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Etre toujours reconnaissant envers Hachem

+ Importance et grandeur d'être toujours reconnaissant envers Hachem (même dans nos souffrances) :

"Et vous murmurâtes dans vos tentes et vous dîtes : 'C'est par haine pour nous qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte' " (Dévarim 1,27)

-> "C'est à ce propos qu'il est dit : "La nation qui constituait Mon héritage ... elle a donné de la voix contre Moi, c'est pourquoi Je l'ai prise en haine" (Yirmiyahou 12,8)". [midrach Bamidbar Rabba 16,20]

-> Le Sfat Emet (5642) explique à propos de ce midrach que "Hachem ne pensa qu'à notre bien (en nous faisant entrer en terre d'Israël), mais à cause de l'ingratitude du peuple (qui se plaignit en disant : "C'est par haine pour nous qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte"), cette bienveillance d'Hachem se transforma en haine.
[on voit l'importance de toujours témoigner de la gratitude à Hachem, sous peine de transformer sa bonté en haine. ]

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela signifie que lorsque les Bné Israël se plaignirent qu'Hachem les avait éprouvés parce qu'Il les haïssait (à D. ne plaise), cela entraîna qu'il en fut comme ils avaient dit.
Car en vérité, Hachem n’agit qu’en pensant à leur bien, et c'est parce qu'ils dirent que c'était par haine pour eux que cela se transforma effectivement en haine (à D. ne plaise).
[...]
Heureux celui qui sait, même en période de 'voilement', affermir sa émouna dans le fait que tout ce qui lui arrive provient de son Père céleste et de Son amour infini pour lui.
Car si la plainte des Bné Israël, "c'est par haine pour nous qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte", transforma l’amour Divin en haine, on peut imaginer, à plus forte raison, combien cet amour se renforce lorsque l'homme se rapproche d'Hachem malgré les épreuves qu'Il lui inflige à l'instar d'un père avec son fils, comme il est dit : "Celui que D. aime, Il le réprimande" (Michlé 3,12).
Lorsque l'homme se comporte ainsi, l'amour d'Hachem se concrétise alors réellement au point de lui pardonner toutes ses fautes.

C’est ce qu’expriment les termes du verset : "L'amour couvre toutes les fautes" (Michlé 10,12) On pourrait en effet se demander : si les fautes sont si nombreuses, comment l'amour pourrait-il les recouvrir toutes?
En réalité, lorsque l'homme accepte avec amour la réprimande et le châtiment Divins et dit : "Toutes ces épreuves proviennent de l'amour qu'Hachem éprouve pour moi", cet amour se révèle en retour, à tel point qu’il fait disparaître toutes ses fautes.
[ ainsi au-delà de mieux vivre nos difficultés (puisque dans les bras d'Hachem), en acceptant la réprimande, les châtiments et les épreuves avec amour, toutes les fautes disparaissent comme si elles n'avaient jamais existé. Car le fait de dire que tous les malheurs proviennent de l'amour qu'Hachem nous porte réveille effectivement Son amour immense pour nous. ]

-> Le Sfat Emet (5642) ajoute à ce sujet :
"et c'est l'explication essentielle de la Michna qui enseigne : "Celui qui aime les réprimandes" (Pirké Avot 6,6).
"Aimer les réprimandes" = consiste à être persuadé que celles-ci sont exprimées par amour. Lorsqu'il sait que celui qui le réprimande l'aime, un homme l'accepte et, grâce à cela, cette réprimande se transforme en un véritable amour ... C'est pour cela qu'il est écrit : "Allez vous faire réprimander, dit Hachem, vos fautes fussent-elles écarlates, elles seront blanchies comme la neige." (Isaïe 1, 18), afin de signifier qu'en acceptant la réprimande, les fautes sont pardonnées."

-> "Tu aimeras Hachem ton D. de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir" (Vaét'hanan 6,5 - qui fait partie du Shéma Israël).
Nos Sages (guémara Béra'hot 54) le commentent ainsi : "De toute ton âme" : même s'Il te prend ta vie. "De tout ton pouvoir" : dans chaque mesure qu'Il t'inflige, remercie-Le.
=> A priori, ce commentaire demande explication : après l'ordre qui nous est donné d'aimer le Créateur de toute notre âme, même au prix de notre vie, faut-il continuer à nous ordonner à nouveau de Le remercier même dans les malheurs?
Y a-t-il une attitude plus grande que d'être prêt à donner sa vie en l'honneur d'Hachem, pour qu'il faille ajouter le devoir d'être reconnaissant à D. dans les épreuves?

