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« Barou’h » – sens et implication (1ere partie)

+ "Barou'h" - sens et implication de prononcer ce mot au début des bénédictions : (1ere partie)

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) écrit :
"Je vous alerte [de cette difficulté], ne supposez pas que mon esprit pourra atteindre même autant qu'une goutte dans la mer de la vérité de ce sujet [le sens véritable du mot "barou'h"], comme cela m'a été rapporté et comme je l'ai entendu de la bouche des sages, que [l'explication] de ces sujets englobe des principes puissants et des secrets incroyables ... "

b'h, on peut quand même citer quelques opinions sur le sens de ce mot :

1°/ "barou'h" (béni) = c'est un titre descriptif, déclarant qu'Hachem est la Source de toutes les bénédictions. [de même qu'on Le décrit comme "haRakhaman" (le miséricordieux), on l'appele "barou'h. ]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) explique que le mot "barou'h" est une reconnaissance que Hachem est LA source des bénédictions et qu'Il contient toutes les bénédictions.
Lorsque nous récitons une bénédiction, c'est un rappel verbal que Hachem est le "Béni". Et lorsque nous réalisons qu'Il est la source de toutes les bénédictions, que Lui uniquement peut décider à qui accorder tout ce bien, nous sommes prêts à faire descendre sur nous certaines de Ses bénédictions.

-> Le Séfer haIkarim (maamar 2, chap.26) et le Aboudraham (hachkamat haBoker) considèrent également que "barou'h" est une forme de reconnaissance que Hachem est la Source de toutes les bénédictions, et que tout ne provient que de Lui.
Cette idée se trouve également dans le Tikouné Zohar (tikoun 70,p.120b), qui enseigne que les 4 lettres du mot "barou'h" (ברוך) peuvent se réarranger en רוכב qui est l'acronyme de : "roch oumakor kol béra'hot" (le Maître et la Source de toutes les bénédictions).

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2°/ "barou'h" = c'est une forme de louange et de remerciement à Hachem pour tous les actes de bonté dont Il nous comble, même lorsque nous ne le méritons pas.

En ce sens, la grande majorité des Richonim (ex: Radak (séfer haShorachim) ; Abarbanel (Dévarim chap.33)) disent que le mot "barou'h" est une déclaration que Hachem est loué et acclamé.
C'est également l'explication simple du mot "barou'h" lorsqu'il apparaît dans les versets de la Torah et dans les prières.

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3°/ "barou'h" = c'est une forme de requête et de prière, dans le sens où nous prions que Hachem puisse être béni et loué par toute Sa création.

-> Le 'Hayé Adam (Hilkhot Bérahot 6,1) est d'avis que "barou'h" n'a pas un sens de louange, mais plutôt de requête :
"J'ai entendu au nom du Gaon de Vilna que "barou'h" signifie que nous demandons que Hachem soit révélé comme la Source des bénédictions.
Il explique qu'Hachem désire que cette révélation vienne de nos bénédictions et prières.
Lorsque nous disons les bénédictions, nous nous préparons à recevoir la sainte lumière Divine et les bénédictions qui vienent d'Hachem.
En résumé, le mot "barou'h" est un plaidoyer pour que Hachem puisse augmenter Son influence sur tous les mondes."

-> Le Arou'h haChoul'han (Ora'h 'Haïm 5,1) écrit :
"Lorsque nous disant "barou'h ata Hachem" dans toutes nos bénédictions, cela ne signifie pas que Hachem a besoin de nos bénédictions, que D. nous en préserve.
Mais plutôt, c'est comme une lumière qui se reflète en nous, ce qui veut dire que Hachem va nous accorder Sa bénédiction, comme le roi David le dit : "par ta bénédiction sera bénie à jamais la maison de ton serviteur" (Chmouël II 7,29).
Avant qu'Hachem nous accorde Ses bénédictions, nous devons, si l'on peut dire, l'élever et Lui accorder la force de le faire, comme le verset l'affirme : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35).
Tout ce qui se passe dans le monde dépend de nos actions. C'est pourquoi, nous devons ajouter de la force à l'encourage d'Hachem, afin que les bénédictions descendent à nous.
Ceci est en allusion dans les mots : "Il chevauche le ciel pour t'aider" (Vézot haBéra'ha 33,26). Les lettres de "ro'hév" (chevauche - רוכב) peut être réarranger en : "barou'h" (ברוך)."

