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Boire du vin à Pourim – Le saviez-vous?

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1°/ Pourquoi uniquement à Pourim?

=> Pourquoi y a-t-il une mitsva de devenir ivre seulement à Pourim, mais pas lors des autres fêtes où l'on a également l'obligation de se réjouir?

-> Le rabbin Shlomo Kluger ('Hokhmat Shlomo - fin Hilkhot Pourim) explique que l'on ne peut chanter correctement la shira (chant) à Hachem que lors d'un miracle accompli en terre d'Israël. Lorsque le Temple était debout et que les juifs vivaient en terre d'Israël, ils atteignaient un état de joie suffisant pour pouvoir chanter une shira à Hachem toute la journée, un exploit impossible à reproduire en exil.
Puisque le miracle de Pourim s'est produit en exil, les rabbanim ont voulu démontrer que notre joie est incomplète en nous privant de la possibilité de chanter une shira toute la journée. Ils ont donc institué l'obligation de s'enivrer à Pourim afin que nous oublions de chanter la shira lorsque nous sommes ivres.

-> Le rabbin Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Pourim 19,79) répond que Pourim a été instituée à l'époque de l'exil. Comme il n'est pas possible d'être vraiment joyeux en exil, nous buvons pour oublier momentanément que nous sommes en galout (exil) et pour nous aider à atteindre un état joyeux.
Puisque notre obligation actuelle de boire à Pourim n'a pour but que d'accomplir le dicton "Donne une boisson forte à celui qui se sent perdu et du vin à ceux qui ont l'âme amère", après la venue de machia'h nous ne serons pas obligés de boire, puisque notre joie sera alors si complète que nous pourrons nous réjouir de Pourim même sans l'aide de boissons fortes.

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2°/ Meurtre mystérieux :

-> La guémara (Méguila 7b) raconte l'histoire suivante : Rabba et Rav Zéva avaient leur festin de Pourim ensemble. Au cours du festin, ils s'enivrèrent et Rabba se leva et tua Rav Zéra.
Le jour suivant, Rabba pria pour la guérison de Rav Zéra et le fit revivre.
L'année suivante, Rabba invita à nouveau Rav Zéra à assister à sa séouda de Pourim. Rav Zéra déclina l'invitation et déclara : " Ce n'est pas à chaque fois qu'un miracle se produit".

=> Comment devons-nous comprendre cette histoire en apparence bizarre?

On peut citer les approches suivantes :
-> Le 'Hatam Sofer (Téchouvot 'Hatam Sofer 1:185) commente que Rabba est né sous la constellation de Ma'adim (Mars), qui donne à une personne une prédisposition à commettre des actes avec effusion de sang (guémara Shabbath 156a).
Rabba était donc capable de tuer Rav Zéra alors qu'il était sous l'influence de l'alcool.

-> Rabbi Avraham ben HaRambam (maamar al Odot Drachot 'Hazal) cite cet épisode comme un exemple classique de l'utilisation occasionnelle d'hyperboles par la guémara dans des cas où il est absolument clair que le sens littéral n'est pas voulu.

-> Le Maharcha explique que Rabba n'a pas littéralement tranché la gorge de Rav Zeira. Au contraire, il a continué à donner à boire à Rav Zéra jusqu'à ce qu'il devienne mortellement malade. Si Rav Zéra a refusé l'année suivante, c'était pour éviter une situation de surconsommation, qui peut être fatale (guémara Méguila 7b).

-> Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Moadim 19:77) suggère que Rabba a embarrassé Rav Zéra, ce qui s'apparente à un meurtre.

-> Le Yaavetz (Méguila 7b) répond que Rabba a donné l'apparence d'abattre Rav Zéra par un tour de passe-passe. Les personnes présentes ont été terrifiées par l'illusion de Rabba, ce qui a provoqué l'évanouissement de Rav Zéra, en raison de sa détresse.

