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Le secret derrière les bénédictions d’Its’hak

+ Le secret derrière les bénédictions d'Its'hak (selon le rabbi de Berditchev) :

-> Comme nous le savons, Its'hak souhaitait donner les bénédictions à son fils aîné, Essav, et l'envoya chasser et préparer de la nourriture afin qu'il puisse manger et ensuite le bénir. Pendant ce temps, Yaakov, à qui Essav avait vendu le droit d'aînesse pour un pot de lentilles, se faufila dans la tente, enveloppé dans une peau de chèvre pour simuler les bras poilus d'Essav.
Lorsque Its'hak, qui avait perdu la vue, sentit les bras de Yaakov, il pensa qu'il s'agissait d'Essav et s'exclama : "La voix est celle de Yaakov, mais les mains sont celles d'Essav" (hakol kol Yaakov, véa'yadayim yidé Essav).
Dans sa confusion, Its'hak donna les bénédictions à Yaakov au lieu d'Essav.

=> À propos de cet épisode, le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Toldot) dit : "Hakol dougma déléla" (tout cela n'est qu'une allégorie d'un drame conceptuel qui s'est déroulé au ciel).

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-> En tant que juifs, nous avons la conviction profonde que tout ce qui arrive est pour le mieux. Quelles que soient les difficultés, nous pouvons nous réconforter en sachant que la douleur que nous traversons est une kappara, une expiation pour nos fautes.
Le rabbi de Berditchev enseigne que, bien que cela soit vrai, Hachem accomplit une bonté ('hessed) supplémentaire en faisant en sorte que même la "punition" que nous devons subir pour être purifiés à la fin se révèle être une bénédiction en soi.
Outre notre capacité à dire, face à des situations difficiles, "que ce soit une expiation", et à continuer avec un élan dans notre démarche, nous pouvons également être sûrs que cette même situation se révélera être pour le mieux.
Il n'est pas du tout facile de voir la douleur avec cette perspective, et en effet, la situation peut sembler aussi sombre que la nuit, mais nous pouvons rester absolument certains que dans le futur l'obscurité se transformera en une belle aube, remplissant notre monde de lumière et de chaleur. [voir le Tanya - Iguéret haKodech 11]

Le rabbi de Berditchev explique que ce système selon lequel Hachem nous punit avec ce qui finira par tourner à notre avantage a été établi lorsque Yaakov a reçu les bénédictions d'Its'hak.
Its'hak Avinou représente l'attribut Divin de Guévoura, le jugement rigoureux.
Le désir d'Its'hak de donner sa bénédiction à Essav, l'homme sauvage des champs, représente l'attribut de Guévoura qui demande que la punition soit administrée de la manière la plus extrême et la plus douloureuse possible [un juif faute = punition stricte]. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Ce qui s'est passé, c'est que notre saint père Yaakov, déguisé en Essav, s'est faufilé et a reçu les bénédictions à sa place.

Parce que c'est Yaakov qui a reçu les bénédictions d'Its'hak, un nouveau phénomène est apparu dans le monde : bien que la punition soit administrée d'une manière qui semble dure, dans l'aspect "véa'yadayim yidé Essav", au fond, sous toute la douleur et le chagrin, se trouve la douce voix de notre père Yaakov, l'aspect de "hakol kol Yaakov".
=> Le fait que Yaakov reçoive des bénédictions a eu pour conséquence que pour toutes les générations futures, de profondes bontés ('hessed) seraient cachés dans les punitions célestes de la négativité totale ; tout cela n'est que Yaakov Avinou sous le déguisement d'Essav.

Cela signifie qu'un jour, nous serons capables de voir que la douleur que nous avons endurée n'était pas seulement bonne pour nous en ce qu'elle nous purifie de nos péchés, mais qu'elle s'est avérée être la plus grande bonté, produisant le résultat le plus bénéfique.

"Et voici la postérité d’Its’hak, fils d’Avraham: Avraham engendra Its’hak" (Toldot 25,19).

=> Comment comprendre la redondance dans ce verset : "Its’hak, fils d’Avraham : Avraham engendra Its’hak"?

On peut rapporter les explications suivantes :

1°/ Rachi commente : "Les moqueurs de la génération disaient que c’est d’Avimèlekh (roi de Guérar – voir Vayéra 20) que Sarah était devenue enceinte, puisqu’elle était demeurée si longtemps avec Avraham sans avoir eu d’enfants. Qu’a fait Hachem? Il a modelé le visage d’Its’hak à la ressemblance de celui d’Avraham, et tout le monde a pu ainsi témoigner que celui-ci était bien son père.
C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : ’Its’hak, fils d’Avraham’, étant donné qu’il était désormais prouvé que ‘Avraham a engendré Its’hak’."

2°/ Le midrach (Tan’houma Toldot 4) commente :"Its’hak fut couronné en Avraham, et Avraham fut couronné en Its’hak".
Chacun faisait la fierté de l’autre.
[de plus cela atteste de l'humilité de chacun d'eux. Its'hak attribuait ses mérites au fait qu'il était le fils d'Avraham, et Avraham tirait tout son mérite par le fait d'avoir un fils comme Its'hak.]

On peut rapporter les explications suivantes du Ohr ha'Haïm haKadoch :
-> "Avraham a donné naissance à Its'hak" = cela veut dire qu'Avraham a fait rentrer en son fils le pouvoir d'enfanter, et cela grâce à la Akédat d'Its'hak.
[Le Arizal dit que quand les anges annoncèrent la naissance d'Its'hak, ils dirent : "Il y aura un fils à Sarah ta femme". Ils attribuèrent le fils à Sarah et non à Avraham. Cela signifie qu'Its'hak aura une âme d'une dimension féminine, à l'image de sa mère. Et avec une telle âme, il ne pourra pas avoir d'enfants.
Nos Sages disent que quand Avraham s'apprêta à sacrifier Its'hak, l'âme de ce dernier quitta son corps. Et alors, Hachem lui restitua une autre âme, cette fois-ci d'une dimension masculine, qui pourra désormais enfanter. Dès lors, Its'hak, doté d'une âme d'une dimension masculine, peut être attribué à Avraham, son père.
Il est devenu ''fils pour Avraham'', et plus seulement ''pour Sarah''. Et puisqu'à présent il pourra enfanter, il est donc arrivé le moment qu'il se marie.]

