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"Yéhouda dit à ses frères : Quels avantages si nous tuons notre frère et dissimulons son sang? Allons, vendons-le aux Ismaélites"(Vayéchev 37,26-27)

-> La guémara (Shabbath 10b) nous enseigne que le traitement de faveur que Yossef à reçu de son père Yaakov, a entraîné que ses frères deviennent jaloux de lui, ce qui les a mené à le vendre comme esclave, causant finalement la descente des juifs en Egypte et le fait qu'ils y deviennent esclaves.

-> Selon Rabbénou Bé'hayé, bien que Hachem avait déjà promis à Avraham que ses descendants seront des esclaves dans une terre étrangère, c'est uniquement au moment de la vente de Yossef qu'il a été fixé les modalités : le lieu et à quel point sera difficile l'esclavage, comme punition pour la haine des frères envers Yossef.

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-> Rachi (Vaéra 6,16) : "La durée de la vie de Lévi fut de 137 ans" commente : L’esclavage d’Egypte n’a pas commencé aussi longtemps qu’est resté en vie l’un des chefs de tribus ... or, Lévi a survécu à tous ses frères.

Le Gour Aryé (Chémot 13,6) explique ce calcul de la façon suivante : Yaakov avait 84 ans lorsqu'il s'est marié à Léa (Rachi Vayétsé 29,21), et 2 années plus tard elle a donné naissance à Lévi, Yaakov ayant 86 ans (le Séder Olam écrit que chacun de ses enfants est né au 7e mois).

Selon la Torah (Vayigach 47,9), Yaakov est descendu en Egypte à l'âge de 130 ans, faisant que Lévi avait alors 44 ans.
=> Puisque Lévi est mort à 137 ans, il a vécu 93 années en Egypte.

Rachi (Bo 12,40) écrit que les juifs sont restés 210 ans en Egypte, ce qui permet d'affirmer que la durée de l'esclavage égyptien, qui a débuté à la mort de Lévi, est de : 117 années (210-93).

=> Pourquoi ont-ils été puni particulièrement par 117 ans d'esclavage pour la faute d'avoir vendu Yossef?

-> Rabbi Méïr Yé’hiel haLévi (l’Ostrovtzer Rebbe) apporte la réponse suivante :
Il n'y avait que 9 des 11 frères qui ont participé à la faute de le vendre en tant qu'esclave, puisque Binyamin et Réouven n'étaient pas présent au moment de la vente.

Yossef avait 17 ans lorsqu'il a été vendu (Vayéchev 37,2), et il avait 30 ans lorsqu'il a été libéré de la prison et nommé vice-roi d'Egypte (Mikets 41,46), ce qui fait que la décision de ses frères a entraîné qu'il soit emprisonné pendant 13 ans.

Lorsque l'on multiplie ce chiffre par les 9 frères qui l'ont vendu, on arrive à : 117, qui est la durée exacte du difficile esclavage en Egypte, que leurs descendants ont dû faire en punition pour leur action.

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-> "Quel intérêt de tuer notre frère et cacher son sang?" (Vayéchev 37,26)

=> On peut s'interroger. Au départ, Yehouda également était d'accord de tuer Yossef, pourquoi par la suite, ce dernier changea-t-il d'avis et proposa de le sortir du puits où il risquait de mourir et le vendre aux Yichmaëlim?

-> Le rabbi Mendel de Kotsk explique qu'évidemment, quand au départ les frères voulaient tuer Yossef, il ne s'agissait pas de verser un sang innocent. Comme nous l'enseignent nos Maîtres, Yossef qui rapportait du mal de ses frères à leur père et se prenait aussi pour leur roi (à travers ses rêves) avait un comportement tellement répréhensible pour ses frères qu'ils constituèrent un tribunal, le jugèrent et le condamnèrent à mort après un jugement objectif et bien réfléchi.
Pour eux, Yossef méritait la peine capital et ce n'était pas qu'une simple jalousie ou haine qui motivèrent leur décision de le mettre à mort. Seulement, s'il en est ainsi, ils doivent assumer leur acte jusqu'au bout et prendre sur eux toute la responsabilité de ce meurtre. S'ils pensent vraiment agir comme il se doit et ne rien avoir à se reprocher, ils doivent être prêts à aller jusqu'au bout et ne rien craindre, même pas la réaction de leur père. Car si vraiment c'est la loi et la justice véritable qui impose de le tuer, quand ils expliqueront le tout à Yaakov, l'homme de vérité par excellence, il comprendra et rien de fâcheux ne devrait leur arriver, puisque c'est cela que la loi impose.

Mais quand par la suite, Yehouda entendit que les frères se préparaient à dire à leur père qu'une bête féroce a tué Yossef, et qu'ils allaient cacher le fait qu'en vérité c'est eux qui l'ont tué, alors Yehouda en déduisit qu'ils ne sont pas prêts à assumer leur acte jusqu'au bout. C'est que forcément, ils ne sont pas eux-mêmes sûrs et certains de l'authenticité de leur jugement et craignait que Yaakov y trouve une faille.
Dès qu'il perçut cela, Yehouda se rétracta et déclara qu'ils ne peuvent plus le laisser mourir. Il convient donc uniquement de l'éloigner d'eux pour ne plus qu'ils récidivent ses mauvais comportements envers eux. Aussi, il décida qu'il fallait le vendre.

=> La leçon pour nous est que si on cherche à cacher ou a enrobé une certaine action que l'on trouve devoir faire et qu'on revendique qu'il faille la faire, c'est peut-être qu'au fond, on ne la trouve pas complètement valable et qu'on ne puisse pas l'assumer jusqu'au bout. Cela doit donc nous faire réfléchir s'il convient quand même de la réaliser malgré tout, ou bien s'il est préférable de se rétracter, du fait de ce doute et de cette difficulté à assumer.

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-> Juste après que la vente a été faite : "Réouven revint vers ses frères et il dit : "Le garçon (Yossef) n'est plus là!" (ayéléd énéou - הַיֶּלֶד אֵינֶנּוּ) " (Vayéchev 37,30)

Le rabbi Ronen Sharabany commente que la guématria du mot : "énénou" (n'est plus là - אֵינֶנּוּ) est de 117, puisque Réouven faisait allusion à ses frères qu'en conséquence de leur action d'avoir fait disparaître Yossef, leurs descendants seront alors punis par 117 années d'esclavage.

"Le maître de Yossef le prit et le mit en prison" (Vayéchev 39,20)

=> Après la grande épreuve que Yossef a surmonté (avec la femme de Potiphar), est-ce sa récompense de rester pendant 12 années en prison?

-> Rabbi Yéhouda Tsadka explique que comme le moment n'était pas encore venu pour Yossef de régner, il y avait un risque, s'il restait dans la maison que la femme Potiphar ne revienne à la charge, ou bien d'autres, et alors il devrait lutter continuellement contre ses instincts et se trouver sans cesse dans une situation d'épreuve.

C'est pourquoi la sagesse Divine a décrété que pour la protection spirituelle de Yossef, seul la prison était bonne.
Mais pour qu'il ne soit pas trop malheureux : "Hachem était avec Yossef et penchait à la générosité envers lui" = Yossef sentait que Hachem était avec lui, et il ne s'est pas trouvé malheureux en prison

"Yaakov n'a jamais cru que Yossef a été tué par un animal sauvage ; il pensait que Yossef avait perdu sa tête en devenant un animal sauvage!

En effet, Yaakov a raisonné que si Yossef était mort, il lui serait apparu en rêve. Mais puisqu'il ne l'a pas fait, cela signifiait forcément qu'il avait perdu sa tête, qu'il était devenu fou et qu'il vivait parmi les animaux.
Le sang sur sa tunique provenait probablement de l'attaque d'un prédateur malade qui l'aurait mordu, ce qui a entraîné qu'il en soit également contaminé."

['Hatam Sofer - Torat Moché]

"Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau dedans" (Vayéchev 37,24)

-> De façon assez surprenante, la guémara (Sabbath 22a) fait suivre les 2 sujets suivants :
"Rabbi Tan'houm enseigne que si les lumières de 'Hanoucca sont au-dessus de 20 amot, cela n'est pas valable.
[Rachi explique : car un passant ne pourra pas la voir, et il n'y aura alors pas de publication du miracle]

Rabbi Tan'houm demande : Quelle est la signification du verset : "le puits était vide, il n'y avait pas d'eau dedans"?
Il n'y avait pas d'eau dans le puits, mais il y avait des serpents et des scorpions."

=> Quel est le lien entre ces 2 affirmations?

Le Gaon de Vilna donne la réponse suivante.

Les lumières de 'Hanoucca doivent être placées au maximum à 20 amot (environ 9,6 mètres) de hauteur afin que les passants puissent les observer.

"Ils le jetèrent (vayachli'hou) dans le puits" (37,24)
Le Tossafot Yom Tov (Tamid 1,4) dit que le mot "vayachli'hou" fait référence à une chose qui est jetée à au moins 20 amot de haut, ce qui permet d'affirmer que le puits avait une hauteur de plus de 9,60 mètres (20 amot).

Pour cette même raison, les frères de Yossef n'ont pas pu savoir qu'il y avait des serpents et des scorpions dans le puits, car ne pouvant pas regarder jusqu'au fond.

=> La juxtaposition des 2 sujets vient nous avertir qu'une compréhension du sujet des lumières invalides de 'Hanoucca, est nécessaire pour comprendre le comportement des frères de Yossef.

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-> La guémara (Soucca 2a) enseigne :
Une Soucca qui fait plus de 20 amot de hauteur n'est pas valable.
Rava affirme qu'on apprend cela du verset : "afin que vos générations sachent que [c'est] dans des Souccot [que] J'ai fait résider les enfants d'Israël lorsque Je les ai fait sortir du pays d'Egypte." (Emor 23,43).

Jusqu'à 20 amot, on a conscience d'être assis dans une Soucca [puisque sans effort nous voyons son toit qui nous rappelle la mitsva]
Au-dessus de 20 amot, on n'a plus conscience d'être assis dans une Soucca, car nos yeux ne peuvent plus voir involontairement le toit en raison de sa hauteur.

-> Le Maharam Schick dit qu'il existe une énorme différence entre savoir et regarder.
Dans ce monde matériel, on a beau "savoir" quelque chose, cela ne deviendra une certitude dans notre esprit qu'à partir du moment où on la voit.
C'est ainsi, que nous devons regarder le toit de la Soucca pour être certain de résider dans une Soucca

-> Il est écrit : "ils tirèrent Yossef et [le] remontèrent du puits, et ils vendirent Yossef" (37,28)

=> Comment les frères de Yossef ont-ils pu le vendre alors qu'il venait juste de survivre miraculeusement au puits?

