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La femme Sota

+ La femme Sota (Nasso 5,27-31)

-> Après la combustion de l'offrande d'orge (min'hat hakénaot), la femme buvait l'eau amère.
Si elle était innocente, rien ne se produisait et elle était libre de retourner vivre avec son mari. Mais si elle s'était souillée, l'eau commençait à faire son effet : son visage devenait verdâtre, ses yeux sortaient de leurs orbites et ses organes enflaient.

Dès que ceux qui l'entouraient constataient ces symptômes, il criaient qu'on la fît sortir. Car la douleur déclenchait ses règles, ce qui interdisait sa présence sur le parvis du Temple.
Ensuite, son ventre se dilatait, ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

Par miracle, à ce moment précis, l'homme avec lequel elle avait fauté mourait de façon semblable là où il se trouvait. Son ventre éclatait et ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

["elle boit des eaux de la malédiction" (Nasso 5,24)]
Le mot "malédiction" (méarérim - מְאָרְרִים) a une valeur numérique de 496, soit 2 fois 248, ce qui correspond à 2 fois le nombre des organes du corps humain.
Cela nous apprend qu'à la fois l'homme et la femme coupables d'adultère mouraient.

L'épreuve de l'eau amère n'était efficace que si l'époux de la femme soupçonnée était lui-même innocent de toute faute, notamment s'il ne s'était jamais rendu coupable d'adultère. Sinon, l'eau ne causait aucune réaction.

[La guémara (Sota 28a) affirme que les eaux amères n'agissent sur la femme Sota que si son époux est net de toute faute, mais pas dans le cas contraire.
Le 'Hida enseigne que même si le mari était dévergondé comme son épouse, les eaux amères pourront avoir un effet sur sa femme, si son mari fait téchouva avant qu'elle ne boive ses eaux.]

Ainsi, si le mari se savait coupable d'une faute, il ne devait pas forcer son épouse à passer cette épreuve, de crainte qu'il ne subisse une sévère punition pour avoir causé l'effacement du Nom Divin en vain.

De plus, il gâchait la fonction disciplinaire de l'épreuve. En effet, sa femme se vanterait certainement devant ses amies d'avoir commis l'adultère, d'avoir bu l'eau et d'être sortie indemne de cette épreuve.
Ainsi, elle prétendrait que si ses amies fautaient comme elle, il ne leur arriverait rien non plus.

Du reste, à l'époque du 2e Temple où l'immoralité s'était répandue parmi le peuple et où les maris n'étaient pas irréprochables, le Sanhédrin abolit l'épreuve de l'eau amère.

Si une femme refusait de boire l'eau, on ne l'y forçait pas.
Son mari divorçait d'elle sans lui verser la somme prévue par son contrat de mariage (kétouba).
Par contre, si elle refusait de boire après l'effacement du Nom Divin dans l'eau, on l'y contraignait.

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+ L'histoire de 2 sœurs :

-> Voici l'histoire de 2 sœurs habitant dans 2 villes différentes, et qui se ressemblaient beaucoup.
Le mari de l'une d'elles devint jaloux de son épouse, et après l'avoir avertie de ne pas s'isoler avec un certain homme, exigea qu'elle passe l'épreuve de l'eau amère pour prouver son innocence.

En route vers Jérusalem, ils passèrent par la ville de la sœur de l'épouse, et la femme demanda à lui rendre visite.
Lorsqu'elles se rencontrèrent, la sœur soupçonnée dit à l'autre : "Ma chère sœur, sache que mon mari me soupçonne d'infidélité et veut me conduire à Jérusalem pour boire l'eau maudite. Que faire? Je me suis effectivement rendue coupable d'adultère!"

Sa sœur lui répondit : "Ne crains rien. Reste ici. J'irai à Jérusalem et je boirai l'eau à ta place. Rien de mal ne m'arrivera puisque je suis pure".
Elle passa les habits de sa sœur et partit pour Jérusalem. Elle but l'eau amère, et en effet rien ne se produisit.

A son retour, elle fut accueillie joyeusement par sa sœur qui l'embrassa, pleine de gratitude qu'elle lui ait sauvé la vie. Alors qu'elles s'embrassaient, la femme coupable sentit l'haleine de sa sœur. Cette odeur pénétra en elle et elle mourut sur place ...