[ainsi nous prions pour que Hachem soit "béni" (barou'h), et grâce à cela on lui donne de la force pour qu'Il puisse nous octroyer et transmettre la bénédiction]

[voir également le point 7°/ ci-dessous]

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4°/ "barou'h" = cela signifie puiser la bénédiction d'en-Haut, de la source de toutes les bénédictions.

-> Le Baal Chem Tov explique que le mot "béra'ha" signifie : "Je vais déverser sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (vaarikoti la'hém béra'ha ad bli daï - Mala'hi 3,10) = comme une personne qui verse d'un récipient à un autre.
Ce verset fait allusion au fait de puiser, de tirer, des révélations d'Hachem depuis les mondes cachés à notre monde révélé.

-> Nous trouvons également une allusion à ce concept dans le verset : "Béni soit Hachem, le D. d’Israël, d’éternité en éternité" (barou'h Hachem Eloké israël min aolam véad aolam - Téhilim 106,48).
Le mot "olam" (עוֹלָם) peut se traduire par : "pour toujours" (éternité), mais son sens littéral est : "le monde".
Le Zohar (raya méhemna - Ekev 271a) explique que "barou'h" signifie puiser la vie depuis la Source de la vie, d'une façon similaire à la phrase de la michna (Kilayim chap.7) : "amavrikh ét aguéfen", qui veut dire plier la tête d'une branche d'une vigne vers le sol afin qu'elle tire sa nourriture de la terre et pousse une autre vigne.
D'une façon similaire, par le fait de faire une bénédiction, nous puisons depuis la Source de toutes les bénédictions, comme l'écrit le Malbim (Toldot 27,3) : "Celui qui récite la bénédiction, avec une intention profonde, s'élève dans son attachement à la Source Supérieure de toutes les bénédictions, et alors Hachem verse les eaux de la bénédiction de Son seau au receveur."

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5°/ "barou'h" = signifie : ajout et augmentation, indiquant que nous demandons à Hachem d'augmenter Sa révélation à nous et multiplier l'abondance qu'Il nous accorde.

-> Rabbénou Bé'hayé (Ekev 8,10) écrit que le mot "béra'ha" indique un ajout et une augmentation, comme dans le verset : " il bénira ta nourriture et ta boisson" (ouvéra'h ét la'hmékha véét mémé'ha - Michpatim 23,25).
Lorsque, si l'on peut dire, nous bénissons Hachem, cela implique un ajout d'esprit saint (roua'h hakodech) et d'influences positives.

[bien sûr à un niveau simple, le mot "barou'h" dénote la louange et la gratitude d'Hachem, mais à un niveau plus ésotérique, la bénédiction n'est pas seulement la réflexion de nos besoins et profits humains, mais cela satisfait également un besoin Divin, si l'on peut dire. ]

-> La guémara (Sotah 38b) rapporte que Hachem désire la bénédiction des Cohanim (en se basant sur Nasso 6,27).
Rachi explique que ce n'est pas tant que les juifs ont besoin de recevoir les bénédictions, que c'est le besoin d'Hachem, si l'on peut dire, de donner les bénédictions.
Cependant, le fait que les Cohanim bénissent Ses gens est dépendant du fait que les Cohanim vont d'abord placer Son Nom sur eux.

-> Comment un être humain peut-il donner une bénédiction à Celui qui est la Source de toutes les bénédictions?
Le Maharal de Prague (Béer haGola - part.4) explique que Hachem fournit généralement une abondance au monde par le biais de l'Attribut de la stricte justice, afin de ne pas submerger le bénéficiaire avec du bien sans limite qu'il n'est pas équipé pour faire face.
Puisque la bénédiction est destiné au bénéficiaire, il doit être limité aux capacités du bénéficiaire et à ce dont il a besoin et qu'il mérite. Cela est appelé : "la bénédiciton du mékabel", qui est dégradée au niveau du bénéficiaire. Cela n'est considéré comme une bénédiction selon les normes limitées d'Hachem.

Lorsque la bénédiction vient des attributs illimités d'Hachem et est distribuée selon Sa capacité en tant que le Donneur ultime et ses standards illimités, au-delà de ce qui est légitimement justifié, cela est considéré comme la "béra'ha d'Hachem".

