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"Ce fut au 8e jour" (vayéhi bayom achémini - Chémini 9,1)

Il est intéressant de constater que ce 8e jour, où fût inauguré le Michkan, possède un mélange :

-> de souffrance. La guémara (méguila 10b) dit : "Nous savons par tradition que partout où il est écrit "vayéhi" (Et ce fut), c’est toujours l’expression d’une douleur".

-> de joie : "Le jour de l'inauguration du Michkan était aussi joyeux pour Hachem que le jour où Il a créé la terre et le Ciel."
[guémara Méguila 10b]
D'ailleurs, la Torah utilise la même terminologie : "Et ce fut le soir et ce fut le matin".
Dans les 2 cas, le verset commence par : "Et ce fut" (vayéhi - ויהי)

De même, au sujet de la joie le Apiryon écrit :
"Nos Sages (Yalkout Chimoni Chémini 98) enseignent que la joie de D. dans les sphères supérieures au moment de l’inauguration du Michkan fut égale à celle régnant lorsque le ciel et la terre furent créés.
Comment en comprendre la raison ?
En fait, quand Hachem créa le monde, Sa Présence emplit la création. Mais alors, l'homme commit la faute, et suite à cela, la Présence Divine se retira. Puis, les générations suivantes aussi fautèrent et repoussèrent la Présence Divine. De la sorte, Hachem n'avait plus où résider dans ce monde.
Cette situation continua jusqu'à la venue de Moché qui inaugura le Michkan. Alors, la Présence Divine reposa dans le Michkan, et par cela, dans le monde, comme ce fut le cas lors de la création du monde.
Ainsi, ce fut la première fois où on revint à la même situation qu'à la création. La joie fut donc semblable à celle de la création du monde.

=> Comment comprendre qu'il y avait 2 sentiments opposés?

1°/ Car 2 enfants de Aharon, Nadav et Avihou, sont morts en ce jour, entraînant de la douleur chez tous les juifs qui ne comprenaient pas pourquoi un jour aussi joyeux devait comporter une si grande perte.

Selon le rav David Hoffman, cela illustre le fait que nous ne comprenons pas pourquoi Hachem agit ainsi, mais néanmoins nous devons croire d'un cœur rempli de émouna qu'il y a une raison derrière chaque chose, et que Hachem fait tout pour le bien.
[c'est la particularité de ce monde où un événement peut sembler bon ou mauvais, mais dans le monde de Vérité, nous prendrons conscience que ce n'était que bonté!
C'est également cette force du yétser ara : le doute (mélange de : Hachem est bon/miséricordieux (inauguration du Michkan, lieu de résidence de la Chékhina) et Il est également cruel/très rigoureux avec nous (mort des tsadikim Nadav et Avihou : comment des personnes aussi élevées sont mortes en voulant faire Sa volonté, à cause de détails!)]

[Rachi (10,3) : Lorsque D. applique la stricte justice même aux tsadikim, on Le craint et on Le vénère, car on dit : si tel est le sort réservé aux tsadikim, à plus forte raison le sort réservé aux réchaïm doit-il être sévère.]

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2°/ Après que les juifs aient fauté avec le Veau d'or, ils ont recherché des signes de pardon de Hachem. Ils ont donné de tout leur cœur au Michkan, et l'ont construit avec un dévouement exemplaire.
Moché les a informé qu'un signe apparaîtra du Ciel symbolisant l'acceptation par Hachem de leur téchouva.

Pendant 7 jours de suite, Moché a construit le Michkan, y a fait le service Divin, avec l'ensemble du peuple qui venait y assister, et rien ne s'est passé.
Le 8e jour (chémini) les juifs étaient déçus, à l'exception de Moché qui était plein de confiance comme au 1er jour.

[ => Vayéhi = mélange de joie liée à l'inauguration, et également de douleur, car pour le moment D. n'avait pas encore manifesté qu'Il leur pardonnait leur faute!]

Le Messekh 'Hokhma écrit que Moché était à un niveau supérieur aux autres, et bien qu'il n'a pas vu de signe de progrès, il est resté quand même totalement confiant dans le fait que Hachem ne les laisserait pas tomber, et c'est par le mérite de sa confiance, que Moché a amené le feu du Ciel.

