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-> "Hachem parla à Moché et à Aharon en Égypte en disant : 'Ce mois sera pour vous le début des mois ; ce sera pour vous le premier des mois de l'année' ." (Bo 12,1-2)
[il s'agit des premiers versets lus à Shabbath ha'Hodech (passage de Bo 12,1-20)]

-> Rabbi Its'hak dit : la Torah aurait pu commencer par [le passage] : "ce mois sera pour vous" ('ha'hodech azé la'hem), qui est le premier commandement que reçurent les Bné Israël" (Rachi,
Béréchit 1,1).

On peut s'interroger :
=> Pourquoi la mitsva de sanctifier le mois (kidouch ha'bodech) a-t-elle été choisie, pour être la première enseignée aux Bné Israël (selon rabbi Its'hak)?
=> Pourquoi D. ordonna-t-Il cette mitsva aux Bné Israël alors qu'ils se trouvaient encore en Égypte et non à la Révélation au mont Sinaï, lorsqu'ils reçurent les autres mitsvot de la Torah?

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-> Par la mitsva de kidouch ha'hodech, le peuple juif a été dégagé de l'emprise des lois de la nature et de l'astrologie. Une fois que les Bné Israël ont reçu ce commandement, leur vie n'était plus influencée par les constellations ou autres forces de la nature. Au contraire, ces forces furent mises sous leur emprise.
Comme le dit le Yérouchalmi (Kétouvot 1,2), si un beit din décide de déclarer une année embolismique, en ajoutant un mois à l'année, sa décision peut effectivement retarder l'arrivée de changements naturels.

De même, le midrach enseigne (Yalkout Chimoni - Bo 190) :
"Hachem dit : Jusqu'à présent, les calculs des mois et des années étaient dans Mes mains, mais désormais, ils seront mis dans vos mains, comme le dit le verset: 'Ce mois sera pour vous'. Si le beit din terrestre déclare que c'est Roch Hachana, D. dit aux anges : Erigez une plateforme et nommez des défenseurs pour le jugement de Roch Hachana] ... car le beit din terrestre a décrété qu'aujourd'hui, c'est Roch Hachana! Si des témoins [pour attester l'apparition de la nouvelle lune] n'arrivent pas [ce jour-là] ... D. dit aux anges célestes : 'Enlevez la plateforme et renvoyez les défenseurs ... car le beit din terrestre a décrété que Roch Hachana sera demain'."

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-> Ce commandement (de sanctifier le mois) demande aux Bné Israël d'utiliser le mois lunaire comme base de leur calendrier, contrairement aux autres nations dont le calendrier est basé sur l'année solaire.
L'utilisation du calendrier solaire indique que les nations du monde sont sous l'emprise des forces de la nature. Le soleil ne change jamais et son existence statique symbolise les forces de la nature qui, elles aussi, sont fixes et inchangées, comme le dit le verset : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil" (Kohélet 1,9) ...

Contrairement au soleil, la lune change constamment et se renouvelle chaque mois.
Elle symbolise l'existence du peuple juif dégagé du déterminisme des lois de la nature, car de même que la lune grandit puis diminue, la façon dont Hachem déverse Sa bénédiction sur le peuple juif varie selon ses actes.
De plus, de même que la lumière de la lune est parfois visible, parfois cachée, la "lumière" du peuple juif est révélée au monde lorsque D. déverse sur lui Ses bienfaits, mais lorsqu'il faute, sa lumière est dissimulée.

-> Le midrach (Chémot rabba 15,26) dit :
"La lune commence à briller le premier Nissan et sa lumière s'accroit progressivement pendant 15 jours ... Du 15e au 30e jour, sa lumière diminue, et le 30e jour, elle n'est plus visible. Il en est de même [de l'histoire] des Bné Israël : il y eut 15 générations depuis Avraham jusqu'à Chlomo ...
Lorsque vint Chlomo, la 'lune' brillait à son comble, comme le dit le verset (I Divré haYamim 29,23) : 'Chlomo occupa le trône de D. en tant que roi' ... De même que D. règne d'un bout à l'autre du monde et gouverne tous les rois ... ainsi Chlomo régnait d'un bout du monde à l'autre ... Ensuite, les rois commencèrent à décliner. Le fils de Chlomo était Re'havam ...
Finalement Isidkiyahou arriva [après Yéhoyakim], et comme le dit le verset : "Isidkiyahou était aveugle la lumière de la lune disparut." (Yirmiyahou 39,7)

