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"Hachem ... marche avec toi, Il ne te lâchera pas ni t'abandonnera" (Vayélé'h 31,6)

-> Rachi s'arrête sur la redondance du verset : "Il ne te lâchera pas ni ne t'abandonnera". Quelle différence y a-t-il entre ces 2 termes?
Il explique que la Torah veut ici nous dire qu'Hachem ne te laissera pas avoir de relâchement pour ne pas être abandonné par Lui. Le verset vient enseigner que c'est l'homme lui-même qui provoque qu'Hachem l'abandonne, par le fait qu'il relâche son attachement à Hachem.

-> Le rav Shlomo Wolbe relève que ce verset dévoile ici un secret très profond.
Au moment où un homme ressent qu'Hachem l'a abandonné, quand il sent que sa vie n'a pas de sens, que trop d'épreuves et de difficultés l'entourent (que D. Préserve) sans qu'il ne voie d'issue, c'est qu'en fait de son côté il a malheureusement lâché quelque peu son attachement avec Hachem. C'est qu'il a un peu baissé les bras dans son Service d'Hachem et dans sa confiance en Lui.
Car en réalité Hachem dispense ses bienfaits constamment. Même quand l'homme connaît des difficultés, Hachem est avec lui et l'aide à s'en sortir.
Il lui envoie des embûches et épreuves pour l'aider à grandir et à se dépasser pour se parfaire encore plus, ce qui est le véritable bien.

Quand un homme reste attaché inconditionnellement à son Créateur, qu'il place son espoir en Lui et fait confiance au fait qu'Il cherche son bien et qu'Il va l'aider à s'en sortir, pour accéder à un plus grand bien, alors il aura les forces de tout traverser. Car il s'appuiera constamment sur Lui, il sentira la Présence Divine, Son aide et même Sa Bonté, même dans les moments plus difficiles.
Quoi qu'il en soit, Il ne se sentira jamais abandonné.

Mais quand un homme se sépare d'Hachem et lâche un peu sa confiance et son investissement dans la pratique de la Torah, c'est dans un tel contexte qu'il pourra se sentir abandonné.
Mais en réalité, même dans ce cas Hachem continuera à l'aider. Seulement, lui ne pourra pas le voir et le ressentir, car il a lâché la main de Son Créateur.
Le conseil est donc de se renforcer dans sa confiance en Hachem et dans Son Service. Et alors, il pourra ressentir tout d'un coup qu'en fait Hachem ne l'a pas abandonné.

"Et Je voilerais Ma face ce jour-là, à cause de tout le mal qu’il a fait" (Vayélé'h 31,18)

=> Comment est-il possible qu’Hachem nous voile Sa face?

1°/ Le Baal Chem Tov répond par la parabole suivante :
Un jour, un roi voulut se cacher dans son palais, sans que personne ne puisse deviner sa présence. Par de la prestidigitation, il fit apparaître différentes choses à ses enfants tout autour de son palais. On y aperçut des murs de feu, des fleuves, le tout seulement par de la magie. Ceux qui étaient intelligents parmi les enfants du roi se demandèrent : "Comment mon père qui est si sensible peut-il refuser de se montrer à ses enfants?! Il est certain que ceci n’est que de l’effet d’optique dans le seul but de nous tester afin de déterminer notre force et notre volonté à le rejoindre!!"
En effet, les enfants purent se rendre compte qu’il n’y avait aucun obstacle, mais seulement de l’apparence, et lorsqu’ils franchirent le fleuve, celui-ci disparut, et de même pour tous les autres obstacles.
=> Il en est de même pour Hachem ; Il se cache afin de voir notre désir de se rapprocher de Lui, mais en réalité, Il reste totalement proche de nous, et il nous suffit de s’efforcer à nous rapprocher de Lui pour constater que la démarche n’est pas si compliquée!

Un jour, Rabbi Barou'h de Mézibou'h était dans son bureau en train d’étudier, lorsque son petit-fils entra dans la pièce en pleurant. Son grand-père lui demanda : "Pourquoi pleures-tu?" L’enfant répondit : "Je jouais à cache-cache avec mes camarades, et selon les règles du jeu, je dois me cacher afin que mes camarades me cherchent et me trouvent, mais voilà des heures que je suis caché et ils m’ont tous abandonné, aucun ne cherche après moi!!"
Lorsque Rabbi Baroukh entendit les paroles de son petit-fils, il éclata lui aussi en sanglots : "Hachem Lui aussi pleure dans Sa cachette et se lamente : Pourquoi personne ne Me cherche-t-il? Il est effectivement écrit : 'Et Je voilerais Ma face ce jour-là'. Pourquoi se cache-t-Il de nous si ce n’est dans le but que nous cherchions après Lui?! Comme il est écrit: ‘De là-bas vous chercherez Hachem ton D. et tu Le trouveras, car tu L’as réclamé de tout ton coeur et de toute ton âme.’
Hachem dit : ‘Si vous Me cherchez, vous Me trouverez, mais personne ne Me cherche!!' "

2°/ La dissimulation de la face de D. était déjà mentionnée au verset précédant (17) : "Ma colère s’enflammera en ce jour, et Je leur déroberai Ma face et les laisserai souffrir". C’est que D. parlait alors comme un père qui aime tendrement son fils. Quand il ne peut supporter la souffrance de son enfant, Il se couvre le visage afin de ne pas le voir. Il se dit : "Ils admettront alors : 'C’est parce que la Chékhina nous a quittés (à cause de nos pêchés) que ce mal nous a frappés'. Cette pensée fugitive de repentir ne Me contraindra pas à les racheter. Je cacherai plus encore Ma face, comme si Je ne remarquais pas leur souffrance, et J’attendrai leur parfait repentir pour les délivrer de leurs tourments. Ils feront l’expérience de la destruction de leurs Temples et devront supporter l’Exil."
[d'après le midrach]