=> Lorsque Hachem envoie l'ange de la mort pour prendre l'âme d'un homme, nul stratagème que le racha invente pour échapper à la mort ne lui sera utile.

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+ Mesure pour mesure :

-> Le sort de la femme adultère nous apprend que le châtiment subi par l'être humain correspond exactement, mesure pour mesure, à sa transgression.

[Par exemple : ]
- La femme s'est postée à l'entrée de sa maison pour que son amant la voie, le Cohen la place dévêtue à l'entrée du parvis du Temple.
- Elle a posé des fleurs dans ses cheveux pour s'embellir ; le Cohen la décoiffe et retire son foulard ;
- Elle a mis du fard, ainsi son visage devint-il verdâtre ;
- Elle a maquillé ses yeux, alors ses yeux grossissent ;
- Elle a tressé ses boucles, ses cheveux sont décoiffés ;
- Elle s'est parée de ceintures séduisantes, le Cohen l'entoure d'une corde de paille ;
- Elle a tendu sa cuisse, sa cuisse se rompt ;
- Elle a soumis son ventre à la faute, son ventre éclate ;
- Elle lui a servi des mets de choix, l'offrande qu'elle apporte est composée d'orge, un aliment pour les aliments.
L'orge symbolise également l'effronterie de la femme adultère.
Contrairement au blé, qui émerge du sol recouvert de nombreuses couches de balle, l'orge sort relativement découvert comme cette femme s'est découverte pour séduire les hommes.
[...]

- Elle a fauté en cachette et Hachem a fait connaître sa faute à tous.
[...]

La terre du Michkan mélangée à l'eau faisait allusion au sort qui attendait la femme adultère : elle allait mourir et reposer dans la terre infestée de vers ...

Les 3 choses bues par la Sota (la terre, l'eau et les lettres du Nom Divin) rappellent les 3 éléments que mentionne la michna (Pirké Avot 2,1) : "Considère 3 choses et tu n'en viendras pas à la faute :
- "d'où tu viens : d'une goutte malodorante" => il s'agit de l'eau amère ;
- "où tu vas : dans un lieu de terre et de vers" => il s'agit de la terre prise sous le Michkan ;
- "devant qui tu devras rendre compte : devant le Roi des rois, le Saint, qu'Il soit exalté" => il s'agit du Nom de D. introduit dans l'eau.

Ces 3 éléments sont mélangés à l'eau amère afin de rappeler que si la femme avait médité à ces 3 choses, elle n'aurait pas commis cette faute.

Le fait que l'eau amère lui soit donnée par un Cohen est également significatif.
Le Cohen Gadol aimait la paix et s'efforçait de la faire régner parmi les hommes.
La consommation de l'eau amère permettait de rétablir la paix entre l'homme et son épouse lorsqu'elle était innocente.
[...]

Lorsque les juifs vivaient en Egypte, les égyptiens affirmaient avoir cohabité avec les femmes juives.
De ce fait, de nombreux juifs soupçonnèrent leur épouse.
Hachem dit donc à Moché : "Je désire que tu fasses passer aux femmes l'épreuve de l'eau amère. Écris le Nom explicite, mets-le dans l'eau, et fais-leur boire cette eau".

Toutes les femmes [juives] furent mises à l'épreuve et leur innocence fut prouvée.
De fait, c'était grâce à leur moralité que les juifs furent délivrés. Hachem les mit à l'épreuve par l'eau [amère] comme on le fait à une femme soupçonnée d'adultère.
Cette épreuve leur fut administrée [à Mara], comme il est écrit : "Et là Il les mit à l'épreuve" (Chémot 15,25), afin d'ôter tout soupçon de l'esprit des époux.

Au même moment, les hommes furent aussi, de fait, mis à l'épreuve pour déterminer s'ils n'avaient pas fauté avec les femmes égyptiennes.