-> Nos sages (guémara Yévamot 64) ont enseigné qu'on ne peut pas comparer la valeur de la prière d'un tsadik qui est le fils d'un tsadik et celle d'un tsadik fils de racha [effectivement, Its'hak priait de son côté pour avoir des enfants et Rivka de son côté. La Torah témoigne et nous dit que D. a répondu à Its'hak par le mérite d'Avraham].
Donc on apprend de là que par le fait qu'Its'hak avait un père tsadik, alors D. a écouté sa prière et lui a donné des enfants ; donc par le mérite d'Avraham, Its'hak a donné naissance.

-> Nos sages (midrach Béréchit Rabat 63,2) disent que par le mérite de Yaakov, alors Avraham a été sauvé de la fournaise [du fait que Yaakov devait descendre d'Avraham, alors D. a sauvé Avraham du feu avec l'épisode de Nimrod afin de pouvoir donner naissance à Yaakov], car si ce n'est grâce au mérite de Yaakov qui est le descendant d'Its'hak, alors Avraham aurait été brûlé avant de pouvoir donner naissance à Its'hak.

-> Le fait que les épreuves qu'aurait traversé Its'hak ne sont pas connues [ne sont pas contées dans la Torah] et que l'ampleur de sa tsidkout [son integrite] n'était pas connue, c'est la raison pour laquelle la Torah vient nous dire "voici les descendants d'Its'hak fils d'Avraham" comme pour dire, regarde celui qui a donné naissance à Its'hak et celui qui est descendu de lui est comme lui-même.
Cela veut dire que tout comme Avraham était connu pour son intégrité par rapport à toutes les épreuves qu'il a traversées; de la même manière, Its'hak était aussi grand que son père.

-> Le Ohr ha’Haïm explique qu'Avraham s'est battu toute sa vie pour reconnaitre Hachem, pour convertir et faire le bien autour de lui (la tsédaka, l'hospitalité, ...).
Et ce, alors que lui-même a vécu dans un environnement extrêmement malsain et négatif. En effet, son père Téra'h était un très grand idolâtre. Aussi, pour arriver au niveau spirituel qu'il a atteint, Avraham a dû se battre sans fin pour devenir "notre" saint patriarche Avraham.
A contrario, Its'hak a grandi dans la maison d'Avraham, une maison pure et spirituelle. Il s'est développé au sein d'un environnement acquis où son père Avraham l'éduqua et le forma à devenir un serviteur d'Hachem.
Le Ohr ha'Haïm explique que c'est pour cette raison que le verset insiste sur le fait que c'est bien Avraham qui a engendré Ist'hak, "engendrer" au sens spirituel du terme. C'est Avraham qui a façonné son fils, en le faisant devenir, lui aussi, un patriarche d'exception. En le protégeant au maximum du monde extérieur que lui-même avait réussi à surmonter dans sa jeunesse pour devenir un homme exceptionnel.

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3°/ Il est connu qu’Avraham symbolise le Service divin bâti sur l’amour et la bonté, tandis qu'Its'hak est l’exemple de la crainte et de la rigueur.
Le Tséma’h Tsédek (dans son Ohr haTorah) explique que chacun de ces pôles du Service divin a 2 niveaux. Il y a la "crainte inférieure", qui est l’adhésion par crainte du châtiment qu’encourt le péché, ou tout mal résultant du péché.
Tandis que la "crainte supérieure" est un sentiment de respect profond et d’annulation devant la Majesté de D.
L’"amour inférieur" est un attachement à D. motivé par la récompense, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. Alors que l’"amour supérieur" est étranger à tout désir de profit personnel ; c’est simplement un attachement à D. par amour pour Lui.

Le verset, dans son apparente répétition, nous enseigne le chemin approprié qui conduit à l’attachement indéfectible avec Hachem. Ainsi, l’ordre des noms dans notre verset (Its’hak, Avraham, Avraham, Its’hak) nous indique que le Service divin commence avec la crainte inférieure (Its’hak), monte vers l’amour inférieur (Avraham), puis vers l’amour supérieur (Avraham), pour enfin atteindre son point culminant avec la crainte supérieure (Its’hak).

4°/ Le Zohar explique qu’Avraham représente symboliquement l’âme tandis que Sarah représente le corps. Its’hak, dont le nom signifie "rire" (ts’hok), représente les plaisirs que connaîtra l’âme dans le Monde futur.
Traduit ainsi, le verset énonce : "Le plaisir sera la récompense de l’âme" ("Its’hak, fils d’Avraham") dans le monde futur, si "l’âme engendre des plaisirs à D." ("Avraham engendra Its’hak") par son Service divin ici-bas.

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=> Quel est donc le rapport entre ces 4 explications précédentes?

-> Selon le Zohar, l’amour et la crainte de D. sont appelés les "ailes" du Service divin, car ils permettent à l’homme se s’élever dans les hauteurs de la sainteté. Si son Service divin est pur et désintéressé, l’élévation procurée peut potentiellement lui permettre de transcender les limitations de la loi naturelle, non seulement dans les choses spirituelles, mais aussi dans les choses matérielles.