-> Le Chla haKadoch enseigne :
"J'ai reçu à propos de ce passage du Talmud un très grand secret. Les Sages ont enseigné que celui qui s'élève avec du vin, reçoit en lui une partie de la connaissance du Créateur (Erouvin 65a).
Celui qui arrive à s'élever par la joie avec du vin peut atteindre le secret du vin des 6 jours de la création. C'est par la joie que l'homme peut réussir à attirer la Présence divine. Le vin qui n'est que matière se répand alors dans tout le corps, et devient spiritualité. Il élève l'homme jusqu'à ce qu'il parvienne à contenir en lui la Présence divine.
S'enivrer dans la joie, avec un bon cœur et dans la spiritualité ... ceci est le secret de notre passage talmudique à propos de Rabba qui tua Rabbi Zéra durant le festin : après s'être enivré, Rabba atteignit un niveau d'élévation tel qu'il dévoila des secrets de la Torah à Rabbi Zira. ["lorsque le vin rentre, les secrets sortent" - guémara Erouvin 65a ; Sanhédrin 38b]
Le niveau de cette révélation fut si élevé que l'âme de ce dernier quitta son corps comme ce fut le cas pour le peuple d'Israël qui mourut au Sinaï en raison de l'intensité de la connaissance qui le pénétra.

-> Le rav Yonathan Eibschutz explique d'une façon similaire :
Moché demanda au Maître du monde la permission d'atteindre la 50e porte de la compréhension. Hachem lui répondit : "nul homme ne peut Me voir et vivre" (Ki Tissa 33,20).
Or il faut comprendre que le grand miracle de Pourim réside dans le dévoilement d'une partie de la lumière de la 50e porte de compréhension. Cependant, l'accès à la totalité de la 50e porte ne pourra avoir lieu qu'à l'avenir, lors de la Délivrance finale. Ainsi, lors de chaque fête de Pourim, de génération en génération, l'homme s'enivre dans la joie et par ce mérite, il reçoit ce rayon de lumière émanant de la 50e porte.

À présent, nous pouvons comprendre pourquoi Rabba, dans sa grandeur et sa Sainteté, s'est enivré le jour de Pourim, au point de s'élever et d'atteindre le niveau suprême de la 50e porte de compréhension. Lui seul, dans sa grandeur, avait la capacité de supporter ce dévoilement.
A l'inverse Rabbi Zéra qui n'avait pas la capacité de supporter ce dévoilement, expérimenta les paroles du Créateur : "Nul homme ne peut me voir et vivre!" (Ki Tissa 33,20).
Et c'est le sens des paroles du Talmud : "Raba se leva" = c'est-à-dire qu'il s'éleva jusqu'à atteindre la 50e porte de compréhension et par l'intermédiaire de ces dévoilements "il tua Rabbi Zéra".
Ces dévoilements entraînèrent la séparation entre l'âme et le corps de Rabbi Zéra.

-> De son côté le Shvilé Pin'has écrit : "la néchama de Rabbi Zéra fut attirée hors de son corps et il mourut par la mort du baiser divin. Ainsi, en voulant élever Rabbi Zéra à son niveau de connaissance, Rabba lui fit perdre la vie."

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-> La guémara stipule que l'on est obligé de s'enivrer à Pourim : "ad délo yad" = jusqu'au point où l'on ne fait plus la différence entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordé'hai". La guémara poursuit ensuite avec l'histoire de Rabba et Rav Zéra, citée plus haut.
=> Pourquoi la guémara juxtapose-t-elle l'obligation halakhique de boire à Pourim "ad délo yada" avec l'épisode de Rabba et Rav Zéra?