[Meam Loez - Nasso 5,27-31]

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-> La femme Sota (soupçonnée d'infidélité conjugale) a jeté son regard sur un homme qui ne lui est pas approprié.
Elle n'obtient pas ce qu'elle désirait, et de plus ce qu'elle possédait lui est retiré, car quiconque convoite ce qui ne lui appartient pas n'obtiendra pas ce qu'il désire et se verra privé de ce qu'il possède.
[guémara Sota 9a]

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-> "Le Cohen puisera de l'eau ... et prendra de la terre du sol du Michkan" (Nasso 5,17)

-> On utilise la terre, qui possède 2 propriétés contradictoires :
- d'une part, la terre est un matériau méprisable de peu de valeur et foulé par tous ;
- d'autre part, la terre fécondée par la pluie produit de beaux fruits et la nourriture de l'homme.
Ces 2 propriétés contradictoires font allusion aux 2 effets contradictoires que peuvent produire les eaux amères bues par la femme Sota :
- si son ventre gonfle et son flanc dépérit, c'est qu'elle s'est souillée et elle devient ainsi méprisable ;
- si elle reste indemne, c'est qu'elle est restée pure et produira de "beaux fruits" : une postérité de tsadikim.
[Maharcha - 'Hidouché Aggadot]

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+ Rava dit : Pourquoi la Torah demande-t-elle (au Cohen) de mettre de la poussière (afar) dans l'eau que doit boire la femme Sota (soupçonnée d'adultère par son époux)?
C'est parce que si elle est innocente, elle aura un fils comme Avraham qui avait dit : "Et moi qui ne suis que poussière et cendres" (Béréchit 18,27), et si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière.

Rava fait ce commentaire : Par le mérite (d'humilité) d'Avraham qui s'est comparé à la poussière et aux cendres, ses descendants ont bénéficié de 2 commandements : les cendres (purificatrices) de la Vache Rousse (para adouma) et la poussière (purificatrices) de la femme Sota.
[guémara Sota 17a]

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=> Comment comprendre : "Elle aura un fils comme Avraham"?

-> Cette femme, accusée à tort d'infidélité, s'est considérée comme la poussière de la terre en acceptant les humiliations de la procédure de Sota.
C'est pourquoi, mesure pour mesure, elle aura le mérite d'avoir un fils humble, qui se considérera comme poussière et cendre, malgré son haut niveau, comme notre ancêtre Avraham.
[Tiféret Tsion]

-> L'intention n'est pas de dire que la femme innocente aura un fils du niveau d'Avraham, mais qu'elle aura un fils convenable (hagoun), comme d'Avraham est sorti un fils hagoun : Its'hak.
En effet, il y a un parallèle entre la situation d'Avraham et celle de la Sota innocente : les moqueurs attribuaient la paternité d'Itshak à Avimélé'h, roi de Guérar, qui avait pris Sarah dans son palais avant de la libérer, et Its'hak s'est révélé être un fils hagoun ; de même, cette femme Sota a subi la médisance de ses concitoyens, et déclarée innocente, elle aura le mérite d'avoir un fils hagoun.
De plus, si elle enfantait jusque-là avec difficulté, elle enfantera facilement ; si elle n'avait eu que des filles, elle enfantera un garçon ; si elle avait des enfants de petite taille, celui-ci sera grand.
[Min'ha 'Hariva]

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=> Comment comprendre : "si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière"?

-> C'est à partir du petit os nommé : louz (לוז), habituellement indestructible, que s'effectuera la résurrection des morts.
Cependant, pour la femme Sota, si elle meurt après avoir bu les eaux "amères", ce qui prouve sa culpabilité, son louz redeviendra poussière et elle ne pourra pas bénéficier de la résurrection.
Pourquoi? Du fait qu'en ne reconnaissant pas sa faute, elle a provoqué l'effacement du Nom Divin qui ne doit pas être effacé inutilement, alors mesure pour mesure, son louz sera réduit en poussière alors qu'il est indestructible pour les autres personnes.
[Tiféret Tsion]

-> Habituellement, chacun des 2 composants de l'homme rejoint sa source, après la mort :
- le corps retourne vers la poussière avec laquelle il a été créé ;
- l'âme rejoint le Ciel d'où elle est issue.
Cependant, si la femme Sota est coupable, bien que son corps retourne dans la poussière de la terre, son âme ne rejoint pas sa source ; c'est pourquoi Rava dit que la femme coupable, et non pas seulement son corps, retournera dans la poussière.
[Iyé haYam]

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-> Selon le 'Hatam Sofer, la guématria des 2 mots : afar (poussière - עפר) et éfer (cendres - אפר) est de 631.
Or, c'est la même guématria que celle du mot : kéTorah (comme la Torah - כתורה).
Cette guématria commune fait allusion au fait que la Torah ne peut se maintenir que chez les gens humbles et non pas chez les orgueilleux.