Ainsi en fut-il pour Avraham Avinou. Selon les seules règles de la nature, Avraham n’aurait pas pu avoir d’enfant. Lui et sa femme étaient âgés et stériles. Avraham n’aurait pas été "couronné" en Its’hak, car ce dernier en réalité paracheva et compléta le Service de son père, apportant un élément qui manquait à Avraham même.
Cependant, avant d’avoir Its’hak, Avraham avait déjà eu une "progéniture" spirituelle, car "la progéniture des justes, ce sont leurs bonnes actions" (voir Rachi - Noa'h 6,9) ; mais la naissance d’Its’hak prouva que même dans le domaine physique, des événements miraculeux l’accompagnaient, réfutant ainsi les "moqueurs de la génération".

L’élévation procurée par les "ailes" du Service divin résulte des efforts accomplis par un juif en ce monde pour permettre à son âme de surmonter les limites de l’existence terrestre. Aussi, lui vaudra-t-elle d’être récompensé par les délices spirituels de la vie future.
[basé en partie sur un dvat Torah du Collel de Sarcelles - 5783]

"Et qu'Hachem te donne" (Toldot 27,28)

-> Rachi explique le terme "Et ... (te donne)", comme signifiant : "Qu'Il te donne et recommence à te donner".

=> Mais quel est l'apport de ce renouvellement dans le don? Pourquoi le don devait-il se faire par un recommencement?

-> Le Sfat Emet explique :
En fait, nos Sages disent que bien qu'Hachem aie créé le monde, Il continue et recommence à chaque instant à le refaire exister et à le renouveler.
Ainsi, en plus du fait qu'Hachem bénira Yaakov, Il lui donnera aussi cette bénédiction de sorte à ce qu'il ressente qu'elle lui vient d'Hachem à chaque instant, de façon renouvelée.
Il te donnera une bénédiction qui recommencera et se renouvellera à chaque instant, au même titre que le monde qui est renouvelé constamment.

"Que je te bénisse avant de mourir" (Toldot 27,4)

=> Pourquoi Its'hak n'appela que son fils Essav pour le bénir, et non Yaakov aussi?

En fait, du Ciel on a fait tourner les choses ainsi pour que Yaakov prenne les bénédictions alors qu'Its'hak penserait que c'est Essav qui se tient devant lui.
En effet, si Its'hak avait béni Yaakov clairement, l'ange accusateur aurait pu argumenter qu'un juif, descendant de Yaakov, ne peut bénéficier de la bénédiction d'Its'hak que s'il est aussi méritant que Yaakov. La bénédiction ne peut se transmettre qu'aux juifs aussi tsadikim (Justes) que leur ancêtre.
Mais à présent que Yaakov a reçu les bénédictions alors qu'Its'hak pensait bénir Essav, de cette façon tout juif pourra mériter de bénéficier de ces bénédictions, car il n'y a pas de juif qui soit pire que Essav.
Tout juif mérite donc cette bénédiction qu'Its'hak pensait donner à Essav.
[Beit Its'hak]

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-> b'h, en clin d'œil, on peut ajouter : http://todahm.com/2020/03/22/12617-2

"Hachem le bénit. Et l'homme grandit" (Toldot 26,13)

-> Souvent, quand un homme s'enrichit, il risque de tourner vers l'égoïsme. L'humanité qui est en lui encoure le risque de s'affaiblir, et il aura plus de mal à penser aux autres.
Mais, pour les tsadikim il en est autrement. Plus Hachem les couvre de bénédictions et les enrichit, et plus à titre de gratitude vis-à-vis d'Hachem, ils renforceront leurs vertus et développeront leur bonté.
L'humanité, l''homme'' qui est en eux, prendra alors encore plus d'ampleur.
C'est ce qui en fut concernant Its'hak. "Hachem le bénit". Mais loin de se désolidariser des autres du fait de cette bénédiction, au contraire, "l'homme" qui est en lui "grandit" encore plus.
[Béer Its'hak]

"Hachem l'exauça (à lui)" (Toldot 25,21)

-> Bien que Rivka et Its'hak prièrent tous deux pour avoir des enfants, c'est Its'hak qu'Hachem exauça.
Rachi explique que c'est parce que la prière d'un tsadik fils de tsadik comme Its'hak est plus grande que celle d'un Its'hak fils (ou fille) de racha, comme Rivka.

=> Pourquoi en est-il ainsi, alors qu'un tsadik fils de racha devrait avoir encore plus de mérite?

-> Le Saba de Kelm répond :
En fait, à un certain plan, il est encore plus difficile de devenir tsadik pour un fils de tsadik, que pour un fils de racha. Car, si le père est un racha, quand le fils découvrira la Torah, il aura l'impulsion de la nouveauté et de la découverte qui le poussera à avancer.
Ce qui ne sera pas le cas pour un fils de tsadik, qui risque de tomber dans la routine. Ayant toujours connu la Torah, il devra se battre contre la routine et la monotonie pour mettre de la fraîcheur et de la vitalité dans son service d'Hachem, comme s'il était lui aussi le premier à découvrir la Torah dans sa famille, et non pas être dans l'imitation de ses parents.
S'il a réussi ce défi, il aura un grand mérite qui donnera encore plus de force à sa prière.

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-> Nos Sages (guémara Soucca 14b) demandent : "Pourquoi la prière du Juste est-elle comparée, par allégorie, à : une fourche (לעתר)?
Ils répondent : "Car de même que la fonction de la fourche est de déplacer, en retournant la récolte, d'un endroit vers un autre de la grange, de même en est-il pour la prière des Justes qui "déplace et retourne" les intentions de Hachem, de Sa mesure de Rigueur (din), à la mesure de Miséricorde."

