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-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Yossef a donné un signe pour reconnaître celui qui sera le sauveur d'Israël.
Lorsqu'une personne viendra et dira : pakod pakadti (je me suis bien souvenu de vous - פקד פקדתי), les juifs sauront qu'elle va les sauver.

Comment pouvaient-ils être certain que Moché n'avait pas entendu ces mots d'autres personnes?

C'est pour cette raison que Hachem a fait en sorte que Moché avait un défaut de langage, faisant entre autre qu'il ne pouvait pas prononcer la lettre פ (pé).
Néanmoins, il pouvait miraculeusement prononcer parfaitement bien les mots : פקד פקדתי, ce qui confirma qu'il était le véritable sauveur.
[Adérét Eliyahou]

Le Ramban et le Steïpler suggèrent que dans la promesse de Yossef (cf. Vayé'hi 50,25 : "D. Se souviendra assurément de vous" - pakod yifkod Elohim ét'hem) était inclus l'assurance qu'aucun charlatan ne viendrait utiliser cette expression, et que la 1ere personne l'invoquant sera la bonne désignée par Hachem.

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"pakod pakadti" : il s’agit de la formule secrète, transmise par Yaakov à son fils Yossef et que celui-ci révéla à ses frères (voir Ramban sur Chémot 3,16), que le Libérateur d’Israël devait prononcer pour s’identifier. Précisément, c’est Séra’h la fille d’Acher, encore vivante au moment de la sortie d’Egypte et connaissant cette formule, qui permit d’authentifier Moché comme l’envoyé de D-ieu (voir Tossafot – Sotta 13).
=> Pourquoi cette expression est-elle doublée?

-> Le Baal HaTourim (sur Vayé'hi 50, 24) fait remarquer que le précurseur de la délivrance d’Egypte – Yossef HaTsadik – régna 80 années en terre d’Egypte (valeur numérique de la lettre Pé). Par ailleurs, observe-t-il également que le Libérateur de l’Exil d’Egypte – Moché Rabbénou – était âgé de 80 ans quand il libéra le Peuple juif de son premier Exil.
On retrouve ainsi, à travers la valeur numérique, le double caractère de la lettre "Pé" attestant du symbole de la délivrance d’Egypte. [פָּקֹד פָּקַדְתִּי]

-> En relation avec deux libérateurs opéreront en Egypte : Moché et Aaron. (voir Targoum Yonathan Ben Ouziel - Vayé'hi 50,25).

-> La Délivrance d’Israël s’est faite en 2 étapes : la sortie d’Egypte et l’ouverture de la mer Rouge.
Egalement : c’est une allusion à la Délivrance passée et à la Délivrance future. (midrach Chémot rabba 3,11)

-> La Délivrance eut un double effet : sauver Israël et frapper l’Egypte.
La partie cachée (Milouï) du mot פקד (Pakod) : פא קוף דלת fait allusion à la durée de l’asservissement des hébreux : א (une année = l’année meurtrière qui précéda la fin de l’exil), וף (soit : 86 ans = la durée de l’esclavage) et לת (soit : 430 ans = la durée de l’exil). [Maharal]

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-> L'homme est la synthèse d'une partie physique et d'une partie spirituelle.

Le pouvoir de parler est le résultant de cette fusion entre le corps et l'âme.
Dans la majorité des êtres humains, la relation entre les éléments matériels et spirituels est plus ou moins équilibré, et le résultat est une capacité de parler qui est normale.
Cependant, chez Moché, la relation entre le corps et l'âme n'était pas du tout équilibrée, puisqu'il était principalement une âme. La résultante était qu'il avait des défauts de prononciation.
[Maharal - Guévourot Hachem 28]

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-> Pourquoi est-ce que Moché exprime 2 fois sont inquiétudes concernant son défaut de prononciation : paracha Chémot (v.4,10) et Vaéra (v.6,30) [cf. ci-dessus]?

Le rav Yossef Sorotzkin explique que Moché avait 2 préoccupations principales :
1°/ il avait peur qu'on ne le comprenne pas et d'être un agent inefficace pour transmettre le message de Hachem.