La réponse est qu'ils n'étaient pas certain à 100% que Yossef ait été sauvé de serpents et de scorpions, puisque le puits faisait plus de 20 amot de hauteur, ils ne pouvaient pas les voir.
Ainsi, ils "savaient" qu'un puits dans le désert à de très fortes probabilités d'être rempli de bêtes vénéneuses, mais puisqu'ils ne les "voyaient" pas, ils n'ont pas pris pleinement conscience de ce fait.

Il en résulte que lorsque Yaakov est sorti vivant du puits, à leurs yeux ce n'était pas un si grand miracle que cela, et ils n'en ont pas déduit que c'était un tsadik.
Il n'y avait alors aucune raison solide s'opposant à le vendre.

Il en est de même à 'Hanoucca, où il est nécessaire d'avoir les lumières situées à une hauteur de moins de 20 amot, pour que cette vision permette une prise de conscience ferme du grand miracle qui a eu lieu pour le peuple juif.

La vision est ce qui nous permet d'internaliser et de vraiment s'approprier une notion, pour peu que nous ayons la volonté personnel d'en absorber le message latent.
Le rav Moché Feinstein dit que l'on peut très bien regarder les bougies de 'Hanoucca, sans se focaliser sur le message qu'elles nous transmettent (ex: l'idée que Hachem est derrière chaque chose de ce monde, pas uniquement les miracles grandioses, ...).

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+ "Son maître vit que Hachem était avec lui et que tout ce qu'il faisait, Hachem le faisait réussir dans sa main" (Vayéchev 39,3)

-> Le Zohar explique : Même si Yossef avait une certaine chose dans sa main, et que son maître voulait une autre chose, Hachem faisait changer ce qui était dans la main de Yossef pour qu'il devienne exactement ce que son maître demandait.
C'est ce que son maître a vu : que Hachem était avec Yossef dans tout ce qu'il faisait.

=> Pourquoi est-ce que Hachem a -t-il réalisé des miracles aussi visibles?

Selon le Adéret Eliyahou, c'est parce qu'il n'y a pas de comparaison entre "savoir" qu'une chose se passe et la "regarder".
C'est pourquoi Hachem faisait changer les objets dans sa main à chaque instant en fonction de la demande de son maître. Cela avait pour objectif de faire bénéficier Yossef d'un bisous divin du plus haut niveau : c'est-à-dire "voir" les miracles/bontés que D. lui faisait, plutôt que d'uniquement le savoir (en théorie).

[le fameux : je ne crois que je que je vois, témoigne de la force de la vision!]

-> Le Pné Yéhochoua dit qu'il en est de même à 'Hanoucca, où Hachem a fait un miracle clairement VISIBLE afin de nous faire prendre conscience au plus haut niveau possible de l'énorme amour qu'Il a pour nous.

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"Et voici qu'une caravane d'Ichmaélites arrivait de Guilad, et leurs chameaux transportaient des aromates, du baume et du lotus, qu'ils allaient faire descendre en Egypte." (Vayéchev 37,25)

-> Rachi commente : Les arabes ne transportent, d’habitude, que du naphte et du pétrole, dont les relents sont nauséabonds. Mais il s’est agi ici de parfums, afin que Yossef ne soit pas incommodé par de mauvaises odeurs.
[il a pu voir que ses habits sont restés propres, qu'il sentait bon, ... comme une bulle agréable dans un univers de marchands de pétrole : d'ordinaires sûrement grossiers, sales et sentant mauvais!]

=> Hachem a fait en sorte que Yossef puisse voir, sentir, ... des choses agréables.
Cela a permis d'accroître le pouvoir de sa consolation, de sa prise de conscience que Hachem était avec lui, à un niveau beaucoup plus élevé que d'intellectualiser sa émouna

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-> Ces signes, nous pouvons peut-être les considérer comme petits si nous les comparons à la gravité de sa situation, mais malgré tout cela a suffi à Yossef pour ressentir l'affection de Hachem envers lui, et par conséquent, il n'y a pas de plus grande joie que cela.
Regarder un point de lumière au milieu de l'obscurité, c'est cela le secret.

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-> Dans une situation aussi misérable que celle-ci, où il allait être vendu et exilé de sa maison paternelle à tout jamais, dans l’ignorance de son sort tant spirituel que matériel, cela faisait-il une différence si l’odeur qui se dégageait du chargement était bonne ou mauvaise?

Le Saba de Kelm donne la réponse suivante :
Hachem n'impose pas à un homme une épreuve ne serait-ce qu’un peu plus difficile que celle qui a été décrétée à son encontre.
Et puisqu'en dehors de sa vente comme esclave, il n'avait pas été décrété qu'il sente des mauvaises odeurs, le Ciel fit en sorte que les arabes transportent des parfums contrairement à leur habitude.

=> Si l'on garde à l'esprit ce principe, nous pouvons transformer entièrement notre existence car nous saurons que la moindre peine que nous endurons est pesée avec précision et que nous n'endurons jamais la moindre épreuve en plus de ce qui a été décrété sur nous [par Hachem] pour notre plus grand bien.

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+ Autre explication de ce lien entre les 2 idées de la guémara ('Hanoukia et le puits) :

-> "Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

Le rav Nevenzahl explique que c'est pour cette raison qu'il y avait spécifiquement des serpents dans le puits, puisque c'est le serpent qui a parlé du lachon ara à propos de Hachem à 'Hava.
Ainsi, à un certain niveau Yossef aurait dû être puni par le biais des serpents pour avoir été impliqué dans la même faute que lui.
Pourquoi alors a-t-il été sauvé?

Rav Nevenzahl explique que Yossef avait un mérite particulier : chaque fois qu'il en avait l'occasion, il parlait de l'implication de Hachem dans le monde, d'à quel point Il gouverne la naturalité du monde et tous les événements.
Nous retrouvons cette attitude à plusieurs reprises dans la Torah, comme par exemple :
- "son maître (Potiphar) vit que Hachem était avec lui" (Vayéchev 39,3) ;
Rachi explique : "Le nom de Hachem sortait fréquemment de sa bouche".
- Yossef leur dit [à l'échanson et au panetier] : Les interprétations ne sont-elles pas à D.?" (Vayéchev 40,8) ;
Le Radak de commenter : "Racontez-moi votre rêve, peut-être que D. me donnera-t-Il la sagesse nécessaire pour le comprendre".
- "Yossef dit à Pharaon : C'est au-dessus de moi ; c'est D. Qui répondra du bien-être de Pharaon" (Vayéchev 41,16).
Rachi de dire : "La sagesse n’est pas de moi, mais "c’est D. (Elokim) qui donnera une réponse". Il mettra dans ma bouche la réponse qui "donnera la paix à Pharaon"."

=>Yossef ne révélait pas les miracles évidents, mais plutôt ceux qui sont dissimulés, et dont l'homme peut facilement voler la vedette à Hachem.
Yossef non seulement était certain que c'est D. qui contrôle toute la nature, mais il enseignait cette idée à d'autres.

Le rav Nevenzahl dit que cela peut expliquer le lien entres les 2 notions abordées dans la guémara ci-dessus.
Une bougie de la 'hanoukia allumée à une hauteur supérieure de 20 amot n'est pas valable, car elle est trop haute pour rendre convenablement public du miracle.
Juste ensuite, la guémara parle du puits dans lequel Yossef a été jeté, et dont il a pu être sauvé des serpents par son attitude de toujours publier autour de lui les miracles cachés de la nature, la totale implication de Hachem dans le monde.
=> Ainsi, de même qu'on ne pouvait pas voir Yossef a une profondeur de plus de 20 amot, de même on ne peut pas partager le miracle au-dessus d'une telle hauteur.

5 Questions/Réponses – Paracha Vayéchev

+ 5 Questions/Réponses - Paracha Vayéchev :

1°/ Le Tossafot haChalem fait remarquer que tous les versets de la paracha Vayéchev commencent par la lettre vav (ו), à l'exception de 8.
Quel autre livre du Tana'h partage cette particularité inhabituelle? Quel est le lien avec la paracha Vayéchev?

-> Le Tossafot haChalem répond qu'à la fois la paracha Vayéchev et à la fois la méguilat Ruth, ont en commun d'avoir tous leurs versets commençant par un "vav", à l'exception de 8.
Cela est en relation avec les pleurs, les cris de : וי וי [en yiddish : vé - וויי est l'expression de la souffrance (oh vey!).]

La paracha Vayéchev est remplie de tragédies, comme la vente de Yossef, les morts de Er et Onan, et ainsi que l'emprisonnement de Yossef.
De façon similaire, la méguilat Ruth discute d'une génération dans laquelle les dirigeants étaient corrompus : cela commence par les morts de Elimélé'h, de Ma'hlon et de Kilyon, et aborde également la situation difficile de Ruth.

De façon remarquable, les 8 versets qui ne commencent pas par la lettre "vav", correspondent aux événements positifs qui s'y trouvent (dans Vayéchev et méguilat Ruth).

-> Rav Matis Bloum (Torah léDaat vol.9) ajoute quelques autres parallèles.

Les 2 (Vayéchev et méguilat Ruth) parlent de grands dirigeants : Yéhouda et Eliméle'h, qui avaient chacun 2 enfants : Er et Onan (pour Yéhouda), Ma'hlon et Kilyon (pour Elimélé'h), qui sont tous morts en raison de leurs fautes.

De plus, dans chacun des cas, des efforts inhabituels ont été entrepris afin de perpétuer le nom des morts par le biais d'une forme atypique de yiboum :
- D'un côté, Tamar va se déguiser comme une prostituée afin d'avoir une relation avec son beau-père Yéhouda.
- D'un autre côte, à la fin des récoltes, Ruth va s’allonger aux pieds de Boaz, alors qu’il dort profondément, en lui découvrant le bas des pieds, et après s’être enduite d’huile parfumée, de s’être revêtue de ses habits de Shabbath, et de s’être parer de ses bijoux. [c'est comme cela que Naomie voulait provoquer la rencontre des 2]

De façon incroyable, chacune de ces situations atypiques va entraîner la continuation de la lignée d'ancêtres menant au roi David, et ensuite au Machia'h.
C'est ainsi que ces 8 versets ne commençant pas par la lettre "vav", font allusion aux 8 générations allant de Yéhouda à Boaz.