-> Its'hak et de Rivka ont prié ensemble afin qu'Hachem adoucisse la rigueur d'Its'hak, par l'intermédiaire de la bonté de Rivka.
Le Mégalé Amokot nous signale que les noms Rivka (רבקה) et Its'hak (יצחק) additionnés ont une valeur numérique de 515, qui est égale au mot prière (תפלה).
[ la prière a la force d'inverser une situation en son contraire, en adoucissant la rigueur en bonté/miséricorde. ]

Sans Hachem, nous n’avons rien!

"Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (Toldot 26,12)

-> Ce verset présente une particularité : tout d'abord "Its'hak sema (vayizra)", et ensuite : "il trouva" (vayimtsa - וַיִּמְצָא).
Lorsque quelqu'un plante, on ne peut pas dire qu'il trouve par hasard sa récolte.
La nature est telle que si nous plantons alors forcément et naturellement notre culture va se développer.
=> Pourquoi alors dire que Its'hak trouva sa récolte, et non plutôt qu'il la ramassa, cueillit.

-> Le Kédouchat Yom Tov répond que Its'hak a compris que toute chose est une trouvaille.
Nous ne méritons rien pas le simple pouvoir de notre main.
Ce n'est pas parce que je plante, que j'investis des efforts dans mont travail que j'ai forcément ma parnassa.
Pour Its'hak et tous ceux qui ont de la émouna, tout l'argent qu'ils gagnent est une trouvaille car c'est un cadeau du Ciel, sans rapport avec le travail effectué.

[la hichtadlout est une punition liée à la 1ere faute, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa (faut faire attention à ne pas croire en la dissimulation, mais plutôt avoir en tête la véritable origine : Hachem).
J'ai travaillé très dur des jours et des jours, et au moment de la récolte, du jour de ma paie, je dois être tout étonné : Waou Hachem m'a fait un cadeau! Merci HM!!]

Le Kédouchat Yom Tov écrit :
"Il considère toute chose comme "trouvée", car il sait que l'abondance n'est pas le fruit de son propre travail.
[La réalité est qu'] absolument tout ce que l'on a vient des bénédictions d'Hachem."

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-> "Its'hak dit à son fils [Yaakov] : comment as-tu trouvé [l'animal] si rapidement?
[Yaakov] a répondu : Hachem l'a placé (ikra - הִקְרָה) devant moi" (Toldot 27,20)

=> Comment Hachem a-t-il pu placer l'animal devant Yaakov? N'est-ce pas Rivka qui le lui a donné : "va au menu bétail et prends moi deux beaux chevreaux [Rachi : le contrat de mariage lui permettait d'y prendre chaque jour 2 chevreaux]" (v.27,9)?
N'est-il pas en train de mentir à son père?

-> Le Zera Chimchon écrit :
"Tout le monde doit savoir que pour chacune de ses actions, il ne peut rien faire si cela n'est pas la volonté d'Hachem ... tous les gains ... ne sont que bonté de Hachem".

Ainsi, Yaakov a dit la vérité : bien qu'il l'a pris des biens de sa mère, il a vu qu'en réalité c'est Hachem qui le lui a préparé.
=> Même lorsque nous prenons quelque chose qui nous appartient, l'origine de pouvoir en bénéficier provient de Hachem, car nous ne pouvons rien avoir sans que D. émette un décret en ce sens.

-> Onkelos traduit en araméen les mots : "ki ikra Hachem éloké'ha léfanav" (Hachem l'a placé devant moi - כִּי הִקְרָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לְפָנָי) par : "Hachem ton D. l'a préparé pour moi" (aré zamin Hachem élaa'h kadamaï - אֲרֵי זַמִּין יְיָ אֱלָהָךְ קֳדָמָי).

A plusieurs reprises Onkelos traduit : הִקְרָה (pris) par זמין (préparé).
Le terme "ikra" (הִקְרָה) signifie généralement quelque chose qui arrive par hasard, par accident.
Cependant Onkelos le traduit par : "zamin" (זמין - préparé), car même les choses qui semblent être le plus dues, qui nous arrivent le plus naturellement (j'ai fait des efforts, je l'ai acheté, ..., c'est normal que ce soit le mien!), et bien la vraie réalité c'est qu'elles nous sont toutes préparées par Hachem.

Hachem se cache tellement, que nous nous persuadons de tout faire nous-même.
Certes cela est nécessaire pour permettre d'avoir un libre arbitre, mais c'est également une bonté de D. pour nous éviter au maximum un sentiment de redevabilité infinie.
Ainsi, D. nous permet de faire une hichdadlout, mais en réalité c'est Hachem qui fait tout.
[ex: notre patron n'est qu'un conduit pour qu'Hachem nous transmette notre parnassa.]

[l'effort, le travail que nous faisons met en place le récipient, mais ce qui va y arriver dedans c'est Hachem qui le donne.
Chaque jour de paie nous devrions être aussi étonnés que de trouver une forte somme par terre dans la rue.]

[bien que D. nous comble constamment de cadeaux gratuits (indépendant de nos mérites), notre hichtadlout vient cacher cette bonté infinie de papa Hachem, et nous donne le sentiment à tort qu'on se débrouille tout seul, qu'on l'obtient par nous-même.]

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-> Quelqu'un qui a une bonne vision des choses ne perd jamais espoir.
En effet, pourquoi désespérer si c'est Hachem qui est celui qui permet toute chose (rien ne peut se passer sans décret Divin)?

Ceux qui désespèrent sont ceux qui pensent pouvoir agir uniquement par eux-mêmes.
Lorsqu'ils reconnaissent que leurs capacités sont limitées et insuffisantes, alors ils deviennent inquiets et perdent espoir.
S'ils avaient su qu'absolument tout vient d'Hachem, alors ils auraient également su qu'il y a toujours de l'espoir, car Hachem peut tout faire.
[d'après les enseignements du rabbi Mendel de Kotzk]

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+ "Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (v.26,12)

-> "C'est la bénédiction d'Hachem qui enrichit" (Michlé 10,22)

On a pu voir que le Kédouchat Yom Tov enseigne :
- "Its'hak sema dans ce pays-là" = l'effort que l'homme doit investir n'est nécessaire que pour s'acquitter de la malédiction originelle (comme un taxe à s'acquitter) : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain" ;
- "trouva cette même année, au centuple : tant Hachem le bénissait" = les 100 mesures que produisent la terre, lui fut octroyée comme cadeau du Ciel.

