+ Naassé véNichma = associer le coeur à l'accomplissement des mitsvot :
-> "Le peuple entier répondit ensemble en disant : 'Nous ferons tout ce que D. a dit'." (Yitro 19,8 - lecture de la Torah pour Shavouot).
-> "Le peuple entier répondit d'une seule voix en disant : "Nous ferons toutes les choses que D. a dites" ... Il prit le livre de l'Alliance et le lut aux oreilles du peuple. Ils dirent : 'Tout ce que D. a dit, nous ferons et nous écouterons' " (Michpatim 24,3-7).
=> ces versets ont de quoi nous surprendre. Pourquoi, dans les deux premiers (v.19,8 et v.24,3), le peuple juif répondit-il seulement "naassé" (nous ferons) alors que dans le troisième (v.24,7), il répondit "naassé vénichma" (nous ferons et nous écouterons)?
De plus, la Torah souligne qu'ils répondirent d'abord "ensemble" puis "d'une seule voix", ce qu'ils ne firent pas la troisième fois. Pourquoi?
<--->
-> En déclarant "naassé vénichma", le peuple d'Israël parlait de deux aspects différents de l'observance.
1°/ Le premier aspect est l'accomplissement tangible, physique, du commandement (les mains) que la personne en comprenne les raisons ou non, qu'elle saisisse l'impact de la mitsva qu'elle fait dans le monde supérieur ou pas.
L'acte même du commandement dans le but d'obéir à la volonté de D. correspond à "naassé" (nous ferons). Le peuple juif a accepté d'accomplir tout ce que D. lui ordonnerait sans poser de questions, que le but de la mitsva soit compris ou pas.
2°/ Le deuxième aspect, c'est la pureté et la noble intention (le cœur) investis dans chaque mitsva.
Outre l'acte physique, chaque personne a un niveau différent de compréhension. Plus un homme fait d'efforts pour comprendre le commandement en profondeur et plus ce commandement peut le faire progresser.
Tel est le sens de "vénichma" (nous écouterons). Plus qu'écouter, ce terme laisse entendre qu'on intériorise le sens profond de la mitsva.
En étudiant et en vivant le but de chaque commandement, en s'efforçant d'imprégner son âme de ses buts et effets sublimes, l'homme peut élever le niveau de son observance au plus haut point et, plus encore, s'attacher à D.
[ le Targoum Onkelos et le Targoum Yonathan traduisent le mot "vénichma" par "nekabel", qui semble vouloir dire écouter avec son cœur et pas seulement avec ses oreilles.
Rachi interprète ce mot de la même façon dans Vayéchev 37,27 ]
D'après ce qui précède, il est clair que le peuple juif ne fut capable de déclarer vénichma qu'après la lecture par Moché du "Livre de l'Alliance" (séfer haBrit), c'est-à-dire la Torah.
C'est seulement par l'étude de la Torah qu'il est possible de percevoir les profondeurs du sens de chaque mitsva. En explorant le contenu de la mitsva et en l'intériorisant, l'homme peut élever son observance au plus haut niveau et accomplir la volonté de D. de la façon la plus profonde.
<--->
-> Ce principe nous aide à comprendre pourquoi les Bné Israël ont pu proclamer "naassé" tous ensemble, d'une seule voix mais pas "naassé vénichma".
Naassé représente l'engagement du peuple à accomplir chaque mitsva. Tout le peuple s'est
montré capable de s'engager à accomplir chaque mitsva exactement comme elle avait été ordonnée dans tous ses détails.
Quant à l'aspect "nichma", les niveaux étaient différents à l'intérieur du peuple. L'engagement de chaque personne à "naassé" dépendait de sa préparation spirituelle personnelle.
Certains accomplissent les mitsvot comme une charge nécessaire par peur des conséquences s'ils ne les accomplissent pas.
D'autres accomplissent les mitsvot parce que leur cœur déborde d'amour pour D. qui les a ordonnées. Ils cherchent toutes les occasions d'en accomplir autant que possible, car ils comprennent que c'est la voie royale pour s'attacher à D. envers Qui leur amour devient toujours plus fort.
Il n'était donc pas possible que le peuple juif dise "naassé vénichma" d'une seule voix.
Le "nichma" de chacun était à son propre niveau, avec ses propres notes jouées sur les cordes de son cœur. L'observance des mitsvot de chacun dépendait de son niveau de sagesse en Torah et de sa préparation spirituelle.
Etant donné que le niveau d'engagement de chacun était différent, la déclaration "venichma" de chacun était différente et ne pouvait pas venir "d'une seule voix".
<--->
-> Il est écrit dans la guémara (Shabbath 88a) : "Lorsque le peuple d'Israël déclara naassé venichma, en donnant la réponse naassé avant michma, 600 000 anges de service descendirent du ciel. Chacun attacha deux couronnes sur la tête de chaque membre du peuple, l'une correspondant à naassé et l'autre correspondant à nichma".
Ce passage sous-entend que les Bné Israël furent loués d'avoir déclaré qu'ils s'engageaient à écouter, et pas seulement d'avoir dit naassé avant nichma. Il semble admirable d'avoir fait précéder le naassé avant le nichma mais qu'y avait-il de louable à dire nichma?
D'après ce que nous avons expliqué, il apparaît que la grandeur du "nichma" était que le peuple s'est engagé à un niveau supérieur d'observance.
Chacun prit cet engagement : "Non seulement je vais accomplir toutes les mitsvot, mais je vais m'efforcer de les observer en tant que devoir du cœur aussi, du mieux possible. Je désire me servir des mitsvot comme moyen d'exprimer mon amour pour D."
Le peuple s'est engagé à se pencher sur le sens plus profond de chaque mitsva, ce qui allait lui permettre d'améliorer leur accomplissement.
Nous voyons donc qu'il existe deux aspects de service de D. à cultiver.
Il existe premièrement l'engagement de base d'accomplir entièrement toutes les mitsvot et deuxièmement, à dépasser les exigences minimales et à mieux accomplir les mitsvot afin de nous attacher solidement à D.
Chaque juif, selon sa personnalité, ses dons et ses tendances, peut le faire de la façon qui lui convient le mieux.
Chacun peut atteindre ce niveau en étudiant la Torah pour comprendre chaque mitsva en profondeur avec les capacités intellectuelles et émotionnelles dont D. l'a doté à cette fin. Il méritera ainsi d'accomplir toutes les mitsvot de façon remarquable, de tout son cœur.
[rav David Hofstedter - Darach David - Moadim - Shavouot]
<--->
[il revient à chaque juif de mettre son cœur, de la joie, de la fierté, ... (le nichma) dans l'accomplissement des mitsvot (le naassé).
(on peut éventuellement dire qu'une avodat Hachem (ex: prière) faite sans sentiment, par routine (juste en bougeant extérieurement, mais pas le coeur), est du bon naassé (respectant la halakha), mais il manque véritablement du nichma. )
ex: on peut personnaliser notre service Divin en donnant une vie toute particulière aux mitsvot qui nous parlent davantage personnellement.
En ce sens, dans le train-train de notre vie quotidienne, influencé par l'environnement non-juif et notre yétser ara qui nous endort spirituellement, chaque juif a la possibilité d'avoir un "nichma" unique, sublimant son service Divin. ]