En effet :
-> "Elle [Tamar] accoucha, que voici des jumeaux ... il [Yéhouda] l'appela Pérets ... il l'appela Zara'h" (Vayéchev 38,27-30)
-> "Voici les générations de Pérets : Pérets engendra 'Hétsron ... engendra Ram ... engendra Aminadav ... engendra Na'hchon ... engendra Chalma ... engendra Boaz ... engendra Ovéd ... Yissaï ... engendra (le roi) David." (méguilat Ruth 4,18-22)

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2°/ "Ses frères lui dirent : "Régnerais-tu donc sur nous? Nous dominerais-tu donc?" Et ils le haïrent encore plus à cause de ses rêves et à cause de ses paroles. Il fit encore un autre rêve et le raconta à ses frères" (37,8-10)

=> Pourquoi Yossef leur a-t-il raconté son 2e rêve, dans lequel "11 étoiles se prosternaient devant moi" (v.9), au lieu de le garder pour lui même (évitant ainsi d'éveiller davantage de jalousie et de haine)?

-> Le Moshav Zékénim est d'avis que les rêves de Yossef étaient une forme de prophétie, et la michna (Sanhédrin 11,5) statue qu'une personne qui va garder pour elle sa prophétie, refusant de la partager avec d'autres est passible de mourir.
Ainsi, Yossef a raisonné qu'il valait mieux partager ses prophéties avec ses frères, et prendre le risque d'éventuelles répercutions liées à leur jalousie, plutôt que de taire ses prophéties devenant alors assuré d'être puni du Ciel.
[Le Haémek Davar (Mikets 42,9) dit également que Yossef se rendait compte que ses rêves étaient de nature prophétique, et par conséquent il avait l'obligation de communiquer cette prophétie à ceux qu'elle concernent (ses frères), car sinon selon la guémara (Sanhédrin 89a) il commettait une faute capitale.
(d'ailleurs Rachi y rapporte l'histoire du prophète Yona qui s'est enfui de la terre d'Israël pour ne pas avoir à communiquer sa prophétie).]

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch répond que Yossef espérait qu'en racontant ses rêves à ses frères, cela leur montrerait qu'ils auront véritablement besoin de son aide ultérieurement.
Puisque qu'ils auront besoin de lui dans le futur, ils devront donc éviter de lui témoigner de la haine d'ici là, afin de ne pas prendre le risque qu'il ne se venge lorsqu'ils auront besoin de lui.

Par cela, il espérait également leur signifier que sa supériorité sur eux, a été décrétée du Ciel, ce qui fait qu'ils ne doivent pas ressentir que leur père Yaakov témoigne d'un traitement de faveur envers lui.

-> La guémara (Béra'hot 55b) enseigne que la signification d'un rêve est déterminée par l'interprétation qu'en font ceux qui l'ont écoutée.
La guémara conseille de raconter ses rêves à ses amis, afin qu'ils lui donnent une explication positive.

C'est pourquoi Yossef a dit ses rêves à ses frères, dans un but de leur montrer qu'ils les aimaient et avaient confiance en eux, au point de laisser entre leurs mains l’interprétation de ses rêves.

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3°/ Après que la femme de Potiphar ait accusé à tord Yossef, du fait qu'il a essayé de la violer, "la colère [de son mari] s'enflamma" (v.39,19).
Nos Sages disent que s'il s'était conformé aux principes de la société égyptienne, Potiphar aurait mis son esclave à mort.
=> Qu'est-ce qui a défendu Yaakov, le sauvant d'une mort certaine?

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 146) relate que lorsque Potiphar a entendu les allégations de sa femme envers Yossef, il a voulu le tuer, jusqu'à ce que sa fille Osnat vienne au secours de Yossef en lui disant secrètement ce qui s'est réellement passé.

Par son mérite d'avoir sauvé la vie de Yossef, Hachem a déclaré que les 2 tribus qui devaient émerger de Yossef (Efraïm et Ménaché) viendrait par Osnat, puisqu'elle va finalement se marier avec Yossef (Mikets 41,50).

Précision : Le Daat Zékénim nous enseigne que lorsque Shé'hem a "souillé" Dina, fille de Yaakov, cette dernière est tombée enceinte d'une fille, qui va être envoyée au loin jusqu'à arriver par les miracles de la providence divine en Egypte. Là-bas, elle sera connue sous le nom de Osnat, et elle se mariera avec son oncle Yossef.
Selon le midrach (Yalkout Chimoni Vayichla'h 134), l'épouse de Potiphar était stérile.
[la Torah emploie : "Osnat fille de Potiphar". Est-ce pour garder l'honneur d'Osnat au regard des conditions dans lesquelles elle a été conçue? Est-ce pour dire que ce couple de la bourgeoisie égyptienne l'a élevé depuis son plus jeûne âge, à l'image d'une fille adoptive?]

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-> Le 'Hizkouni (39,20) écrit que l'ange Gavriel est apparu sous l'apparence d'un être humain, et a suggéré qu'il fallait examiner quel vêtement a été déchiré.
- Si c'est les habits de la femme de Potiphar qui ont été déchirés, alors cela vient conforter sa version des faits : que Yossef a tenté de l'agresser (d'où une déchirure sur ses vêtements à elle).
- A l'inverse, si c'est les habits de Yossef qui ont été déchirés, cela témoigne que c'est elle qui a initié l'incident, et donc que sa demande lui a été refusée (les déchirures sur les vêtements de Yossef témoignent de son insistance).

Cette proposition a été acceptée, et lorsqu'il a été découvert que c'était l'habit de Yossef qui a été arraché (v.39,12), on lui a alors épargné son exécution à mort.
Cependant, en même temps, afin de protéger la dignité de la femme de Potiphar, et pour qu'elle ne soit pas connue publiquement comme une menteuse, Yossef ne pouvait pas être libéré immédiatement, devant aller en prison.

[Abarbanel (v.39,20) rapporte que c'est Potiphar lui-même qui l'a accompagné personnellement en prison, ce qui montre sa profonde estime pour lui! ]

-> Selon le 'Hida (se basant sur le Séfer haYachar), lorsque sa femme a accusé Yossef d’avoir tenté de la séduire, Potiphar est devenu fou de rage et a décidé de le tuer.
Hachem a alors réalisé un miracle : un enfant dans son lit de bébé a commencé à parler, et a révélé qu’en réalité c’était la femme de Potiphar qui avait essayé de séduire Yossef.
Potiphar et son foyer ont été témoins de ce grand miracle, et ont pris conscience de la réalité.
Ils ont alors laissé Yossef en vie, mais afin de préserver leur honneur, ils l’ont condamné à de l’emprisonnement.

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4°/ "Yéhouda dit : "Faites-là sortir et qu'elle [Tamar] soit brûlée!" (Vayéchev 38,24)

=> Est-ce que Yéhouda comptait la brûler entièrement?

-> NON :
Le Baal haTourim et le Panéa'h Raza (sur 38,24), citant le rav Yéhouda ha'Hassid, sont d'avis que Yéhouda n'avait pas l'intention de la brûler vivante et de la tuer, mais plutôt de lui graver au feu une marque sur sa joue, comme signe qu'elle a été engagée dans des relations interdites.

-> OUI :
D'autres commentateurs, comme le rav Its'hak Katz (beau-fils du Maharal), et le rav Sim'ha Zissel Broide, rapportent la guémara (Sotah 10b) qui tire de la volonté de Tamar d'être prête à se faire tuer plutôt que de faire honte à Yéhouda, qu'une personne doit préférer se jeter dans une fournaise ardente plutôt que d'humilier son prochain en public.
La guémara ajoute qu'une voix venue du Ciel (bat kol) a proclamé, que par le mérite de Yéhouda annulant son décret et épargnant Tamar ainsi que ses 2 garçons qui étaient alors dans son ventre, de brûler jusqu'à la mort, Hachem va de la même façon épargner 3 des futurs descendants de Yéhouda : 'Hanania, Michaël et Azaria, de mourir brûlés par le feu.
Ces affirmations indiquent que le plan de Yéhouda était véritablement de brûler Tamar, et pas uniquement de la marquer comme une immorale prostituée.

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5°/ Le midrach (michlé 1) nous enseigne que les 10 martyrs du peuple juif (assara arougué malkhout), sont morts pour expier la faute de la vente de Yossef ("vendons-le" - Vayéchev 37,27).

=> Puisque Réouven et Binyamin n'étaient pas présents au moment où Yossef a été vendu, il n'y avait alors que 9 frères qui ont participé à cette vente. Pourquoi 10 éminents rabbanim ont-ils alors été tués, au lieu de 9?

-> Rabbénou Bé'hayé suggère que le 10e Sage qui a été puni, est à mettre en correspondance avec Yossef.
En effet, puisque Yossef s'est conduit d'une manière arrogante envers ses frères, encourageant leur jalousie et leur colère à son égard, il était partiellement responsable d'avoir causé sa vente.

-> Selon un autre avis, le 10e était Réouven, non pas à cause de la vente de Yossef dont il n'avait pas pris part, mais en raison de sa faute lorsqu'il a déplacé le lit de Yaakov : de la tente de Bilha dans la tente de sa mère Léa (v.35,22 ; guémara Shabbath 55b).

[tous les frères ont fait une téchouva totale sur leur faute, mais en raison du fait qu'ils étaient tous égaux à un niveau exceptionnellement élevé, il restait une petite réparation nécessaire par la mort des 10 martyrs.
D. jugeant les tsadikim selon l'épaisseur d'un cheveu ...]

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-> Le Méam Loez (Vayéchev 39,21-23) écrit à ce sujet :
Tant que les fils de Yaakov vécurent, ils ne furent pas punis pour la vente de Yossef. L'ange accusateur Samaël, craignait de les dénoncer de leur vivant, tant ils étaient respectables.
[...]
Après leur mort, il dénonça au tribunal Céleste que leur crime n'était pas expié, et ce même si Yossef se réconcilia avec eux.
C'est pourquoi à l'époque de la destruction du 2e Temple, on décréta que 10 des plus grands Sages d'alors, seraient remis aux mains de Rome (Edom).
Les âmes des fils de Yaakov furent enlevées du paradis, et placées dans le corps des 10 sages voués au martyr.
[...]
La principale raison de la sévérité de ce décret repose sur l'émission séminale vaine de Yossef.
En effet, ce dernier était destiné à engendrer 12 tribus, comme son père. Mais à cause de 10 gouttes de semence, 10 tribus lui furent retirées, et il n'en engendra que 2 : Ménaché et Efraïm.
Pour la même raison, le décret concernant les 10 martyrs fut scellé.