Le Nétivot Shalom répond en disant qu'en effet, la Torah fait état de 3 niveaux d'amour pour Hachem. Car parfois, accepter un décret Divin rigoureux avec amour est plus difficile que de devoir donner sa vie pour Lui. C'est pour cela que la Torah nous ordonne de l'aimer même en cela.

[on a conscience de la grandeur de donner sa vie pour Hachem, alors nous devons nous travailler à tenir au moins autant en estime le fait de donner sa vie pour Hachem en Lui témoignant notre confiance et notre reconnaissance, et ce même au milieu des tempêtes de notre vie.
Lorsque nous tuons cette certitude naturelle affirmant que cela n'est pas juste ce qui nous arrive dans la vie, que Hachem nous oublie, qu'Il ne nous aime pas, nous veut du mal, ... en se convaincant qu'en réalité c'est pour notre bien ultime car venant avec précision et amour d'Hachem. Alors à chaque fois c'est équivalant voir bien supérieur à donner sa vie en l'honneur d'Hachem! Quelle grandeur!! ]

Avoir un regard bienveillant sur autrui

+++ L'importance d'avoir un regard bienveillant sur autrui :

"Comment donc supporterai-je seul votre labeur, et votre fardeau et vos disputes" (Dévarim 1,12)

-> Le Imré Noam rapporte ce verset en expliquant que Moché annonça aux Bné Israël : "Tout ce qui concerne la destruction (future) du Temple et la délivrance, j’en supporterai tout seul le joug, et il ne vous incombe que de réparer les disputes, la discorde et la haine gratuite qui règne parmi vous".
C’est ce qui est suggéré par les mots : "votre labeur et votre fardeau et vos disputes" = "votre labeur et votre fardeau consistent à réparer vos disputes, alors viendra le libérateur!"

-> Le ‘Hidouché haRim (Likouté haRim - Ben Hamétsarim) :
"Il faut s’efforcer durant cette période (entre le 17 tamouz et le 9 Av) de se débarrasser de la haine gratuite, ce qui signifie du regard malveillant que l’on porte sur les autres. Et même lorsque quelqu’un n’a pas un oeil bienveillant sur son prochain, cela aussi s’appelle la haine gratuite.
Tant que le Temple n’a pas été reconstruit de notre vivant, c’est comme s’il avait été détruit de notre vivant (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1), et c’est grâce à un regard bienveillant sur chaque juif qu’il sera reconstruit".

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-> Le Maharal de Prague (Nétiv Guémiloute 'Hassadim, 3) rapporte l’enseignement de la guémara (Baba Metsia 30b) : "Rabbi Yo’hanan dit : Jérusalem ne fut détruite que parce qu’on jugea les litiges selon la stricte justice sans accepter de renoncer à son droit".

Et il l’explique de la manière suivante :
"Bien qu’ils transgressaient d’autres fautes, la destruction ne serait cependant pas arrivée, et Hachem les aurait punis d’une autre manière. Mais puisqu’ils désiraient juger uniquement selon la stricte justice, ce fut donc la stricte justice Divine qui s’exerça, afin de les détruire.
Parce que s’ils s’étaient comportés avec indulgence, Hachem Lui aussi aurait été bienveillant à leur égard ...
Dès lors, s’ils avaient renoncé à revendiquer leur droit strict, le verset témoigne : "J’ai dit ‘la bonté construira le monde’" (Téhilim 89,3).
On peut d’ailleurs apprendre de là que s’éloigner de la bonté, c’est détruire le monde."

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-> Le Tana De Bé Eliyahou (Rabba 28) enseigne :
"Hachem dit à Israël ... : "Mes enfants bien aimés ..., que vous demandai-je si ce ne de vous aimer les uns les autres et de vous respecter les uns les autres".

"Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore et vous bénisse comme Il l'a promis à votre sujet" (Dévarim 1,11)

-> Comme Moché avait dit aux Bné Israël : "Hachem votre D. vous a fait vous multiplier et vous voici aujourd'hui aussi nombreux que les étoiles du Ciel", il craignait de donner l'impression d'avoir attiré sur eux le mauvais œil.
Il ajouta donc immédiatement la bénédiction : "Que Hachem, D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux encore".

Moché priait : "Que la volonté de D. soit de vous multiplier et de rendre 1000 fois plus nombreux que les 600 000 hommes que vous êtes aujourd'hui".
[...]

Hachem avait béni les Bné Israël qu'ils deviennent comme le sable du rivage et la poussière de la terre. Or la bénédiction de Moché est comprise dans celle-ci. Par conséquent, en quoi Moché les avait-il bénis?
La bénédiction de D. allait se réaliser à condition que les Bné Israël soient vertueux. Celle de Moché, par contre, allait se réaliser même si les Bné Israël ne le méritaient pas.
[...]