=> Ainsi selon le Maharal, lorsque nous disons "barou'h ata Hachem", nous ne signifions pas que Hachem est en train de recevoir une bénédiction de Ses créations en-bas, car après tout Il est la Source de toutes les bénédictions et Il n'a aucunement besoin de nos bénédictions.
Plutôt, notre bénédiction est une requête et une prière que Hachem doive se conduire avec nous selon "Son" standard de bénédiction, qui est illimité et au-delà de toute mesure.

Bien sûr que nous devons de notre côté avoir les capacités pour recevoir Son abondance sans limite. Nous pouvons étendre nos capacités limitées en nous conduisant au-delà de ce qui est requis.
Lorsque nous allons au-delà de nos limites, Hachem se conduira Lui-même à notre égard mesure pour mesure, en nous comblant de bénédictions bien au-delà de celles limitées généralement données pour maintenir nos besoins basiques d'existence.
Il est écrit : "Hachem est ton ombre" (Téhilim 121,5). Le rav Meïr Ibn Gabaï (Avodat haKodech) explique : de la manière dont tu te comportes avec Hachem, ainsi Il le sera avec toi.

Le Maharal ('Hidouché Aggadot - guémara Sota 38b) rapporte la guémara (Pessa'him 112a) : "Plus que le veau veut téter, la vache souhaite être tétée".
L'idée est que Hachem veut nous combler de Son infinie bénédiction encore bien plus que nous ne voulons la recevoir.
C'est nos bénédictions récitées avec une bonne kavana, qui susciteront les bénédictions d'Hachem.

[le terme "barou'h" (béni) nous rappelle qu'en réalité Hachem désire nous donner des bénédictions sans limites, et d'une certaine façon on lui demande de l'aide pour que nous puissions être un récipient pouvant les recevoir, et ainsi Il sera béni, heureux de pouvoir nous donner avec largesse.
(nous ne voulons pas que D. soit maudit de vouloir tellement donner à Ses enfants adorés, mais de ne pas pouvoir le faire!)]

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-> Le Ramban (Kitvé Ramban vol.2) écrit également que "béra'ha" signifie accorder une abondance supplémentaire au monde d'en-bas.

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 2, chap.2-4) explique en longueur que le mot "barou'h" ne dénote pas le fait de louer.
Lorsque Hachem dit à rabbi Yichmaël Cohen Gadol : "Yichmaël, Mon fils, béni-moi" (Yichmaël béni, baré'héni [בָּרְכֵנִי] - guémara Béra'hot 7a), la bénédiction qui va suivre ne mentionne aucune louange, c'était une prière et une requête pour la miséricorde, et pourtant cela a été appelé une bénédiction.
En vérité, l'emploi de "barou'h" doit être interprété comme d'un ajout et une augmentation.
Le rav 'Haïm de Volozhin ajoute que c'est la volonté d'Hachem, pour des raisons qui nous dépassent, que nous devons rectifier et unifier les mondes supérieurs par le biais de nos bénédictions et prières, afin qu'ils soient prêts à accepter la lumière surnaturelle. Au même moment, [par ricochet], cet ajout de bénédictions et de sainteté va également avoir un impact sur les juifs, qui ont amené toute cette gloire.

[cela explique pourquoi les bénédictions sont dénommées "béra'hot" et non "hoda'ot" (remerciements).]

-> Le Séfer Torah Ohr fait remarquer que la valeur numérique de "habéra'ha" (232) est équivalente à "yéhi or" (que la lumière soit).
[chaque bénédiction avec kavana permet d'amplifier la lumière en-Haut, et par richochet cela apporte une plus grande abondace ci-bas. ]

-> Rachi (guémara Sotah 10a) enseigne également qu'à chaque fois que le mot "béra'ha" est employé dans la Torah, c'est pour indiquer une expansion, une croissance qui apporte de la satisfaction.

-> Le Maharal (Tiféret Israël - chap.34) dit que le "alef" indique l'unité, tandis que le "beit" est le commencement de la multiplicité et de la bénédiction.
Pour cette raison, le mot "barou'h" (ברך) : le "beit" est la 2e des chiffres, le "kaf" est le 2e des dizaines, et le "réch" est le 2e des centaines.
[le midrach (Béréchit rabba 1,10) rapporte que Hachem a créé le monde par la lettre "beit" (béréchit bara) qui est la première lettre de "barou'h (béni), et non pas par le "alef" qui est la première lettre de "arour" (maudit)]

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