de sa supériorité.
=> C'est ce type de relation que Yaakov souhaite à chaque famille juif dans le futur, au point qu'au moment de mourir Yaakov nous laisse comme héritage l'idée suivante : la plus grande source de plaisir des parents est de voir ses enfants vivre en paix et en harmonie l'un avec l'autre, à l'image de Efraïm et Ménaché.

-> Lorsque Yaakov a interverti ses mains pour bénir le cadet Efraïm avant l’ainé Ménaché, il n’a remarqué aucune forme d’orgueil chez Efraïm et aucune forme de jalousie chez Ménaché. Il a alors souhaité qu’il en soit ainsi pour tous les juifs dans toutes les générations. [Egra déKala]

-> De même le rabbi Avraham Zalmans de Novardok enseigne : la jalousie est l’un des 3 défauts qui font sortir l’homme du monde. Or voilà que Ménaché, l’aîné de Yossef, constate que Yaakov a croisé ses mains pour faire passer Efraïm, le plus jeune, avant lui, et pas seulement pour un petit moment, mais à jamais.
L’humiliation était terrible. [il avait conscience du pouvoir phénoménal et éternel des bénédictions de Yaakov!]
Et pourtant, Menaché lui-même ravale son chagrin, son jeune frère restera à jamais plus grand et plus important que lui, alors que de son côté il n’éprouve ni haine ni jalousie.
Devant pareille grandeur, on comprend pourquoi Yaakov a fixé comme bénédiction pour tout Israël et pour les générations : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

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-> La main est posée sur la tête pour faire passer les forces spirituelles de la bénédiction sur la personne à laquelle elle est donnée.
De même le Cohen étend les mains vers la communauté pour la bénir.
[Sforno - Vayé'hi 48,18 ; Rabbénou Bé'hayé - Vayé'hi 48,14]

-> Le Rabbi de Zaloshitz (Ohalé Chem) se demande pourquoi Yaakov a croisé les mains (Vayé'hi 48,14) et n’a pas simplement dit à Efraim et Ménaché de changer de position?
La guémara (Soucca 8a) nous dit que la diagonale d’un carré est 1/3 fois la taille du carré.
Par conséquent, Yaakov croisa les mains en diagonale pour que la bénédiction qu’il était sur le point de donner soit augmentée d’un tiers (1/3).

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-> Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) explique que toutes les autres tribus ont vécu de nombreuses années en terre sainte, dans un environnement de sainteté, tous ensemble, auprès de Yaakov.
En revanche, Efraïm et Ménaché sont nés et ont évolué en Egypte, dans ce pays dévoyé/impur, entourés de réchaïm.
L'Egypte symbolise l'exil par excellence. Mais l'assimilation ne les a pas touchés. Malgré tout, ces 2 enfants restèrent fidèles à la tradition de leur père, Yossef, et ne se fondirent pas dans la masse.
Or, nos sages disent qu'à la fin de sa vie, Yaakov vit, par prophétie, la date de la fin des temps, de la fin de l'exil. Quand il vit la longueur de l'exil et du fait que pendant de très nombreuses années, ses descendants devront vivre en diaspora, dans des pays hostiles à la Torah, il souhaita à tous ses descendants de ressembler à Efraïm et Menaché.
Même s'ils vivent dans des pays d'exil et d'impureté, il leur souhaita de parvenir malgré tout à conserver leur spécificité, et ne pas s'assimiler.
L'exemple type de celui qui évolue parmi les nations tout en restant fidèle à sa tradition, c'est l'exemple d'Efraïm et Ménaché, l'exemple à suivre pendant toutes les longues années d'exil.