Moché décrit les Bné Israël comme aussi nombreux "que les étoiles du ciel" visibles à l'homme, et non "que les étoiles" invisibles. La bénédiction Divine qui se réaliserait dans le futur était que les Bné Israël deviennent aussi nombreux que les étoiles que l'œil humain ne peut pas percevoir.
[il y a un nombre infini de constellations d'étoiles invisibles de nos yeux d'humain]
[Méam Loez]

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+ "Que Hachem, le D. de vos pères, vous rende 1000 fois plus nombreux" (Dévarim 1,11)

-> Si Hachem a déjà donné une bénédiction infinie à Avraham, pourquoi est-il nécessaire à Moché de donner au peuple juif une bénédiction?

La bénédiction d'Hachem était dépendante du fait que les juifs accomplissent la Torah et les mitsvot.

La bénédiction de Moché était inconditionnelle.

Par ailleurs, la bénédiction de Moché ne consiste pas en une multiplication par 1 000.

En hébreu, le verset est : "yossef alé'hem ka'hem éléf péamim" = cela implique que l'on doit doubler mille fois leur nombre (600 000 * 2 = 1,2 million ; 1,2 *2 = 2,4 millions ; ...).

Il en découle que la bénédiction de Moché est également quasiment infinie.
[rabbi Akiva Eiger]

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-> Moché bénit les Béné Israël dans les termes suivants : "Veuille Hachem, D. de vos pères, vous rendre 1 000 fois plus nombreux encore" (Yossef alé'hem ka'hem élef péamim) et vous bénir comme Il vous l’a promis!" (Dévarim 1,11).

=> Quelle est la signification de cette bénédiction?

On peut rapporter les réponses suivantes :
1°/ Rachi demande : "Que veut dire la répétition : ‘Et vous bénir comme Il vous l’a promis’? Ils (les Bné Israël) lui avaient dit : ‘Moché! Tu imposes une limitation à nos Bénédictions! Car Hachem a déjà promis à Avraham : ‘Que si un homme peut compter [le caractère indénombrable d’Israël]’ (Lé'h Lé'ha 13, 16).
Ce à quoi il a répondu : ‘Ceci est ma Bénédiction [‘mille fois plus nombreux encore’], mais Lui, ‘vous bénira comme Il vous l’a promis’."

2°/ Puisque D. les bénit de façon illimitée, à quoi sert la Bénédiction limitée de Moché ("Mille fois")?
Nos Sages dirent : "Hachem n’a pas trouvé d’ustensile conservant la Bénédiction pour Israël comme la paix" [fin de Ouktsine]. Lorsque les Bné Israël maintiennent la paix entre eux, la Bénédiction peut reposer sur eux. C’est pourquoi Moché leur dit : "Ceci est ma Bénédiction à moi" - cette Bénédiction limitée, je vous la donne aujourd’hui alors que vous ne vivez pas dans la paix et l’unité ("le fardeau, la responsabilité et les disputes") et ne méritez pas la Bénédiction parfaite.
Mais lorsque la paix règnera parmi vous, D. "vous bénira" de sorte que la Bénédiction parfaite pourra reposer sur vous et que se réalisera la promesse divine : "Si un homme peut compter la poussière de la terre, ta descendance pourra aussi être comptée".
[Binyane Ariel]

3°/ Le midrach enseigne : "Rabbi Eliézer a dit : La Bénédiction de Moché couvre l’Univers car il n’est pas dit : ‘Elef Paam’ mais ‘Elef Péamim’ (mille fois, fois étant au pluriel)". [midrache rabba].

"Elef Péamim" (mille fois) est un nombre limité. Pourquoi le midrach dit-il que la Bénédiction de Moché "couvre l’Univers"?
En fait, "Elef Péamim" ne veut pas dire soixante myriades (600.000) multipliées par mille mais que chaque chiffre est à multiplier jusqu’à mille : soixante myriades multipliées par un, soixante myriades multipliées par deux, ce résultat est à multiplier par trois – soit six fois le nombre des enfants d’Israël ; six multiplié par quatre – vingt-quatre, vingt-quatre multiplié par cinq – cent vingt, cent vingt multiplié par six et ainsi de suite jusqu’à mille. Cela donne, effectivement, un chiffre incalculable. [Bina Léittim]

Le camp d’Israël, dans le désert, s’étendait sur une surface de trois Parsaot. Si nous multiplions trois par deux fois mille (car «Elef Péamim» veut dire «Paamayim Elef», deux fois mille), le résultat est de six mille Parsaot. Six mille Parsaot est la surface du Monde entier, comme le dit la guémara (Pessa'him 94a) : "Le Monde mesure six mille Parsa [une Parsa mesure environ 4 km]".
La Bénédiction de Moché couvre donc bien l’Univers. [Yad Moché]