-> Le Séfer haBrit écrit sur ce sujet :
"Il ne sied pas à un homme sage et sensé comme toi de s'évertuer à investir dans ses besoins [plus que nécessaire], mais tu dois au contraire te renforcer dans la confiance en D.
Remets ta subsistance entre les mains d'Hachem et Il te nourrira moyennant un effort minime correspondant à tes forces sans que tu ne te sois forcé de t'évertuer du matin au soir par monts et par vaux et d'affronter de nombreux dangers sans répit, la nuit comme le jour.
De plus, tu ne te procureras pas cette subsistance par des moyens tortueux et tu ne te rendras pas coupable ...
Tu devras te reposer sur Hachem et Lui faire confiance.
Ainsi, dans tout ce que tu entreprendras avec intégrité et droiture, Il te bénira en retour".

Yaakov répondit : "C’est que Hachem ton D." m’a donné bonne chance"
Its'hak dit à Yaakov : "Approche que je te tâte, mon fils, pour savoir si tu es mon fils Essav ou non"
Yaakov s'approcha d'Its'hak, son père, qui le tâta et dit: "Cette voix, c'est la voix de Yaakov ; mais ces mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,20-21)

-> Rachi (v.21) commente : Its'hak s’est dit en lui-même : "Il n’est pas dans les habitudes d'Essav d’avoir à la bouche le nom de D."

-> Juste avant, Yaakov dit à sa mère : "Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur, et au lieu de bénédiction, c'est une malédiction que j'aurai attirée sur moi" (Toldot 27,12)

=> Comment comprendre que Yaakov a dit le nom d'Hachem, au point où Yaakov a trouvé que : "Cette voix, c'est la voix de Yaakov "?

-> Le Imré Emet répond que Yaakov a pensé : "Je suis prêt à m'habiller avec les vêtements d'Essav, et je suis prêt à prendre d'autres précautions, mais je refuse de m'abstenir de dire le nom d'Hachem.
Je pourrais ne pas recevoir les bénédictions, et risquer d'être maudit, mais je ne suis pas prêt à me mettre dans une situation où je me retiendrais de dire le Nom d'Hachem."

[Je suis prêt à renoncer à toutes les bénédictions que me réserve mon père Its’hak dans le seul but que le Nom d’Hachem demeure fréquent dans mes paroles!
Et de fait, ce mérite se maintint pour toute la descendance de Yaakov, comme il est écrit : "Il ne voit pas la faute chez Yaakov, ni la tromperie chez Israël, Hachem son D. est avec lui et l’affection du Roi est en lui" (Balak 23,21). Pourquoi Hachem ne considère-t-Il pas les fautes de Yaakov?
Parce que le Nom d’Hachem est avec lui et qu’il vit en présence de son Père Céleste à chaque étape de son existence.]

-> Le Chla haKadoch (Béaaloté'ha 9,20) dit : Lorsque nous prévoyons de faire quelque chose, nous devons dire : "si D. veut" (im yirtsé Hachem), et lorsque nous réussissons à le faire, nous devons dire : "grâce à l'aide de D." (béézrat Hachem), car de cette manière le Nom d'Hachem sera en permanence sur nos lèvres.
Il conclut : "En agissant ainsi, une personne internalisera et fixera dans son cœur les notions de base de la émouna, et cela amènera de la bénédiction dans sa vie."

Dans Balak (23,21) est écrit : Il [Hachem] n'aperçoit point de fautes en Yaakov [chez les juifs], il ne voit point de mal en Israël" car : " Hachem, son D., est avec lui" = le nom d'Hachem est constamment sur ses lèvres.
[ainsi, Yaakov n'a pas pris un risque, au contraire, en ayant la conscience que rien ne peut se faire sans Hachem, et il a reçu une aide Divine toute particulière]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Yaakov ne perdit rien à aller dans la voie de la émouna. Au contraire : il gagna grâce à cela toutes les bénédictions car s’il n’avait pas mentionné le Nom d’Hachem, Its’hak aurait été certain qu’il s’agissait de Essav, et il l’aurait béni avec l’intention exclusive de bénir Essav.
Mais à présent, il eut un doute et il bénit son fils en pensant qu’il s’agissait peut-être de Essav ou peut-être de Yaakov. Et grâce à cela, les bénédictions dont Yaakov bénéficia se réalisèrent.

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 1,15) : "A cet instant [où il comprit que son frère était passé avant pour lui prendre les bénédictions de son père], Essav se mit à crier en disant : ‘Vois ce que m’a fait ce ‘Tam’ (homme intègre)!
=> A priori, cela est étonnant : pourquoi Essav mentionna-t-il ce qualificatif de ‘Tam’ précisément à ce moment-là ? Il aurait mieux convenu qu’il dise : ‘Vois ce que m’a fait ce trompeur!’

Le Ktav Sofer explique : ce fut justement grâce à son intégrité et à sa émouna que Yaakov ne renonça pas à mentionner le Nom d’Hachem, et que le doute surgit dans le coeur d’Its’hak permettant ainsi d’englober dans sa bénédiction l’éventualité qu’il s’agissait de lui. Il en résulte que grâce à son intégrité ('Tam'), Yaakov mérita que les bénédictions puissent prendre effet sur lui.