-> De même, le rabbi Chemouël Houminer (dans Eved HaMélekh) enseigne :
De toutes les Tribus, seuls Ménaché et Efraïm sont nés et ont grandi en Egypte, qui était plongée dans l’impureté. Dans leur maison se rassemblaient toujours des ministres et des mages, comme il est d’usage dans la maison du vice-roi. Là, dans un pays étranger, ils étaient restés de longues années.
Ce n’est pas le cas des autres tribus, qui avaient grandi et avaient été élevés dans la maison de Yaakov, dont l’esprit s’épanchait sur eux. Quand ils sont venus de ‘Haran en terre d'Israël, ils ont mérité de se trouver avec leur grand-père Its’hak.
Malgré tout, quand Yaakov est venu en Egypte, il s’est aperçu qu’Efraïm et Ménaché ne s’étaient pas du tout laissés attirer par l’impureté de l’Egypte, et n’étaient pas impressionnés par ce peuple, ses dirigeants ni ses coutumes. Au contraire, il a vu en eux qu’ils avaient été élevés par Yossef le tsaddik dans les voies de la Torah et de la crainte du Ciel, au point qu’ils ont été trouvés dignes de compter parmi les 12 tribus saintes d’Israël.

=> Le chemin de ce niveau élevé n’avait certainement pas été évident et facile pour Efraïm et Ménaché. Il n’y a aucun doute que de nombreuses épreuves et de grandes difficultés avaient parsemé leur chemin, et pourtant ils avaient vaincu les obstacles et les empêchements, et marchaient uniquement dans le chemin de la sainteté de leurs ancêtres, comme le leur avait enseigné leur père le tsaddik. C’est à cela que doit penser tout homme quand il bénit ses fils et ses élèves, et tout homme d’Israël.

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-> Le 'Hatam Sofer explique que Efraïm et Menaché ont chacun une particularité.
En effet, nos Sages enseignent que Efraïm était le plus proche de Yaakov, après sa descente en Egypte. C'est lui qui étudiait tout le temps la Torah avec son grand-père. Ainsi, Efraïm symbolise celui qui se consacre à l'étude.
Par contre, Ménaché était plus proche de son père, Yossef, il l'aidait dans la gestion de l'état et s'occupait des richesses de l'Egypte. Ainsi, Ménaché symbolise celui qui s'implique dans le monde, à travers un travail, et qui
s'enrichit.

Yaakov savait que chaque parent souhaite ces deux caractéristiques pour ses enfants : qu'ils réussissent dans la Torah, mais aussi qu'ils réussissent professionnellement et qu'ils aient une bonne situation.
Cependant, l'essentiel de la bénédiction de Yaakov, ce qu'il voulait que chaque père transmette à ses descendants, c'est qu'il "place Efraïm avant Ménaché." Certes, chaque père souhaite la orah et la richesse à ses enfants, mais l'essentiel, c'est que son ambition soit qu'en priorité, ses enfants soient des grands en Torah.
=> La richesse oui, pourquoi pas, mais la Torah c'est la priorité : Efraïm avant Ménaché!

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-> Le Rav Chlomo Bloch se rapporte à un principe selon lequel il existe une descente dans les générations (yérida adorot).
Plus les générations passent et plus la grandeur spirituelle diminue. La 2e génération étant moins grande spirituellement que la première.
Malgré tout, 2 personnes ont échappé à cette règle : ce sont Efraïm et Ménaché. En effet, Yaakov dit à leur propos : "Efraïm et Ménaché seront pour moi comme Réouven et Chimon" = c'est-à-dire que bien que Efraïm et Ménaché appartiennent à la génération suivante, par rapport aux tribus, malgré tout Yaakov les élève et les place au niveau des tribus, comme Réouven et Chimon, comme s'ils appartiennent à la génération précédente, puisqu'ils n'ont pas subi la diminution des générations.

=> C'est cela que chaque parent souhaite à ses enfants. Chaque père souhaite que son fils soit au moins aussi grand que lui, voire même plus.
Un parent désire profondément que ses enfants échappent à la règle de la diminution des générations et que tout au moins, ils l'égalent, et ce à l'image d'Efraïm et Ménaché.

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-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch dit que Yaakov bénit Efraïm et Ménaché de tellement de bénédictions au point qu'il ne puisse y avoir de bénédictions supplémentaires.
=> Par conséquent, chaque parent qui souhaite toutes les bénédictions pour ses enfants, voudra les bénir à l'image de Efraïm et Ménaché, qui ont été bénis de toutes les bénédictions possibles.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il béni le plus jeune Efraïm avant son frère Ménaché?