4°/ A quelle époque cette Bénédiction s’est-elle réalisée?
Les propos de Moché concernent le Monde futur, l’époque à propos de laquelle le prophète dit : "Le petit deviendra mille et le jeune, un peuple nombreux" (Yéchayahou 60,22). Le peuple juif qui est aujourd‘hui "petit et jeune" sera multiplié par mille, selon la Bénédiction de Moché. [Binyane Ariel]

"Di Zahav" (דִי זָהָב - Dévarim 1,1)

-> En mentionnant : "di zahav" (assez d'or), Moché voulait faire comprendre aux Bné Israël : "Vous avez irrité D. en fabriquant le veau d'or parce qu'Il vous a donné plus qu'assez d'or et d'argent".
"Je lui ai donné de l'argent en abondance et de l'or elle a fait une idole" (Ochéa 2,10) = à cause de la grande quantité d'or et d'argent que Je vous avais donnée, vous avez fabriqué le veau d'or.

Hachem considère la faute du veau d'or comme la plus grave de toutes nos autres péchés. Nous avons dit que le veau était capable de créer le monde en 6 jours, d'étirer les 4 points cardinaux du monde [comme D. l'a fait lors de la Création] et de vous donner les 10 Commandements.

Moché y fait allusion en employant les mots : "véDi Zahav" (et assez d'or - וְדִי זָהָב).
Le mot : "védi" (et assez) s'écrit : וְדִי :
- le vav a une valeur de 6 car les Bné Israël prétendirent que le veau aurait pu créer la terre en 6 jours.
- le dalet a une valeur de 4, correspondant à l'allégation que le veau aurait pu étendre les 4 directions du monde.
- le youd, valeur de 10, rappelle la prétention que le veau aurait pu leur donner les 10 Commandements.

La Torah dit donc : "Di Zahav" (assez d'or) = "La faute du veau d'or qui avait mis D. très en colère aurait suffi pour qu'Il nous anéantisse".
[...]

Moché a dit à Hachem : "... Quelle est leur faute? Tu leur as donné tant d'or et d'argent qu'ils en avaient plus qu'assez. C'est pour cela qu'ils ont fabriqué le veau d'or.
L'abondance de richesses entraîne les hommes à oublier la crainte de D.
Un lion rugit lorsqu'il a devant lui un morceau de viande mais pas un tas de foin. Lorsqu'il a à manger, il rugit et fait trembler le monde entier. Mais s'il ne dispose que de foin, son coeur est humble et il garde le silence ...

On dit qu'un homme au ventre plein est prêt à commettre toutes sortes de méfaits et à oublier D.
La Torah emploie donc l'expression "Di Zahav" (assez d'or). Moché disait : "Le fait même que Tu leur aies donné tant d'or les a conduits à fabriquer le veau".
[...]

Après avoir réprimandé les Bné Israël (début Dévarim), Moché avait l'intention de leur expliquer toute la Torah. Cela nous apprend que pour D. ne prenne pas en compte la faute du veau d'or, le remède est l'étude de la Torah. Tant que nous nous investissons dans l'étude, nous n'avons pas à craindre le châtiment pour la faute du veau d'or, comme il est écrit : "Un remède pour la langue est l'arbre de vie" (Michlé 15,4).
Le remède contre les mauvaises paroles : "Voici tes dieux, Israël" (lors de la faute du veau d'or) est l'étude de la Torah appelée "un arbre de vie".
[Méam Loez]

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-> Les Sages de la maison d'étude de rabbi Yanaï apprennent du verset (Dévarim 1,1) : "Di Zahav" que Moché s'est "dressé" contre Hachem. Selon eux, Moché a dit à Hachem : "Maître du monde, c'est à cause de l'argent et de l'or (zahav) que Tu as donné à profusion aux enfants d'Israël, jusqu'à ce qu'ils disent : "daï" (די - c'est assez!) qu'ils ont fait le veau (d'or)."
[Hachem a accepté ces arguments de Moché affirmant que le Ciel était essentiellement responsable du veau d'or par cause de l'excès de richesses accordées]
[guémara Béra'hot 32a]

-> Hachem a gratifié les juifs de tant d'argent et d'or à la sortie d'Egypte qu'ils ont dit : "ça suffit! c'est assez!" (daï). En effet, ils ont emmené dans le désert la richesse "empruntée" aux égyptiens avant leur départ d'Egypte, ainsi que l'énorme butin récupéré sur le bord de la mer après l'engloutissement de tous les égyptiens. [Maharcha]

-> Un homme est en général insatisfait de sa part et désire toujours plus d'argent, car il lui semble toujours avoir des manques.
En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne quittera ce monde qu'avec la moitié de ses désirs dans sa main" (midrach Kohélét rabba 1,13).
Celui qui possède 100 en désirera 200 ; s'il obtient 200, il en désirera 400 ...