3°/ "Et Je (Anokhi - אָנֹכִי) voilerais Ma face" = même au cours des périodes où la Présence divine sera la plus cachée, on pourra malgré tout trouver le "Je" (Anokhi = l’Essence de D.).
C’est une promesse que D. nous a fait, d’être auprès de nous dans la dissimulation la plus épaisse et la plus sombre.
[Baal Chem Tov]

4°/ Si nous savons que D. dissimule Sa face, ce n’est plus vraiment une dissimulation et le malheur n’est plus si grave puisque, à ce moment-là, nous nous soumettons et nous nous repentons. Mais la situation devient vraiment mauvaise lorsque cette dissimulation est elle-même cachée, quand on ne sait pas que D. cache Sa face. Lorsqu’on croit que tout est dû au hasard, on ne pense même pas qu’il faille faire Téchouva.
Tel est le sens de la répétition: "Aster Astir Panaï" (הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי - cacher, Je cacherai Ma face) = Je cacherai la dissimulation.
[Sfat Emet]

"Je ferai témoigner pour eux le ciel et la terre" (Vayélé'h 31,28)

Ce verset peut aussi se traduire : "Je ferai témoigner par eux le ciel et la terre". Car toute la création témoigne et atteste de la Grandeur d'Hachem. Un monde bâti sur tant d'intelligence et de beauté ne peut être que l’œuvre d'un Être Supérieur.
Mais pour que le monde puisse délivrer ce message, on a besoin du travail du peuple juif. Ce sont les Juifs qui, par leurs actions et leurs influences autour d'eux, permettent à l'humanité de reconnaître la Présence Divine dans le monde.
Cela est en allusion dans ce verset : "Je ferai témoigner par eux", c'est-à-dire par les enfants d'Israël, "le ciel et la terre". Par tout le travail des juifs, le ciel et la terre pourront témoigner de la Grandeur d'Hachem. Ce sont eux qui révèlent Hachem dan la création.
['Hidouché haRim]

"Hachem ton D. Lui passera devant toi" (Vayélé'h 31,3)

=> Moché encourage ici Yéhochoua. Il lui dit qu'Hachem sera avec lui. Mais pourquoi Moché ne lui dit-il pas : Hachem notre D."?

En fait, nos Sages (guémara Kétoubot 110b) disent : "Quiconque vit en terre d’Israël est semblable à quelqu'un qui a un D., et quiconque vit ailleurs est semblable à quelqu'un qui n’a pas de D."
Et puisque Yéhochoua va mériter d'entrer en terre d'Israël, contrairement à Moché, ce dernier lui dit donc : "Hachem ton D.", car il va mériter encore plus qu'Hachem soit son D.
[Tiféret Yonathan]

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-> Selon nos Sages, chaque pays est sous la dépendance d'un ange, à l'exception de la terre d'Israël qui est directement sous la responsabilité de Hachem. Cela explique qu'en dehors d'Israël, on est semblable à quelqu'un qui n'a pas de D., puisqu'on doit passer par un intermédiaire.

-> Lorsque [une personne en dehors d'Israël] prie à la suite d'un malheur, de nombreux anges accusateurs retiennent sa prière et examinent ses actes pour décider si cette prière mérite de monter en Haut. S'ils l'en jugent indigne, la personne a beau appeler, D. ne lui répond pas.
[Méam Loez - Vaét'hanan 3,27]

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-> Les juifs qui habitent au pays d’Israël sont nommés les "Enfants d'Hachem" ; ceux qui habitent à l’extérieur d’Israël sont nommés les "Esclaves d'Hachem".
[Yalkout Réouvéni]

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-> Le Maharal de Prague (dans son Séfer Ohr H’adach) écrit :
"Toutes les terres appartiennent à une nation et de ce fait ne sont pas considérées comme l’héritage d’Hachem mais la terre d’Erets Israël s’appelle : h’élek Hachem (l’héritage d’Hachem). C’est ainsi que la guemara (Kétouvot 110b) dit : Celui qui habite en dehors de la terre d'Israël c’est comme s’il n’avait pas de Elokim car la terre d'Israël appartient à Hachem tandis que les autres terres, Hachem lui-même les a placées sous la providence d’un ange gardien. C’est ainsi que ceux qui y habitent sont considérés comme des gens sans Elokim (puisqu’ils sont sous l’emprise de ces anges et moins sous l'intervention directe d’Hachem) ...
L’homme qui réside en terre d'Israël est sous une providence divine très particulière et précise ; son lien avec Hachem est très puissant".
[paracha Ekev : "Car Hachem porte Ses yeux sur elle depuis le début de l’année jusqu’à la fin de l’année" = Hachem s'occupe avec une attention particulière de la terre d'Israël]

-> Le Ramban (A'haré Mot 18,25) explique cela ainsi :
"Voici qu’Hachem est évidemment Tout puissant, il dirige tout l’univers et également tous les dirigeants qui s’y trouve mais en terre d'Israël, il n’y a pas d’intermédiaire. C’est directement la part d’Hachem consacrée pour Son Nom ; aucun ange n’a le droit d’intervenir. Car cette terre Il l’a réservée pour son peuple Israël".