[v.9,24 : le feu est descendu comme un pilier du ciel vers la terre - Sifra.
Le chiffre 7 représente les 7 jours de la semaine (la naturalité de ce monde), et le 8 correspond à ce qui est au-delà. C'est cette persévérance et cette émouna surnaturelle de Moché qui a permis de créer le miracle!]

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3°/ Rabbi Binyamin Adler enseigne qu'en suspendant au 8e jour l'arrivée du feu comme signe de pardon, Hachem voulait montrer que les sacrifices (de nos jours = c'est la prière) ne sont pas une formule magique, D. désire notre cœur, et sans une connexion sincère nous ne pouvons pas pleinement susciter Son amour.

=> Hachem attend impatiemment de pouvoir nous combler de bénédictions abondantes, mais cela dépendant du cumul : action + intention.

[Ainsi, en ce 8e jour, il y avait un mélange de joie de pouvoir inaugurer le Michkan, mais également de la douleur, allusion au fait de briser totalement son cœur vers D.
Le peuple voulait tellement être pardonné pour le Veau d'or, qu'ils ont vidé toutes leurs forces à papa Hachem. Or, il est écrit : "D. est proche de tous ceux qui L’appellent, de tous ceux qui L’appellent avec sincérité" (Téhilim 145,18).

=> De même, nous devons faire attention à ce que nos prières ne soient pas routinières, un simple mouvement de nos lèvres, car sinon elles produisent beaucoup moins de résultats!]

[pendant nos prières, on doit injecter toutes nos souffrances, en vidant notre cœur à papa Hachem. Il s'y mêle la joie de s'adresser à l'Unique, à notre papa Hachem qui peut tout et qui nous aime tellement! ]

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4°/ Le Sforno enseigne qu'avant la faute du Veau d'or, chacun des juifs étaient digne de la Présence Divine.

[Par exemple, au sein des familles, chaque aîné aurait joué le rôle du Cohen, et suite au Veau d'or ce sont les Cohanim qui ont rempli ce rôle pour tous! ]

Cette faute ayant entraînée une chute désastreuse du peuple, la construction du Mickan devint nécessaire pour servir de résidence à la Présence Divine.

=> Rabbi Israël de Rozhin explique que le regret d'avoir perdu la possibilité d'une sainteté encore plus grande se mêlait à la joie de l'inauguration du Michkan.

Il explique que le but essentiel du Michkan comporte une trace de malheur, car au début Hachem avait envisagé que Son saint Michkan soit dans le cœur de chaque juif, ainsi qu’il est écrit : "ils Me feront un Michkan et Je reposerai en eux".
Le cœur juif devait être un réceptacle pour la Présence Divine, et alors il n’y aurait pas eu besoin de construire le Michkan. Mais comme les bnei Israël ont commis la faute du Veau d’Or, il s’est avéré nécessaire de réduire la Présence Divine entre les murs du Michkan.

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5°/ Vayéhi est un langage de douleur, Moché était peiné de ne pas être le Cohen Gadol (il l'a été jusqu'au 8e jour, où Aharon et ses descendants ont été nommés à ce poste : cf.v.9,1).

Puisque les juifs était des baalé téchouva (faute du Veau d'or), ils avaient besoin d'un baalé téchouva pour accomplir le Service Divin à leur place : Aharon haCohen.
[Sfat Emet]

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6°/ Aharon était si humble et modeste que le fait d'être nommé Cohen Gadol était douloureux pour lui (d'où l'utilisation du Vayéhi).
En réalité, il est plus facile pour un tsadik d'être jeté dans une fournaise ardente, que de devenir renommé comme un des grands tsadikim du peuple d'Israël!

[Rabbi Ouri de Strelisk (le Saraf)]

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7°/ La paracha Chémini (le 8e) aborde ce qui s'est passé le 8e et dernier jour de la période d'inauguration du Michkan, c'était alors Roch 'Hodech Nissan.

Rachi rapporte que pendant chacun des 7 jours précédents, Moché construisait le Michkan, y exécutait à lui seul tout le service, puis démontait le Michkan.
A partir du 8e jour, seul les Cohanim (Aharon et ses enfants) pouvaient exécuter ce service, et c'est en ce jour que le Michkan va être édifié de façon définitive.

