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"Et Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles ; celui-ci mangea et but puis il se leva, s'en alla et dédaigna le droit d'aînesse." (Toldot 25,34)

On remarque qu'après que Essav eut vendu à Yaakov son droit d'aînesse en échange d'un plat de lentilles, il est écrit qu'il consomma celui-ci.
Mais pourquoi le verset ajoute-t-il qu'il but?
D'où venait cette boisson?

Le Alshikh de répondre qu'Essav se déplaçait en permanence avec du vin sur lui, afin de pouvoir toujours assouvir son envie de boisson.
Le verset vient seulement nous préciser qu'il n'avait pas besoin de Yaakov pour cela.

Le rav Shmouel Bétsalel de dire que les grands maîtres du moussar en déduisent un grand enseignement.

Si déjà Essav se débrouillait pour toujours avoir sur lui une bouteille de vin prête à être consommée, alors combien devons-nous être attentifs, à avoir en permanence des divré Torah à notre disposition (l'étude de Torah nous apportant la vie dans le monde futur), dans toute situation, en tout lieu et même en chemin.

Il suffit de se réciter un ou des téhilim, halakhot, michnayot, ... ou même de penser à la grandeur de D., ...

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-> Rabbénou Bé'hayé dit que c'était le jour de la mort de Avraham, et c'est pour cette raison que Yaakov cuisinait, et non Its'hak, car un endeuillé ne peut pas se faire sa propre nourriture.
C'était des lentilles, car elles ont une forme ronde symbolisant le cycle de la vie. De plus, le fait qu'elles n'ont pas d'ouverture est similaire à l'endeuillé dont la parole est limitée.

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"Et Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles" (v.25,34)

Pourquoi est-ce que Yaakov lui a donné également du pain, sachant que Essav ne lui avait demandé que des lentilles : "Fais-moi avaler de ce [met] rouge" (v.25,30)?

-> Le Maharam Schiff répond que Yaakov voulait acheter le droit d'aînesse à Essav avec la nourriture qu'il lui donnait, et il était préoccupé que la valeur monétaire des lentilles pouvait être inférieure à une prouta, qui est le montant minimum requis pour effectuer légalement une transaction.
C'est pour cela qu'il ajouta le pain, afin de s'assurer que l'ensemble de la nourriture valait bien plus qu'une prouta.

-> Le rav Yéhochoua Leib Diskin cite la règle de la guémara (Shavouot 26a), qu'un serment réalisé sous la contrainte n'est pas juridiquement valable.
Il explique qu'au moment où Yaakov voulait le faire jurer de lui vendre son droit d'aînesse, Essav a fait remarquer : "Voici, je vais mourir" (v.25,32), témoignant qu'il était tellement épuisé et malade qu'il pouvait en arriver à mourir. Yaakov avait peur qu'un serment réalisé dans de telles conditions soit considéré comme fait sous la contrainte, et n'ayant alors aucune valeur légale.
C'est pour cela qu'il a d'abord donné du pain à manger à Essav pour lui permettre de restaurer sa santé, afin que le serment fait par la suite sur le plat de lentilles puisse avoir une réelle valeur selon la loi juive.

-> Rabbi Avraham Hacohen de Jerba (Kné Avraham) explique qu’à ce moment-là, Essav était pris de voracité et se trouvait même en danger, comme il l’affirma : "Voici! Je marche à la mort". Ainsi, Yaakov craignait qu’il ne prétende ensuite avoir été contraint de lui vendre son droit d’aînesse, à cause de son état de grande faiblesse, et revienne sur sa décision.
C’est pourquoi il commença par lui donner du pain pour le rassasier et le mettre hors de danger. Puis, une fois qu’il avait mangé sereinement et retrouvé tous ses esprits, il était possible de faire la transaction, car Essav ne pourrait plus se plaindre de l’avoir conclue contre son gré.

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"Essav dit à Yaakov : Fais-mois avaler, je te prie, du rouge, de ce rouge-là" (Toldot 25,30)

-> Le Sforno enseigne :
"C'est pourquoi on le nomma Edom [le Rouge]" : Constatant qu'il se vouait outre mesure à des occupations futiles et vaines au point d'être incapable d'identifier un met, mais seulement sa couleur, on l'appela Edom.
"Vends-moi aujourd'hui" : [Yaakov lui dit: ] Dans la mesure où tu te livres aujourd'hui à des pratiques qui te fatiguent tellement que tu ne parviens pas à reconnaître ce plat, il est donc certain que tu failliras à tes devoirs d'aîné, à faire le service de D., et à te rendre digne de ton rang."