-> Dans le Sifri (Ekev 11,17) écrit : "vous serez perdus bien vite du bon pays qu’Hachem vous donne" = Sachez que même si Je vous exile (dit Hachem) de la terre d’Israël et vous place dans d’autres pays, soyez quand même excellents dans les mitsvot, mes enfants afin que lorsque vous reveniez sur la terre d’Erets Israël les mitsvot ne soient pas pour vous des choses nouvelles. A quoi cela ressemble?
A un mari qui s’est mis en colère contre son épouse et l’a renvoyée chez son père. Avant de partir, il lui a dit : pour l’instant je suis énervée mais continue à te maquiller et à porter des bijoux afin que lorsque tu reviennes tu n’aies pas adopté de mauvaises habitudes et que la chose te soit agréable et habituelle" (rapporté également dans Rachi).

-> Le Néfech Yéhoudi (Rée) conclut :
Les juifs, qui vivent en dehors de la terre d'Israël, sont à un certain niveau plus loin d’Hachem que ceux qui habitent sur Sa terre et sont donc comme dans Son palais. Ils ont aussi reçu l’ordre de s’embellir des mitsvot et de toute la Torah mais ceci dans le but que leur retrouvaille avec Hachem n’en soit que plus splendide. C’est seulement lorsque nous sommes sur Sa terre et que l’exil prendra fin que nous pourrons tous être considérés comme une épouse qui retrouve véritablement son mari.
La raison de cette métaphore est que la providence d’Hachem, Son intervention et l’attention qu’Il porte à tout ce qui se passe sur Sa terre est plus grande et intense ; le lien existant entre les Bné Israël qui y habitent et Hachem est donc aussi plus fort (dans la mesure où ces juifs sont conscients de ce phénomène et profitent de cette occasion).

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+ La terre d'Israël = le lieu avec le plus de potentiel spirituel :

-> Dans la paracha Réé, la Torah nous demande également lorsque nous entrerons en terre de Kénaane de détruire tous les endroits dans lesquels nos prédécesseurs qui l’ont occupée ont fait de l’idolâtrie. Il est écrit exactement : "Détruire, vous détruirez tous les endroits là où ont servi les nations (celles) que vous déposséderez ; leurs dieux sur les hautes montagnes et sur les collines et sous tout arbre feuillu. Vous démolirez leur autel, vous briserez leurs monuments et leur achérot (arbre consacré) vous les brûlerez dans le feu et les sculptures de leurs dieux vous les abattrez, vous ferez disparaître leurs noms depuis cet endroit là" (Réé 12.2-3).
Rabbi Akiva dans le Sifri dit : pourquoi la Torah parle-t-elle de montagnes, d’arbres... Saches que tout endroit (sans exception) où il y avait de hautes montagnes, tout endroit où il y avait des vallées ou un bel arbre, les habitants de Kénaane (avant les Bné Israël) ont fait là-bas des idoles.

En d’autres termes, nous voyons que l’idolâtrie en terre d'Israël n’était pas juste une religion pour les kénaanéens mais une véritable passion à tel point qu’aucun endroit important n’avait été épargné de leur service idolâtre. Le travail de destruction des Bné Israël a donc été très important.
Cet excès de zèle dans l’idolâtrie par les anciens peuples en Israël peut s’expliquer d’après le principe : "Ceci en face de cela Hachem a créé" (zé éloumat zé bara Elokim), ce qui veut dire que puisque la puissance spirituelle d’un endroit est parallèle au potentiel d’impuretés que ce même endroit peut contenir, toutes les nations qui habitaient en Israël ont développé une idolâtrie intense car la terre dispose d’une force particulière.
Les Bné Israël qui savent canaliser cette force, peuvent inversement servir Hachem avec encore plus de force et de perfection.

"Vienne alors la multitude de maux et d'angoisses qui doivent l'atteindre" (Vayélé'h 31,21)

-> Lorsque rabbi Mendel de Rimanov procédait à la lecture publique de la Torah à la synagogue et qu'il arrivait à ce verset, il s'interrompit et s'adressa avec émotion au ciel : "Maître du monde, vas-y doucement avec le sel! Tu sais que trop de sel rend indigeste la viande. De même une multitude de malheurs ne peut nous rendre meilleurs. Sois compatissant enfin avec nous : ne mets pas trop de sel!"

"Et maintenant, écrivez pour vous ce chant" (Vayélé'h 31,19)

-> Nos Sages déduisent de ce verset que chaque membre du peuple d'Israël a le devoir d'écrire un rouleau de Torah, commandement dont on peut également s'acquitter en écrivant même une seule lettre d'un rouleau entier. Dans la mesure où l'absence d'une seule lettre invalide tout le rouleau, en écrire ou en corriger une équivaut à écrire un rouleau entier. [Rambam - Hilkhot Séfer Torah 7,1]

D'après certaines opinions, on peut s'acquitter de ce commandement en faisant l'acquisition de livres commentant la Torah (Séfer ha'Hinoukh 613 ; Roch [cf.ci-dessous]).

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-> Le Méam Loez (Vayélé'h 31,19) enseigne :
Pourquoi un homme auquel son père aurait laissé un Séfer Torah doit-il selon nos Sages quand même en écrire un autre? Il n'est pas tenu d'acheter des téfilin si son père lui a laissé les siennes.

[Un réponse est : ] cette mitsva a pour but de multiplier les Sifré Torah pour qu'on puisse les prêter à ceux qui n'ont pas les moyens d'en écrire un. De plus, de nouveaux livres donnent envie d'étudier, et cela combat la paresse.
[...]