-> Avraham voulait dire : comme la poussière (afar), je ne vaux rien au départ (on peut alors l’ensemencer pour fournir de la nourriture, on peut la modeler pour en faire des récipients, ...), et comme les cendres (éfer), je ne vaux rien après (ex: un bois a beau être précieux, il n'est plus rien d'utile réduit en cendres).
Les descendants d'Avraham auront 2 récompenses :
- la poussière de Sota = pour prouver que la Sota était pure jusque-là ;
- les cendres de la para = pour purifier le tamé mét à partir de maintenant.
[Beit haLévi]

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-> "Le Cohen l'approchera (la femme Sota) et la placera devant Hachem" (Nasso 5,16)

Apparemment les mots : "Et la placera" sont en trop. Le verset aurait pu dire simplement : "Le Cohen l'approchera devant Hachem".
En fait, au moment où la femme Sota nie avoir fauté, le Cohen doit lui rappeler que si elle ment, on devra effacer le Nom Divin pour rien. Si elle a fauté, elle doit avoir "pitié" du Saint Nom et avouer sa faute pour ainsi éviter de l'effacer.

Ce verset fait allusion à cela : "Le Cohen l'approchera" physiquement de la cour du Michkan, "et la placera" moralement "devant Hachem", c'est à dire qu'il la placera face à ses responsabilités en lui faisant prendre conscience que sa faute va avoir des conséquences "devant Hachem", puisqu'on effacera Son Nom.
Si elle est fautive, il est donc préférable qu'elle avoue, par "pitié" pour le Nom Divin.
[Zeved Tov]

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-> "Si elle est pure, elle sera disculpée et engendrera une descendance" (Nasso 5,28)

Il est dit dans la guémara (Bera'hot 31b) que si la femme était auparavant stérile, elle engendrera. Si elle enfantait dans la douleur, elle enfantera facilement. Si elle avait un enfant, elle en aura deux.

=> Puisque tout ce qui concerne cette femme a été amené par le fait qu’elle s’est isolée avec un étranger, a suscité la jalousie de son mari et ne lui a pas obéi : par conséquent, pourquoi devrait elle avoir une tellement grande récompense?

Selon le rav Eliyahou Lopian, on apprend de là un grand principe dans le service de D. :
Cette femme, qui est arrivée à un point de telle bassesse qu’elle s’est isolée avec un homme étranger, même après les mises en garde de son mari, a en fait surmonté une épreuve terrible.
Maintenant, on s’aperçoit que par sa force spirituelle, elle a vaincu son désir et n’en est pas arrivé à la faute, "elle est pure". Un tel acte de courage, de conquête des instincts, lui fait mériter une récompense énorme, bien que si elle ne s’est pas repentie, elle doive aussi recevoir le châtiment de l’acte même de s’être isolée.
Mais pour avoir dominé ses instincts, elle aura sa récompense, "elle sera disculpée et engendrera une descendance".

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-> "Hachem parla à Moché en disant (lémor) : Parle aux enfants d’Israël et dis-leur: Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle" (Nasso 5,11-12).

Le midrach explique que le terme "en disant’ (lémor) signifie ici : pour les générations à venir.
=> Sur quoi ce midrach s’appuie-t-il pour affirmer une telle chose (alors que ce terme est très souvent employé dans la Torah).