=> Comment alors les juifs ont-ils pu dire : "c'est suffisant!" (daï) à la quantité d'argent et d'or qu'ils possédaient (alors que par nature un homme n'est jamais satisfait par ce qu'il a)?

Nous pouvons répondre que la convoitise d'argent et l'insatisfaction permanente de notre situation économique ont pour origine la souillure (zouama) que le serpent (symbole du yétser ara) a communiqué à 'Hava et à ses descendants.
Or, il est dit dans la guémara (Shabbath 146a) que lorsqu'Israël s'est tenu au mont Sinaï, avant le don de la Torah, cette souillure a cessé (puisqu'Israël a retrouvé le niveau d'Adam et 'Hava avant leur faute) et n'est revenue qu'après la faute du veau d'or.

C'est pour cela qu'avant le don de la Torah, ils ont pu dire : "ça suffit (daï) [aux richesses]".
[rav Wasserman - Kovets Biour Aggadot 8,6]

=> On voit de là, à quel point dans sa nature, un homme n'est pas satisfait de ce qu'il a, désirant toujours plus.
Un juif doit travailler son caractère, au point d'en arriver à toujours se satisfaire de ce qu'il a. [tendre vers cet état d'avant la faute de Adam et 'Hava!]

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-> b'h, issu du : http://todahm.com/2019/01/12/jalousie-savoir-se-satisfaire-de-ce-que-lon-a

Le livre de Dévarim

=> Quel est la particularité du ‘Houmach Dévarim?

-> Le Séfer Dévarim, appelé aussi Michné Torah (répétition de la Torah), est une révision de ce qui a été déjà enseigné dans les 4 premiers 'Houmachim [guémara Guitin 2a - Tossefot].
Moché a répété les Commandements des Livres précédents de la Torah afin d’avertir Israël de les accomplir. Il les a également expliqués, et en a ajouté quelques autres. [Ramban]

La majorité du Séfer Dévarim est dévouée à l’élaboration et à l’explication des Commandements qui ont été donnés précédemment. Donc, le Livre de Dévarim exige de la Nation de peiner dans l’étude de la Tohra afin de comprendre les nuances de la Torah Écrite et d’élucider les leçons implicites. Ce niveau d’analyse est appelé Talmud. [Netsiv]

-> Sur plusieurs points, le ‘Houmach Dévarim se distingue des quatre autres ‘Houmachim, parmi lesquels :
1°/ Concernant le Séfer Dévarim, "Moché le prononça de lui-même" [Comme l’enseigne la guémara à propos des Malédictions de Ki Tavo - guémara Méguila 31b], "en étant inspiré par D." [Tossefot].
Quant aux quatre premiers Livres, Moché les a prononcés de la "Bouche de la Puissance [divine]", c’est-à-dire qu’il ne fut que l’émissaire de D. [Rachi].

2°/ En ce sens, pouvons-nous comprendre cet enseignement : La différence entre le Séfer Dévarim et les 4 autres ‘Houmachim est comparable à la différence qui existe entre la Torah Orale et la Torah Écrite (le Séfer Dévarim - Paroles - est la Source de la Torah Orale - selon abbi Tsadok haCohen - Pri Tsadik). [Zohar II 261a]
Ainsi le Sfat Emet (Dévarim 5661, 5662, 5663) nous explique pourquoi nos Sages se réfèrent à ce Livre de Dévarim sous le nom de "Michné Torah" : "Comme son nom l’indique, il incorpore une double Torah : la Torah Ecrite et la Torah Orale. Tandis que les 4 autres Livres ne sont que la Thora Ecrite".

3°/ Les 4 premiers ‘Houmachim : Béréchit, Chémot, Vayikra et Bamidbar, font allusion, respectivement, aux 4 Exils : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome.
Le Séfer Dévarim fait allusion à la Délivrance finale. Ainsi, le Maharal de Prague (Guévourot Hachem 23) nous explique que le chiffre "quatre" symbolise l’Exil puisqu’il fait référence aux 4 coins cardinaux, auxquels ont été dispersés les juifs au cours de leur histoire (c’est pourquoi, nous dénombrons également 4 Exils d’Israël : Babel, Perse, Grèce et Rome).
A contrario, le chiffre "cinq" symbolise la Délivrance : le point situé au centre des 4 coins cardinaux, rassemblant autour de lui, et faisant ainsi référence au rassemblement des Exilés sur leur terre.