Le Roch écrit : "C'est certainement une grande mitsva que d'écrire un Séfer Torah mais cela s'appliquait seulement à l'époque où l'on étudiait dans le Séfer Torah qu'on avait écrit.
Aujourd'hui, on dépose les Sifré Torah à la synagogue pour lire la Torah en public.
Désormais, la mitsva pour chaque juif qui en a les moyens consiste à écrire le 'houmach, la michna, la guémara et leurs commentaires pour pouvoir les étudier, lui et ses fils.
En effet, la mitsva d'écrire un Séfer Torah a pour but d'étudier, comme il est écrit : "Enseigne-le aux juifs et fais-le leur apprendre".
Or par l'étude de la guémara et des commentaires, l'homme connaît parfaitement les mitsvot et leurs lois.

Tels sont donc les livres que nous avons l'obligation d'écrire. On ne devra pas les vendre si ce n'est pour avoir les moyens d'étudier la Torah ou pour se marier (comme pour un Séfer Torah)."
[...]

Celui qui achète un Séfer Torah tout prêt sans peiner pour l'écrire est considéré comme un homme qui a "attrapé" une mitsva. Il est probable que s'il avait dû peiner pour accomplir cette mitsva, il y aurait renoncé.

Mais s'il a peiné pour écrire, même s'il n'a fait que corriger une lettre du Séfer, c'est comme s'il l'avait entièrement écrit. En effet, on pourra dire en sa faveur que, de même qu'il a corrigé cette lettre, il aurait aussi corrigé d'autres.
Et comme il a fourni des efforts pour écrire un Séfer Torah, il en aurait fait autant pour aller dans le désert recevoir la Torah. C'est pourquoi l'écriture d'un Séfer Torah est comptée comme la réception de la Torah au mont Sinaï.
[...]

L'homme qui écrit un Séfer Torah ne subira pas les accusations de l'Attribut de Justice.
Celui qui a accompli la mitsva d'écrire un Séfer Torah doit veiller à accomplir la Torah et les mitsvot avec plus empressement. En effet, le but essentiel de cette mitsva est d'encourager l'étude, l'enseignement et l'accomplissement de la Torah.
Ainsi, si nous les négligeons, le Séfer Torah lui-même portera une accusation contre nous.

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-> D'après la guémara (Ména'hot 30a), si quelqu'un écrit un Séfer Torah, la Torah considère cela comme si elle avait reçu la Torah du mont Sinaï.
Pourquoi cela?

Nos Sages disent que la Torah contient 600 000 lettres. Ces 600 000 correspondent aux 600 000 adultes mâles juifs qui ont quitté l'Egypte ; chaque juif a une lettre dans la Torah.
Ainsi, le peuple juif ne pouvait pas recevoir la Torah au mont Sinaï à moins d'y être tous réunis, car si une seule personne était manquante, alors il manquait une lettre à la Torah.

Une personne qui écrit un Séfer Torah, écrit "sa" lettre dans la Torah et se connecte avec toutes les autres lettres, avec tous les autres juifs.
En agissant ainsi, elle fait ce qui a aidé à rendre le don de la Torah possible, et ainsi elle est considérée comme si elle était au don de la Torah.

Notre verset fait allusion à cela : "écrivez pour vous " = écrivez "votre lettre" de la Torah, connectez-vous à l'ensemble du peuple juif, comme tous les juifs étaient unis comme une seule personne au don de la Torah au mont Sinaï.
[...]

Pourquoi le verset commence-t-il par "et maintenant" (véata - וְעַתָּה)?

Cela nous apprend que nous devons étudier la Torah "maintenant", à tout moment et à toute heure.
On ne doit pas se dire : "Cela m'est trop difficile d'étudier la Torah maintenant, je l'étudierai lorsque cela sera plus facile".

[par exemple, chaque personne dit qu'elle travaille beaucoup pour permettre à son enfant de pouvoir étudier, au final les générations passent, et il n'y a jamais d'enfant qui étudie véritablement.
De même, notre yétser ara trouve toujours de bons arguments pour indéfiniment repousser/réduire notre étude.]

[Béer Moché]

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-> Selon nos Sages, ce verset vient donner l’ordre à chacun d’écrire (ou de faire écrire) un Séfer Torah (rouleau de Torah).
De l’expression “écrivez pour vous”, on apprend que même si ses parents lui ont laissé en héritage un Sefer Torah, il est une mitsva qu’il en écrive un autre de par lui-même.

Cette loi délivre une leçon de morale en allusion. C’est que même si quelqu'un a reçu une bonne éducation juive, et qu’il a toujours vu ses parents accomplir les mitsvot, malgré tout, il ne devra pas pratiquer par habitude, parce que ses parents ont toujours fait, alors lui aussi réalise la Torah.
Même si ses parents lui ont laissé un héritage de Torah, lui il devra pratiquer la Torah avec toute la ferveur qui s’impose, comme si c’est lui le premier à pratiquer. Il doit “écrire” sa propre Torah, et pas seulement répéter ce qui se trouve dans la Torah et dans les habitudes religieuses qu’il a reçues de ses parents.

[Ktav Sofer]

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+ "Et maintenant, écrivez pour vous cette Torah" (31,19)

Nos Sages expliquent par rapport à la joie des jours de fêtes, que le terme ''pour vous'' signifie ''pour vos besoins'', à savoir que les jours de fêtes, il convient de s'occuper de ses besoins, en prenant de bons repas par exemple.