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) explique que lorsque les Bné Israël se trouvaient dans le désert, ils n’avaient pas besoin d’utiliser les «eaux amères» de la Sotah (soupçonnée d’infidélité) afin de savoir si une femme avait effectivement été infidèle ou non. En effet, la génération du Désert jouissait au quotidien de la Manne.
Le Tiféret Yonathan (se basant sur la guémara Yoma 75b) enseignent :
"Le Prophète révélait à Israël [tout ce qui était caché] dans les trous et les fissures ; la Manne faisait exactement la même chose. Comment? [Par exemple,] deux hommes en litige comparaissaient devant Moché; l’un accusait: ‘Tu m’as volé mon esclave’, et l’autre répondait: ‘Tu me l’as vendu’. Moché déclarait alors: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, selon qu’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’esclave chez son premier ou chez son second maître, on savait s’il avait été volé par le second ou vendu par le premier.
De même, si deux époux comparaissaient devant en s’accusant mutuellement, Moché disait: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, si l’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’épouse au foyer de son mari, on savait que c’était lui qui l’avait outragée; mais si on l’a trouvée chez son père, on savait qu’elle était coupable".

=> Grâce à la manne qui tombait le matin, Moché avait la réponse. Si elle tombait près de la maison du père, cela indiquait que la femme avait trompé son mari.
Ainsi, pendant la période du désert, il n’était absolument pas nécessaire de faire boire la Sota. Ce passage concerne donc les générations suivantes.

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

-> La Paracha de Nasso décrit le cas de la Sotah, cette femme soupçonnée d’adultère après s’être isolée avec un certain homme, malgré la mise en garde de son mari. Celle-ci devait boire une eau amère dans laquelle un parchemin comportant le passage relatif à cette mitsva, y compris le nom de D., avait été effacé et son encre dissoute. Si elle était coupable, cette potion la tuait. Si elle était innocente, l’eau devenait pour elle un élixir de bénédiction.
Cet épisode est une allégorie de notre relation avec Hachem, le peuple juif étant comparé à une jeune mariée et D. à son époux. En effet, le lien forgé entre eux au Sinaï fut semblable à celui d’un mariage. Ainsi, chaque fois qu’un juif commet un péché, si léger soit-il, il trahit l’alliance, "le contrat matrimonial", entre lui-même et D.
Il est coupable d’adultère spirituel, d’infidélité envers son partenaire divin.
=> Pourquoi l’adultère est-il le prototype de tout péché?

La Torah commence sa description de la femme Sotah par le verset : "Un homme dont la femme s’écarterait [du bon chemin]" (Nasso 5,12).
Le terme hébraïque pour "s’écarterait" (tisté - תִשְׂטֶה), possède la même racine que le mot : Shtout (שטות), la folie. C’est aussi le sens du nom Satan (שטן), l’autre appellation du yétser ara (le mauvais penchant) (voir guémara Baba Batra 16a), celui qui nous détourne du "droit chemin".
[le yétser ara" est appelé par le roi Shlomo : "un roi vieux et stupide" (mélé'h zakén ou'hssil - Kohélet 4,13)
Selon le Abir Yaakov, il est "vieux" car il arrive dès la naissance d'une personne, tandis que le yétser atov (le bon penchant) ne vient qu'à compter de 12 ans (femme) ou 13 ans (homme).
Il est un "roi sot", car il règne sur la folie en faisant tomber les hommes, comme il est dit : "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a).]

Remarquant cette similitude, la guémara (Sotah 3a) enseigne : "Une personne ne commet une faute que lorsqu’un esprit de folie s’empare d’elle". Si ce n’était pour cette folie, nous demeurerions constamment attachés à D. en accomplissant Sa volonté, de par l’expression de notre libre arbitre.
La Sota est interdite de relations conjugales avec son mari jusqu’à ce que l’épreuve des eaux amères l’ait innocentée. Après cela, cependant, elle peut non seulement retourner auprès de lui, mais de plus ils sont bénis par de nouvelles heureuses naissances.
=> Il en va de même spirituellement : la division entre D. et nous causée par nos fautes n’est que temporaire. Et bien qu’il soit vrai que celui qui transgresse la volonté de D. nie en quelque sorte Son unité, et par ailleurs, contemplant ses péchés, qu’il puisse tomber dans le désespoir en pensant que "D. m’a abandonné et Hachem m’a oublié" (Yéchayahou 49,14), il doit se souvenir qu’il peut toujours se rapprocher à nouveau du Créateur.
En effet, nous avons la possibilité de revenir à Lui, de nous attacher à Lui et de faire naître en nous de nouveaux sommets d’amour et de crainte de D., comparés à des enfants qui illuminent notre vie.
Cette relation renouvelée est l’effet de la révélation de la partie la plus profonde de l’âme, qui surmonte "l’esprit de folie". Cette libération personnelle est ressentie par chaque juif et chaque juive qui fait téchouva. Et chaque rédemption individuelle s’additionne aux autres de sorte que bientôt nous mériterons la Rédemption générale de l’Univers tout entier avec la venue du machia’h.
[Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté - 5782]