4°/ Les quatre premiers ‘Houmachim correspondent aux Téfilin de la tête (4 parachiyot sur 4 parchemins), tandis que le Séfer Dévarim correspond aux Téfilin du bras (les 4 Parachiyot sur un seul parchemin, à l’instar du Michné Torah qui récapitule les 4 ‘Houmachim).
Ainsi, le Séfer Dévarim comporte des reproches, car ceux-ci rapprochent le coeur des hommes vers D. ; le coeur étant la partie du corps vers laquelle sont dirigées les Téfilin du bras. [Sfat Emet]

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+ Dévarim = LE livre de moussar :

-> Selon le rabbi Bounim de Pschisha : "Il n'y a pas de meilleur livre de moussar [que le livre de Dévarim] !".
[Chem miChmuel - Devarim ; Pri Tadik - Devarim]

-> Le rabbi de Satmar Rebbe dit : "En été, les gens voyagent vers leurs maisons d'été, et il est difficile d'emporter beaucoup de livres de moussar. Mais ils emportent un 'houmach Dévarim, et c'est suffisant parce que le 'houmach Dévarim est le meilleur livre de moussar".

-> Le Chla haKadoch (Vaé'hanan) écrit : "Pourquoi devons-nous chercher du moussar? Tout le livre de Dévarim est rempli de moussar".
C'est le moussar que Moché Rabbénou a dit aux Bné Israël [à 120 ans] avant sa mort.

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-> Le premier verset du livre de Dévarim déclare : "Celles-là sont les paroles que Moché a adressées à chaque juif" (élé adévarim acher dibèr Moché él kol Israël - Dévarim 1,1).
Le 'Hozé de Lublin explique que : "él kol Israël" (à chaque juif - אֶל כָּל יִשְׂרָאֵל) est à comprendre de façon littérale. Moché Rabbénou a adressé ce 'houmach de Dévarim à destination de chaque juif, y compris aux juifs vivants des milliers d'années plus tard.
Ainsi, dans le séfer Dévarim, Moché nous parle personnellement et nous enseigne le moussar que nous avons besoin d'entendre à notre génération.

Nos Sages disent que Moché Rabbénou était le plus grand prophète.
Tous les prophètes disent : "ko amar Hachem" (Hachem a dit ceci), alors que Moché disait : "zé adavar" (ceci est ce que Hachem a dit). Cela signifie que Moché avait une vision claire de la prophétie et pouvait répéter les messages d'Hachem exactement comme Hachem l'a dit.

Rabbi Tadok haCohen explique que Moché a dit sa prophétie au moment où il l'a reçue. Lorsqu'il s'adressait à la nation, il lui disait : "zé adavar" = ceci est la prophétie que je reçois pour vous en ce moment même.
Moché ne nous a pas parlé il y a 3 000 ans. Moché nous parle aujourd'hui, et il nous dit : "zé adavar acher tsiva Hachem" = voici ce qu'Hachem vous dit en ce moment même.
Nous pouvons recevoir ces prophéties et découvrir les leçons et les messages qui s'appliquent à nous [comme si Moché nous parlait directement] lorsque nous étudions les parachiot du livre de Dévarim.

"Regarde, J'ai livré le pays devant vous. Allez occuper le pays que D. a juré de donner à vos pères Avraham, Its'hak et Yaakov, et à leurs descendants après eux" (Dévarim 1,8)

-> Moché dit à présent aux Bné Israël : "Voyez à quel point D. voulait vous conduire en terre d'Israël. Il m'a dit de transmettre à chacun de vous : 'Regarde! J'ai livré le pays devant vous'."

Si D. désire renverser une nation, Il commence par renverser son ange protecteur céleste (sar) et le détruire ainsi qu'il est écrit : "Hachem bouleversera avec force l'armée céleste en Haut et les rois de la terre sur terre" (Yéchayahou 24,21).

Les Bné Israël se plaignaient que D. n'eût pas la force de combattre les 31 rois de Canaan.
Qu'a fait D.?
Il a pris les anges protecteurs de ces nations, les a attachés et les a jetés à terre aux yeux des Bné Israël. Ces derniers les ont vus ligotés et précipités à terre devant eux.

C'était un miracle tout à fait exceptionnel : Hachem a donné au peuple la capacité de voir, de leurs yeux, les princes célestes des nations, des êtres spirituels, attachés et couchés à terre comme des cadavres.

"Regarde! J'ai livré le pays devant vous" = ce verset paraît difficile à comprendre. Puisque les Bné Israël n'étaient pas encore entrés dans le pays, comment chaque Bné Israël pouvait-il voir le pays devant lui?
En fait, cette expression fait allusion aux princes célestes de ces nations. Les Bné Israël en ont déduit que le pays leur était livré.
[...]

