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"Et voici la postérité d’Its’hak, fils d’Avraham: Avraham engendra Its’hak" (Toldot 25,19).

=> Comment comprendre la redondance dans ce verset : "Its’hak, fils d’Avraham : Avraham engendra Its’hak"?

On peut rapporter les explications suivantes :

1°/ Rachi commente : "Les moqueurs de la génération disaient que c’est d’Avimèlekh (roi de Guérar – voir Vayéra 20) que Sarah était devenue enceinte, puisqu’elle était demeurée si longtemps avec Avraham sans avoir eu d’enfants. Qu’a fait Hachem? Il a modelé le visage d’Its’hak à la ressemblance de celui d’Avraham, et tout le monde a pu ainsi témoigner que celui-ci était bien son père.
C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : ’Its’hak, fils d’Avraham’, étant donné qu’il était désormais prouvé que ‘Avraham a engendré Its’hak’."

2°/ Le midrach (Tan’houma Toldot 4) commente :"Its’hak fut couronné en Avraham, et Avraham fut couronné en Its’hak".
Chacun faisait la fierté de l’autre.
[de plus cela atteste de l'humilité de chacun d'eux. Its'hak attribuait ses mérites au fait qu'il était le fils d'Avraham, et Avraham tirait tout son mérite par le fait d'avoir un fils comme Its'hak.]

On peut rapporter les explications suivantes du Ohr ha'Haïm haKadoch :
-> "Avraham a donné naissance à Its'hak" = cela veut dire qu'Avraham a fait rentrer en son fils le pouvoir d'enfanter, et cela grâce à la Akédat d'Its'hak.
[Le Arizal dit que quand les anges annoncèrent la naissance d'Its'hak, ils dirent : "Il y aura un fils à Sarah ta femme". Ils attribuèrent le fils à Sarah et non à Avraham. Cela signifie qu'Its'hak aura une âme d'une dimension féminine, à l'image de sa mère. Et avec une telle âme, il ne pourra pas avoir d'enfants.
Nos Sages disent que quand Avraham s'apprêta à sacrifier Its'hak, l'âme de ce dernier quitta son corps. Et alors, Hachem lui restitua une autre âme, cette fois-ci d'une dimension masculine, qui pourra désormais enfanter. Dès lors, Its'hak, doté d'une âme d'une dimension masculine, peut être attribué à Avraham, son père.
Il est devenu ''fils pour Avraham'', et plus seulement ''pour Sarah''. Et puisqu'à présent il pourra enfanter, il est donc arrivé le moment qu'il se marie.]

-> Nos sages (guémara Yévamot 64) ont enseigné qu'on ne peut pas comparer la valeur de la prière d'un tsadik qui est le fils d'un tsadik et celle d'un tsadik fils de racha [effectivement, Its'hak priait de son côté pour avoir des enfants et Rivka de son côté. La Torah témoigne et nous dit que D. a répondu à Its'hak par le mérite d'Avraham].
Donc on apprend de là que par le fait qu'Its'hak avait un père tsadik, alors D. a écouté sa prière et lui a donné des enfants ; donc par le mérite d'Avraham, Its'hak a donné naissance.

-> Nos sages (midrach Béréchit Rabat 63,2) disent que par le mérite de Yaakov, alors Avraham a été sauvé de la fournaise [du fait que Yaakov devait descendre d'Avraham, alors D. a sauvé Avraham du feu avec l'épisode de Nimrod afin de pouvoir donner naissance à Yaakov], car si ce n'est grâce au mérite de Yaakov qui est le descendant d'Its'hak, alors Avraham aurait été brûlé avant de pouvoir donner naissance à Its'hak.

-> Le fait que les épreuves qu'aurait traversé Its'hak ne sont pas connues [ne sont pas contées dans la Torah] et que l'ampleur de sa tsidkout [son integrite] n'était pas connue, c'est la raison pour laquelle la Torah vient nous dire "voici les descendants d'Its'hak fils d'Avraham" comme pour dire, regarde celui qui a donné naissance à Its'hak et celui qui est descendu de lui est comme lui-même.
Cela veut dire que tout comme Avraham était connu pour son intégrité par rapport à toutes les épreuves qu'il a traversées; de la même manière, Its'hak était aussi grand que son père.