On peut appliquer la même explication dans ce verset.
"Écrivez pour vous (pour vos besoins) cette Torah" = car dans la Torah, l'homme peut y trouver tous ses besoins. La réponse à toutes les questions de la vie, l'attitude à adopter à chaque pas et chaque mouvement, tout est contenue dans la Torah.
Celui qui se consacre à l'étude de la Torah, y trouvera tout ce dont il aura besoin dans chaque étape de sa vie.
[Sifté Tsadik]

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-> "A présent, écrivez ce chant" (Vayélé'h 31,19)

C'est de ce verset que nos Sages apprennent qu'il est une mitsva d'écrire un Séfer Torah.
=> Mais on peut s'interroger. Tout d'abord, pourquoi cette mitsva vient à la suite de la longue série de malédictions qui ont été dites depuis la paracha de Ki tavo? De plus, pourquoi le verset qualifie la Torah de chant?

-> Le 'Hafets 'Haïm explique qu'Hachem vient ici nous apprendre comment traverser et surmonter les moments difficiles. Quand un homme traverse des épreuves et qu'il ressente de la peine et de la souffrance, s'il s'investit alors dans l'étude de la Torah, sa lumière extraordinaire aura la force de le faire tenir et de surmonter sa difficulté.
Après avoir exposé la série de punitions, le verset présente la mitsva d'écrire la Torah pour l'étudier. Car c'est son étude sérieuse et assidue qui lui donnera les forces de tout traverser. Car la Torah place l'homme qui s'y investit au-dessus des difficultés pour ne pas qu'il en soit impacté négativement et perde l'espoir.
La Torah donne espoir, joie et confiance, elle permet de voir les choses différemment, avec plus de recul et de se détacher de ses difficultés, qui perdent par cela tout leur caractère effrayant et insurmontable.
Bien plus, cette étude sera même pour lui source de joie, même au milieu de ses difficultés. Il trouvera en elle réconfort et apaisement au point de faire jaillir de son coeur un chant de joie et de bonheur, heureux d'avoir réussi à traverser ses difficultés avec sérénité et de les avoir surmonté.

C'est pourquoi, c'est précisément dans l'exposé des épreuves et malheurs annoncés, que la Torah présente cette mitsva d'écrire un Séfer Torah et l'appelle même ''chant''. Car son étude sera pour lui non seulement un sauvetage et une force pour tout traverser. Mais elle sera même une source de joie et de réconfort intense, qui pourra même le mener à chanter son étude en plein milieu de sa difficulté. Car il sentira qu'elle est son sauvetage et sa force.

"Moché appela Yéhochoua et il lui dit aux yeux de tout Israël : "Sois fort et vaillant (véémats), car toi tu iras avec ce peuple dans le pays que Hachem a juré à leurs pères de leur donner, et toi, tu leur en feras le partage" (Vayélé'h 31,7)

-> Le rav Yossef Chalom Elyachiv fait remarquer qu'en ce qui concerne la terre d'Israël, Moché dit à Yéhochoua de se renforcer (véémats) et d'être ferme.
En revanche, dans le livre de Yéhochoua (1,7), Hachem lui ordonne de se renforcer beaucoup (véémats méod) dans l'accomplissement de la Torah et des mitsvot : "Sois ferme et bien résolu en t'appliquant à agir conformément à toute la doctrine que t'a tracée Mon serviteur Moché".

Ces versets viennent signifier que, pour conquérir la terre d'Israël, il suffit de se renforcer alors les Bné Israël bénéficieront de l'aide de Hachem, tandis que pour l'étude de la Torah, il est exigé de l'homme un grande motivation.
En effet, nos Sages (Pirké Avot 1,14) disent : "Si je n'œuvre pas pour moi, qui le fera à ma place?", car la volonté de Hachem est que dans tout ce qui concerne la spiritualité, l'homme fournisse le maximum d'efforts.

"Moché alla" (Vayélé'h Moché - Vayélé'h 31,1)

=> Où est-il allé?

-> Selon le Targoum Yonathan, il est parti à la maison d'étude.

-> Selon le Sforno, : "Après avoir terminé tout ce qui concernait l'alliance avec Hachem, il a voulu consoler les bnei Israël de sa mort pour que rien ne se mêle à la joie qui convient à l'alliance, ainsi qu'il est écrit : "Israël se réjouira de Son D.""
[en tant que juif, la joie d'avoir une alliance, une liaison si forte avec le Maître du monde (Hachem) doit nous être tellement énorme, qu'aucun événement ne peut l'altérer (même pas la mort de Moché!)]

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-> Moché était sur le point de quitter ce monde.

Avant de mourir, autant les forces physiques de l'homme faiblissent, autant ses forces morales augmentent et sa perception s'aiguise.

Ainsi, lorsqu'un homme parfait atteint la fin de sa vie, des forces spirituelles immenses naissent en lui. C'est la raison pour laquelle au moment de leur mort, les sages désiraient accorder leurs bénédictions à leur génération, comme Its'hak et Yaakov ont béni leurs fils ...

De même, avant leur mort, les grands Sages transmettaient les secrets de la sagesse et de la Torah à leurs élèves. Par exemple, Rabbi Eliézer a pu répondre avant sa mort à toutes les ambiguïtés que ses élèves avaient rencontrées dans leur étude.
[Méam Loez - Vézot haBéra'ha 33,1]

[ainsi, Moché est allé voir chaque juif individuellement pour lui prodiguer un message unique/personnalisé (conseil, encouragement, ...), capable d'influencer positivement cette personne, ainsi que toute sa descendance!]

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-> Quand un homme est vivant, il s'appelle quelqu'un qui "marche", alors que les anges se tiennent immobiles.

Quand un homme est "mort", il devient immobile, car il ne peut plus accomplir les mitsvot, mais si ses enfants ou ses élèves font des mitsvot, ils le rendront "en marche".

=> "Moché alla" = bien que Moché était sur le point de mourir, il pourra continuer à aller par le mérite de ses élèves, du peuple juif qu'il a laissé.