Devoir gagner sa subsistance à la sueur de notre front est une malédiction.
Cependant, pour certains, il s'agit d'une bénédiction, puisqu'ils se consacrent pleinement à l'accroissement de leurs richesses, en en oubliant le but véritable de l'existence.
[Une lentille rouge n'est plus un moyen d'avoir des forces pour de la spiritualité, mais devient une finalité : toujours plus de matérialité.]

-> "L'un des procédés perfides dont use le mauvais penchant est d'accabler constamment l'homme par le poids de son travail ... Car il sait que si les hommes analysaient un seul instant le parcours de leur existence, il est évident qu'ils regretteraient aussitôt leurs actions, qu'ils seraient rongés par les remords et finiraient par renoncer totalement à la faute."
[Ram'hal - Messilat Yécharim]

-> "Dans les profondeurs de l'âme de tout juif se dissimule une parcelle de vérité.
Celui qui craint D. n'aura pas à chercher bien loin, et il ne lui faudra pas beaucoup d'énergie pour éveiller en lui la volonté sincère de servir son Créateur. En revanche, plus l'homme est éloigné de la crainte divine, plus sa parcelle de Vérité sombre dans les tréfonds de son âme."
[Rav Eliyahou Lopian - sur Téhilim 130,1]

-> Le Zohar nous révèle que si la tête de Essav fut enterrée auprès de son frère dans la grotte de Ma'hpéla, c'est parce que son esprit possédait un potentiel très élevé, auquel son cœur cependant n'avait pas accès.

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+ "Fais-mois avaler, je te prie, du rouge, de ce rouge-là"

-> Avraham est mort le jour de la vente du droit d’aînesse à Yaakov par Essav.
Les lentilles = nourriture habituelle des endeuillés après avoir enterrés un proche.
De même, Yaakov avait également préparé du vin rouge, puisqu'un endeuillé doit aussi consommer un peu de vin, pour alléger son amertume.
C'est ainsi que le Méam Loez (Toldot 23,31) enseigne : La répétition du mot rouge ("du rouge, de ce rouge-là") indique qu'il s'agissait d'abord du vin, puis des lentilles, ce que Essav exigea [étant endeuillé d'Avraham].

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"Essav méprisa le droit d'aînesse" (Toldot 25,34)

-> Le Steïpler note qu'au moment où Essav accepta de vendre son droit d'aînesse en échange d'un plat de lentille, il était lui-même convaincu d'avoir trompé son frère.
De plus, dans le midrach rabba, on apprend qu'au moment de la vente, Essav avait invité un groupe de vaurien à le rejoindre, et il a alors crié : "Allons manger de son repas et nous railler de lui!"
Dans la mesure où le droit d'aînesse n'avait aucune valeur à leurs yeux, pas même celle d'un plat de lentilles, ils ne voyaient dans cet échange qu'une vulgaire farce et une occasion de rire de Yaakov, l'homme intègre.
[si le droit d'aînesse vaut 0 à ses yeux, alors le vendre contre des lentilles, c'est l'affaire du siècle!]

-> Selon Rabbénou Bé'hayé, la vente du droit d'aînesse par Essav illustre parfaitement ces personnes qui préfèrent échanger l'éternité du monde futur contre les vanités de ce monde éphémère.
Si au début, ces personnes se sentent comblées et tirent une certaine jouissance de cet échange malheureux, il est inévitable que tôt ou tard, elles en viendront à "pousser un cri extrêmement fort et amer" (Essav - Toldot 27,34).
Lorsque ce cri a lieu dans le monde à venir, il est trop tard et l'âme comprend qu'elle a sciemment détruit toutes les opportunités que lui offrait la vie, éprouvant alors une souffrance indescriptible et éternelle.

[notre yétser ara travaille à diminuer à nos yeux l'importance, l'urgence de se consacrer à la spiritualité (ça va tu n'es pas un tsadik, profite! ; plus tard ; c'est déjà très bien ce que tu fais! ; ...).
Nous devons lire du moussar, prendre du recul, ... pour redonner de la valeur aux vraies choses de la vie d'un juif]

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-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne à ce sujet :
Hachem récompense chacun pour les mitsvot qu'il a faites selon la relation que la personne manifeste envers la mitsva.
Le tsadik et celui qui craint le Ciel, qui accomplit les mitsvot avec beaucoup de respect envers la grandeur et la récompense de la mitsva, mérite véritablement une récompense considérable.
Mais le racha (méchant), qui ne leur porte aucune considération (puisqu'il ne les accomplit pas) aura une récompense du même ordre.