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-> b'h, divré Torah similaire : http://todahm.com/2015/06/23/3410-2

"Ils [Avimélé'h et son entourage] dirent : Pour voir, nous avons vu (rao ra'inou - רָאוֹ רָאִינוּ) que Hachem est avec toi ... concluons une alliance avec toi ... qu’un serment mutuel soit établi entre nous et toi" (Toldot 26,28)

=> Pourquoi le verset emploie-t-il une double expression : rao ra'inou (voir, nous avons vu)?
En effet, il aurait suffi de dire "Nous avons vu qu’Hachem est avec toi".

Certains commentateurs l’expliquent de la manière suivante :
tant qu’un homme reste entièrement attaché à la confiance qu’il place en Hachem , aucun mal ne peut l’atteindre, et sa foi entraîne au contraire un déversement d’abondance, de miséricorde et de bonté.
Même ceux qui cherchent à causer du mal aux tsadikim savent qu’ils ne pourront arriver à leurs fins que s’ils réussissent à les détacher de leur foi.

C’est dans ce but qu’Avimélekh s’ingénia à tourmenter Its’hak en faisant boucher les puits que les serviteurs de ce dernier avaient creusés et en le renvoyant finalement de sa terre. Tout cela dans l’espoir qu’Its’hak se plaigne un peu de la conduite d’Hachem et qu’il puisse alors l’exterminer (à D. ne plaise).
Mais Its’hak ne se laissa pas influencer par ces difficultés. Il conserva le même niveau de confiance en D., en étant convaincu que tout ce qui lui arrivait provenait d’Hachem qui dirige à Sa guise toutes Ses créatures.
En voyant cela, Avimélekh comprit qu’il ne parviendrait pas à faire perdre à Its’hak ne serait-ce qu’une once de sa foi et donc qu’il n’avait aucune chance de le combattre. Il décida plutôt de conclure une alliance avec lui.

Pour cette raison, Avimélekh lui dit : "Voir, nous avons vu" = la répétition vient nous enseigner qu’il vit 2 choses : il vit Its’hak dans ses jours fastes et Hachem était avec lui. Et il le vit aussi dans ses jours d’obscurité et de voilement. Là aussi, il vit qu’Hachem était avec lui, et que dans chaque chose, Its’hak percevait l’expression de la Providence Divine.
Il préféra donc faire alliance avec lui, comprenant qu’il ne pourrait lui faire aucun mal.

Combien devons-nous croire en cette évidence : personne n’est en mesure de nous faire du mal car au contraire, le mal qu’il fomente contre nous, Hachem le transformera en bien et en bénédiction ...
Plus encore : lorsque le mal se transforme en bien, ce bien est encore plus grand car il provient de D. tout puissant et non d’un simple être humain.
[...]

Avimélé'h a dit : "Après avoir été témoin des miracles que Hachem a réalisé pour toi, je crois également en Hachem.
Ainsi, maintenant toi aussi tu ne peux pas me nuire, de même que je ne pouvais pas te nuire.
C'est pourquoi nous devrions faire une traité de paix."
[rav Elimélé'h Biderman]

[ => avoir de la émouna en Hachem nous donne un pouvoir de protection énorme. Ce principe s'applique à toute personne, même un grand racha (ex: Avimélé'h).]

Yaakov & Essav

+ Yaakov & Essav :

-> Le Saba de Novardok dit que Essav aurait pu gérer la matière comme son père l'espérait s'il avait réussi à surmonter sa tendance à se suffire du côté extérieur et superficiel des choses.
En effet, là est le danger de la matière : se laisser impressionner par elle, se laisser tenter par elle, en oubliant l'existence de l'intériorité.

Il fut donc appelé "édom" (rouge), c'est-à-dire celui qui oublie le sens des choses, et qui choisit de ne s'attacher qu'à la facette la plus superficielle et attirante de ce qu'il voit.
La matière n'est dangereuse pour Essav, que lorsqu'elle l'aveugle, qu'elle éblouit par sa couleur, sa saveur, et qu'elle n'est pas uniquement un moyen d'action dans ses mains.

S'il avait calmer ses ardeurs devant la matière, il aurait pu réussir à jouer le rôle que son père attendait de lui.

[ainsi, le jour du décès d'Avraham, où l'on doit réfléchir à l'aspect éphémère de ce monde et à l'importance d'investir dans notre monde à venir, la seule chose qu'a pu déclarer Essav est : "Donne-moi du rouge, du rouge!".
Il était totalement étranger à toute réflexion d'ordre spirituelle, le plus important étant la partie superficielle et extérieure de la matière (les lentilles rouges).]

En ce qui concerne Yaakov, Its'hak a choisi de l'éloigner de tout élément matériel car quand bien même cette matière ne l'attire pas et ne l'éblouit pas (à l'instar d'Essav), mais cependant elle l'empêche de se concentrer entièrement et intensément sur la Torah et les mtisvot.
Elle l'empêche de se concentrer sur l'intériorité puisqu'elle n'est qu'extériorité.

[Its'hak a validé sa bénédiction à Yaakov, en prenant conscience à postériori qu'Essav n'a pas été capable de gérer la matière car elle le trouble, tandis que Yaakov a su l'utiliser, avec simplicité, sans se laisser entraîner par elle.]

-> La raison pour laquelle Hachem n'a pas voulu donner les bénédictions de façon simple à Yaakov, c'est parce que la relation à la matière n'est jamais simple ; tout contact avec elle est une épreuve : d'une part elle nous déconcentre de notre Torah, de plus elle peut nous influer.

=> Chaque juif lorsqu'il va s'occuper d'une affaire matérielle doit sentir, qu'à un certain niveau, il s'habille avec les vêtements d'Essav ; il faut être très prudent avec elle et ne pas se sentir dans son élément naturel car nous sommes comparés aux poissons, et notre élément de vie c'est l'eau, c'est-à-dire la Torah et les mitsvot.
C'est pourquoi le jour où la matière est la plus présente, à Pourim, la loi juive nous demande de nous déguiser.