2°/ le Rambam (Hilkhot Yessodé haTorah 7,1) écrit que pour recevoir la prophétie, une personne doit être physiquement parfaite et entière, sans défaut. Moché avait peur que les gens soient septiques de l'accepter comme une prophète légitime, puisque pensant à tord que son défaut de prononciation l'invalide à recevoir la prophétie.
[le fait que Aharon sera son interprète lève ces doutes]

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-> Autre explication :
Le Assoufat Maara'hot explique que l'Egypte était le pays le plus matérialiste et qui cultivait le plus les plaisirs du corps.
La sortie d'Egypte consistait à ce que le peuple juif puisse, après être descendu dans la matérialité de l'Egypte, en sortir et en remonter.
L'objectif était de réussir à élever et éclairer le matériel par le spirituel. C'est pourquoi, la sortie d'Egypte devait déboucher sur le don de la Torah et l'acceptation de ses mitsvot. Car par l'accomplissement des mitsvot, qui exigent des supports matériels, les juifs permettent justement d'attirer la lumière Divine sur la matérialité, pour l'élever.

La préparation à cela était la sortie d'Egypte, qui devait introduire cette dimension de raffinement de la matière.
Or, quand un homme descend dans la matérialité, même si le but est de l'élever, cela comporte malgré tout le risque de s'enfoncer dans la matérialité et d'y sombrer, au lieu de l'élever.
=> Pour éviter un tel risque, il faut recevoir la force d'un homme qui est complètement séparé de la matière, et qui est épuré de toute trace de matérialité.
Seul Moché, qui correspondait à cette description, pouvait donc être le libérateur.
En effet, puisqu'il transcendait complètement la matérialité,
il pouvait donner la force au peuple de sortir d'Egypte en élevant la matérialité, tout en étant protégé du risque de s'y enfoncer.

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-> "Comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

Ce verset révèle l'énorme humilité de Moché.
Si l'immense Moché rabbénou était si humble, alors il est certain que toute autre personne qui n'a pas sa grandeur, se doit d'être humble.
[midrach haGadol]

-> Il est écrit : "Les enfants d'Israël n'écoutèrent pas Moché, à cause du souffle court et du travail pénible" (v.6,9)

Le Sfat Emet enseigne : "Moché pensait cependant qu'ils ne l'ont pas écouté à cause de son défaut de prononciation.
L'humilité de Moché était telle qu'il pensait qu'il était à blâmer du fait qu'ils n'avaient pas écouté, et c'est pour cela qu'il a déclaré : "les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il?"."

-> Le Maayan Bét haChoéva rapporte l'idée que Moché s'est encouragé en se disant : même si à priori Pharaon ne m'écoutera pas en raison de mes défauts de prononciation, néanmoins j'accomplirai la mitsva (volonté de D.) d'aller parler à Pharaon, et cela sera un bénéfice au profit du peuple juif.

[ainsi, même à son très haut niveau, Moché se travaillait constamment : Hachem contrôle absolument tout, et je dois suivre Sa volonté.]

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-> Pourquoi est-ce que Moché n’a pas prié Hachem pour qu’Il le guérisse de son fort défaut de prononciation?

Le Ramban (Chémot 4,10) explique qu’il préférait garder son handicap afin de pouvoir se rappeler toute sa vie des miracles que D. a fait pour lui dans sa jeunesse.

[par exemple : Hachem a envoyé l'ange Gavriel pour qu'il lui bouge sa main vers les braises ardentes qui lui ont brûlé la langue entraînant son défaut de prononciation, plutôt que vers le tas d'or, signifiant une mort certaine par Pharaon.
=> On peut comparer cela à quelqu'un qui a miraculeusement survécu à un terrible accident, et qui souhaite garder un signe lui rappelant pour toujours la bonté de D.]

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-> "Hachem dit à Moché : Vois, J'ai fait de toi un maître sur Pharaon et Aharon ton frère sera ton interprète" (Vaéra 7,1)

Lorsque des rois se rencontrent, celui qui est le plus important n'a pas besoin de parler la langue de l'autre, et il peut utiliser un interprète.
Hachem dit à Moché qu'étant le "maître" de Pharaon, il n'aura pas à lui parler directement, Aharon le faisant à sa place, et c'est cela qui démontrera sa supériorité sur Pharaon.
['Hatam Sofer]

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-> "Souvenez-vous de la Torah de Moché (תּוֹרַת מֹשֶׁה), mon serviteur" (Mala'hi 3,22)
=> Pourquoi la Torah est appelée en son nom?