-> Dans le futur, lorsque le peuple juif atteindra l'apogée de la perfection spirituelle et que sa "lumière" emplira le monde, il bénéficiera d'un déversement constant et inchangé de bienfaits divins.
Comme le dit le prophète (Yéchayahou 30,26), à ce moment-là, "la lumière de la lune sera comme la lumière du soleil" et l'influence divine dont bénéficient les Bné Israël ne sera jamais cachée ou réduite.

-> Comme le dit le Midrach (Béréchit rabba 6,3) :
"Essav compte par le soleil, qui est grand, et Yaakov compte par la lune, qui est petite.
Rav Na'hman dit : c'est un symbole. Essav compte par le soleil, qui est grand, et de même que le soleil règne le jour et pas la nuit, Essav a une part dans ce monde mais pas dans le monde futur.
Yaakov compte par la lune, qui est petite, et de même que la lune règne la nuit comme le jour, Yaakov a une part dans ce monde-ci et dans le monde futur.
Rav Na'hman dit : tant que la lumière du grand [luminaire, le soleil,] existe, la lumière du petit [luminaire, la lune] ne peut pas être vue, mais lorsque la lumière du grand disparait, la lumière du petit devient visible.
De même, tant que la lumière d'Essav existe, la lumière de Yaakov n'est pas manifeste. Lorsque la lumière d'Essav disparaitra, la lumière de Yaakov sera manifeste.
Tel est le sens des versets (Yechayahou 60,1-2) : 'Lève-toi et brille, car ta lumière est venue car voici, les ténèbres couvriront la terre'."

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+ Le pouvoir de changer la nature :

-> Outre l'injonction de fixer le début de chaque mois sur la base de l'apparition de la nouvelle lune (2 témoignages au beit din), cette mitsva (de kidouch ha'hodech) comprend aussi le devoir de synchroniser le cycle lunaire et le cycle solaire. Le nombre des mois de l'année lunaire doit être calculé pour correspondre précisément au cycle de l'année solaire, ce qui demande une expertise mathématique considérable.

Il semble que cet aspect de la mitsva donne au peuple juif la force d'agir dans le cadre du monde naturel et de l'imprégner de sainteté.
L'influence de D. se déverse sur le monde physique d'après l'époque des fêtes du calendrier juif;31 aussi. en déterminant quand ces fêtes ont lieu, les Bné Israël déterminent aussi le moment où chaque forme d'influx divin atteindra le monde. Ils ont donc la capacité de façonner les effets de la nature sur le monde entier.
[en leur confiant la mitsva de kiddouch ha'hodech, Hachem a donné aux Bné Israël une force extraordinaire : cette mitsva leur permet de prendre un jour ordinaire de l'année et de le sanctifier en tant que jour de fête, de même que D. a sanctifié le Shabbat, capacité qui illustre la force immense donnée au peuple juif de sanctifier et d'élever la nature toute entière. Les jours consacrés par les Bné Israël sont ensuite fixés en tant que partie de l'année qui est, toute entière, une représentation de la nature. C'est pourquoi la bénédiction que nous récitons Yom Tov loue D. d'avoir sanctifié "Israël et les époques".]

La Torah définit ainsi le mois de Nissan : "pour vous le premier des mois de l'année" afin de montrer que la mitsva de kidouch ha'hodech non seulement demande aux Bné Israël de consacrer chaque nouveau mois, mais leur donne aussi le pouvoir de dominer le flux de l'influence divine vers le monde physique pendant toute l'année.
[ il est possible que le peuple juif possédait ce pouvoir lorsque chaque nouveau mois était consacré par le beth din sur le témoignage de témoins, alors que cette capacité d'influer sur le monde a été réduite à présent du fait que la mitsva de kidouch ha'hodech n'est plus accomplie.]

