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"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18)

b'h, Nous allons voir 3 explications rapportées par le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou).

-> 1°/ Bannir la jalousie :

Le Ramban (Vayikra 19,17) explique que l'expression : "comme toi-même" n'est pas à prendre au pied de la lettre.
En effet, la nature humaine est incapable de suivre une telle ligne de conduite.
De plus, la règle veut que "ta vie passe" avant celle de ton prochain".
Il est donc impensable que la Torah exige d'accorder à autrui la même importance qu'à soi-même.

=> Selon le Ramban, "aimer autrui comme soi-même" signifie : effacer de son cœur tout soupçon de jalousie, au point de vouloir pour autrui tout le bien que l'on aimerait avoir soi-même.

En effet : "il arrive parfois qu'un homme aime son prochain dans certains domaines bien spécifiques, par exemple s'il lui souhaite la richesse mais non la sagesse ...
Il souhaitera posséder toujours davantage que son prochain dans chaque domaine spécifique

C'est pourquoi la Torah nous ordonne de ne pas laisser cette jalousie malsaine résider dans nos cœurs.
Au contraire, on souhaitera à l'autre tout le bien que l'on aimerait avoir soi-même, sans restriction.
C'est pourquoi, il est dit au sujet de Yonathan qu'il "aimait David comme lui-même", c'est-à-dire qu'il avait effacé de son cœur toute trace de jalousie, au point de lui annoncer qu'il "régnerait sur Israël". "

=> Cette mitsva traite d'une réalité bien humaine, selon laquelle chaque individu se considère comme unique, et aspire à se découvrir une qualité, une valeur ou même une toute petite disposition par laquelle il se distinguera des autres.

La Torah nous signifie que ce sentiment n'est que basse jalousie, car à l'origine de cette attitude, il y a seulement l'illusion de pouvoir se targuer d'être supérieur à autrui.
C'est pourquoi la Torah, nous impose de souhaiter à l'autre tout ce qu'on se souhaite à soi-même, en ayant conscience que cela n'ôtera rien à notre valeur propre.

[quoi que puisse avoir mon prochain, cela ne viendra jamais réduire ce que j'aurai pu avoir, car Hachem n'a pas de limitation]

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-> Le Rambam, sur cette jalousie qui vient limiter l'amour que l'on porte à autrui, n’entend pas qu’il faut aimer le corps de l’autre vraiment comme le sien, ce qui est impossible du fait que l’on ne ressent pas la douleur ou la jouissance physique d’autrui comme la sienne, individuelle. Le but est en fait de ne pas envier le bien dont l’autre jouit, et de ne pas vouloir qu’il soit limité ou ne dépasse pas le nôtre, de même que l’on ne fixe pas de limite au bien que l’on voudrait recevoir à titre personnel ...

Du fait de son aspect matériel, l’homme a tendance à penser que le monde entier lui appartient et, de ce fait, lorsqu’il voit ce que l’autre a, il a l’impression qu’il lui a pris quelque chose et en éprouve dépit et jalousie.
[d'après le rav David Pinto - La voie à Suivre n°1020]

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-> 2°/ "Comme toi-même" véritablement :

Le rav Eliyaou Dessler enseigne :
Une personne qui prodigue le bien de toute son âme s'unit à son prochain au point de ne faire plus qu'un avec lui, et de ne plus pouvoir éprouver la moindre rancœur envers quiconque.

Lorsqu'on comprend que les membres du peuple juif sont comme les différents organes d'un même corps (*), les torts infligés par autrui ne sont plus le fait d'une autre personne, mais de soi-même.
Or, peut-on concevoir de se venger soi-même?
=> A cet égard, aimer autrui "comme soi-même" doit se prendre au sens premier!

(*) : "Si, en découpant de la viande avec une main, on se blesse l'autre main, en viendrait-on pour autant à se venger de la 1ere main?"
[Le peuple juif forme une seule entité, et se venger d'autrui revient à se venger de soi-même.]
[guémara Yérouchalmi Nédarim 9,4 ]

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-> 3°/ De l'amour de D. à l'amour des hommes :

- "Lorsqu'un homme aime son prochain, qui est créé à l'image de Hachem, c'est en fait D. Lui-même qu'il aime et honore"
[Rekanati - Kédochim]

A l'inverse, en agissant contre son prochain, "sache que tu offenses : l'image divine par laquelle l'homme fut façonné". (midrach Béréchit rabba 24).

=> Cet amour du prochain émane ainsi de l'attachement au Créateur, quand un homme se soumet entièrement à Hachem, il ressent également une soumission envers son prochain.
Plus notre soumission à D. s'intensifie, plus nous avons envie d'augmenter nos signes d'amour envers notre prochain, car celui-ci renferme en lui l'image de Hachem.

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-> "Rabbi Akiva disait : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Kédochim 19,18) : ceci est un grand principe de la Torah."
[midrach Béréchit rabba 24,8]

-> Dans l’ouvrage Yessod Tsadik, il est rapporté qu’une fois, Rabbi Chlomké de Zwil s’adressa à son bedeau, Rabbi Eliahou Roté, pour l’interroger sur le sens des paroles de Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c’est un grand principe de la Torah". Si ce Sage le décrit comme "un grand principe", il sous-entend qu’il existe aussi un "petit principe" ; quel est-il?

Rabbi Eliahou resta silencieux, dans l’attente de la réponse de son maître.
Celui-ci poursuivit alors : "Par exemple, si tu entends qu’un vendeur d’étroguim a gagné un immense bénéfice, le petit principe t’enjoint de ne pas être jaloux de sa réussite, car “ce que tu n’aimes pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui” (Chabbat 31), tandis que le grand principe te demande non seulement de ne pas en éprouver de la peine, mais en plus de te réjouir comme si tu avais toi-même gagné cet argent. C’est ce que signifie aimer son prochain comme soi-même."

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