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-> Its'hak était parfaitement conscient du fait que Yaakov était un tsadik.
Néanmoins, il pensait qu'Essav convenait mieux à la tâche parce qu'il avait la capacité de sanctifier le profane et c'est pourquoi il voulait lui réserver la bénédiction matérielle.

Its'hak a donc dit à Essav de "préparer ses outils de chasse" = son épée et son arc, c'est-à-dire les ustensiles de ce monde, et "d'attraper du gibier pour préparer un repas".
Its'hak désirait qu'Essav se serve des éléments de ce monde pour préparer un repas digne de la table de son père, de nature entièrement spirituelle, comme le festin du Léviatan.

De son côté, Rivka se rendait compte qu'Essav n'était absolument pas qualifié pour la tâche que Its'hak lui réservait et elle comprenait qu'il fallait que ce soit Yaakov qui reçoive les bénédictions afin qu'il puisse hériter de 2 tables, celle de ce monde et celle du monde à venir.
[Chla haKadoch - Toldot Torah Ohr]

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-> Essav était si mauvais qu'il était même incapable d'imaginer que son comportement puisse être la source de ses problèmes. C'est pourquoi il regarda vers l'extérieur afin de rectifier la situation.
Selon lui, le problème était tout-à-fait extérieur à lui ...

Ce terrible défaut, à savoir l'incapacité à envisager chez soi le moindre défaut, se retrouve dans le nom même d'Essav.
Le nom d'Essav est lié au mot : "assouy" (qui signifie "accompli", "terminé"), ce qui veut dire qu'Essav ne voyait absolument aucune nécessité de s'amender car il se considérait comme un être parfait et accompli en tous ses points.

Nous voyons que la guématria de "Essav" est égale à celle du mot "shalom" (376), qui signifie "paix" et "entier".
Car Essav était en paix avec lui-même. Il était incapable de ressentir cet appel que tout être humain ressent naturellement au moins une fois dans sa vie : celui de reconnaître son imperfection et d'essayer de s'améliorer.

Par exemple, lorsqu'il entra chez son père Its'hak et vit que Yaakov avait déjà reçu les bénédictions spirituelles, tout son monde s'écroula : il resterait à jamais subordonné à Yaakov et à ses descendants.
A cet instant précis, Essav aurait dû réaliser qu'il était en cause et que ce malheur ne s'abattait sur lui qu'à cause de ses propres méfaits.
Pourtant, il ne se tourna pas vers sa propre personne mais vers les autres membres de sa famille ; à ses yeux le problème prenait sa source chez eux et non chez lui.
Essav se dit qu'il a commis une erreur en épousant des filles de Canaan, étant donné qu'elles avaient été maudites à jamais (Béréchit 9,25). Ce devait être là la raison pour laquelle le sort s'acharnait contre lui.

Il se tourna donc vers son oncle Yichmaël afin de trouver une nouvelle épouse (Toldot 28,9) ; Yichmaël étant lui (aussi un descendant d'Avraham et ayant bénéficié de sa propre bénédiction, épouser l'une de ses filles aurait certainement le pouvoir de restaurer sa chance, pendait-il).
Essav avait ainsi l'intention de tuer Yaakov, et il espérait le voir s'affaiblir sur le plan spirituel suite à sa rencontre avec Lavan.

=> Il ne prit pas la peine de considérer ses actes pervers, tout ne venait que de l'extérieur (ex: c'est à cause de l'ascendance de ma femme!).

-> Quiconque appelle Avram [son premier nom, au lieu de Avraham] transgresse un commandement positif.
Mais quiconque appelle Israël Yaakov [Israël est le nom que Yaakov reçut de D.] n'a rien transgressé, car même la Torah l'appelle ainsi par la suite.
[guémara Béra'hot 13a]

Le mot "Yaakov" signifie "talon" ...
Le Avné Nézer (père du Chem miChmouël) explique : même après être devenu Israël, Yaakov continua de voir en lui un "talon". Pour lui, la seule manière de vivre une existence pleine de sens consistait à s'auto-analyser et à s'auto-améliorer constamment.
Et s'il était désormais Israël aux yeux de Hachem et des hommes, il demeura le même Yaakov à ses propres yeux.

=> Nous devons apprendre de là, la différence entre Yaakov et Essav.
L'erreur fatale d'Essav consistait à son refus de se remettre en cause et de s'amender aux aléas de l'existence. [tout n'est qu'extériorité!]
Quant à Yaakov, qui nous sert d'exemple jusqu'à aujourd'hui, il comprit que le secret d'une existence accomplie réside dans l'aptitude à scruter ses actions et à modifier son comportement en fonction des circonstances. [tant qu'on vit, c'est qu'il nous reste à parfaire notre intériorité]
[Chem miChmouël - Toldot 5672]

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-> Le Toldot Yaakov Yossef dit que :
- le nom Yaakov vient de ékev : talon = c'est une allusion au fait que Yaakov pensait toujours au talon, au résultat final de toute chose.
[ex: nos Sages nous conseillent de s'interroger avant tout acte : au final, qu'est-ce que j'y gagne? qu'est-ce que j'y perds?]

Tandis que que Essav (faire) = implique une impulsivité, une action immédiate sans considérer les conséquences.

Cela s'illustre au moment du plat de lentilles :
- pour Essav qui toute sa vie ne pensait qu'à l'instant présent, alors la réalité présente (olam azé) avait plus d'importance à ses yeux, au point qu'il a donné un plat de lentilles en échange du monde futur.