L'autre motif de ce décret provient des 10 façons dont les frères tourmentèrent Yossef, et on peut citer :
1°/ ils lancèrent leurs chiens dans l'intention de le tuer ;
2°/ ils le dépouillèrent de ses vêtements (avant de le jeter dans le puits) [la tunique et le vêtement que Yossef mettait dessus pour la cacher.] ;
3°/ ils le jetèrent dans le puits ;
4°/ ils le vendirent aux Ismaélites ;
5°/ les Ismaélites le cédèrent aux Midianites ;
6°/ il fut battu tout le long de la route ;
7°/ il fut à nouveau vendu en Egypte ;
8°/ il fut tourmenté par la femme de Potiphar ;
9°/ Potiphar le mit en prison, où il demeura 12 ans.

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-> Selon le Zohar, le Arizal (Chaar haGuilgoulim) explique que les 10 martyrs de l'époque du Talmud sont une conséquence directe de l'épisode de Yossef avec l'épouse de son maître, car bien qu'il n'ait pas fauté, néanmoins Yossef perdit 10 gouttes de semence, une à chacun des doigts de sa main.

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-> Il existe plusieurs liens entre la vente de Yossef et Yom Kippour.
En ce jour, nous lisons l’histoire des Dix Martyrs (Harougué Malkhout), dont la mort vint expier la vente de Yossef. De plus, les kabbalistes enseignent que l’interdit de porter des chaussures en cuir durant Yom Kippour, est lié au fait que les frères s’achetèrent des chaussures avec l’argent obtenu lors de la vente.
Enfin, le Rambam (Hilkhot Téchouva 2,8) compare le Vidouï que nous récitons à Kippour avec les mots employés par les frères : "Aval Achémim Ana’hnou" (Mais nous sommes coupables - Mikets 42,21).
[rav Yissa'har Frand]

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-> On a vu (midrach Tan'houma Michlé 1) que les 10 martyrs étaient les réincarnations des pères des chévatim, et que par leur mort, ils ont expié cet acte de vente de Yossef.
S'il avait tord d'agir ainsi, comment comprendre que Hachem s'est associé à leur serment (pour arriver au 10 personnes nécessaires à un 'hérem), comme le rapporte le midrach (Tan'houma Vayéchev 2)?

Tout d'abord la punition que les frères ont infligée à Yossef se justifiait par le fait, qu'à son niveau, il était passible de mort. En effet, il avait pris à son compte un rêve qui portait atteinte au respect des parents (ses parents se prosternaient devant lui), et de plus il s'était rebellé contre la royauté de Yéhouda.
Enfin, il avait calomnié ses frères devant son père.
Ces derniers ont donc été pointilleux avec lui et l'ont condamné à mort.
En les entendant discuter de son jugement, Yossef l'a accepté, car il savait qu'il méritait ce verdict. En effet, Hachem se montre exigeant avec les tsadikim sur l'épaisseur d'un cheveu.
C'est pourquoi Hachem s'est associé à leur serment, puisqu'Il a vu que leur jugement était juste, et que même Yossef l'a accepté. De plus, maintenant qu'il était en détresse et en souffrance, il a procédé à un examen de conscience et s'est rendu compte à quel point il aurait dû surveiller ses paroles.
[selon nos Sages (rapporté dans le Séder haDorot), en chemin Yossef a arrêté la caravane des Ichmaélites pour se recueillir sur la tombe de sa mère. Là, il a entendu la voix de Ra'hél lui recommander de reconnaître le jugement et de l'accepter sans hésitation.]

De plus, nos Sages (guémara Sotah 36b) racontent au sujet de l'épisode avec la femme de Potiphar, que son père lui était apparu en disant : "Yossef, les noms de tes frères ainsi que le tien sont destinés à être inscrits sur les pierres du éphod à l'avenir. Veux-tu que ton nom en soit effacé?"
En apprenant que les noms de ses frères étaient censés apparaître sur les pierres du éphod, Yossef a compris qu'ils étaient innocents, car sinon, ils n'auraient jamais mérité d'atteindre un tel niveau.
Pourtant, à ce moment-là, Yossef éprouvait encore [un résidu] de colère contre ses frères pour le tort qu'ils lui avaient causé. Un petit instant aurait suffi pour qu'il désespère. C'est pourquoi il a fallu que son père lui apparaisse pour l'encourager et le dissuader de tomber dans le désespoir et la faute.
Cet encouragement lui a d'ailleurs permis de se révéler [à eux sans la moindre rancune], et de reconnaître la droiture exceptionnelle de ses frères, ne les aimant que davantage.

=> Mais alors pourquoi les frères ont-ils tout de même été punis?
Même si les frères avaient raison, ils auraient dû alléger la punition de Yossef en le voyant pleurer sur son triste sort. Ils auraient dû adoucir leur verdict, ne pas le jeter dans un puits plein de serpents ni le vendre comme esclave, mais plutôt se conduire avec lui comme un père miséricordieux qui continue de frapper son fils, mais avec modération, en réduisant la punition qu'il aurait pensé donner, et ce face à son fils implorant/pleurant son pardon.

[les 10 martyrs ont connu des morts atroces, comme si leur Père au Ciel (Hachem) n'entendait pas leur atroce douleur, et d'une certaine façon cela est venu réparer la faute des frères de ne pas avoir écouter la grande douleur de leur frère Yossef.
- On peut citer rabbi Yichmaël à qui l'on arracha vivant la peau du visage, et en arrivant à l'emplacement des téfilin, il lança un cri terrifiant. Ensuite on lui coupa la tête.
- Ou bien également le cas de rabbi Akiva, dont les bourreaux commencèrent à lui arracher la chair avec des fourches métalliques, jusqu'à ce qu'il meure en prononçant le mot "é'had" du Shéma.
D'ailleurs c'était tellement incompréhensible qu'à ce moment, tous les anges se plaignirent devant Hachem : "Est-ce là la Torah et sa récompense?"
[Le Arizal explique que rabbi Akiva a enduré les pires souffrances, car il était la réincarnation de Shimon, qui a encouragé ses frères à tuer Yossef, en disant : "Venez et tuons-le!" (cf. Rachi Vayé'hi 49,5)]
- Ou bien encore rabbi 'Hanina qui a été attaché à un poteau, entouré de fagots de bois, et les bourreaux lui placèrent des tampons de laine sur sa poitrine de sorte qu'il ne meure pas trop vite. En effet, les romains voulaient le voir souffrir brûlé par le feu.
- Ou encore : rabbi El'azar ben Chamoua qui fut tué un vendredi soir, au moment où il récitait le Kiddouch, et un romain lui coupa la tête d'un seul coup d'épée avant la fin de la bénédiction.]

[b'h, pour d'autres réflexions sur l'attitude des frères, voir également : http://todahm.com/2018/12/09/7728 ]

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-> Selon le Arizal, la mort de rabbi Akiva devait expier la faute de Chimon.
De même que rabbi Akiva était le plus grand Sage parmi les 10 Martyrs, Chimon a eu le plus d'influence dans la vente de Yossef.
[le nom de ce Sages, Akiva ben Yossef, évoque que son sort a été déterminé par ce qui est arrivé à Yossef.]

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-> "Hachem est sévère avec son entourage dans les plus infimes détails"
[guémara Yébamot 121b]

-> "Voici mon D. et je l'embellirai (anvéhou)" (Chémot 15,2), il faut être semblable à Lui (ani véhou).
De même qu'il est bon et miséricordieux, toi aussi sois bon et miséricordieux. Et quiconque ne l'est pas s'écarte des qualités de D.
[guémara Shabbath 133b]

Le jour d’anniversaire

"Chaque année, le jour de notre naissance, notre mazal est fort et couronné de succès.
[Par exemple, ] Le jour du 18e anniversaire de rav Elazar ben Azarya, un miracle s'est produit et 18 rangées de cheveux blancs ont poussé sur sa tête, comme il sied à son statut [de Nassi, président du Sanhédrin].

Par conséquent, c'est une coutume de faire de son jour d'anniversaire un Yom Tov pour soi-même."

[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Béra'hot 28a]
[ "Le 3e jour, jour d'anniversaire de Pharaon" (Vayéchev 40,20)]

[ainsi selon le Ben Ich 'Haï, le jour d'anniversaire d'un homme est un jour favorable, propice à sa réussite, c'est pourquoi il est considéré comme un jour de fête personnel.]

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-> Le Ben Ich 'Haï (paracha Réé - Halakha 17) enseigne également que la joie ressentie durant ce jour doit être suite aux sentiments de reconnaissance envers Hachem de nous avoir donné la possibilité de vivre afin d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah.

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-> La guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 3,8) affirme : "le jour d'anniversaire d'une personne, son mazal est renforcé".

-> La guémara (Méguila 13b) dit que le mérite de l'anniversaire de Moché Rabbénou a sauvé le peuple juif du complot diabolique d'Haman.

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-> La naissance est la façon dont D. affirme : "Tu es important".
L'anniversaire est Sa façon à Lui de te le rappeler.
[pensée 'hassidique]

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-> L'anniversaire, on célèbre le jour où nous sommes nés. Ce jour sans lequel le monde n'aurait pas pu exister sans nous. Nous avons un apport unique à y faire.
[à l'inverse, la réincarnation indique que puisque nous n'avons pas accompli notre tâche, alors nous devons être réincarné, car personne d'autre que nous ne peut la faire]

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Le mazal d'un homme brille et se révèle dans toute sa force le jour de son anniversaire.
C'est l'occasion d'établir un bilan moral, de prendre de bonnes décisions pour réparer le passé afin de préparer l'avenir.
Ce jour nous offre le pouvoir de bénir.

[Rabbi de Loubavitch]

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-> On allume une bougie de plus à chaque anniversaire afin de nous pousser à s'interroger : est-ce que tu as ajouté de la lumière à ton monde intérieur et environnant?
La bougie allumée renvoie à notre âme, que nous devons illuminer par nos actions (ex: torat or).
Nous devons également savoir apprécier ce qui illumine notre vie = savoir dire merci à nos parents, amis, à Hachem, ... [apprécier notre situation et ce que l'on a dans la vie, plutôt que d'être dans l'obscurité en se focalisant sur ce qu'on aimerait avoir!]
La bougie d'anniversaire renvoie également à la bougie qu'on allumera après notre mort en notre mémoire = ainsi la bougie de notre anniversaire doit nous faire prendre conscience que la vie passe vite!  [je fête le fait d'être encore en vie, pour réparer (téchouva) et pouvoir réaliser encore tellement de belles choses!]
[pensées issues d'un cours du rav David Touitou]

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-> Le jour de notre anniversaire est prédisposé au succès et à un bon mazal :
La guémara (Béra'hot 28a) rapporte que le jour où Rabbi El'azar ben Azaria a atteint le poste de Nassi, il était âgé de 18 ans, et il y a eu un miracle : 18 rangées de ses cheveux sont devenus blancs.
[il n'aurait pas été convenable qu'il soit à la tête des Sages (certains âgés) sans avoir des signes de vieillesse.]