=> Quel était la nécessité pour Moché d'édifier, puis de démonter le Michkan à chacun des 7 jours?

Selon rabbi Barou'h Simon, cela nous enseigne la force de la téchouva.
Le midrach (Béréchit rabba 3,7) nous rapporte qu'avant de créer ce monde, Hachem a créé des mondes et les a détruit.

D. étant parfait, pourquoi devait-Il agir ainsi?
Le Noam Elimélé'h répond que c'est parce qu'Hachem voulait intégrer dans la Création le concept de regret, de tout recommencer à zéro, qui est la base de la téchouva.

D'ailleurs, selon la guémara (Pessa'him 54a), la téchouva est l'une des 7 choses qui a été créée avant même la Création de ce monde (au même titre que la Torah!).

=> Même si Hachem ne fait pas d'erreur, Il a quand même agit comme s'Il regrettait Ses actions, voulant recommencer à nouveau, et cela uniquement pour nous apprendre de ne jamais désespérer puisque nous avons la téchouva.

=> Moché a agit de la même façon pour montrer aux yeux de tous que si l'on veut mériter de voir Hachem résider parmi nous, nous devons saisir l'importance de la téchouva.
Cette capacité d'effacer le négatif, pour encore mieux générer du positif.

[on peut imaginer que le terme "vayéhi" renvoyant à une notion de douleur, fait allusion au peuple qui ayant vu pendant 7 jours Moché leur expliquer ce concept, commencer à faire une téchouva très profonde en eux-mêmes, dans la douleur d'avouer leurs fautes à Hachem.
Suite à cela (le 8e jour), la Présence Divine est venue résider dans le Michkan, et en chacun des juifs, ce qui génère la plus grande des joies!]

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-> "Ce fut le 8e jour, Moché appela Aharon, ses enfants et tous les anciens d'Israël" (Chémini 9,1)

=> Pourquoi Moché a-t-il dû les appeler [précisément ce 8e jour] alors que les 7 jours précédents, ils se présentèrent d'eux-mêmes devant Moché?

La guémara explique que le terme "ce fut" (Vayehi), qui introduit ce verset, évoque un malheur et fait ici allusion au fait que ce jour connaîtra le drame de la mort de Nadav et Avihou, deux des enfants d'Aharon.
Et même si bien sûr personne ne pouvait prévoir à l'avance ce drame, malgré tout, selon l'expression de nos Sages, même si eux ne savaient pas, leur âme le pressentait.
Ainsi, sans même savoir pourquoi, Aharon, ses enfants et les anciens, avaient des réticences à s'approcher du service ce jour-là. Leur esprit pressentait que ce service, qui allait attirer le feu céleste, sera la cause de l'acte qui allait entraîner la mort de Nadav et Avihou.
Et comme Moché constatait que Aharon, ses enfants et les anciens ne venaient pas, il fut contraint de les appeler.
[Imré Shéfer]

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-> "Prends pour toi un veau" (Chémini 9,2)

Rachi explique que ce veau que devait apporter Aharon venait en expiation à la faute du veau d'or.

On peut s'interroger : pendant les 7 jours de préparation, on apporta un taureau en sacrifice. Et nos Sages enseignent qu'il venait en expiation pour la faute du Veau d'or, le petit du taureau.
=> Dès lors, pourquoi apporter encore une fois de plus une expiation pour cette faute par ce Veau?

En fait, quand pendant ces 7 jours préliminaires on apporta ce taureau, la faute du Veau d'or fut expiée. Dès lors, le niveau d'Aharon et du peuple s'éleva considérablement, puisque cette faute ne venait plus les freiner.
Mais, une fois qu'ils s'élevèrent, une dimension plus fine de la faute du Veau d'or s'éveilla. En effet, un certain aspect de la faute, qui n'était pas considéré jusqu'à présent comme une faute, apparut. Comme le peuple s'éleva, les exigences envers eux devinrent plus strictes. Et même ce qui n'était pas une faute jusque là apparut à présent comme une faute, selon leur nouveau niveau plus élevé.
Et il fallait dès lors expier même ce nouvel aspect de la faute. Tel était le but de ce veau à sacrifier le 8e jour, en expiation à cet aspect plus fin de cette faute.
[Chem miChmouel]

[d'où une certaine dualité : on termine d'expier la faute du Veau d'or, mais alors un nouvel aspect beaucoup plus fin fait son apparition, qui nécessite à son tour d'être expié]

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-> Chaque fois que le mot "vayéhi" est employé, il exprime la tristesse. Qu’y avait-il donc de triste le jour de l’inauguration du tabernacle?