Généralement, une personne qui a la langue agréable, qui articule clairement, peut convaincre des masses de gens de suivre chacun de ses mots, et même si de façon inhérente ils ne sont pas bons, les gens vont le croire.
[c'est si joliment dit (la forme), alors c'est que c'est forcément vrai (le fond)!]
Moché avait des défauts de prononciation, et si la Torah qu'il transmettait était agréable, cela ne provenait pas de sa façon de la présenter, mais plutôt du fait qu'elle est intrinsèquement agréable et bonne.
[le Chla haKadoch]

-> Le Ran rapporte qu'au moment du don de la Torah tous les juifs ont été guéris de leurs handicaps (ex: les muets parlaient, les aveugles voyaient, ...).
=> Pourquoi Moché a-t-il gardé son handicap de parole?

Il l'a gardé afin de témoigner que le peule juif a accepté la Torah par amour pour Hachem et en reconnaissance de la Véracité de la Torah, et non pas parce qu'ils auraient été séduits par ses belles paroles.

Le Ran (dans ses drachot) explique que Moché devait diriger le peuple, le libérer d'Egypte et lui donner la Torah.
Or certains auraient pu dire que c'est par la force de sa parole et la beauté de son élocution, que Moché a réussi à autant influencer les foules. Les juifs ne l'ont pas suivi parce que ce qu'il disait est vrai et qu'ils se sentaient impliqués, mais parce qu'il a réussi à les convaincre par son talent.

Pour éviter une telle erreur, Hachem a occasionné que Moché ait justement de grandes difficultés à parler. Ainsi, il devenait évident que toute sa force lui venait de l'authenticité de son message et du fait qu'il était envoyé par Hachem pour transmettre Sa Parole.
Mais il devenait impossible de dire qu'il a réussi à les attirer par la force de sa parole. De cette façon, cela permettra aux autres générations d'accepter la Torah, car le peuple n'a pas accepté la Torah sous l'influence d'une quelconque manipulation de Moché, ce qui n'engagerait donc pas les générations futures.
=> C'était seulement la Vérité du message qui a contraint les juifs à accepter la Torah. Dès lors, l'engagement pourra être éternel, car la Vérité est absolue et ne change pas selon les périodes.

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+ "Moché parla devant Hachem, en disant : Voici, les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, et comment Pharaon m'écouterait-il? Et j'ai les lèvres obturées! (aral séfataïm)" (Vaéra 6,12)

-> Lorsque Hachem a demandé au prophète Yona de se rendre à Ninvé pour les réprimander pour leurs fautes, Yona a désobéi.
En effet, il avait peur que les habitants de Ninvé écoutent ses réprimandes et fassent téchouva, ce qui aurait entraîné une terrible accusation contre le peuple juif qui ont ignoré les avertissements de plusieurs prophètes.

=> La remarque de Moché est identique.
Le peuple juif n'a pas écouté Moché, et il n'a pas cru qu'ils seraient libérés d'Egypte.
Moché avait peur que d'aller chez Pharaon, et qu'il l'écouterait, cela entraînant alors une accusation envers les juifs : [même] Pharaon a écouté, tandis que vous non!
['Hatam Sofer]

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-> "Déjà les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté, alors comment Par'o m'écouterait-il?" (Vaéra 6,12)

=> Quand Hachem envoya Moché parler à Par'o, il se permit d'argumenter et de mettre en avant un raisonnement qui démontre que cette mission ne pourrait pas réussir. Hachem ne lui en fait aucun reproche. Tout cela est étonnant.

En fait, il existe 13 méthodes d'interprétation de la Thora écrite pour déduire les lois de la Thora orale. La première est le raisonnement à fortiori. De plus, la Thora fait état de 13 Attributs de Miséricorde Divine. La première est exprimée par le Nom El (אל).
De plus, chaque méthode d'interprétation correspond à un attribut de Miséricorde et permet de le révéler.