La guémara emploie l'expression : "aou yoma" (ce jour-là - הָהוּא יוֹמָא) pour désigner ce jour où ce miracle se produit. Mais quel jour si particulier était-ce?

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 28a) est d'avis que la guémara utilise cette expression pour expliquer pourquoi rabbi El'azar ben Azaria méritait ce miracle précisément en ce jour : c'était celui de son anniversaire.
En effet, le jour de sa naissance, une personne a un mazal qui est fort, et c'est un moment propice où l'on peut obtenir des succès qui nous sont autrement impossibles.
Rabbi El'azar ben Azaria a mérité un miracle car c'était son anniversaire.

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-> Rabbi Tsadok haCohen est l'auteur d'un livre de 'hidouchim qui lui ont été révélés dans ses rêves.
Il y écrit (קונטרוס דברי חלומות אות ה) : "Le mazal d'une personne est le plus fort le jour de son anniversaire, et c'est le jour où il n'a rien à craindre".

"Yaakov demeura dans le pays du séjour de son père" (Vayéchev 37,1)

-> Le 'Hida affirme que le mot : "vayéchev" (demeura) nous témoigne de la grandeur de Yaakov.
Comment cela?

Ce mot (וַיֵּשֶׁב) est constitué de la 2e lettre de chacune de ses épreuves majeures :
- Yossef (יוסף) => le ו ;
- Dina (דינה) => le י ;
- Essav (עשו) => le ש ;
- Lavan (לבן) => le ב.

Malgré avoir subi de nombreuses souffrances, son état d'esprit n'en a jamais été brisé et il n'a jamais abandonné. Plutôt, il était "vayéchev, " = "il demeura" fixe dans sa confiance en Hachem.

Le 'Hida conclut : c'est par le mérite de sa confiance qu'il a été libéré de toutes ses difficultés.

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-> Rachi : au terme d'un long exil, Yaakov espérait enfin s'installer en toute tranquillité, mais les tourments de la disparition de Yossef se sont abattus sur lui.

-> Le Kli Yakar nous enseigne que Hachem désirait raccourcir la durée pendant laquelle les juifs resteraient en exil.
A cette fin, Il commença par compter les années d'exil à partir du moment où Avraham et Its'hak se déplaceraient de place en place durant leur vie.

Ainsi, si Yaakov avait vécu tranquillement de la façon dont il le voulait, les années de sa vie n'auraient pas pu compter parmi celles de l'exil, entraînant que les juifs devraient rester davantage d'années en Egypte.
=> C'est pour cela que Yaakov a enduré les souffrances de la vente de Yossef.

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-> Comme les tsadikim craignent constamment que la faute n'ait provoqué une perte de leur part dans le monde à venir, automatiquement il leur manque quelque chose dans ce monde-ci, car la peur ne les laisse pas installés [tranquillement] dans la paix.
Ce n'était pas le cas de Yaakov, parce qu'il lui avait été donné un signe particulier : si tous ses fils étaient en vie, il lui était promis qu'il aurait le monde à venir, il n'avait donc aucune raison de s'inquiéter.
Ainsi, tant qu'un de ses fils ne mourait pas avant lui, il était en paix et sûr de son lot.

Quand il a cru que Yossef était mort, immédiatement "le malheur de Yossef l'a assailli", et il a commencé à se faire du souci pour sa part du monde à venir.
[d'après rabbi Akiva Eiger]

"Le maître échanson ne se souvient pas de Yossef, et il l'oublia" (Vayéchev 40,23)

=> S'il ne s'en souvient pas, c'est qu'il l'oublia. Que vient nous apprendre cette apparente répétition?

-> Selon Rachi, il ne s'en souvient pas = le jour où il fut libéré ; et l'oublia = par la suite.

-> Le Maharam d'Amshinov explique que : dès le moment où Yossef a fait sa demande au maître échanson, il a réalisé qu'il avait fauté en mettant sa confiance dans un être humain et non en Hachem.
Il a alors prié à D. pour que le maître oublie totalement sa demande.

C'est ce qui arriva : "il ne se souvient pas ... et il l'oublia" = à la fois le jour où il fut libéré, et à la fois après, suite à la prière de Yossef.

-> Selon le 'Hidouché haRim, on peut expliquer que le sujet de l’expression : "il l’oublia", n’est pas le maître échanson, mais plutôt Yossef.
En effet, de son côté, "le maître échanson ne se rappela pas de Yossef", et donc ne parla pas de lui à Pharaon pour le libérer de la prison.
Mais, en parallèle, Yossef aussi "l’oublia" : il oublia le maître échanson et écarta complètement de son esprit le souvenir du maître échanson et l’espoir qu’il intervienne en sa faveur pour l’aider à sortir de prison. Il n’attendait pas après lui et ne se posa jamais la question de savoir avec impatience quand interviendra-t-il pour lui.
Il retira sa confiance du maître échanson et plaça son espoir uniquement sur Hachem, conscient que seul Lui pourra le sauver.

-> Le midrach Sechel Tov (Béréchit) enseigne à ce sujet :
"il l'oublia" = en réalité, le maître échanson avait fait des nœuds à son habit afin de se rappeler de mentionner Yossef à Pharaon, mais un ange est venu et a retiré ces signes en défaisant ses nœuds.
Il est écrit dans les Téhilim (105,20) : "chala'h mélé'h vayatiréou" (Le Roi l'envoya et il l'a délié) = le Roi des rois a envoyé un ange afin de délier ses nœuds.

Dès l'instant où est arrivé son moment de sortir de prison, Hachem a dit au maître échanson : Même si tu as oublié Yossef, Je ne l'ai pas. Maintenant, je te le rappelle.

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-> Hachem dit [comme s'il s'adressait à l'échanson] : "Je ne désire pas que tu assures la libération de Yossef. C'est un tsadik, et je veille sur lui moi-même"
[Yéfé Toar]

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-> Rachi explique que Yossef resta 2 années supplémentaires en prison du fait qu'il a placé sa confiance dans le maître échanson (en lui demandant à 2 reprises de se souvenir de lui : "Que tu te souviens de moi ... parle de moi à Pharaon et fais moi sortir de cette demeure" (v.40,14)).

=> Mais en quoi était-il fautif? En effet, même si on a confiance en Hachem, il convient malgré tout d'entreprendre des démarches naturels pour obtenir ce que l'on souhaite?

En réalité, certes il faut user de voies naturelles, mais, on ne doit le faire qu'au moment où le besoin se présente. Le fait de préparer des circonstances naturelles avant que se présente le besoin exprime un manque de confiance en Hachem, qui entraîne une inquiétude qui le pousse à préparer à l'avance sa solution.
Dans son interprétation, Yossef annonça au maître échanson qu'il serait libéré dans 3 jours. Ainsi, Yossef avait encore du temps devant lui et il aurait dû attendre le 3e jour pour lui demander de l'aide.
=> Il s'y prit 2 jours trop tôt, et il en fut sanctionné et dût rester encore 2 ans supplémentaires en prison, un an pour chaque jour.
[Imré Shéfer]

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-> Lorsque Yossef interprète le rêve du maître échanson, il lui dit : "Dans 3 jours, Pharaon t'appellera à lui et te ramènera à ton poste et tu donneras la coupe de Pharaon dans sa main comme avant ... Et si tu te rappelles de moi quand tu seras heureux, rends-moi, de grâce, un service : parle à moi à Pharaon et fais-moi sortir de cette demeure" (Vayéchev 40,13-14)

-> Rabbi Akiva Eiger demande pourquoi Yossef précise : "Et tu donneras la coupe de Pharaon dans sa main comme avant", alors qu'il a déjà dit : "Il te ramènera à ton poste"?

Yossef a voulu expliquer ici au maître échanson : "Tu es convaincu que tu es en prison parce qu'il y avait une mouche dans la coupe de Pharaon. C'est pourquoi, lorsque tu sortiras enfin d'ici, tu redoubleras d'attention lorsque tu serviras Pharaon : tu rinceras la coupe plusieurs fois, tu la protégeras de toutes poussière extérieur. Mais c'est une erreur!
Tu peux continuer à te comporter "comme avant" et rincer la coupe comme d'habitude, car ta présence en prison n'est pas le résultat de ta maladresse, mais la volonté d'Hachem pour que tu puisses parler de moi à Pharaon!"

[Hachem aime tellement entendre la voix de notre cœur, que l'on se tourne vers Lui en prières, que si on ne le fait pas spontanément lorsque tout va bien, alors Il peut nous envoyer des difficultés pour nous pousser à le faire.
En ce sens, on ne prie pas pour faire disparaître une situation désagréable, mais on a une telle situation pour nous amener à prier.
De même, si on prend soin de ses vêtements et que quand même on a perdu de l'argent (ou autre) à cause d'un trou dans notre poche : c'est pas le trou qui a causé la perte de l'argent, mais le décret de D. qu'on devait perdre cet argent qui a causé un trou dans notre poche.
Absolument rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem en ce sens!]

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-> 2 années de prison ont été ajoutées à Yossef, parce qu'il avait dit : si tu te rappelles de moi, parle de moi.
=> Rabbi 'Haïm de Brisk a une fois demandé à rabbi Chimon Schkop : Qu'est-ce qui se serait passé, si Yossef avait utilisé uniquement un seul mot (ex: parle de moi)?

Rabbi Chimon Schkop répondit que si pour avoir utilisé 2 expressions, on lui avait ajouté 2 ans, il paraît logique de penser que pour une seule, on lui aurait ajouté un an ...
Cependant, rabbi 'Haïm de Brisk répliqua que cela ne marche pas comme ça. En effet, s'il avait utilisé une seulement expression, on n'aurait rien ajouté à Yossef, même pas un an, parce que l'homme a le devoir de faire des efforts.
Et dire un seul mot, il se peut que cela compte comme l'effort qu'on doit faire ... c'est seulement quand il a rajouté un 2e mot que le 1er aussi a perdu son statut d'effort obligatoire, et qu'alors on lui a ajouté 2 années d'un seul coup, en incluant la 1ere expression.

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-> b'h, cf. également "Yossef et la hichtadlout" : http://todahm.com/2018/12/25/7827

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-> Yossef n'aspirait pas à obtenir un privilège personnel. En réalité, la femme de Potiphar venait encore le harceler chaque jour (même ne prison!), et il désirait "sortir de cette demeure" afin de lui échapper.
[Méam Loez 40,14-15]

"Hachem était avec Yossef, et il devint un homme qui réussissait" (Vayéchev 39,2)

La guématria du nom Yaakov (יעקב) est de 182, et correspond à 7 fois le nom Divin (7*26).
Cela fait allusion aux 7 Séfirot, les aspects de la conduite divine ('Hessed, Guévoura, Tiféret, Nétsa'h, Od, Yessod et la Mal'hout), qui correspondent à leur tour aux 7 jours de la semaine.