"Le pays que D. a juré de donner à vos pères Avraham, Its'hak et Yaakov". Hachem nous dit : "Vous allez occuper le pays [d'Israël]. Toutefois, sachez que ce n'est pas dû à votre mérite mais Ma promesse à vos ancêtres. J'ai promis à Avraham, Its'hak et Yaakov, le pays leur sera repris."

Hachem dit qu'Il avait juré aux Patriarches de leur donner le pays [d'Israël] mais qu'ils n'avaient rien reçu de leur vivant. Cela nous apprend que si un fils hérite de bienfaits dans ce monde même si son père est déjà mort, le père en est heureux dans le monde futur comme s'il en avait lui-même bénéficié.
A l'inverse, il en est de même lorsque les souffrances s'abattent dans le monde. Dans le monde futur, le père souffre des tourments que son fils endure ici-bas.
La Torah dit donc : "de donner à vos pères Avraham, Its'hak et Yaakov, et à leurs descendants après eux" = si les enfants obtiennent quelque chose, c'est exactement comme si leur père l'avait obtenu.
[Méam Loez - Dévarim 1,8].

"Dans le désert, tu as vu Hachem, ton D., te porter, comme un homme porte son fils, sur la route que vous avez emprunté jusqu'ici" (Dévarim 1,31)

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-> [Dans le désert,] Vous étiez accompagnés de 7 nuées de Gloire.
4 nuées étaient postées dans les 4 directions pour vous protéger du mauvais œil. Une autre se trouvait au-dessus de vous afin que ni le soleil ni la pluie ne vous atteignent.
Grâce à la nuée situé au sol, D. vous portait comme un père porte son enfant. Il vous portait "sans Ses bras" afin que vous ne vous fatiguiez pas sur la route.
Une autre nuée avançait 3 jours devant vous pour aplanir votre route et supprimer toutes les bosses et les fosses. Si un Bné Israël avait envie de descendre dans un lieu, la nuée formait une dépression dans le sol. Si un autre voulait se trouver dans une colline, la nuée le soulevait.
[...]

Moché leur a dit : "Vous n'êtes pas dominés par un ange gardien [comme les autres nations,] c'est Hachem Lui-même qui vous dirige.
Il est "Hachem votre D.", vous êtes Ses enfants ...
Vos voyages sont donc dirigés [directement] par D. et non par [l'intermédiaire] d'un ange gardien."
[Méam Loez - Dévarim 1,32-33]

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=> Dans notre vie, on se demande où peut bien se trouver Hachem, mais en réalité Il est en train de nous porter sur la route de notre vie, comme un père chouchoute son fils adoré.
Hachem accomplit une infinité de bontés, de miracles pour nous, que le libre arbitre nous empêche de percevoir.
[dans le monde à venir nous serons fous de joie en comprenant rétroactivement à quel point Hachem nous aime!]

-> Hachem dit à tout juif : "Je suis avec lui dans le malheur/détresse" (Téhilim 91,15 - imo ano'hi bétsara - עִמּוֹ-אָנֹכִי בְצָרָה).
Dans ce verset qui parle de nos moments de douleur, on peut noter que les dernières lettres de chaque mot sont : youd, hé, vav (יהו), qui sont les 3 lettres du Nom de Hachem (יהוה) [dans Son attribut de miséricorde].
[Rabbénou Bé'hayé - Ki Tavo 28,15]

-> Le Zohar (sur Méguilat Eikha) dit qu'à chaque fois qu'une punition doit s'abattre sur un juif, la Présence Divine se place devant la punition pour la recevoir à sa place. L'homme qui se trouve alors derrière la Présence Divine ne reçoit qu'un léger éclat, une fraction de la punition qu'il aurait dû réellement recevoir.
C'est ainsi qu'agirait une mère pour son fils, et c'est ainsi qu'Hachem agit constamment pour nous.

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-> "[Hachem!] Tu es empli de pitié dans Ton jugement! Lorsque Tu juges un homme, Tu ne le punis pas en fonction de ses actes. Par Ton Attribut de miséricorde, Tu allèges son châtiment.
Si Tu punissais l'homme selon ses actes, il serait réduit à la poussière et à des cendres.
Mais Toi Hachem, Tu agis avec bonté et miséricorde : Tu frappes d'une main et Tu guéris de l'autre."
[paroles de Moché à Hachem - Méam Loez - Vaét'hanan 3,24]

-> "Quel peuple est assez grand pour avoir D. proche de Lui, comme l'est Hachem, notre D., chaque fois que nous L'appelons?" (Vaét'hanan 4,7)

Le Méam Loez (Vaét'hanan 4,7-8) commente :
Hachem n'agit pas envers Israël comme envers les autres nations.
S'il punit une nation pour ses fautes, Il la frappe jusqu'à l'anéantir. Par contre, s'Il frappe le peuple d'Israël d'une main, Il le guérit de l'autre.
Cela peut être comparé à un homme si fort qu'il peut tuer d'un coup de poing. Cependant, s'il lui faut corriger l'un de ses enfants, il le frappe avec compassion sans le mettre en danger.
Hachem agit de même envers nous car Il est notre parent (karov veut aussi dire "un proche parent").