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

Nos Sages constatent que ce terme "tisté" (תשטה) peut aussi signifier "qui est prise de folie". Et ils expliquent que cela vient enseigner qu'un homme ne peut fauter que s'il est pris d'un vent de folie. Mais cela est étonnant. On sait que le mauvais penchant s'évertue pour séduire l'homme et éveiller en lui le désir de la faute. Parfois même, une personne peut lutter contre son penchant pour ne pas fauter même si finalement, ses pulsions pourront avoir raison de lui.
=> Comment donc affirmer que la faute n'est possible que par esprit de folie?

-> Les livres de Moussar insistent sur l'origine Divine de l'âme d'un juif, qui est même plus haute et sainte que
les anges les plus élevés. Par cette âme, il est attaché à Hachem et bénéficie de l'honneur et de l'élévation inégalable que lui confère cette proximité. D'autre part, la faute c'est la transgression de la Volonté Divine.
Quand un homme commet une faute, il se détache d'Hachem pour tomber dans les abîmes de l'impureté. Cela constitue une chute vertigineuse du si haut niveau de proximité et d'intimité avec Hachem, source de toute vie et de tout bien, pour tomber dans les filets du penchant et de l'impureté que cela représente.

Cela ressemble à un roi, vêtu de parures royales et qui jouit de tous les honneurs et prestige, même pour satisfaire le plaisir le plus grand et le plus alléchant, serait-il prêt à se jeter dans des égouts, remplis d'immondices à l'odeur insupportable et où il serait couvert de saleté et de pourriture?
S'il le fait, tout le monde dira sans aucun doute qu'il a été traversé d'un vent de folie! Un roi si raffiné et glorieux, comment a-t-il pu s'humilier et se rabaisser à ce point? Et même pour le plus grand plaisir imaginable!
Il en est exactement de même pour la faute. Certes, le penchant éveille avec force le désir de la faute. L'homme peut parfois même lutter contre la tentation pour ne pas céder au désir. Mais si finalement il cède, c'est que le penchant a réussi à le rendre "fou". Il lui a fait oublié la sainteté divine de son âme et lui fait croire que ce simple plaisir ne va pas changer grand chose à son niveau. S'il était conscient de la réalité de la chute et de l'humiliation insoutenable que vivait son âme au moment de la faute, aucune tentation au monde ne pourrait le mener à aucune faute.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

[ainsi de nos jours, la notion de femme Sota se rapporte à notre relation avec Hachem, et d'à quel point on doit éviter de se laisser aller à un "esprit de folie" passager. ]

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-> "Elle approchera son offrande ... de farine d'orge" (Nasso 5,15)

-> La femme Sota soupçonnée d'adultère devait apporter une offrande de farine d'orge, sans huile, ni Lévona, contrairement aux autres offrandes de farine, qui étaient constituées de blé et contenaient de l'huile et du
Lévona. Rachi explique que cette femme en s'isolant avec cet homme interdit a adopté une attitude animale, elle apportera donc de l'orge, nourriture des animaux. Elle a agi dans l'obscurité, elle n'amènera donc pas d'huile qui permet d'éclairer. Et comme nos saintes matriarches sont appelées Lévona dans le verset : "Dans la plaine de Lévona" et qu'elle s'est éloignée de leurs comportements, elle n'amènera donc pas de Lévona.
=> Mais on peut s'interroger. Comment peut-on reprocher à la femme Sota de ne pas ressembler à nos saintes matriarches au même moment où on lui reproche de s'être comportée comme un animal, dans l'obscurité? Peut-on reprocher à une femme de comportement débauchée de ne pas être une sainte?