=> C'est ce qui se passe dans le cas de la vente du droit d'aînesse par Essav, car aux yeux d'Essav la valeur du droit d'aînesse n'est pas plus grande que celle d'un plat de lentilles, c'est pourquoi le marché est valide, et il n'y a là aucune notion de "transaction basée sur une erreur".

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-> Le Ramban explique pourquoi Essav a vendu son droit d'aînesse à Yaakov :
les sots ne désirent rien d'autre que manger, boire et faire tout ce qu'ils désirent, sans tenir compte du lendemain. Ils n'ont pas de lendemain, ils n'ont devant les yeux que le jour même, manger, boire et profiter de la vie.
Le sage voit l'avenir, ce sont ses lunettes de soleil, qui le protègent du présent aveuglant, mais le sot n'a pas de telles lentilles, il regarde, s'aveugle et veut le maintenant, le tout de suite!
Et quand le maintenant ne se comporte pas comme il le voudrait, c'est pour lui la fin du monde.

Les élèves de Novardok disaient :"Combien de sages y a-t-il donc qui font des provisions pour le long chemin qui nous attend après 120 ans?"
De même, le roi Chlomo écrit : "Amasser des provisions en été est d'un homme intelligent" (Michlé 10,5) [celui qui pense à l'avenir est un sage]

Le 'Hafets 'Haïm enseigne : On met beaucoup d'énergie pour notre vie dans ce monde éphémère, alors combien davantage doit-on en mettre pour notre vie dans le monde à Venir qui est éternel!

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-> Le rabbi David 'Hanania Pinto rapporte l'idée suivante :
Le fait que Yaakov n'ait pas voulu donner à Essav gratuitement à manger à moins qu'il ne lui vende son droit d'aînesse était parce qu'il avait constaté la méchanceté d'Essav, et craignait que ses descendants (le peuple juif) ne tombent dans l'exil aux mains des descendants d'Essav, qui hériteraient ces graves défauts de leur père.
C'est pourquoi, il a voulu l'affaiblir en lui prenant le droit d'aînesse, car le droit d'aînesse est la sainteté, et on sait que toute la force de l'impureté est seulement là où il y a un peu de sainteté dont elle puisse tirer sa vitalité, c'est pourquoi il voulait lui enlever la totalité de la sainteté, de façon à affaiblir sa méchanceté [envers ses descendants : les juifs].

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-> Nos Sages enseignent que Chem et Ever dirent à Yaakov :
"Essav est un racha et un guerrier, et un jour il dominera tes descendants. Mais s'il te vend son droit d'aînesse pour un plat de lentilles, tu vivras heureux et comblé. [En effet,] comme il accepte si facilement un pot-de-vin, ta postérité arrivera à le vaincre. Lorsque ses descendants persécuteront tes enfants, ils réussiront toujours à les soudoyer.
Même Samaël, l'ange gardien d'Essav, peut être acheté par le bouc envoyé à Azazel une fois par an à Yom Kippour (Vayikra 16,8-26).
Ceci le satisfera et il n'accusera pas Israël. Mais si Essav ne vend pas son droit d'aînesse, ce sera le signe qu'il n'accepte pas d'être soudoyé, et tes enfants en souffriront."

Yaakov accepta ce conseil et il attendit que l'opportunité se présente.
Après la mort d'Avraham, il prépara le plat de lentilles et quand il vit Essav venir du champ, fatigué, il acheta le droit d'aînesse en échange de ce plat. Sachant que ses descendants endureraient l'exil, il fut heureux de cette transaction.
[Méam Loez - Toldot 25,31]

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-> Tout comme son père (Its'hak) se souciait de l’avenir de son fils Essav, Yaakov en était lui aussi préoccupé. C’est justement pourquoi il lui acheta le droit d’aînesse, pour éviter que son statut d’aîné ne lui entraîne de lourdes punitions en regard à ses nombreux péchés. En effet, le jour où allait se faire l’échange entre un plat de lentilles et le droit d’aînesse, Essav avait enfreint 5 transgressions des plus graves.
Yaakov ayant entendu cela, il se dit que D. lui tiendrait d’autant plus rigueur qu’il était l’aîné.
Par pitié, il lui acheta ce statut dans le but d’amoindrir sa punition.
[rav David Pinto]

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-> Au moment de la vente du droit d'aînesse, Essav a nié la résurrection des morts (midrach Béréchit rabba 63,14).