[d'après le 'Hatam Sofer]

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Selon la guémara (Shabbath 30a), on ne dévoile pas à un homme le nombre de ses jours.
=> Comment Moché a-t-il pu savoir le jour de sa mort?

-> Il est écrit dans le Zohar (I,218) que 40 jours avant le décès d'un homme, son âme le quitte, comme il dit : "et que s'effacent les ombres" (Chir haChirim 4,6), et ce pour visiter le lieu qui lui est destiné dans les mondes supérieurs.

Telle est l'explication du Ohr ha'Haïm haKadoch :
"Moché alla" = son esprit de vie et l'âme qui étaient en lui ont commencé à se préparer pour le monde supérieur.
Moché sentait déjà ce processus, et savait que sa fin était proche.
=> C'est pourquoi, il s'est adressé au peuple d'Israël pour lui adresser ses dernières paroles.

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+ "Moché alla"

-> Le peuple juif a mérité d'avoir une source d'eau dans le désert grâce à Myriam. A sa mort, le puits a cessé de couler.
Les Bné Israël ont mérité de voyager entourés de Nuées de Gloire (anané kavod), qui les protégeaient dans le désert. A la mort de Aharon, les Nuées les ont quittés.
Par le mérite de Moché, à la fois le puits et les Nuées de Gloire sont retournés parmi le peuple juif.
Egalement par le mérite de Moché, les Bné Israël ont bénéficié de la manne dans le désert.
Lorsque Moché est mort, c'est comme si Moché, Aharon et Myriam mourraient tous en même temps. En effet, ils ont perdu le puits, les Nuées et la manne.
[Sifté Cohen]

["Moché alla" = avec le départ de Moché, cette fois-ci le puits et les Nuées sont définitivement partis!]

-> "Il leur dit : Je suis âgé de 120 ans aujourd'hui" (31,2)
Il se peut que les 120 années de vie de Moché correspondent aux 120 jours qu'il a passé sur le mont Sinaï : 40 jours avant les 1er Lou'hot, 40 jours où il a prié pour que le peuple juif soit pardonné de la faute du Veau d'or, et 40 jours avant de recevoir les 2e Lou'hot.
[d'après le rav Yaakov Scechter : selon la guémara (Ména'hot 99b) : La Torah a été donnée en 40 jours et une âme (néchama) est créée en 40 jours. Ainsi, il est probable que Moché a vécu 120 années en correspondance au cumul de sa néchama, de celle d'Aharon et de celle de Myriam (ce qui prolonge le divré Torah précédant!).]
[rabbénou Bé'hayé]

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-> "J’ai 120 ans aujourd’hui" (Vayélé'h 31,1-2)

-> Rachi explique : "Aujourd’hui mes jours et mes années ont été remplis ; en ce jour je suis né et en ce jour je vais mourir."

-> La guémara (Kidouchin 38a) dit : "Cela nous enseigne que D. remplit les jours des Justes jusqu’au jour et au mois, comme il est écrit : "Je remplirai le nombre de tes jours" (אֶת מִסְפַּר יָמֶיךָ אֲמַלֵּא - ét mispar yamé'ha amalé - Michpatim 23,26).

-> Le Zohar enseigne qu’en accomplissant chaque jour une mitsva, le tsadik confectionne une "vêtement" spirituel pour sa Néchama, grâce auquel il peut jouir du "rayon de la Chékhina" dans le Gan Eden. Hachem comble ainsi les "vêtements" du tsadik avec la Lumière Divine (à noter que le mot מִסְפַּר – Mispar [nombre] – s’apparente au mot ספיר Saphir – une pierre lumineuse), afin qu’il puisse recevoir le Dévoilement Divin, la Crainte et l’Amour Supérieurs dans son âme.
[Torah Ohr]

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+ "Moché alla (vayélé'h)"

-> Le midrach Tan'houma enseigne que le langage de "vayélé'h" (alla) signifie : une réprimande (tokhakha).
Moché est allé dans la tente de chaque juif et leur a donné du moussar [personnalisé].
C'était la dernière opportunité de leur parler et d'essayer de s'assurer qu'ils suivraient la volonté de Hachem.
[Pné David]

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-> "J'ai 120 ans aujourd'hui, je ne peux plus entrer et sortir" (Vayélé'h 31,2)

-> Nos Sages expliquent que Moché voulait dire par cette parole qu'il avait atteint ce jour là ses 120 ans. C'était le jour de son anniversaire. Moché précisa cet élément pour faire savoir au peuple que le jour de sa mort était arrivé, car Hachem remplit les jours des Justes au jour près.
D'autre part, Rachi explique que la phrase : "Je ne peux plus entrer et sortir" signifie que les portes de la sagesse se sont refermées devant lui. Il ne pouvait plus encore s'élever dans la sagesse, sortir d'un niveau plus bas pour entrer dans un niveau plus haut.

-> Rabbi Nathan de Breslev explique les 2 éléments de cette parole de Moché sont liés.
Pour que Moché puisse mourir en ce jour, il fallait nécessairement que les portes de la sagesse se referment devant lui. En effet, l'homme a été créé dans ce monde pour évoluer spirituellement. Cette progression s'exprime par l'accomplissement des mitsvot, l'amélioration de ses traits de caractère, l'élévation dans la connaissance d'Hachem ...
Tant qu'il y a de quoi progresser, Hachem donne de la vie. Car la vie n'est donnée que pour pouvoir se parfaire. Et bien qu'il existe des personnes qui n'avancent pas, voire même qui ne cessent de chuter spirituellement, et malgré tout ils continuent d'être en vie.
En réalité, même leur vie ne leur est donnée que pour faire du bien. Hachem peut le laisser en vie du fait qu'Il sait qu'il a un potentiel d'avancer. Hachem attend patiemment qu'un jour il révèle et réalise son potentiel. Il se peut aussi que cet homme accomplisse une bonne action et qu'Hachem le laisse vivre pour cela.