Certains décisionnaires soutiennent que l'histoire de Rabba et du Rav Zéra a été enregistrée pour faire connaître les dangers d'une consommation excessive d'alcool à Pourim et pour démontrer ainsi que la halacha ne suit pas l'opinion selon laquelle il faut s'enivrer "ad délo yada". [le Ran - Massé'het Méguila, cité dans le Rama OH 695:2]
[selon le 'Hatam Sofer cité ci-dessus, ce récit est particulièrement destiné aux individus nés sous la constellation de Ma'adim. ]

Cependant, la majorité des décisionnaires considèrent qu'il faut boire suffisamment de vin à Pourim pour s'enivrer. [Rif - Massé'het Méguila ; Roch 1,8 ; Tour OH 695]
Selon eux, la guémara relate l'histoire de Rabba et de Rav Zéra comme une anomalie, un événement extrêmement rare que les Sages ne craignaient pas de voir se reproduire. ['Hatam Sofer - Ora'h 'Haïm 185]

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3°/ Etre ivre mort :

=> Hachem a généralement en horreur l'ivresse et la Torah est remplie de fortes exhortations contre ce vice particulier?
On peut citer par exemple :
- "Le vin en abondance fait grandir la légèreté" (guémara Soucca 7a) ;
- "Hachem apprécie 3 types de personnes dont celui qui n'est pas en état d'ébriété" (guémara Pessa'him 113a) ;
- "Celui qui boit n'est pas apte à prier" (guémara Erouvin 65b) ;
- "Hachem dit à Noa'h : tu aurais dû apprendre de Adam. En effet, le vin est à l'origine de la dépravation" (Sanhédrin 70a)
Effectivement, d'après le Zohar, l'Arbre de la connaissance du bien et du mal était la vigne. (Zohar Térouma 156b).
Il est également écrit dans le Zohar : "Il existe 2 éléments que l'on ne peut réunir : le vin et le service divin. Une prière réalisée en état d'ébriété est considérée comme de l'idolâtrie" (Zohar 'Hadach 28b).
Ainsi, il est rapporté dans la halakha : "La prière d'un homme en état d'ébriété est considérée comme une abomination" (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm siman 99).

=> Si c'est le cas, pourquoi les rabbanim ont-ils obligé une personne à s'enivrer à Pourim jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus distinguer entre le béni Morde'haï et le maudit Haman?

0n peut citer :
1- Étant donné que plusieurs miracles de Pourim ont été le résultat d'un festin (michté : selon d'A'hachvéroch, puis celui d'Esther) où l'on buvait [du vin] (comme l'exécution de Vachti et la chute d'Haman), les Sages ont obligé à boire du vin d'une manière qui rappelle le salut miraculeux d'Hachem.
[Eliyahou rabba - Ora'h 'Haïm 695]

[Le rav de Brisk (cité dans Birouré Halachos) explique que l'obligation de boire du vin pendant les fêtes est fondamentalement différente de son équivalent à Pourim. Alors que le but de boire du vin pendant un Yom Tov est de susciter des émotions de joie, pour lesquelles même une petite quantité de vin suffirait, le vin bu à Pourim doit répondre à l'exigence supplémentaire d'un festin [de vin], qui implique un niveau élevé d'ivresse. ]

2- Haman souhaitait tuer l'ensemble du peuple juif et le laisser se vautrer dans son propre sang.
Nous rejouons son plan d'une manière joyeuse, en nous allongeant sur le sol, ivres et impuissants, grâce au vin, dont la couleur rouge ressemble à celle du sang. [Séder haYom - Séder Pourim]

[le rav Binyamin Wurburger avertit : alors que s'enivrer à Pourim était la pratique normative dans les temps anciens, en raison du déclin spirituel de notre génération et de notre incapacité à nous enivrer dans l'esprit approprié de la mitsva, de nombreuses autorités contemporaines ont décrié la pratique de la consommation excessive d'alcool à Pourim.
En pratique, il faut suivre les directives de son Rav quant à la manière correcte de s'enivrer à Pourim. ]

Le rav Avigdor Miller a été interrogé un jour : "Quelle doit être notre attitude envers ceux qui deviennent très enivrés (shikour) à Pourim?"
Il a répondu : "Nous devons savoir que le but de notre vie est d'acquérir de la daat (connaissance) et non de la perdre. Lorsqu'une personne devient très intoxiquée [par le vin] de sorte qu'elle est déjà dans la catégorie d'un animal, ce n'est pas du tout un éloge pour elle. Il n'y a rien de mal à boire une certaine quantité [de vin]. Mais devenir hors de contrôle, c'est une erreur. Ce n'est pas un kidouch Hachem ; vous vous rendez dégoûtant. Non, je n'approuve pas cela, c'est mal, très mal."