Le Imré 'Haïm (l'Admour de Vizhnitz), répond ainsi à cette question :
"Le saint peuple juif a 7 jours. L’homme se salit, jour après jour, avec la poussière de la matière et des péchés ; la saleté s’accumule et la couche s’épaissit de plus en plus. La poussière du premier jour ne peut être comparée à celle du sixième. Que faire?
Finalement, vient le 7e jour, le Shabbat, lors duquel l’homme se lave et se purifie de toute la poussière accumulée les jours précédents. Ouvrant une nouvelle page dans sa vie, il a l’air d’un autre homme.

Et le lendemain? Ce n’est pas le 8e jour, mais le premier.
Cependant, s’il ne s’est pas purifié de ses fautes, le Shabbat passera sans laisser sur lui la moindre trace, tandis que l’épaisse couche de poussière et de saleté persistera sur lui et continuera encore à s’épaissir la semaine suivante, si bien que le premier jour, qui sera une continuation de la semaine passée, correspondra à un 8e jour ...
Face à une telle situation, il y a de quoi se désoler en disant : “Quand on fut (vayéhi) au 8e jour”."

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-> Le Tiféret Torah écrit :
"Le jour de l'inauguration du Michkan, on apporta des sacrifices. Puis alors, le verset vient relater que : "Un feu sortit de devant Hachem et consuma (les sacrifices de) sur l'autel".
Ce moment était intense en joie et constitua le moment tant désiré et tant espéré par tout le peuple d'Israël, car alors on a pu voir qu'Hachem a agréé tout le travail de la construction du Michkan et par cela, on comprit qu'Hachem a pardonné la faute du Veau d'or. Ce fut donc un événement d'une joie intense.
Puis, juste après, lorsque les enfants de Aharon allumèrent un feu étranger et offrirent des encens non ordonnés, alors la Torah emploie exactement la même formule et la même expression pour décrire leur punition : "Un feu sortit de devant Hachem et les consuma". Cela constitua bien-sûr un moment très dur et d'une extrême sévérité.

Et ces 2 événements qui se sont suivis, le premier qui constitua un bonheur extrême et l'autre une peine inimaginable, survinrent exactement de la même façon, comme l'atteste l'utilisation de la même formule qui les décrit (vayéhi).
Tout le peuple put alors constater que la grande bonté et l'extrême sévérité proviennent de la même Source et alors on s'est rendu compte par cela de l'Unicité Absolue d'Hachem. Effectivement, le bien et le mal proviennent de la même origine.
Par cela, la mort de Nadav et Avihou a concouru à dévoiler aux yeux de tous l'Unicité d'Hachem et par cela, le Nom d'Hachem a été sanctifié. Et le Michkan a pu aussi être sanctifié. Son inauguration a pu aboutir. Car ce Michkan, où la Gloire Divine allait résider, se doit d'attester l'Unicité d'Hachem.
Ce Michkan qui témoigne du pardon de la faute du veau d'or, quand les juifs ont laissé apparaître l'idée d'une dualité, se doit de proclamer la totale Unicité d'Hachem, Qui va y résider et par cela, s'installer au sein du peuple d'Israël.

Et quand on s'est rendu compte que le mal provient de la même origine que le bien, à travers la mort de Nadav et Avihou, cela a pu renforcer cette Unicité, et constitua justement l'aboutissement de l'inauguration du Michkan, dont la vocation était justement de proclamer cette Unicité. Tout cela attesta de la grandeur de Nadav et Avihou, car ce sont précisément eux qui furent choisis par Hachem pour révéler l'Unicité et ainsi parachever l'inauguration du Michkan ...
Cela a renforcé la conscience de l'Unicité d'Hachem, Qui est le Seul à être l'Auteur de tout ce qui arrive dans le monde."

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