Lorsque Hachem dit à Yaakov : "Et voici, Je suis avec toi ; Je te garderai partout où tu iras" (Vayétsé 28,15), Il lui révèle le message suivant : "Puisque 7 de Mes Noms sont contenus dans ton nom, je vais te garder et Je serais "avec toi" pendant les 7 jours de la semaine".

En revanche, la guématria de Yossef (יוסף) est de 156, ce qui est équivalent à 6 fois le Nom de Hachem (6*26).
Cela correspond aux 6 jours de la semaine, Yossef n'ayant pas le Nom Divin pour le Shabbath.

Afin de lui fournir une protection contre la faute pendant le Shabbath, Hachem a ajouté une fois supplémentaire, Son Nom à celui de Yossef, comme le dit le verset : "Hachem était avec Yossef".

=> Une fois que cela a eu lieu : "il devint un homme" (vayéhi ich - וַיְהִי אִישׁ), et le mot ich (homme - אִישׁ) est l'acronyme de : ét yom Shabbath (le jour du Shabbath), et c'est alors : "qu'il réussissait (dans toute la semaine - matslia'h)".

[le Ben Ich 'Haï]

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-> Rabbi Yossi dit : la Présence Divine suit et n'abandonne pas les tsadikim où qu'ils aillent.
Yossef a été conduit en Egypte, la vallée des ténèbres, mais la Présence Divine l'accompagnait.

C'est ce que dit le verset : "D. fut avec Yossef" = puisque la Présence Divine était avec lui, tout ce qu'il entreprenait réussissait.
Par exemple, s'il tenait déjà quelque chose dans sa main et que son maître le lui demandait sous une autre forme, alors l'objet se transformait afin de convenir à ce dernier.
Il est écrit : "Son maître a vu que D. était avec lui et qu'Il lui envoyait la réussite dans tout ce qu'il entreprenait (matslia'h béyado) = ce qu'il avait effectivement dans la main (yad).
De plus, il est écrit : "son maître a vu" et non "son maître a su" = il voyait de ses propres yeux les miracles qui se produisaient dans toute action et que D. accomplissait en faveur de Yossef.
[d'après le Zohar]

"Israël aimait Yossef plus que tous ses fils car il lui était un fils de la vieillesse, et il lui fit une tunique de fine laine" (Vayéchev 37,3)

-> Nos Sages (guémara Shabbath 10b) en tire la leçon suivante :
"Jamais un père ne doit faire de distinction entre ses fils, parce qu'à cause de la mesure de 2 Séla de laine pur qu'avait offerte Yaakov à Yossef de plus qu'à ses frères, ceux-ci conçurent de la jalousie pour lui, et les événements s’enchaînèrent jusqu'à ce que nos ancêtres descendirent en Egypte."

-> et également (guémara Shabbath 13) :
"Un père ne doit à aucun moment faire de distinction entre ses fils, pas même pour un bien de faible valeur, pour éviter de susciter de la jalousie entre eux."

-> Les Tossefot commente ce passage (Shabbath 10b):
"Bien qu'il ait été déjà annoncé auparavant [à Avraham] : "Ta postérité sera asservie et opprimée durant 400 ans" (Lé'h Lé'ha 15,13), l'oppression qu'elle subit aurait cependant été moindre si ces événements n'avaient pas eu lieu, de la même manière que les 400 ans décrétés débutèrent finalement dès la naissance d'Its'hak"

-> Le Maharam explique les Tossefot, en disant que tout comme le compte des 400 ans d'exil commença à la naissance d'Its'hak, ainsi l'exil décrété aurait très bien pu avoir lieu au pays de Canaan (en Israël).
Et dans ce cas, la servitude n'aurait pris corps concrètement qu'avec la dernière génération venant clore ces 400 années.

=> C'est donc bien à cause de la tunique à rayures que, par un concours de circonstances qui envoya Yossef en Egypte, l'exil débuta effectivement.

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-> Du fait que le décret d'exil ne précisait pas le lieu (il est écrit : "sur une terre qui n'est pas à eux" - Lé'h Lé'ha 15,13), et comme cet exil avait commencé sur la terre de Canaan depuis la naissance de Its'hak, il aurait dû logiquement se poursuivre sur la terre de Canaan durant les 400 années prévues.
Mais la préférence de Yaaakov et la jalousie des frères ont provoqué la transformation du décret de la terre de Canaan vers la terre d'Egypte, suite à la vente de Yossef en Egypte.
[...]

Le décret d'exil et d'oppression de Hachem à Avraham aurait dû être théorique, c'est-à-dire demeurer dans le Ciel sans se réaliser concrètement sur terre, conformément au verset (que l'on répète 12 fois à Kippour) : "Que Ta parole (dure), Hachem, se maintienne toujours dans les cieux" (léolam Hachem dévar'ha nitsav bachamaïm).
Cependant à cause de la préférence de Yaakov envers Yossef et la jalousie des frères, le décret d'exil est descendu depuis le Ciel pour se réaliser sur terre ; nos ancêtres ont donc dû descendre en Egypte.
De plus, les lettres du mot : "kin'a" (jalousie - קנאה) ont alors été réarrangées pour donner le mot : "néaka" (gémissement - נאקה) qui traduisait la dureté de cet exil.
[Ben Ich 'Haï - guémara Shabbath 10b]

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-> D'après le décret révélé à Avraham, l'exil prévu pour ses descendants aurait pu se produire ailleurs qu'en Egypte, dans un milieu moins hostile.
Cependant, du fait que les frères ont haï Yossef pour 2 sélaïm de lain, Hachem a agi mesure pour mesure en les amenant en Egypte où ils ont été haïs par les égyptiens.
[Iyoun Yaakov]

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+ Quelques raisons expliquant cette action de Yaakov :

-> Par ce geste, son intention était sans aucun doute de récompenser Yossef pour sa sagacité, puisque l'expression : "le fils de sa vieillesse", signifie selon Onkelos qu'il fut : "son fils le plus brillant".
Par ce présent, Yaakov souhaitait encourager ses autres fils à suivre l'exemple de Yossef conformément aux paroles de nos Sages : "La compétition entre les disciples amène la sagesse" (guémara Baba Batra 21a).

-> Le 'Hatam Sofer apporte l'explication suivante :
Rabbi 'Hiya demande : Pour quelle raison les Sages (talmidé 'hakhamim) de Babylonie se distinguaient-ils par des habits de rabbin spéciaux?

Rabbi Assi répond : c'est parce qu'ils n'étaient pas particulièrement versés dans la Torah.
S'ils ne se différenciaient pas en s'habillant différemment, ils n'auraient pas été respectés pour leur connaissance de la Torah.
[guémara Shabbath 145b]

Yaakov a enseigné à Yossef les secrets cachés de la Torah, et il ne voulait pas que les autres frères en deviennent jaloux.
C'est pourquoi, il a donné un habit spécial à Yossef, afin que les frères en viennent à penser que Yossef avait besoin (contrairement à eux) d'un vêtement spécial pour obtenir de la reconnaissance, car il n'était pas totalement compétent dans la Torah.

Yaakov essayait de réduire la jalousie des frères en montrant qu'il n'y avait aucune raison d'être jaloux, car ils étaient eux en réalité supérieur à Yossef.
Cependant, les frères ont vu derrière cela une relation spirituelle particulière entre leur père et Yossef, et ils l'ont davantage jalousé.

[Il est écrit dans le verset suivant (37,4) : "Ses frères virent que c'était lui que leur père aimait plus que tous ses frères, ils le prirent en haine et ils ne purent lui parler en paix".

Selon le Yichma'h Moché, lorsque les frères ont réalisé que leur père aimé davantage Yossef qu'eux, ils ont supposé que cela était ainsi car Yossef a mal parlé sur eux. Ils étaient convaincus que les intentions de Yossef étaient d'entraîner leur père à les détester, et c'est cela qui va entraîner leur haine à son égard.
Le Yichma'h Moché écrit ensuite : "Si les frères avaient parlé à Yossef, et lui avaient demandé d'expliquer pourquoi il parlait négativement sur eux, alors Yossef aurait pu expliquer que ses intentions étaient pures, ne souhaitant que leur bien ultime.
Si les frères avaient connu la raison derrière les paroles de Yossef à leur père, ils ne l'auraient pas haït."

Le Tiféret Yonathan note que si une confrontation verbale n'est pas faite (à tête reposée) avec la personne qui nous a fait du tord, alors il y aura une intensification de la haine.
[on peut voir que dans certaines familles, les membres se font la tête en général pour de petites incompréhensions qui ont pris de l'ampleur, le temps passant!]

Le Maharil Diskin enseigne que les frères n'étaient pas capables de parler en paix à Yossef, car ils pensaient qu'il les haïssait.

Le Noam Mégadim rapporte que Yossef était extrêmement modeste, n'étalant jamais sa grandeur. C'est pourquoi, ses frères en sont venus à le haïr car ils n'avaient pas conscience de ses énormes capacités puisqu'il les cachait. ]

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-> "Ses frères virent que c'est lui [Yossef] que leur père aimait, ils le haïrent et ne purent lui parler pour la paix" (v.37,4)
Nos Sages enseignent que celui qui prend congé d'un vivant doit lui dire : "Va pour la paix". Mais, s'il se sépare d'un mort, il dira : "Va en paix".
La Torah vient dire ici que les frères de Yossef le haïrent jusqu'à ne plus pouvoir lui dire les termes : "Va pour la paix", que l'on dit pour quelqu'un de vivant.
C'est ce que dit ici le verset en allusion : "Ils ne purent lui parler en lui disant : Va pour la paix".
[Gaon de Vilna]

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-> Selon le Kli Yakar, après que Réouven se fût discrédité en troublant la couche de son père Yaakov (35,22), ce dernier avait élevé son fils Yossef au rang de "premier-né" et lui avait confectionné la tunique, signe de la fonction qui serait désormais la sienne, puisque c'est au premier-né que revient la charge du service Divin qu'on accomplit revêtu d'une tunique.

-> Rachi (37,3) commente : les 4 lettres qui composent le mot passim (à rayures - פַּסִּים) préfigurent les malheurs qui atteindront Yossef : Potifar (pé), les marchands (so'harim – samé'h), les Yichmaélim (youd) et les Midyanim (mèm).