Mais quand un homme n'a plus de possibilité d'évoluer, alors Hachem ne trouve plus justifié de lui donner de la vie, D. Préserve.
Néanmoins, les hommes Justes sont constamment en évolution. Ils ne cessent de progresser et de s'améliorer, de jour en jour. Ainsi, théoriquement ils ne devraient jamais quitter le monde. C'est pourquoi, quand arrive le jour où Hachem a décrété qu'il doit partir, pour les raisons qu'Il connaît, alors Hachem leur ferme les portes de la sagesse pour qu'ils ne puissent plus avoir de quoi évoluer, pour qu'il soit possible de reprendre leur âme.

[ainsi chaque instant où je vis, Hachem m'exprime Sa confiance et Sa certitude que je peux encore faire de belles choses malgré mon libre arbitre.
C'est le yétser ara qui met en nous des pensées négatives remettant en question la confiance et la valeur qu'a papa Hachem de nous, afin de nous faire chuter, de faire que l'on accomplisse le moins possible nos potentialités. ]

"Ma colère s'enflammera contre lui en ce jour. Je les abandonnerai, Je leur cacherai Ma face et il deviendra une proie et nombre de malheurs et de calamités l’assailliront" (Vayélé'h 31,17)

-> "Je leur cacherai Ma face" : non par colère, mais par pitié.

L'attitude de D. peut être illustré par une parabole : un enfant ayant mal agi envers son père, ce dernier ordonne à son précepteur de le frapper.
Le père veut que son fils soit battu et corrigé, mais il ne veut pas voir son fils accablé de coups. Que fait-il?

Il se couvre le visage de ses mains pour ne pas voir la souffrance de son fils.
De même, Hachem punit Israël comme un père corrige son fils, mais Il "se couvre le visage" pour ne pas voir la souffrance de Son peuple.

[Selon le Daat Zekenim, cela exprime l'immense amour d’Hachem pour chaque juif.]

Pourquoi le voilement de la face de D. est-il si grave?

Parce que le peuple juif est placé sous la surveillance constante de Hachem et compte sur Lui en tout.
Si D. retire Sa Providence des juifs, ils sont exposés à de grands malheurs, car ils n'ont aucun moyen d'échapper aux calamités.
Ce n'est pas le cas des autres nations qui ont des princes (anges) célestes chargés de veiller sur elles.
Israël n'a pas d'anges céleste, car Hachem seul les protège.

[Méam Loez]

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+ "Mais alors même, Je persisterai, Moi, à dérober ma face" (Vayélé'h 31,18)

=> Pourquoi le verset emploie-t-il une répétition : "haster astir" (Je persisterai à dérober)?

Il est écrit au nom du Baal Chem Tov, que l'homme se sent parfois loin de Hachem, et déploie des efforts pour se rapprocher de Lui.
Mais ce qui est plus grave, c'est lorsque D. masque à l'homme le sentiment que Hachem est loin de lui, et il est ainsi convaincu d'en être proche, alors qu'il est en réalité très loin.

=> C'est le sens de ce doublon : "haster astir" Hachem cachera au peuple d'Israël ce voilement de Sa face, et ils ne sauront absolument pas qu'ils sont éloignés.
Un telle sanction est bien plus grave, car dans ce cas l'homme n'investit pas d'efforts pour se rapprocher de son Créateur (pensant à tord l'être déjà!).

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-> "Et Moi, Je persisterai à cacher Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18)
Selon Rava, Hachem a voulu dire : Je leur cachera Ma face, cependant, Je leur parlerai en rêve.
Rav Yossef dit : La main de Hachem sera (toujours) étendue sur nous (pour nous protéger), d'après le verset : "Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main" (Yéchayahou 51,16).
[guémara 'Haguiga 5b]

-> Le voilement de la face d'Hachem est une conséquence du principe de réciprocité : mesure pour mesure (mida kénéguéd mida).
Après que le peuple d'Israël ait tourné le dos à Hachem et à Ses commandements et soit tourné vers des divinités étrangères, Hachem à son tour "tourne le dos" à Son peuple, donc dissimule Sa face afin que ce peuple, livré à lui-même, amorce une téchouva sincère et totale.
[rav El'hanan Wasserman]

-> Rav enseigne : "Quiconque ne connait pas la dissimulation de la face d'Hachem ne fait pas partie du peuple juif".
En effet, Hachem montre Sa face et Son affection au juifs fidèles à Ses commandements et Il les récompense dans les 2 mondes.
Mais lorsqu'ils négligent Ses commandements et lorsqu'ils se tournent vers des divinités étrangères, en attribuant un pouvoir à une créature quelconque ou à toute idéologie, la colère d'Hachem s'enflamme et Il dissimule Sa face, abandonnant ainsi Israël aux caprices des nations et aux vicissitudes de l'Histoire.
Les juifs sont sensibles au voilement de la face d'Hachem.
Ainsi, lorsque Hachem dissimule Sa face, les juifs adressent leurs supplications pour faire cesser le malheur qui s'abat sur eux, mais Hachem ne répond pas et les juifs le ressentent et réagissent : "C'est parce que Hachem n'est plus au milieu de moi que ces malheurs m'atteignent!"
[d'après la guémara 'Haguiga 5a et 5b]