=> Ceci indique que le peuple juif n'est pas sous l'emprise des forces de la nature mais possède la capacité de les changer pour servir Hachem et pour les élever à un niveau de sainteté supérieur.
Hachem a mis les "calculs des mois et des années" dans les mains des Bné Israël, une idée déduite du verset : "ce mois sera pour vous".

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+ La domination du peuple juif sur la nature, prélude à la sortie d'Egypte :

-> La mitsva de kiddouch ha'hodech fut donnée au peuple juif avant son départ d'Egypte afin de le mettre à part de toutes les autres nations et de l'élever au point de dépasser les lois de la nature.
Par cette mitsva, comme nous l'avons vu, les Bné Israël reçurent le contrôle du calendrier annuel, qui fait allusion à l'influence divine qui domine le monde naturel.
Cette mitsva démontre aussi au monde entier que le peuple juif n'est pas limité par la nature. La mitsva de kiddouch ha'bodech l'a donc rendu digne de bénéficier des événements surnaturels de la sortie d'Egypte.

Voilà sans doute pourquoi le kiddouch ha'hodech fut le premier commandement donné aux Bné Israël. Il fallait que le peuple juif reçoive cette mitsva pour pouvoir reconnaitre son haut niveau spirituel et comprendre qu'il a reçu la maîtrise des forces de la nature et la tâche d'élever le monde entier par son service de D.

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+ La force du renouvellement :

-> Nous pouvons peut-être ajouter qu'en plus d'élever le peuple juif au-dessus du contrôle de la nature, cette mitsva lui donne aussi une force de renouveau elle-même surnaturelle.
Grâce à cette force, les Bné Israël ont été capables de se dégager des 49 niveaux d'impureté dans lesquels ils s'étaient embourbés en Égypte et de se rapprocher de D. et de Son service.
Tant que les Bné Israël étaient sujets à l'emprise des forces naturelles, il leur était impossible de s'élever à un niveau spirituel supérieur à cause de l'influence constante et inchangée de la nature. Lorsqu'ils furent élevés au-dessus des lois de la nature, ils acquirent la capacité de se renouveler, tout comme la lune se renouvelle au début de chaque mois. En conséquence, les Bné Israël furent capables d'échapper aux effets de la servitude et de s'appliquer avec un zèle sans précédent à devenir le peuple élu de D.

-> Cette force de renouvellement est évoquée dans l'explication du Sfat Emet (Parachat Bo, 5631) sur : "Ce mois sera pour vous" = le lien entre ceci et la libération d'Égypte est qu'en exil, cette [Force de] renouvellement manquait, mais qu'au moment de la délivrance, il devint évident que tout existe grâce à la force de vie [émanant] de D. qui cause un renouveau.
La force de vie divine est une source de renouvellement constant, comme nous le disons : 'II renouvelle chaque jour, constamment, [l'œuvre de la création]' = à chaque moment de la journée.
C'est seulement de l'homme qui l'oublie et se met sous l'influence de la nature que le verset dit : 'Il n'y a rien de nouveau sous le soleil'(Kohélet 1,9).
Mais l'homme qui s'attache à l'essence de la force de vie divine connait un renouveau permanent.
Tel est le sens du verset : 'Ce mois sera pour vous' = chaque juif peut susciter ce renouvellement par la foi claire que tout vient d'Hachem".

=> Pourquoi nos Sages décrétèrent-ils que la parachat ha'Hodech (passage de Bo 12,1-20) soit lue avant la fête de Pessa'h?
Lire ce passage de la Torah peut avertir le peuple juif de la force immense qu'il possède de changer la nature du monde. Alors que Pessa'h approche, apprenons de la parachat ha'Hodech l'opportunité qui nous est offerte de nous libérer de l'asservissement au monde naturel et à ses lois, et de renouveler notre désir de servir Hachem.
Si nous prenons cet engagement, nous bénéficierons sans aucun doute de l'influence prodigieuse de la fête de Pessah et de la promesse : "Je vous montrerai des prodiges comme aux jours de votre départ d'Egypte" (Mi'ha 7,15).

[rav David Hofstedter - Darach David - Moadim]

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