[c'est un vêtement spécial qu'il a reçu, en lien avec les épreuves spéciales qui l'attendront dans le futur!]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

C'est que la tunique [longue] atteignait la paume (pass) de sa main.
Autre explication : elle était des plus fines et des plus légères et pouvait tenir dans la paume (pass) de sa main.
Autre explication : ils ont tiré au sort ('hefissou) pour savoir lequel d'entre eux la ramènerait à son père et c'est Yéhouda qui a été désigné.
[le mot "passim" s'apparente à "payiss" (tirage au sort), car à de cette tunique, les frères tireront au sort lequel d'entre eux irait apporter la tunique ensanglantée à Yaakov. Le sort désigna Yéhouda]
[midrach Béréchit rabba 84,8]

-> Cette tunique avait de longues manches qui arrivaient jusqu'aux paumes (pass) des mains. Les manches longues, un signe de noblesse, évoquent ceux qui ne s'adonnent pas au travail manuel.
Cela renvoie au fait que Yossef restait au foyer paternel et n'allait pas travailler dans les champs.
[Méor Enaïm ; Maharzou]

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-> Yaakov a donné une même tunique à chacun des 11 frères et seule celle de Yossef se distinguait par un galon de fine laine au niveau des poignets.
Les frères n'ont donc jalousé que les 80 grammes de laine fine (2 séla'im) avec laquelle ont été confectionnées les extrémités des manches de la tunique de Yossef.
[Méromé Sadé]

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-> Selon certains commentateurs, cette tunique n'était autre que celle donnée par Essav à Yaakov, lors de la vente de son droit d'aînesse.
A l'origine, elle appartenait à Adam, et n'était transmise qu'à un fils premier-né.
Puisque Réouven avait perdu son droit d'aînesse à la suite d'une faute mineure (cf. Vayé'hi 49,4), ce vêtement fut remis à Yossef.
[Méam Loez - Vayéchev 37,4]

-> Rabbi Yaakov haCohen (Bekhor Yaakov) explique que selon nos Sages cette tunique était recouverte de desseins de toutes sortes d'animaux, et qu'elle avait le don de protéger [des animaux sauvages] quiconque la portait, et Yaakov faisait confiance à ce pouvoir protecteur en envoyant son fils.
C'est pourquoi les frères lui ont enlevé sa tunique pour qu'il soit à la merci des serpents qui étaient dans le puits où ils l'on jeté.

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-> La tunique avait une certaine ressemblance avec l'habit du Cohen Gadol.
Or, comme à l'origine, le service sacrificiel devait être assuré par le 1er né, Yaakov pensait que le droit d'aînesse devait revenir à Yossef et lui fit cadeau d'un vêtement rappelant celui du Cohen Gadol.
[c'est après la faute du Veau d'or que ce privilège passa aux Cohanim, de la famille de Lévi]

Puisque les vêtements sacerdotaux faisaient expiation pour la faute de lachon hara, alors les frères ont dépouillé Yossef de sa tunique [au moment de le jeter dans le puits] pour qu'elle ne puisse le protéger de la faute.
[le Yédei Moché]

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-> "kétonét passim" = une tunique à rayures. Quel est le sens de "rayures" (passim - פַּסִּים)?

-> Yaakov a fait à Yaakov une tunique rayée : passim (פסים) qui sont les mêmes lettres que : פס ים (pass yam - un tracée dans la mer), pour insinuer que cette tunique provoquera la haine des frères, [amenant la vente de Yossef, qui alla en Egypte où il surmonta l'épreuve avec la femme de Potiphar], ce qui entraînera finalement l'ouverture de la mer Rouge devant Israël, à leur sortie d'Egypte.
[en effet, le midrach (Tan'houma Vayéchev 9) sur "la mer a vue et s'est enfuie". Que vit-elle? Elle vit le cercueil de Yossef descendre vers la mer. Hachem dit : elle s'enfuira (la mer) devant celui qui s'est enfui (Yossef qui s'est enfui de la femme de son maître), comme il est dit : "Il s'enfuit et sortit dehors" Vayéchev 39,12).
De la même façon, la mer s'est enfuie de devant lui.]
[ainsi d'une certaine façon, la tunique rayée est ce qui permettra plus tard aux juifs de fuir les égyptiens en traversant la mer Rouge]
[...]

Toutefois, Tossefot (guémara Shabbath 10b) explique que si Yaakov n'avait pas donné de tunique à Yossef, nos pères seraient malgré tout descendus en Egypte. En effet, cela avait déjà été décrété par Hachem et annoncé à Avraham, comme il est écrit : "Il dit à Avram : sache que tes descendants seront étrangers dans une terre qui n'est pas eux, on les asservira et on les opprimera 400 ans".
Tossefot signale toutefois que s'il n'y avait pas eu de jalousie entre les fils de Yaakov, l'oppression et la souffrance auraient alors été moins sévères.

[...]
Le 'Hatam Sofer commente : "la tunique, donnée par Yaakov à son fils Yossef, a été faite avec le Nom haKadoch פסי'ם, qui est un Nom de protection, afin qu'aucune créature ne puisse le dominer".

De même, le Maor vaChémech écrit : "Sache que Yaakov a transmis à Yossef le Nom de 22 lettres, issu de la bénédiction des Cohanim, et particulièrement le Nom haKadoch פסי'ם, qui a la capacité de procurer la grâce et la protection.
C'est pour cela que Yaakov a confectionné une tunique "rayée" (passim - פסים) en ayant l'intention (kavana) d'unir et d'assembler les lettres du Nom haKadoch de 22 lettres".

La source de cet enseignement provient de Rabbénou Bé'hayé, qui écrit au nom du midrach :
"Il lui fit une tunique rayée" (Vayéchev 37,3) = Yaakov transmis le sod, c'est-à-dire le secret des 22 lettres ... cela signifie que Yaakov a paré Yossef de la connaissance de la sagesse du Nom Divin de 22 lettres, comme il l'avait lui-même appris de la bouche de Chem et Ever.
[ainsi d'après rabbénou Bé'hayé, on peut expliquer également la raison pour laquelle les tribus ont jalousé] Yossef par cette tunique rayée, car lorsque Yaakov l'a confectionnée pour Yossef, il lui transmit par cet acte le secret des 22 lettres qu'il avait appris de Chem et Ever.]
[...]

Le Maor vaChémech dit que la raison pour laquelle les tribus ont déshabillé Yossef lorsqu'ils l'ont vendu tient du fait qu'ils ne pouvaient absolument pas le vendre tant qu'il en était revêtu ; car en effet, ce vêtement confectionné par Yaakov son père portait des Noms kédochim (saints) qui le protégeaient de toute mauvaise chose.
[...]

Le rav Shalom de Belz enseigne :
Il est vrai que les tribus ont réussi à retirer la tunique de Yossef, et ensuite ils l'ont remise à Yaakov leur père, comme il est écrit : "Ils prirent la tunique de Yossef, égorgèrent un chevreau, trempèrent la tunique dans son sang ... et l'apportèrent à leur père" (Vayéchev 37,31-32).
Grâce à cela, Yaakov reçut, par le retour de la tunique de son fils, une force supplémentaire qui va lui permettre d'influencer Yossef et déverser sur lui de la kédoucha (sainteté), quel que soit l'endroit où il se trouve, lui permettant ainsi de faire face à n'importe quelle épreuve en Egypte.

Si la tunique n'avait pas été rendue à Yaakov, il est possible qu'il n'ait pas pu puiser de la force pour accomplir cela.
C'est pour cela que sera fait allusion à l'épreuve de Yossef dans les paroles de Yaakov : "Il l'a reconnue et dit : c'est la tunique de mon fils! Une bête féroce l'a dévoré! Déchiqueté, déchiqueté est Yossef" (Vayéchev 37,33).

Rachi explique qu'une étincelle de l'esprit Divin entra en lui et il vit, par prophétie, la femme de Potiphar avec lui.
Dans sa grande sainteté, il a puisé en lui et déversé de la force à son fils Yossef, lui permettant de faire face à n'importe quelle épreuve, où qu'il soit, ainsi que nous l'ont enseigné nos Sages : "La femme de son maître leva ses yeux sur Yossef ... elle le saisit par son vêtement en disant : viens près de moi" (Vayéchev 39,7-12), la guémara (Souca 36b) explique : "Au même moment est apparue, à la fenêtre, l'image de son père".
Elle lui donna de la force et déversa sur lui la sainteté des Noms Divins qui lui permettront de vaincre son penchant et se maintenir dans sa sainteté.

Le Chla haKadoch enseigne que la tunique rayée, conçue par Yaakov pour son fils Yossef, avait l'aspect de כתנות אור (une tunique de lumière) dont Adam était vêtu, avant la faute de l'Arbre de la connaissance ...

Il est écrit dans le Zohar que Yaakov est la réincarnation d'Adam.
Le Arizal explique, d'après le Zohar, que Yaakov était la réparation (tikoun) d'Adam, et voici son langage : "Sache que Yaakov était à la ressemblance d'Adam, car en effet, Yaakov avait le même visage qu'Adam" (Chaar haPessoukim - Vayigach).
De plus, il est également écrit dans le Zohar (Toldot 142), que par la grandeur de sa sainteté, Yaakov mérita de revêtir une "tunique de lumière".
[...]

Le Agra déKala explique que la tunique de lumière dont était vêtu Adam avait les caractéristiques de la tunique portée par les Cohanim : "Il semblerait qu'il y ait là une allusion au fait qu'Adam était tel un Cohen vêtu des habits de prêtrise, ces derniers n'étant rien d'autre que la tunique de lumière qu'ils avaient avant la faute".

Après la faute, ils se vêtirent non plus de "vêtement de lumière (כתנות אור) en "vêtement de peau" (כתנות עור), et à ce moment-là, "ils surent qu'ils étaient nus" (Béréchit 3,7) = c'est-à-dire qu'ils firent privés de leurs habits de Cohanim. A cette époque, le monde entier était comme le Temple.
De plus, Aharon le Cohen gadol réalisa la réparation à travers ses habits de prêtrise (Cohen), car ceux-ci étaient à la ressemblance de la tunique de lumière d'Adam.

Il ressort de ceci que la tunique transmise par Yaakov à Yossef symbolisait la sainteté des habits de la prêtrise qu'Adam revêtait avant la faute.
[rabbi Pin'has Friedman]

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"[Yossef] lui était un fils de la vieillesse (ben zékounim ou - בֶן-זְקֻנִים הוּא)" (Vayéchev 37,4)

-> Rachi apporte 3 réponses :
1°/ Yaakov avait eu Yossef à un âge avancé, et c'est pourquoi il lui portait une si vive affection.
[Selon le Gour Aryé, Binyamin était certes plus jeune, puisque né 8 ans après Yossef, mais Yossef s'était déjà profondément attaché au 1er fils de Ra'hel.]