D'après le rav Elimélé'h Biderman, il était paresseux, en demandant à Yaakov de lui verser dans la bouche la soupe de lentilles. Il ne voulait même pas faire l'effort de prendre une cuillère, ou bien de lever et verser la soupe lui-même, ce qui prouve à quel point il était paresseux.
De plus dans la Torah, il demande à avoir de ce plat rouge (adom) sans poser de question sur son contenu. Cela témoigne de son inconscience, de son impulsivité à dévorer la matérialité.

[certes sur le moment il a pu assouvir sa faim, au détriment du droit d'aînesse, mais plus tard il va souffrir des conséquences, et il va crier : "II m'a enlevé mon droit d'aînesse" (Toldot 27,36).

Au-delà de l'aspect spirituel, cela peut s'appliquer par exemple à ceux qui vont manger trop de nourriture non saine, et qui vont en être malade par la suite.]

- une personne sage va regarder plus largement (plutôt que d'être prisonnière de ses pulsions du moment), elle a conscience du caractère éphémère de ce monde, qui n'est qu'un lieu de passage permettant de construire notre monde éternel.
La guémara (Tamid 32a) dit : "Qui est sage? Celui qui voit ce qui va arriver".

Ainsi, Yaakov renvoie au "talon", car il avançait pas à pas, action après action, vers le monde futur (olam aba), tandis que Essav (qui signifie "accompli", "terminé") faisait du surplace, se considérant déjà au terminus de sa vie (reniant le monde à venir).

[lorsque l'on regarde ce monde extérieurement on a l'impression qu'il y a des lois de la nature, mais quand on regarde à l'intérieur, à la source de toute chose, on y découvre Hachem. C'est là la différence entre Yaakov et Essav, arriver à voir dans toute situation, en toute chose, son intériorité, sa finalité, faire la volonté de D.]

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-> Le 'Hovat haLévavot (Chaar 'Hechbon haNéfech 3,25) écrit :
"On doit faire un 'hechbon néfech et penser à quel point nous aimons beaucoup ce monde-ci, à quel point notre amour pour les plaisirs de ce monde (olam azé) est tellement supérieur à notre amour pour le monde futur (olam aba).

Nous devons essayer de déraciner notre amour pour ce monde, afin d'y mettre à la place de l'amour pour le monde à venir.
On réalise cela en pensant à la finalité des 2 mondes ...
Un sage se dit : "De même que le feu et l'eau ne peuvent pas coexister ensemble dans un même récipient, de même dans notre cœur il ne peut pas coexister en même temps un amour [intense] pour [ce que propose] ce monde-ci, et le monde futur."

-> Si l'on a sur nous un regard plein d'humilité (Yaakov -> talon : membre le plus bas du corps), alors on pourra terminer sa vie en tant qu'Israël (symbolisant un juif accompli).
Ce monde-ci avec toutes ses réalités va disparaître un jour, et il est donc sage d'investir sur des choses qui vont durer éternellement.

Le 'Hafets 'Haïm fait remarquer qu'on investit tellement pour avoir de quoi vivre dans ce monde-ci, et si peu pour avoir de quoi évoluer dans notre monde à venir, alors que cela devrait être l'inverse.

Il est important de préciser que lorsqu'un juif utilise ce monde pour atteindre un super monde futur, alors il gagne également ce monde-ci.
Par exemple, on peut citer la émouna qui nous permet de prendre la vie avec joie et positivisme. [en plus de faire la mitsva de la émouna!]
Ceux qui ont la émouna sont joyeux car ils savent que tout est pour leur bien, et ils ont confiance que Hachem va très les en sortir.

[quelqu'un qui a émouna n'est jamais seul, puisqu'Hachem est toujours là, tandis que sinon on se sent seul, dépassé, plein de questions, d'inquiétudes, ...
Avec la émouna, la vie a toujours bon goût, tandis qu'en son absence elle peut être sans goût, voir dégoûtante, même si on possède beaucoup de biens.]

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-> Le rav Avigdor Miller dit que Yaakov (ékev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).
[avoir de la gratitude envers D. = tout n'est pas un simple dû!
On ne fait pas 2 choses en même temps. Ainsi, j'apprécie ce que j'ai, plutôt que de me plaindre éternellement de ce que je pourrais avoir]

Mais également, il est écrit : "Un moment de téchouva (retour vers D.) et de bonnes actions dans ce monde a plus de valeur que tout le monde futur.
Et un moment de bonheur dans le monde futur est meilleur que tout ce monde-ci." [Pirké Avot 4,22]

Ainsi, on a beau avoir toute la richesse du monde, touts les honneurs, tous les plaisirs de ce monde, et bien cela n'est rien par rapport à un instant de Torah ou de téchouva que les descendants de Yaakov peuvent profiter dans ce monde ci.

En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Ki Tavo 26,8) enseigne :
"Le vrai bien est la Torah. Si les gens goûtaient la douceur et la bonté de la Torah, ils en deviendraient fou, et ils courraient passionnément après elle.
Une maison remplie d'or et d'argent ne serait alors rien à leur yeux, car la Torah a en elle toutes les bontés de ce monde".

On peut ajouter que selon nos Sages les efforts qu'un juif investit dans la Torah, les bonnes actions, vont venir se déduire des efforts, des souffrances qu'il aurait dû avoir dans la matérialité de ce monde.

=> Ainsi, Essav doit souffrir sans raison, tandis que Yaakov le fait avec du sens : celui de faire dans la joie la volonté de D. par la Torah et les mitsvot.

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-> On a : Yaakov qui "demeurant dans les tentes" et Essav "un homme des champs".
La différence entre une tente et l'extérieur, est que dehors il n'y a pas de murs, de limites.

Le Yétev Lev dit que cela décrit une différence entre Yaakov et Essav.
Yaakov s'est imposé les limitations de la tradition juive afin de rester dans le domaine de la sainteté, tandis qu'Essav a vécu sans limites, sans barrières personnelles, tout lui était permis.