3- Bien qu'une personne soit composée d'un corps et d'un esprit, sa valeur première est le résultat de son esprit. Lorsqu'une personne est excessivement ivre, ses fonctions cognitives sont altérées et elle devient incapable, ce qui la fait ressembler, à certains égards, à une personne morte.
Nous buvons à Pourim pour démontrer que nos vies n'avaient aucune valeur à l'époque d'Haman et que nous n'avons été sauvés de la mort que par la grâce d'Hachem.
[Maharal - Ohr 'Hadach - intro]

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-> Nos Sages nous demandent de boire à Pourim "Ad délo yada" jusqu'à ce que l'on soit capable de dire "Barou'h Haman".
Nos Sages ont exprimé cette exigence non pas avec les mots "ad dééno yada" mais "ad délo yada", non pas une sous-connaissance mais une super-connaissance.
L'intention est qu'un juif boive à Pourim en toute sainteté jusqu'à ce qu'il s'élève au-dessus des contraintes d'une perspective qui reste structurellement intacte pour que nous puissions la regarder et la respecter, tout en chérissant le sentiment de tout voir d'une perspective entièrement élevée.
C'est le sentiment de s'élever au-dessus du système de l'intellect (que nous percevons pourtant comme une Vérité absolue) et de trembler avec le rire de "vatis'hak léyom a'haron".
Les tsadikim vivent au niveau de "ad delo yada" tout au long de l'année, voyant la vie d'une perspective élevée de super-connaissance qui leur permettait de voir le "barou'h", la bénédiction cachée, même dans "Haman" = toutes sortes de difficultés, de peines et d'humiliations.
[rav Yaakov Klein]

[d'une certaine façon c'est avoir une vision du monde à Venir, celui de Vérité, où l'on se rendra compte que toute chose qui nous arrive dans la vie est pour le bien (le Mordé'haï et le Haman de notre vie sont à bénir [barou'h]). ]

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4°/ Exemption de consommation d'alcool :

-> Le Shaaré Téchouva (Ora'h 'Haïm 695:2) estime qu'une personne de faible constitution est dispensée de s'intoxiquer [par le vin] à Pourim. Il apporte une preuve tirée du Yérouchalmi, qui relate que Rabbi Yéhuda Bar Ilai buvait 4 tasses de vin le jour de Pessa'h, même si cela lui rendait la tête lourde jusqu'à la fête de Shavouot. Puisque le Yérouchalmi ne mentionne pas qu'il buvait à Pourim, cela indique qu'une personne est dispensée de boire à Pourim si elle est affectée négativement par le vin.

-> Le Sfat Emet rejette cette preuve. [cité dans le Daf al haDaf - Shékalim 8b]
Il explique que la raison pour laquelle la gueule de bois de Rabbi Yéhouda a duré spécifiquement jusqu'à la fête de Shavouot est basée sur la guémara, qui dit que la peur a la capacité de dissiper l'état d'ivresse d'une personne. [Baba Batra 10a]
Puisque Rabbi Yehouda a revécu l'expérience du Sinaï le jour de Shavouot, sa peur et sa crainte de cette expérience ont réussi à libérer son esprit de l'alcool qu'il avait bu auparavant.
La raison pour laquelle la guémara ne mentionne pas le fait que Rabbi Yéhouda ait bu du vin à Pourim est que, puisque Pourim s'apparente à la réception de la Torah au mont Sinaï (guémara Shabbath 88a), les effets intoxicants de sa consommation de vin à Pourim se dissiperait immédiatement, comme cela s'est produit pour lui lors de la fête de Shavouot.

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