Si un homme a un parent riche, il fait savoir à tous que ce parent fait partie de sa famille ; mais s'il est pauvre, il fait comme s'il ne le connaissait pas.
Bien qu'en Egypte, nous fussions des esclaves qui travaillions aux briques et au mortier, D. nous a appelés : "Mon fils, Mon premier-né, Israël" (Chémot 4,29).
La Torah dit donc : "pour avoir D. proche de lui (ou D. comme proche parent)" = voyez à quel point Hachem vous aime! Il est proche de vous comme un membre de votre famille. Lorsque vous fautez, Il vous frappe d'une main, mais de l'autre Il vous prend en pitié.

"Telles sont les paroles (dévarim) que Moché adressa à toute la communauté" (Dévarim 1,1)

-> [Le mot "dévarim" est phonétiquement lié au mot "dévora", qui veut dire une abeille] car la Torah est comparée à une abeille.
De même qu'une abeille peut piquer et même tuer, les Bné Israël sont punis s'ils transgressent la Torah.
Mais l'abeille produit aussi du miel : si l'on observe la Torah, on goûtera une vie aussi douce que le miel, tant dans ce monde que dans le prochain.
[Méam Loez - Dévarim 1,5]

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-> Le mot "dévarim" est proche du mot : dévorim, qui veut dire "abeilles".
De même que les abeilles suivent leur chef, les juifs doivent suivre leur dirigeant [spirituel].
[Méam Loez - Dévarim 1,12]

"La proposition [de l'exploration du pays] parut bonne à mes yeux [moi Moché] et je choisis parmi vous 12 hommes, un homme par tribu" (Dévarim 1,23)

-> Rachi précise que les explorateurs ont été choisis parmi les plus distingués du peuple.
Le Ramban (Chéla'h Lé'ha 13,4) dit que le verset rapporte les noms des explorateurs par ordre d'importance décroissante.
[Yéhochoua, le successeur de Moché, n'y apparaît qu'en 5e position, ce qui confirme qu'il s'agissait d'hommes remarquables au moment d'être envoyés en exploration.]

-> Le rav Yérou'ham Leibovitz enseigne :
Dans la nature, il existe une force qui monte et une qui descend : une petite graine commence à pousser donne un arbre chargé de nombreux fruits, mais finira par flétrir.
Si nous devons comparer cet arbre qui se trouve dans une phase de flétrissement à la graine qui commence à germer, c'est cette dernière qui a la plus grande valeur, car elle est en train de grandir.
Ainsi, malgré leur niveau très élevé, les explorateurs entamèrent un processus de déclin et finirent par fauter.

=> Il conclut : Contrairement à l'idée commune, il nous faut apprécier davantage ceux qui tendent à grandir, que certains grands hommes qui commencent à s'affaiblir.

[une personne peut sembler en apparence plus élevée à un instant t, mais si elle est dans une dynamique descendante, elle peut chuter et nous faire chuter à l'image de celle des explorateurs!
Quelques soient ses sentiments, l'environnement, ... un juif se doit de toujours regarder vers le haut, de vouloir toujours sincèrement se développer et s'élever vers Hachem!]

"Vous avez pleuré devant Hachem, et Hachem n'a pas entendu votre voix" (Dévarim 1,45)

-> Ce verset décrit le comportement du peuple, après la sanction des explorateurs, quand une partie du peuple regretta la faute et voulut monter en Terre Sainte à tout prix.
Mais si les Juifs pleurèrent et se repentirent, pourquoi Hachem ne les entendit-Il pas?

En fait, la Torah dit littéralement : "Hachem n'a pas entendu dans votre voix (békolé'hem)", que l'on peut aussi rendre : "Hachem n'a pas entendu par votre bruit". En effet, la faute a causé un grand bruit et s'est diffusée en grande pompe. Cela a causé une profanation du Nom d'Hachem.
Or, pour une telle faute, la guémara dit que le repentir, le jour de Kippour et les souffrances suspendent l'expiation et seule la mort répare complètement. C'est pourquoi, le repentir du peuple ne suffisait pas.
On peut ainsi lire le verset : "Vous avez pleuré devant Hachem" et vous vous êtes repentis. Mais "Hachem n'a pas entendu" votre repentir "par votre bruit", du fait du grand bruit et de la grande diffusion de la faute, ce qui a causé une profanation du Nom Divin.
[Sforno]