Il en ressort que le raisonnement à fortiori révèle l'Attribut El. Or, cet attribut exprime la Bonté Divine, comme le dit le verset : "La Bonté de El (אל) toute la journée". La particularité de cet attribut par rapport aux autres est qu'elle exprime la Bonté Divine absolue, même en cas d'absence de tout mérite.
Or, quand Hachem envoya Moché chez Pharaon pour lui demander de libérer le peuple, il Lui fit valoir que les juifs ne méritaient pas la délivrance. Ainsi, Moché voulait attirer l'Attribut El, pour déclencher la libération des Hébreux, même sans mérite. Pour cela, il lui fallait formuler ce raisonnement à fortiori.
Hachem ne lui en fit donc aucun reproche, car cette démarche était nécessaire. Et effectivement, Moché atteignit son but et put attirer le Nom El qui permit la délivrance, comme il est dit : "El (אל) Qui les sortit d'Egypte".
[Imré Yossef]

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-> "Moché dit devant Hachem : Voici, J'ai les lèvres obstruées et comment Pharaon m'écoutera-t-il?" (Vaéra 6,30)

-> "Moché dit à Hachem : ... je ne suis pas homme de paroles ... car j'ai la bouche pesante et l'élocution embarrassée" (Chémot 4,10)

-> Le Zohar(Bo 125a) enseigne :
"A chaque fois que Moché s'exprimait, tant qu'il était en exil en Egypte, il le faisait en bégayant. Cette situation perdura jusqu'à ce qu'Israël se rapproche du mont Sinaï et reçoive la Torah".
C'est seulement lorsqu'il quitta l'exil d'Egypte, lors du don de la Torah, que Moché fut guéri et put retrouver l'usage complet de la parole. Ainsi la promesse d'Hachem : "Moi Je serai avec ta bouche" (véano'hi éyé im pi'ha).

-> Comment comprendre les paroles du "Tant que ta parole est en exil en Egypte"?
Les Bné Israël ne pouvaient pas étudier la Torah en Egypte puisqu'ils ne l'avaient pas encore reçue. Ils ne pouvaient pas non plus apprendre la Torah acquise par Avraham, Its'hak et Yaakov en raison de la difficulté de l'esclavage qui pesait sur eux. Ainsi, les égyptiens incarnaient également l'exil de la parole car quelle est l'utilité de la parole lorsqu'on ne peut pas la mettre au service de la Torah?
[ce qui nous différencie des animaux, c'est cette capacité à utiliser positivement la parole]

C'est le sens des paroles de Moché lorsqu'il dit : "Je suis incirconcis des lèvres.
Puisque la bouche des Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer à la Torah à cause de la servitude, Moché prophétisa qu'il était incirconcis des lèvres puisqu'il était l'équivalent de tout Israël.

-> Le Zéra Kodech (le rav de Ropshitz - Moadim daf 11) explique que l'exil en Egypte n'était rien d'autre que l'exil de la parole, car là-bas, les Bné Israël ne pouvaient pas s'affairer aux paroles de Torah.
C'est la raison pour laquelle tous les rois d'Egypte sont mentionnés avec le titre de Pharaon (פרעה), dont les lettres sont les mêmes que : pé ra (la bouche mauvaise – פה רע).
Empêcher Israël de prononcer des paroles de kédoucha revenait à leur planter quelque chose dans la gorge.
Ils étaient incapables de sortir ne serait-ce qu'un seul son.

L'idée plus profondément est que les égyptiens n'ont pas laissé la possibilité à Israël d'émettre des paroles bénéfiques de leur bouche. Or aucun bénéfice ne peut être octroyé au monde sans paroles de Torah.
[c'est pourquoi le soir de Pessa'h, la fête de la liberté, nous disons : Péssa’h (פסח) qui signifie : "la bouche raconte" (pé sa’h - פה סח), afin de rappeler allusivement l'exil de la parole.
(Selon nos Sages, un homme libre est celui qui est esclave d'Hachem, esclave de la Torah).]

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