-> Yossef avait épousé Osnat qui était la fille de Dina et du prince de Chékhem.
Osnat avait donc une moitié de sainteté (kédoucha) du côté de sa mère Dina, fille de Léa, et une moitié d'anti-sainteté du côté de son père.
Ménaché, le fils aîné de Yossef (totalement kadoch) et de Osnat, a pris du côté de sa mère sa moitié d'anti-sainteté et du côté de son père Yossef la moitié de sa sainteté.
Quant à son frère Efraïm, il a pris de sa mère Osnat la moitié de sainteté dont elle avait hérité et de son père Yossef l'autre moitié de sainteté.
Ainsi, contrairement à son frère aîné Ménaché, Efraïm était totalement saint (kadoch).

C'est pourquoi, lorsque Yossef amena ses 2 fils Ménaché et Efraïm auprès de son père Yaakov pour les bénir, en plaçant l'aîné Ménaché à la droite (en position prioritaire) de Yaakov, ce dernier permuta ses mains en posant sa main droite sur la tête d'Efraïm, le fils qu'il savait plus kadoch (saint) que son aîné.
De plus, c'est pour cette même raison que seule la moitié de la tribu de Ménaché est entrée en terre d'Israël et l'autre moitié est demeurée de l'autre côté du Jourdain ; par contre toute la tribu d'Efraïm a eu le mérite d'entrer en terre d'Israël.
[Ben Ich 'Haï]

-> Le Bné Yissa'har enseigne :
Si Ménaché était l'aîné, pourquoi Yaakov bénit-il Efraïm avant Menaché, avec le bras droit, en croisant les bras?
En fait, les 12 tribus d'Israël correspondent aux 12 mois de l'année. Chaque mois correspond à une tribu selon l'ordre comment ils étaient disposés sous les 4 drapeaux dans le désert.
D'après cela, le mois de Tichri amorce le drapeau de Efraïm, le mois de Mar'hechvan correspond à Menaché. L'inauguration du 1er Temple eut lieu dans le mois de Tichri, celui de Efraïm. Or, les saints livres enseignent que le 3e Temple sera inauguré au mois de Mar'hechvan, celui de Menaché. Puisque l'aboutissement final sera réalisé par la reconstruction du 3e Temple, c'est pourquoi c'est Ménaché l'aîné, à qui revient la plus grande importance.
Et puisque dans l'ordre chronologique, par la force des choses, le 1er Temple a été inauguré en premier, c'est pourquoi Yaakov bénit Efraïm avant Menaché.

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-> "Il les bénit en ce jour en disant : Israël bénira par toi en disant : que D. te place comme Efraïm et comme Menaché, et il mit Efraïm avant Menaché" (Vayé'hi 48,20)

-> Le Targoum Yonathan dit que le jour de la circoncision, on bénit l’enfant en disant : "Que D. te place comme Efraïm et comme Menaché".

=> En quoi cette bénédiction est-elle liée à la circoncision?

-> Nous savons que les 2 fils de Yossef avaient des rôles très différents ; le plus âgé, Ménaché était très impliqué dans le monde matériel, il assistait Yossef, mais parvint à maintenir son niveau de piété.
En revanche, Éfraïm, le plus jeune, était plongé dans l’étude de la Torah.
Le Ktav Sofer souligne qu’Éfraïm est considéré comme plus vertueux, du fait de son érudition.
=> Dans ce cas, pourquoi YaacKov commence-t-il sa bénédiction par Éfraïm, pour ensuite ajouter Ménaché, qui, en dépit de sa grandeur, n’était pas au niveau d’ÉFraïm? Généralement, on commence une bénédiction par le plus petit niveau, puis on continue en s’élevant ...