D'ailleurs, par la suite lors de leur rencontre, Yaakov lui dira : "J'ai habité avec Lavan, et je me suis attardé jusqu'à présent, j'ai des bœufs et des ânes, du bétail ... et je l'envoie dire à mon seigneur pour trouver grâce à tes yeux" (Vayichla'h 32,5)

D'après le midrach (Béréchit rabba 75,6) : le bœuf c'est le machoua'h mil'hama (le Cohen Gadol qui accompagnait l'armée à la guerre), et l'âne c'est le roi machia'h.
Le bétail/troupeau, ce sont les juifs.

En envoyant cela à Essav, Yaakov voulait lui transmettre que les bénédictions de son père Its'hak ne s'accompliront qu'après la venue du machia'h.
En effet, selon nos Sages, le machoua'h mil'hama = il s'agit du machia'h ben Yossef, et l'âne = il s'agit du machia'h ben David.

=> Ainsi, puisqu'au moment de la vente du droit d'aînesse, Essav a nié la résurrection des morts, alors il n'a pas de raison de détester son frère Yaakov à cause des bénédictions, qui ne se réaliseront que dans un temps auquel il ne croit pas.

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+ "Yaakov donna à Essav du pain et un plat de lentilles"

-> En général, on a l'habitude d'expliquer que Yaakov a acheté à Essav le droit d'aînesse avec quelque chose qui n'a aucune valeur, comme le dit le verset : "un plat de lentilles".
Mais le Sforno explique autrement, et voici son commentaire :
"Il vendit son droit d'aînesse" = pour le prix qu'ils avaient convenu entre eux, et que le verset n'a pas jugé utile de préciser.
Et ensuite seulement, "Yaakov donna à Essav du pain et un plat de lentilles" = ce n'était que quelque chose de supplémentaire, comme un repas qu'on fait à la fin d'une affaire importante.

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+ "Il mange et but, se leva et ressortit" (Toldot 25,34)

-> Le livre "Ets 'Haïm" explique :
Immédiatement après avoir mangé et bu, Essav s'est levé et est reparti sans réciter la bénédiction de la fin du repas.
Ainsi le verset conclut : "C'est ainsi qu'Essav dédaigna le droit d'aînesse (habé'hora - הַבְּכֹרָה)".
[Le droit d'aînesse (bé'hora - בְּכֹרָה) est composé des mêmes lettres que : "bénédiction" (béra'ha - ברכה)] : il n'a pas dit de bénédiction sur son repas.
Puis juste après on trouve : "il y eut la famine dans le pays" = cela fait allusion à ce qu'ont dit nos Sages dans la guémara (Béra'hot 35b) : quiconque mange sans réciter de bénédiction est considéré comme quelqu'un qui vole D., ce qui entraîne une réduction des biens qu'Il nous prodigue.

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Yaakov dit : "En ce jour, jure-le moi". Et lui fit serment, et il vendit son droit d'aînesse à Yaakov.
Yaakov servit à Essav du pain et un plat de lentilles, il mangea et but, se leva et partit. Ainsi Essav dédaigna le droit d'aînesse.
(Toldot 24,33-34)

-> Le Méam Loez (Toldot 25,33-34) rapporte :
Essav fit venir une bande de hors-la-loi et prononça son serment, comme s'il vendait sérieusement son droit d'aînesse. Il les convia en disant : "Venez manger la nourriture de Yaakov et profitez de son argent".
Ils prirent place et mangèrent gloutonnement, se moquant de Yaakov qui leur servait gratuitement un repas.

La Torah dit : "C'est pourquoi on le nomma Edom" (Toldot 25,30). Si son nom lui avait été donné en fonction de la nourriture rouge qu'il mangea, on aurait dû l'appeler : "Adom" (rouge).
Le nom Edom signifie littéralement : "Je garderai le silence" [de la racine damam].
Essav voulait duper Yaakov et se dit : "Je vais garder le silence. Je ne prononcerai pas un mot et laisserai croire Yaakov que j'accepte cette transaction. Puis plus tard je lui dirai : "Parce que je suis resté silencieux, tu as cru que j'acceptai de vendre mon droit d'aînesse. Je n'ai jamais eu une telle intention."
En attendant, je profite d'un bon repas et ensuite je lui annoncerai que notre marché est nul.

Mais les anges Mi'haël et Gabriel scellèrent la vente du droit d'aînesse, et D. donna également son consentement.

Essav accepta également de vendre à Yaakov son droit d'être inhumé dans le caveau de Ma'hpéla.

Selon une opinion (cf. Sforno), Essav vendit son droit d'aînesse pour de l'argent [et non en échange d'un plat de lentilles]. Le repas n'était qu'une civilité intervenant dans la conclusion de leur affaire.
L'opinion généralement admise est qu'Essav vendit son droit d'aînesse et sa tombe pour un plat de lentilles.

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