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Lorsque le 9 Av tombe pendant Shabbath

+ Lorsque le 9 Av tombe pendant Shabbath :

-> Le Chla haKadoch (guémara Taanit 33) écrit que les lois de deuil du Temple ne sont pas applicables le Shabbath car l'on arrêtait la construction du Temple le Shabbath.
Puisque prendre le deuil du Temple est notre façon de le reconstruire, ainsi nous ne pouvons pas faire cette mitsva pendant Shabbath.

=> On apprend de là l'importance de s'attrister de la perte du Temple du plus que l'on peut le faire.

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-> Lorsque le 9 Av tombe à Shabbath, la halakha est que l'observance du jeune est repoussée au dimanche. [Choul'han Aroukh - OH 550,3]
Il existe une opinion minoritaire dissidente qui est soutenue par Rabbi, qui est d'avis que dans un tel cas le jeûne n'est pas observé du tout cette année-là. [cela serait abordé davantage plus après ci-dessus ]

=> Sur quelle base Rabbi a-t-il jugé bon d'abolir toute l'institution du 9 Av lorsqu'il tombe en même temps que Shabbath?

-> Le Avné Nézer (rapporté par Chem miChmouël - Dévarim) explique que les fêtes de la Torah ne commémorent pas simplement des miracles Divins qui se sont produits à l'époque biblique.
Hachem a imprimé "la lumière spirituelle" des fêtes dans le tissu du temps, qui se réactive à jamais en ces jours de l'année.
A titre d'exemple, les jours de Pessa'h continuent de vibrer chaque année avec la même énergie miraculeuse [spirituelle] du premier Pessa'h lorsque les juifs ont quitté l'Egypte.

Ce principe ne s'applique qu'aux fêtes joyeuses de la Torah. Cependant, concernant les jeûnes, il y a un axiome contraire : l'énergie négative qui s'est produite un jour de jeûne est contenue dans ce seul jour et ne continue pas dans le futur.
[le Chem miChmouël cite également le 'Hozé de Lublin qui dit que cela est en allusion dans le verset : "Le désastre ne s'y prendra pas à deux fois" (Na'houm 1,9)]

=> La question se pose alors : puisque l'énergie négative qui s'est produite lors d'un épisode tragique de l'histoire juive est limitée au jour où l'événement s'est produit, pourquoi nos rabbanim ont-ils intitué des jours de jeûne pour marquer ces temps sombres?

Le Chem miChmouël répond que les périodes de deuil national contiennent également un élément positif. A une époque de châtiment par D., la nation juive est purifiée de ses péchés et devient immédiatement aimée par Hachem.
Ce lien d'amour Divin et d'apaisement qui émerge spécifiquement pendant les périodes de calamités est la "lumière" spirituelle qui est à jamais intégrée dans la dimension de temps, en ces jours qui sont sinon malheureux.
Nos rabbanim ont institué les jours de jeûne public comme un "récipient" pour nous permettre de capturer la "lumière" inhérente à ces jours-là.

[le Chem miChmouël apporte une preuve de ce concept du fait que les Chérubins (Kérouvim) se trouvaient dans une position d'étreinte amoureuse au moment de la destruction du Temple (guémara Yoma 54). Cela semble étrange à la lumière de la guémara (Baba Batra 99a) qui enseigne que les Chérubins ne se faisaient face uniquement lorsque le peuple juif exécutait la volonté de D. Lorsque les juifs n'accomplissaient pas la volonté de D., ils se détournaient l'un de l'autre.
L'explication est qu'à la suite de la destruction du Temple, les juifs sont devenus purifiés et aimés d'Hachem.]

Hachem a également créé d'autres "récipients" pour contenir la "lumière" Divine.
Le Temple était le "récipient" pour "contenir" la Présence d'Hachem sur terre, et les téfilin sont le "récipient" à travers lequel un homme juif peut "contenir" la Présence d'Hachem dans son corps physique.
L'immense sainteté du Shabbath évite le besoin de tout autre "récipient", et il n'est donc pas nécessaire de porter des téfilin le Shabbath, et le Temple ne peut pas être construit à ce moment-là.