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-> "Hachem s'entendait avec Moché face à face" (Chémot 33,11)
L'intention d'Hachem, lorsqu'il dit voiler Sa face : "astir panaï" (Je voilerai Ma face), n'est donc pas de dissimuler totalement Sa face, mais de ne plus se révéler directement et nettement à Israël, comme Il se révélait à Moché "face à face".
Cependant, Hachem continuera à se révéler par une prophétie indirecte, comme pour les autres prophètes à travers un rêve, comme il est dit : "C'est en songe que je m'entretiendrai avec lui" (Bamidbar 12,6).
[Maharcha]

-> Même lorsqu'Hachem dissimule Sa face, Sa "main" demeure tendue discrètement vers nous afin de nous protéger et de nous secourir.
[Rachi]

-> Du fait que le verset (Vayélé'h 31,18) précise : "Je dissimulerai Ma face", et n'a pas écrit : "Je Me dissimulerai à eux", prouve que ... Seule Sa face sera cachée, mais Sa main (à Hachem) continuera à être dirigée vers nous pour nous sauver en cas de détresse.
[Roch Machbir]

-> Hachem ne détourne pas Sa face complètement, car Sa main est tendue vers nous et il continue à nous protéger, mais de façon plus discrète et indirecte ...
"Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main" (Yéchayahou 51,16) où le mot : kissiti'ha (Je t'abrite - כִּסִּיתִיךָ) contient la racine : "mé'houssé" (caché à la vue - מכוסה) pour faire allusion au fait que Sa providence veille continuellement sur nous discrètement, sans que cela soit visible.
[Méromé Sadé]

-> La guémara ('Houlin 139b), et répond par le verset (31,18) : "Et Moi Je cacherai Ma face".
Cela signifie que même lorsque Ma face est dissimulée de vous en exil, J'enverrai cependant Ma "main" un libérateur, comme Esther, pour accomplir un grand miracle et vous sauver.
Ainsi Hachem n'abandonne jamais Son peuple même s'il lui dissimule Sa face.
[Gaon de Vilna - Kol Eliyahou]

-> Bien que les téfilin de la tête ne sont pas visibles sur la face d'Hachem qui nous est cachée, les téfilin des bras sont visibles à notre égard, et Il continue donc à nous aimer, selon le verset : "bétsel yadi kissiti'ha" (à l'ombre de Ma main, Je t'abrite - Yéchayahou 51,16) ...
Bien que la Providence d'Hachem sur Son peuple ne soit pas visible, car Sa face et les téfilin de la tête sont dissimulés, Sa providence et Son amour envers le peuple d'Israël continuent à se manifester avec discrétion, au niveau des téfilin de la main.
[Méche'h 'Hokhma - Chémot 3,13]

-> Même si la main, étendue sur nous, fait allusion à la Main d'Hachem qui sanctionne Son peuple, après ces "coups", Israël expie ses fautes et retrouve sa proximité avec Hachem. Il y a une consolation du fait qu'Hachem continue à exercer Sa Providence.
['Hatam Sofer]

-> Le verset cité par rav Yossef : "Je t'ai abrité à l'ombre de Ma main" commence par : "J'ai placé Mes paroles dans ta bouche" (Yéchayahou 51,16).
Dans ce verset, Hachem promet donc aux juifs que les nations ne pourront pas détruire le peuple d'Israël, même lorsque la face d'Hachem est cachée, tant que les paroles de la Torah sont dans la bouche et le cœur d'Israël.
[Radak]

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-> Le Gaon de Vilna (Divré Eliyahou) commente que Hachem s’est caché, ce qui a entraîné des souffrances au peuple juif.
Pour cela?
Parce qu’il souhaite qu’on Le cherche en utilisant l’arme ultime : la prière.

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-> "Je leur cacherai Ma face" (v.31,17) = le voilement de Sa face se rapporte à la période de 70 ans d'exil de Bavél.
"Je persisterai, Moi, à dérober/cacher ("haster astir") ma face" (v.31,18) = la répétition du voilement de Sa face se rapporte à l'exil d'Edom, et le terme redoublé : "haster astir" fait allusion à un renforcement de cette dissimulation que traduit la longue durée de cet exil d'Edom.
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Selon le Ramban (Dévarim 31,17), la double expression : "haster astir" indique que Hachem cache Sa face, générant chez Son peuple une simple expression de regrets, et c'est pour cela qu'Il doit alors opérer à une dissimulation plus intense de Sa face afin d'obtenir une téchouva complète et un changement radical d'attitude.

"D. traitera [ces peuples] comme Il a traité les rois amoréens Si'hone et Og. Il les a anéantis, eux et leur pays.
Lorsque D. livrera [ces peuples] en votre pouvoir, vous leur ferez tout ce qui est requis par ce commandement que je vous ai prescrit" (Vayélé'h 31,4-5)

-> "Il les a anéantis" = cela fait allusion aux "représentants célestes" des nations de Si'hone et Og
"D. les livrera en votre pouvoir" = cela rappelle la façon dont D. a livré les gardiens célestes de Si'hone et Og à Moché.

=> Littéralement, le verset dit : "vous leur ferez COMME tout ce qui est requis" = vous les frapperez "pour la forme", vous ferez seulement semblant d'accomplir le commandement de détruire toute la population car D. a déjà anéanti leurs princes en Haut.

[Méam Loez]

[il en est de même dans notre vie quotidienne. Par exemple, nous devons faire un effort nécessaire (le semblant) pour obtenir notre parnassa, mais nous devons avoir à l'esprit qu'en réalité cela provient grâce à Hachem.]