Le Ktav Sofer explique que le juif peut choisir 2 voies différentes dans sa vie. Il peut consacrer ses journées à l’étude de la Torah, ou bien travailler pendant une grande partie de la journée, tout en fixant des temps d’étude, en effectuant des actes de bonté, ou en soutenant financièrement des personnes qui étudient toute la journée.
La 2e option convient à la plupart des gens ; rares sont ceux qui peuvent se consacrer entièrement à l’Étude.
Le Ktav Sofer affirme par ailleurs que seul un millième de ceux qui entrent dans le beit hamidrach (pour étudier toute la journée, quotidiennement) deviendra apte à trancher la Halakha. Toutefois, chaque père doit élever ses fils, en leur donnant la chance de réussir dans la Torah, d’atteindre les plus hauts niveaux, bien que la probabilité qu’ils les atteignent soit faible, et qu’ils choisiront certainement de travailler pour gagner leur vie et d’étudier quelques heures par jour "seulement".
Ceci, car si l’on ne donne même pas la possibilité à notre enfant de devenir un Talmid ’Hakham, il n’aura aucune chance de réussir dans la voie de la Torah.

Pour revenir au rapport entre la bénédiction et la brit mila, le Ktav Sofer explique que cette dernière représente le début de l’éducation de l’enfant, la première étape de l'éducation ('hinoukh). Il est donc important de bénir le bébé, à ce moment, et de lui souhaiter de devenir comme Éfraïm (c’est-à-dire d’exprimer notre intention de lui donner une chance d’émuler Éfraïm, l’érudit en Torah) et ensuite de lui souhaiter de devenir comme Ménaché (on exprime ainsi l’espoir, s’il n’est pas capable de devenir un grand érudit en Torah, de le voir agir comme Ménaché, qui resta vertueux tout en étant impliqué dans la matérialité).

-> Le ’Hazon Ich soulignait ce point, et disait souvent que chacun doit avoir la possibilité de devenir un grand Talmid ’Hakham (érudit en Torah), bien que la plupart des gens n’atteindront pas cet objectif.
Dans ces mots : "Chacun doit avoir l’opportunité de devenir "le millième", peu importe la probabilité du résultat."
Il ajoutait qu’on ne peut pas être sûr qu’un individu ne pourra pas devenir un grand érudit, dès son jeune âge.
Il raconta que l’un des Grands de la génération n’était pas doué dans l’Étude, il était même considéré comme un vrai cancre, à 18 ans encore. Pourtant il devint l’un des Rabbanim les plus respectés de son temps. Si on l’avait traité avec cette approche, à savoir qu’un élève faible n’a aucune chance de devenir un Grand en Torah, il aurait reçu une plus médiocre éducation et ceci aurait privé le monde d’un Gadol.
[bien évidemment, il peut parfois s’avérer négatif que certains jeunes homes continuent d’étudier intensivement la Torah. Ce sujet est complexe et chaque cas est à traiter isolément, en fonction des circonstances et il convient de s’adresser à un Rav compétent en ce domaine.]

=> Ainsi, nous bénissons nos fils et leur souhaitons, dès leur brit mila, de s’efforcer de devenir de grands érudits en Torah. Comme l’enseignent le Ktav Sofer et le ’Hazon Ich, il nous incombe de leur donner la chance de réussir.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler dit qu’il y a un Menaché qui ressemble à Efraïm et un Efraïm qui ressemble à Menaché.
On peut être installé au Beit HaMidrach (maison d'étude) comme Efraïm alors que la tête est dans les affaires de ce monde comme Menaché, et on peut être installé dans une boutique comme Menaché alors que la tête se trouve dans les problèmes du Talmud et les sujets portant sur la crainte du Ciel comme Efraïm.

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-> Comment Efraïm a-t-il acquis un statut supérieur alors qu'il était le plus jeune des 2 frères?
Par le fait qu'il s'est toujours conduit modestement et a servi son grand-père de façon désintéressée, de la même façon que Yéhochoua, son descendant, servira ensuite Moché.
Nos Sages font souvent remarquer que plus une personne se conduit modestement, plus elle est digne d'être élevée.

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