Le Chem miChmouël conclut :
C'est pour cette même raison que selon l'opinion de Rabbi, il n'est pas nécessaire de jeûner une année où le 9 Av tombe un Shabbath. Puisque les "lumières" du 9 Av sont acquises en faisant l'expérience du Shabbath, le "récipient" qui est généralement acquis par le jeûne, devient superflu à ce moment là.

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-> La guémara (Méguila 5b) enseigne : "Rabbi Eléazar a dit au nom de Rabbi ‘Hanina : [Rabbi Yéhouda Hanassi] chercha à abolir [le jeûne du] 9 Av [jour de la destruction du premier et second Temple – Michnat Taanit 4, 6], mais [les Sages] ne l’ont pas approuvé.
Rabbi Abba Bar Zavda a dit devant lui (Rabbi Eléazar) : ‘La chose ne s’est pas passée ainsi ; c’était [un jour] du 9 Av qui tombait Shabbath et que l’on avait repoussé au lendemain.
Rabbi [Yéhouda Hanassi] dit alors: Puisqu’il (le jeûne) est repoussé, qu’il soit repoussé [définitivement], mais les Sages ne l’ont pas approuvé" [voir aussi guémara Yérouchalmi Taanit 4,6].

=> Pourquoi Rabbi a-t-il voulu abolir le jeûne du 9 Av d'une année où il tombait Shabbath? Pourquoi les Sages s’y sont-ils opposés?

On peut apporter les réponses suivantes :
1°/ Tossefot s’étonne de l’intention de Rabbi pour deux raisons :
a) Il est enseigné : "Celui qui mange et boit le jour du 9 Av ne verra pas la consolation de Jérusalem" [guémara Taanit 30b].
b) Un Beit Din ne peut annuler les décrets d’un Beit Din confrère, à moins qu’il ne soit plus grand en sagesse et en nombre.

Tossefot résout la difficulté en apportant deux réponses:
a) L’intention de Rabbi était uniquement d’abolir la sévérité ('houmra) que présente le jeûne du 9 Av par rapport aux autres jeûnes.
b) Son intention était d‘abolir le jeûne, le jour du 9 Av, et de le fixer au 10 Av [jour où le Temple finit de brûler] (selon l’avis de Rabbi Yo’hanan - guémara Taanit 29b).
Dans les deux cas, les Sages ne l’ont pas approuvé.

2°/ Rabbi voulait abolir [pour l’année] le jeûne du 9 Av, lorsque celui-ci tombe Shabbath, car il ne souhaitait pas que l’on jeûne le premier jour de la semaine (étant repoussé au lendemain du Shabbath), pour les raisons évoquées (guémara Taanit 27b) :
a) Parce que c’est le 3e jour après la Création de l’homme (depuis le 6e jour de la semaine précédente) [le 3e jour de la naissance est considéré comme dangereux].
b) C’est à cause de l’âme supplémentaire (néchama yétéra) qui est donnée à l’homme le soir du Shabbath, et lui est reprise à la sortie du Shabbath (la disparition de l’âme supplémentaire provoque une fatigue ressentie jusqu’au premier jour de la semaine).
[midrach Plia - Kétonet Tachbets]

3°/ Il est enseigné que si dans une famille endeuillée un garçon venait à naître, toute la famille se trouverait épargnée (du jugement qui planait sur elle) [Choul’hane Aroukh Yoré Déa 394, 4].
Or, nous savons que dans l’après-midi du neuf Av, est né le machia’h [guémara Yérouchalmi Bérakhot 2,4].
Ainsi, lorsque le 9 Av tomba Shabbath, Rabbi, qui était issu de la "Maison de David" [voir guémara Kétoubot 62b], ressentit, pendant Shabbath, que Machia’h était déjà né et que toute la "famille" [de David] (endeuillée) était maintenant rétablie (à noter que le deuil et l’affliction de la perte du Temple étant bannis le Shabbath, seule la dimension positive du 9 Av est perceptible : la naissance du "Sauveur d’Israël" [Machia’h]).
C’est ainsi, que Rabbi Yéhouda Hanassi souhaita fortement, cette année-là, abolir le jeûne du 9 Av, et cela de manière définitive, car étant déjà repoussé, il pouvait être aussi supprimé. En revanche, les autres Sages, n’appartenant pas à la famille de David, ne saisirent pas une telle perception et manifestèrent alors leur désaccord avec Rabbi.
[Bné Yissakhar]

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