2°/ Le Targoum Onqelos traduit par : "un fils intelligent".
[Le mot זקן (zaken - une personne âgée) est la contraction de : זה שקנה חכמה (celui qui a acquis la sagesse - zé chékana 'hochma)]

Yaakov a transmis à Yossef tout ce qu'il avait appris à la yéchiva de Chem et Ever, où il avait séjourné pendant 14 ans.
[Ils ont évolué dans un environnement corrompu : Chèm a vécu pendant la génération du déluge, et Ever a été le contemporain des bâtisseurs de la tour de Babel. C'est pourquoi, en lui transmettant leurs enseignements, Yaakov l'a armé pour affronter l'Egypte, lieu corrompu et perverti par excellence. ]

3°/ Il avait les mêmes traits de visage (ziv iqounin), un visage semblable à celui de son père.

-> Le Baal haTourim fait remarquer que : zékounim (זְקֻנִים) est l'acronyme des 5 traités de michna que Yaakov a enseigné à Yossef : Zéraïm (זרעים), Kodachim (קדשים), Nachim (נשים), Yéchou'ot (Nézikin) et Moéd (מועד).
[Précision : La guémara (Shabat 31a) traduit le terme : yéchouot (secours et libération) par : Nézikin.]

Le Imré Emet demande : il existe également le traité de Taharot (pureté). Pourquoi est-ce que Yaakov ne l'a pas enseigné à son fils?
Il répond que ce traité sur la pureté, ne peut être acquis qu'à partir du moment où une personne a personnellement lutté, s'est donné du mal pour étudier Taharot, et cela ne peut pas se transmettre seulement comme une connaissance de père en fils.

Le Lévouch Yossef dit que l'ordre de Taharot parle de pureté, et il est exigé de l'homme un grand travail pour en arriver à la sainteté quand il étudie Taharot, autrement toute son étude ne lui servira à rien.
C'est pourquoi il n'est pas insinué que Yaakov a étudié l'ordre de Taharot avec Yossef.

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"Ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

=> Au regard des événements, les frères semblent témoigner d'une terrible cruauté envers leur frère innocent?
Nous allons voir qu'une lecture simple des événements donne un sens erroné.

-> Le Sforno affirme que les frères de Yossef étaient d'authentiques tsadikim, sans quoi jamais leur nom n'aurait été gravé sur le Pectoral que portait le Cohen Gadol lors de son service dans le Temple de Jérusalem.

En réalité, la sentence de mort qu'ils avaient décrétée contre Yossef résultait d'un principe clair de la loi juive : "Celui qui cherche à te tuer, tue-le en premier!" (guémara Sanhédrin 72a).
Les frères prononcèrent le verdict après avoir délibéré sur la question de manière rigoureuse, qui leur conduit à établir que Yossef était coupable de vouloir intenter à leur vie en dénonçant sans cesse leurs agissements.

Cependant par la suite, bien qu'il s'avéra qu'ils s'étaient trompés, il reste néanmoins vrai qu'un "juge ne peut établir de verdict que selon ce que ses yeux lui montrent".
Il en a été de même :
- avec le prophète Chmouël qui possédait un pouvoir de deviner ce qui est caché, et pourtant Hachem lui déclara : "L'homme ne voit que les apparences" (Chmouël I 16,7), et de ce fait, on ne peut pas tenir rigueur à un homme pour une erreur de jugement.
- il est écrit : "Les plateaux, les balances exactes [du jugement] sont l'oeuvre de D." (midrach Béréchit rabba 84,7)"
[on ne peut rien reprocher aux juges qui font de leur mieux. Une erreur éventuelle fait partie des plans divins.]

-> Le fait qu'aussitôt après la vente : "ils s'assirent pour manger du pain" (v.25), traduit la sérénité totale avec laquelle ils prirent leur décision.
Le Sforno d'ajouter : "cette décision ne constituait à leur yeux nullement un méfait, ni une faute, sinon ils ne se seraient pas installés juste après pour prendre un repas, car aucun tsadik digne de ce nom n'aurait osé manger après avoir commis une faute ...
C'est parce qu'ils considéraient Yossef comme un "assassin potentiel", que tout un chacun était autorisé à mettre à mort".

-> Le Sforno ajoute également que lorsque Yossef est devenu roi en Egypte, il commença à tourmenter ses frères, ces derniers se dirent alors : "En vérité, nous sommes punis à cause de notre frère. Nous avons vu son désespoir lorsqu'il nous criait grâce, et nous sommes demeurés sourds" (Mikets 42,21).
=> Ils ne manifestèrent aucun regret quant à la vente proprement dite, mais seulement pour leur manque de sensibilité face à la détresse de leur frère.

-> Nos Sages affirment même que ce repas qui a suivi la vente de Yossef constitua un mérite remarquable : "grâce auquel tous les habitants du monde furent nourris pendant les années de famine ...
La faute des tribus est un mérite pour le monde, elle est un espoir pour le monde!"
[midrach Béréchit rabba 84,17]

En effet, l'idée est que tous les événements proviennent du Ciel, comme il est écrit : "D. l'a combiné pour le bien afin qu'il arrivât ce qui arrive aujourd'hui : un peuple nombreux a été sauvé" (Vayé'hi 50,20).
Le Sforno de commenter : "Vous avez seulement été Ses émissaires! Vous pensiez à tort que j'étais votre ennemi, mais ce que vous avez ainsi fait involontairement, D. l'a transformé en bien."

De même, le midrach (Béréchit rabba 85,1) rapporte :
"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s'affairait à créer la lumière du machia'h."

=> Le processus de la guéoula débuta dès la vente de Yossef, pendant que chacun était absorbé par ses tracas personnels.
Ce qui peut apparaître en apparence comme des malheurs, ne l'est pas en vérité, au contraire ce n'est qu'un moyen nécessaire pour aboutir à un bonheur resplendissant.
[d'où la notion de : "elle est un espoir pour le monde!" ]

-> De plus, après avoir vendu Yossef aux Ismaélites : "les frères promulguèrent une sentence d'excommunication et une malédiction à quiconque révélerait la vente, et ils y associèrent Hachem" (cf. Rachi Vayéchev 37,33).
=> S'ils n'ont pas hésité à associer Hachem, c'est que la légitimité de leur acte ne faisait aucun doute à leurs yeux.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/03/23/12823-2

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+ Conclusion :

---> Pour les frères de Yossef :
D'un côté leur démarche était légitime, et leur jalousie n'influença en rien leur sentence, qui était parfaitement juste selon leur vision des faits.
Cependant, on leur tint rigueur de ce minuscule sentiment de jalousie qui était en eux, et ce au regard de leur très haut niveau spirituel.

---> Pour Yossef :
D'un côté, son attitude envers ses frères était exempte de toute haine : son unique désir était de les aider à s'améliorer, à revenir sur le droit chemin.
Cependant, malgré le bien-fondé de ces médisances, ces propos renfermaient également une minuscule part de diffamation.
Au regard de son très haut niveau spirituel, il fut puni mesure pour mesure : rabaissé au rang d'esclave, humilié par la femme de Potiphar et jeté 12 années en prison.

[Hachem juge les tsadikim selon l'épaisseur d'un cheveu, et à plus forte raison lorsqu'il s'agit des personnes qui vont générer et impacter chacune des tribus constituant le peuple juif!]

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-> Quelqu'un a demandé à rabbi Yaakov Kanievsky quelle est la bonne façon d'enseigner aux élèves le passage sur Yossef et ses frères, et autres sujets semblables.
Le rav Kanievsky a répondu que nous devons leur enseigner et ancrer en eux l'idée qu'il s'agit d'une dispute portant sur la halakha : lui pensait que le din était de telle façon et eux pensaient que le din était autrement.
[rapporté dans le Pniné rabbénou haKéhilot Yaakov]

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-> Loin de nous la pensée que les fils de Yaakov puissent être la proie d'une jalousie puérile. Le conflit décrit dans la Torah ne peut être appréhendé que sous un angle spirituel.
Ce n'est pas la prédilection que Yaakov éprouve à l'égard de Yossef qui les préoccupe, mais la préférence que le Patriarche témoigne vis-à-vis de la contribution de ce fils, contribution qui risque de mettre celle de ses frères dans l'ombre, et ce faisant de créer un déséquilibre dans la formation du peuple naissant.
[...]
Lorsque la Torah nous dit que les frères haïssait Yossef nous devons comprendre qu'ils n'étaient pas mus par une animosité personnelle, mais que pleinement conscients des dangers inhérents au comportement de leur jeune frère, ils éprouvaient une vive inquiétude quant à la direction que semblait prendre la jeune communauté en plein développement [les frères posant les bases de ce que va être le peuple juif, et il faut être vigilant car l'enjeu est important!], qui si elle venait à perturber l'équilibre aboutirait à des désordres continuels [lorsque chaque tribu est à sa place, elle permet à la totalité du peuple juif d'être au top, d'être dans une collectivité harmonieuse! Or, les frères pensaient que Yossef par son comportement allait tout même en péril.
On peut comparer cela à une erreur infime dans les fondations d'un bâtiment, risquant de le faire s'effondrer entièrement].
[...]
Les frères ne sont pas des personnes ordinaires, mais les Patriarches des tribus (chévatim), des hommes d'une grandeur et d'une sainteté que nous avons du mal à concevoir.
[...]
Les frères avaient l'intime conviction que lorsque Yossef rapporte leurs "méfaits" à leur père, il cherche à leur nuire en les privant de leur rôle au sein du peuple naissant.
Convaincus que Yossef doit être légitimement considéré comme un délateur ou un agresseur poursuivant sa victime pour la détruire, celui-ci est passible de mort.
Les frères sont certains d'agir en légitime défense, auquel cas la loi juive tranche sans aucune équivoque : "Si un individu cherche à attenter à tes jours, prends les devants et supprime-le".
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef réalisait que ses frères le haïssaient à cause de ce bel habit [la tunique]. Il en portait donc un autre par-dessus, afin que le 1er ne se voit pas.
[Méam Loez - Vayéchev 27,23]

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-> Le Targoum Yérouchami explique que Yaakov a transmis à Yossef la tunique qu'avait donné Hachem à Adam après avoir mangé de l'arbre de la connaissance.
Le Ein Yaakov (guémara Avoda Zara 11b) rapporte que les romains se saisirent de cette tunique pour s'en vêtir.