-> Le Ohr ha’Haïm explique qu'Avraham s'est battu toute sa vie pour reconnaitre Hachem, pour convertir et faire le bien autour de lui (la tsédaka, l'hospitalité, ...).
Et ce, alors que lui-même a vécu dans un environnement extrêmement malsain et négatif. En effet, son père Téra'h était un très grand idolâtre. Aussi, pour arriver au niveau spirituel qu'il a atteint, Avraham a dû se battre sans fin pour devenir "notre" saint patriarche Avraham.
A contrario, Its'hak a grandi dans la maison d'Avraham, une maison pure et spirituelle. Il s'est développé au sein d'un environnement acquis où son père Avraham l'éduqua et le forma à devenir un serviteur d'Hachem.
Le Ohr ha'Haïm explique que c'est pour cette raison que le verset insiste sur le fait que c'est bien Avraham qui a engendré Ist'hak, "engendrer" au sens spirituel du terme. C'est Avraham qui a façonné son fils, en le faisant devenir, lui aussi, un patriarche d'exception. En le protégeant au maximum du monde extérieur que lui-même avait réussi à surmonter dans sa jeunesse pour devenir un homme exceptionnel.

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3°/ Il est connu qu’Avraham symbolise le Service divin bâti sur l’amour et la bonté, tandis qu'Its'hak est l’exemple de la crainte et de la rigueur.
Le Tséma’h Tsédek (dans son Ohr haTorah) explique que chacun de ces pôles du Service divin a 2 niveaux. Il y a la "crainte inférieure", qui est l’adhésion par crainte du châtiment qu’encourt le péché, ou tout mal résultant du péché.
Tandis que la "crainte supérieure" est un sentiment de respect profond et d’annulation devant la Majesté de D.
L’"amour inférieur" est un attachement à D. motivé par la récompense, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. Alors que l’"amour supérieur" est étranger à tout désir de profit personnel ; c’est simplement un attachement à D. par amour pour Lui.

Le verset, dans son apparente répétition, nous enseigne le chemin approprié qui conduit à l’attachement indéfectible avec Hachem. Ainsi, l’ordre des noms dans notre verset (Its’hak, Avraham, Avraham, Its’hak) nous indique que le Service divin commence avec la crainte inférieure (Its’hak), monte vers l’amour inférieur (Avraham), puis vers l’amour supérieur (Avraham), pour enfin atteindre son point culminant avec la crainte supérieure (Its’hak).

4°/ Le Zohar explique qu’Avraham représente symboliquement l’âme tandis que Sarah représente le corps. Its’hak, dont le nom signifie "rire" (ts’hok), représente les plaisirs que connaîtra l’âme dans le Monde futur.
Traduit ainsi, le verset énonce : "Le plaisir sera la récompense de l’âme" ("Its’hak, fils d’Avraham") dans le monde futur, si "l’âme engendre des plaisirs à D." ("Avraham engendra Its’hak") par son Service divin ici-bas.

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=> Quel est donc le rapport entre ces 4 explications précédentes?

-> Selon le Zohar, l’amour et la crainte de D. sont appelés les "ailes" du Service divin, car ils permettent à l’homme se s’élever dans les hauteurs de la sainteté. Si son Service divin est pur et désintéressé, l’élévation procurée peut potentiellement lui permettre de transcender les limitations de la loi naturelle, non seulement dans les choses spirituelles, mais aussi dans les choses matérielles.

Ainsi en fut-il pour Avraham Avinou. Selon les seules règles de la nature, Avraham n’aurait pas pu avoir d’enfant. Lui et sa femme étaient âgés et stériles. Avraham n’aurait pas été "couronné" en Its’hak, car ce dernier en réalité paracheva et compléta le Service de son père, apportant un élément qui manquait à Avraham même.
Cependant, avant d’avoir Its’hak, Avraham avait déjà eu une "progéniture" spirituelle, car "la progéniture des justes, ce sont leurs bonnes actions" (voir Rachi - Noa'h 6,9) ; mais la naissance d’Its’hak prouva que même dans le domaine physique, des événements miraculeux l’accompagnaient, réfutant ainsi les "moqueurs de la génération".

L’élévation procurée par les "ailes" du Service divin résulte des efforts accomplis par un juif en ce monde pour permettre à son âme de surmonter les limites de l’existence terrestre. Aussi, lui vaudra-t-elle d’être récompensé par les délices spirituels de la vie future.
[basé en partie sur un dvat Torah du Collel de Sarcelles - 5783]

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