Le rav Ben Tsion Brok fait remarquer que nous voyons de là que même dans l'impureté la plus profonde, un homme ne perd jamais son libre arbitre et sa possibilité de faire machine arrière. Certes, le repentir doit être progressif, mais s'il le décide, il pourra petit à petit sortir de toutes ses corruptions jusqu'à atteindre les plus hauts niveaux de sainteté.
L'homme ne doit jamais dire : "Au point où j'en suis, si éloigné que je suis, je suis perdu. Je ne peux plus revenir à la Torah". Tout homme, là où il se trouve, peut à tout moment s'il le décide, sortir de sa boue et se sanctifier jusqu'à finir par pouvoir ressembler à nos saints ancêtres.
=> C'est pourquoi, même à la femme Sota, qui s'est comportée comme un animal, la Torah continue à avoir espoir en elle.
Même au plus bas de sa corruption, elle aurait pu se ressaisir et remonter la pente jusqu'à s'élever à la sainteté des matriarches.
Et comme le dit le Rambam, dans le Ciel on reprochera à Yérovam Ben Névat d'avoir confectionner ses veaux pour l'idolâtrie au même titre qu'on lui reprochera d'avoir négliger le érouv tavchilin, qui est bien plus léger. Car chaque juif conserve toujours cette sainteté qui lui permet à chaque moment de se ressaisir jusqu'à finir par pouvoir atteindre les plus hauts niveaux de sainteté. Et effectivement, Hachem exige même aux pire des impies : "Pourquoi n'as-tu pas été aussi saint que les patriarches?"

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-> "Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : "Tout homme (ich ich) dont la femme dévie et commet un adultère à son encontre..."" (Nasso 5,12)

La paracha Nasso aborde la mitsva de Sota, le cas où une femme mariée s’isole avec un autre homme après avoir été mise en garde par son mari, qui l’a défendue de récidiver. Quand la Torah évoque le mari en question, elle répète le mot "ich".
Le Midrach relève cette redondance apparemment superflue. Il affirme qu’il convient d’être "vatran" (accommodant, conciliant) : par exemple si du vin se renverse, il ne doit pas en tenir rigueur à sa femme.
=> Une question s’impose : pourquoi la Torah choisit-elle de donner ce conseil ici, alors que le lien avec le verset n’est pas du tout apparent?

-> Le rav Yissa'har Frand explique que ce midrach vient éclaircir la terminologie inhabituelle "ich ich" employée par la Torah pour décrire le mari. Il explique que le mot "ich" fait allusion au côté masculin à la force de l’homme et à sa confiance en soi, la réitération montre que le mari fut peut-être trop ferme ou dominateur dans sa manière de diriger son foyer et trop sévère devant les erreurs commises par son épouse. Sa nature accablante ou intransigeante incita sa femme à se dévoyer, afin d’être traitée plus affablement.
Bien entendu, on ne cherche pas à justifier la conduite de la femme (même si son mari était mauvais), qu’elle ait concrètement commis un adultère ou qu’elle se soit "simplement" isolée avec un autre homme. Mais le midrach souligne qu’un tel comportement ne s’est pas déclenché tout seul. Ses actions sont probablement le résultat d’une relation problématique, quid débuta par de petites choses, par exemple par les cris du mari si elle a renversé du vin. Le midrach en déduit qu’il faut faire attention à ne pas être trop autoritaire ou oppressant.

[ un homme doit faire l'effort d'aller contre nature pour être indulgent, souple et dire de nombreux compliments, des paroles d'amour, ... à sa femme
De cette façon, le lien créé est fondé sur l’amour et la confiance plutôt que sur la crainte et la menace. ]

[il est intéressant de noter que lorsque l'on est en colère on est prêt à jurer qu'on ne va pas se laisser faire, qu'on aura le dernier mot. (on se fait D., reniant d'une certaine façon la volonté de D.)
Or, dans l'épisode de la Sota, Hachem demande qu'on efface son nom dans l'eau pour parvenir à la paix. De même, au moment de notre colère avec notre épouse, où l'on est prêt à jurer fortement au point de le faire comme sur le nom de D. (ou bien sur la Torah), alors on doit être prêt à dissoudre ce nom (ce jugement qu'on fait) [annulant son essence], et ainsi il en ressortira de la paix, de l'amour renforcé, b'h.]

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